« Pas ma faute si vous êtes un gros abruti à l’abdoKro et au cul renforcé au donut !!! » Une bonne dizaine de minutes que la joute fusait entre le nouveau capitaine de la brigade criminelle et le médecin légiste Lyanna Benedict. La piquante demoiselle avait tenté de faire entendre raison à ce grossier personnage refusant d’écouter ses preuves accablantes sur une affaire de meurtre en cours, dont elle avait fait l’autopsie de la victime, et comme la demoiselle n’avait pas dormi de la nuit, ses nerfs lâchaient complètement. « Je veux vérifier quelque chose, capitaine ? » Aussitôt, Lyanna lui mit la main au paquet pour mieux lui serrer les bijoux de famille sans douceur aucune. « M’en doutais ! Z’en avez pas !! » s’exclama-t-elle tout en parlant bien évidemment de la preuve de sa virilité. Et la joute repartie de plus belle, l’italienne refusant de lâcher prise alors qu’elle se savait dans son bon droit. « BENEDICT ! »Aussitôt, un silence de mort s’abattit sur la brigade tandis que le chef de Lyanna avait été appelé. Il était bien le seul à la remettre dans le droit chemin quand elle déconnait à plein tube, après tout… « Docteur Benedict vous allez me faire le plaisir de vous maîtrisez et de reprendre vos esprits bordel de merde ! Aujourd’hui, je ne vous veux pas dans mon hôpital, vous allez vous occuper de votre paperasse ici, enfermée dans un bureau, jusqu’à ce que vos délicieux nerfs soient définitivement sous contrôle, je me fais bien entendre ? »« C’est limpide comme de l’eau, chef… mais pas ma faute si c’est abruti congénital a pas une gueule à faire dans le social ! »« BENEDICT !! » Lyanna avait rapidement pris le chemin du bureau où on l’avait assignée, sans même savoir qu’aujourd’hui, elle allait devoir faire ses analyses et autres revisionnages de photographies en présence de nul autre que du lieutenant McDouglas… à peine avait-on ouvert la porte que déjà, Lyanna montrait à nouveau les crocs. « Parce qu’en plus on m’a flanqué un garde chiourme ?! » Mais quand elle se retourna, ce fut le choc. Elle fut silencieuse un moment avant de n’effacer toute trace de surprise de son visage… il valait mieux.

Là où Lyanna passe, tout le monde trépasse, c’est bien connu. A ce sujet, elle était tellement le portrait craché de sa mère que c’en était déroutant. Elle se moquait bien du fait d’être applaudie, elle avait rabaissé le caquet de cet abruti de capitaine et ça n’en n’était que plus jouissif… mais ce qui l’était moins, c’était la présence de ce lieutenant dans le bureau qu’on lui avait assigné. « Ah vous êtes flic ! J’veux dire lieutenant » se reprit-elle de justesse. Lyanna n’était plus la danseuse au masque magnifique et aux mouvements si gracieux, elle était dans son vrai rôle de la vie de tous les jours et ne pouvait pas se permettre de se trahir aussi facilement. « Lyanna Benedict. En théorie je suis médecin légiste mais la brigade des bacs à sable a fait la connerie de me taper sur les doigts et résultat, j’vais juste analyser des photos alors que j’ai des victimes sur le feu à la morgue. » La jeune femme haussa les épaules, d’un air faussement détaché alors qu’elle refermait la porte derrière elle et étalait les photographies sur le bureau du lieutenant Bower, de repos aujourd’hui. « Vous allez exploser la tronche façon puzzle avec votre balle ? Non que j’me protège, on sait jamais, faut pas déconner avec ces trucs là ! Et pour info… j’ai l’impression que d’ordinaire elle bouge pas trop votre brigade… z’avez juste un suprême connard à la tête ! »

« Rhaaa pas de chichis appelez-moi comme vous voulez on s’en tamponne le coquillard avec un demi os de loutre avarié ! » s’exclama Lyanna tout en ne levant pas le nez de ses fameuses photographies de l’autopsie qu’elle avait pratiquée ainsi que de la scène de crime, l’italienne s’intéressant avant toute chose aux gouttes de sang qui en apprenaient bien plus sur le meurtre que bien d’autres choses. « Pourquoi, z’avez peur que je vous les broie avec un gourdin ? Ca va, vous m’avez pas cherché des poux, vous pouvez vous détendre ! Ceci dit… qui a dit que j’avais peur de vous ? Quand bien même vous voudriez me faire mordre la poussière, je sais me défendre et avoir peur ne fait pas partie de mon vocabulaire… lieutenant. »Le gros problème de Lyanna, c’est qu’elle n’avait pas la capacité de changer complètement sa voix et que de nombreuses intonations étaient communes à Soline, en toute logique. Ses deux comportements étaient très sensiblement différents mais il n’empêche qu’elle ne pouvait s’empêcher d’être troublée de la même façon que lors de ce soir où elle avait eu le culot extrême de l’embrasser. « Putain vous avez laissé partir Weatherfield ?! Mais vous êtes des grands malades des boyaux de la tête vous !! Ceci dit… il a enfin balancé sa pimbêche de femme pour se fiancer avec quelqu’un de bien, pas trop tôt bordel… limite ça ressemblait à Amour, Gloire et Mocheté son histoire. » Lyanna connaissait le nouveau chef de la police depuis des lustres, celui-ci étant ami avec son père depuis des temps immémoriaux. Mais ça, inutile de le dire puisque ça n’avait pas vraiment de rapport avec la choucroute. « Vous devez vraiment vous faire chier alors… si vous êtes un expert ès anatomie et goutte de sang, j’veux bien un œil ou deux qui vous appartienne ! » Sans le savoir, alors qu’elle lui tendait une pile de photographies, Lyanna le regardait avec autant d’intensité que ce fameux soir… moment qui n’avait eu de cesse de la hanter depuis.« Vous aimez la danse que vous avez un putain de magazine caché sous une pile de dossiers ? »

« J’suis pas hargneuse, je m’explique, nuance ! »rétorquaLyanna du tac au tac tout en sachant pertinemment qu’elle resterait à jamais pro ès joute verbale. Sans aller jusqu’à être suicidaire, elle aimait bien faire sauter le contrôle de ce monde trop lisse, trop parfait qui s’opposait à elle. Après tout, dès qu’elle se trouvait dans ses si beaux vêtements de danseuse, elle ne pouvait plus se permettre de se lâcher, et ce carcan dans lequel elle se trouvait enfermée l’oppressait tellement qu’elle ne s’en lâchait que davantage une fois son masque enlevé. « Z’aviez l’air de vous faire chier, un peu de révolution ne peut pas vous faire de mal m’est avis ! »reprit-elle non sans lever le nez de ses précieuses photographies, Lyanna se disant que si elle ne se maîtrisait pas un tant soit peu, le blâme ou la mise à pied lui pendait au nez. Elle allait devenir chèvre si elle se trouvait suspendue et qu’elle n’avait plus sa dose de mystère à résoudre… « Attendez pour l’instant on s’en fout des gouttes : z’êtes amoureux de la danseuse ou elle vous a juste tapé dans l’œil ? Non parce que ce genre de milieu, pour la sincérité on repassera, et vous avez plutôt l’air d’être tellement droit que mon équerre paraît tarabiscotée ! » Ah, Lyanna, tu vas mourir en enfer pour mener l’enquête sur ce pauvre lieutenant de police… mais elle avait d’en savoir plus sur son intérêt soudain pour elle. C’était… presque vital. « Je vous donne ZE enquête à résoudre si jamais vous satisfaites ma curiosité de gonzesse ! Deal ? »

« Haha, vous voyez !! Vous vous faites chier et j’ai raison… pinaise j’suis trop forte, je m’auto kiffe ! » lançaLyanna sans même avoir l’impression que ses chevilles étaient en train d’enfler. C’était là toute sa force, puisque ses compliments n’en n’étaient pas vraiment. Enfin bref, s’il était vrai que l’hyperactivité de Lyanna Benedict n’était plus à diagnostiquer, elle ne faisait strictement rien pour l’apaiser ou la soigner et faisait l’autruche à ce sujet, comme pour beaucoup d’autres choses. « Bah… suis une nénette, potin c’est mon deuxième prénom ! Putain vous connaissez vraiment pas les femmes vous !! » soupira-t-elle tout en lui ôtant la photo qu’il tenait dans les mains pour qu’il se concentre sur la conversation qu’ils avaient plutôt que sur l’enquête qu’elle pouvait lui servir sur un plateau en or. « Fauuuuux !!! On peut aimer une personne sans la connaître. On ne connaît jamais une personne sur le bout des doigts, CQFD ! Après tout dépend. Ca peut être de l’attirance physique, de l’attirance d’esprit ou un besoin maladif de prendre soin de l’autre. Bon okay vous êtes sérieusement atteint quoi… rien qu’à vous entendre parler, c’est aussi évident que le fait que vous vous fassiez chier ! Et qu’est-ce qui vous empêche d’aller forcer un brin sa porte ? Solution un : z’avez rien dans le pantalon, mais ça m’étonnerait ; solution deux : vous avez peur de vous prendre un râteau dans la tronche. Mais plus on se prend de porte dans la gueule, plus on a de chance de tomber sur un bon truc à un moment donné, c’est ça que vous avez pas compris. Et ça marche pour tout, pas seulement pour votre Soliiiine d’amouuuuur !! »

Lyanna écouta tout le long discours de Caine et à chaque mot elle eut l’impression de lâcher un soupir. Diable, mais il ne se lâchait donc jamais ?! Rien que pour la ‘beauté’ de la chose, la brunette n’hésita pas une seconde à le secouer deux minutes après s’être emparée des deux pans de son uniforme pour mieux le gifler sans violence. Elle voulait simplement voir le résultat. « Ouais, effectivement, vous êtes barbant comme la pluie ! » rétorqua-t-elle avec un rien de désespoir dans le regard tant elle trouvait que c’était du gâchis, un péché même ! « Il vous arrive jamais de vous amuser ? Je sais pas, moi ! Faire des trucs de déglingo avant d’être un vieux croulant tout desséché ? C’est pas beau d’être vieux dans sa tête l’ami, pas beau du tout ! Oh je sais, vous pouvez me coffrer pour outrage ou je ne sais quelle connerie mais il n’empêche que j’ai raison, vous avez un petit garçon donc la fête est finie bye bye, rideau ! Mais quand votre rejeton tout mignon il va être grand, il va vous rester quoi, à vous ? Bah… rien. Que dalle, nada ! Vous aurez vos petits yeux pour pleurer et encore, c’est pas dit qu’ils aient pas démissionné d’ici là tellement vous êtes barbant à souhait. C’est ça que vous avez envie d’entendre ? » Lyanna était brutale mais elle mettait le doigt là où ça fait mal pour le faire réagir et non l’enfoncer. Elle avait la possibilité de lui montrer autre chose, de lui prouver que la vie vaut la peine d’être vécue et qu’il pouvait être un bon père tout en s’amusant également de son côté. « Naaan vous n’avez pas mérité d’enquête, vous déconnez là ?! Vous savez quoi ? Je vous apprends à vous lâcher et je vous la file, et même que vous m’aurez même pas sur le poil, juré craché ! Bon, pas par terre c’est dégueu mais vous avez saisi l’image. Arrêtez de vous oublier, un peu. »

« Mouais… en fait, vous avez aucun humour ma parole ! » maugréa Lyanna tout en comprenant enfin quel était le fond du problème : son ex-femme l’avait définitivement castré et plutôt que de risquer de se prendre à nouveau une porte dans la gueule ou ailleurs, il préférait rester en retrait, protégé par sa petite routine. Mais cela ne voulait pas dire qu’il n’avait pas envie ou besoin d’un peu de révolution. Ses lèvres disaient non et pourtant elle avait l’impression de lire un gros « oui » dans son regard, comme s’il rêvait de faire le grand saut sans avoir la possibilité de le faire. « Sauf que vous pouvez arrêter vos conneries avec moi, je vois pleeeein de types et de nénettes qui se targuent d’être heureux et qui s’emmerdent royal dans leurs vies alors je sais reconnaître quelqu’un qui a juste peur de se prendre une porte dans la face ! Et puis j’suis pas là pour vous castrer, je vois pas où vous avez vu jouer ça ! »Lyanna haussa les épaules avant de ne lui prendre sournoisement sa balle des mains. Il pouvait peut-être fuir devant tous les autres et se cacher avec un brio parfaitement digne de lui mais en l’occurrence, il était tombé sur plus fort que lui. La preuve, elle tourna brutalement son fauteuil pour mieux s’asseoir sur ses genoux et le serrer dans ses bras, tout simplement. Elle ne voulait pas apaiser le feu de ses paroles ou même celui de sa gifle, pensant qu’il avait mérité les deux et que cela ne lui avait sûrement pas fait de mal. « Si vous arrêtez pas de bouder je vous secoue encore et je vais être tellement douée que va même y avoir du fric qui va tomber de l’arbre façon grand dadet que vous êtes ! Vous avez été castré ? Et bien regagnez votre putain de virilité ! Y’a que vous qui vous cachez, moi j’vous encourage au contraire. Vous êtes peut-être buté mais croyez moi… je suis pire que vous et j’vais pas vous lâcher la grappe. Manque de bol, c’est pas les vendanges !! »

« Parfaitement, je suis capable de tout moi, M’sieur ! » s’exclama-t-elle, particulièrement fière d’elle-même. Lyanna avait cette capacité extraordinaire de mettre en lumière tout ce qu’elle touchait à l’aide de cette folie furieuse qui dictait le moindre de ses gestes. C’était choquant au début, mais on s’y faisait vite… un peu trop vite, d’ailleurs. « Jeremiah ? Haha jamais de la vie c’est mon meilleur pote ! Bon y’a longtemps on a fauté mais c’était y’a des lustres ! Et puis y’a du bon à être un cas soc’ vous savez. On craint plus le ridicule par exemple… » L’italienne s’arma d’un sourire aussi moqueur que carnassier, preuve qu’elle n’avait pas l’intention de le lâcher d’une semelle jusqu’à ce qu’il n’ait plus l’impression de n’être qu’une merde. « Oh j’ai plein de chose passionnantes à faire dans ma morgue chérie mais je suis coincée ici avec vous alors j’occupe le temps plus agréablement… éviter d’être rasoir, vous devriez essayer, c’est pas mal des fois ! » reprit-elle avant de ne se dégager de l’emprise qu’il avait sur ses poignets pour mieux se relever de façon féline et souple. Diable, un peu plus et elle vendait le fait d’être danseuse ! « Vous devriez vous envoyer en l’air McDouglas, ça vous détendrait ! » Ce n’était absolument pas une invitation et quelle qu’ait été sa réponse, Lyanna ne l’entendit pas. Un cri d’enfant avait retenu son attention, fidèle à l’ouïe extrêmement fine étant la sienne… la brunette ouvrit la fenêtre pour sauter sur l’escalier de secours et, avant qu’une voiture ne renverse le gamin hurlant au beau milieu de la route, elle sauta afin de lui faire quitter le bitume. Ca avait été moins une… bon, d’accord, Lyanna était pleine de boue à cause de la pluie encore récente et ses genoux étaient éraflés mais au moins, le bambin n’avait rien et la mère mit un bon moment à la remercier. « Rha, maintenant que je suis dehors… pas envie de rentrer. »Même si ses genoux la tiraillaient.

« Bah attendez, j’ai un putain de standing à respecter moi !! » s’exclama-t-elle avant de n’être surprise qu’il ne se mette à la porter comme une mariée pour mieux l’emmener à l’infirmerie. Lyanna ne savait pas ce qui la troublait le plus : le fait qu’il ne l’ait touchée ou ne veuille son bien… l’un dans l’autre, elle n’avait plus vraiment l’habitude, sous ses airs de demoiselle qui sait tout sur tout et qui aime avoir le point final à défaut d’avoir le dernier mot. « Z’êtes au courant que j’ai fais médecine ? Rhaaa, mais c’est rien, demain il n’y paraîtra plus ! Je suis pas en sucre bordel ! » La brunette italienne haussa les épaules, étonnée qu’il n’y ait pas âme qui vive dans cette foutue infirmerie et surtout qu’il n’y ait pas d’infirmière… mais là, c’était le médecin en elle qui s’exprimait : et s’il arrivait vraiment un pépin, que se passerait-il ? « Ouais, bah essayez donc de me menottez que je m’occupe définitivement de votre service trois pièces !! En plus, vu ce que vous m’avez montré tout à l’heure, vous êtes même pas cap je suis sûre ! » Même si d’un certain côté, Lyanna aurait été curieuse de le voir capable de menotter une femme… cela ne semblait tellement pas être son genre qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de le défier pour voir s’il serait en mesure d’aller au bout de sa pensée ou bien s’il allait effectivement se dégonfler au passage. « Bah ça dépend, faut me donner envie d’être sage aussi ! Si vous me bisoutez juste le genou ça donne pas envie, au cas où vous l’auriez pas remarqué, j’ai plus cinq ans ET je suis doc… les bisous sur les blessures, ça marche pas avec moi ! »

Mais c’est qu’il prenait de l’assurance le coco ! Lyanna ne l’avait clairement pas vue venir celle-là et pourtant, bien loin d’en être dérangée, c’est un sourire malicieux et presque provocateur qui prit bientôt place contre ses lèvres. Bon dieu, frissonnait-elle ? Diable, il n’était pas mauvais dans son genre, c’était vraiment incompréhensible qu’il n’ait pas plus confiance en lui. Vraiment, l’italienne ne comprenait pas. « Si je suis une tentation c’est flatteur… sinon ça donne envie de cogner ! Et non j’arrête jamais de râler, je suis une lapine Duracell moi M’sieur !! » grognaLyanna avant de ne se retrouver menottée au lit par la main gauche tandis qu’il fanfaronnait et lui donnait une leçon sur les bisous magiques. L’expression de la brunette changea légèrement pendant quelques secondes, devenant subitement sérieuse alors qu’elle ne le lâchait pas des yeux une seconde. « Tu es sexy quand tu souris » dit-elle le plus sérieusement du monde avant de ne reprendre son habituelle tête à connerie, celle qu’elle offrait à tout spectateur à n’importe quelle heure du jour comme de la nuit… quand elle n’avait pas son masque bien évidemment. « Mouais mais en attendant,je suis pas surprise pour trois ronds de serviette, j’ai toujours mon genou qui me tire et ça me rend pas plus sage !! Finalement tu caches bien ton jeu, t’es un sale trublion et le pire, c’est que tu chopes dans tes filets… tu mériterais un coup de pied au cul pour faire croire que t’es rasoir alors que tu l’es pas, c’est criminel, ça devrait être interdit !!! Mais je suis toujours pas sage, CQFD… »Lyanna alla jusqu’à lui tirer la langue tout en attrapant l’une de ses mains de ses doigts libres et non menottés pour la porter à ses lèvres. « Ca c’est un bisou magique, et moi je t’ai surprise. Bah, j’suis trop balèze que veux-tu ! »

« Je t’ai dit que j’étais trop balèze ! » reprit Lyanna avec aplomb tandis que Caine lui avouait avoir été surpris. Oh il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elle fasse réellement preuve de sérieux plus de dix secondes d’à filée, à moins de n’être en colère et dans les deux cas, il valait mieux ne pas être à côté. La brunette n’était pourtant pas fan du fait d’être menottée, mais dans son extraordinaire intelligence, l’écossais n’avait attaché que l’un de ses deux poignets. Son autre main libre accueillait avec délice les doigts du jeune homme, tandis qu’elle ne le quittait pas des yeux et qu’un sourire malicieux agrandissait progressivement ses lèvres. « A tes risques et périls ! Mais t’es flic, ça ne devrait pas te faire peur… enlève-moi donc mon pantalon toi qui a deux mains libres ! Je n’ai pas l’intention de tortiller du cul pendant des plombes tout en risquant de me faire mal… puis tu es un chevalier qui veut sauver sa damoiselle en détresse, pas vrai ? » En fait, Lyanna frissonnait par avance à la simple idée qu’il puisse lui ôter son maudit vêtement, et approcha son visage du sien lorsqu’il menaça d’aller chercher l’infirmière. « J’te rappelle que je suis toubib, m’insulte pas au passage… quant à ton bisou magique, je l’ai à peine senti » répliqua-t-elle avant de ne s’emparer à son tour de ses lèvres avec timidité au départ, puis avec fougue, comme si elle cherchait à l’apprivoiser et à lui faire comprendre que malgré son caractère de merde… elle n’était pas totalement dépourvue de fragilité. « Ca, c’est un bisou magique, un vrai ! »conclut-elle avant de ne s’éloigner pour s’adosser à nouveau au mur, sans pour autant le quitter une seconde des yeux.

Et merde… Lyanna avait peut-être mis un peu trop d’intention dans son baiser et résultat, elle allait s’en mordre les doigts. Sans même s’être contrôlée une seconde, sans doute l’avait-elle embrassé de la même façon que l’autre soir, alors qu’elle portait son masque et qu’il était attiré par son mystère plus que par son physique. Mais il ne devait pas avoir vu une femme à moitié nue depuis des lustres tant il avait l’air en peine de lui ôter son pantalon. « Je rêve ou ça fait longtemps que tu n’as pas serré une femme dans tes bras ? » se risqua-t-elle à lui demander, sans trace de moquerie dans le fond de sa voix. Ce n’était même pas tant de la curiosité à vrai dire, plutôt un désir pressante de le savoir. Lyanna se mettait à avoir d’impures pensées et ce n’était pas bon signe. « De danseuse ?! J’ai une gueule à mettre un tutu et à me niquer les pieds pour les transformer en charpie ?! Pitié !! Je suis sportive, ça je préfère, ça c’est un compliment ! »grogna-t-elle tout en sachant qu’il fallait mieux qu’elle se couvre et qu’en prime elle ait l’air convaincante. Mais ça ne l’empêcha pas de changer habilement mais non moins rapidement de sujet, en s’emparant de sa main qui allait continuer de désinfecter sa plaie. Il était tellement doux que ça la troublait, elle qui était surtout habituée au mépris et au dédain des hommes, qui ne voyaient en elle qu’un morceau de viande bien juteux à dévorer. « Arrête. Arrête d’être doux, arrête d’être parfait et détache-moi !! Détache-moi immédiatement !! »Lyanna avait subitement fermé son visage, sans pour autant hurler, restant discrète mais non sans être décidée. « Je suis une pauvre petite conne, que veux-tu. Bah, je devrais avoir l’habitude, comme si je faisais en sorte qu’on ait une bonne opinion de moi. »

Lyanna n’allait pas lui jeter la pierre, elle-même ne courait pas réellement après les amants en ce moment. Oh il y avait bien cet acteur avec qui elle avait un petit semblant de relation mais ce n’était que physique la plupart du temps… elle l’avait accompagné à quelques réceptions mais c’était tout, et l’italienne savait qu’il la cocufiait comme jamais de toute manière. Elle n’attendait strictement rien de cet homme faux, mais ce n’était pas la même chose de Caine, premier vrai homme étant délicat avec elle. Il avait bien Jeremiah mais ce n’était pas pareil, c’était son meilleur pote, comme un frère pour elle… ils n’étaient donc délicats ni l’un ni l’autre il va de soi, bien qu’ils soient toujours disponibles en cas de besoin ! « Pas ma faute, c’était mon premier vrai compliment alors m’emmerde pas hein ! » avoua-t-elle sans vraiment réfléchir longuement à la question et avant de ne s’en mordre aussitôt les doigts. Par chance, l’écossais eut l’extraordinaire bonne idée de finir par lui détacher le poignet mais ce qu’elle n’attendait pas, c’était ce baiser délicat qu’il lui offrit. Il lui donnait tant de tendresse qu’elle se surprit à faire preuve d’autant de douceur, de fragilité presque, afin de faire perdurer cette délicieuse étreinte qu’elle ne voulait pas voir finir. Et pourtant, ce fut nulle autre que Lyanna qui s’écarta de Caine une fois qu’elle fut définitivement à bout de souffle avant de ne le regarder avec une intensité sans pareille, qu’elle n’avait même pas eue alors qu’elle possédait son masque. « Non personne. Si tu répètes ça je crois que je te flingue ! Mais c’est pas ce qui m’énerve le plus, la connerie des gens je peux gérer… mais je sais que si je reste là, je vais en demander plus, je me connais. »