« Monsieur McDouglas ? Frey Wilhazen à l’appareil. Je vous appelle car le docteur Benedict a malheureusement été victime d’un accident… » Pourquoi l’assistant de Lyanna appelait-il Caine directement à la brigade, et comment avait-il eut le numéro, mystère et balle de golf. Mais il n’en demeure pas moins qu’après un vol plané dans les escaliers du Lenox Hill Hospital, la jolie italienne était plongée dans un coma et que ses plus proches collègues manquaient cruellement de réponses quant à son possible réveil. Diagnostic ? Trauma crânien non piqué des hannetons. En bref, la situation était suffisamment sérieuse pour que Frey déniche le numéro d’urgence de Caine dans l’un des tiroirs du bureau de Lyanna pour le prévenir en toute priorité… car telles étaient les instructions de sa patronne. Il attendit cependant que le lieutenant de police n’arrive à l’hôpital pour le récupérer au passage et, bien que cela n’empêche Caine de se rendre au chevet de sa belle pour le moment, cela permettait au norvégien de montrer des images de caméra des plus troublantes. « Nous ne connaissons pas son identité et la réception de l’hôpital est incapable de nous dire si elle s’est présentée en tant que patiente ou simple visiteuse, mais il n’empêche que sur les vidéos des escaliers, c’était bien Cassidy que l’on voyait avoir un discours particulièrement houleux à Lyanna, qui se défendait à peine, se contentant de garder un visage aussi fermé que possible avant de n’être poussée avec une violence sans nom dans les escaliers. Cela avait pris un moment avant que quelqu’un ne remarque la présence du corps inerte de l’anatomopathologiste, d’où le fait que ses collègues prennent énormément de gants quant à sa survie future. « C’est tout ce que j’ai pu dénicher comme indices, mais je me disais, comme vous êtes lieutenant, vous saurez sûrement trouver davantage de détails dans ces images… quant au docteur Benedict, il ne s’est pas encore réveillé. Le problème d’un coma c’est que lorsque la patiente est enceinte, elle ne peut pas réguler sa température et ses hormones et il est difficile d’avoir un pronostic pour les enfants également… j’apprécie beaucoup ma patronne vous savez, alors si je peux faire quoi que ce soit pour vous aidez, surtout dites-le moi. Sa chambre est la trois cent quatre vingt cinq, au troisième étage. »

De très longues heures plus tard, Frey ne manqua pas de laisser la place au lieutenant de possible ou plutôt à deux, s’éclipsant même s’il vit le premier menotter Caine McDouglas aux barreaux du lit de sa patronne. Ne pas chercher plus loin, après tout il n’avait pas tous les tenants et les aboutissants. Mais l’assistant de Lyanna revint à de nombreuses reprises après le départ du lieutenant McNamara pour voir s’il avait besoin de quelque chose, ou si l’italienne avait ouvert ne serait-ce qu’une paupière. S’en suivirent trois jours sans qu’aucune amélioration ne soit visible, jusqu’à ce qu’un bip on ne peut plus anormal ne retentisse dans la pièce et n’alerte immédiatement Frey. « Code bleu, code bleu !! » s’écria-t-ils aux infirmières présentes avant de n’inciter Caine à se pousser autant qu’il le pouvait pour mieux administrer un massage cardiaque avant que l’appareillage ne lui soit donné. « Allez docteur Benedict, accrochez-vous !! DEGAGEZ ! » Le cœur de Lyanna s’était arrêté pendant une minute et demie avant de ne repartir de plus belle, grâce à l’intervention extrêmement rapide et précise de son assistant. Autant dire que celui-ci poussa un soupir particulièrement virulent, subitement pâlot car il n’avait jamais administré cela auparavant et comme il appréciait énormément sa patronne, ça n’en n’était que plus difficile. La routine reprit ses droits sur le cas Lyanna jusqu’à ce qu’un nouveau chapitre ne s’écrive de lui-même… le soir suivant, en effet, l’italienne ouvrit certes les yeux mais se mit à tirer sur tous les fils en se débattant comme un beau diable pour s’ôter l’oxygène notamment, complètement paniquée à l’idée d’être sur un lit d’hôpital sans même comprendre ce qui lui arrivait au juste.

La conscience de Lyanna peinait à reprendre le dessus et c’est avec violence qu’elle se débattait, arrachant littéralement sa perfusion ainsi que son masque à oxygène sans avoir le temps de faire de même pour les branchements donnant ses pulsations de cœur, se trouvant contre sa poitrine. La voix de Caine parvint bientôt à la faire redescendre sur terre, et c’est la respiration haletante que l’italienne le regarda subitement, cherchant à savoir ce qui avait bien pu se passer avant que toute la scène ne lui revienne en tête : Cassidy, ses menaces, puis son agression. « Caine, tu n’as rien ? » eut-elle le réflexe de dire avant de ne prendre son visage en coupe, reprenant peu à peu une respiration plus humaine, bien que son rythme cardiaque soit extrêmement élevé encore, à cause du choc émotionnel qu’elle venait juste de subir. Il fallait noter que plutôt que de s’occuper de son propre cas, elle s’inquiétait en premier lieu de celui de son compagnon, qui l’intéressait bien plus que ce que son ex-femme avait bien pu lui faire subir. Quant aux enfants, ils punchaient tous deux si fort que ce n’était pas la peine de se pencher trop longtemps sur la question : ils étaient aussi solides qu’un rock, exactement comme leur mère, bien qu’il ait été facile de suivre les battements de leurs deux cœurs sur le monitoring que Frey avait branché lui-même. « Ca fait longtemps que je suis allongée à l’asile ? » s’exclama-t-elle non sans déposer un frêle baiser contre les lèvres de Caine, ne pouvant se retenir de le toucher comme si elle savait qu’elle revenait de loin, très loin. « Mais qu’est-ce que tu fous menotté au lit, c’est quoi ce bordel ? »

Effectivement c’était plutôt à Lyanna qu’il fallait poser la question mais peu importe, elle voulait tout de même savoir s’il allait bien, si lui n’avait pas été blessé au passage… sait-on jamais ! Cela lui glaça littéralement le cœur de lire une telle culpabilité dans le fond du regard de Caine, autant que cela la rendait rageuse car il n’avait rien fait de mal justement. « Arrête. Tu vas me flanquer cette culpabilité au cul immédiatement ou sinon je vais tellement te secouer comme un prunier que tu vas être sans repère pendant pas mal d’heures ! Regarde-moi Caine McDouglas ! » s’exclama-t-elle car cela la tuait de le voir si triste, si abattu, même si le réveil de l’italienne avait dû améliorer légèrement les choses par rapport à ces quelques derniers jours. « Je vais bien, je suis en vie et les enfants aussi… » Pour ponctuer ses paroles, elle prit la main libre du bel écossais pour lui faire sentir les multiples coups de l’un et de l’autre, déplaçant sa main à diverses endroits de son ventre largement arrondi pour qu’il puisse bien tout sentir. « Je ne me suis pas défendue face à ton ex-femme. Je l’ai laissée cracher sa valda parce que je pensais qu’elle calmerait sa joie d’elle-même, je suis donc sûrement fautive aussi mais hors de question que tu t’accables de tous les malheurs du monde alors que tu n’es pas fautif pour trois sous, vu ? J’ai peut-être fais un arrêt cardiaque, ça explique d’ailleurs que j’ai si mal à la poitrine, mais je vais bien maintenant et j’ai les idées claires. Quant au fait que tu sois déféré, je viendrais témoigner, pas question de te laisser dans la merde sans rien faire. »

« Quoi ?! » s’étrangla à moitié Lyanna face au discours de Caine, qui l’empêcha d’y répondre en l’embrassant passionnément. Oh l’italienne lui rendit son baiser comme si sa vie en dépendait mais cela ne l’empêcha aucunement de fulminer intérieurement car il n’était pas question qu’elle laisse l’homme de sa vie se faire torturer devant un juge tandis qu’il se privait joyeusement de son témoignage. Aussi, même s’il ne manqua d’appeler une infirmière en vue probablement de fuir la conversation, Lyanna reprit de plus belle, se moquant bien qu’il y ait après de la visite dans la chambre : « Tu te fous de moi Caine McDouglas ?! Il ne s’agit pas que de moi et puis merde je vais bien ! Tu te rends compte qu’ils peuvent te foutre en taule ? Et je fais quoi moi pendant ce temps, je viens t’apporter des oranges et je te montre les gamins ?! Il n’est pas question que tu te prives de mon témoignage tu m’entends ? Tu peux tempêter tout ce que tu veux, je viendrais en fauteuil roulant s’il le faut mais je viendrai ! On parle non seulement de ta carrière mais de ta vie, et de NOTRE vie ensemble ! Les jumeaux ont besoin de toi, Connor a besoin de toi et moi aussi ! Que tu assumes les conséquences de tes actes c’est une chose mais tu es prêt à tout perdre juste pour jouer au héros ? Je connais ton engouement pour la vérité Caine mais ce n’est pas mentir que de me laisser témoigner car tu sais aussi bien que moi que tu n’aurais jamais fait cela si je n’avais pas fait partie de l’équation ni été blessée. C’est à cause de moi que tu es dans cette situation alors je vais t’aider, point barre ! ET JE VAIS BIEN ALORS INFIRMIÈRE RETOURNEZ A VOTRE BOULOT ! »

Qu’importe qu’ils soient en plein dialogue de sourd, Lyanna avait la force de cent hommes pour faire admettre à Caine qu’il n’avait pas besoin de toujours se sacrifier ou à tout le moins d’aller à la guerre sans biscuit ni soldat pour l’aider. S’il était prêt à mourir et à tuer pour elle, il en était de même pour l’italienne, qui se sentait prête à gravir des monts infranchissables rien que pour pouvoir ne serait-ce qu’obtenir un regard, un sourire de la part de l’écossais de son cœur. « Mais tu ne comprends pas non plus que tu es toute ma vie et que je deviens barge dès que tu n’es pas dans le coin !? Que fait-il que je fasse pour que tu le comprennes ! Il n’est pas question que je te laisse y aller tout seul, tu sautes je saute, je t’ai tourné le dos une fois et c’est une erreur que je ne referais plus jamais, tu m’entends ?! Que tu veuilles payer pour tes erreurs je ne peux pas te blâmer mais je suis responsable de la chose, car tu n’aurais jamais frappé ton ex-femme si je m’étais défendue, si j’avais hurlé, répliqué, que sais-je bordel ! Tu as ta part de responsabilités mais moi aussi et je ne m’extirpe pas de celles-ci, hors de question. Appelle ça de la fierté mal placée je m’en cogne mais je ne t’abandonne pas, tu ne peux pas me demander ça. Ou alors demande-moi carrément de sauter du haut d’une falaise, ça ira plus vite ! Tu n’iras pas en taule, je refuse… » Sauf que Caine voulait lui faire choper une autre crise cardiaque à proposer ces deux mots qu’elle ne pensait pas entendre dans son existence toute entière. Non seulement le baiser qu’il lui avait donné lui avait retourné littéralement le cœur mais cette demande qu’il venait de lui faire lui arracha des larmes d’émotion alors qu’elle s’emparait à son tour de ses lèvres avec la force du désespoir et de tout son amour combinés. « Oui, oui, mille fois oui Caine ! »

Lyanna laissa échapper un petit rire à la fois amusé et ému en imaginant Caine se torturer la cervelle rien qu’à vouloir faire une demande parfaite, romantique, à son image donc. Elle n’hésita pas une seconde à caresser doucement ses joues qu’elle tenait en coupe dans ses mains, son sourire refusant décemment de la quitter tant elle se sentait bien, à sa place, emplie d’une béatitude qu’elle n’espérait pas, même dans ses rêves les plus fous, trouver un jour. C’était un pari risqué qu’ils s’étaient lancé mais l’italienne avait désormais plus que foi en l’avenir, surtout maintenant qu’elle était fiancée à Caine. « Chéri tu aurais pu me demander un milliard de fois ma main, que ce soit dans un restau, dans ton bureau, sur la plage, en me chantant une sérénade ou que sais-je encore… je ne t’en aimerais pas moins et j’aurais dit oui quoi qu’il en soit. Mais ça fait vraiment des semaines que tu y réfléchis ? C’est dingue, j’étais à des lieues d’imaginer le truc, je pensais que t’étais définitivement vacciné niveau mariage et que c’était mort même si moi je voulais… bordel faut que je fasse vérifier ma vue et que je mette des lunettes de toute urgence ! » Lyanna lui offrit un nouveau baiser comme pour prendre toutes ses craintes, ses douleurs, et ce qui pouvait le retenir d’être heureux parfois. Certes, ce n’était pas idéal puisqu’il était toujours attaché au lit de l’italienne mais d’un autre côté, il ne risquait pas de s’enfuir loin d’elle… il fallait voir le bon côté des choses. « Et si on se mariait dès que tu es passé devant le juge ? Ou avant… dis-moi ce que tu préfères, ton heure et ton jour seront les miens ! »

« D’accord ce n’est pas la demande la plus romantique du monde et alors ? On s’en tape, l’important c’est d’être ensemble, non ? Et puis si ton romantisme que je trouve si sexy refuse d’accepter l’idée, il sera toujours temps que tu m’en refasses une dans les règles de l’art, je te l’ai dis… depuis quand c’est interdit d’en faire deux, des demandes ? » Ceci étant, Caine ne pouvait pas savoir à quel point cela la soulageait de l’entendre lui dire à voix haute qu’il ne craignait pas pour l’avenir, que selon lui ce mariage était fait pour durer tout simplement parce qu’il l’aimait et qu’à ses yeux, ça ne pouvait pas être plus logique. « Au moins, l’avantage, c’est que Dawn et Elijah vont naître en s’appelant McDouglas » déclara-t-elle, pragmatique avant de ne le voir faire des pieds et des mains pour s’allonger à ses côtés, chose qui la fit à moitié rire et ronronner en même temps. « Tu veux que j’essaye de les enlever avec une épingle ? Pas taper monsieur le policier mais je l’ai déjà fait, alors si tu veux vraiment me serrer dans tes bras… t’inquiètes pas, je prendrais la soufflante de Léo dans la gueule avec plaisir, je suis une warrior moi m’sieur ! » Lyanna prit trois épingles qu’elle avait encore dans les cheveux avant de les brandir, n’attendant que le feu vert de Caine pour qu’elle ne s’occupe de faire péter ces engins de malheur qui lui sciaient sûrement les poignets plus qu’autre chose. Il n’allait pas s’enfuir de toute façon, c’était donc ridicule de vouloir le garder attaché de cette manière ! « Bon pour les galipettes afin de fêter la nouvelle il faudra attendre que j’ai un brin moins la tête qui tourne mais j’veux bien t’offrir le câlin et les beusous de ta vie, mon cher futur mari ! »

« Ça me va parfaitement ! » fanfaronna Lyanna, qui aurait d’ailleurs volontiers sautillé si elle n’était pas en mode allongée sur un lit d’hôpital après un coma. Ceci étant, elle ne manqua pas de passer du sourire à la moue car effectivement, l’italienne n’allait pas se priver de fournir de multiples directives aux sages-femmes ayant L’HONNEUR de l’aider à mettre au monde ses deux bébés, mais le simple fait que Caine la connaisse si bien ne la fit que grimacer plus encore. Comment faisait-il ? Bah, un brin d’observation et le tour est joué, sans nul doute... « Je me fiche de toi si je veux tu as osé sous entendre que je serais un vrai dragon avec les sages femmes lors de mon accouchement ! Bon peut-être un peu... mais juste un peu ! Ceci dit, si tu penses que tu vas couper à l’épisode « je te charcute la main tellement je vais la serrer » tu te fourres le doigt dans l’œil, Monsieur McDouglas ! Y’a plus qu’à espérer que tu ne seras pas en pleine intervention au moment ou je vais perdre les eaux où je suis clairement dans la merde... pas envie de demander à mon assistant de venir te remplacer, déjà que je le traumatise les trois quart du temps le pauvre choupinet ! » Et puis merde, Lyanna avait envie que son mari - car ils seraient très certainement mariés à ce moment là vu comment tournait la conversation actuelle - soit présent et voit leurs deux enfants venir au monde ou les entende pousser leur premier cri sur cette bonne terre. « Oh... serait-ce que tu as envie d’être aux petits soins avec ta future femme et lui éviter de se faire pétouiller les tympans par ton capitaine possédant un coffre disons... puissant ? C’est trop meugnon ! » Et pour la peine, l’italienne n’eut aucun scrupule à le serrer dans ses bras dans un premier temps, pour mieux s’emparer de ses lèvres avec un mélange de tendresse et de passion non dissimulée. « Je t’aime... j’ai pas envie que tu sois loin de moi même une journée, ça m’donne envie de mordre. Qui va m’obliger à être raisonnable, hein ? »

Lyanna ne put décemment s’empêcher d’esquisser une petite moue alors que de toute évidence, Caine n’avait pas écouté ce qu’elle venait de dire : à ses yeux, personne d’autre que le lieutenant de la criminelle n’avait le droit d’être en salle de travail, point barre final, il n’y avait même pas à tortiller du cul pour péter droit. « Chéri, tu m’écoutes des fois ou tu es retenu par ta jalousie ? J’ai dis que je n’avais justement PAS ENVIE de devoir demander à Frey de me prêter sa main pour que je la massacre ! Chez moi, ça veut dire : no way tu te démerdes comme tu veux mais tu es là le jour J sinon ton cul il va tellement chauffer que je vais pouvoir faire griller des œufs, du bacon et peut-être même du pain dessus ! C’est plus clair comme ça ? » Le pire, c’est qu’elle était sérieuse ! D’accord, il ne fallait pas pousser mémé dans de la lave en fusion, l’italienne n’avait aucune intention d’être violente envers Caine, jamais de la vie, mais c’était l’image plutôt qu’il fallait retenir. « Ouais, je risque de faire que des conneries juste pour te faire comprendre : magne-toi le cul de revenir, il fait froid dans mon lit sans ma bouillotte personnelle ! » Mais Lyanna esquissa cependant un petit sourire alors qu’elle lui embrassait le bout du nez, comme pour lui faire comprendre que quoi qu’il advienne, elle allait l’attendre, et presque sagement en prime. « J’vais me maîtriser quand tu seras pas là. De toute façon, Connor me laissera pas merder, tu sais qu’il m’a engueulée l’autre jour parce que je bectais du Nutella à la cuillère ? On peut même plus avoir des envies de femme enceinte en paix… à peine croyable ! Il est tyrannique ton fils !! Ceci dit ça me fait penser à un truc : je viendrai tous les jours te porter des oranges et en échange, tu me feras livrer un cargo de fraises à ton retour, deal ? Ça me poussera définitivement à être sage. »