Elle a besoin de soutien, elle a besoin d'un ami. Elle a besoin de soutien, elle a besoin d'un ami... Tels étaient les deux phrases que Lucas ne cessaient de se répéter au volant de sa voiture. Alors qu'il avait passé une partie de l'après-midi à l'hôpital avec Juliette-Anaïs, il avait imaginé passer la soirée du lundi de Pâques chez lui. Mais une petite discussion avec Lou sur une photo publiée sur Facebook et le voilà qui avait sauté dans sa voiture. Il ne voulait pas la laisser seule alors qu'elle allait mal. Et c'était comme ça depuis que Roméo avait quitté New-York. Mathis avait décidé de voler au secours de Lou, sans prévoir la difficulté que ça allait représenter pour lui étant donné ses sentiments. Mais une fois de plus, il avait décidé de faire passer Lou avant lui, quitte à en souffrir.
Bref, le voilà arriver chez la demoiselle. Il se parqua, sortit de sa voiture qu'il ferma et s'engouffra dans l'immeuble afin de monter à l'étage approprié. Il sonna et attendit. Il entendit un bruit de course puis un de chute. Surpris, il tendit l'oreille vers la porte et celle-ci s'ouvrit, laissant apparaître Une demoiselle souriante, penchée à moitié en avant. « Mathis !! T'es en retard !! » Le concerné releva un de ses sourcils et entra dans l'appartement avant de refermer la porte. « Pourtant je suis parti directement après mon dernier message... » Il lui sourit chaleureusement et la dévisagea. Elle semblait bizarrement de bonne humeur, ce qui n'était pas très logique vu ce qu'elle lui avait dit il y a peu de temps via le net. Il la força à s'assoir sur un des canapés du salon et s'installe en face d'elle. « Tu m'as l'air très joyeuse... c'était pas ce que tu laissais sous-entendre tout à l'heure. Tout va bien ? » Mathis, l'éternel inquiet.

« Ca va mieux, je sais pas pourquoi, peut-être le chocolat ou le vin, je sais pas mais je vais bien!! » Le vin ? Donc elle avait bu. Cela expliquait son comportement excité et jovial. Cela dit, Mat' ne crut en aucun cas son "je vais bien". Cela faisait plusieurs jours qu'il faisait tout pour le voir, la rassurer, la soutenir, et il savait qu'elle allait mal. De toute manière, qui reste intact d'une rupture ? On ressent tous ne serait-ce qu'un pincement au coeur. Et vu comment Lou avait tendance à parler de Roméo, Lucas savait pertinemment qu'elle souffrait. Raison pour laquelle elle s'était gavée de chocolat et avait bu du vin. « Tu as bu quelle quantité de vin ? » Encore le Mathis inquiet. Que voulez-vous, il avait toujours été comme ça, encore plus lorsqu'il s'agissait de Lou.
Le jeune homme n'était pas au bout de ses surprises. Voilà que Lou se leva pour venir s'installer à ses côtés et se blottir contre lui. Surpris, Mathis resta figé et dévisagea la demoiselle, sans savoir quoi faire. « Lou... » la supplia-t-il comme pour la raisonner. Mais au lieu de réagir à sa supplication, la concernée s'écarta et se mit à rebondir sur le canapé, un large sourire illuminant son visage. « Tu veux manger, boire ? Chocolat? Champagne? » L'interrogé se trouva face à un dilemme : raisonner Lou, la freiner et risquer de devoir encore une fois sécher ses larmes et la consoler, ou bien faire comme si de rien était, la suivre dans sa décadence et s'amuser ? Cruel choix ; dans les deux cas, il se sentirait coupable d'avoir pris cette décision. Après une courte réflexion, il se dit que la jeune femme avait besoin de décompresser... et lui aussi.
Il tourna son visage vers elle et lui rendit le charmant sourire qu'elle lui adressait. Il haussa doucement les épaules et plongea ses yeux dans les siens avant de lui répondre « Va pour le champagne. Tu as faim ? Parce que le chocolat toute la journée... » Il grimaça et rigola doucement avant de se lever. C'était parti pour une soirée d'amusement sans penser à ses problèmes. Lucas se jeta presque sur Lou, l'attrapa et passa un de ses bras au-dessous de ses jambes pour la soulever et la porter, telle une princesse, jusqu'à la cuisine en souriant. Il la posa sur le plan de travail et fit mine de retrousser ses manches -alors qu'il était en tee-shirt- et regarda Lou. « Tu as faim de quoi ? Pâtes ? Légumes ? Pizza ? » Et dire qu'il proposait sans même avoir regardé ce que proposait le frigo et les placards de l'appartement.

« Pas beaucoup, enfin je m'en souviens plus, mais pas beaucoup t'inquiètes pas, et puis tu es là, rien ne peut m'arriver, enfin sauf si je commence à t'harceler, là tu risques ta vie !! » Mathis ne put s'empêcher de rire gentiment. Il est vrai que, s'il était avec elle, elle ne risquait pas grand chose. Il veillait sur elle et continuerai à le faire jusqu'à sa mort. Vous commencez à le savoir non ? Le bonheur de Lou était tout ce qui importait à Lucas, et ceci depuis le lycée. Bref. Il sourit une fois de plus à la demoiselle, après l'avoir déposée sur le plan de travail de la cuisine et la regarda, un sourire en coin et les sourcils légèrement froncés. « Je risque ma vie ? Mmh... j'ai meilleur temps de prendre mes jambes à mon cou alors... » Il lui adressa un clin d'oeil et se mit à fouiller dans les armoires à la recherche de quelque chose à manger.
« Des cookies!! On peut faire des cookies? Ou des brownies ou des macarons! Choisis ! » Mat' eut à peine le temps d'entrouvrir ses lèvres pour laisser échapper le début d'un mot ; Lou s'était déjà levée pour aller cherche du champagne dans le frigo. Il rigola de bon coeur et la suivit afin d'inspecter l'intérieur du frigidaire. « Je pense que tu as eu ta dose de chocolat pour la journée... alors les brownies, on va éviter. Hum... les cookies, ça me tente pas mal ! » Et il tendit la main dans la frigo afin d'en sortir du beurre, des oeufs et une plaquette de chocolat entamée. Il partit ensuite à la rechercher de farine, de sucre, de sel et de bicarbonate, tout ce qu'il fallait pour mener à bien la préparation des futurs cookies. Tout était à présent posé le plan de travail, c'était parti. Lucas commença par faire ramollir le beurre et émietter le chocolat.Il cassa les oeufs dans un saladier et y ajouta le sucre et le beurre mou, mélangea le tout et y intégra le reste des aliments. Il se mit à pétrir la pâte et lança un regard à Lou qui l'observait, souriante. « Tu veux goûter la pâte ? »

« Fais attention avec ce clin d'oeil sinon ça va mal finir ! » Suite à cette exclamation, Mat' se tourna vers la demoiselle et lui adressa un regard mi-amusé, mi-interloqué. Ça allait mal finir ? Il avait hâte de voir ça. Quoi qu'il en soit, il se mit à l'oeuvre et chercha donc les ingrédients nécessaires pour ensuite préparer la pâte pour les cookies. Et bien évidemment, innocent comme il était (joke !), il proposa à Lou de goûter la pâte. On ne sait jamais après tout, il pouvait très bien manqué de quelque chose. Un peu plus de sucre, de farine ou quoi que ce soit d'autre était parfois le bienvenue. Bref, il tendit le saladier à Lou qui y trempa son doigt sans retenue, doigt qui termina dans sa bouche. Elle ne grimaça pas, c'était déjà bon signe, comme quoi la pâte était mangeable. Lucas sourit et attendit le verdict, qui arrive rapidement. « Mmh très bonne mais manque un peu de sucre, tu veux goûter? » Il n'avait pas mis assez de sucre ? Pourtant il en avait mis plus qu'à son habitude... Surpris, il releva un sourcil et s'apprêta à répondre par l'affirmative afin de goûter à son tour, mais avant qu'il n'ait pu dire ou faire quoi que ce soit, il se retrouva avec une traînée de pâte sur la joue. Pris par surprise, il recula d'un pas, les bras légèrement écartés, et garda la bouche entrouverte, comme outré. Il regarda Lou qui rigolait à en perdre le souffle et fronça les sourcils, prenant un air faussement menaçant.
Mathis n'eut pas le temps de répondre que Lou avait déjà mit son doigt dans la pâte et elle fit une grande traînée de pâtes sur le visage de Mathis. Puis elle explosa de rire, et en reprit pour en remettre sur Mathis, la guerre commença. « T'as vu comment elle est bonne la pâte ou tu en veux encore?! »
Elle cherchait la guerre ? Elle allait l'avoir. Mathis remplaça son air méchant par une lueur de malice et haussa les épaules tout en se rapprochant du plan de travail. Il trempa son doigt à son tour dans le saladier et goûte la pâte en levant les yeux au ciel, l'air songeur. « Mmh... peut-être que ça mériterait un peu plus de sucre oui... mais je crois que ça manque aussi... » Il marqua une pause, fixa Lou et, sans prévenir, plongea la main dans le sachet de farine pour en prendre une poignée qu'il lança sur la jeune femme en s'écriant «... de farine ! » Il explosa évidemment de rire à la vue de la Lou toute blanche et, comme un enfant, attrapa le saladier de pâte pour aller se cacher dans un coin de la pièce. « Fais gaffe à toi ! J'ai des munitions. » Il rigola doucement et resta sur le qui-vive, prêt à bondir si Lou l'attaquait à nouveau.

« Tu vas le regretter Mr.Sawyer, ta vie est en danger, cache toi bien, mais rappel toi que c'est mon appartement, je le connais mieux que toi » Le nommé Sawyer rigola doucement. Certes, c'était son appartement. Cela dit, rester dans la cuisine pour la bataille de nourriture "made by little childs" semblait être une bonne initiative. Salir le salon ne serait pas très cool si l'on pense aux meubles qui y résident. Réflexion faite, Mathis regarda Lou qui s'approchait dangereusement. Il fit mine d'être une victime et la supplia d'une petite voix. « Arrête Lou, s'il te plait, laisse-moi tranquille ! » Mais il eut le droit à un beau shampoing à l'oeuf ainsi qu'un grand nuage de farine. Outré, il passa sa main dans ses cheveux pour retirer le maximum d'oeuf puis il fixa Lou d'un oeil menaçant, en ricanant. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas lâché comme ça, comme il le faisait à l'époque du lycée. Et il faut l'avouer, cela faisait un bien fou ! « T'avais pas envie de faire des crêpes? Trop bête ! » Lucas la regarda et lui sourit malicieusement. « Fais la maligne Miss Juhlins-Dannfelt... tu vas voir. » Il la regarda boire cul sec sa coupe de champagne et s'avança vers elle, à pas feutrés, comme s'il ne voulait pas se faire repérer. « Je suis mieux armée que toi, j'ai le champagne et ouai !! » Mathis leva les yeux au ciel et continua son avancée progressive. « Tu crois que tu me fais peur ? » Il rigola et constata que Lou s'était subitement plongée dans une réflexion. Lucas saisit l'occasion et contourna la table pour lui bondir dessus. Il la fit chuter, tout en douceur évidemment, et s'assit sur elle sans l'écraser afin de la maintenir en place. Il pouvait se venger à présent, ce qu'il fit sans hésiter en prenant de la pâte à cookie sur ses doigts pour étaler le tout sur le beau visage de la demoiselle. « Je suis trop gentil, je te fais même un masque de beauté. » Il rigola et, pour laisser le droit à Lou d'essayer une contre-attaque, il se releva et recula de deux pas en constatant son travail. Il ne put qu'éclater de rire. Puis il saisit sa coupe de champagne, regarda Lou et souleva le verre en souriant. « Santé. » Puis il avala l'alcool d'une traite.

Jeux de mains, jeux de vilains comme on dit. Et Mathis en était une preuve parfaite ; il suffisait qu'il s'amuse un peu et le voilà les quatre fers en l'air, mort de rire, au sol, avec un léger mal de dos. Sa chute casse un peu l'ambiance étant donné que Lou se jeta presque sur lui, l'air inquiète. Mais elle rigola un coup avant de demander sérieusement « Ca va? Je crois que la guerre va se finir là, par un blesser, hahaha, rassure moi ça va? » Puis elle éclata de rire à nouveau. Mathis rigola aussi et haussa les épaules. Son dos le tirait, c'était clair, mais pour le moment, la douleur était supportable. Restait à voir comment il se sentirait après une bonne nuit de sommeil. « Mon dos n'a pas trop aimé le choc... mais je crois que c'est le reste d'oeuf au sol qui a le plus souffert. Ton parquet aussi. » Evidemment, toujours en train de plaisanter. Il rigola encore et plongea son regard dans celui de Lou qui était toujours penchée vers lui (rappelons le fait que Mat' ne s'est pas relevé). Ses magnifiques yeux bruns dans lesquels il adorait se noyer du temps où ils étaient ensemble. Il sourit légèrement et ses yeux tracèrent les contours de son visage angélique, si parfait. Elle était sublime. Le temps n'effaçait rien à sa beauté, au contraire ! Chaque jour lui apportait quelque chose de plus magnifique encore. Elle était de plus en plus belle. Elle était la femme parfaite...
À cette pensée, le coeur de Lucas accéléra. Il se mit à battre un peu plus vite dans sa cage thoracique, ce qui augmenta également sa température corporelle. Ses yeux étaient toujours plongés dans ceux de Lou et un silence s'était installé entre eux alors qu'ils se regardaient. Et là, comme s'il n'était plus conscient de ce qu'il faisait, Mat' porta sa main contre la joue de la demoiselle pour la lui caresser doucement. Il lui sourit tendrement, sans lâcher son regard, et c'est au moment où il relevait sa tête pour rapprocher son visage de celui de Lou qu'il se rendit compte qu'il dérapait. Il enleva sa main subitement et se redressa pour se mettre assis, légèrement déboussolé. Puis il se releva et posa la bouteille de champagne sur la table avant de se retourner vers Lou et de lui dire rapidement, l'air gêné « Hum... tu sais quoi ? Vas prendre une douche et te changer, ça te fera sûrement du bien d'enlever toute cette farine et cette pâte... et moi... je vais ranger ta cuisine. » Et en observant les alentours, il se rendit compte qu'il y avait du travail, beaucoup de travail.

Mathis nota bien évidemment la tête que tirait Lou, et il resta perplexe. Elle était si joyeuse, pleine de vie, souriante il y a à peine trente secondes et la voilà qui semblait dépitée, déprimée, comme morte... Bien évidemment, il ne put s'empêcher de penser que c'était son attitude qui avait causé cela. Lou avait sûrement prit peur face à son rapprochement furtif. Il faut dire qu'elle était tout juste célibataire... et que Mathis lui avait brisé le coeur du temps où il était ensemble. « Va aussi prendre une douche, dans la chambre d'ami en haut à gauche il y a une salle de bain, et après on rangera la cuisine ensemble, d'accord? » Lucas la regarda, sans sourire et acquiesça d'un simple signe de tête avant de la regarder disparaître en direction de sa chambre.
Il attendit d'être sûr qu'elle ne l'entendrait pas pour relever ses bras afin d'appuyer ses paumes contre l'arrière de sa tête et soupirer avant de se maudire. « Mais quel con tu fais Mat'... » Puis il regarda autour de lui, constata l'état lamentable de la cuisine et se dirigea à l'étage afin de trouver la chambre d'ami. Une fois enfermé dans la salle de bain, il se dévêtit et se précipita dans la cabine de douche pour faire couler l'eau et se laver correctement. Inutile de s'éterniser là-dessus. Mais quand il eut terminé et qu'il fut sorti de la cabine baignée dans la brume, un linge entourant ses hanches, il se rendit compte, comme un imbécile, qu'il n'avait pas de vêtements de rechange. Et remettre ses vêtements sales était totalement débile. Il leva les yeux au ciel et ouvrit la porte pour appeler Lou à l'aide. « Lou ? Tu aurais des vêtements de rechange ? Parce que les miens sont pleins de farine, de pâte et d'oeufs... »

Mathis attendit une réponse quelconque, mais rien. Intrigué, il regarda dans le couloir et ne vit rien. Il s'enferma donc à nouveau dans la salle de bain et prit son tee-shirt dans ses mains pour constater l'état des dégâts. C'était... terrible, il n'y avait pas d'autres mots. Son tee-shirt était passé du bleu marine au bleu clair, presque blanc avec des tâches jaune et brune. Super... et c'est là qu'entra Lou. Il sursauta, évidemment, vu qu'il ne s'attendait pas à la voir. « J'ai pas compris ce que tu as dit, je savais pas que tu étais ... Comme ça, désolée...Tu veux... Quoi? » Mathis était légèrement désemparé. Gêné du fait de se retrouver nu avec une simple serviette de bain autour de la taille comme simple habit face à Lou ? En effet. Il ouvrit la bouche, prêt à parler, mais dût réfléchir à ce qu'il allait dire. Puis il balbutia, gêné « Je... je voulais savoir si... si tu avais des vêtements à me prêter parce que les miens sont... » Il ne dit rien et lui montra simplement le tee-shirt qu'il avait en main pour en montrer l'état. Puis il rigola, nerveusement. Décidément, il accumulait les gaffes ce soir là. D'abord sa main sur la joue de Lou, puis son rapprochement et le voilà maintenant... super.

Une gêne s'était installée, quoi de plus plombant ? Mathis détestait être gêné mais il détestait encore plus quand c'était son interlocuteur qui ressentait de la gêne. Il détourna sa tête et instant, mais regarda à nouveau Lou quand celle-ci lui répondit. « Euh oui.. Em là je crois.. Qu'il y a encore des affaires à .. Euh.. mon ex, sers toi! Hm, je ..je .. Bon je revais dans ma chambre... » Lucas regarda l'armoire qu'elle lui montrait et haussa doucement les épaules. S'habiller avec des vêtements de Roméo était loin de lui plaire... mais avait-il le choix ? Pas vraiment non. Soit, il s'y plierait. Il remercia donc Lou et s'approcha de la dite armoire pour l'ouvrir et chercher des habits convenables. Il dénicha un simple tee-shirt noir et un bas de training gris souris. Rien de très sexy, mais au moins, il était habillé !
À présent présentable, il rangea rapidement la salle de bain et prit ses habits sales avant de redescendre. Il sortit de la maison et alla poser ses vêtements dans sa voiture pour ensuite retourner à l'intérieur, plus précisément dans la cuisine. Lou n'était pas encore là, mais il mit directement la main à la pâte. Il jeta premièrement la bouteille de champagne et se mit à ramasser les morceaux de pâte qui traînaient. Tout en travaillant, il se remit à penser à ce qu'il s'était passé dans la cuisine il y a quelques minutes. Il s'était rapproché de Lou sans s'en rendre compte, en voulant l'embrasser. Mais qu'est-ce qui lui avait pris bon sang ?! Lou ne s'était pas encore remise de sa rupture avec Roméo et jamais elle ne lui avait pardonné ce qu'il s'était passé au lycée, quand bien même ce n'était pas sa faute. Elle allait le détester d'avoir tenté quoi que ce soit, même s'il s'était reculé au dernier moment. Lucas soupira et passa sa main dans sa nuque, les idées embrouillées.

Ce fut dans la lune que Mathis rangeait petit à petit le bordel qu'ils avaient mis dans la cuisine. Alors qu'il jetait la pâte ramassée et qu'il attrapait un chiffon pour le mouiller et se mettre à nettoyer la table, une vague de souvenirs le submergeait. Sa première rencontre avec Lou, leur premier rendez-vous, leur premier baiser, les matchs durant lesquels il avait joué et durant lesquels elle avait encouragé l'équipe en tant que capitaine des pompom-girls, les soirées qu'ils avaient passés tous les deux ou en groupe, la première déclaration qu'il lui avait faite, son accident, le temps que Lou avait passé à son chevet à l'hôpital, leurs délires, leurs moments à eux seuls... puis ce foutu baiser inattendu avec une autre, le secret durant quelque tempe suivi de l'éclat de la vérité au grand jour, le jour de la remise des diplômes, ce qui mit une fin à leur histoire. Ils avaient vécu tellement de choses, traversé tellement de choses ensemble... mais cela faisait presque six ans que tout était terminé entre eux. « On est quand même fort toi et moi pour réussir à mettre un tel bordel, hahha ça m'avait manqué de déconner autant avec toi... » Mathis sursauta une fois encore. Il ne s'attendait pas à entendre Lou débarquer, vu qu'il était totalement plongé dans ses pensées. Il se redressa et la regarda en souriant légèrement. « Ça m'avait manqué aussi... » Il la regarda sans la lâcher du regard. Son battement cardiaque s'accéléra, encore, et il sentit sa gorge se serrer alors qu'il ouvrait la bouche pour parler. Mais pour dire quoi ? Et là, il s'excusa sans réfléchir. « Excuse-moi pour avant... je... je sais pas ce qu'il m'a pris. » Mathis aurait-il un élan de confession qui lui montait à la tête ? Il semblerait oui... son coeur battait de plus en plus vite alors que leurs regards se croisaient. Ils restèrent silencieux un certain temps, et là, tout éclata. C'était comme si Lucas n'était plus capable de retenir ce qu'il avait gardé en lui pendant des années sans tout raconter à la demoiselle. « Je sais que tu viens de rompre avec Roméo mais... je t'aime Lou. Je n'ai cessé de t'aimer depuis la remise des diplômes, en espérant que tu me pardonnerais un jour. Ce baiser... tu m'en as voulu et tu m'en veux sûrement encore. Mais je te répète ce que je me suis tué à te dire ; je n'y suis pour rien. Elle avait bu et je n'ai pas su la repousser, vu que je la tenais pour qu'elle ne tombe pas... je sais que je suis en quelque sorte coupable. Mais je m'en suis voulu, comme jamais, je te le jure ! Et je m'en veux toujours quand je pense que c'est à cause de ça que je t'ai perdue... » Choqué lui-même par ce qu'il venait de dire, Lucas lâcha le chiffon et se mit à faire les cent pas, serrant les poings. Il était perdu, il était submergé par une vague de sensations. Puis il regarda Lou, encore une fois, et laissa parler définitivement son coeur. « Je n'ai pas arrêter d'espérer qu'un jour je me réveillerai de ce cauchemar. La vie loin de toi est insupportable. Je ne peux pas vivre sans toi Lou. Je sais que c'est terminé, qu'il n'y aura jamais rien, que j'ai commis l'irréparable... mais je voulais que tu le saches. Je n'ai pas cessé de t'aimer depuis le jour où tu m'as annoncé que c'était terminé entre nous. » C'était fait... mais Lucas se sentit tout sauf soulagé. Au contraire, il se sentait tendu et s'en voulait d'avoir parlé autant.

« Si ce n'était pas de ta faute alors pourquoi ne pas me l'avoir dit?! Pourquoi est-ce que j'ai dût l'apprendre à la remise des dîplomes? Tu sais à quel point j'ai pleuré? Pendant combien de jours, pendant combien de mois? Tu sais que depuis notre rupture, je ne suis jamais sortie avec un garçon car j'avais trop peur de souffrir à nouveau, et bien sûr je suis tellement bête d'avoir cru qu'avec Roméo ça aurait pu être différent, tout ça parce que je n'ai plus confiance, en personne. Et tu as le culot de me dire que ce n'est pas de ta faute? Un baiser veut toujours dire quelque chose Mathis! Et .. Je.. Je sais pas si tu as changé, si je te laisse une chance est-ce que je vais souffrir comme avant, j'en sais rien tu vois... Au lycée je pensais que tu étais parfait, l'homme beau, sportif,drôle, et gentil comme tout, mais après l'humiliation et la déception que tu m'as affligeais je te détestais, je te haissais, je me détestais moi même d'être encore amoureuse de toi, je te détestais parce que je t'aimais tellement, et .. Je sais pas ce que je ressens maintenant, je ne sais même pas ce que c'est que l'amour, car pour le moment au niveau amour, ce fut un cauchemar pour moi...» Mathis avait l'impression de revivre leur rupture. Cette colère éclatante que montrait Lou, puis ces larmes, ces torrents de larmes impossibles à stopper... Les mauvais souvenirs refirent surface et son coeur se crispa. Directement, il se maudit d'avoir osé parler, d'avoir avoué ce qu'il ressentait. Il resta là, bêtement, à regarder Lou pleurer en se sentant coupable. Mais bon dieu, bouge-toi un peu imbécile !
Sans trop savoir quoi faire, il tenta de trouver les mots, mais rien de très convainquant ne passa la barrière de ses lèvres. « Je ne t'en avais pas parlé parce que j'avais peur de te perdre ! Je savais très bien que ça allait mettre notre couple en péril... j'ai été lâche, je le sais. Et j'imagine que je t'ai blessée... je m'en suis voulu et je m'en veux encore. Je me déteste, si tu savais à quel point ! Mais je me répète, je n'avais jamais rien ressenti pour cette fille, je n'ai juste pas pu la repousser par peur de la faire tomber ou quoi que ce soit. Lou... elle ne tenait plus sur ses jambes tellement elle avait bu... je te jure que ce baiser ne voulait rien dire... mais je sais à quel point il t'a fait mal et à quel point il m'a détruit... je suis un vrai somnambule depuis que tu m'as quitté... je ne vis plus Lou... » Se sentant de plus en plus nul, Lucas préféra se taire. Il resta un instant silencieux, à regarder la jeune femme pleurer. On dit que les gestes sont parfois plus forts que les mots. Mat' décida donc d'arrêter de s'excuser et s'avança vers elle pour la prendre dans ses bras. Il n la força pas, la tira délicatement, sans la brusquer. Mais elle ne résista pas. Il la serra donc contre lui et ferma les yeux avant de murmurer « Je sais que je suis impardonnable... mais... pardonne-moi... s'il te plait... »