En rentrant du Botswana, Calliopé s'était fait une promesse. Ne plus retomber dans les bras du premier vu. Ne plus se laisser faire par les garçons. Bon, elle était vraiment motivée pour la respecter, cette promesse. C'était une résolution qu'elle s'était engagée à tenir. Seulement, voilà, tout avait changé la veille. Elle était tranquillement à l'Awesome, avec des amies, elle avait entendu deux jeunes hommes parler entre eux. Bien évidemment, en petite curieuse, elle avait écouté et avait ainsi apprit la nouvelle : Pablo Fernandez était en fauteuil roulant.

Pablo était un garçon gentil, certes séducteur, mais adorable. Calliopé avait passé deux nuits avec lui (enfin une nuit, et une matinée, en vérité); et même si elle savait que ce n'était que pour le sexe, il l'avait respecté. Ce n'était pas le cas de tous les garçons. Ainsi, il méritait qu'elle lui rende la pareille. Bien évidemment, elle savait, en allant le voir, qu'elle prenait le risque de retomber dans ses bras, mais c'était un risque qu'elle était prête à prendre. De tout de façon, elle se savait parfaitement incapable de tenir sa résolution : c'était dans sa nature. Elle était fleur-bleue, elle ne savait pas résister à deux beaux yeux bleus et aux charmes d'un garçon. Elle était faible, mais elle se sentait prête à l'accepter. Et puis, qui sait, peut-être qu'il n'allait rien se passer, Pablo allait surement la remercier et ils allaient discuter ?

Aussi, la blondinette se munit de l'essentiel aux garçons : chips, pizzas, et bières; puis elle se rendit chez lui. Elle connaissait le chemin pour y être allé un jour, en rentrant des courses, et en être ressorti le lendemain avec les mêmes vêtements (ou du moins, ce qu'il en restait). Affichant un sourire sur son visage, elle toqua à la porte deux fois. Bien évidemment, c'était stupide : Pablo mettrait une heure à venir ouvrir, puisqu'il était en fauteuil. Ainsi, sans réfléchir, la blondinette ouvrit la porte et rentra d'elle-même dans l'appartement. Terrible erreur, bien évidemment. C'était impoli, et mal élevé. Ainsi, elle regarda d'un sourire gêné Pablo, assis sur son fauteuil devant la télé, puis montra les cartons de pizzas.

"Je suis venue voir comment tu allais! Je me suis inquiété, tu  sais! Tu aurais du m'appeler. "

Calliopé regretta ses paroles la seconde d'après. Cela faisait vraiment petite copine en pleine crise de jalousie. Si elle continuait comme ça, elle tiendrait forcément sa résolution, mais deviendrait aussi une bonne soeur tant les garçons la rejetteraient. Ainsi, elle esquissa un sourire charmeur afin de dissimuler son embarras, et exhiba le pack de bières.  

Même s’il avait tout d’abord été heureux de retrouver son appartement, rien n’avait vraiment changé pour Pablo. Lorsqu’il était à l’hôpital, il restait alité toute la journée sans avoir la moindre occasion de bouger ou même de prendre l’air. Et depuis qu’il était chez lui… il se trainait péniblement de la chambre au salon, passant le plus clair de ses journées devant la télé ou en face de son ordinateur. L’envie d’aller se balader n’était pas particulièrement présente, et la difficulté qu’engendrait son fauteuil roulant au moindre mouvement qu’il entreprenait avait réduit toutes ses tentatives à néant. Le simple fait d’entrer dans l’ascenseur de son immeuble était quasiment impossible pour lui si personne n’était là pour l’aider. Et comme le latino avait pour habitude d’être très indépendant, sa fierté en prenait clairement un coup. Alors, il préférait se terrer chez lui sans bouger, regardant sans cesse toutes les courses de voitures sur lesquelles il pouvait tomber à la télévision. Evidemment, cela n’avait absolument rien de bon pour son propre moral. En regardant ces pilotes, qui étaient aussi souvent ses collègues, Pablo ne pouvait s’empêcher de penser à sa propre carrière. Cette carrière dont il avait toujours rêvé, qu’il avait réussi à construire à force de travail et de concessions, et qui  s’était écroulée en un clin d’œil dans le maudit virage qu’il avait loupé durant sa dernière course.

Comme toujours, Pablo était donc posté dans son fauteuil roulant juste en face de sa télévision.  Le jeune homme somnolait presque, mais il sursauta lorsqu’il entendit que quelqu’un frappait à la porte. Etait-ce Zeppelin qui venait comme chaque jour lui rendre visite ? Ou bien sa mère ? Ou encore Bonnie ? Dans le doute, le jeune homme entreprit de tourner son fauteuil pour se diriger vers la porte d’entrée. Mais avant qu’il n’ait eu le temps de s’en approcher, cette dernière s’ouvrit sur Calliopé... Etonné, le latino se stoppa dans son élan et fronça les sourcils. Elle était bien la dernière personne qu’il s’attendait à voir ici, et la surprise l’empêcha même de la saluer comme ils e devait. Fort heureusement, elle fut la première à briser le silence en déclarant : "Je suis venue voir comment tu allais! Je me suis inquiété, tu  sais! Tu aurais du m'appeler. " De plus en plus surpris, le jeune homme ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux en se demandant où elle voulait en venir. Pensait-il qu’il aurait été légitime pour lui de la prévenir ? S’il avait eu à appeler toutes les filles avec qui il avait passé une nuit… autant dire qu son forfait mobile aurait littéralement explosé.

Devant le désarroi de Pablo, la jeune femme dégaina un pack de bière et des pizzas, semant d’autant plus le trouble chez le latino. « Euh… je… pourquoi j’aurai du appeler ? Enfin… de toute façon, j’en ai pas vraiment eu l’occasion tu sais… » articula-t-il sans comprendre, mais ne voulant pas se montrer trop blessant. D’un geste de la tête, il invita la jeune femme à prendre place sur le canapé, avant de se risquer à continuer : « Comment tu as su… ? « Après coup, il se rendit compte de la stupidité de sa question étant donné que son accident avait longtemps fait la une des médias. Mais Pablo avait encore un peu de mal avec le fait que sa vie soit autant médiatisée, dans les bons moments comme les mauvais.