D’ordinaire, il allait sans dire que Neige préférait mille fois être dans un environnement de casino, entourée de ses collègues et des plus gros flambeurs de la soirée plutôt que d’être contrainte de se rendre dans la suite la plus luxueuse d’un palace pour être la croupière d’un rock band très en vogue… dont elle écoutait chaque morceau en bonne fan qu’elle était, en prime ! Autant dire qu’elle n’en menait pas large et se demandait même pourquoi elle avait été choisie parmi tous les autres, puisqu’elle rasait plus souvent les murs qu’elle n’acclamait son génie pour son métier. Et pourtant dieu sait à quel point elle avait une mémoire d’éléphant et qu’elle était douée en la matière. C’est presque avec une main tremblante qu’elle s’approcha donc de la porte de ladite suite, où elle était sûrement attendue comme le messie. Elle sursauta presque dans sa tenue professionnelle lorsque le chanteur et leader du groupe lui ouvrit en personne. L’espace de quelques secondes, elle demeura bouche bée avant de ne secouer la tête et de se reprendre : elle avait un standing à respecter… celui de son employeur, par exemple ! « Je m’appelle Neige Hengel et il me semble que vous avez demandé un croupier à votre disposition pour la nuit, Monsieur Anderson. » Pas de pommade intempestive, rien qui ne soit strictement professionnel. Elle avait trop besoin de son job pour risquer un seul mot de trop…

« Je suis venue lorsque l’on m’a donné votre numéro de chambre » lança-t-elle avec un accent allemand à couper au couteau, pas impressionnée pour trois sous par le fait que ce soit justement le leader en personne du rock band qui vienne de lui ouvrir pour mieux la laisser rentrer. Le simple fait qu’il ne soit en train de la reluquer des pieds à la tête lui donnait envie de lui refaire le portrait pour lui apprendre la vie mais par chance, Neige savait se contrôler malgré le feu allemand s’écoulant actuellement dans ses veines. « Je vois que vous avez installé la table de casino messieurs ! » s’exclama-t-elle avant de s’asseoir pour mieux jouer habilement à battre les cartes, arrachant des regards ébahis à ses interlocuteurs, dont les yeux étaient autant subjugués par son décolleté évident que pour son habileté indéniable. « Tout dépend à quel jeu vous êtes experts. Blackjack ? Poker ? Roulette ? Si vous n’êtes pas habile avec certaines règles je peux également vous en apprendre une de votre choix. Je suis à votre disposition pour le service du jeu que vous souhaitez. » La froideur allemande ne manquait pas d’attirer les autres membres du groupe vers la table tandis que Neige se retenait de tout sourire, se contentant de battre les cartes avec vitesse et une sorte de grâce dans le poignet. « Si je puis me permettre, Monsieur, « en rut » n’est pas le terme adéquat lorsque l’on est prêt à dépenser des dollars au casino. » Ce qu’elle en disait… c’était juste histoire d’en causer !

Neige tâchait de mettre une soigneuse distance entre elle et ses interlocuteurs mais cela ne risquait pas d’être évident : le leader du groupe avait le regard baladeur et si cela continuait, le regard risquait de ne plus suffire. Après tout, la belle allemande ne connaissait que trop bien le milieu des flambeurs et du show business, celui-là même où tout le monde se pense invincible, irremplaçable, parfait. Le regard des différents membres du groupe, en plus de leurs paroles on ne peut plus gênantes, finissait par lui taper sur le système mais ce fut pire face à l’ultime réaction du leader… Mylo Anderson. S’il s’y mettait, les autres allaient probablement suivre crescendo et autant dire que sous des traits aussi impassibles et froids que du marbre, la jolie blonde n’en menait pas forcément large. « Sans vouloir être grossière je répète être croupière et donc ne m’occuper qu’une table de jeu, Monsieur. Si vos désirs à vous comme à votre groupe sont d’être occupés par des plaisirs plus exotiques, je vous suggère de commander des escort girls, qui sauront vous comblez de façon bien plus véridique. » Neige se releva de sa place, ne quittant pas du regard le fameux leader du groupe sans même lui offrir la plus petite œillade sympathique. Pourquoi diable le ferait-elle ? « Je ne suis pas un morceau de viande et si vous êtes un leader de groupe tel que l’on vous dépeint, sans doute suivrez-vous mon conseil et me laisserez-vous retourner à la salle principale de l’hôtel où mes services pourront mieux être utilisés. »

Difficile de ne pas être fatiguée à force de ne pas être prise autrement que pour un joli cul ou une jolie paire de seins. Neige avait plus de valeur que cela, et pourtant, on ne voyait pas la croupière ultra douée mais plutôt un beau morceau de viande bien juteux à déguster immédiatement. Certes, le leader du groupe ne manqua pas de remettre les pendules à l’heure, mais quelque chose fit froncer les sourcils à l’allemande. Sa foutue logique ne l’avait pas empêché de la détailler de haut en bas à plusieurs reprises alors il pouvait toujours donner des leçons à autrui ! Aux yeux de la jeune femme, il ne valait sûrement pas mieux que tous les autres membres du groupe réunis… et pourtant, elle fut étonnée lorsqu’il l’a pris à part quelques minutes pour mieux lui glacer le sang en usant de tant de mépris. « C’est vous qui avez demandé à ce qu’un croupier ayant de préférence une belle plastique puisse venir dans cette suite, n’est-ce pas ? Vous souhaitiez simplement leur occuper les yeux et le porte monnaie pour faire je ne sais quelle chose dans votre coin ? » Neige ne lui manquait pas de respect, elle voulait simplement comprendre. Pas étonnant, parce qu’en général, on ne faisait pas appel à un croupier professionnel lorsque personne ne connait aucune règle de jeu d’argent. « Ce qui m’étonne réellement c’est votre mépris à vrai dire. Si je peux me permettre, on doit bien trop vous aimer, vous… en plus d’avoir de l’autorité je ne suis pas qu’un morceau de bidoche, j’ai un cerveau, Monsieur Anderson. Vous tentez une envolée solo ? »

Neige n’avait pas rétorqué quoi que ce soit, après tout le client est roi et elle avait trop besoin de sa paye pour risquer le moindre caprice de diva. Elle était retournée à la table de poker, où elle avait réussi le tour de main d’apprendre à tous les autres membres du groupe à jouer au poker ET, en prime, à bluffer. Ils n’étaient pas mauvais tous tant qu’ils étaient et finalement, même l’allemande passait une bien meilleure soirée qu’elle ne l’avait supposé de prime abord. Ce fut un peu plus délicat lorsqu’ils se mirent à parler d’eux-mêmes et à lui poser des questions en retour, la demoiselle n’étant pas habituée en temps normal à s’étendre de cette manière sur sa vie et encore moins son passé… du moins en général. Elle n’allait pas les revoir demain, n’est-ce pas ? « Non, je ne suis pas américaine mais allemande. Ca fait quatre ans que je suis ici et j’ai fais une école de casino à Las Vegas, la meilleure du monde. Il n’y a pas de Mister Hengel pour me protéger et ma boisson préférée est la bière brune… je n’ai pas le droit de boire pendant mon service mais vous devriez essayer. » Sauf que plutôt que d’en faire monter, ils s’excusèrent tous en lui faisant un baisemain avant de lui promettre de remonter aussi vite que possible, la laissant seule à jongler avec ses cartes dans la main, aussi habile qu’un illusionniste. Peut-être fut-ce à ce moment là qu’elle capta les œillades régulières de la part du leader qui l’avait mouchée précédemment et qu’elle ne portait donc pas nécessairement dans son cœur. « Comment, vos compositions ne vous satisfont pas assez que vous regarder le morceau de viande que je suis Monsieur Anderson ? Le morceau de viande est flatté. »

Neige ne releva même pas cet extraordinaire sens de l’observation dont il faisait subitement preuve pour conclure qu’elle était vexée. Effectivement, elle l’était, et d’autres l’auraient probablement été à moins… mais ce n’était qu’un rustre, un mufle, quelqu’un qui ne méritait même pas que l’on s’arrête sur sa personne ! En vérité, elle était plus que vexée… ce maudit Anderson l’avait mise en colère. « Les autres membres du groupe n’ont fait preuve ni d’arrogance ni de mépris, choses dont vous êtes passés expert, n’est-ce pas ? Leurs manières sont discutables certes mais ce ne sont pas de mauvais bougres… vous, en revanche, je vous pense profondément manipulateur, surtout lorsque vous souhaitez obtenir quelque chose. Comptez sur moi pour ne surtout pas agir comme une bête groupie car ce serait insulter mon intelligence. » En d’autres termes, s’il aurait pu avoir sa chance, il l’avait définitivement grillée et Neige n’en n’avait désormais plus rien à faire. Du moins s’en était-elle persuadée et agissait-elle avec une extraordinaire froideur envers lui depuis. « Attiré sexuellement ? Vous m’en direz tant ! Qu’est-ce que vous êtes classe en prime… vous n’avez fait preuve d’aucun respect puisque vous considérez que tout le monde est à vos ordres et doit répondre à vos moindres sifflements. Désolée mais je fais le travail pour lequel je suis payée, n’est-ce pas ce que vous aviez expressément demandé ? Vous avez voulu être seul, vous êtes donc seul, je ne vois pas en quoi j’ai quoi que ce soit à voir là dedans. » Neige alla même jusqu’à hausser les épaules avec une sorte de nonchalance tandis qu’elle regardait un point dans le vague, ses cartes jonglant toujours dans ses mains…

Neige n’était pas non plus du genre à bisouter les pieds d’autrui, qu’ils soient fortunés ou non. Voilà pourquoi son patron était désespéré et ne savait jamais quoi faire d’elle. Il ne manquait pourtant pas une occasion de la flanquer à la table des flambeurs, qui appréciaient toujours son caractère bien trempé et sa langue particulièrement pendue. Le leader du groupe ne semblant pas en être fan puisqu’il lui demanda de lui débarrasser le plancher, mais plutôt que de dire amen sans rétorquer quoi que ce soit, l’allemande se leva, ses cartes toujours en main, le regardant sans détour et ne s’arrêtant qu’à quelques centimètres de lui. « Je vous déconcentre ? » demanda-t-elle sans ironie ni même d’arrogance dans la voix. « Qui vous dit que je ne vous comprend pas ? Mais vous n’êtes pas comme moi, Monsieur Anderson. Vous êtes plongé dans un monde de strass et de paillettes, tout le monde vous adule, vous veux… mais cela vous semble sans attrait aucun. Mieux, vous souriez à peine histoire de dire, pour amuser la foule… rien de tout ceci n’est logique pour vous. C’est bien ça que vous aimez, n’est-ce pas ? La logique… mais l’être humain n’est pas logique. Pas plus que votre attirance pour moi vu qu’apparemment je suis la dernière des emmerdeuses. Ce qui me fait dire que je ne suis pas comme vous, c’est que je fais partie de ceux qui galèrent à payer leurs loyers… ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien d’attirant chez vous. C’est juste… bien caché. Mais je vous souhaite une bonne soirée, Monsieur Anderson. » Neige hocha simplement la tête, sans fioriture, avant de quitter la pièce. Elle avait rempli sa part du contrat, pas vrai ? Et ce n’était pas comme si elle l’avait insulté…

Ce furent deux grands yeux écarquillés qui se tournèrent vers le leader du groupe de rock tandis qu’il venait de lui lancer un défi à teneur de trois mille dollars. L’offre était alléchante et paierait… tellement de choses de son quotidien, il fallait être honnête trente secondes. Neige croisa donc les bras contre son corps fin et élancé, vêtu de son uniforme de croupière tandis qu’elle ne le lâchait pas du regard sans pour autant l’interrompre. En soi, sa proposition était un illogisme parfait mais l’allemande se garda bien de le faire remarquer… pour le moment. « Si je relève le défi ? Je suis même prête à le faire sans que vous n’ayez à rembourser un centime ! » s’exclama-t-elle subitement alors qu’il venait à peine de cesser de s’exprimer. « Le simple fait que vous souhaitez me payer pour vous côtoyer prouve votre trouble certes mais votre propre manque de logique… pourquoi avoir besoin forcément de payer pour que l’on vous côtoie ? L’argent pourrit tout, et c’est ce même argent qui fait qu’on ne vous prend pas au sérieux et que vous n’êtes qu’un physique de plus parmi tant d’autre… un physique qui fait vendre et fait bien sur les couvertures de disque. » Neige haussa les épaules, ayant côtoyé plus souvent qu’à son tour les jet-setter pour savoir à quel point ils pouvaient être sûrs d’eux-mêmes et insupportables à la longue. Mais ce Monsieur Anderson avait manifestement quelque chose à prouver en vérité… « Dans mon monde, on ne paye pas les gens pour passer un moment avec eux. Quant à votre musique… j’avoue avoir pleuré lorsque j’ai entendu pour la première fois « in fond of you ». J’avais l’impression que vous aviez écrit les paroles pour moi. C’est stupide, je sais ! Mais vous avez réussi à faire naître une sorte d’écho… et pour tout avouer j’ai été déçue car je vous avais idéalisé. Dans mon imaginaire vous n’étiez pas méprisant. C’est bête d’idéaliser mais ça fait du bien, vous devriez essayer. Vous avez déjà eu le frisson pour une femme une fois dans votre vie ? »

« Peut-être que l’argent n’est pas la clef pour que l’on reste auprès de vous, Monsieur Anderson… je vous signale tout de même que VOUS m’avez montré la sortie en premier, je n’avais pas l’intention de partir. » Neige haussa les épaules, bras serrés contre son corps fin et élancé, ne perdant pas une miette de cet essai manifestement unique que Mylo mettait en place pour continuer à la côtoyer. Lui avait-elle tapé dans l’œil ? Peu probable, il avait l’embarras du choix lorsqu’il s’agissait de filles et toutes devaient être plus belles les unes que les autres. Neige avait arrêté de croire à la poupée qui tousse il y a bien longtemps. « Je n’ai jamais dit que vous aviez une position facile et non je n’envie pas du tout ni votre argent, ni votre popularité qui ne font que vous garantir d’être totalement seul au sommet… les gens qui veulent votre présence en ont justement après cette position que vous avez dans la société et non après ce que votre âme renferme réellement. Dans ces paroles, j’ai senti quelqu’un de sensible, à la recherche de quelque chose, et je m’y suis tellement retrouvée que j’ai voulu croire que nous pouvions être semblables vous et moi. Mais tout à l’heure… vous m’avez accueillie avec tellement de mépris qu’effectivement, vous m’avez ôté tout envie de voir par moi-même si cette intuition que j’avais eue à votre égard ou non. Peut-être que je vous plains dans le fond, Monsieur Anderson… mais nos réactions étaient différentes. Vous avez attaqué en premier et n’ai fait que me défendre. » Neige ne s’extirpait pas de ses responsabilités mais elle voulait remettre les choses à leur place… avant de ne manquer de s’étrangler en avalant sa salive. « Vous avez eu le frisson pour moi et vous m’avez mise à la porte ?! Puis-je connaître la raison ? » L’allemande était surprise, flattée mais surprise… et d’autant plus blessée par sa réaction disproportionnée et inutile à vrai dire.

Neige esquissa un faible sourire. Faible mais sincère. « A moins que vous ne me montriez la sortie à nouveau, auquel cas je la prendrais de façon définitive et sans appel, je veux bien rester Monsieur Anderson. » A vrai dire, l’allemande voulait savoir si son intuition avait été bonne lorsqu’elle avait passé ces longues heures à écouter sa délicieuse voix fredonnant ses chansons. Mylo était un véritable mystère pour elle mais cela tombait bien, elle adorait les résoudre, de la façon la plus discrète et inattendue qui soit. Ce fut sans doute pourquoi elle laissa échapper un maigre rire tandis qu’il lui demandait instamment de lui offrir sa soirée, même si elle était censée retourner travailler et qu’en théorie elle outrepassait sa position de croupière, qu’importe. « Vous êtes au courant que je risque de me faire virer ? Je ne vais pas vous apprendre le poker si nous passons la soirée ensemble. » Mais c’était tellement tentant qu’elle se refusa à décliner son offre. « Je voudrais essayer quelque chose… ne bougez pas » murmura-t-elle subitement tandis qu’elle se rapprochait, mue par une pulsion sur laquelle elle n’avait aucun contrôle et qui vrilla complètement ses membres. Neige fut suffisamment folle pour s’emparer délicatement des lèvres de Mylo Anderson, la rockstar la plus en vogue de cette année et qui avait bien des midinettes à ses pieds… bah, au pire il la repousserait et elle saurait à quoi s’en tenir. « Je crois que cela répond à votre question sur l’attirance… et je n’ai pas envie de seulement trois heures, ce sera bien trop court pour vous découvrir. Si vous souhaitez plus que cela, il vous suffit de le demander… »

« Si tu ne dis rien alors je ne dirai rien » murmura Neige avec malice car effectivement, si Mylo ne lui faisait pas le sale coup d’aller tout répéter à son patron, il n’y avait aucune raison pour que l’information ne filtre et ne lui fasse du tort. La jolie allemande pouvait donc être parfaitement tranquille là-dessus mais ça ne voulait pas dire que les complications n’allaient pas rapidement la rattraper : à peine avait-elle osé l’embrasser – en s’apercevant au passage que Mylo n’avait pas hésité à lui rendre son baiser – que la rockstar lui proposait de venir avec lui en tourner. Était-ce une réelle invitation ou avait-il l’intention de se jouer d’elle ou de la délaisser une fois qu’elle aurait accepté ? Non, il n’avait pas l’air d’être de cette trempe là, bien au contraire. Ce fut sans doute la raison pour laquelle un sourire éclatant étira subitement ses lèvres, mélange de flatterie et… de béatitude pure et simple. Neige n’aurait pas pensé pouvoir un jour ressentir un tel sentiment à vrai dire. « Je n’en n’avais pas l’intention mais je ne pensais pas que tu me proposerais, tu avais parlé de seulement trois heures… » L’allemande lui embrassa le bout du nez tandis qu’elle ne s’écartait pas d’un millimètre, le fait qu’ils soient au beau milieu d’un couloir ne lui effleurant même pas l’esprit pour l’instant. « Si tu veux de moi alors je prends mes congés ce soir et je t’accompagne… mais il faudra quand même que je revienne un jour pour m’occuper des flambeurs, bien que cette activité me paraisse suprêmement fade à côté de toi. » Neige aurait préféré avoir les moyens de ne pas travailler, mais ce n’était hélas pas le cas. Elle était prête à aller jusqu’au bout du monde en compagnie de Mylo, aussi fou que cela paraisse, mais elle ne pouvait pas en oublier totalement la réalité de son existence pour autant…

« Serais-tu jaloux ? » énonça Neige avec malice tout en resserrant son étreinte contre lui afin de lui prouver qu’elle n’avait aucune intention de s’éloigner, même d’un millimètre. « Ne t’inquiètes pas, je serais la première à les remettre à leur place » le rassura-t-elle avant de ne poursuivre de plus belle « J’espère bien que tu viendras… je n’ai pas l’intention de rester tout le temps toute seule. Tu pourras voir aussi où je vis ? D’accord c’est loin d’être aussi luxueux que les suites où tu dors mais c’est confortable, tu peux me faire confiance. » Mylo semblait bien concerné par la presse à scandale et le mal éventuel qu’elle pourrait dire sur ce qui semblait être le début de leur relation mais Neige avait la peau dure et avait sans arrêt à faire à des abrutis prêts à la juger. Le milieu du jeu et tout particulièrement celui des flambeurs, où elle était pourtant toujours envoyée, ne manquait pas de requins et autres manipulateurs prêts à détruire des vies. La jolie allemande avait appris à se faire les dents dans un tel milieu et c’est ce qui faisait qu’elle ne craignait pas la presse… d’où le fait qu’elle ne finisse par le stopper dans son élan d’un baiser aussi léger qu’une brise déposée contre ses lèvres. « Inutile de t’inquiéter pour moi, je ne viens pas d’un milieu où il n’y a que des bisounours, je sais me défendre et puis je ne lis jamais la presse. Leur verbiage insipide ne m’intéresse pas en revanche, ce qui m’intéresse, c’est ce que tu penses de ma personne. Si tu veux que l’on arrête maintenant, tu n’as qu’un mot à dire et je prends le prochain ascenseur… mais je ne pense pas que tu y perdras à prendre ce risque, car il y a du bon à être à deux dans la vie. Vraiment. »

« Je suis d’un tempérament assez jaloux moi-même… » avoua-t-elle comme pour rassurer Mylo sur le fait qu’il ne serait pas du tout le seul à avoir de grands élans de possessivité parfois. Neige secoua négativement la tête tout en entendant que leur producteur exigeait que le groupe prenne les meilleurs suites car à son sens, cela les coupait complètement de la réalité. Elle n’émit cependant pas la moindre parole pour le lui faire comprendre, se contentant d’écouter la suite de ses propos qui acheva définitivement de la surprendre : si elle était folle de nature, il ne l’était que davantage ! « Je n’ai pas l’intention de m’échapper ! » se défendit-elle aussitôt avant de ne prendre sa main pour embarquer la rockstar dans l’escalier de service jusqu’à sa voiture, qui ne payait pas de mine mais était rapide. Après tout, elle la retapait elle-même dès qu’elle avait un moment le weekend, elle était donc on ne peut plus fiable. « Si tu veux que je te kidnappe, il va falloir grimper à bord de mon carrosse… » Neige prit place au volant et quitta le parking des employés en toute discrétion, prouvant ainsi qu’elle savait être invisible dès qu’elle connaissait un peu le coin ou même les bonnes personnes aux entrées. L’allemande savait par avance qu’on allait sûrement la massacrer pour enlever une rockstar à la réputation internationale mais elle s’en moquait pour l’instant… « Je te préviens, j’habite dans un appartement peuple. Rien à voir avec ta suite ! Mais tu as bien fait de me demander de te kidnapper, quitte à me faire taper sur les doigts autant que ce soit pour une bonne raison. » En un rien de temps, Neige ouvrait la porte de son grand appartement blindé de vieux livres, de ses dessins ainsi que de quelques photos et autres bibelots auxquels elle tenait. Elle n’osa même pas lui dire « bienvenue » tant l’endroit paraissait modeste et fonctionnel à la fois…