Pédiatre. Le rêve d’une vie lorsque l’on démarre des études de médecine et pourtant, voire des cas difficiles s’éloignait considérablement du rêve qu’avait fait la jolie canadienne en choisissant cette voie. Au moins, elle ne subissait pas la pression maternelle et ce n’était pas plus mal, dans le fond, car elle n’était pas certaine qu’elle aurait pu la supporter longtemps. « Monsieur McDouglas, il s’agit juste d’un rhume, rien d’inquiétant. Je vais vous prescrire du paracétamol ainsi qu’un sirop pour la toux, vous le faire dormir et beaucoup boire, et dans trois ou quatre jours il n’y paraîtra plus. » Lynn tendit l’ordonnance au père du petit Connor avant de n’inciter le fils à aller jouer quelques instants dans la salle de jeu à côté de son bureau, où d’autres enfants se trouvaient déjà. « Tu veux bien aller jouer quelques minutes ? » Connor accepta avec un grand sourire et Lynn ne manqua évidemment pas de le lui rendre. A vrai dire, ce qui l’inquiétait davantage ce n’était pas le rhume passager du fils, mais plutôt le côté démoralisé du père, qui se sentait à des kilomètres. « Je sais que je suis pédiatre et qu’en théorie ce n’est pas à moi qu’il faut parler de ce genre de choses, mais… allez-vous bien dans votre vie, Monsieur McDouglas ? Je pense que votre côté tendu finit par toucher votre fils, qui vous adore, et peut-être qu’en parler ne vous fera pas de mal, bien au contraire. »

« Bien sûr que non, votre fils n’est pas malade à cause de vous… mais je dirais qu’il s’inquiète beaucoup pour vous et ne récupère donc pas de ses rhumes à répétition aussi bien qu’il le pourrait en temps normal, surtout si sa mère ne lui donne guère d’attention. » Lynn esquissa bientôt un petit sourire désolé tandis qu’elle se leva pour fermer la porte de la salle de consultation dans laquelle ils se trouvaient actuellement. Elle incita Caine à s’asseoir sur la chaise en face d’elle et se mit à l’écouter sans attendre, se heurtant à une crise typique dans un mariage battant manifestement de l’aile. Son visage ne laissait transparaître d’aucun sentiment particulier, la canadienne se contentant d’écouter avec attention alors que plus les secondes passaient, plus elle se sentait désolée pour cet homme. Ce n’était pas faute qu’il paraisse séduisant et avec un charme particulièrement indéniable ! Il était manifestement tombé sur la mauvaise femme, celle se trouvant incapable de lui donner l’amour qu’il méritait pourtant. « Je pense que je peux vous croire » énonça-t-elle finalement avant de ne se lever à nouveau pour s’asseoir sur la chaise en face d’elle. Diable, Lynn se maudissait par avance pour ce qu’elle s’apprêtait à faire et pourtant, elle n’hésita pas une seconde à s’emparer du visage de l’écossais en coupe, caressant subitement ses joues à l’aide de ses pouces tandis qu’elle lui offrait un sourire tendre et apaisant. Ce n’est qu’ensuite qu’elle captura délicatement ses lèvres, en un baiser se voulant timide au départ, mais s’armant en passion de seconde en seconde. Lynn dû se faire violence pour s’écarter à vrai dire, car il s’agissait tout de même d’un patient… « Tout le monde mérite du bonheur, et si votre femme l’a oublié, alors elle fait sûrement une grossière erreur. Avez-vous tenté de la séduire et de faire en sorte de lui faire des avances ? »

« On peut voir ça comme une sorte de thérapie ! Mais vous aviez l’air d’être troublé et désespéré, c’est un moyen comme un autre de vous empêcher de faire une connerie. » Lynn haussa les épaules, sachant pertinemment qu’elle avait outrepassé de très loin sa position de médecin mais après tout, cet homme n’était en rien un patient puisqu’il n’était plus à mettre dans la catégorie des enfants depuis longtemps. Ceci étant, la canadienne partait du principe qu’elle valait mieux que d’être la maîtresse d’un homme marié, c’était donc particulièrement stupide de sa part de l’avoir embrassé. « Si vous avez envie de faire cela avec votre femme, pourquoi ne pas la surprendre vous en l’embrassant juste quand elle rentre du travail ? Par exemple dès que vous entendez sa voiture, vous vous mettez près de la porte et tel un ninja yihoooo vous lui « sautez dessus » ! » La jolie brunette s’était levée pour mimer le saut tout en énonçant son « yihooo » pour mieux éclater de rire car elle ne comprenait vraiment pas comment cette femme pouvait délaisser un homme pareil. C’était criminel ! « Et ne pas être romantique mais plus bad boy, vous avez essayé ? Non parce que dans votre dossier il est mentionné que vous êtes policier, alors faites un jeu de rôle… je me doute que ça doit être décourageant mais vous n’avez personne dans votre entourage qui la connaisse suffisamment pour vous donner des pistes ? Je peux vous en donner en tant que femme mais ce ne sera qu’une partie de la réponse je pense. »

« Avoir un petit bout qui est fier de vous, ça vaut tout l’or du monde ! » s’exclama Lynn et pour cause, sa petite princesse était le centre de son monde. Bon, d’accord, techniquement parlant elle avait littéralement envoyé le père de sa fille à l’hôpital mais ça, c’était un conte populaire que personne ne connaissait. Heureusement d’ailleurs ! La canadienne n’avait aucune envie qu’on ne la considère comme quelqu’un de violent et d’instable, choses qu’elle n’était pas dès que le père de sa fille n’était pas dans les parages. « Je ne suis pas sûre que la séduction ou votre musculature ait quoi que ce soit à voir là dedans… du peu que j’en vois à priori vous êtes bien au dessus de la moyenne. Et vous avez essayé de vous invitez à une soirée de gala à laquelle elle se rendait pour flirter avec une autre femme ? Juste échanger quelques mots, sans la toucher ni rien mais pour voir ce que cela évoque à votre épouse. En général, ça peut marcher. » Lynn était folle, fait plus qu’avéré. Mais cela ne l’empêcha pas d’être profondément choquée par la question qu’osa lui poser le père de son patient justement… « J’ai une gueule à me défoncer ? Sortez-vous les doigts de là où j’pense, vous serez moins coincé et ce genre d’idée à la con ne vous parviendra pas au cervelet ! Au moins je prends la vie du bon côté, moi ! » grogna-t-elle, subitement vexée. Ca lui était arrivé d’essayer les paradis artificiels mais elle était très jeune à l’époque et n’avait jamais récidivé. « Vous jugez vite et terriblement mal… peut-être que vous êtes juste aveugle quand il s’agit des femmes » reprit Lynn en se levant de la chaise juste à côté de Caine pour mieux se rasseoir sur son fauteuil à elle.

Une chance : Lynn était quelqu’un de soupe au lait mais elle n’était pas rancunière pour autant, bien au contraire. Le feu de sa colère s’amoindrit aussitôt alors que l’écossais s’excusait, mu d’une nouvelle culpabilité qui ne lui allait pourtant en aucune manière. « Vous devriez pourtant côtoyer davantage de femmes pleines de vie parce qu’elles vous rendent une sorte d’étincelle dans le regard » nota la canadienne avant de ne se relever pour retenir Caine par le bras, sachant qu’elle s’adonnait à un jeu dangereux et qu’elle serait sûrement la première à être brûlée par le revers de flamme. « Mon orgueil en a déjà pris bien plus dans la tronche, il est rodé croyez-moi alors arrêtez de vous sentir coupable pour tout et n’importe quoi. Vous êtes au courant que vous ne pouvez pas porter toute la misère du monde sur vos épaules ? Vous allez exploser sinon ! Vous devriez vous octroyer un peu de bonheur en revanche. » Sans doute fut-ce ce qui l’incita à le serrer subitement dans ses bras, le berçant sans arrière pensée parce qu’elle le sentait en peine, à avoir besoin qu’on ne s’intéresse à lui mais aussi qu’on ne lui donne davantage d’importance et d’amour qu’il n’en n’avait actuellement dans sa vie. « C’est plutôt moi qui m’excuse de vous avoir embrassé, c’était déplacé mais je ne sais pas, ça m’a fait mal de vous voir mal. Ne vous rendez pas coupable de ma connerie, après tout, vous n’êtes pas responsable de moi ! Laissez-vous juste aller à ce câlin et je vous libère après, vous avez ma parole. »

« Pitié ? Heuuu j’ai beaucoup de défauts mais prendre les gens en pitié n’en fais pas partie ! » s’exclama-t-elle tout en éclatant de rire tout en pensant à ce que son propre père lui dirait si d’aventure elle osait prendre quelqu’un en pitié. Cela ressemblerait à quelque chose du style : « Une McDouglas est toujours fière, forte, elle ne prend pas les gens en pitié, la pitié c’est d’la merde ! » En tout cas, la brunette avait été à bonne école et savait aider son prochain sans pour autant pousser mémé dans la lave en fusion. Après tout, en dehors de son mariage foireux, Caine était-il à plaindre ? Son fils le voyait comme son héros et il n’y avait qu’à écouter l’enfant pour savoir à quel point il aimait son père… « L’homme qui partage ma vie ? Oh j’ai un chien qui partage ma vie… mais non je ne trouve personne qui puisse me supporter suffisamment longtemps en fait. J’suis une chieuse vous savez ! Suis sûre que je m’entendrais bien avec votre coéquipière, j’en mettrais ma main au feu ! » Lynn se permit un léger sourire avant de n’adopter un léger sérieux tandis que l’écossais caressait subitement sa joue, et il fallait bien admettre qu’il y avait bien longtemps que personne n’avait été aussi délicat envers elle depuis longtemps. « C’était pas grand-chose… entre McDouglas, on s’comprend ! Essayez de ne pas avoir trop envie de refaire le portrait de votre femme façon période déstructurée dans vos pires cauchemars, surtout… si vous avez besoin d’en parler ma porte est ouverte quand vous voulez. »

« J’espère que l’homme qui me fera fondre sera comme vous… sinon ce sera dommage » lança-t-elle avant de ne se mordre la lèvre inférieure. Que lui arrivait-il, au juste ? Lynn ne craquait pas pour le premier venu, et surtout pas pour un homme marié, c’était complètement impossible ! Et pourtant, plus elle voyait le regard désespéré de Caine McDouglas et plus l’envie d’y mettre un brin de vie lui traversait l’esprit. C’était une envie pressante, inévitable et inébranlable. Elle savait que malheureusement, elle aurait bien du mal à passer outre et la suite des évènements ne lui donnèrent hélas pas tort… « Si nous étions de la même famille, croyez-moi je le saurais » rétorqua-t-elle quasiment aussitôt avant de ne hausser légèrement les sourcils tout en espérant justement qu’il quitte la pièce et ne cesse d’être une véritable source d’envie et de perte de contrôle. Mais Caine ne quitta pas la pièce… pire, il ne bougea pas d’un millimètre et prononça une phrase qui ne manqua pas d’être un véritable boulet de canon lancé contre son âme et son esprit. « Ne vous retenez pas » murmura-t-elle sans rien contrôler, ayant davantage l’impression que son corps entier la poussait vers lui et l’incitait à cette folie alors qu’il ne quitterait jamais sa femme, elle le savait pertinemment… Lynn ne pourrait pas supporter de n’être qu’un substitut. Ce n’était pas tant qu’elle se respectait trop pour cela ou que son orgueil ne s’en relèverait jamais, mais qu’elle voudrait être plus. « Embrassez-moi… » eut-elle la folie de renchérir.

Etait-ce Lynn où ce fameux Caine manquait-il considérablement de confiance en lui ? La jolie brunette était d’ailleurs prête à lui en faire la réflexion lorsqu’il se décida finalement à s’emparer de ses lèvres, glissant d’un même temps sa main contre sa nuque afin de la conserver à son contact. La jolie canadienne ne manqua pas de profiter un maximum de cette étreinte qu’elle n’avait plus goûtée non plus depuis un lustre tandis qu’une vérité capitale se heurtait dans son esprit : plus ils se frôlaient, plus elle demeurait à son contact et plus elle voulait que ce moment ne s’arrête jamais. Diable, était-il possible qu’elle ait un sérieux crush pour un homme marié ? Lynn venait de sonner son arrêt de mort, mais celui-ci n’avait jamais été aussi bon. Hélas, Caine finit par s’écarter et ce geste parut tellement brutal à la demoiselle qu’elle en fronça les sourcils, le jeune homme s’amusant à souffler le froid et le chaud sur sa personne sans qu’elle n’en comprenne réellement la raison… ou du moins ne voulait-elle pas se rendre compte de la véritable raison. « Pourquoi m’avoir embrassée dans ce cas ? Ce n’est pas un manque de respect dans le sens où je le voulais autant que vous. » Certes, elle faisait preuve d’un aplomb que l’on pouvait qualifier de monstrueux, mais elle s’en moquait à vrai dire. « Je sais que c’est sûrement complètement stupide de ma part d’autant que vous êtes marié et père de famille alors c’est sûrement à moi de vous demander pardon. » Lynn s’écarta légèrement, faisant preuve d’une raison ne lui ressemblant pourtant pas le moins du monde, avant de ne lui tendre la main d’un air subitement sérieux. « Ce fut un plaisir Caine. » Elle ne l’appela pas par son nom de famille, il ne fallait pas déconner non plus.

A peine avait-il serré sa main que c’est son cœur qu’elle sentit immédiatement se serrer. Lynn sut qu’il n’était plus la même d’espérer quoi que ce soit, et pourtant cette idée la révolta littéralement. Elle ne pouvait pas supporter une telle chose alors qu’elle avait l’impression qu’il s’agissait ni plus ni moins de l’homme de sa vie… quel constat à chier ! Mais il tournait déjà les talons et s’il fallait être honnête, la canadienne n’avait pas écouté un traître mot de ce que venait de dire l’écossais. Qu’il souhaite la traiter avec respect ou non, elle n’en n’avait vraiment cure… et autant dire qu’elle ne manqua pas de sursauter lorsque les évènements s’enchaînèrent à une vitesse folle, Caine se prenant la porte en pleine poire face à son fils qui s’excusait. Lynn mit d’ailleurs un moment avant de ne reprendre possession de ses moyens et, en bonne professionnelle qu’elle était, répondit aussitôt : « Connor retourne jouer je vais soigner ton papa et il viendra te chercher lui-même lorsque ce sera fait, d’accord ? » L’enfant hocha la tête, partant presque à contre cœur alors que la brunette incitait le jeune homme à incliner la tête. « Il vaudrait mieux enlever votre chemise sans quoi elle risque d’être tachée… j’vous apprends rien en vous disant que le sang, c’est une saloperie à faire partir, hein ? » Lynn haussa les épaules tandis qu’elle désinfectait légèrement la plaie, non sans froncer les sourcils. « Il a réussi à vous casser le nez, j’en ai peur… je vais vous appliquer de quoi stabiliser votre os et il faudra prendre rendez-vous chez un généraliste dans deux semaines pour voir l’évolution. » Du moins tenta-t-elle de s’appliquer à le faire tout en ne cessant pas de déglutir avec difficulté, faisant son possible pour éviter de poser son regard sur le torse désormais nu de Caine. Et à vrai dire, dès qu’il eut son pansement sur le nez et qu’elle lui eut déposé un bisou magique en guise d’ultime consolation, elle se releva aussitôt, gênée. « Si vous savez vous montrez raisonnable alors allez-y parce que c’est pas mon deuxième prénom et que personnellement… je sais très bien me mettre dans des situations de merde, plutôt deux fois qu’une même ! »

« Dites-vous que vous avez été blessé pour l’Amérique » tenta d’ironiser Lynn mais le cœur n’y était pas. Pourquoi cela la dérangeait-elle tant de le voir partir ? Après tout, elle ne le connaissait même pas ! Pourtant, c’était comme s’ils s’étaient rencontrés des années plus tôt, vécu des choses extraordinaires ensemble et que leur histoire n’était qu’une évidence. Il s’agissait plus que d’un coup de foudre, en somme. La canadienne en avait bien conscience et pourtant, voir se lever l’écossais la poussa à regarder ailleurs, comme pour se persuader qu’elle n’était plus là et qu’elle n’avait donc pas à assister à la chose. Pour un peu, elle avait presque envie de le pousser vers la sortie avec virulence pour qu’il ne sorte ainsi de sa vie par la même occasion, mais il la tua littéralement sur place avec sa dernière phrase. Il n’avait de cesse de dire oui puis non sans vouloir prendre la moindre responsabilité pour ses actes mais cette fois, Lynn se foutait bien des conséquences. Elle l’empêcha de remettre sa chemise en le stoppant d’un geste net, s’emparant de ses lèvres avec une douceur mêlée de passion. La pédiatre le poussa sans stopper son baiser afin de mieux fermer le verrou de la porte, ne se séparant qu’à ce moment là pour reculer doucement, sans cesser non plus de le regarder, détachant sa longue chevelure avant de n’ôter elle-même sa blouse puis de commencer à se déshabiller, lentement mais sûrement. S’il la repoussait… il n’aurait plus de face avant la fin de la journée ! « La raison ça craint… arrêtez de vous prendre la tête, vous avez besoin d’amour, moi aussi… »

Les paroles de Caine furent pour Lynn comme un baume à toute la précarité de sa vie. Elle aussi manquait cruellement d’amour, sauf que de son côté, elle n’était pas enfermée dans un mariage à ne plus aimer la personne avec laquelle elle s’était engagée… de son côté, elle traînait son célibat depuis un lustre et ne faisait pas confiance à autrui, car on essayait à chaque fois de la trahir, de la blesser, ou de la prendre pour une conne. Faire face au policier la touchait de façon plus véridique que n’importe quoi d’autre, autant être honnête. Elle accueillit donc Caine en lui rendant chaque baiser avec la même passion dont elle avait fait précédemment preuve, se laissant même porter tout en frissonnant à chaque caresse qu’il lui offrait. « Folle c’est mon deuxième prénom » murmura-t-elle dans un petit rire mutin tandis qu’elle dévorait littéralement son cou, incapable de s’empêcher de parcourir son corps offert à ses mains en manque de tendresse. Bientôt, elle détacha sa ceinture qu’elle envoya valdinguer vers des yeux plus cléments, tout en reprenant ses lèvres tandis que le pantalon du jeune homme venait de choir à son tour. Elle entoura dès lors son buste de ses cuisses, le rapprochant plus encore d’elle, mue par une folie qui la faisait presque trembler de plaisir. « Oublie tout le reste… laisse-moi t’aimer et aime-moi en retour. Comble le gouffre qu’on a laissé en toi et offre-toi ta première folie… » Lynn s’empara fougueusement de ses lèvres à nouveau tout en partant à nouveau à la conquête de son corps, à l’aide de ses lèvres comme du bout de ses doigts… c’était divin. Dangereux, fou, mais divin.

Le compliment de Caine n’eut pour effet que d’enflammer encore davantage les sens déjà à vif de Lyanna. Merde, comment avait-il pu s’emparer de son cœur aussi facilement ? Alors que son corps tanguait littéralement sous le sien, la canadienne se trouvait changée, réceptive, presque demandeuse au-delà des mots. Elle trouva que cette étreinte était presque trop courte lorsqu’ils parvinrent au paroxysme même du plaisir ensemble. La piquante brunette était sans souffle mais elle ne pouvait pas s’empêcher de rester collée contre Caine, son front tout contre le sien, humant son odeur enivrante tandis qu’une crainte nouvelle naissait au sein de son âme : il allait tourner les talons et la laisser avec ses nouvelles émotions. Qu’allait-elle bien pouvoir en faire ? Lyanna était d’ordinaire une femme indépendante, que jamais rien ne surprenait mais là, il fallait bien admettre que ce genre d’émotion était plus fort qu’elle. « Bordel… » fut le premier mot qu’elle fut capable d’articuler, non sans une extraordinaire difficulté, alors que son souffle peinait à redevenir normal. Leur étreinte avait été parfaite, sulfureuse, passionnée et à la fois teintée de tendresse. « Je suis dans la merde… » continua-t-elle alors qu’elle ne s’écartait de quelques millimètres que pour croiser son regard, une expression sérieuse peuplant subitement ses traits. Ils étaient aussi nus l’un que l’autre, au beau milieu de son bureau et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de trouver cela diablement naturel. « Y’a que moi pour me mettre dans une merde noire à ce point rhaaa c’est pas vrai ! Ne va pas baliser, c’est ma faute, je ne regrette rien mais t’es putain de marié et… je suis la cinquième roue du carrosse. Ca déglingue… »

Lyanna aussi ne voulait pas s’excuser, au même titre qu’elle n’éprouvait pas le moindre regret mais elle savait au fond d’elle qu’une fois qu’il aurait passé cette porte… le quotidien reprendrait ses droits et il reprendrait très certainement sa place auprès de sa femme, cette épouse à qui il avait dit oui devant témoin. La canadienne n’avait aucune place dans ce tableau et sans en connaître la raison, ou à tout le moins sans vouloir se l’avouer, ça lui faisait mal. Il ne pouvait pas savoir à quel point elle maudissait son mariage et jusqu’à cet anneau qu’il portait à l’annulaire et qui en était l’ultime preuve. « D’accord, admettons je ne suis pas la cinquième roue du carrosse. Mais merde je crois que des deux j’ai été la première à avoir le coup de foudre et résultat je suis folle avec tous ces sentiments que je ne peux même pas exprimer ! » La jeune femme esquissa une moue désapprobatrice tandis qu’elle s’en voulait déjà de faire une scène. Sans doute fut-ce pour cela qu’elle entoura subitement le corps de Caine de ses bras, refusant qu’il ne s’éloigne immédiatement d’elle et qu’importe qu’ils soient actuellement aussi nus que des nouveaux nés. « Prends moi pour une givrée du cervelet mais j’ai pas envie que tu passes cette porte et j’ai pas envie non plus de perdre ça… » Quant au fait qu’il méritait mieux, Lyanna n’avait eu de cesse de le lui répéter, implicitement comme directement. « Pourquoi c’est pas plus simple bordel de merde ? »