Rendez-vous directement devant la salle de réception, avait-elle dit. Résultat, Siloë attendait dans sa magnifique robe de soirée d’un rouge sang, refusant de faire les cent pas pour ne pas laisser entendre son extraordinaire nervosité à la simple idée que Damian ait eu un empêchement, mais la vérité restait évidente tout de même, pour peu qu’on ne l’observe avec attention : la jolie blonde triturait le prospectus en papier glacé qu’on lui avait précédemment donné, se retenant de le chiffonner, le mettre en boule et jongler avec histoire de s’occuper l’esprit mais en ces lieux, elle ne pouvait pas se lâcher comme au sein de son gang ou de son appartement. Siloë restait une figure publique, que dis-je, l’une des rares maîtres d’orchestres féminins de sa génération et les paparazzi étaient à l’affut du plus petit potin à se mettre sous la dent à son sujet. Mais au-delà de ça, elle réfutait l’idée que Damian ait pu lui poser un lapin. Pas alors qu’il avait lui-même soumit l’idée de venir à cette soirée à son bras, de ne plus la partager avec quiconque et surtout pas un gringalet dont elle n’avait manifestement que faire. « Mais qu’est-ce qu’il fout bordel ! » murmura-t-elle avec agacement juste au moment où elle le vit arriver, fringant comme jamais dans un smoking semblant avoir été créé pour lui, et qu’un gigantesque sourire ne s’empare des lèvres de la demoiselle au tempérament flamboyant. Figure publique ou pas, elle descendit les marches couvertes du sempiternel tapis rouge pour lui sauter au cou et l’embrasser, n’ayant cure du fait d’être vue ou pas : le fait qu’il soit présent valait tous les risques du monde et c’était le meilleur moment pour le lui prouver. « C’est nouveau que tu aimes te faire désirer, Monsieur Foxx ? J’ai bien cru que tu allais me poser un lapin !! Me refait plus une trouille pareille… »