Ne jamais déranger un musicien surtout lorsque celui-ci donne un cours de musique. Mais ce n’est pas interdit de le déranger en fin de cours, n’est-ce pas ? C’ian venait tout juste de sortir de l’hôpital, après quelques deux semaines de soins intensifs pendant lesquelles la jolie japonaise n’avait malheureusement pas eu énormément l’occasion de voir Cixi. Elle avait donc décidé, sitôt après avoir posé un pied à l’air libre, de retrouver sa sœur sur le champ et de programmer quelque chose. N’importe quoi, mais quelque chose pouvant leur amener de nouveaux souvenirs et qui leur appartiendrait. Voilà pourquoi, même les traits tirés, le teint pâle et les vêtements ayant oublié d’être du meilleur goût, C’ian s’avança dès que les derniers étudiants eurent quitté l’amphithéâtre de musique pour venir la serrer dans ses bras. « Coucou soeurette ! » lança-t-elle, armée de son habituel enthousiasme que même cette foutue maladie de merde n’avait pas réussi à anéantir. « Je sais que tu ne m’attendais pas le moins du monde et qu’en théorie tu es occupée mais je profite de sortir tout juste pour te proposer ceci : et si on réalisait, pas plus tard que maintenant, l’un de nos rêves les plus fous ? N’importe lequel, choisis-en un parmi la liste que tu as probablement en tête et je ferai de même après ! »
Dans ma salle de cours au collège de musique de NY, j’avais fini mon cours lorsque j’entendais des sifflements d’étudiants, me retournant j’avais ma sœur qui me sautait dessus avec une telle joie que je n’avais pas fait vraiment attention à ses propos. La jolie brune me sautait dessus, et tout en souriant, je finissais par mettre mes bras autour d’elle après avoir eu un temps d’attente. Il me fallait encore accepter les câlins, et parfois, je réagissais plus en japonaise qu’en européenne. Je réfléchissais à ce qu’elle voulait comme idée, et je lui demandais : « Et si on allait se faire tirer le portrait ? Comme ça on aura une photo de nous deux dans notre portefeuille, tu en penses quoi ? Je me doute que cela n’est pas bien fou mais bon, après je pensais à un tour à la fête foraine, mais bon, je ne sais pas si elle est ouverte pendant ce mois-ci. » J’avais demandé cela et bien que je n’étais pas certaine de moi, je devais sans doute me trouver dans une situation peut agréable, mais bon, pour une fois, je réalisais qu’il était préférable que je fasse un petit effort. Je lui demandais quand même : « Et toi c’est quoi ton rêve ? Et si on partait à Tokyo ou Paris pour Noël ? »
« Owi owi une photo !! » sautilla C’ian comme si elle venait de rajeunir de plusieurs années tout en sautillant. Retomber en enfance, il n’y a rien de tel… mais en l’occurrence, ce n’était pas exactement comme si la brunette était majeure et ultra expérimentée : elle n’avait en réalité que dix-huit ans, beaucoup de choses à apprendre et un sens des priorités somme toute personnel. « Tu veux que l’on aille se faire tirer le portrait dans un photomaton ou carrément chez un photographe ? Ton choix ! Dans tous les cas, j’ai mis des sous de côté pour qu’aujourd’hui, on se fasse réellement plaisir et que l’on ne regarde pas nécessairement à la dépense. Pour la fête forraine aussi… je suis ultra partante ! » Restait à savoir ce que la seconde sœur japonaise pouvait bien espérer de la vie, tandis qu’elle possédait toujours une épée de Damoclès au dessus de la tête et que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain la concernant. « Moi j’ai envie d’aller manger dans un grand restaurant… m’habiller comme une vraie dame avec une super belle robe et aller dans un très grand restaurant ! »
« D’accord, cela est possible, je prends mes affaires, et on y va. Je dirais les deux, histoire d’avoir des photos pour le portefeuille, et plusieurs à mettre dans un album. J’aurais bien fait un album de photos de famille. J’en ai fini un autre, et comme ça, on peut le faire à deux. Tu en penses quoi ? » Puis pour le restaurant, je trouvais une petite idée, et tout en lui disant ceci, j’en avais une autre en tête : « Un restaurant japonais ou autre ? C’est pour savoir où est-ce que tu veux manger ? » J’avais dans ma garde-robe suffisamment de vêtements pour qu’elle puisse bien en trouver une qui lui plairait. Il était toujours possible de partager de toute façon. Rien que pour la voir sourire une fois de plus, je n’allais pas lui dire non. Je reculais un peu, et je lui disais : « On va bien trouver un truc dans mon placard qui pourrait t’aller, ou alors, on fait un tour dans la cinquième avenue si tu veux. C’est toi qui choisis. » Je voulais alors avancer comme il le fallait sur le chemin certes en pagaille de notre fraternité mais bon, il était nécessaire pour moi d’essayer de faire un effort bien que j’avais du mal à suivre parfois.
« Excellente idée, c’est parti pour les deux ! Je t’avoue que si j’ai déjà été dans un photomaton, c’était uniquement pour ma photo de carte d’identité donc là je trouve beaucoup plus drôle que l’on fasse par exemple des clichés drôles dans la machine, et que l’on aille en faire de vraiment belles chez un professionnel. Ca fait couper la poire en deux et puis, ça aidera pour l’album que tu veux faire, il y aura de quoi remplir au moins ! » Difficile que C’ian puisse être plus enthousiaste, ou moins, tant la simple idée de faire quelque chose d’unique en compagnie de Cixi l’enchantait au-delà des mots. « Tu veux que l’on fasse le restaurant avant ou après la fête foraine ? Justement, à ce sujet, je voulais que l’on change. La nourriture japonaise, on sait la faire, la cuisiner selon des recettes ancestrales que l’on a eu pléthore de temps pour parfaire, donc on risque d’être déçues, je nous connais. Je voudrais expérimenter autre chose, comme de la cuisine française, italienne, espagnole, ce genre de choses ! Qu’en penses-tu ? Quitte à faire quelque chose d’unique, autant y aller franco et j’ai hâte de voir ta garde robe, j’avoue… je suis sûre que tu as des merveilles que tu ne mets jamais ! »
« On peut donc bien s’amuser oui, il est possible de le faire en trouvant des petites choses sympas. C’est vrai que pour les papiers d’identités, on ne doit pas faire de photos en souriant. C’est pour ça qu’en se lâchant dans les photos on peut alors faire en faisant les clowns. Oui c’était mon idée qu’on soit apprêtées pour faire la photo de famille chez un professionnel. Comme ça, je pense que l’on pourra l’encadrer et le mettre dans le nouvel album. Puis, il m’en manque donc…Cela va pouvoir le compléter un peu. » Prenant mes affaires, je lui prenais le bras, et voyant que tout le monde se demandait de qui il s’agissait, je posais la question à ma sœur. « Pour la fac, tu as choisi ? Cela commence en Octobre. Tu voudras aller où ? » C’était une raison pour moi de lui poser la question savoir si je devais m’organiser ou pas pour lui payer ses cours. Et surtout être avec elle afin de savoir où est-ce qu’elle allait. Et surtout amener le portefeuille ! Il n’était pas question qu’elle ne puisse pas y aller. Je lui répondais quand même : « Comme tu veux, saches seulement, que je ne ferais pas les activités trop fortes. Mais bon, autant le faire avant le restaurant, cela sera plus facile si on pouvait mieux bouger dans nos tenues vestimentaires. D’accord pour le restaurant, je te laisse choisir, tu n’auras qu’à me dire où tu veux aller. Ah tu penses ? Cela peut être faisable alors. On verra bien si tu trouveras ton Bonheur. »
« Je ne savais même pas que tu aimais faire le clown sur les photos tu vois je viens d’apprendre quelque chose ! Mais en définitive, ce n’est pas stupide de faire les deux… on a toujours besoin de photos d’identité où on ne sourit pas et où on n’a pas de lunettes donc ce ne sera pas inutile. Mais je veux des photos plus « personnelles » aussi ! » Tandis que Cixi prenait de C’ian, elles commencèrent à marcher de concert pour continuer leur conversation sur un sujet nettement plus sérieux que le précédent. « J’ai envoyé mon dossier à Columbia et ait été retenue ! Tu te rends compte ? On va pouvoir fêter ça aussi… ils ont vraiment répondu vite, j’en ai été la première surprise ! Je commence le sept octobre, ce qui me laisse un peu de temps pour m’organiser, heureusement. » C’ian sautilla à nouveau sans pour autant lâcher le bras de Cixi tandis qu’elles se dirigeaient vers le parking de l’université, où sa sœur avait sûrement garé sa voiture. « Restaurant français cela te tente ?? Et n’aie aucune crainte, je déteste les manèges à sensation forte et j’ai le vertige… je crois que tu n’auras pas trop de problèmes avec moi ! »
« Oui, si c’est avec toi, je peux le faire, par contre si c’est pour le boulot, là je suis sérieuse. Il te faudra des photos pour le dossier de la fac ou autre, alors oui, il vaut mieux faire les deux. Quant aux photos personnelles, oui cela peut se faire. » Je voyais donc ma sœur contente de la situation, et j’avais comme l’impression que tout irait bien mieux par la suite. Je prenais alors le temps d’essayer de lui répondre afin de savoir si cela serait bien mieux pour moi de la voir à la fac, je la félicitais comme il le fallait : « Oui, on va fêter cela au restaurant même. Puis, ma petite sœur à la fac, cela va être grandiose, tu as intérêt à réussir ton coup. » Je ne tenais pas à lui mettre la pression, mais je voulais juste qu’elle sache que j’étais derrière elle. Et qu’elle ne sera pas lâcher comme cela toute seule dans la nature. J’espérais donc qu’elle ne le prenne pas mal, et que je puisse une fois de plus lui montrer que je ne la laisserais pas tomber. Je lui répondais pour la suite de la conversation : «Oui, cela me convient bien, on peut y aller manger un bon repas. Ah c’est bien parce que je préfère avoir mes deux pieds sur le sol. »
« Oh mais je saurai autant faire le clown qu’être sérieuse, tu peux absolument compter sur moi là-dessus ! » lança C’ian d’un air particulièrement sérieux car elle pensait ses paroles : autant elle était la première sur le front quand il s’agissait de déconner, mais elle n’était pas la dernière, loin s’en faut, quand il fallait redevenir sérieux. « Ne te fais donc pas de soucis ! Nous serons à la même université donc tu pourras me surveiller entre deux de tes cours à donner à tes étudiants ! Fondamentalement, j’avoue en avoir fait un peu exprès… sans compter que l’on va pouvoir manger ensemble le midi ! » C’ian en était impatiente par avance et par principe parce qu’elle avait dans l’idée de passer davantage de temps avec Cixi dans tous les cas. Cela commençait aujourd’hui par l’accomplissement de l’un de leurs rêves, mais également par la poursuite de ses études et le fait qu’elles aient énormément à partager désormais. Du moins bien plus qu’elles n’avaient partagé en toute une existence… « Va pour le restaurant français alors, je connais une bonne adresse où on peut manger des crêpes, tu vas voir tu vas te régaler ! Mais n’aie crainte, j’ai entendu dire qu’il y a plein d’attractions près du sol à cette fête foraine, comme une avec des poupées par exemple, ou une où on peut conduire une voiture avec photo à la fin ! Elle te tentera celle-là ? »
« Ah c’est bien parce qu’il faut avant toute chose une bonne façon de rire. Donc oui, tu peux faire cela comme ça.» Je venais d’entendre qu’elle avait choisi cette université pour que je puisse la voir le plus souvent possible. Mais la surveiller comme ça serait une bonne idée ou pas ? Je voyais donc que pour l’instant, il était bien mieux pour moi de savoir ce que je devais ou faire ou pas. Mais ma sœur avait besoin de moi, et il était donc évident que je ne la laisserais pas seule, je lui disais : « Tu sais, normalement, tout se passera bien, donc tu ne devrais pas paniquer. Puis, si tu veux manger avec moi, oui, cela peut se faire, mais il en faut pas non plus que cela t’empêches d’avoir des nouveaux amis, tu vois ? Je ne veux pas que tu rates tes années ici. Si j’enseigne ici, c’est que je n’ai pas trouvé de poste à Boston. » J’avais dis cela doucement pour ne pas la vexer, et je comptais bien aussi ne pas non plus la faire paniquer, il fallait juste que je sache comment faire par la suite. Tout en essayant de la protéger dans ce lieu om je travaillais presque tous les jours. Je me demandais bien aussi s’il était possible donc que je puisse lui parler encore un peu plus. Je me disais donc que pour l’instant, il fallait juste que je sache comment continuer. Je lui répondais tout de même par la suite : « tu te souviens de maman lorsqu’elle nous faisait des crêpes pour nos anniversaires respectifs ? Elle mettait toujours du chocolat dedans. L’une avec les poupées ? Il s’agit de quoi ? Explique un peu. »
« Oh mais si je veux venir manger avec toi c’est parce que j’en ai vraiment envie ! Cela ne m’empêchera sûrement pas de me faire des amis, du moins je l’espère, mais je pourrai les voir pendant les cours et en dehors de toute façon. Tu n’as pas trouvé de poste à Boston mais tu regrettes d’être ici ? C’est pourtant une jolie ville selon moi, pleine d’imprévus et de choses du genre… » C’ian avait vécu quelques uns de ses jours les plus cléments à New York, tant et si bien qu’elle avait davantage l’impression d’y être chez elle alors qu’au Japon, elle n’avait vu qu’une succession interminable de jours sans but, sans couleur, sans saveur… « J’adorais ses crêpes… c’est un peu pour ça que j’avais ce restaurant en tête d’ailleurs ! J’ai envie de renouer avec ce genre de petite « tradition » qui n’a pas forcément de rapport avec le Japon. Tu vois ce que je veux dire ? Quant aux poupées en fait tu rentres dans un tunnel, tu es sur un petit bateau, et sur les murs tu as diverses poupées animées qui font un véritable spectacle ! C’est très coloré… cette attraction a beaucoup de succès, j’en ai entendu parler au journal télévisé à vrai dire. »
« Hum, oui, on peut faire cela comme ça, je ne mange pas dans la cafeteria de toute façon, vu que je suis prof ici. Je mange en amenant mon déjeuner donc on peut s’arranger pour que je t’en fasse un. Il suffit juste que tu me dises ce que tu aimes manger. » Je reprenais pour dire : « J’ai plus de chance ici de développer ma musique qu’à Boston. Et j’ai une meilleure paie ici bien que je ne manque pas d’argent. » Je savais donc que je devais aussi parler à ma sœur parce que pour le moment, je voulais juste continuer de lui parler. Je disais à ma sœur : « Si tu veux, on peut en faire une fois par semaine ou plus. Comme ça on pourra aussi avoir des traditions à la maison. Ah, les automates, d’accord, oui, je crois qu’il y en a un, je prendais sans doute mon appareil photos afin d’en prendre un peu. Comme ça si tu veux, on peut les mettre dans mon album de photo. » Des souvenirs, oui, on peut avoir des souvenirs et cela me serait bien pour moi rien que pour essayer de protéger ma sœur du mieux possible. Elle était tout pour moi, et bien que nos parents se disputaient assez souvent, je comprenais que je n’allais pas laisser comme ça toute seule.
« Je crois que je ne serai pas une fervente amatrice de la cafétéria non plus, alors amener le déjeuner, ça me va ! On pourrait se partager les tâches : par exemple, comme toi tu es meilleure en cuisine, tu pourrais t’occuper des plats, et vu que je suis meilleure en pâtisserie, je pourrais faire les desserts ? Histoire que ce soit un travail d’équipe » proposa-t-elle, rigoureusement touchée par les préceptes qu’elle apprenait en jeu de double au tennis. « Je suis contente que tu aies trouvé un travail ici. Sans ça, on ne serait sûrement jamais devenues si proches… » nota-t-elle sans l’ombre d’une nostalgie dans le fond de sa voix, juste en notant de façon tout ce qu’il y a de plus véridique l’état actuel des choses. « Tu serais prête à faire des crêpes une fois par semaine avec moi au milieu des traditions japonaises ?? Je ne suis pas contre incorporer d’autres traditions à la maison ! Après tout, maman le faisait, donc ça nous rappellera des souvenirs… c’est important les souvenirs, tu dis ça dans une de tes chansons ! »
« Bien, je te ferais faire une carte quand même au cas où on oublie le déjeuner pour que tu puisses quand même manger. On la remplie avec des sous et tu utilises ce que tu as besoin. Pour les desserts, tu ne mets pas toujours le même, hein, il faut changer un peu. » Je l’entendais me dire que l’on était devenue proche à cause de mon travail ici, et tout en lui donnant un bisou sur la joue, je lui disais : « Ah, oui c’est vrai que cela n’est pas si mal tout compte fait. On peut bien avancer dans notre relation. Dés lundi, j’appelle Papa pour ton tutorat. » Il fallait que je me prépare à faire cela, et il était nécessaire pour moi qu’il me le donne s’il ne voulait pas que l’on soit dans la pagaille. Il était bien mieux aussi qu’il accepte rien que pour que je puisse aussi la protéger. Je pouvais aussi essayer de faire des concessions bien que cela ne soit pas trop mon fort. Donc, même si je devais en rajouter, je le ferais aussi pour trouver l’équilibre dans ma maison. Puis, il faut bien aussi faire un effort. Pour ma part, je répondais à ma sœur : « Oui, on peut le faire, de toute façon, si les parents passent on les zappe, et vu qu’ils ne sont pas là, on les fait. Ni vu ni connu. C’est vrai que j’en ai parlais dans mes chansons. C’était pour moi une façon d’attirer donc attention…Maintenant on peut s’en faire d’autres. » Une fois sorti de l’amphithéâtre, on arrivait dans le hall, et je voyais quelques élèves me regardaient avec attention. Personne ne savait pour ma sœur, et je comptais bien aussi la protéger de tout cela. Je disais sérieusement : « Il est fort possible que les étudiants viennent te voir pour savoir qui tu es. Mais bon, j’espère qu’ils ne vont pas t’importuner. S’ils le font, dis-le moi. »
« En général je n’oublie pas mon déjeuner à moins que je sois vraiment très, très en retard mais ce n’est pas bête d’avoir une carte au cas où… n’aie aucune crainte, tes desserts seront variés ! Mais j’espère que les plats le seront aussi » plaisanta-t-elle tout en accueillant son bisou sur la joue et en le lui rendant aussitôt avec plaisir. C’ian ne pouvait hélas pas s’empêcher de stresser légèrement vis-à-vis de ce futur appel, surtout connaissant les réactions imprévisibles de leur père. Cixi avait toujours été la plus maligne et celle sachant le prendre comme il fallait, mais il n’empêche que ce n’était pas rien ce qu’elle allait lui demander lundi… « Tu penses qu’il le prendra bien ou qu’il faut que je m’attende au pire ? » ne put-elle s’empêcher de demander, sa respiration se faisant nettement plus rapide sous l’effet du stress. C’était vraiment plus fort qu’elle, C’ian restait envers et contre tout une damoiselle diablement stressée, quoi qu’elle n’en dise. « Oh oui c’est sûr que si papa a la mauvaise idée de passer à la maison ce n’est pas moi qui vais proposer que l’on fasse des crêpes, je n’ai aucune envie de me prendre un aller et retour sur les joues ! Mais tant qu’il n’est pas là… aucune raison de s’en priver de temps à autre. Et il ne faut pas croire, j’ai toujours écouté tes chansons, j’ai juste mis du temps à les comprendre… au fait, pourquoi on m’importunerait ? On ne se ressemble pas du tout, on a le même nom de famille par contre… »
« D’accord, je note, et j’espère bien que tu ne l’oublieras pas, je le ferais la vieille, réchaufferais le matin et hop dans la boite à bento au chaud pour le déjeuner. Oui, je changerais ne t’inquiètes pas pour cela. » Je souriais, je me demandais bien ce que je pourrais lui faire pour le déjeuner. Il y avait bien une petite chose que je pourrais faire : il y avait une application sur la tablette pour faire des plats différents tous les jours. Je l’avais prise il n’y a pas longtemps dans le but de ne changer mes plats chez moi. J’en parlerais avec ma sœur, et je lui disais : « J’ai pris une application pour faire des plats différents tous les jours, et je te la montrerai si tu veux, elle est simple à comprendre sur la tablette. Elle est en japonais, mais je me doute que tu peux la comprendre. » Je reprenais alors tout en marchant : « Bah, qui ne tente rien n’a rien, il faudra bien que j’essaie.» Je continuais de marcher et tout en avançant avec elle, je disais par la suite : « Oh en général, il prévient à l’avance et s’il débarque à l’improviste on trouvera bien un truc. » Lui donnant un coup de coude, je continuais alors de m’expliquer : « Il y a certains profs qui ont des soucis avec des élèves qui ont fait pression sur des proches des professeurs afin d’avoir des informations sur les examens ou autres. Donc, je voudrais que tu te méfies, c’est tout. »
« Une application sur la tablette ? » demanda C’ian, intéressée. « Je te rappelle que le japonais est tout de même ma langue maternelle à moi aussi ! Je le parle bien mieux que l’anglais d’ailleurs, qui me donne toujours un peu de fil à retordre… cela dit il va falloir que tu m’expliques quand même un brin comment ta tablette fonctionne, car je n’ai jamais eu ce genre d’engin entre les mains et je ne sais pas du tout comment elle marche… je ne voudrais pas te l’abîmer ! » C’ian s’en voudrait mortellement si par malheur elle détraquait complètement l’objet qui devait très certainement coûter une petite fortune. Il fallait dire que la jolie japonaise avait d’autant plus le coût des choses en tête qu’elle ne roulait pas sur l’or, contrairement à sa sœur qui gagnait plutôt bien sa vie d’après ce qu’elle avait compris. « Oh pire on travaillera notre improvisation ! » s’amusa-t-elle tout en changeant de sujet et d’écouter sa sœur avec attention tandis qu’elle lui expliquait les choses vis-à-vis du fonctionnement de la fac et plus particulièrement des relations humaines. Il faut dire que C’ian était encore un bambin en la matière… « Je me méfierai ne t’inquiètes pas, c’est noté dans un coin de ma tête ! Je ne pensais vraiment pas que les gens étaient capables de faire ça, ils sont bizarres quand même… »
« Oui ma tablette tactile, elle est permance allumée dans la maison si je ne suis pas sur le pc. Donc, je te montrerais, j’ai pas mal de choses à faire, et si je suis dehors, je note des petites choses ou idées de partitions de musiques. Comme ça lorsque je pars en tournée, je peux continuer de bosser sur mes autres airs musicaux. S’il faut, on fera une petite note avec les étapes si tu veux. De toute façon, elle est assez souvent utile, et je l’ai acheté à Tokyo, ils sont en avance sur les tablettes et pc. Si tu en veux une pour toi après, cela est possible pour Noël. » Souriant tout en pensant que l’on pouvait jouer le truc devant nos parents me fit rire un court instant. Peut-être que cela leurs ferais sans doute réagir et que donc il serait possible aussi de faire en sorte qu’ils s’apprécient un peu plus. Mais bon, je disais en y pensant : « Oui, on le fera, comme ça s’ils prenaient exemple sur nous….Mais bon, il ne faut pas rêver. » Je me rendais compte qu’il fallait que je réponde à C’Ian parce qu’elle méritait d’avoir une réponse : « C’est assez courant, disons qu’ici si tu en finis pas en haut de la liste durant ta promo et bien tu es mal classé dans les salaires par la suite. Donc si tu finis avec une bonne mention tu es mieux payé. Donc….Les gens sont plus ou moins ingénieux lorsqu’il s’agit de faire ce genre de chose. » Je continuais de marcher avec ma sœur, et je demandais : « Tu veux aller manger où ? »
C’ian écoutait sa sœur adoptive avec une grande attention, papillonnant littéralement des cils comme si elle buvait ses paroles. « Ca ne date pas d’hier, les japonais ont toujours été très en avance sur tout ce qui touche la technologie ! Je veux bien essayer diverses choses et si je trouve ça pratique, peut-être que je te demanderai ça pour Noël, c’est une excellente idée ! D’ailleurs petite digression pendant qu’on y est : tu veux quelque chose de précis pour Noël ? Histoire que je m’y prenne d’avance… » fit-elle, sourire aux lèvres, avant de n’éclater de rire rien qu’en imaginant leurs deux parents se plier à d’autres traditions que celles qu’ils appliquaient depuis des siècles au sein de la famille Maeda. « Ca ne manquerait pas de panache ! Mais il ne faut pas rêver : je crois que papa préfèrerait se brûler plutôt que de faire autrement, tu ne crois pas ? » Déjà que la jolie japonaise fronçait les sourcils à la simple idée que son père adoptif soit autre chose qu’un japonais diablement conservateur, ce fut pire à l’évocation de la vérité des choses par nulle autre que Cixi. C’ian fut muette au début, se contentant de l’écouter, tout en la guidant dans l’avenue bordant l’université jusqu’à ce qu’elle ne s’arrête devant un petit restaurant français où elle avait pris soin de faire une réservation. Ce ne fut qu’une fois installée qu’elle reprit la parole, imperturbablement : « Les gens manipulent à ce point le système pour avoir une bonne place dans un classement et donc un meilleur salaire ? Mais c’est de la tricherie pure et simple, c’est scandaleux ! »
«Oui c’est bien vrai, j’avoue qu’on est doué quand même…Pour Noël….Hum, je dirais des livres, je te laisse le choix sur les thèmes du moment que ce n’est pas un truc à l’eau de rose, ou alors, tu fais comme tu le sens, je te laisse carte blanche. A toi de voir ce qui pourrait mieux me correspondre. » Je m’arrêtais là et je me demandais bien si je devais ou pas continuer comme ça. Je prenais donc le temps de réfléchir à ma prochaine réponse pour dire ceci : « Il a trop d’ego pour se faire harakiri, et il tient trop à l’honneur de la famille. Donc, pour l’instant, il va seulement juste prendre une grosse claque dans la figure. Mais bon, s’il veut faire les choses correctement, il devra avant toute chose accepter. » Je marchais donc un peu plus sur la chose et je voulais donc aussi ne pas me tromper, mais bon, pour l’instant, je réfléchissais à ce que je pourrais faire par la suite. Je désirais juste le bonheur de ma sœur adoptive et il était donc nécessaire que je le fasse même si cela mettais dans une position peu confortable. On arrivait donc devant le restaurant français et on passait la porte toutes les deux. La carte était en français et en anglais et donc en général, je passais commande en français vu que les serveurs l’étaient pour la plupart. « Oui, ici c’est fou comme les gens font tout pour passer devant. Mais bon, jusqu’à présent, les cas de fraudes ne sont pas apparus dans la presse. » Je m’asseyais à une chaise en face de ma sœur, et je lui disais : « Alors tu vas manger quoi ? As-tu une petite idée ? »
« J’avoue, les japonais sont les meilleurs ! » ajouta-t-elle avec un brin de malice avant de ne reprendre aussitôt sur le thème de Noël : « tu voudrais des livres ? Moi ça ne me dérange pas du tout de t’en acheter mais peut-être que tu voudrais quelque chose d’un peu plus original, non ? Je ne sais pas moi, quelque chose pour ton instrument, un bon concert pourquoi pas, ou peut-être autre chose de différent ? » C’ian pouvait tout à fait se rendre dans une librairie et tenter de trouver LA perle rare à offrir à sa sœur pour Noël mais cette année, elle souhaitait quelque chose d’unique. Quelque chose que Cixi pourrait garder ou à l’inverse quelque chose de plus éphémère mais qui ne manquerait pas pour autant de marquer son esprit et lui laisser de beaux souvenirs. A l’image de tout ce qu’elle avait fait pour elle, C’ian voulait sincèrement lui faire plaisir. « Surtout que nous sommes deux à nous serrer les coudes et que techniquement parlant, il a tout fait pour se retrouver un peu tout seul… je ne suis pas sûre qu’avec maman ils partagent grand-chose, ni même qu’ils se parlent tout court depuis que nous sommes parties ! » Cela étonnait C’ian d’ailleurs que sa mère soit restée aussi longtemps avec un tel homme mais elle ne divorcerait jamais, c’était une certitude. « Je suis très étonnée des manœuvres des gens… en tout cas, si je suis bien classée, ce sera grâce à la sueur de mon front ! Et sinon pour te répondre, je pense commencer par une crêpe au sarrasin, avec fromage, jambon et champignon et toi ? »
« J’avoue, personne ne peut nous égaler. » Surprise de voir sa réaction pour Noël et tout en essayant d’avancer sans mes propos, je lui disais : « Bah, sur les instruments, cela coute cher, et donc, je ne pense pas que tu te ruines une fois de plus. Pour mon instrument si tu veux, tu peux essayer de trouver des partitions. Après c’est à toi de voir ce que tu préfères comme cadeaux. Si on fait un concert, je veux le faire avec toi. » Je venais de dire une chose, je préférais donc que ma sœur adoptive trouve ce qui pourrait d’après elle correspondre bien à mon Noël. Je soutiendrais toujours ma sœur, et pour une fois l’entendre dire qu’on se serrait les coudes me donnait un petit pincement de cœur qui me donnait l’impression que j’allais revivre. Je souriais en l’entendant me le dire et bien que je ne disais rien de plus, je disais en étant un peu triste : « Oui que veux-tu….Ils sont comme ils sont….Ils le verront enfin de compte qu’ils s’aiment. Même s’ils se tapent dessus, ils s’aiment sauf qu’ils ne savent plus se le dire. » Tout en ayant la carte sous le nez, je me demandais bien ce que je pourrais manger, je disais alors en souriant : « Oui, c’est complètement écœurant pour ceux qui bossent sans tricher. Mais que veux-tu c’est comme ça. Je vais prendre une salade niçoise et après je verrais bien.»
« Oui c’est vrai que les instruments cela coûte une petite fortune que je suis loin d’avoir, mais par exemple oui des partitions ça peut être un cadeau à la fois utile et original, ou alors un concert ! Si tu veux le faire avec moi je serai ravie de t’accompagner d’ailleurs… tu préfères quoi ? Classique ? Rock ? Opéra même peut-être ? » C’ian avait presque des pétales de rose dans les yeux tant elle avait hâte d’en connaître davantage sur les goûts musicaux de Cixi. C’était important pour elle, d’autant plus que sa sœur était une musicienne et chanteuse connue mondialement… cela forçait immédiatement le respect et de fait, elle devait être diablement intransigeante quand elle se rendait à un concert. « Tu penses qu’ils l’ont su un jour ? Je les ai toujours connus muets sur la question pour ma part ! Ca ne veut pas dire qu’ils ne s’aiment pas, bien au contraire, mais il faudrait juste qu’ils réapprennent à se le dire avant que les années n’aient raison de leur attachement. Tu ne crois pas ? » C’ian esquissa un petit sourire amusé rien qu’à l’idée que d’imaginer sa mère faire des tentatives pour faire comprendre ses sentiments à son mari… cela risquait de valoir son pesant de cacahuètes en plomb. « Une salade niçoise ? Tu ne risques pas d’avoir encore faim après ? Remarque ça peut être copieux… »
Sujet: Re: c'ian & cixi ⊹ sister's dream Mer 2 Oct - 13:10
Je me disais bien que pour l’instant, il fallait juste que je fasse attention, mais pour le moment, je ne voyais pas trop quoi dire à ma sœur. « Un rock. On peut aller voir Nickelback à Toronto ? En général, ils ne vont pas dans les autres pays. » Je continuais et je comprenais donc que pour l’instant, je devais juste dire les choses le plus simplement possible : « C’est vrai que cela est assez compliqué pour eux, mais bon, je pense qu’ils peuvent y arriver. Je me demande si….S’ils ne peuvent pas s’entendre un peu plus…S’ils nous voyaient comme ça….Est-ce qu’ils feront pareils ? » Je suivais ma sœur, et je voyais donc la carte et je disais : « Je dois faire attention à mon poids, et je sais que le plat sera copieux et si j’ai encore faim, il doit me rester de la place pour le dessert. Ne t’inquiètes pas, je peux toujours prendre un autre plat après. » Je voyais donc la carte devant moi, et il fallait juste que je sache si je ne manquais de rien. Puis, je lui demandais : « Pour la boisson, tu voudrais quoi ? » Pour moi, j’allais me prendre de l’eau plate, mais fermant la carte, je demandais à ma sœur : « Au fait, tu as toutes tes affaires pour le tennis ? Tu as besoin de quoi ? Je n’ai pas encore eu la liste des fournitures demandées. »
Sujet: Re: c'ian & cixi ⊹ sister's dream Jeu 3 Oct - 20:44
« Je ne savais pas que tu aimais le rock mais ça tombe bien, j’adore Nickelback, j’ai toute leur filmographie ! On pourrait en profiter pour s’organiser un petit weekend à Toronto, ce serait sympathique… » lança-t-elle armée de son habituel enthousiasme tandis qu’elles venaient juste de passer leurs commandes et attendaient donc leurs plats non sans une logique impatience dictée par leurs estomacs respectifs. « Tu penses que c’est possible ? Malgré toutes les années de rancœur et les casseroles qu’ils traînent derrière eux ? Cela dit… on peut peut-être leur servir d’exemple, pourquoi ne pas leur proposer de venir la prochaine fois qu’ils passeront par New York ? Ce n’est pas si rare et puis… si ça peut changer les choses, moi je dis que ça se tente. » Voilà que C’ian devenait aventurière, chose rare ! Elle était tellement habituée aux remontrances de son père adoptif qu’elle avait fini par le craindre et le fuir d’un même temps. Proposer cela allait à l’encontre de ce qu’elle pouvait bien penser et manquait de fait de logique… « Je vais prendre un petit verre de cidre doux parce que c’est jour de fête et après je continuerai à l’eau plate ! Oh ne t’inquiètes pas pour mes affaires de tennis, j’ai déjà la majeure partie même s’il ne faut pas que j’oublie de faire un stock de raquette… au fil des entraînements les fils se détendent hélas ! Et puis tu sais bien que je suis quelqu’un avec relativement peu de besoins au final. »
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