Presque malgré moi, j’évoquais une nouvelle fois Lawrence. Je ne faisais absolument pas ça dans le but de faire croire à ma sœur qu’il était plus qu’un simple « ami », ni même pour rendre jaloux Vitaly. C’était tout simplement qu’il faisait désormais partie de mon quotidien. Et puisque je passais la plupart de mon temps libre chez lui, je précisais que justement, il était temps que j’y retourne. Pas simplement pour moi, mais pour lui. Il avait besoin de mon aide et je m’étais engagée à venir tous les jours, lorsque je n’étais pas en cours. M’apprêtant donc à partir, je récupérais mes affaires et sortit rapidement mon portable, sur lequel je me mis à pianoter, prévenant Lawrence que j’arriverais avec un peu de retard. Car mine de rien, je n’avais pas vu le temps passer et j’aurais déjà du être en route pour retourner chez Lawrence. Mais soit. Il n’y avait pas mort d’homme et je me doutais bien qu’il n’allait rien me dire quant à ce petit retard. Après tout, je faisais quand même l’effort de passer le voir tous les jours… « Lin’, je t’appelle dans la semaine pour qu’on organise notre sortie ? Si tu veux passer avant, n’hésite surtout pas mon cœur.» Je levais alors le regard vers ma sœur et affichais un doux sourire en acquiesçant. « On fait comme ça, pas de soucis ! » répondis-je avant qu’elle ne vienne déposer un baiser sur ma joue. « Je t’aime. » M’aimerait-elle tout autant, en sachant que moi aussi, j’aimais Vitaly ? Pas sûr du tout… « Je t’aime aussi… » répondis-je en déviant malgré tout rapidement le regard. Je l’aimais, et c’était justement pour cela que je culpabilisais autant d’avoir eu une liaison avec son mari.

« Je t’aime aussi. Mais faut que je file. Oh Linou, tu embrasseras papa de ma part … et maman bien entendu. » J’acquiesçais alors vaguement avant qu’elle ne quitte la pièce pour se rendre à sa réunion. « Je te dépose. Je ne veux pas avoir à expliquer à Serena pourquoi je ne l'ai pas fais. » J’esquissais aussitôt une légère moue, due à la fois à sa décision de me ramener, et sa froideur envers moi. A nous voir ainsi, il était inimaginable que nous ayons pu avoir une liaison ensemble. Et encore moins que des sentiments existaient toujours entre nous. Je fus d’ailleurs légèrement déstabilisée par son attitude. Qu’il mette des distances entre nous était une chose… mais à ce point ? Je le trouvais excessivement froid et distant. Et je ne savais plus vraiment si cela venait de notre liaison terminée, ou d’autre chose. Après tout, j’avais peut être fais ou dis quelque chose qu’il n’appréciait pas… « Ok…Merci. » répondis-je en lui suivant vers la porte, puis vers la sortie du bâtiment. Et puis, il fallait espérer que, cette fois-ci, nous ne prenions pas l’ascenseur. Ou du moins, qu’il n’y ait pas de panne… Ce serait le comble quand même…

En fait, il était plus difficile de côtoyer Vitaly maintenant, que lorsque nous formions un « couple ». Parce que là, je ne savais plus vraiment comment me comporter envers lui. Après tout ce qu’il y avait eu entre nous, retrouver une relation de beau-frère, belle-sœur, était difficile. Et j’en venais même à penser que cela était impossible. Jamais, nous ne pourrions véritablement retrouver une relation normale. Juste faire semblant. Histoire de berner Serena, et tout notre entourage. Parce que cela paraissait évident, jamais nous ne pourrions oublier tout ce qui s’était passé entre nous ces derniers mois, et cela allait entacher toute relation plus « normale » que nous tenterions d’établir. D’ailleurs, le problème se posait dès lors que Serena nous avait laissé seul. Nous étions aussitôt redevenus froids et distants. Enfin, surtout lui. Personnellement, j’aurais été d’avis de garder une légère complicité. Je trouvais cela moins douloureux, que de me séparer aussi brutalement de lui. Mais soit… C’était sans doute préférable pour nous éviter de fauter à nouveau. Ainsi, lorsque nous arrivâmes devant l’ascenseur, j’eus un bref moment de doute. En repensant à la dernière fois où nous avions prit un ascenseur ensemble, je songeais qu’il était sans doute préférable d’oublier cette option là. Même si, évidemment, les escaliers ne changeraient pas la donne… Nous serions très certainement seuls. Au final, les deux se valaient. Ainsi, je le suivis dans l’ascenseur, rassurée de constater que nous n’étions pas seuls.

Cela m’obligeait alors à rester proche de lui. Beaucoup plus proche que je ne l’aurais souhaité…. Je laissais alors mon regard errer sur les personnes présentes, puis sur le numéro des étages qui défilaient, évitant contentieusement de croiser le regard de Vitaly. Tant que nous étions avec du monde, cela devrait aller. Mais bien sûr, c’était trop beau pour être vrai, puisque nous nous retrouvâmes finalement seuls. Je reculais alors légèrement, préférant éviter toute tentation. C’était préférable. Tout comme il était préférable que je finisse par l’oublier. Ou du moins, le sortir autant que possible de mes pensées. Et pour cela, Lawrence était finalement le moyen idéal. Il ne me déplaisait pas et était même plutôt à mon goût, malgré ce que j’avais pu prétendre précédemment. Et puis, il s’était montré intéressé cet été alors pourquoi pas maintenant… J’en venais à me dire qu’il était peut être la solution à cela. Après tout, ne serait-ce que m’amuser, entre dans un petit jeu de séduction avec lui, ne pourrait pas me faire de mal… Bien au contraire. Et c’était justement car j’avais ce genre de pensées là, que je n’aimais pas trop que Vitaly ait a me ramener chez Lawrence. C’était une situation un peu gênante… Surtout que je doutais fortement qu’il apprécie le fait que je passe autant de temps avec lui.

Ces quelques minutes passées dans l’ascenseur paraissaient longues. Trop longues… Beaucoup trop longues ! Et ça, très certainement à cause du pesant silence qu’il y avait entre nous. Pour sûr, c’était ce qui compliquait tout. Mais le fait était que nous étions tous deux affreusement gênés et distants. Ce qui, clairement, rendait le temps long. Et puis, prendre l’ascenseur, en voilà une idée !! Surtout après ce que nous y avions fait la dernière fois… Comme si ce n’était pas assez complexe comme cela, il semblait que nous nous amusions à en rajouter à chaque fois. Alors forcément, nous retrouver, une nouvelle fois, seuls dans un ascenseur, ne nous aidait pas à nous sentir à l’aise. En tout cas, personnellement, je ne l’étais pas. Et, à voir la froideur et distance qu’instaurait Vitaly, nul doute qu’il en était de même pour lui. Heureusement, aucun problème technique pour la machine, ce qui nous permit d’arriver, au final assez rapidement, au rez-de-chaussée, où le monde était largement plus présent. Je suivais alors tant bien que mal Vitaly, qui fut dehors quelques secondes avant moi. J’accélérais donc le pas pour le rejoindre, constatant que cela semblait véritablement être une corvée pour lui, que de me ramener. Enfin, plus généralement, de passer du temps avec moi. Il n’y avait qu’à voir la manière dont il traçait, m’évitant au possible. Pas même un regard. Et cela en était presque blessant. Après tout ce qu’il y avait eu entre nous, j’avais pensé que nous demeurerions au moins un peu complices…

Songeant à cela, je le suivais malgré tout, conservant cette distance physique qui semblait désormais lui tenir à cœur. Je le rejoins ensuite dans sa voiture, où je pris timidement place. « J'ai besoin de l'adresse. » J’avais l’impression de ne plus avoir la moindre importance pour lui, tant il restait distant. S’il me parlait, c’était par obligation. Sans même un regard. Comme si je n’étais plus rien pour lui… Et c’était vachement déstabilisant. D’autant plus que je l’aimais. Et même si nous étions séparés, le voir aussi froid me faisait mal. « Mène moi à Soho, ça suffira. » Autant limiter la durée du trajet, tant qu’à faire. Et puis, cela me gênait un peu qu’il me dépose pile devant chez Lawrence. Parce que qu’à n’en pas douter, Vitaly ne devait pas l’apprécier. Tout comme je n’appréciais pas les femmes qui lui tournaient autour et ce, que l’on soit ensemble ou pas. Et puis bon, demander à mon « ex » de me mener chez l’homme dans les bras duquel je voulais l’oublier, ce n’était pas top non plus… Je me laissais alors glisser contre le fauteuil, appuyant ma tête avant de fermer durant quelques secondes les yeux, ne pouvant retenir un vague soupir. Cette situation me déplaisait et m’exaspérait de plus en plus. « Pourquoi mettre autant de distance entre nous ? Pourquoi faut-il que, nous deux, ce soit un extrême ou l’autre ? On pourrait pas essayer de trouver... un juste milieu… ? » demandais-je alors d’un ton calme et légèrement hésitant, ne pouvant toutefois pas continuer ainsi.

« L'adresse ! » Cela aurait été bien trop simple qu’il se contente de me déposer à Soho, sachant très bien ce que j’allais y faire, sans faire d’histoires. « Y'a une raison pour laquelle tu refuses que je t'y dépose ? » Je lançais aussitôt un regard accusateur vers lui, tandis qu’il démarrait la voiture, l’air de rien. Je n’aimais pas du tout la manière dont il se comportait envers moi. Et encore moins ce qu’il insinuait quant à ce que je faisais avec Lawrence. « Absolument aucune. Donc à Soho, n°7… » lâchais-je froidement, reportant bien vite mon regard sur la route. Si je n’avais pas voulu lui donner l’adresse exacte, c’était surtout pour lui. Pour le préserver, en quelques sortes. Mais s’il voulait jouer à ce petit jeu, et bien, soit ! Je n’avais rien à cacher. Nous n’étions plus ensemble et je n’avais donc aucun compte à lui rendre. J’étais, en théorie, vraiment libre de faire ce que bon me semblait, avec qui je voulais. Je remarquais ensuite sans mal la lenteur avec laquelle il roulait. Comme s’il voulait faire durer ce moment, pas assez pénible à son goût. C’était absurde. A croire qu’il se plaisait à rendre la situation plus insupportable. Je soupirais alors doucement, appuyant l’arrière de ma tête contre le siège. Bon sang ! C’était bien la première fois que j’étais aussi gênée d’être en sa présence. C’était même la première fois que j’avais si peu envie de faire durer ce moment… N’en pouvant plus, je finis par lui dire ce que j’avais sur le cœur. En fait, ce n’était rien contre lui. J’étais juste sacrément déstabilisée de le voir soudainement si froid et distant. C’était même blessant. A croire qu’il ne ressentait plus rien pour moi. Que tout ce que nous avions déjà partagé et vécu ensemble était tout simplement oublié… enterré. « Moins je te vois et mieux je me porte. »

J’eus à ce moment là l’impression de recevoir une immense claque. Totalement désemparée, je lui lançais un regard ahuri et attristé. Ces mots me firent clairement mal. Comme si le perdre n’était pas suffisant, il n’essayait même pas de m’aider, me soutenir. Non, il semblait vouloir m’enfoncer davantage. Serrant les dents, je détournais bien vite le regard, blessée par ses propos. « Mon Dieu ... Je suis désolé ... C'est pas ce que je voulais dire ... » Cela lui était pourtant venu naturellement. Sans qu’il n’ait à réfléchir ou se forcer. Et ça, ça en disait long… « Pourtant tu l’as dit. » répondis-je d’un ton amer, sans tourner le regard vers lui. Ce n’était plus possible. Plus après ce qu’il venait de dire. « C'est juste ... Vraiment compliqué. Pour toi aussi, je sais. Mais je n'y arrive pas ... Et putain, c'est qui ce Lawrence ? » C’était donc ça, le problème ? Je lui lançais alors un regard noir, à la fois vexée, énervée et surprise… Etait-il donc vraiment jaloux de Lawrence ? C’était… impensable. « Non, ne répond pas. » Oui, il l’était. Cela signifiait donc qu’il tenait peut être encore un peu à moi. Et que ses paroles précédentes étaient peut être un peu trop fortes… « T’es..  jaloux ? » En fait, cela me surprenait quand même un peu… Jusqu’à présent, je n’avais jamais vraiment remarqué cela chez lui… Et le découvrir maintenant que nous étions séparés était très troublant. « Vitaly… » soupirais-je en me laissant à nouveau glisser sur le siège, passant mes mains sur mon visage. « Lawrence n’est rien d’autre qu’un blessé dont je m’occupe.  Il est en fauteuil roulant et ne peut pas faire grand-chose, je suis obligée de lui apporter mon aide… Je sais que je passe beaucoup de temps chez lui, mais j’en ai besoin... Ça me fait du bien... car si je me suis lancée là dedans… c’était pour me changer les idées. Et ne pas passer tout mon temps libre, enfermée dans ma chambre, à ressasser. » expliquais-je alors plus calmement, tentant de ne pas laisser voir toute l’émotion qui apparaissait en moi en évoquant cela.

Je ne voulais pas me montrer froide et distante envers lui. Je n’avais franchement pas envie de gâcher le peu de chose qu’il nous restait. Même si, clairement, cela était difficile, j’espérais que l’on puisse garder un tant soit peu de complicité… Tout ce que nous avions vécu ensemble nous avait sacrément rapprochés et je ne me voyais pas oublier tout cela simplement sous prétexte que nous n’étions plus ensemble. C’était déjà assez douloureux comme ça. Alors, si en plus, nous devenions froids et désagréables l’un envers l’autre… Et même si je n’étais pas dans cette optique là, je ne pu rester douce et gentille bien longtemps. Pas face à son silence et à ses attaques. J’avais d’ailleurs un peu de mal à comprendre pourquoi il réagissait ainsi. Nous nous étions séparés plus ou moins d’un commun accord, sans tension ni problème. Alors pourquoi fallait-il que cela soit si compliqué aujourd’hui ? Certes, jamais cette situation ne deviendrait simple. Mais il me semblait qu’il y avait un juste milieu. Et c’était ce que j’espérais atteindre un jour. « C'est seulement dans le sens où te voir me fait encore trop de mal. La situation n'est pas si simple ... » Oh non, elle ne l’était pas !! Et ça, je le savais déjà très bien. Et cela rendait vraiment difficile, pour nous, le retour à un lien « normal ». Surtout que nous n’avions jamais vraiment eu de lien. Très peu de contact durant ces dernières années. Et puis, soudainement, un rapprochement. Un baiser. Un autre…Et le début de notre aventure. Et en fait, il me semblait que je désirais retrouver cette innocente complicité que nous avions pu avoir avant de déraper ? Mais était-ce seulement possible ? Après tout ce qui nous liait ? Peut-être pas… Mais clairement, je ne pouvais pas me résoudre à ce que nous restions aussi distants qu’à l’heure actuelle ! Ce n’était pas supportable !

A ses mots, je demeurais silencieuse, me contentant d’acquiescer. Déjà, il s’était excusé. C’était une bonne chose, d’autant plus que ce n’était pas rien venant de lui ! Car j’avais pu constater qu’il n’était pas forcément du genre à s’excuser rapidement… Pourtant, il ne tarda pas à me parler de Lawrence. Et c’était à prévoir. L’inverse m’aurait étonné… Et même s’il tenta aussitôt de faire oublier sa question, je ne pu m’empêcher de lui répondre. Parce que dans le fond, je comprenais son inquiétude. A vrai dire, cela me faisait même bizarre de réaliser que oui, il était jaloux. Et ce, même après notre séparation. Et cela me surprenait vraiment car je réalisais alors que je devais toujours compter pour lui. Et pas qu’un peu ! Je finis donc par lui parler de Lawrence en tentant de le rassurer. Après tout, à sa place, j’aurais eu exactement la même réaction. Et même si je n’avais plus de comptes à lui rendre, je ne me voyais pas vraiment le laisser se faire des films et s’inquiéter à propos de ma relation avec Lawrence. Surtout alors qu’il ne s’était strictement rien passé. Malgré tout, je taisais cette vague attirance que j’avais pour lui. Inutile qu’il l’apprenne et souffre davantage. « Tu as omis de m'en parler l'été dernier. » Omis ? Non. C’était bien évidemment volontaire. Ce n’était pas que j’aimais lui cacher des choses mais là… Etait-ce vraiment utile de lui parler de ce type qui, à l’époque, ne m’intéressait pas ? Non… Cela l’aurait rendu jaloux pour rien. « A quoi cela aurait servi, Vit ? Mis à part à te rendre jaloux, te faire souffrir et éventuellement créer des tensions entre nous… » répondis-je alors d’un ton plus calme et doux.

Le plus dur désormais, était de retrouver une relation normale et saine. Après tout ce que nous avions vécu, et tout ces sentiments qui nous animaient encore, cela me semblait presque impossible. Presque. Mais de toute façon, nous n’avions pas le choix. Nous devions trouver un moyen de rétablir un tant soit peu les choses. Ou du moins, donner l’impression que tout allait bien entre nous. C’était le minimum pour nous préserver et pour éviter à Serena de s’interroger à notre propos. Elle ou n’importe qui d’autre d’ailleurs. Et puis, j’espérais sincèrement que nous parviendrons à trouver cet équilibre. Parce que je ne me voyais vraiment pas tenir face à lui s’il continuait d’être aussi désagréable et froid. C’était assez blessant et j’estimais que, même si nous étions séparés, nous pouvions peut-être rester en bons termes. Cela serait tellement plus simple et agréable. Et j’étais prête à tous les efforts pour cela. Mais clairement, je ne me sentais pas capable de restée éloignée de lui. Ce que nous avions vécu avait été si fort et nous avait tellement rapprochés, qu’il était impensable que tout cela puisse disparaître aussi facilement. Je ne pouvais vraiment pas m’y résoudre ! Mais je devais bien l’admettre, cela rendait les choses bien plus difficile. En effet, en conservant cette proximité, nous prenions ainsi le risque de fauter à nouveau. Et ça, ce n’était vraiment plus permis !

« Je suis jaloux quand même aujourd'hui. » Je soupirais vaguement à cette déclaration. Etait-il vraiment obligé de préciser cela ? J’allais désormais vraiment culpabiliser de passer autant de temps chez Lawrence et surtout, d’envisager certaines choses avec lui… Il suffisait que je retrouve Vitaly pour soudainement vouloir laisser tomber tout cela. Du moins, mon désir de l’oublier dans les bras de Lawrence… Bref, cette « déclaration » me faisait mal. Parce qu’implicitement, cela voulait dire qu’il souffrait de la situation. Or, je ne voulais pas le faire souffrir. Mais je ne pouvais pas laisser tomber Lawrence maintenant. D’ailleurs, je n’en avais pas vraiment envie non plus… Et puis, lui ou un autre, la donne serait toujours la même. Vitaly ne l’accepterait pas. Or, je n’allais pas pouvoir rester éternellement célibataire, persuadée qu’il est le seul homme de ma vie. « Il va pourtant falloir te faire une raison… Un jour ou l’autre, je serais vraiment à quelqu’un d’autre… » glissais-je alors, gênée. Pourtant, c’était la stricte vérité. « Est-ce qu'il te plais ? » J’eus soudainement du mal à déglutir. Pourquoi cette question ? Qu’espérait-il de moi ?? « Conversation de beau frère à belle soeur ... » Oui… mais non ! Ce n’était pas une simple conversation de beau-frère à belle-sœur. Pas dans ce contexte là et pas après ce que nous venions de nous dire. Je lui lançais alors un regard faussement réprobateur, signe que je ne croyais pas vraiment à l’innocence de sa question. Mais si je ne répondais pas, il conclurait qu’il me plait. Et même si c’était la vérité, je n’osais pas lui avouer. Cela ne risquerait pas tout simplement de le blesser et le faire encore plus souffrir ? Si, justement. « Vit’ ! … Non… il ne me plait pas… » répondis-je finalement sans pouvoir lui affirmer cela en le regardant droit dans les yeux. Et j’en étais certaine, il y avait de très fortes chances pour qu’il saisisse aussitôt que je mentais…

J'aurais cru que tout cela soit bien plus facile pour lui que pour moi. Après tout, il ne se retrouvait pas sans rien. Il avait toujours ma sœur, et cet enfant qu'elle portait. Je pensais donc que, même si cela ne serait pas totalement facile, il parviendrait à mieux vivre cette situation que moi. C'était logique après tout. Parce que, de mon côté, je venais non seulement de voir ma toute première véritable histoire d'amour prendre fin, mais je me retrouvais désormais seule. Lui pouvait oublier sa peine dans les bras de Serena. Alors que moi... je n'avais rien. Ni personne avec qui l'oublier. Le voulais-je seulement ? Je n'en savais trop rien... Je ne voulais pas totalement oublier Vitaly. Ce que j'avais vécu avec lui avait été tellement beau et magique, que pour rien au monde, je ne voulais l'oublier. Mais clairement, je n'aurais pas été contre le fait d'oublier un peu ces foutus sentiments que j'avais toujours pour lui. Rien n'y faisait. Je l'aimais toujours et c'était bien le plus difficile. « J'espère juste avoir le temps de me faire déjà à l'idée que c'est terminé. » Terminé. C'était terminé. J'avais beau le savoir, l'entendre me le dire était affreusement douloureux. Pourtant, ce n'était que la stricte vérité. C'était fini entre nous. Et il était désormais de nouveau avec ma sœur, prêt à fonder une famille. Ça aussi, c'était dur à avaler. Pourtant, il n'y avait rien de surprenant à cela. Il était déjà avec ma sœur lorsque tout a commencé entre nous. Je savais donc à quoi m'attendre. Et je pouvais aisément comprendre qu'il appréhendait le jour où, moi aussi, j'aurais quelqu'un. Parce que, même si ce jour viendrait, ce serait forcément difficile à vivre pour lui, dans la mesure où je lui avais entièrement appartenu à un moment donné. Alors qu'à l'inverse, j'avais toujours su qu'il était partagé entre ma sœur et moi...

« Si ça peut te rassurer... je ne pense pas que ce soit pour tout de suite... » soulignais-je doucement. Même s'il venait à se passer quelque chose avec Lawrence, ce ne serait très certainement pas sérieux. Et tant que je n'aurais rien de sérieux, je n'en parlerais pas. Évidemment. Ainsi, tant que je n'aurais pas trouvé quelqu'un de bien, avec qui j'aurais vraiment envie de tenter quelque chose, ma vie sentimentale resterait secrète. Et puisque je l'aimais toujours, je ne me voyais pas retrouver quelqu'un d'aussitôt. Cela lui laissait au moins le temps de se faire à cette idée là. Et lorsqu'il me demanda ce que je pensais de Lawrence, j'affirmais évidemment qu'il ne me plaisait pas. C'était faux. Mais je ne voulais pas le faire souffrir en lui laissant comprendre qu'un autre homme me plaisait. Et puis, de toute façon, cela n'était pas comparable. Lawrence était un type charmant. Point barre. Alors que Vitaly était bien plus que cela... Il avait tout pour lui. Ce n'était d'ailleurs pas pour rien que j'en étais tombée follement amoureuse... Malgré tout, au soupir qu'il poussa, je compris bien vite que je n'avais pas été assez persuasive. « T'as raison, il est préférable que je ne sache pas la vérité. Evite seulement de raconter les détails à ta soeur pour les prochaines années. Je crains qu'elle ne me rapporte tout. » Pour les prochaines années ? A ce point ? Il pensait réellement être encore affecté par tout cela dans quelques années ? C'était... troublant. Presque effrayant. « Ne t'inquiètes pas, je ne lui dirais rien... De toute façon, je n'aime pas vraiment parler de ma vie privée, tu le sais... » précisais-je alors en espérant le rassurer un peu. Même si je savais qu'il s’inquiéterait toujours  vis à vis de Lawrence, peu importe ce que je pourrais lui affirmer. « Il ne t'arrive pas à la cheville.... Personne ne peut. » dis-je doucement, sans oser le regarder, parlant bien évidemment de Lawrence. Et des hommes en général. Parce que je ne voyais vraiment pas comment, un jour, j'allais pouvoir en aimer un autre et être aussi heureuse avec lui que j'avais pu l'être avec Vitaly. Cela me paraissait impossible.

J’osais croire que le temps aiderait Vitaly à accepter cette situation. Et que, plus tard j’aurais officiellement quelqu’un, plus facile ce sera à avaler pour lui. En tout cas, à sa place, ce serait sans doute ainsi que je fonctionnerais.  Parce qu’avec le temps, il pouvait m’oublier un peu, ou tout simplement se faire vraiment à l’idée que nous deux, c’était terminé. Evidemment, à sa place, j’aurais sans doute mal prit le fait qu’il retrouve rapidement quelqu’un. Le simple fait qu’il retombe aussi rapidement dans les bras de ma sœur m’avait fait mal. Mais cela pouvait en partie s’expliquer et se comprendre, étant donné tout ce qu’ils avaient déjà vécu ensemble et les sentiments qui existaient toujours entre eux. « Oui ... Mais Serena est ta soeur. La personne à qui tu racontes sans doute le plus de choses en ce bas monde. Il serait donc tout à fait légitime que tu éprouves le besoin et l'envie de lui raconter les moindres détails de ta vie amoureuse. » Certes, je me confiais beaucoup à Serena. Un peu moins depuis que j’entretenais une liaison avec son mari. Car du coup, la situation était un peu plus compliquée… Mais à aucun moment, je ne lui avais vraiment parlé de ma vie amoureuse. Sans parler de Vitaly, évidemment. Juste lui parler de ma vie sentimentale et mes goûts. Comme par exemple, lui dire que je trouvais machin charmant, ou qu’untel m’attirait. Même ça, je ne le faisais pas vraiment. Mais peut-être cela s’expliquait-il par le fait que, jusqu’à présent, je n’avais jamais eu d’histoire « normale ». Jamais eu d’histoire officielle, du moins. Et en y réfléchissant bien, il était vrai que, lorsque tout a commencé avec Vit’, j’ai eu envie de lui en parler. Pas pour me déculpabiliser, non ! Juste pour partager tout ce bonheur. Et sans doute que, le jour où j’aurais officiellement quelqu’un, j’aurais envie de faire de même…

J’hochais donc vaguement la tête, me promettant malgré tout de ne pas trop entrer dans les détails. Ou de faire promettre à ma sœur qu’elle garderait vraiment tout cela pour elle. Ne serait-ce que pour préserver Vitaly. « Peut-être bien… Enfin, je te promets que, le cas échéant, je ne lui en dirais pas trop, ou lui demanderais de n’en parler à personne… » répondis-je alors d’une voix douce, tentant de le rassurer. « Si par contre, toi, tu pouvais aussi éviter les démonstrations d’amour devant moi… Enfin, les bisous, papouilles, caresses… tout ça, quoi… j’suis pas vraiment prête… » grommelais-je ensuite en repensant à leur attitude cet après midi. Exactement le type de chose que j’aimais avoir de sa part… Et que, par conséquent, je ne supportais pas de le voir faire à ma sœur. Le sentant s’inquiéter concernant l’importance que pouvait avoir Lawrence pour moi, je lui précisais finalement qu’il ne lui arrivait pas à la cheville. Personne n’y arrivait d’ailleurs. Et je le pensais sincèrement ! Jamais je n’avais rencontré quelqu’un qui ait autant de pouvoir sur moi, que Vitaly. C’était donc ça, l’amour ? En tout cas, j’avais l’impression que jamais je ne pourrais aimer comme je l’avais aimé. Et comme je l’aimais toujours, malheureusement…  « Ne dis pas ce genre de chose Lindsay ... » Je ne disais que ce que je pensais, pourtant ! « Je suis loin d'être parfait. Et tu finiras par rencontrer quelqu'un d'incroyablement génial, qui te fera m'oublier pour de bon. »  Non, il n’était pas parfait. Mais il avait ce petit plus que je ne trouvais chez personne d’autre. Et qui le rendait, pour moi, inégalable. C’était peut-être stupide, j’en étais consciente. Mais le fait était que je ne parvenais pas à l’oublier et n’arrivais donc pas à m’intéresser sérieusement aux autres hommes. « Si tu le dis… » J’avais envie de lui dire que j’espérais vraiment cela, mais cela voudrait dire que j’espérais l’oublier. Et, en un sens, c’était totalement faux ! Je ne voulais pas l’oublier… Ni lui, ni ce que avait pu se passer entre nous durant ces derniers mois…

Même si pour le moment, cela me paraissait encore impensable, je savais bien qu’un jour ou l’autre, je trouverais quelqu’un d’autre. Quelqu’un avec qui j’aurai envie de faire ma vie et que j’aimerai sincèrement. Et il y avait de fortes chances pour qu’avant de trouver cet homme là, j’en rencontre d’autres, avec qui j’aurai des histoires plus ou moins sérieuses. Cela allait de soi. Mais il fallait pour cela que je parvienne à oublier Vitaly. Et ma seule solution était, actuellement, de laisser le temps faire les choses. Ou alors, de les précipiter un peu en me jetant dans les bras d’un autre… Lawrence. C’était bien évidemment mon idée, depuis que j’avais à m’occuper de lui. Si j’étais toujours à son goût, je n’étais pas contre l’idée de tenter quelque chose. Rien de sérieux, bien sûr. Mais juste histoire de me prouver à moi-même qu’il n’y avait pas que Vitaly et que je pouvais très bien vivre d’autres choses avec d’autres hommes…Et ça, ce n’était pas gagné. Parce que même si je n’étais pas contre un rapprochement avec le jeune homme, retrouver Vitaly m’avait permis de me rendre compte qu’il était jaloux et avait du mal à se faire à l’idée que je puisse être attirée par un autre. Et cela changeait tout. Ou du moins, cela me faisait vraiment culpabiliser. Je ne voulais pas le faire souffrir. Or, c’était ce que je risquais de faire en jouant à ce petit jeu là avec Lawrence. Et cela me décourageait quelque peu de faire cela. Je souffrais déjà de la situation et ne voulais pas lui imposer plus de souffrances.

Parce qu’évidemment, le voir avec ma sœur était difficile. Encore plus aujourd’hui, où il s’était montré particulièrement tactile. Plus qu’il l’était envers elle par le passé. Beaucoup plus… Et ça, je n’avais pas vraiment apprécié. Et si, sur le coup, je n’avais rien laissé paraître, je ne me privais pas pour lui faire remarquer à quel point cela m’avait été difficile à accepter. « Désolé ... » Si lui devait désormais se faire à l’idée que je ne lui appartenais plus, moi, j’avais du me faire à cette idée depuis bien longtemps. Et malheureusement, c’était toujours aussi dur à vivre. Encore plus maintenant que nous étions séparés. C’était comme remuer le couteau dans une plaie encore ouverte. « Et si Serena est à l'origine de ce genre de gestes, je fais quoi ? Je la repousse ? » Malgré la situation, sa question m’arracha un léger sourire. Clairement, si ma sœur était à l’origine de ces gestes, il ne pouvait rien y faire. La repousser serait même le pire de tout, puisqu’elle le prendrait certainement mal et se poserait des questions. « Non, bien sûr que non… Mais je ne sais pas… Invente un truc ! Comme le fait que tu n’aimes pas être aussi démonstratif en public… même seulement devant ta « belle-sœur »… » proposais-je sans réelle conviction. Parce que même cela risquait de ne pas être suffisamment crédible pour Serena. Mais soit. C’était ainsi et, s’il le fallait vraiment, je continuerais de supporter leur mièvreries sans rien laisser paraître. Enfin, autant que possible… « Pourquoi est-ce que ce n'est pas plus simple ? » Si seulement je le savais !! Mais effectivement, cela n’était simple ni pour lui, ni pour moi… « On a toujours su que, quoi qu’il puisse se passer, rien ne serait jamais simple entre nous… » Et c’était horrible que de constater que, malgré cet amour si fort, tout ce qui nous entourait nous compliquait la vie. Comme si, clairement, nous n’étions pas faits pour vivre quoi que ce soit ensemble…

A nouveau, j'étais célibataire. Vraiment. Et ainsi, cela signifiait que rien ni personne ne devait m'empêcher de faire ce que bon me semblait, avec qui je voulais. J'étais libre de m'intéresser, flirter, sortir, avec qui je souhaitais. Cela semblait évident. J'étais même la première à vouloir profiter de cela. Enfin, du moins, m'amuser un peu pour oublier Vitaly. Parce que pour le moment, je ne me sentais pas tout à fait prête à recommencer quelque chose de sérieux... Sauf que je savais désormais que clairement, cela ferait souffrir Vitaly. Et cela remettait toute ma décision en cause. Si, d'un côté, je n'avais pas envie de me priver de ceci ou cela, et souhaitais oublier Vitaly aussi vite que possible, je ne voulais pas le faire souffrir. Et à vrai dire, je préférais souffrir, moi, à cause de notre séparation, plutôt que de sauter sur le premier venu pour me changer les idées mais le faire souffrir. Puis, je n'étais même pas convaincue du fait que je pourrais réellement m'intéresser d'aussitôt à quelqu'un d'autre. Il était encore bien trop présent dans mes pensées... Et dans mon cœur. Mais dans tous les cas, cette révélation me rendait les choses plutôt difficiles. Car, jusqu'à présent, je songeais réellement à me rapprocher de Lawrence. Après tout, je semblais être à son goût puisqu'il m'avait dragué par le passé... et lui ne me déplaisait pas. Oui, j'avais songé à tenter d'oublier Vit auprès de Lawrence. Mais je n'étais désormais plus sûre de rien. La seule chose que je savais, c'était que nous nous étions vraiment foutus dans une sacrée situation ! Et forcément, nous allions souffrir. J'en profitais d'ailleurs pour lui demander d'être un peu moins démonstratif envers sa femme devant moi. C'était... assez gênant. Et je ne pouvais pas cacher que cela me rendait affreusement jalouse. « Et si elle me lance un regard larmoyant, dois-je faire le sans coeur ? » Je lui lançais alors un regard faussement désespéré. « Quelle question ! Évidemment ! » répondis-je en plaisantant.

Il était évident qu'il ne pourrait pas trop la repousser, ni rester distant envers elle. Elle ne comprendrait pas ce nouveau changement d'attitude et risquerait de se vexer. Et de souffrir. Or, nous avions fait suffisamment de dégâts comme ça. « L'essentiel, c'est qu'elle ne se doute de rien et soit heureuse... Et si pour cela, il faut que tu te montres tactile et calin... Vas-y. Mais essaie de te limiter au minimum quand je suis là... » répondis-je alors plus sérieusement, ne pouvant pas l'empêcher totalement d'agir de la sorte, et ne voulant pas qu'il mette son couple en danger pour ne pas me faire souffrir. Après tout, je n'avais que ce que je méritais ! « Nous avons été si faibles ... » Je ne pu retenir un vague soupir à ces mots. C'était totalement vrai. Et horrible que de l'affirmer ainsi. Mais cela n'était que le triste reflet de la réalité. Et lorsque je tournais le regard vers lui et croisais ainsi le sien, je réalisais que mon cœur s'était soudainement emballé. Pour changer. Preuve de l'effet, encore fou, qu'il me faisait... « Tu crois qu'un jour on arrivera à être juste un beau frère et une belle soeur ? » J'esquissais aussitôt une légère grimace, peu convaincue. Nous avions déjà du mal à rester éloignés. Alors reconstruire une relation beau-frère/belle-sœur totalement saine... Cela me paraissait compliqué. « Je... Je n'sais pas... Peut-être bien, dans quelques temps, quelques années... Quand nos sentiments se seront effacés et que l'on aura tous les deux vraiment refait notre vie, que tout cela sera derrière nous... Peut-être que là, on pourra l'espérer... Tu crois que c'est possible, toi ? »

Nous n'étions pas à l'abri d'un nouvel incident. Jamais. En tout cas, c'était mon avis. Bien sûr, je ne souhaitais absolument pas que nous dérapions à nouveau. Après tout, nous n'avions pas fait tout ça pour rien ! Et même si j'étais vraiment bien lorsque j'étais avec lui, et avais passé de merveilleux moments lorsque nous formions un couple, j'étais bien consciente que cela appartenait désormais au passé. Et que cela devait y rester. Il était nettement préférable que nous restions désormais beau-frère et belle-soeur. Mais cela n'était pas évident. Parce que la tentation était toujours aussi présente. Et puis, après tout ce qui s'était passé, il était vraiment difficile de retrouver une relation totalement saine et innocente. C'était même impossible. Pour preuve, même si tout était terminé, nous étions tous deux assez jaloux. Et si lui appartenait, depuis toujours, à une autre, il n'en était pas de même pour moi. J'étais toujours seule. Mais, évidemment, je n'allais pas le rester éternellement. Et c'était là que tout se compliquait. Parce qu'il serait forcément jaloux, voire un peu blessé. Tout comme je l'étais lorsque je le voyais roucouler avec ma sœur. C'était horriblement frustrant que de les voir ensemble et heureux. Comme nous l'étions quelques mois auparavant. Et même s'il n'y avait rien de surprenant à ce qu'il se comporte ainsi avec ma sœur, je n'aimais pas ça. Cela ne faisait que retourner le couteau dans la plaie. « Je ferai attention à ça. » Je savais que cela compliquait encore la situation. Non seulement il allait devoir se montrer moins tactile envers ma sœur, mais il allait devoir faire cela subtilement pour qu'elle ne se rende compte de rien. Mais je ne me voyais pas continuer ainsi. Il fallait qu'il soit au courant de la difficulté que cela représentait pour moi. Parce que du coup, je risquais juste d'avoir une attitude étrange, gênée, voire jalouse, qui mettrait la puce à l'oreille à Serena... « Merci... »

Après un bref silence, il me demanda si je pensais qu'un jour, nous parviendront à retrouver notre relation d'antan. Enfin, redevenir beau-frère et belle-soeur « normaux ». Et cela me paraissait compliqué. Faisable, plutôt sur du long terme... Lorsque nous serons tous deux véritablement casés et sans aucun sentiments l'un envers l'autre. Donc pas tout de suite... « Dans quelques années, quand nos sentiments se seront effacés et que l'on aura tous les deux refait notre vie. » J'esquissais un léger sourire ironique, reconnaissant bien sûr les mots que j'avais prononcé juste avant. En fait, c'était vraiment ce que je pensais, mais dans le meilleur des cas. Car tout cela était affreusement compliqué et je n'étais vraiment pas certaine de ce qu'il allait pouvoir se passer entre nous, ni la tournure que notre relation allait finalement prendre. Si nous parviendrons à rester sages, si nous déraperions à nouveau, si notre liaison finirait par se savoir.... Je ne savais absolument pas ce qu'il allait advenir pour nous. Je tentais simplement d'être optimiste en soulignant que peut-être un jour, tout pourrait redevenir normal. Réalisant alors que la voiture ralentissait, je jetai un coup d'oeil par la fenêtre et reconnaissais aussitôt les lieux. Je n'eus même pas à préciser quoi que ce soit, qu'il s'arrêtait pile devant le logement de Lawrence. Je déglutis alors difficilement et ne pu retenir un léger soupir. Je n'avais pas envie de partir, de le quitter. Et pourtant, il le fallait bien. « Bon, je vais y aller... Merci Vit' et... à bientôt. » dis-je d'une douce voix en posant rapidement ma main sur son avant-bras, pour appuyer mes propos avant de lui adresser un ultime sourire et de quitter la voiture pour me diriger vers l'entrée du batiment.