« J'ai déjà essayé de te pardonner au lycée, j'ai déjà essayé de ne plus pleurer en pensant à toi et moi, mais c'est si dur, j'aurais préféré que cette stupide blonde tombe plutôt que notre couple s'effondre, et si tu me l'avais dit je t'aurais pardonné pour ta sincérité, je sais pas quoi faire.. Je veux te pardonner mais il faut que je retrouve confiance en toi, j'ai confiance en toi en tant qu'ami mais en plus je sais pas.. J'aimerai savoir, et nous revoir comme avant... » Mathis fut un peu embrouillé en entendant tout ça. Elle lui disait tellement de choses ; elle a souffert, elle souffrait encore, elle aurait aimé qu'il ait été sincère avec elle, elle se sentait perdue, elle voulait lui pardonner, retrouver confiance en lui, retrouver ce qu'ils avaient perdu... Déboussolé, Mathis ne sut quoi répondre. Ce pourquoi il s'approcha d'elle pour la serrer contre lui. Il se sentait stupide, complètement nul, sur un plan présent et un plan passé. Pourquoi avoir laissé cette fille détruire leur couple ? Pourquoi avoir gardé le silence ? Pourquoi ne pas avoir été sincère ? Et pourquoi lui avoir tout dit maintenant ? Pourquoi lui avoir avoué qu'il l'aimait encore ? Tant de questions sans réponses...
Mais là, l'impensable se produisit. Alors que Lucas se maudissait intérieurement pour tout le mal qu'il avait causé à Lou, celle-ci avait calmé ses pleurs et s'était serrée contre lui avant de reculer son visage et de venir déposer ses lèvres sur les siennes, délicatement. Ce fut comme une tornade de vie pour Mathis. Il se sentit revivre, il sentit son coeur battre la chamade, comme autrefois, il sentit ses muscles se crisper de bonheur, ses poils se hérisser le long de ses bras. Un simple contact de la sorte et il se revoyait avec Lou, avec celle qu'il avait toujours aimé. Un instant sublime, délicieux, magique...
Quand elle se détacha de lui, il rouvrit les yeux et mit quelques secondes à refaire surface. Il plongea ses yeux dans ceux de Lou et passa avec douceur sa main contre sa joue, puis dans ses cheveux. « Je sais que je t'ai fait du mal, et j'en suis désolé. Je ne me le pardonnerai jamais. Et je ne te force en rien. Je voulais juste que tu saches ce que je gardais en moi depuis si longtemps... » Il garda ses yeux plongés dans les siens et parvint à esquisser un léger sourire. Ses pupilles scintillaient. Une once de bonheur se lisait dans son regard ; il était heureux de voir que Lou ne le repoussait pas de la manière qu'il se l'était imaginé pendant si longtemps. Il alla poser son front contre le sien, souriant toujours légèrement, et murmura « Pretty girl... » C'était ainsi qu'il l'appelait du temps où ils étaient ensemble. Tant de souvenirs refaisaient surface... si bien que Lucas rapprocha ses lèvres de celles de Lou pour les sceller à nouveau, avec prudence. Il en voulait pas brusquer Lou ou la forcer en quoi que ce soit.

« Tu ne me forces pas, je fais ce que j'ai envie de faire c'est tout, je combats ma peur... » Lucas lui sourit tendrement. "Je combats ma peur..." Voilà quelques mots qu'il questionna. Entendait-elle par là qu'elle voulait essayer de rattraper le passé et de construire quelque chose de nouveau ? Mathis n'y croyait pas vraiment. Même si Lou avait osé l'embrasser, même s'ils semblaient très proches en ce moment, il doutait qu'elle puisse lui pardonner un jour. Comprenez-le, cela fait près de six ans qu'il avance avec l'idée qu'il avait gâché sa vie, qu'il avait causé la mort de son couple et que jamais il ne s'en remettrait. Il avait passé six ans à errer dans sa vie, sans vrai but, en souffrant à cause de cet amour qui le bouffait chaque jour un peu plus. Tout ce qu'il se passait faisait beaucoup.
Deux mots prononcés et voilà que Lou se remettait à pleurer. Légèrement paniqué, Mathis glissa sa main de ses cheveux à sa nuque pour la lui caresser avec délicatesse. « J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ? » Ne lui en voulez pas de voir toujours le mal partout.

Sans arrêter ses douces caresses dans la nuque de sa dulcinée, Mathis gardait toute son attention posée sur Lou. « Tout va bien, je pleure pas de tristesse mais plutôt de joie et de bonheur, je me sens libérée, je ... C'est bizarre comme sensation mais c'est plaisant.. » C'était comme si on enlevait le poids qui pesait depuis si longtemps sur les épaules du jeune homme. Lui aussi se sentait soudainement libéré, comme si tous ses problèmes s'étaient effacés en un clin d'oeil. Il souffla doucement et sourit en plongeant à nouveau son regard dans celui, envoûtant, de Lou. Il bougea doucement sa main, effleurant sa nuque pour aller se poser dans son cou. Il lui sourit avec tout l'amour et toute la tendresse possible avant de prendre la parole, d'une voix feutrée, murmurée, douce. « Si tu me redonnes une chance, je te promets que je ferai tout pour me faire définitivement pardonner, pour que tu retrouves confiance en moi, pour que tu sois heureuse, pour retrouver ce que nous avons perdu. » Sans cesser de sourire à sa manière, il décolla sa main de son cou pour aller mettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille, dégageant ainsi son visage parfait. Même avec les cheveux mouillé, un tee-shirt et un simple shirt et un reste de maquillage, elle était magnifique. Et il ne manqua pas de le lui faire remarquer. « Tu es sublime. J'ai toujours été subjugué par ta beauté, depuis le jour où mes yeux ont croisé ton visage. » Elle était la beauté incarnée, jamais il n'avait vu de femmes plus belles que Lou.

« C'est pas si simple que ça Lucas, j'ai besoin de temps, un peu de temps pour y voir clair dans mes idées, dans mes sentiments, car là je dois t'avouer que je suis totalement perdue, j'ai besoin de pensé, à toi, à moi, à nous. Notre " nous " est compliqué, mais je suis sûre qu'avec un peu de temps, il deviendra simple. » Mathis fut tout d'abord surpris de l'entendre l'appeler Lucas. Seuls ses proches l'appelaient par son deuxième prénom et, depuis leur rupture, Lou s'était comme habituée à l'appeler Mathis, certainement afin d'imposer une distance entre eux. Et voilà que, naturellement, elle l'appelait Lucas. Ce simple fait le fit sourire. Puis il se concentra sur le reste de ses paroles et acquiesça d'un signe de tête. « J'ai dit "si tu me laisses une chance"... je n'ai jamais dit que ce serait le cas. Je t'ai dit, je ne vais pas te forcer. Je vais me faire discret et te laisser réfléchir. » Se faire discret signifiait simplement qu'il allait laisser de l'espace à la demoiselle afin de la laisser prendre son temps pour se pencher sur la question. Il ne l'harcèlerait pas, il ne lui courrait pas après, il ne réclamerait rien. Il la laissera seule afin qu'elle prenne une décision.
Lou se remit à nettoyer la pièce, Mat' en fit donc autant, s'attaquant à une trace d'oeuf qui persistait sur le carrelage. Il restait cependant à moitié concentré sur sa tâche. Son cerveau et son coeur étaient renversés, si bien qu'il ne cessait de penser à leur passé, à ce qu'il venait de se passer... et à ce qu'il adviendrait de leur futur, commun ou non. Il finit cependant par faire partir la tâche jaunâtre et se redressa pour aller nettoyer le chiffon et le remettre à sa place. « Tu veux rester dormir? J'ai une chambre d'ami,et enfin .. tu as bu, donc ce ne serait pas prudent de te laisser repartir ... Mais c'est toi qui décide. » Avec ce qu'il venait de se passer, Lucas s'imaginait mal passer la nuit ici. Mais d'un autre côté, il avait en effet bu, et prendre le volant n'était pas raisonnable. Coincé dans un dilemme, il se frotta machinalement les mains et regarda Lou, sans expression particulière. « Avec ce qu'il s'est passé... je préférerai te laisser seule. À moins que tu me supplies de rester, là, je serai contraint de déclarer forfait. » Il lui adressa un clin d'oeil amical et rigola doucement.

« Je ne vais pas te violer, et tu ne vas pas me violer ... Hein? Alors tu peux dormir dans la chambre d'ami, et tu partiras sobre demain, enfin je te force pas, mais s'il t'arrive quelque chose en rentrant, je m'en voudrai toute ma vie. » Elle n'avait pas tort. Partir contenait tout de même un risque, et Mat' préférait ne pas le prendre. Il connaissait suffisamment l'hôpital pour ne plus vouloir y mettre les pieds. Ses petits incidents de basket et son agression l'y avaient assez amené. Il repensa d'ailleurs à ce fameux incident. Ce soir où il rentrait d'une soirée avec Nathan, heureux comme tout, et que des membres d'une équipe adverse les avaient coincés pour les agresser. Nathan s'en était plus ou moins sorti, ce qui n'avait pas été le cas de Mathis ; un couteau enfoncé dans sa cuisse avait causé une grosse perte de sang et un coma de quelques jours. Et le pire de tout, cette embrouille lui avait coûté sa passion, le basket. "Monsieur Sawyer, je suis désolé mais vous allez devoir diminuer votre activité physique. Devenir basketteur professionnel ne sera pas possible, votre jambe a été trop endommagée..." Lucas secoua la tête afin de sortir de ses mauvais souvenirs, puis il regarda Lou en souriant avant de lui répondre. « Bon tu as gagné, je reste. Mais demain je te laisserai tranquille rapidement, je ne vais pas m'imposer. »

« Tu me rassures, dans ce cas bonne nuit et ne part pas demain comme un voleur non plus, tu ne t'imposes pas... » À l'entente de ces quelques mots, Mathis plongea son regard dans celui de la belle et lui sourit tendrement. Elle avait toujours été très prévenante avec lui, toujours protectrice en quelque sorte. Bien entendu, il y avait eu une période d'éloignement, mais même en tant qu'amis, tous deux se soutenaient et se protégeaient. « Si tu y tiens, je resterai. » Il lui sourit amicalement et, compte tenu qu'elle lui avait dit bonne nuit mais qu'elle ne bougeait pas, il profita de l'occasion pour relancer leur déconnade. Il s'approcha d'elle et la prit dans ses bras sans prévenir, pour la porte. En rigolant, il se rua en direction de sa chambre, l'ouvrit et la déposa sur le lit, comme une princesse. « Et voilà mademoiselle. »

« Merci petit prince, en plus tu pourrais lui ressembler avec les cheveux blonds .. bref je parle trop. » Cette phrase toucha profondément Mathis. Antoine de Saint Exupéry était un de ses auteurs préférés depuis son adolescence et Lou le savait pertinemment. Il lui adressa donc un sourire plein d'illumination et de tendresse. « Je ne suis pas assez blond pour jouer le Petit Prince... et il me faudrait un renard. » Il lui adressa un clin d'oeil et la déposa délicatement sur son lit. À peine elle toucha le matelas qu'elle tira sur le bras de Lucas, l'attirant ainsi près d'elle. Surpris, Mathis la regarda et sentit son coeur battre la chamade une fois encore dans sa poitrine. « Désolé pas fais exprès! » Mathis lui sourit afin de lui montrer que ce n'était pas grave, puis il plongea ses yeux noir dans ceux chocolatés de Lou. Il resta là, à la regarder, sourire aux lèvres. Bien évidemment, cette soudaine proximité lui donna encore envie de l'embrasser, mais il lutta. Elle lui avait dit qu'elle devait réfléchir et il lui avait promis de ne pas la brusquer. Il se retint donc, mais trop tenté, avança tout de même son visage de celui de la jeune femme. Ils furent de plus en plus proches physiquement. Et Lucas finit par lui déposer un léger baiser au coin des lèvres. Puis il se recula doucement, en souriant légèrement. Il ne la lâcha pas du regard et se redressa jusqu'à se retrouver assis sur le bord du lit, une jambe repliée et l'autre pendant dans le vide.

« On m'a toujours surnommé Renard, coincidence non? haha. » Lucas la regarda, perplexe. Renard comme surnom ? Il rigola de bon coeur et secoua sa tête négativement. « Depuis quand est-ce qu'on t'appelle Renard ? » Dans ses souvenirs, personne ne l'appelait comme ça, à moins que ces personnes là lui soient inconnues. Et puis, appeler quelqu'un renard, surtout une fille, cela semblait un peu étrange. Il rigola encore une fois et haussa les épaules en prenant un air innocent.
Puis vint le moment fatidique où Lucas se retrouva par-dessus Lou. Il dut prendre sur lui pour se contenter de poser ses lèvres au coin des siennes avant de se reculer et de se positionner correctement, assis sur le bord du lit. Et là, un nouvel événement qui rendit Lucas... fou, c'est le mot. Lou se redressa, s'approcha de lui et l'embrassa, encore. Surpris et légèrement perplexe, il la regarda. Il ne comprenait vraiment plus rien. Elle lui disait qu'elle avait besoin de temps pour réfléchir mais elle agissait comme si son choix était déjà pris. Il se força à lui sourire, légèrement, pour ne pas paraître blessé ou quoi que ce soit et lui demande, d'une voix douce « Je suis de plus en plus perdu là... » Il rigola nerveusement puis questionna Lou du regard.

« Oui... Moi aussi... » Moi aussi ? Moi aussi quoi ? Lucas la regarda, encore plus perdu. Il ne bougea pas et son semblant de sourire s'effaça. Et voilà qu'il se remettait encore en question ; aurait-il dû l'embrasser ? A-t-il fait quelque chose de mal ? Dit quelque chose qui ne fallait pas ? Lou finit par se lever, l'air perdue elle aussi, si ce n'est plus. « Je .. Je vais me coucher... Bonne .. Nuit. » Toujours assis sur le bord du lit, Mathis la regardait, complètement à l'ouest. Il se remettait tellement en question, se posait tellement de question. Et là, venait-elle de lui dire indirectement qu'il devait la laisser seule ? Lucas n'en savait rien du tout. Il soupira et se frotta machinalement la nuque avant de se lever à son tour. Une fois encore, il décida d'écouter son coeur, tout en restant en retenue. Le but n'était pas de précipiter les choses. Il s'approcha de Lou et l'attrapa par les hanches pour la tirer vers lui. Quand elle fut presque collée contre lui, il détacha une de ses mains pour aller la poser sur sa joue. Il plongea son regard dans le sien et tenta de se montrer le plus doux possible. « Lou... dis-moi ce que tu ressens... dis-moi ce que tu veux. S'il le faut, je pars tout de suite, si c'est ce que tu souhaites. Mais dis.moi ce que tu penses, s'il te plait... »

« Je veux pas que tu partes car je suis bien avec toi, je pense à toi, à nous, à mes sentiments pour toi mais je sais pas ce que c'est comme sentiment... Tout ce que je sais c'est que le baiser d'avant, cela venait de mon coeur, j'ai fais ce que j'avais envie de faire...Désolée... » Lucas garda son regard plongé dans celui de Lou et sa main posée contre sa joue, le temps qu'elle lui réponde. Il resta silencieux suite à cet aveux. Ce baiser venait du coeur, mais elle était désolée ? Mat' réfléchit rapidement et se dit que tout ce qu'il se passait ce soir là devait être dur à encaisser pour Lou. Apprendre qu'il l'aimait encore comme un fou avait dû la chambouler, très certainement. Il la regarda alors tendrement et lui caressa délicatement la joue, pour la mettre en confiance et la rassurer. « Je veux juste que tu sois heureuse Lou. Sans moi, avec moi... je ne vais pas te dire que ça m'est égal parce que je te mentirai. Mais tout ce qui m'importe, c'est ton bonheur. Alors prends la décision qui te plaira, d'accord ? » Il la regarda un instant, en silence, et finit par franchir le pas à son tour. Doucement, il avança son visage en direction du sien jusqu'à ce que leurs lèvres se frôlent. Leurs souffles s'entremêlèrent dans une danse harmonieuse qui dura quelques courtes secondes, jusqu'à ce que Lucas décida d'unir leurs lèvres, à présent sûr qu'elle ne le rejetait pas. Il pressa les siennes contre celles de Lou, sans trop de conviction afin de lui prouver qu'il ne la forçait en rien. Yeux fermés, il attendait de voir la réaction de la jeune femme.

« J'ai envie d'être avec toi, mais on doit aller doucement, je viens de voir mon ex partir sans me donner de raison, donc si on essaye à nouveau, on doit y aller doucement et prendre notre temps, tu es .. d'accord? » Lucas avait peur de ne pas avoir bien entendu. Ces paroles semblaient tellement... irréelles. Il s'était toujours dit que si un jour il osait avouer ses sentiments à Lou, celle-ci préférerait conserver leur amitié plutôt que de retenter quelque chose. Il resta quelques secondes silencieux, se repassant plusieurs fois en tête les mots qu'il venait d'entendre, afin de s'assurer qu'il n'était pas encore en train de rêver. Mais non, elle était bel et bien en face de lui, à le regarder, les yeux pétillants et elle avait vraiment dit qu'elle voulait être avec lui. Il ne put s'empêcher de sourire alors que son coeur battait à vive allure. « On ira au rythme que tu voudras... je me plierai à tous tes désirs Lou Juhlin-Dannfelt, je te le promets. » Il lui adressa un tendre sourire et alla poser ses lèvres contre son front tout en l'attirant contre lui pour la serrer doucement dans ses bras. Il la garda contre lui et la regarda, plongeant encore une fois ses yeux dans les siens.