Désespoir. Et non, le terme n’était pas trop fort ! Lynn regardait cette foutue barre rose depuis des plombes et peinait toujours à y croire, si bien qu’elle s’était pincée par trois fois. La douleur en résultant ne l’avait pas davantage rassurée et bien qu’elle n’ait versé aucune larme, l’envie de hurler se faisait de plus en plus pressante. Pourquoi cela tombait-il sur elle ? Comme si la canadienne n’avait pas suffisamment de choses à gérer actuellement, comme s’il lui fallait cela en plus ! Et elle regardait encore ce foutu bâtonnet blanc, inlassablement, comme s’il avait un intérêt quelconque et qu’elle voulait le mystifier dans un endroit précis de sa mémoire. « Bordel de putain de merde » lâcha-t-elle avec un air si dépité que l’on aurait presque pu lui donner une petite pièce pour la forme. En débardeur et culotte, assise contre la baignoire, elle poussa un immense cri de désespoir tandis qu’elle se pensait seule dans l’appartement. Fatalement, voir Caine débarquer en trombe la fit violemment sursauter, chose qui lui fit lâcher littéralement le test de grossesse des mains. A sa décharge, plus perturbée, je crois qu’elle n’avait jamais été. Pas étonnant lorsque l’on prenait en compte les récents évènements lui ayant fait vivre un véritable enfer… « Je ne bouge pas de cette putain de baignoire, je suis très bien ici » maugréa-t-elle sans même lui annoncer le pot aux roses, se contentant de chercher à tâtons son foutu test pour le lui montrer en l’agitant. A vrai dire, Lynn paniquait complètement. Elle pouvait fournir des dizaines de raisons à ce comportement et n’avait aucunement honte qu’il en soit ainsi… mais s’il y avait bien un mauvais timing, c’était celui-ci. « Avoue que tu l’as fait exprès !! » reprit-elle, en parfaite mauvaise foi. La conception avait évidemment eut lieu pendant leur petit rendez-vous coquin au cabinet de psy de Caine… donc techniquement parlant, la première fautive, c’était bien elle et non pas le Pape. « C’est la merde. Putain de chez c’est la merde. » Peut-être parviendrait-elle à voir le côté positif de la chose après, mais pour l’heure… la panique l’emportait largement sur tout ce qu’elle pouvait ou aurait pu ressentir d’autre.
« Je vous dis donc à mardi en huit, prenez soin de vous madame Harris ! » souriais-je avec chaleur à ma patiente tout en lui serrant la main avant de la raccompagner à la porte du cabinet. La pauvre, j’espérais qu’un jour, elle arriverait à surmonter la mort de son enfant mais il y aurait beaucoup de travail à faire avant d’arriver à un tel miracle –bien que je m’employais à éviter de trop m’impliquer auprès de mes patients pour garder le recul nécessaire pour les soigner. « July, est-ce que monsieur Lewis est arrivé ? » demandais-je à mon assistante qui s’empressa de dissimuler le site internet qu’elle était en train de visiter. Si elle pensait que je n’étais pas au courant de ses activités personnelles sur son temps de travail, elle se mettait le doigt dans l’œil mais tant qu’elle accomplissait son travail convenablement, je fermais les yeux. « Non monsieur, il a appelé il y a quelques minutes pour annuler et demander à prendre un autre rendez-vous. Il a eu un entretien d’embauche impromptue » me renseigna-t-elle. « Bien, consignez l’information dans son dossier, cela me sera utile à notre prochain rendez-vous. Bon, puisque j’ai fini mes rendez-vous, je vais aller récupérer mon fils à l’école et rentrer à la maison » lui répondis-je avant de retourner rapidement dans mon bureau pour récupérer mon attaché case pour mieux filer à l’anglaise, direction l’école de Connor. Mes relations avec ce dernier s’était considérablement amélioré surtout depuis le soir où il avait fait un cauchemar et que poussé, par d’anciens réflexes, il était venu se réfugier contre moi. Depuis, je vivais sur un petit nuage. Lynn avait retrouvé un travail, mon cabinet marchait de mieux en mieux, les enfants allaient bien –excepté Tommy qui continuait d’être malade. Bref, tout s’arrangeait petit à petit même s’il restait encore des problèmes. J’étais loin donc de me douter de la catastrophe qui se préparait. En fait, j’étais à peine entré dans l’appartement que le cri de Lynn me fit rappliquer derechef dans la salle de bain pour la retrouver ni plus ni moins dans la baignoire. « Qu’est-ce qui se passe ?? Tu es blessée ? » M’écriais-je inquiet de son silence. Pour toute réponse, elle m’agita un test de grossesse que j’attrapais. « Oh merde ! » lâchais-je comme une bombe sans pour autant qu’un sourire des plus ravi ne se dessine sur mes lèvres. Un bébé. Elle attendait notre quatrième enfant ! Autant dire que je ne voyais pas où était le drame surtout que cette fois-ci, rien ni personne ne pourrait m’empêcher d’être là pour sa grossesse. « Hey, comment ça ma faute ? Je te signale qu’il faut être deux pour concevoir un bébé » me défendis-je en m’approchant de la baignoire. « Chérie, ce n’est pas la fin du monde n’est-ce pas ? La famille va juste s’agrandir un peu » lui souriais-je avec tendresse.
« Non pas blessée non ! » maugréa-t-elle sans douceur tant le choc de cette nouvelle avait été rude. Ce n’était pas tant que Lynn prenne cela au drame ou considère la chose comme une mauvaise nouvelle, mais elle ne pouvait décemment s’empêcher de considérer cette grossesse comme la précédente… et craindre que les évènements passés ne se reproduire, machinalement, comme une ritournelle infernale qu’elle n’aurait aucunement la force ou le pouvoir de stopper. « Ahaha !! Toi aussi t’as pensé merde !! » s’exclama-t-elle en le pointant du doigt comme s’il avait commis la faute du siècle. En vérité non, il était aussi surpris qu’elle manifestement, le sourire gaga en plus. A croire que ce bon Caine ait définitivement procédé à une location vile et indispensable de son utérus, d’où le fait qu’elle soit partie du principe qu’il l’avait fait exprès. Inconsciemment peut-être, mais les signes ne trompent jamais ! « Tes spermatozoïdes sont responsables, rien à carrer !! Tu es pleinement responsable du fait que je suis en train de me geler le cul dans cette putain de baignoire déjà trop étroite ! J’ose pas imaginer la tronche de mon cul dans quelques mois, d’ailleurs… merde je suis censée avoir un corps de rêve et du coup je suis plus souvent en mode baleine échouée qu’en mode femme fatale, y’a plus aucune justice dans ce putain de bas monde cruel ! » L’écossais de son cœur en profita justement pour s’approcher de la baignoire, incapable de s’empêcher de coller ce sourire ravis contre les traits de son beau visage, lui prouvant qu’il était bien loin de prendre la nouvelle au drame comme elle. Le problème de Lynn, c’est qu’au lieu de voir le côté merveilleux de cette grossesse, toutes ses galères encore fraîches dans sa mémoire revenaient au galop, lui prouvant qu’il n’était pas question qu’elle se sente sortie d’affaire et que celles-ci allaient s’occuper de se rappeler à son bon souvenir en cas d’oubli passager. « T’en as de bonnes… » souffla-t-elle cette fois-ci de manière on ne peut plus sérieuse. Si ses paroles précédentes avaient pu et devaient même être prises sous un angle pince sans rire, les suivantes étaient au contraire à craindre car les yeux de la brunette s’étaient considérablement humidifiés. « Je suis au courant de la finalité de cette grossesse bordel ! Mais merde Caine, je suis censée faire comment ? Je viens à peine de trouver un boulot qui tue la mort, je trouve enfin mon rythme avec les enfants et on commence à se retrouver peu à peu que BIM ça nous tombe dessus ! Je suis frappée d’hyper fertilité ma parole… me regarde pas avec ses yeux envieux là parce que si tu crois que tu vas louer mon utérus à tire larigot tu te fous le doigt là où je pense jusqu’aux orbites !! Même si je ne suis plus sur le terrain techniquement parlant je suis toujours une cible, et ça me dézingue par avance et par principe… je ne quitte pas cette putain de baignoire, c’est décidé ! Et si tu fais un pas vers la sortie je te jure que c’est la dernière chose que tu feras de ta vie ! » Vers la fin de sa phrase, Lynn avait presque grogné, preuve de son haut sérieux. Mais en vérité, elle ne pouvait s’empêcher de penser au fait que sa précédente grossesse, elle l’avait pratiquement vécue seule, qu’elle avait dû supporter sa mort, son absence, sa résurrection mais sans mémoire, pour au final accoucher dans un camion après avoir manqué de perdre Hope une bonne vingtaine de fois. « Juste avant que je te retrouve et que tu me fasses accoucher… j’avais failli la perdre au moins vingt fois. Tu sais pas le nombre de passages à l’hosto que j’ai fais et je ne peux pas revivre ça. » Même si elle s’apercevait du fait de lui avoir caché l’info et que cette fois-ci, sa mère ne serait plus là pour provoquer ces traumatisants épisodes.
Elle n’était pas blessée. Elle était simplement enceinte. Une nouvelle fois à croire que nous savions que faire cela depuis que nous nous étions rencontrés et avoués nos sentiments. Un bonheur indicible m’étreignait le cœur car j’avais toujours rêvé d’avoir une famille nombreuse et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’avec Lynn, je touchais au but. Loin de moi bien sûr le fait de la considérer uniquement comme une poule pondeuse –de une, je tenais à ma vie (et à ma virilité), de deux, je la respectais trop en tant que partenaire, épouse et amante pour cela ; mais c’était avec joie que j’accueillais pour ma part cette nouvelle grossesse. « Tu n’es et tu ne seras jamais une baleine échouée mon cœur et puis, en Willy, je trouve très sexy et j’aime venir à ton secours » plaisantais-je bien que présentement, je jouais plus avec le feu qu’autre chose mais il fallait croire que la balle que je m’étais prise dans la tête, m’avait rendu un tantinet suicidaire. « Chérie… Chérie, écoute moi bien, être dans cette baignoire ne te protégera de rien. Et puis je suis là.. Ok, je t’avais dit la même chose pour la grossesse d’Hope mais j’ai été là en quelque sorte puisque je t’ai aidé à la mettre au monde. Je veux dire, je ne suis plus sur le terrain non plus, je suis qu'un pauvre psychologue désormais et je ne risque plus de partir en mission suicide et ne pas revenir. Tu auras une grossesse normale, et je serais là pour te seconder avec les enfants. Cela sera différent car je pourrais m’occuper de nos enfants et tu pourras te reposer. Après, pour ce qui est de ton nouveau métier, tu es un atout pour le SHIELD non contestable et je suis certain qu’ils ne se passeront pas de tes services… Quant à ta protection, je n’ai rien perdu de mes réflexes » lui rappelais-je gentiment. Même si j’avais décidé d’en finir avec cette vie de violence, cela ne m’empêchait pas de continuer à entretenir ma forme physique et à m’exercer au combat et au tir. C’était simplement une question d’habitude dans un premier temps mais aussi une envie. Quelque part au fond de moi, il y avait toujours cette envie viscérale d’être au cœur de l’action mais avant de pouvoir à nouveau la combler, il me fallait lutter avec mes démons qui n’avaient eu de cesse de me hanter depuis mon retour. Cependant, j’accueillais ses dernières paroles avec un froid qui me transperça de part en part. « Mon dieu » murmurais-je comprenant enfin par quoi Lynn était passée durant mon absence. « Est-ce que tu crois que tu revivras une grossesse à risque ? Je veux dire pour toi et l’enfant ? » Lui demandais-je car je crois que je n’étais pas prêt à lui faire revivre cela non plus et que si elle désirait ne pas poursuivre cette grossesse à terme, par amour, je serais prêt à l’accepter. Mon désir d’avoir une famille nombreuse et aimante ne passerait jamais avant la sécurité et la santé de Lynn ou de nos enfants. Impensable.
« Justement tu m’avais dit la même chose pendant la grossesse de Hope, Caine ! Cette putain de baignoire est peut-être pas un bunker anti bombe atomique mais il n’empêche qu’ici il m’arrivera rien alors essaye de m’en extirper qu’on se marre cinq minutes ! » Oscillant entre la colère et la panique, Lynn poussa un grognement même si elle ne perdait pas une miette de ce que lui disait actuellement Caine. D’un côté l’envie de le croire et de plonger à fond dans cet évènement heureux la tentait mais de l’autre, elle n’oubliait pas une seconde l’enfer ayant été le sien, les risques qu’elle avait dû prendre bien malgré elle et tout ce que son corps avait de fait subit au cours de ces quelques mois. Comment l’ignorer ? Juste avant d’accoucher, Lynn avait été particulièrement secouée et blessée, surtout qu’il s’agissait de sa toute dernière mission à la CIA, aussi n’était-il pas étonnant en soit qu’elle ait accouché avec un peu plus d’un mois d’avance. Hope était en parfaite santé et il ne fallait donc pas qu’elle s’inquiète à ce sujet mais le cas de Tommy n’avait pas la même conclusion, il était donc logique que son esprit ne travaille à un moment donné… « Je confirme t’as rien perdu de tes réflexes, surtout quand faut squatter mon utérus bordel !! » maugréa-t-elle avant de ne se calmer : à force de s’énerver de cette manière, cela n’allait pas être plus utile pour attaquer sa grossesse sereinement… mais d’un autre côté c’était plus fort qu’elle ! Avec tout ce qu’ils avaient vécu jusqu’à lors, Lynn espérait simplement que les choses ne coulent de source de façon purement normale. « Je ne sais pas Caine ! J’ai accouché avec un peu plus d’un mois d’avance, et même si heureusement que Hope n’a rien et est en parfaite santé, je ne peux pas te garantir qu’il n’arrivera rien… je ne sais pas ce que je suis censée faire et décider. Peut-être que si je sortais de cette foutue baignoire et que j’allais voir un toubib je serais fixée mais si la réponse ne me plait pas je sais que ça va me démolir et je ne sais pas si après ces mois de merde qu’on a vécu je suis vraiment taillée pour la chose… tu veux que l’on ait cet enfant, pas vrai ? Ne me mens pas Caine McDouglas c’est limite écrit sur ta gueule ! »
« Je sais que je t’avais dit la même chose mais cette fois-ci tout est différent mon cœur ! Je ne suis plus flic, je passe mon temps dans un cabinet de psychologue où mon plus grand risque est de voir un patient se suicider ou de tomber sur une nymphomane. Et non, je ne fais pas référence à ta dernière visite en date » lui souriais-je avant de soupirer. J’avais bien conscience des craintes de ma femme et sûrement que je ne pouvais mesurer sa souffrance mais je ne pourrais jamais voir une grossesse comme la fin du monde –surtout pas s’il s’agissait du fruit de notre amour. Oui, c’était imprévu et totalement à propos quand on songeait qu’on se retrouvait à peine avec Lynn et qu’il y avait encore le problème de Tommy à gérer sans parler du fait que je reprenais que peu à peu ma relation avec mon fils Connor. Toutefois, en véritable papa gâteau, je me faisais une joie de cette naissance mais il était hors de question pour autant que Lynn en soit malheureuse. Je n’étais pas égoïste ou du moins pas à ce point-là. « Arrête de toujours me rejeter la faute, je te signale que tu n’as pas plus pensé à mettre une protection que moi et je pensais bêtement que tu avais repris ta pillule… » Râlais-je tout de même car je commençais un peu à saturer de ce reproche latent. Oui, j’avais une part de responsabilité mais jusqu’à preuve du contraire, elle était là aussi au moment de la conception ! « Tu veux que je subisse une vasectomie pour qu’on n’en parle définitivement plus ? » ajoutais-je en désespoir de cause. Toutefois, je sentais que ce n’était pas là le véritable problème dans l’histoire et j’eu raison quand ma femme me confia les problèmes qu’elle avait eu avec Hope. Je m’en voulais de ne pas avoir été présent pour l’aider et sûrement que cette culpabilité ne cesserait jamais car quelque part, je l’avais abandonné malgré toutes mes promesses. « Oui j’ai envie de cet enfant mais pas si cela doit te mettre en danger. Nous avons déjà trois beaux enfants et je serais quoiqu’il arrive un père comblé sans parler d’un mari tout autant comblé. Chérie, je suis là avec toi, il n’y a plus de CIA entre nous, plus de terroriste pour me mettre une balle en pleine tête afin de me tenir éloigné de vous. Même ça, ça ne m’a pas empêché de vous retrouver. Je t’aime et je serais prêt à déplacer des montagnes si cela pouvait te redonner confiance en l’avenir, en notre avenir. Lynn, il n’y a qu’une seule chose à faire, aller voir ensemble un médecin et nous affronterons le verdict ensemble. Partenaire jusqu’au bout ! »
« Ouais bah ma pilule je l’ai oubliée, ça va ! » grogna à nouveau Lynn bien qu’elle était en train de prendre conscience qu’elle allait sûrement beaucoup trop loin. Diantre, elle ne pouvait pas s’en empêcher, cette nouvelle était tombée tel un coup de massue sur sa personne et la panique lui faisait dire et faire n’importe quoi. Elle ne voulait pas que Caine se sente coupable ou même de s’énerve, elle-même n’était pas en colère en soit elle avait juste… peur. Et bien qu’elle ait toutes les raisons du monde d’être comprise de ce point de vue là, son écossais d’époux n’avait pas nécessairement à être pris en guise de punching ball. « T’as pas fini de dire des conneries oui ! Si tu te fais faire une vasectomie Caine McDouglas, prie pour que je ne l’apprenne jamais car sinon, je te recoupe tout ce que tu sais à la machette rouillée, vu ? » Lynn n’avait rien perdu de sa superbe niveau violence, bien qu’il n’ait absolument aucun souci à se faire : le jour où il deviendrait un mari battu, les poules porteront des Nike dernier cri. « Ni même Cruella pour nous faire chier et nous enfermer dans les cellules de la CIA ! » reprit-elle avec davantage d’ironie comme pour ne pas se concentrer uniquement sur sa panique mais bien sur quelque chose de plus positif. Ne plus avoir sa mère sur le poil, cela mériterait de sabrer le champagne, pas vrai ? « Je suis désolée d’avoir aboyé comme un bouledogue mais si tu savais à quel point je ne m’y attendais pas… mais je suis trop conne parce que c’est une merveilleuse nouvelle alors ça m’énerve de faire chier comme ça ! Mais t’es au courant que là, t’auras pas d’excuses… va me falloir des tonnes de fraises alors prépare au moins un cargo de livraison ! Écoute… je fais un boulot qui est nettement moins stressant au SHIELD et s’il faut vraiment je demanderai à bosser ici, en mode visioconférence. A l’air de la technologie ça doit pouvoir se faire bordel ! Tu m’aiderais à sortir de là ? » Comprendre : on va tout de suite chez un doc pour savoir sinon elle ne risquait pas de pouvoir dormir de la nuit…
Enfin nous progressions, elle admettait aussi avoir sa part d’erreur. Cela tombait à pic car elle avait mis à mal ma patience et pourtant dieu seul savait à quel point j’en possédais. Simple, un homme normalement constitué aurait déjà craqué avec une chieuse pareille. Moi pas. Pourquoi ? J’étais furieusement amoureux de cette femme qui prenait notre baignoire pour un bunker antiatomique. « Il faudrait savoir, tu m’accuses de faire de la location abusive d’utérus et cette solution ne te plait, tu sais qu’enceinte ou non, tu restes ma chieuse préférée ? » lui souriais-je montrant ainsi qu’au-delà de tout ce qu’elle pouvait hurler, grogner ou que sais-je encore, elle restait mon épouse et la femme que j’aimais. « Amen ! » rigolais-je à ses propos sur sa mère. Franchement, je n’étais pas mécontent d’être débarrassé de ma belle-mère car si pour certains, c’était un mythe pour moi, c’était la réalité. J’avais une belle-mère psychorigide et c’était peu le cas de le dire. « J’accepte cette mission mon ange, j’irais te chercher tes cargaisons de fraises ! » rigolais-je de bon cœur sentant la situation se désamorcer d’elle-même. Aussi, l’aidais-je à sortir de la baignoire non sans lui voler un long et tendre baiser. « Il va vraiment falloir que l’on se trouve une maison plus grande… avec un jardin ! Tu auras tes fraises et moi j’aurais mon chien » la taquinais-je non sans la pousser gentiment mais sûrement vers la sortie de la salle de bain. « N’empêche la baignoire… tu n’as pas trouvé plus confortable comme lieu de repli ? » la taquinais-je tandis que je laissais prendre un rendez-vous urgent avec son gynécologue pour m’occuper de nos enfants. On n’allait pas les laisser à la maison sans surveillance. Il était temps de sortir la double poussette. « Connor, aide-moi en préparant ton frère s’il te plait » lui demandais-je tandis que je m’occupais de Hope, plus petite et donc plus fragile –même si mon fils était très attentionné quand il s’agissait de son frère et de sa sœur. « On va où papa ? » me demanda-t-il. « On va chez le docteur, ta maman est un peu barbouillée, je crois qu’elle n’a pas supporté toute cette crème au chocolat » plaisantais-je faisant rire mon fils. Dix minutes plus tard, toute la smala était enfin prête. « On va faire fureur au cabinet » blaguais-je.
« Ouais bah la baignoire c’est tout ce que j’ai trouvé sous la main ! T’aurais préféré quoi, que j’me planque dans tes caleçons ? Tu m’aurais pas retrouvée vu le bordel qu’il y a dans ton placard ! » Pour un peu, Lynn avait presque l’impression d’être la mère de Caine qui lui hurle après à cause de son « bordel organisé ». Mais quelque chose lui disait qu’elle aurait bientôt d’autres choses à penser, aussi lâcha-t-elle prise… jusqu’à un certain point. « Je t’en foutrais de la crème au chocolat » marmonna-t-elle dans la barbe qu’elle n’avait pas, plus par fierté qu’autre chose. Effectivement, l’expédition jusqu’au gynécologue fut purement épique, surtout qu’elle avait réussi par on ne sait quel miracle à prendre un rendez-vous en urgence. Par chance, à l’hôpital où le spécialiste officiait, il y avait un système de garderie prévu et les deux parents n’eurent par conséquent pas à s’inquiéter de la logistique à ce niveau. Caine put tout à fait l’accompagner dans le cabinet et cela rassura grandement Lynn… elle avait vraiment l’impression de revenir deux ans en arrière, lorsqu’elle attendait Tommy et qu’elle ne savait pas le moins du monde à quelle sauce elle risquait d’être mangée. De l’eau avait coulé sous les ponts depuis et pourtant, l’angoisse de la canadienne n’avait pas diminué d’un pouce. « J’entends deux cœurs » déclara subitement le gynécologue alors que la brunette serrait délicatement la main de Caine dans la sienne. Elle finit d’ailleurs par manquer de la lui broyer sous le choc, Lynn se trouvant actuellement bien trop à fleur de peau pour se contrôler. « Comment ça deux cœurs ?! Il est pas normal ?!?! » « Bien sûr que si madame, mais vous avez deux bébés. » Oh nom d’un chihuahua enragé. La jeune femme demeura un instant inerte, son cerveau ayant subitement cessé de fonctionner comme s’il allait se redémarrer d’une seconde à l’autre en mode sans échec suite à un plantage. DES JUMEAUX ?! Impossible. Impensable même ! Lynn se faisait à peine à l’idée d’avoir un quatrième enfant mais un CINQUIÈME en prime ? Elle allait s’évanouir. « Tu vois je t’avais dit que c’était ta faute !! Tu pouvais pas commander à tes spermatozoïdes de pas être en mode anabolisant et supra en forme !! » Elle n’était pas en colère, loin de là, elle ne savait juste pas comment réagir. Le médecin sembla le comprendre aussitôt et retourna à son bureau pour écrire son compte rendu tandis que les yeux profondément sombres de la brunette s’étaient considérablement humidifiés. « Par contre, les deux fœtus sont extrêmement accrochés l’un à l’autre. D’après mon expérience cela risque d’empêcher votre paroi utérine de s’étendre progressivement et donc entraîner des complications. Je vous préconise un repos complet, aucune contrariété, pas d’activité physique et surtout pas sexuelle, qui pourrait fragiliser votre paroi utérine et surtout, surtout, le fait de rester allongée le plus possible. Je vous revois dans trois mois pour une deuxième échographie de contrôle, Madame McDouglas. »« C’est mal barré pour Mickaël l'absence de contrariété… oh bordel de bordel ! »
Un fin sourire amusé étira mes lèvres lorsque je l’entendis râler sur la crème au chocolat. Je savais que cela ferait mouche mais ce n’était qu’une basse vengeance pour avoir osé critiquer mon bordel organisé. Oui, j’étais bordélique et le ménage et moi ne faisions pas franchement la paire. Lorsque je vivais encore avec William, on devait limite tirer à pile ou face pour savoir qui serait de corvée et je ne savais pas comment il s’y prenait mais je paumais toujours à ce jeu-là me coltinant la poussière et la serpillère. Cette époque me paraissait si lointaine en vue de tout ce que j’avais vécu depuis : mon entrée à la CIA, la rencontre avec Lynn, nos différentes missions puis le fait de s’être mis en couple etc. C’était presque surréaliste que de la voir avec une poussette entre les mains mais j’aimais aussi cet aspect de notre couple. Une normalité toute relative quand on connaissait notre parcours seulement le monde était empli de secret et nous ne faisions pas exception à cette règle. Cependant, j’étais loin de me douter de la nouvelle qui allait nous tomber sur le coin de la gueule et ma main s’en rappellera toujours. « Lynn, tu me broies la main ! » grognais-je en essayant de me soustraire à sa prise mais c’est qu’elle était accrochée la charogne pensais-je avec agacement car elle me faisait un mal de chien ! Si ça continuait, elle allait me péter quelques phalanges bien que j’étais résistant à la douleur –il ne fallait pas oublier que j’avais été torturé et laissé pour mort quelques mois auparavant ; « Que veux-tu, tu as le plus doué des maris, mes spermatozoïdes sont simplement sur puissant » plaisantais-je « Non tu me tapes pas ! » ajoutais-je par mesure de précaution. « Bon sang des jumeaux. Je n’en reviens pas ! » Et c’était vrai, j’étais totalement sur les fesses mais aussi le plus ravi des hommes. Je l’avais ma famille nombreuse « Ce n’est pas une équipe de rugby mais je me contenterai d’une équipe de basket pour commencer… et terminer » si je continuais sur cette lancée, j’allais réellement m’en prendre une tant elle était sur les nerfs. Toutefois, je redevins sérieux quand le médecin reprit la parole pour lui donner les consignes pour le bon déroulement de sa grossesse. « Elle se reposera » affirmais-je avec assurance même si pour cela, je devais l’attacher car il était hors de question qu’elle ne lève pas le pied.
Caine n’était pas le seul à être sur les fesses en vérité. Lynn était la première de chez première ! Comment ne pas l’être ? Non seulement elle attendait des jumeaux mais en prime, le simple fait de lever le petit doigt pouvait être dangereux pour eux ! Quelque chose lui disait que son boss risquait de grogner à l’entente de cette nouvelle mais d’un autre côté, si son flair d’ancienne agente de la CIA ne l’avait pas abandonné, la brunette savait qu’il n’irait pas jusqu’à le lui faire comprendre. Entre son nouveau boss et sa mère, c’était purement et simplement le jour et la nuit. Il l’avait énormément aidée depuis sa prise de poste, s’était arrangé pour qu’elle soit acceptée de l’intégralité de son équipe et qu’elle prenne ses marques aussi rapidement que faire se peut. Il n’avait pas gagné un œil sur elle, mais les deux. Il allait probablement continuer en la sachant future maman à nouveau, et ne manquerait pas de ne faire appel à quel qu’en mode visio conférence. Après tout, un boulot d’analyste ne requiert que très rarement le terrain, surtout au niveau de leurs dossiers actuels. « Tu étais bien sûr de toi en disant que j’allais me reposer ! » Lynn ne beuglait plus, cette nouvelle l’avait atrocement calmée. Elle en profitait pour prendre l’air quelques minutes avec Caine avant même que d’aller chercher les enfants, toujours à la garderie… ils pouvaient bien se parler quelques minutes avant de rentrer non ? Sinon elle allait s’évanouir ! « Des jumeaux… putain j’arrive pas à le croire mais je vais crever, déjà que Hope me martyrisait le bidon là ça va être une saloperie de champ de bataille ! J’te raconte pas, mon utérus va être en charpie après ça ! » A plusieurs reprises, elle se frotta le visage à l’aide de ses mains, comme pour tenter de s’apercevoir qu’elle ne rêvait pas mais à la place de cette certitude, son regard se posa bientôt sur une silhouette qu’elle ne connaissait que trop bien. Cet homme qu’elle avait longuement côtoyé se tenait droit comme un i sur le trottoir d’en face, sans la lâcher du regard. Il n’accordait aucune attention à Caine, bien évidemment… mais était-ce étonnant ? « J’ai besoin de cinq minutes » déclara-t-elle, on ne peut plus sérieuse, tentant de calmer cette envie de l’étrangler par un sérieux extrêmement surprenant pour quelqu’un comme elle. « Tu vas me laisser cinq minutes pour obtenir satisfaction et tu vas veiller sur les enfants en attendant. Fais-le pour moi s’il te plaît. » Certes, pendant ces cinq minutes, elle n’allait pas respecter les indications de son doc… mais tant pis, Tommy attendait toujours sa greffe et cela urgeait pareil !
Un sourire des plus heureux se dessinait sur mes lèvres. Des jumeaux, Lynn et moi attendions des jumeaux ! Nous allions passer de trois à cinq enfants en l’espace de quelques mois et il me tardait déjà de les voir pointer le bout de leur nez. « Je suis toujours aussi sûr de moi, tu vas te reposer mon cœur car je vais m’assurer que tu le fasses ! » répondis-je en douceur car je connaissais suffisamment ma femme pour savoir qu’elle était une véritable boulimique du travail et que l’inaction allait s’avérer la pire des tortures. Aussi, je me préparais mentalement à des mois de bras de fer avec elle mais si ce n’était pas le cas, je crois que cela n’aurait pas la même saveur. J’aimais son caractère trempé, le fait qu’elle sache ce qu’elle voulait dans la vie. Bien sûr, elle était chieuse comme personne mais ça contribuait à son charme. « Pitié, pour ma santé mentale, arrête de parler de ton utérus toutes les cinq minutes, c’est une image assez dérangeante que tu me colles à chaque fois » râlais-je car à force, j’allais finir par voir des utérus partout où nous irions. Et c’était une expérience que je préférais de loin me passer car je tenais à ne pas devenir dingue. « Il n’y avait jamais eu de jumeau dans ma famille, peut-être que ça vient de toi ? » la taquinais-je car après tout, toutes les tares ne venaient pas de mon côté, elle pouvait aussi avoir sa part de responsabilité. En tout cas, aucune trace de jumeaux dans ma famille proche et comme cela sautait une génération parait-il, cela ne pouvait donc venir que de la branche Maryweather. Cela lui ferait les pieds songeais-je avec humour anticipant déjà le fait que ma chère et tendre épouse allait sûrement râler comme pas possible. « Cinq minutes ? » répétais-je tandis que je la voyais se fermer comme une huitre. Je tournais le dos au trottoir d’en face donc je n’avais pas encore repéré son ex –et donc le père biologique de Tommy mais à la voir aussi sérieuse, je me retournais. « Lynn… Bon sang, tu ne songes quand même pas à aller lui casser la gueule ? Je te signale que le médecin a dit du repos merde ! » Marmonnais-je mais je savais très bien qu’elle m’écouterait pas –elle le faisait jamais ; et dans un même temps, je ne la retenais pas non plus. A quoi cela servirait-il de toute de manière. « Evite de le tuer »
« Caine j’ai dis juste cinq minutes, tu pourras me rappeler les indications du doc aussi longtemps que tu voudras après, d’accord ? » Certes, Lynn avait un peu aboyé la chose mais cela faisait des semaines qu’elle courait après cet enfoiré de Mikaël et l’avoir en face d’elle était presque trop beau pour être vrai. Elle traversa donc la rue en prenant bien soin de ne pas se faire renverser en prime, évitant la bise qu’il voulut lui faire en le poussant sans violence, tentant autant que possible de se souvenir justement qu’elle n’était pas toute seule dans l’équation et que les jumeaux avaient besoin qu’elle reste aussi calme que possible. « Je peux savoir pourquoi tu as mis cinquante ans à te décider à réapparaître ? Ou bien peut-être voulais-tu que je t’extirpe ton putain de foie à la tenaille ? C’est vrai que ça aurait été bien plus sport ! » « Mais que tu es hargneuse, ma belle… c’est toujours ce que j’ai adoré chez toi. » « Ne me touche pas ou tu perdras une certaine partie de ton anatomie ! Tu sais que je tiens toujours mes promesses contrairement à toi. » La rage, la haine. L’envie d’en découvre avec cet abruti ne manquait pas et pourtant, elle croisait les bras contre son corps pour éviter la tentation de lui refaire le portrait. Tommy avait trop besoin de cette intervention et elle n’en pouvait plus de voir son petit bout souffrir. « Notre fils a besoin d’une partie de mon foie, c’est ça ? » « Il n’est en rien ton fils et tu t’es toi-même privé de ce droit quand tu m’as lâchée comme une grosse merde ! Tommy est surtout mon fils et son père, c’est l’homme qui le borde tous les soirs, qui lui lit des histoires, qui sèche ses larmes et est là à chaque seconde de chaque jour ! OU TU ES TOI HEIN ESPÈCE DE CONNARD ! » Lynn fit un pas en arrière lorsqu’il tendit la main vers elle, cherchant désespérément à ne surtout pas créer de proximité avec ce sale type qu’elle rêvait de voir noyer au fond d’une fosse à purin. « Lynn… je sais que j’ai fais d’insupportables erreurs mais je me dis que l’opération de Tommy, c’est la providence. Je ne veux pas qu’il souffre et je vais lui donner cette partie de mon foie. Mais en échange, je veux que l’on dîne un soir de cette semaine. Juste un dîner. » La canadienne brandit son annulaire gauche pour montrer fièrement son alliance. « Mariée ! Et fière de l’être parce qu’au moins, je suis bien traitée et je sais que mon mari ne me fera jamais de mal. Il est bon, doux, romantique, à des lieues de l’être abject que tu es ! » Mikaël lui tendit sa carte avec son numéro de portable avec également l’adresse du restaurant et l’heure où il voulait qu’elle soit le lendemain soir. C’est donc une Lynn presque blême qui retourna auprès de Caine, lui faisant signe de venir vers elle pour que les enfants n’aient pas à entendre ce qu’elle s’apprêtait à dire. « Cet enfoiré veut que je dîne avec lui demain soir sinon il ne se fera pas opérer. Je le connais que trop bien ! Rhaaaa j’ai envie de lui couper les couilles avec un hachoir tiens !! »
La tentation de rejoindre ma femme était forte mais je savais qu’elle n’apprécierait pas que je me mêle de cette conversation si on pouvait appeler cela une conversation car de là où j’étais, je voyais clairement que Lynn était agacée à la limite de l’explosion. Pour ma part, je n’étais pas loin –oui, il m’arrivait d’exploser également mais c’était si rare que lorsque je sortais de mes gonds, cela avait le mérite de surprendre voire d’apeurer quelques fois. En réalité, je n’avais envie que d’une chose, c’était d’aller enfoncer la tête de ce type dans le mur d’en face et d’appuyer jusqu’à ce que cela fasse un beau fruit pressé ! Merde, il jouait avec nos nerfs et pendant ce temps-là, c’était notre fils qui trinquait. Je n’arrivais pas à me dire que Tommy pouvait être son fils à lui ; Il était le miens ! J’avais pris soin de lui depuis notre première rencontre. Je me rappelais encore de la première fois où je l’avais rencontré. Ce soir-là, Lynn était arrivée en robe de soirée, un couffin à la main. De suite, j’étais tombé sous le charme de la mère et du fils. J’aimais sincèrement Tommy et quand il me regardait et agitait les bras pour que je le prenne dans ses bras, c’était un vraiment sentiment paternaliste qui me traversait de part en part. Cet homme n’en était que le géniteur et il était hors de question qu’il vienne semer la zizanie dans notre couple. Je n’avais pas survécu à la torture ni même à une balle en pleine tête pour me laisser emmerder par le premier connard venu ! Voilà que Lynn m’influençait et que je me montrais facilement trivial. Si elle prenait connaissance de mes pensées, l’image du prince charmant allait en prendre un coup. « Attends, un dîner ? » répétais-je lorsqu’elle revint vers moi, m’apprenant les conditions de son ex. « Tu n’es pas en train de me dire qu’il monnaie la santé de notre fils ? Un dîner et après, il va exiger quoi ? Que tu couches avec lui comme au bon vieux temps ? OK.. Tu vas aller à ce dîner mais je viendrais avec toi et je vais clairement lui faire comprendre ma façon de penser. Il n’a pas dit que tu devenais venir seule après tout ? Bon sang ça me rend dingue de voir qu’on puisse encore faire du chantage alors que la vie d’un enfant est en jeu. Je crois que c’est la première fois de ma vie que j’ai envie de t’encourager à castrer un homme » soupirais-je en me passant une main lasse sur le visage. Cela me tuait et une certaine jalousie me rongeait également. Si je tenais ce fils de p… devant moi, je crois que je ne me retiendrais pas.
Oh il ne marchanderait pas longtemps avec Lynn car elle n’avait aucune espèce de patience. Elle n’avait pas non plus de temps à perdre, Tommy ayant déjà attendu bien trop longtemps à son goût, et puis elle ne pouvait pas mettre de côté que désormais, elle n’était plus seule dans son corps et qu’il ne fallait pas qu’elle merde sur ce coup là. Pas alors que de toute évidence, le moindre écart pouvait être mortel pour ces deux petits bouts pas plus gros qu’un minuscule haricot de lilliputien. « Caine… » murmura-t-elle avant d’opter finalement pour le fait de l’embrasser, qu’importe l’assemblée ou le fait qu’ils ne le fassent devant leurs enfants, après tout, qu’il y avait-il de plus naturel que de voir ses parents être amoureux et s’embrasser ? Sauf qu’en l’occurrence, c’était pour calmer les ardeurs de son époux que la canadienne venait d’user de ce stratagème. Elle se disait que cela pouvait marcher… « Tu es vraiment sexy quand tu es en mode preux chevalier mon ange » murmura-t-elle à son oreille pour qu’il soit le seul à l’entendre, tentant d’apaiser le feu de ses précédentes paroles. Ou en attiser un autre, c’était à voir. « Il finira sûrement avec son service trois pièces coupé à la machette rouillé, t’inquiètes de rien. Je ne sors pas du restau tant qu’il n’accepte pas de nous suivre direct derrière pour que Tommy se fasse opérer. Il a trop attendu et ça me déglingue de voir à quel point alors qu’il a à peine deux ans il fait le fort pour ne pas nous inquiéter… » Lynn n’en n’était pas peu fière, de son petit bout. Et pourtant, tous les deux revenaient de loin, ce n’était pas peu dire. La brunette ne pouvait pas oublier à quel point elle s’était accrochée à lui dès qu’elle avait accepté le fait d’être mère et célibataire d’un même temps… Mikaël avait abandonné une femme en or ainsi que son fils, tant pis pour lui. S’il se réveillait maintenant, c’était trop tard. « Je ne serais pas allée à ce foutu dîner de merde sans toi. Je me connais, sois il va faire des allusions de merde et je vais lui défoncer la tronche, soit je vais être en mode hormones et avoir du mal à le contrer. Dans un cas tu me canaliseras pour éviter que les bébés n’en pâtissent, dans l’autre… tu m’aideras à lui démonter la cervelle avec des pics à fondue ? »
Caine ? Oui c’était mon prénom pensais-je avec dérision tant j’étais perdu dans ma propre colère. Il m’arrivait rarement de me mettre dans mes états mais cela me rendait malade qu’un père puisse être aussi indifférent au sort de son enfant. Bon sang, s’il était arrivé à la même chose à Connor, j’aurais pu lui donner un de mes bras voire tout ce qui était en mesure de le sauver. Je ne parlais même pas de ma jalousie qui se mêlait au problème rendant les choses encore plus complexes à démêler. « Je veux juste vous protéger mon cœur, ce type… j’ai juste envie de lui éclater la tête contre un mur et pourtant, je suis le plus pacifiste de nous deux ! Je ne supporte pas qu’on puisse laisser son enfant souffrir et surtout, je ne supporte pas qu’on traite une femme aussi extraordinaire que toi, de cette façon. Cela me rend dingue » soupirais-je car l’un dans l’autre, je n’aimais pas être aussi énervé. Je me targuais souvent d’être une personne calme, réfléchie, qui agit dans la réflexion et non dans la précipitation. Or là, je n’avais qu’une seule envie, c’était de le tuer. J’allais finir par croire que cette histoire d’amnésie m’avait retourné le cerveau. « Oui, c’est un bon petit, aussi fort et fier que sa maman ! Tommy est très courageux et on va se battre nous aussi pour l’aider car ton ex va pas s’en tirer à si bon compte » lui assurais-je en la serrant dans mes bras car j’avais besoin de sentir ce contact pour me calmer qu’importe qu’on soit en pleine rue. D’ordinaire, je n’étais pas très démonstratif en public, étant de nature assez pudique sur mes sentiments mais là, j’avais juste besoin de me calmer et Lynn avait toujours eu ce magnifique effet sur moi –même si elle savait comme personne m’agacer dans un même temps. C’était le secret de notre mariage après tout ! « Nous irons ensemble que cela lui plaise ou non. On peut laisser les enfants à mon frère ou à Gaspar s’il n’est pas occupé voire à ton père » lui proposais-je en évitant le terrain de mes parents car même si je leur avais pardonné, il y avait des choses que je n’étais pas encore prêt à faire comme leur confier nos enfants. Il faudrait du temps pour réinstaurer une confiance. « En gros, c’est comme avant, partenaire pour une mission, tu sais, ça me manque de ne plus travailler avec toi » lui avouais-je même si j’étais heureux qu’on ne mette plus nos vies en danger.
« Gaspar sera gaga du fait qu’on ne lui laisse les enfants, je l’ai extrêmement peu vu ces derniers temps et je pense qu’il sera ravi qu’on ne lui fasse confiance. » Que Caine n’ait aucune crainte, le sujet « famille proche » était tout aussi compliqué pour Lynn, mais sous un angle très légèrement différent à vrai dire. Voilà pourquoi elle opta sans conteste pour l’option Gaspar, qui fut effectivement ravi d’avoir trois petits bouts à accueillir dans ses grands bras en manque d’amour. Quant aux deux jeunes gens, cela leur laissa tout le loisir de se préparer à leur appartement le lendemain, avant que l’heure H ne sonne. La canadienne avait fait de la chambre un vrai champ de bataille tant elle ne savait pas quoi mettre, c’était une véritable catastrophe. Hors de question de mettre quelque chose de trop sexy, mais ce n’était pas plus son genre de porter une tente qui ne montrerait en rien ses formes et les cacheraient bien au contraire. « Bordel de putain de merde, j’ai rien à me mettre !! » La traditionnelle phrase féminine alors qu’elle était en sous-vêtements à tout remuer dans tous les sens. Décidément, il serait dit qu’elle ne trouverait pas de tenue adéquate pour ce genre de soirée rasoir où elle aurait sûrement du mal à se contrôler de lui refaire la face. « Chéri j’ai pas envie d’avoir l’air une pauvrette mais j’peux pas m’amener avec un truc ultra sexy, tu vas lui crever les yeux direct ! J’ai b’soin de ton aide illico prestoooo ! » A vrai dire, s’il ne fallait pas faire absolument opérer Tommy dans les plus brefs délais, Lynn n’aurait pas eu ce genre de dilemme. Que ne ferait-elle pas pour son fils… « Putain j’ai la gerbe… » Classe, très classe ! Mais en attendant, elle était pâle à cause de ses nausées et dû s’asseoir sur le lit conjugal pour éviter de tourner de l’œil. La moindre odeur était une abomination pour ses narines, y compris la douleur de son propre parfum. C’était pire encore que lorsqu’elle était enceinte de Hope… « J’peux pas juste le massacrer, prendre son foie et me casser à ton avis ? »
« Dans ce cas, Gaspar s’en occupera ! » répondis-je car même si j’avais la rancune tenace, cet homme était le meilleur ami de ma femme et je me devais de faire des efforts en son sens pour le bien de mon couple, de ma famille. Dans le fond, il n’était pas désagréable et j’aurais très certainement agit pareillement si ma meilleure amie avait été en détresse émotionnelle à cause d’un homme mais cela m’avait énervé que cela se fasse sous les yeux de mon fils. Ce n’était pas Lynn qui avait dû rassurer Connor à cette époque et je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qui se serait passé si Gaspar s’était montré bien plus virulent ce jour-là. Et ça, mon côté papa poule s’insurgeait. Toutefois Gaspar était le cadet de mes soucis car Lynn et moi avions d’autres chats à fouetter comme le géniteur de notre fils. « Je vais prendre une douche » lui annonçais-je bien plus tard lorsque nous passâmes la porte d’entrée de notre appartement. Les enfants étaient donc chez Gaspar et nous avions suffisamment de temps pour nous préparer en vue du dîner au restaurant. Je n’avais particulièrement envie d’y aller mais nous n’avions pas le choix –l’avenir et la santé de Tommy passait bien avant tout. Je venais de sortir de sous la douche, me séchant quand ma femme m’appela depuis notre chambre. Je ceinturais mes hanches d’une serviette blanche et la rejoignait, bloquant sur le monticule de fringues qui s’entassait sur ce qui était notre lit conjugal. « Et dans toute cette tonne, tu n’as rien trouvé ? » demandais-je un peu perplexe. Les femmes et leur garde-robe resteraient un mystère pour moi jusqu’à la fin de ma vie. « Et ta petite robe noire ? Tu sais celle pour la mission à Rome, elle était très bien non ? » Proposais-je sans trop d’idée car je n’étais pas un fan de mode mais cette robe était simple et elle avait un charme fou dedans. « Crois-moi, je ne dirais pas non pour cette solution » soupirais-je en enfilant un boxer noir pour ouvrir mon côté de la penderie –nettement moins fourni ; « mais je doute que ce soit très légal comme procédé ! A la limite, on peut toujours le kidnapper, l’endormir, le donner à ce bon vieux Kerman –tu sais, celui qu’on a arrêté une fois dans cette histoire de trafic international d’organe ; et il prélèvera ce qu’il faut sans le tuer si on le lui demande » répondis-je avec un léger sourire. Oui sous mes airs de prince charmant se cachait un sadique refoulé. « Ça va mieux tes nausées ? » m’inquiétais-je en enfilant un jean.
« Elle n’est pas trop sexy la robe noire ? Non parce que je sais pas si tu as remarqué mais ma poitrine est en train d’exploser bordel ! » Lynn avait juste eut le temps de saisir ladite robe dont parlait Caine pour mieux la regarder sous toutes les coutures une fois assise. Effectivement, elle la mettait diablement en valeur en plus d’être confortable, c’était donc un choix avisé même si la piquante brunette prendrait très mal que cet abruti de Mikaël ne reluque sa poitrine devenue nettement plus proéminente depuis quelques jours. Qu’importe, de toute manière, Caine sera là pour veiller au grain en cas d’envie de meurtre de sa part, Lynn n’avait donc rien à craindre de précis. « Nom de dieu Kerman, je l’avais complètement oublié ! Mais si j’me souviens bien ils se faisaient payer en diamants, pas en cacahuètes… ça va être la merde si on veut… ça va me regarde pas comme ça, je déconne ! Je préfèrerais pas cela dit, mais je déconne quand même ! » Sa tête tournait légèrement à force de gesticuler dans tous les sens, tant et si bien qu’elle sortit le tensiomètre donné par le gynécologue avec ses instructions pour mieux le mettre au poignet. « On va voir si effectivement je suis ultra tendue et si cette saloperie bipe… je sais, je le mets jamais mais ça me gonfle ce truc ! » Cet instrument de torture devait lui indiquer quand s’arrêter de faire toute activité pour s’allonger. Mais Lynn n’avait pas envie d’être allongée vingt-quatre heures sur vingt-quatre, elle vivrait bien trop mal la chose et aurait tôt fait de devenir littéralement cinglée. « Si je continue à avoir la tête qui tourne, disons que je n’aurais pas salué cet enfoiré que je lui aurais déjà gerbé dans la face ! » maugréa-t-elle pour expliquer que ses nausées étaient loin de la laisser tranquille et que ce dîner n’était pas, mais alors pas du tout recommandé dans son état. La preuve, à peine eut-elle placé le tensiomètre contre son poignet qu’il bipait déjà. A croire qu’elle fasse de l’hypertension chronique, chose qui ne serait guère étonnante venant de quelqu’un comme Lynn. « Nan, nan, nan ! Même si cette saloperie bipe n’essaye même pas de m’allonger ou j’te mors direct ! »
« Ma chérie, je l’ai plus que remarqué mais en fait… Tu vas me trouver crétin mais je n’ai pas envie que tu te caches, je veux qu’il comprenne qu’il a perdu la femme la plus extraordinaire et la plus magnifique qu’il existe sur Terre… Je sais, ça fait homme des Cro-Magnon et je m’en veux de me conduire aussi puérilement mais j’ai envie que tu sois telle que je te vois : désirable, magnifique, indomptable » déclarais-je en détournant la tête, un léger rougissement tonifiant mes joues. Bon sang, je ne me reconnaissais pas, si je continuais j’allais lui proposer de regarder qui avait la plus grosse. Bonjour le romantisme sur ce coup-là ! Lynn était en droit de m’en vouloir de me conduire en parfait macho mais c’était plus fort que moi. Heureusement que je n’étais pas mon propre thérapeute sinon j’aurais du boulot sur la planche. Enfin pas tant que ça, je savais que je me mettais sur un terrain de compétition car il avait été son amant, elle l’avait aimé et ils avaient eu Tommy ensemble. Je crois que dans le fond, j’avais simplement besoin de me mesurer à lui sur tous les terrains possibles et inimaginables. Alors oui, je me laissais aller à mes plus viles instincts n’hésitant pas à remettre sur le tapis un trafiquant d’organes rien que pour être certain de me débarrasser de cette ombre planant au-dessus de notre famille. « Il m’en faudrait pas beaucoup pour ne pas être tenté » murmurais-je en terminant de m’habiller, avisant que Lynn mettait son tensiomètre qui bien sûr, bipa à peine allumé. Je grimaçais. « Ça peut toujours être une idée ! On aura qu’à dire que c’est un cadeau de nos futurs enfants, genre bonjour et adieu, merci d’être passé… Lynn, tu as besoin de te reposer et surtout de te calmer, le médecin t’a prescrit du calme ! C’est de la folie d’aller voir ton ex, tu vas exploser à peine son visage en face de toi » grimaçais-je essayant de savoir comment faire pour qu’elle retrouve son calme et qu’elle ne mette pas sa santé en danger à cause d’un homme qui ne mérite même pas qu’on s’attarde sur son cas si ce n’est pour la santé d’un petit garçon innocent. En soupirant, je retirais ma veste et la rejoignit dans le lit pour l’attirer dans mes bras. « Essaie de te concentrer sur les battements de mon cœur, ça va te calmer » murmurais-je en lui caressant les cheveux.
Disons que si Lynn portait son tensiomètre au restaurant, il allait se mettre à biper toutes les cinq secondes. La canadienne le savait, et pourtant, elle l’avait mis juste histoire de connaître avec exactitude l’état de nerfs dans lequel elle était déjà. C’était même pire que tout ce qu’elle avait imaginé ! Caine en vint à grimacer – chose qui n’était pas réellement étonnante – et Lynn n’émit aucune hésitation lorsqu’il l’invita à se blottir contre son torse, dans ses bras profitant de la chaleur rassurante et apaisante qu’il lui offrait désormais. « Ce bidule bipe moins quand je suis contre ton petit torse mon chou » soupira-t-elle d’aise, bien que Lynn soit encore aussi tendue que la corde d’un arc et que la soirée en devenir n’allait pas arranger la chose. Ce qu’elle craignait, c’est que son état ne se détériore en cours de route et que les jumeaux ne soient de fait menacés. Cela la paniquait littéralement, au point de la faire trembler légèrement et de lui faire verser quelques larmes. « Ne vas surtout pas croire que cette espèce d’enfoiré me fait peur, des types comme lui j’en bouffe cinq au petit-déj ! Mais c’est dingue comme je suis… merde je suis fragile même si ça m’écorche la bouche de l’avouer merde ! » La jolie brune se blottit plus fortement contre Caine, entendant son tensiomètre se remettre à biper alors qu’elle souffrait d’une très légère crise de panique. Cela allait rapidement se calmer puisque effectivement, la canadienne était en train de se caler sur les battements extrêmement calmes de son mari, homme de la situation comme d’habitude. « Comment tu fais pour être aussi calme ? Faut que tu me donnes ton secret là, de suite ! Ca me tue mais tu as raison… d’un côté j’ai envie d’exploser à sa face pour lui refaire définitivement la tronche pour que même sa mère le reconnaisse pas mais j’ai peur pour les jumeaux. Ca me fout la trouille, j’te jure… tout à l’heure dans la salle de bain j’ai appelé le doc, j’avais quelques saignements. Je sais, j’aurais dû te le dire mais il m’a rassurée sur le fait que c’était normal au début. Surtout pour des jumeaux… mais c’est la merde j’ai peur de mon ombre alors qu’avant, j’avais l’impression d’être invincible ! » Caine allait la tuer. Bon d’accord elle finissait par lui avouer la chose mais ce qui la tendait plus encore, c’est qu’il soit inquiet.
Dernière édition par Lynn E. McDouglas le Ven 2 Aoû - 15:23, édité 1 fois
La tension de Lynn allait être surement le plus gros problème dans sa grossesse et je sentais qu'il allait me falloir des trésors de patience pour lui faire lever le pied mais j'étais armé et prêt à en découdre. "Alors mon petit torse comme tu dis -merci pour mes heures de musculation au passage; est tout à toi ! Par contre il y a le même risque de dépendance qu'un antidépresseur mais c'est moins nocif pour l'organisme" plaisantais-je pour la détendre, massant son épaule avant de me rendre compte de ses tremblements ainsi que de ses larmes. Qu'est-ce qui se passait? Elle devait être vraiment à bout de nerf pour en arriver à ce stade et je n'en étais que plus inquiet pour elle mais aussi pour les jumeaux. "Tu n'es pas fragile mon cœur et je ne doute pas que tu serais capable de te le mettre au tapis en un rien de temps. Tu es juste à fleur de peau mon cœur, c'est tout, ne sois pas aussi dure avec toi même" tentais-je de lui faire voir les choses de manière bien plus positive. Sans m'en rendre compte, je m'étais focalisé sur ces bip à répétition et je devais bien reconnaître que dès qu'ils bipaient un peu trop, mon cœur ratait un battement car je craignais réellement pour elle mais cette fois-ci, je serais auprès d'elle. Je ne laisserai rien ni personne m'éloigner d'elle. Hors de question. "Pardon?" m'exclamais-je en me redressant légèrement, très inquiet pour le coup. Je crois que si j'avais porté son machin, il aurait explosé sous ma tension. "Attends, tu es en train de me dire que tu as eu des saignements? Il est hors de question que tu ailles là bas Lynn ! On va arrêter de jouer aux cons avec ta santé et celles de nos bébés. Je vais aller voir ton ex et crois-moi de grès ou de force, il fera son don pour Tommy ! Toi, tu vas rester ici et crois-moi, je suis désolé pour ce que je vais faire mais c'est pour ton bien" marmonnais-je avant de tout simplement attraper les menottes dans la table de nuit -merci à ma chère et tendre qui aimait bien s'amuser de temps en temps; pour mieux l'attacher aux barreaux du lit. "Maudis moi si tu veux mais c'est pour le bien de notre famille ! Je t'ai fait la promesse de me battre pour vous et c'est bien ce que je compte faire" affirmais-je avant de prendre ma veste et de quitter l'appartement. Oh je savais que les menottes ne feraient que la ralentir mais c'était déjà ça de pris.
« Quoi ?! Non mais Caine tu ne vas pas me laisser menottée au lit à attendre sagement que tu reviennes !! Reviens ici de suite !! CAAAAAAAINE BORDEL !! » Lynn n’avait pas finit de s’exciter contre les barreaux du lit pour tenter de se détacher c’était une certitude. En tout cas le fit-elle jusqu’à ce qu’une lueur de génie ne la frappe et qu’elle ne se souvienne qu’elle avait attaché son chignon actuel avec des épingles. Cela fut presque un parcours du combattant que d’en ôter une épingle afin de commencer à triturer la serrure de ces foutues menottes, ne parvenant à obtenir gain de cause qu’au bout d’une bonne dizaine de minutes. « Me rappeler de jeter ces connasses de saloperies et de ne plus jamais faire mumuse avec putain !! » Lynn ne craignait pas seulement pour Caine, elle avait peur que la situation tourne tout bêtement au vinaigre. Après tout, Mikaël avait fait longuement de la boxe et son mari était le meilleur agent avec qui elle avait bossé, ils auraient donc tôt fait de s’entretuer si elle n’intervenait pas. Elle prit donc ses clefs en catastrophe – de moto en prime, puisque l’écossais avait pris leur voiture – se rendant en quatrième vitesse au restaurant où le suédois était censé les attendre et autant dire que si elle ne captait pas encore les paroles des deux hommes, la discussion avait l’air d’être à couteaux tirés. La belle canadienne se mit à une table derrière eux, en mode furtif, écoutant le fil de la conversation tout en espérant qu’elle ne serait pas trop vite repérée mais hélas, face à toute la pression supplémentaire qu’elle s’était mise en s’efforçant de se libérer des menottes puis en slalomant à travers la ville pour retrouver son époux, son tensiomètre ne manqua pas de biper au bout de cinq minutes seulement. « La ferme espèce de saloperie de merde !! » s’exclama-t-elle au bout de quelques secondes alors qu’elle tentait de l’éteindre avec efficacité et discrétion. Elle ne replaça le menu vers son visage qu’ensuite, espérant ne pas avoir été totalement grillée au passage… « Quand je pense que j’ai été treize ans sur le terrain on dirait pas… » se murmura-t-elle plus pour elle-même qu’autre chose. Mais comment Caine avait-il pu penser ne serait-ce qu’une seconde qu’elle ne chercherait pas à le suivre ? Son inquiétude pour les bébés était aussi vive que celle qu’elle ressentait pour lui ! Même si elle n’était pas encore intervenue…
Lynn allait me tuer mais peu m’importait. Je devais protéger ma famille qu’importent les moyens mis en œuvre. Je dois dire que je me reconnaissais plus, en temps normal, jamais je n’aurais agi ainsi. Je ne m’énervais que très rarement et surtout, j’étais quelqu’un qui prônait un certain pacifisme. Combien de fois m’étais-je pris la tête avec Lynn au cours de nos missions car je souhaitais éviter de tuer la cible –du moins avant d’avoir eu nos renseignements. On peut dire que j’étais plus un homme de réflexion qu’un homme d’action mais mon inquiétude et ma culpabilité d’avoir été absent durant la grossesse de Hope m’entrainait dans des actions qui me dépassaient. Je crois que je n’avais pas encore tout à fait terminé le travers sur moi que j’avais entrepris lorsque j’avais recouvré la mémoire. Sandros, en me torturant à mort m’avait plongé dans un monde de colère et de violence dont j’avais beaucoup de mal à m’extirper. Combien de nuit avais-je passé à regarder Lynn dormir, incapable de réguler mes insomnies ? Je ne comptais même plus le nombre de matin où je partais courir aux aurores pour éviter de penser à mes cauchemars. Non, Lynn avait besoin de moi et je répondrais présent même si présentement, j’avais qu’une envie : démonter la tête de ce type. D’ailleurs, la discussion s’envenimait de plus en plus au point où j’en étais arrivé à serrer et desserrer les poings pour me retenir de le frapper quand un bip résonna à mon oreille. Bon sang, elle n’était pas loin, j’en étais certain. Dans le genre discret, elle se posait en championne du monde mais je m’en foutais, je voulais la protéger, c’était une obsession. Je n’avais pas pu le faire ces derniers mois voire cette dernière année et il était hors de question que j’échoue à nouveau. Toutefois, il ne servait à rien de faire comme si elle n’était pas là. « McDouglas.. » continua Mikael et je le foudroyais du regard « La ferme ! Je n’en ai pas fini avec vous mais j’ai autre chose à faire en attendant alors vous vous la fermez et vous attendez là ! Si à mon retour, vous avez bougé d’un seul millimètre, même le médecin légiste aura du mal à affirmer que vous êtes un être humain, me suis-je bien fait comprendre ? » Le menaçais-je avant de suivre la provenance des bips qui s’arrêtèrent brusquement. « Tu l’as éteint un peu tardivement » soupirais-je conscient que sur ce coup-là, elle allait m’engueuler pour une bonne raison. « Avant que tu m’insultes sache que je ne regrette pas mon geste, je voulais vous protéger et je compte bien continuer »
Lynn se dissimulait toujours vers son menu, mais elle ne sursauta néanmoins pas en entendant la voix de Caine s’élever à proximité de sa personne. Elle se dévoila dès lors, émettant une très légère moue face au fait qu’il avait malheureusement raison : elle n’aurait jamais dû embarquer cet engin de malheur à son poignet mais dans la précipitation, la canadienne avait juste enfilé quelque chose, pris ses clefs de moto et basta, elle n’avait pas pensé à autre chose. Sans compter qu’elle n’était pas exactement dans son état normal pour l’instant… et le fait qu’elle ne le fusille du regard ne laissait strictement rien augurer de bon pour la suite, surtout lorsqu’elle se leva pour avoir moins l’impression d’être minuscule face à lui. Ce n’était pas le moment de s’écraser, pas vrai ? Ils devaient faire front ensemble, pas se laisser mutuellement pour compte, c’était terminé ! « Peut-être mais je suis partie en quatrième vitesse de l’appart’ et je n’ai pas exactement pensé à cette saloperie en premier ! » Lynn était furieuse. D’aucun le serait à moins ! Après tout, il l’avait menottée au lit, la laissant complètement seule, et s’il savait sans doute qu’elle finirait par se détacher toute seule, il n’empêche que c’était stupide de sa part. « Est-ce que tu as complètement cramé ce qui te sert de cerveau ?! Ou fumé un arbre, au choix ! J’aurais pu faire un malaise, une hémorragie et bordel je ne pouvais même pas attraper le téléphone !! C’est le l’inconscience pure Caine, merde !! Je sais que tu es inquiet pour nous et je sais que ça part toujours d’un bon sentiment mais en attendant, t’aurais pu gravement chier dans la colle ! Tu en as conscience au moins ?! » Lynn aurait peut-être pu beugler jusqu’à ce que les voisins ne soient alertés mais et si elle était tombée dans les pommes avant de ne pouvoir prévenir quelqu’un ? Et si leurs voisins n’étaient pas là à ce moment là ? Tous les pires scenarii avaient défilé dans son esprit alors qu’elle conduisait justement pour le rejoindre. « Ce ne sera plus un problème, j’ai jeté les menottes par la fenêtre mais putain tu te rends compte que j’ai dû aussi prendre ma moto parce que je n’avais même pas de liquide sur moi pour prendre un taxi ? Bon d’accord, c’est ma faute d’avoir laissé mon sac à main dans la caisse mais il n’empêche !! On est une équipe toi et moi, et je ne risque pas de me calmer si tu m’attaches au lit !! » La preuve, elle bipait déjà à nouveau, chose qui ne manqua pas de la faire grogner bruyamment.
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