JD & Maïa ❝ quand le corps est fatigué, quand la solitude brûle plus fort...❞

Maïa n’eut même pas le temps de répondre à JD que déjà, il retirait sa question. Sans doute avait-il raison car la jolie colombienne s’apprêtait justement à lui dire que oui, cela lui était déjà arrivé mais cela n’avait jamais été long en soi. Fût un temps où elle ne prenait pas de pincettes et où l’acte d’amour n’était rien d’autre qu’un mécanisme et où elle ne faisait pas dans la dentelle. C’était du vite fait bien fait comme dit le proverbe et il n’y avait aucune douceur, pas non plus de passion comme c’était le cas avec JD justement. A peine l’eut-il touchée que déjà, une chaleur brûlante s’emparait du contenu de ses veines, la poussant à changer diamétralement de rythme de respiration. Son souffle devint court dès lors que leurs lèvres se mêlèrent dans une danse aussi sensuelle qu’empressée, comme si elle avait souhaité savoir combien de temps il mettrait pour mettre un terme à leur frustration commune et qu’elle était désormais on ne peut plus renseignée… « Je ne savais pas combien de temps tu mettrais pour changer diamétralement de sujet, mais celui-ci est passionnant » lui murmura-t-elle avant de ne lui mordiller vivement l’oreille, se délectant de sa chaleur tandis qu’elle se collait davantage à lui. Ils avaient tout le temps du monde, après tout… et Maïa avait besoin de cette étreinte, quoi qu’elle en dise. Cela lui permettrait d’effacer toutes ces semaines de souffrance et d’éloignement… une méthode radicale mais pas moins efficace. « J’aime que tu me veuilles, c’est sans doute pour ça… peut-être que j’aime surtout que tu ne veuilles pas quelqu’un d’autre… mais bain, pour te répondre. Mettons un peu de piment guapo mio… » Il était extrêmement rare que Maïa donne à JD des surnoms et si l’on y regardait bien, c’était la toute première fois. Elle ne lui laissa pas le temps de rétorquer quoi que ce soit puisqu’elle avait déjà pris la main pour l’emmener à la salle de bain, dont la baignoire était tout de même vertigineusement grande. « J’avais parlé d’armure je crois et c’est ce qui a titillé ta curiosité et émoustillé tes sens… » Sensuellement, comme s’il y avait de la musique pour l’accompagner, la jeune brune détacha sa chevelure pour que celle-ci lui tombe en cascades sur les épaules avant de ne se déshabiller avec lenteur, créant autant de désir que de frustration pour dévoiler peu à peu le porte jarretelle qu’il avait un jour découvert à sa caravane et s’était plaint de ne jamais voir sur elle. Résisterait-il à terminer l’effeuillage ou la laisserait-il finir pour se repaître de cette vision enchanteresse ? Bet are open !

JD & Maïa ❝ quand le corps est fatigué, quand la solitude brûle plus fort...❞

Pressée ? Non, bien au contraire. Maïa n’était pas connue pour être quelqu’un d’impatient. Elle préférait mille fois prendre son temps, créant ainsi une vive frustration chez son partenaire et ce bien que JD ne soit pas n’importe quel partenaire venu. La jolie colombienne en avait connu des hommes, ne les côtoyant que pour quelques heures à chaque fois, mais aucun n’avait su capter son attention ou même mettre ses sens en ébullition comme savait le faire le danseur cubain. La preuve, dès lors qu’elle eut fini son effeuillage, le simple fait qu’il place ses mains sur ses hanches pour mieux l’embrasser fit naître contre son corps de longs frissons délicieux, comme s’il n’y avait rien d’autre d’important… il n’y avait qu’eux, personne d’autre. Ils étaient seuls au monde dans cette salle de bain immense, à n’entendre que le bruit de l’eau s’écoulant dans la gigantesque baignoire. « Magnifique juste pour toi » murmura-t-elle avant que, prise d’une folie soudaine, elle ne les fasse doucement glisser dans l’eau. Certes, JD était toujours vêtu de son pantalon mais il y avait là un merveilleux défi à relever : celui de le lui ôter alors qu’il était désormais gorgé d’eau… autant dire que Maïa s’en amusa, comme l’attestait le petit rire cristallin qu’elle laissa échapper tandis que ses mains mettaient un temps presque choquant à défaire ne serait-ce que le bouton dudit jean. Pour un peu, elle se surprit à vouloir qu’il ne la supplie d’ôter cette barrière empêchant leurs deux corps de s’unir, leur offrant ainsi les premières minutes d’intimité depuis des semaines… ils en avaient autant besoin l’un que l’autre, surtout que cela marquerait également leur mariage prochain, mais la colombienne était définitivement d’humeur joueuse et ne comptait pas s’avouer vaincue de sitôt… « Comme tu peux le voir je contredis tes paroles au sujet de ma possible impatience… c’est tellement mieux de te voir attendre la suite et de lire ta propre impatience dans ton regard ! » Maïa ôta presque vivement la boucle de sa ceinture, n’ôtant pas l’objet pour autant, jouant un instant avec l’élastique de son caleçon qui, de toute évidence, devait se faire de plus en plus serré. Elle n’allait pas plus loin, collant son corps littéralement brûlant contre celui de JD pour un nouveau baiser des plus exigeants et caliente… restait à savoir qui aurait raison de l’autre !

JD & Maïa ❝ quand le corps est fatigué, quand la solitude brûle plus fort...❞

« C’est faut et pure calomnie ! » se défendit aussitôt Maïa, cherchant plutôt à mettre du piment et de la difficulté qu’à se défiler. Si elle n’avait pas ressenti le moindre désir à l’égard de JD, elle ne serait pas actuellement dans ses bras et ses baisers ne seraient point aussi brûlants. L’intégralité du corps de la belle colombienne semblait s’embrasser au moindre frôlement de la part du danseur cubain, l’évidence était là. Que son jean soit difficile à enlever… oui et alors ? Sans doute n’avait-il pas pour habitude de s’imposer volontairement des difficultés et autres interdits mais la chose était coutumière chez Maïa et il lui faudrait s’y faire… une existence trop simple ne l’intéressait pas. Ce n’était pas pour rien qu’elle visait le prix Nobel de Physique, comme si, en s’imposant un tel rêve, elle savait que son chemin serait justement parsemé d’embûches car elle n’était pas la seule à l’avoir. Mais il s’agissait de l’ultime récompense pour une intelligence hors norme… le rêve de toute personne rigoureusement douée qui se respecte ! « D’accord, je suis démasquée. En vérité je n’ai pas envie de toi, tu me laisses aussi froide que de la glace et si tu n’enlèves jamais ton jean c’est encore mieux. » Le visage de Maïa c’était fait soudainement sérieux, du moins pour quelques secondes avant que ses traits ne se teintent progressivement d’amusement et qu’un sourire mutin ne prenne place contre ses lèvres, avant qu’elle ne l’empêche de répondre d’un baiser des plus brûlants. Durant ces quelques instants délectables, ses doigts n’avaient de cesse de jouer avec le bouton de son jean, l’enlevant pour mieux le remettre, frôlant sa peau, laissant ses doigts passer la barrière du vêtement pour mieux venir titiller l’expression de son désir sans jamais ne faire preuve que de simples frôlements, provocateurs certes, mais jamais marqués. D’ailleurs, une fois qu’elle eut obtenu une réaction qu’elle jugea satisfaisante, Maïa cessa toute caresse, sans pour autant mettre un terme immédiat à leur baiser. Cherchait-elle à lui faire comprendre qu’elle aurait toujours plus de résistance qu’il n’en n’aurait jamais ? Peut-être. « Tu te penses capable de me torturer, réellement ? Qui te dit que ce n’est pas moi qui vais réussir ? » Leurs deux fiertés risquaient d’être dures à amadouer…

Maïa émit un petit rire en voyant qu’ils savaient s’avoir aussi bien l’un que l’autre. Si elle n’avait aucun sens du second degré lorsqu’on s’exprimait face à elle, il lui arrivait d’avoir de petites lueurs de génie de son côté pour faire comprendre à JD qu’elle l’expérimentait, petit à petit, avec délectation. Contrairement aux apparences, ils s’étaient très bien trouvés et Maïa n’avait pas besoin d’obtenir un lot d’énigmes à résoudre face au danseur de son cœur, bien au contraire, il lui apportait de la simplicité, lui apprenait à appréhender ses propres réactions primaires… c’en était hautement appréciable. La preuve, Maïa se surprit à se sentir frustrée alors que JD ne fit que la frôler, s’emparant d’un même coup de ses lèvres avec une fougue légèrement plus marquée que lors des baisers précédents. Bien qu’elle soit résolument fière et qu’elle n’ait eu aucune intention de le laisser gagner cette partie, du moins au départ, il lui fut impossible de ne pas pousser un soupir gorgé de désir face à ce simple frôlement dont il l’avait gratifiée de prime abord. Elle en était encore toute chamboulée, et pourtant, ce n’était pas faute de s’être donnée à JD de très nombreuses fois. Ce fut sans doute ce chamboulement qui la poussa à détacher délicatement la ceinture du cubain sans même répondre à sa question avant de ne s’attaquer à son jean, malgré l’eau qui faisait coller le vêtement à sa peau. Ses gestes, bien que prodigués avec des mains presque tremblantes face à ces longues semaines qu’ils avaient passées éloignés l’un de l’autre, donnaient en soi une réponse tout à fait évidente à la question qu’il venait juste de poser… et ce fut non sans poursuivre dans sa voie qu’elle reprit la parole, remontant son regard pour croiser celui de JD avec le plus grand sérieux : « Je veux que l’on laisse derrière nous ces semaines d’enfer, que l’on prenne un nouveau départ toi et moi et que l’on fasse comme une première nuit de noces ici, dans cette chambre, loin de tout ce qui a bien pu nous séparer pendant ces semaines. Plus question de fierté, tout mon corps et mon cœur te veulent, je veux que tu me fasses l’amour et que tu te repaisses de moi jusqu’à ce que l’on s’endorment apaisés dans les bras l’un de l’autre… » La messe est dite.

L’envie ne pouvait pas être plus réciproque. JD ignorait à quel point un volcan en fusion crépitait à l’intérieur de ses veines, la rendant presque folle. Maïa se surprit à bloquer sa respiration alors que le plaisir montait et montait encore, ses hanches se soulevant pour se repaître encore davantage des coups de reins puissants du danseur de son cœur. Autant dire qu’elle eut beaucoup de mal à reprendre son souffle une fois que le paroxysme fut atteint, à un point tel qu’elle remercia presque JD du regard lorsqu’il la souleva telle une plume pour la déposer entre les couvertures, n’ayant cure du fait qu’il ait laissé deux vêtements complètement trempés dans la salle de bain : quelle importance ? La jolie colombienne n’avait de cesse de le dévorer du regard alors qu’elle n’était qu’à quelques millimètres à peine du cubain, ne le touchant pas pour l’instant et n’allant pas se réfugier auprès de ses bras. Elle avait envie et même besoin de le contempler, comme si la merveilleuse image de son visage allait lui être arrachée d’une seconde à l’autre. Après tout, suite à sa leucémie, elle avait appris que les choses ne peuvent malheureusement durer toujours… même si elle avait bon espoir que leur mariage connaisse des cieux aussi cléments qu’éternels. « J’ai une question existentielle qui me turlupine… » reprit-elle avec le plus grand sérieux du monde. Bien sûr elle n’allait pas sortie une grande théorie scientifique, son esprit était bien trop fatigué et en manque de sommeil pour y parvenir mais cela s’en rapprochait tout de même… il serait illogique que l’on veuille que Maïa soit quelqu’un d’autre que Maïa ! « C’était mieux avec ces femmes avec qui tu couchais ou c’est mieux avec moi ? D’un point de vue objectif… je suis lucide même si j’ai de l’expérience, c’est très différent maintenant. Je ne prenais aucun temps avec les autres hommes, c’était même expéditif si tu me permets le terme. Avec toi… ce n’est jamais pareil d’une fois sur l’autre. Je sais que je ne me lasserais jamais de toi. Au contraire… » Une déclaration à sa façon, bien évidemment, mais il fallait en être flatté. Maïa avait oublié de rendre son discours trop tarabiscoté !

Ce n’était pas uniquement en JD que sa confiance avait tendance à faiblir parfois mais également en elle. Maïa n’était pas quelqu’un de fondamentalement confiant, bien au contraire, elle mettait souvent très longtemps avant de parvenir au miracle de faire confiance et si elle se sentait on ne peut plus heureuse en compagnie du danseur, elle ne pouvait pas nier que de multiples questions avaient une fâcheuse tendance à la turlupiner. « Peut-être un peu peur, oui… mais pas uniquement parce tu as un passé de gigolo ou que c’est aussi évident que le nez au milieu de la figure que tu plais, mais avant tout à cause de mon tempérament à moi. Je n’ai aucun doute sur mes sentiments et je veux me marier avec toi, sans quoi je n’aurais pas pris tant de risques en t’offrant mon cœur en pâture… j’essaye de faire preuve de métaphores, comme quoi, je suis les conseils de mon père ! Je transgresse… » Maïa se plaça sur le dos, non pas en vue de s’éloigner de JD mais pour parvenir à dire ce qu’elle comptait dire. S’ouvrir restait résolument complexe, surtout pour quelqu’un comme elle. Mais elle essayait… c’était en soi bon signe, non ? « Il ne faut pas croire que je ne fasse pas de complexes. Tu as l’impression d’être bête face à moi mais j’ai l’impression d’être une pierre face à toi. Tu donnes l’impression que tout est naturel pour toi, tu attires les gens avec un brio que je ne comprends pas la plupart du temps et un seul sourire de ta part fait fondre n’importe quelle fille. C’est… grisant. Tu m’apprendrais à faire de même ? » Puisque Maïa ne pouvait pas garantir à JD qu’elle n’aurait plus jamais peur, alors elle avait l’intelligence de faire de cette faiblesse une force, de les rapprocher quoi qu’il advienne et ce bien qu’elle ne sache pas si elle serait capable de s’ouvrir un jour autant que lui. « Tu m’apprendrais à être sentimentale ? » reprit-elle en tournant son beau regard sombre vers JD. Maïa s’assit subitement sur le lit et dégagea sa longue chevelure brune de son dos, emplacement de son anatomie qu’elle cachait toujours derrière ses longs cheveux et pour cause, plusieurs cicatrices s’y trouvaient. « C’est pour ça qu’en général je ne suis pas câline ou tactile. C’est affreux, n’est-ce pas ? »

Ah, qui lui avait fait ça, très longue histoire. Maïa n’était même pas sûre d’avoir sincèrement envie d’en donner les détails, surtout avec la réaction si vive bien que justifiée de JD. Son dos reflétait cette partie de son enfance qu’elle détestait au plus haut point, qu’elle s’efforçait d’ailleurs d’oublier sans vraiment s’en trouver capable… comment le pourrait-elle ? On avait marqué son corps de façon indélébile, l’incitant de fait à ne jamais se mettre réellement à nue à la lumière du jour ni même à être tactile au point de poursuivre une étreinte en véritable câlin. Ces marques faisaient partie de cette coquille impénétrable qu’elle s’était forgée et qu’elle avait du mal à rouvrir… comme s’il s’agissait d’un coffre fort fermé à quadruple tours et dont elle avait oublié à jamais la combinaison. « Je ne t’ai pas montré mon dos pour cela ! » répliqua-t-elle aussitôt avant de replacer soigneusement sa très longue chevelure, masquant ses cicatrices pour mieux se tourner vers JD dont elle entoura le visage à l’aide de ses mains, caressant ses joues à l’aide de ses deux pouces, lui offrant un regard aussi doux qu’elle le pouvait pour calmer la colère provoquée par cette terrible révélation. « Ce n’est rien que je ne puisse oublier… mais je voulais juste que tu vois pourquoi je ne suis pas réellement tactile, pourquoi je ne mettrais jamais de dos nu ou pourquoi mes cheveux sont si souvent détachés quand je ne peux pas dissimuler les marques autrement. Nous allons nous marier non ? Il est illogique que tu ne sois pas au courant. Tu seras le seul, tu m’entends ? Personne d’autre ne doit savoir… je ne te demande rien d’autre et surtout pas d’oublier ce que tu viens de voir mais juste de respecter mon silence. Ce n’est rien… » Oh non ça ne l’était pas. Des années de souffrance, de coups de fouet, d’enfermement dans une cave sombre comme s’il voulait la briser de l’intérieur pour ne plus jamais la reconstruire. Maïa ne pleurait pas à cette constatation, sa réaction était presque aussi froide et détachée que de la glace… « Ce n’était qu’une confidence, d’accord ? Et sûrement pas l’idée la plus intelligente que j’ai eue. »

Le sourire de Maïa s’agrandit légèrement tandis qu’elle entendait les propos de JD, ayant à cœur de calmer la peine qu’elle avait sûrement ressentie lors de la création de telles marques. La colombienne ne s’était pas confiée à lui pour qu’il éprouve de la peur pour elle, ou même de la peine, mais plutôt pour lui prouver à quel point elle lui faisait confiance. Voilà pourquoi elle avait la vive impression que leur mariage était parti pour marcher. « Tu n’es pas un jeune couillon… tu es l’homme que j’aime et mon futur mari alors tu ne peux pas être ça. Impétueux et sanguin peut-être mais pas couillon… tu es si dur avec toi-même ! »A croire qu’ils aient été tous deux blessés à un moment donné, physiquement et moralement, ou rabaissés, les incitant à rester en retrait et à ne surtout pas s’avancer sur leur véritable valeur. En tout cas, Maïa le ressentait de cette façon. « Je crois que j’avais besoin de te le montrer et de démystifier la chose. Je n’aurais pas pu m’épanouir dans notre histoire en continuant à te cacher la chose, surtout que tu m’as confié ton passé de gigolo… il ne faut pas croire, j’écoute absolument tout ce que tu me dis mais je mets du temps à te le prouver car j’ai souvent peur de ta réaction. Je sais qu’avant moi tu n’aimais pas l’engagement et je ne veux pas que cela te coûte tout ça. Je veux que tu te rendes compte que cela va bien au-delà d’un simple oui devant Elvis… je suis persuadée que toi et moi on était fait pour se rencontrer mais aussi pour dépasser tout ce que l’on a vécu avant. En vérité… si avant j’étais souvent avec des hommes et que c’était mécanique, c’était pour me prouver que mon corps n’avait pas subit que des tortures. Mais toi, tu m’as appris à… apprécier la douceur. » Personne n’avait été doux avec Maïa avant JD, c’était davantage des passades sans aucune incidence émotionnelle. « Tu es beau quand tu veux me protéger guapo mio… »

Autant dire que Maïa ne manqua pas une seconde de se blottir doucement contre le torse de JD, profitant de sa chaleur rassurante et se plaisant même à fermer les yeux l’espace d’un bref instant. Qu’elle se sentait bien… légère même. Puisqu’elle avait confié le plus lourd secret de son existence, il n’aurait pu en être autrement, et par chance, le cubain partit sur tout à fait autre chose, ôtant de fait toute pensée négative ou triste de son esprit. Il voulait devenir professeur, vraiment ? A l’annonce de ce projet, Maïa se redressa brusquement, s’asseyant sur le lit, mue par un enthousiasme que son sourire nouvellement placé contre ses lèvres laissait amplement deviner. « Mais c’est une excellente nouvelle !! » s’exclama-t-elle sans prendre en compte les détails pratiques pour l’heure. Pour une fois, elle voulait voir d’abord le côté positif avant même que de ne s’inquiéter du reste. « Et si je t’avançais les frais ? » proposa-t-elle soudainement, ses traits de porcelaine laissant cette fois entrevoir un étonnant sérieux. « Je peux même te les offrir en disant que c’est mon cadeau de mariage mais quelque chose me dit que tu vas dire non… alors tu peux soit accepter que je t’offre cette chance de repartir de zéro, ou bien c’est un prêt… que tu me rembourseras une fois en poste. JD… mon ancien patron m’a fait suffisamment confiance pour me donner sa clinique vétérinaire, et j’ai plus de clients que je ne peux en accueillir. Si tu n’as pas encore le pécule, moi si. C’est ça le mariage, non ? Je trouve que ça en fait partie. » Et il ne s’agissait aucunement d’une solution de facilité puisqu’il risquait d’avoir Maïa sur le poil pour ses révisions. Autant dire qu’il ne serait pas à la noce et allait cravacher plus dur encore qu’il ne l’avait jamais fait dans sa vie. Un retour sur investissement ? Très certainement ! « Bon cela implique que tu aies à me supporter encore plus que d’habitude car compte sur moi pour m’assurer que tu vas… devenir le meilleur. »

Maïa ne prenait pas du tout son refus au drame, au contraire : elle ne savait que trop bien à quel point sa fierté possédait une vraie valeur au niveau de son tempérament et elle ne le jugeait pas. Au contraire, cela ne la surprenait guère et elle aurait presque été surprise s’il avait réellement accepté sa proposition. Pourtant, d’un autre côté, elle aurait aimé qu’il ne fasse pas son petit business dans son coin, tout seul. Qu’il accepte de partager quelque chose d’extrêmement important avec elle, comme un vrai couple avec un C majuscule. « Tu sais, accepter l’aide de quelqu’un ne veut pas dire que tu échoues ou que tu vas échouer… ça veut juste dire que tu n’es pas seul à te mouiller dans l’affaire, c’est tout ce que ça veut dire. Je ne juge pas ta décision, au contraire je la respecte et probablement aurais-je sensiblement la même à ta place mais… je laisse l’offre ouverte. On ne sait jamais… » JD aurait peut-être du mal à cumuler boulot et études, il n’était pas un surhomme après tout. Au bout d’un moment, le corps risquait de ne plus suivre et c’était bien ce qui inquiétait Maïa, contre toute attente… venait-elle de se penser inquiète ? Diantre, c’en était de plus en plus étonnant, elle d’ordinaire si indépendante ! « Tu ne connais pas le déhanché du King ?! Diable… il faudrait presque t’entraîner avant que l’on ne reprenne la route ! » s’exclama-t-elle avant d’enfiler une chemise avant de lui tendre les deux mains pour qu’il ne se lève du lit et ne l’accompagne. « C’est l’heure de ta leçon, debout là dedans ! »

« Tu pensais sincèrement que j’allais laisser quelqu’un d’autre te faire répéter ? Allons ! » En tout cas, le désir de Maïa fut de lui prouver durant tout leur entraînement qu’elle savait tenir la distance et qu’il aurait bien tort de ne pas lui faire confiance pour le faire répéter. « J’aime ton compromis. Il te permettra de ne pas te tuer à la tâche… » lui murmura-t-elle avant que leur petite séance ne se termine d’une façon nettement plus sulfureuse et ne les entraînent vers des sentiers très nettement différents. De quoi les faire tomber de sommeil et les inciter à reprendre la route plus complices et reposés que jamais. Maïa était curieuse de découvrir cette fameuse ville toujours illuminée, de jour comme de nuit, comme si elle ne dormait jamais. En tant qu’experte en poker, il lui faudrait absolument se rendre dans un casino pour tester ses réflexes d’antan, mais ça, il serait toujours temps de le proposer à JD plus tard. Pour l’instant, le plus important, c’était qu’ils ne puissent se trouver des tenues adéquates à l’engagement prochain qui serait le leur. Pour un peu, Maïa se surprit à sentir la tension des muscles du danseur, constat qui la fit l’embrasser en pleine rue alors qu’ils se promenaient main dans la main à peine sortis de l’hôtel. « Ne soit pas inquiet, ce sera le plus beau jour de notre vie » énonça-t-elle avec sincérité et conviction avant de ne lui prendre la main à nouveau. « Il faut te trouver le plus beau costume ! » Et le fait est qu’ils se trouvèrent mutuellement les deux tenues les plus parfaites au monde pour passer devant le king. Un mariage mémorable… qui passa bien trop vite pour les ramener à une odieuse réalité.