William avait décidé de jouer au plus crétin avec moi et je devais avouer que ce trait de personnalité me plaisait. C’est même ce qui faisait son charme même si pour l’heure, je n’arrêtais d’avoir envie de le taper ou simplement de l’embrasser pour qu’il se taise et arrête de raconter des conneries plus grosses que nous deux réunis. J’éclatais néanmoins de rire à sa dernière remarque. « Tant que tu me la joues pas adolescent sur ce terrain-là, je pourrais toujours t’aider à te détendre » commençais-je d’une voix suave tout en le poussant sur le canapé convertible qui me servait également de lit puisque le studio était bien trop petit et ne comportait pas de chambre à proprement parlé. Je m’installais donc sur ses genoux, prenant son visage dans mes mains pour mieux l’embrasser. « Tu sais, ça me dérangerait pas de prendre le dessert maintenant mais si je te cède trop vite, tu vas finir par croire que tout te tombe dans la main donc je pourrais aussi te frustrer en me jouant de ta légère et petite tension à moins que tu n’aies des arguments percutants pour me convaincre d’oublier mon apéro ! On a toute la nuit devant nous pour dîner après tout » plaisantais-je en le regardant avec malice. Dire que je ne supportais pas qu’un homme me touche allant jusqu’à avoir envie de vomir mais avec William, c’était si naturel que je me sentais pousser des ailes dans le dos et me transformait en véritable allumeuse. Je devrais avoir honte mais même pas. Après tout, il était mon petit-ami et c’était peut-être naturel que d’avoir envie d’exacerber l’envie chez l’autre ?! En réalité, sur ce coup-là, j’étais réellement comme une adolescente n’ayant jamais connu ce genre d’intimité avec un homme. « Dis, c’est moi où tu es en train de m’imaginer en soubrette à cet instant précis ? » le taquinais-je avec un léger sourire. Après tout, je commençais réellement à prendre gout à cette sorte de petit jeu de séduction entre nous et puis, c’était tellement différent de mes clients habituels. Je veux dire, je ne leur parlais pas, écartant simplement les cuisses. Avec William, j’avais envie de connaitre cette complicité qu’ont les couples, je voulais tout connaitre, tout expérimenter –en m’épargnant la rupture en toute honnêteté. « Apéro donc ? » demandais-je presque timidement du moins, avec peu d’entrain, ne sachant pas vraiment ce qu’il attendait de moi comme petite-amie.

« Tu sais ce que j’aime le plus chez toi ? Ta modestie ! » plaisantais-je tout en retenant la vacherie qui ne rêvait que d’une chose, passer outre la barrière de mes lèvres. Toutefois, connaissant mon petit-ami, pas sûre qu’il goutte à mon trait d’humour spécial Novak et comme j’escomptais passer une très bonne soirée, je préférais tourner sept fois ma langue dans ma bouche. A la place, je préférais le taquiner avec cette histoire de soubrette mais le plus étonnant dans cette histoire fut la suite des événements où William refusa tout bonnement cet interlude pour parler… Il désirait que nous fassions connaissance et je crois que je devais faire une drôle de tête à savoir un mélange de surprise, de tendresse mais aussi de : euh tu ne serais pas malade toi ?! « Tu veux que nous parlions ? Euh ok… Je t’avoue que je ne suis pas très douée pour parler de moi mais pourquoi pas en même temps, c’est naturel qu’entre petits-amis, nous discutions du moins je crois. T’es mon premier véritable petit-ami » avouais-je avec une certaine réticence car je ne voulais pas qu’il se moque pour le coup sans quoi, il finirait la soirée avec un joli cocard. Violente ? Légèrement. Je déposais donc un léger baiser sur ses lèvres, le poussant à s’asseoir dans le sofa pour mieux aller chercher le plateau que j’avais préparé. « Oui, j’ai un frère, de deux ans mon aîné… Il est marines, coureur de jupons du moins il l’était aux dernières nouvelles même s’il vient de se fiancer à une gamine. Je n’en sais pas plus car je ne sais même pas si nous sommes encore en froid » haussais-je les épaules car ma relation avec mon frère était plus que compliquée. « Et toi ? » lui demandais-je sans trop savoir quoi dire ou faire. Bon sang, je me sentais comme la pire des cruches. « Tu aimes la peinture ? » demandais-je abruptement en m’installant à côté de lui, lui tendant la bouteille. « Vaut mieux que tu te serves sinon tu vas encore te plaindre que je te fais des doses trop fortes ! lui souriais-je d’un air malicieux. Ce n’était quand même pas ma faute si je ne buvais qu’à la bouteille pour simplement me rendre ivre. Heureusement, cela faisait un moment que cette fichue manie m’avait passé.

« Oui, ça me rassure mais dans un même temps, je t’avoue que je ne suis pas très douée pour parler de moi. La dernière fois, dans ton bureau je veux dire, c’était vraiment exceptionnel et c’est parce que je voulais que tu comprennes pourquoi je réagissais ainsi. D’ailleurs, je ne sais même pas comment j’ai fait pour ne pas avoir eu envie de prendre mes jambes à mon cou et m’enfuir » plaisantais-je avec une certaine tendresse car je chérissais ce moment. Après tout, nous nous étions mis ensemble lors de cette fameuse discussion bien que cela avait été à deux doigts de capoter. « Je suis pas sûre en ce qui concerne mon frère, il va plutôt à mon avis te menacer de te refaire le portrait et encore, ça sera s’il est dans un bon jour… Dans un mauvais, il te menacera pas, il te cassera la gueule par mesure de précaution » éclatais-je de rire, habituée au caractère de merde de mon frère aîné puisque nous avions le même. La preuve, je n’avais pas hésité à menacer sa fiancée sur son lit d’hôpital ! Quoiqu’il en soit, je lui demandais s’il aimait la peinture étant donné que c’était une de mes passions. « Oui et je suis exposée depuis peu dans une petite galerie du Queens. Je n’en suis pas peu fière car j’ai toujours eu l’impression que je n’avais aucun talent alors être exposée, c’était pour moi, un peu comme un fantasme… Je crois que c’est maintenant que je te dis que Zydler –mon euh second patron ; m’a inscrite à l’université en histoire de l’art ? Il ne me reste pas grand-chose à lui rembourser et il veut que je fasse quelque chose de ma vie. Je n’ai jamais compris pourquoi il était aussi prompt à m’aider » haussais-je les épaules. La conversation se poursuivit sur sa famille à lui et comment dire, j’affichais une tête totalement estomaquée. « Tu as 4 sœurs ?! Oh mon dieu, elles vont me détester comme toute bonne petite sœur qui se respecte ! Dans quoi je me suis embarquée ! » me lamentais-je en remplissant mon verre pour le boire cul sec. C’était déjà la fin de mon histoire avec William, sa famille me détesterait à coups sûrs. C’était tellement cliché l’assistante qui s’envoyait son patron, en prime, je n’avais pas de diplôme, j’étais une ancienne junkie et une ancienne prostituée. Bonjour le portrait flatteur !

Un fin sourire étira mes lèvres à sa question « Oui, je panserai tes plaies mon petit bichon » plaisantais-je même si je savais que Sullivan n’irait pas jusqu’à lui casser la gueule juste parce qu’il sortait avec moi. Non, je pense qu’il s’arrêtera aux menaces du moins je l’espérais pour lui ; Dans le cas contraire, ce serait avec plaisir que je jouerai les infirmières de choc pour William. Le sujet Sullivan terminé, nous commencions doucement à nous ouvrir à l’autre, et je lui parlais tout naturellement de ma passion pour la peinture. « Oui je peins depuis que j’ai seize an » lui répondis-je doucement avant de pencher la tête sur le côté, avec un léger sourire mutin. « Oh je suis certaine qu’au contraire, je ferais bien de donner foi à ces racontars. Je te signale que je t’ai souvent vu faire avec les femmes hein Slayers, je sais que tu es un séducteur, ce ne sont pas eux qui vont m’apprendre le contraire » plaisantais-je comme pour lui dire que cela me faisait rien –ce qui était vrai. Il passait outre mes anciennes activités de prostituée alors je n’allais pas lui prendre la tête parce que c’était un séducteur tant qu’il ne me trompait pas, sa virilité n’en aurait pas à souffrir. En parlant de souffrir, je craignais beaucoup la réaction de ses sœurs car un ou deux ça va mais QUATRE ?! Il voulait ma mort ! « C’est euh rassurant ! Remarque être détestée fait partie de mes habitudes alors ça me changera pas des masses mais si tu crois que je vais bien me tenir parce que ce sont tes sœurs, tu oublies ça direct ! Quand on m’attaque, je réponds alors que ce soit tes sœurs ou une autre personne, ça sera du pareil au même… Chez les Novak on ne se laisse pas faire » m’amusais-je à lui signifier car s’il pensait que j’allais perdre mon caractère de merde sous prétexte que nous étions ensemble, c’était mal le connaitre. Je resterai l’emmerdeuse que j’étais. « Dis-moi, je me suis toujours demandé, le basket c’est une passion pour toi ? Non parce que je sais que les jours de matchs, je ne te vois jamais au Dream donc je me suis toujours posée la question » haussais-les épaules avant de céder à la tentation de venir m’installer sur ses genoux, à califourchon. « Je veux un câlin… c’est pas incompatible avec le fait de discuter non ? Je suis sûre que tu peux m’avoir sur tes genoux sans penser avec ton deuxième cerveau » le taquinais-je.

Est-ce une hallucination auditive ou William venait de but en blanc m’annoncer qu’il avait fait une crise cardiaque ? Comment pouvait-il se montrer aussi léger face à ce sujet ? Ce n’était quand même pas rien. On ne faisait pas une crise cardiaque à son âge sans raison tout de même. Inspire, expire, surtout ne t’énerve pas Azkadeliah. Il y a d’autres façons de régler un problème qu’en sautant à la gorge des gens avec des réparties assassines. « N’essaie pas de noyer le poisson William Slayers ! » commençais-je tout en fronçant les sourcils signe que je n’étais pas contente du tout et son trait d’humour concernant la grosseur de son deuxième cerveau était tombée à l’eau ou avait fait un bide, au choix. « Tu ne peux pas m’annoncer que tu as fait une crise cardiaque et passer outre comme pour dire, rien à signaler. Certes, je ne suis pas médecin mais le meilleur ami de mon frère en a fait une il y a peu et je sais qu’il doit être suivi. Je veux savoir ce qu’il en est pour toi… Ecoute, je ne cherche pas à te faire parler d’une chose qui ne doit pas être idéale pour toi mais je veux connaitre tout de toi et pas seulement le paraitre ou les choses amusantes. Je veux être présente à tes côtés » me levais-je pour faire les cents pas. Je savais qu’il me fallait également me confier sur des choses importantes car je ne pouvais pas exiger de lui qu’il se montrer totalement honnête sans faire de même de mon côté. Cela ne serait pas juste, cela serait simplement totalement Novak. Or, je voulais être différente avec William, je voulais qu’il puisse avoir confiance en moi. « Ecoute, tu te rappelles de cette semaine où je ne suis pas venue au travail ? En fait… Ce n’est pas évident pour moi de le dire mais autant que tu saches la vérité mais après mon viol, je suis tombée dans la drogue. Solution de facilité je sais bien mais j’avais besoin de ça. J’avais décroché mais j’ai replongé à cause de… enfin ce n’était pas évident pour moi de me laisser toucher par ces hommes bref.. J’ai réussi à me sevrer à nouveau et je participe à des réunions de groupe mais je suis une ancienne toxico William » soufflais-je ma confession avant de me mordiller la lèvre. « J’ai vraiment pas le profil de la petite-amie idéale hein ?! Et pour te répondre, j’ai fait un carry crevette…c’est une recette réunionnaise que m’a appris une amie » tentais-je de ramener la conversation sur un sujet plus léger bien que je ne savais même pas ce que j’avais préparé était mangeable ou non. Il faut dire que je n’étais pas une très bonne cuisinière.

« Bien sûr que je m’inquiète pour toi crétin ! » soupirais-je. Comment pourrait-il en être autrement ? William était le premier homme à me faire me sentir aussi vivante, aussi pleinement satisfaite. Le perdre, ce serait comme retomber dans les ténèbres mais j’essayais pourtant de ne pas devenir dépendante de l’amour que je ressentais pour lui, je luttais chaque jour pour ne pas succomber complétement car je ne voulais pas être de ces femmes qui ne jurent que par un seul homme et qui finissent seule et désespérée une fois l’histoire terminée. Alors oui, une partie de moi se refusait toujours à William en quelque sorte. « Tu voudras que je t’accompagne ? A ta visite de contrôle » lui demandais-je assez timidement car j’ignorais un peu comment me comporter vis-à-vis de lui. Après tout William était un homme aimant son indépendance et je ne voulais pas trop empiéter sur sa vie. Bon sang, je ne savais pas qu’être dans une relation était aussi compliqué pour les nerfs mais qu’importe au pire, il me dirait non. Toutefois, je trouvais cela injuste de ne pas lui confier quelque chose de ma part. Avec moi, c’était du donnant donnant, j’y tenais. Aussi lui confiais-je mon passé de junkie mais mon petit-ami ne semblait pas s’en offusquer allant jusqu’à se plaindre que je ne lui confie pas que j’étais bisexuelle. A cela, je grimaçais. « Ben en fait, je suis bisexuelle. Avant toi, j’ai eu une histoire avec une femme donc tu vas pouvoir fantasmer des plombes en m’imaginant avec une femme hein ! » rétorquais-je avant de laisser entendre que je n’avais pas le profil de la petite-amie idéale et la réponse de William ne put que me combler. « Je ne céderai pas ma place pour tout l’or du monde donc même si tu ne voulais pas, tu serais obligé de composer avec moi dans ta vie William Slayers » plaisantais-je avant de m’exclamer au sujet du menu. Oh j’avais bien sûr entendu la remarque sur Kenan mais je n’étais définitivement pas à l’aise avec le sujet. Je devrais peut-être demander à ma belle-sœur comment elle faisait avec Lou. C’était une idée comme une autre. « Tu veux que nous passions à table ? Après le repas, on pourrait se faire la dernière séance au cinéma si tu veux » lui proposais-je en me relevant avec un air malicieux que je perdis rapidement. « Ton fils est au courant pour nous deux ? » lâchais-je ma bombe, incapable finalement de la retenir plus longtemps.

« Je n’ai pas l’intention de me transformer en une super glue mais je ne vais pas jouer les insensibles ni les frigides quand mon petit-ami m’annonce qu’il doit aller voir son médecin parce qu’il est cardiaque alors merde ! Faudra faire avec moi que tu le veuilles ou non car tu apprendras que je suis ainsi avec les personnes à qui je tiens » marmonnais-je en essayant de ne pas m’énerver mais j’avais un peu l’impression d’être renvoyée dans mes buts. Certes, je ne l’avais pas habitué à un tel comportement de ma part mais en même temps, je n’allais pas couver mon patron. Là, William était dans mon studio en tant que petit-ami et cela changeait considérablement la donne. « Après si cela te gène, je ne viendrai pas et on n’en parle plus » haussais-je les épaules en reprenant une expression bien plus neutre préférant de loin changer le sujet. « Maintenant, si tu as l’habitude de sortir avec des nanas qui te demandent quelque chose en contrepartie, ce n’est tout de même pas ma faute mais si tu veux, je peux toujours considérer nos rendez-vous comme une relation tarifée » lâchais-je néanmoins avec perfidie car oui, j’avais un caractère de merde et que j’avais tendance à me montrer aussi chieuse qu’adorable. Au moins, ma bissexualité offrit une échappatoire à notre couple et je levais les yeux en l’air rien qu’en le voyant fanfaronner dans son coin. Sérieusement, des fois, je me demandais comment je faisais pour ne pas avoir envie de l’assommer. Je pense que son petit cul musclé y était pour beaucoup dans mon calme olympien.   « PARDON ?! » m’écriais-je tout en me relevant comme si une guêpe m’avait piqué. « Tu es en train de me dire que tu habites avec la mère de ton fils et que vous vous amusez à jouer à la parfaite petite famille ?! Si tu penses que tu vas pouvoir prendre ta veste et te casser, tu oublies direct Slayers car il est hors de question que tu te carapates avant d’avoir éclairci ce point. Et tu comptais me le dire que tu couches sous le même toi que ton ex ? A moins que tu attendais peut-être que je vienne coucher chez toi et qu’on prenne tous ensemble le petit déjeuner ? TU TE FOUS DE MA GUEULE ?! » lui demandais-je en lui balançant le torchon à la figure. J’étais réellement blessée qu’il m’ait caché cela. Merde, il avait eu tout le temps de me le dire. « Je suis quoi moi dans l’histoire ? La nana que tu sautes de temps en temps avant de retrouver ta gentille famille ? »

Je devais ressembler à une mégère ou une folle furieuse mais c’était avant tout chose, mon instinct de survie qui s’exprimait. Je ne voulais pas souffrir à nouveau ni être prise pour une conne alors je mordais avant qu’on ne me morde. Je me fichais bien de toutes les excuses du monde, cela n’enlevait en rien au fait qu’il m’avait caché la chose et ça, je ne pouvais pas l’excuser pour autant. « Bien sûr que j’en fais tout un drame, je te signale que tu vis avec ton ex-petite-amie, la mère de ton gosse alors excuse-moi si je le prends mal ! » m’écriais-je. Je ne trouvais d’ailleurs pas leur relation saine que ce soit pour l’enfant ni même pour eux et puis merde, j’avais le droit de mal le prendre. « Je me fiche bien de cette liste idiote William. Je sais qui tu es et si cela me posait un souci, je ne serais pas en train d’aboyer comme un putois après toi bon sang. Cesse d’imaginer le pire, je ne vais pas te quitter. Je ne te demande pas d’être le petit-ami parfait à mes yeux, je te demande juste d’être honnête avec moi et c’est pas un détail anodin que tu m’as caché »ajoutais-je tout aussitôt avant de me radoucir considérablement alors qu’il m’avouait à nouveau ses sentiments. Je l’aimais également mais dire je t’aime ne devait pas être l’argument imparable. Je refusais que nos discussions même les plus mouvementées se terminent par un je t’aime. C’était trop facile. « Je t’aime aussi mais tu peux comprendre que ça m’a blessé d’apprendre que tu vivais en famille avec ton ex-petite-amie non ? Je m’étais jurée de ne jamais t’en parler mais tu ne t’es pas dit que je rêvais également de fonder une famille ? D’avoir des enfants ? Finalement, je ne sais pas ce que je suis censée t’apporter puisque tu as déjà une famille. Elle t’a déjà donné un enfant et un foyer… Qu’est-ce que je pourrais t’apporter de plus ? » soupirais-je car le fond du problème, c’était que j’étais jalouse à en crever de ce bonheur que cette femme avait. Elle avait un enfant et lorsqu’elle rentrait chez elle après une dure journée de travail, elle n’était pas seule. Moi si. Personne ne m’attendait et le plus ironique de l’histoire, c’était que lorsqu’elle rentrait, elle retrouvait l’homme que j’aimais. « Passons à table » marmonnais-je en me réfugiant dans la cuisine pour sortir des assiettes et des couverts, essayant de chasser cette sourde douleur dans ma poitrine.

Cette soirée virait à la catastrophe et je peinais à reprendre contenance. Je ne sais pas, je pensais naïvement que William comprendrait mon besoin d’être rassurée. Je n’étais pas le genre de femme prenant pour argent comptant un simple je t’aime. J’avais besoin d’acte, de preuve, d’action. Certes, je ne demandais pas à ce qu’il vire son ex de son appartement mais une simple étreinte, un simple baiser, juste quelques mots glissés à mon oreille, tout aurait été si différent. Je me sentais idiote, inutile et à cent lieues de mon bonheur à croire que cela ne serait qu’une chimère dans ma vie. Le pire dans cette histoire, c’est que j’avais eu la connerie de lui avouer mon désir de maternité et qu’il n’avait rien dit. Au moins les choses étaient claires entre nous, il n’était aucunement question dans un avenir proche ou lointain que mes désirs soient comblés. A ce titre, qu’est-ce qui me retenait près de lui mise à part cet amour fou que je lui portais ? Pas grand-chose mais je voulais y croire. Je voulais me dire que tout était une question de malentendu, d’un manque cruel de communication. « J’espère que tu aimeras » repris-je la parole en posant le plat sur la table et en mettant rapidement le couvert. Au moins, m’occuper les mains, c’était déjà penser à autre chose si bien que lorsque nos assiettes furent remplies, je lançais plus par habitude qu’autre chose « Bon appétit » avant de plonger ma fourchette dans l’assiette et la porter à mes lèvres avant de tout simplement grimacer. C’était ignoble… vraiment ignoble que nerveusement, j’éclatais de rire. « Décidément, notre première soirée est un désastre hein » plaisantais-je en poussant mon assiette, écœurée.

Catastrophique, voilà comment nous pouvions résumer la situation et je craignais que cela n’aille de mal en pis. Après tout, j’étais plutôt une femme pessimiste dans l’âme, je devais bien l’avouer quoiqu’il en soit, cette fois-ci, ce n’était pas un problème de communication mais un plat infect. Si je n’avais pas un tel contrôle de mes émotions sûrement aurais-je pu fondre en larmes sous le stress mais je me contentais de rigoler nerveusement. « On est pas doués pour se parler » soufflais-je avant de le voir se lever et s’approcher de moi pour m’embrasser. Silencieusement, je l’écoutais, souriant à ses mimiques avant de lui caresser la joue du bout des doigts. « Deux ans ? C’est très long pour une femme » lui répondis-je avec le plus grand sérieux avant de me relever et de l’asseoir à ma place pour mieux venir me blottir dans ses bras, sur ses genoux. « Je plaisante… tu sais, lorsque je t’ai dit que j’avais envie d’un enfant, je ne disais pas que je le voulais maintenant, tout de suite. Je ne dis pas que je ne serais pas heureuse si c’était le cas car j’ai toujours voulu fonder une famille mais je suis prête à attendre que tu sois prêt même si c’est deux ans. Je voulais juste pouvoir me dire qu’un jour, je pourrais réaliser mon rêve tu comprends ? » lui demandais-je d’une voix douce avant de déposer un baiser sur ses lèvres. « On commande une pizza ? Non parce que c’est vraiment infect ce que j’ai cuisiné… Au moins, j’ai deux ans pour apprendre à cuisiner » souriais-je malicieusement non sans reprendre ses lèvres dans un baiser des plus tendres. « Je suis désolée de m’être emportée… vis-à-vis de ton ex… C’est juste que j’ai peur de te perdre »