Je reprenais doucement le travail. J'avais pu, enfin, me racheter du matériel pour bosser. J'avais recommencer un shooting extérieur et j'avais enchaîné avec un shooting ayant pour thème les années 20. Ces deux shootings me serviraient pour mon book que je présenterais dans des agences, afin de postuler pour devenir une de leurs photographes titulaires. Je dois bien avouer que cela ne me ferait pas de mal au niveau des finances, et que ça rassurerait mon banquier d'avoir un travail assez régulier. Mon book était pratiquement terminé, j'y avais rassemblé mes meilleurs clichés que ce soit des portraits, des instantanés, de la nature. Tout y était. J'avais, parallèlement envoyé quelques clichés indépendants un peu partout.

De ces clichés, je reçus une réponse qui débouche sur un rendez-vous. Rendez-vous qui a lieu dans un des bars chics de Manhattan. J'arrive à peu près dix minutes en avance, avec le book presque finalisé sous le bras. Je m'installe à une petite table située dans le fond du bar. Bar luxueux, dans l'artère principale, la clientèle y était calme et posée, parfait pour bosser. Je pose mon book sur la table avant de me commander un café en attendant la personne avec qui j'avais rendez-vous. Je savais seulement que c'était un homme.

C'était un de mes premiers rendez-vous professionnels ici, enfin une des premières fois où je présenterais mon book. Je ne l'avais pas terminé comme je le souhaitais réellement mais selon Suile j'étais tellement intransigeante envers moi-même que je ne serais jamais totalement ravie. C'est même lui et Gof qui m'avait stoppé en disant que ce book était très bien. J'avais donc décidé de leur faire confiance et de le présenter tel quel.
Le bar était calme, parfait pour feuilleter de nouveau le book, afin de voir que je n'avais quand même pas fait une erreur de frappe, de positionnement ou autre. et j'avais assez de temps devant moi pour cela. Le serveur m'apporta entre temps le café, je regarda ma montre, il était l'heure, je redresse mon regard avant de voir un jeune homme s'avancer vers ma table. À sa question j'opina de la tête, tout en me levant et lui tendant ma main. "C'est moi. Enchantée de vous connaître. Appelez-moi plutôt Orfhlaith". Je lui souris poliment.

J’avais rarement des rendez-vous professionnels dans un bar, non même jamais. C’est la première fois. Mais je dois avouer que cela m’enlevait déjà une bonne dose de stress. Et apparemment il avait déjà remarqué mon travail, c’était bien le premier à m’avoir proposé un rendez-vous à la suite de mon courrier pour le book. Alors autant dire que j’étais dans un état d’euphorie depuis ce matin. Mais il allait falloir que je me détende, bon d’accord avec un café ce n’est peut-être pas la meilleure solution. Mais c’était avec ça que je carburais tout au long de mes journées. À vrai dire, j’espérais que, même si cet entretien n’est pas concluant, cela déboucherait sur quelque chose. En plus j’étais du genre à détester les entretiens professionnel, j’étais assez autodidacte, mais parfois on n’a pas le choix. Surtout quand on cherche à percer dans notre métier. Être photographe demande beaucoup de patience, d’investissement. Et une part de talent et d’imagination aussi. Beaucoup se croient photographes professionnels alors qu’ils ne sont qu’amateurs. Moi derrière la photographie je ne cherchais pas à prendre un simple cliché, mais plutôt à capturer une émotion, un instant volé, tout ce qui pouvait changer un cliché banal en un cliché un peu plus humain, et artistique. Mais, je vis cet homme arrivait, ce qui me fit sortir de mes pensées. Je me redresse tout en lui tendant ma main. «  Très bien. Oui c’est cela. ». Je souris, il est vrai que mon prénom n’était pas des plus faciles à prononcer, tout le monde m’appelle normalement par mon diminutif. Mais il s’agissait d’un rendez-vous professionnel et non pas personnel. Je le regarde s’installer. « Je suis irlandaise. Je suis arrivée il y a quelques mois à New-York. » Je le regarde et lui sourit gentiment. « Merci en tout cas d’avoir répondu à mon courrier ».

J’avais toujours voulu faire de la photographie pour capter des émotions, des sentiments rares, comme pour y marquer notre vie d’une seconde. Tous ces sentiments éphémères, aléatoires, arrivant au moment où l’on ne s’y attends pas. Et c’était cela que je préférais dans la photographie. La plupart des photos qui sont dans ce book ont été pris à l’improviste, sur le moment. Cela donnait quelque chose d’assez réaliste, d’humain même. J’adorais faire vivre mes clichés. Bien sûr, parfois je devais m’appuyer, m’inspirer et respecter d’un cahier des charges, mais c’était loin d’être ma tasse de thé. Enfin, un bon photographe se reconnaît également à la faculté de s’adapter, c’est ce qu’on m’a enseigné ! Et j’avoue que le fait que je sois ‘’multifonction’’ comme le dit si bien Gof, peut fortement jouer en ma faveur. Et j’espérais que ce serait le cas pour cet entretien. Je m’étais renseignée sur la boite de mon interlocuteur, j’avais pu voir quelques campagnes de pub, et je dois bien avouer que le boulot qui y était effectué pouvait très bien correspondre à mes idéaux. Mais bon, il ne faut pas que je m’emballe non plus, nous en sommes qu’au début, si ça se trouve notre entente ne sera pas possible. Enfin ce serait tout de même étonnant, j’étais plutôt quelqu’un de facile à vivre, et qui s’investissait à fond professionnellement parlant. Je doute que ça déplaise à mes futurs employeurs. « Oh, je ne fais rien d’exceptionnel pourtant. J’ai parfois juste de la chance de tomber sur de très bons modèles qui m’inspirent. » Je souris, néanmoins touché par ses paroles. Je le laisse feuilleter le book, n’intervenant pas, je préférais qu’il se fasse sa propre opinion, et si jamais il me le demande je commenterais. Je hoche la tête. « Oui je n’en doute pas un seul instant. Même si je n’ai jamais travaillé dans ce domaine. » Mais je dois bien avouer que ça avait l’air d’être intéressant, très intéressant.

J’appréciais d’avoir un interlocuteur qui semblait réellement s’intéresser à mon boulot et non pas au fait que j’étais plutôt une jolie fille, et donc que c’était sympathique d’avoir une jolie fille à mater derrière un objectif. Mais j’étais assez tolérante dans ce que l’on me demandait, ce qu’on pouvait exiger de moi, après tout une photographe ne faisait pas forcément tout ce qu’elle voulait. Moi ça me convenait tant qu’on ne m’obligeait pas à utiliser certains réglages. Mes exigences de salaires, et d’horaire, j’étais également assez souple, après tout je ne rechignais jamais contre un contrat, tel qu’il soit. Et d’autant plus si la boîte avait l’air d’être humaine, et d’une certaine manière elle avait une certaine mentalité qui me plaisait. Et d’autant plus, après m’être renseigné à droite et à gauche, il ne proposait pratiquement que des mi-temps, ce qui m’allait parfaitement bien. «  Je connais, que de nom, malheureusement, votre entreprise et je dois dire que j’ai beaucoup apprécié quand j’en ai entendu parler. Alors je serais également ravie de bosser avec votre boîte. » Je reprends le book de mon côté avant de lui rendre son sourire. «  Ca me va parfaitement, je suis plutôt du genre à enchaîner plusieurs petit contrat, ou du moins un pas trop énormes, me permettant ainsi de photographier librement à côté. Enfin, je ne pense pas bosser pour une autre boîte. Généralement ce n’est pas mon genre. » Je hausse simplement les épaules. « Oh, vous savez je ne fais pas forcément ce métier pour le salaire mais par amour. Alors tant que ça me permet de payer mes factures et de manger, ça me va. Je ne suis pas pointilleuse à ce sujet, rassurez-vous. Je ne suis pas du genre à demander des sommes astronomiques simplement parce que je prends des clichés de rêves. » Je mime les guillemets sur le mot ‘rêve’. Parce que, tout simplement, j’étais loin de penser que mes clichés pouvaient un jour me rapporter gros.

J’avais de quoi vivre, et franchement ça me suffisait amplement, j’étais loin de faire partie des genre de fille à passer son temps libre dans les magasins à dépenser l’argent que je n’ai pas. Et puis, comme on dit lorsqu’on est passionnée on ne compte pas, et moi je préférais ne pas compter le nombre d’heure que je passe à photographier, que ce soit des modèles ou la nature, peu d’importance tant que j’avais mon appareil photo en main. Alors parfois, c’est vrai que c’était loin d’être rentable, et on me le reprochait souvent, mais, j’avais de la chance de faire un métier que j’adore, ce qui est loin d’être le cas de tout le monde. Et puis je ne suis pas une vipère, enfin quelqu’un qui va essayer d’avoir plus que ce que mon travail permet, même si parfois cela ne me ferait pas de mal. Mais je n’aime pas arnaquer les gens, qui que ce soit. On m’avait souvent dit que je pourrais en profiter, que le métier le permettait, mais ce n’était pas l’idée que je me faisais de la photographie. « Je n’ai pas besoin de discuter de vos conditions, vous savez, je suis certainement naïve, mais je vous fais confiance sur cela. » Je lui souris tout en haussant les épaules à sa seconde question. « À vrai dire, pour le moment ce n’est pas trop possible, je pars dans quelques jours pour le Brésil, pour deux semaines, mais après je suis totalement disponible. Donc si ça vous convient, on fait cela après mon retour ? Je serais plus disponible pour qu’on puisse étudier le cahier des charges et tout. » Je lui souris, confiante, j’avais déjà totalement hâte de découvrir ce projet, qui selon lui me correspondrait totalement. J’espère qu’il ne se trompe pas, ou sinon, me connaissant, je n’allais pas forcément savoir lui dire non, et je me forcerais à sortir quelque chose d’à peu près convenable.

Je ne pensais pas, de mon côté, trouver une boite de pub, aussi... humaine. Oui c’était bien le mot qui convenait à l’impression que je me faisais de sa boîte. Je n’étais pas quelqu’un qui aime poser des soucis, et puis je suis généralement assez naïve pour croire à tout ce qu’on peut me dire, au grand dam des jumeaux qui parfois se désespérait à essayer de me rendre plus méfiante. Mais c’était un peu peine perdue. Mais il n’avait pas l’air de vouloir m’arnaquer au contraire même, je crois qu’il avait été sincèrement étonné de voir que je n’étais pas exigeante du côté salaire. Ce qui ne m’empêcherait pas cependant, d’être assez exigeante envers mon propre boulot, j’aimais les choses bien faites, peu importe le temps que j’y passe. J’aurais bien démarré le lendemain, mais je m’étais déjà engagé ailleurs, quelques jours auparavant. Et j’aime tenir mes engagements, quelqu’ils soient. Mais, j’espérais sincèrement que ça n’empêcherait pas ce contrat. Il avait l’air très intéressant, autant dans ce qui pourrait m’être demandé et ce que je pourrais me permettre d’inventer, d’imaginer. Et puis, si jamais ce n’est pas possible, et bien je comprendrai, même si je serais déçue. Je sais très bien que, généralement, si l’on reporte on est rarement recontacté, car dans l’urgence on cherche ailleurs, ce qui est tout à fait normal au fond. Surtout dans notre métier. Je le vois prendre son agenda, me doutant qu’on allait fixer une date. Je sors mon portable, qui contient tous mes rendez-vous, je n’ai jamais d’agenda papier, je le perds facilement. «  Parfaitement, le lundi vous convient ? Je rentre la veille, mais comme cela, on pourrait vraiment parler du cahier des charges, pour que j’organise tout ce qu’il me faut. » Je souris, il fallait que je puisse m’organiser, car n’ayant pas forcément de local, ni même de salaire régulier, je me retrouve souvent à louer du matériel que je n’utilise qu’à quelques reprises. Je relève le regard quand il me demande si je pars bien au Brésil pour travailler. Je hoche simplement la tête. « Oui. Paysage de rêve, mais je ne sais pas si j’aurais le temps d’en visiter quelques coins. C’est pour une grosse agence de mannequin, qui travaille avec une agence artistique que je côtoie qu’à de rares occasions, pour des contrats de free-lance. » Et je dois bien avouer que ça me botte moins que son projet qu’il venait de me proposer, mais bon. On ne rechigne pas contre un semblant de salaire.

Ce qui était tout à fait normal, je ne lui en voudrais pas s’il venait à me remplacer. Ce qui ne devait être guère plaisant pour lui. C’est pour cela que j’évite de cumuler les contrats, quitte à galérer à la fin du mois, mais je préfère honorer convenablement mon contrat, plutôt que de me désister. Je tenais à avoir une certaine réputation, de par mon travail et mon sérieux plutôt par le fait que j’enchaînais contrat sur contrat. Et puis, il m’arrivait parfois de refuser des contrats, soit parce qu’il ne convenait pas à ce que je recherchais, soit, et cela arrivait bien plus souvent qu’on ne le croît, parce qu’il y a trop d’incertitude dans le contrat, de date exhaustive, de cahier des charges bien trop léger, ou même un désintéressement complet pour le photographe, parce que c’était son boulot, et qu’il devait simplement se démerder. C’était généralement des contrats de ce type qui me coinçait dans mon boulot, alors généralement je n’y répondais pas. si je fais mon travail avec un certain sérieux, j’estime que ça doit être la même chose de l’autre côté, et cela passe par des contrats travaillés, réfléchis et non pas bâclés, je préférais laisser cette tâche ingrate à d’autres photographes. Je note la date et l’horaire qu’il m’a indiqué sur mon téléphone et enregistre le tout. «  C’est parfait. Ca sera plus simple pour moi, et comme ça j’enregistrerais le trajet pour les prochaines fois. » Je souris, quand il aborde le sujet du Brésil. «  Il est vrai que le paysage va beaucoup aider aux conditions. Mais la boite, ce n’est pas la première fois que je bosse avec eux, ils ont de très gros contrats, ce qui financièrement n’est pas négligeable, mais pour le côté humain, on repassera. » Je hausse simplement les épaules « Mais bon je n’y suis que simple free-lance, ce qui me convient parfaitement actuellement. Tant qu’il ne m’engage pas dans leur boite de mannequinat tout va bien. »

J’avais quand même hâte de découvrir le brésil, je ne voyageais que rarement en dehors du pays. Alors si le travail me le permettait je n’allais pas me plaindre. Même si la boite n’était pas dans mes critères. Et puis ce n’était que pour deux petites semaines, je n’allais pas en faire tout un plat. J’espérais juste ne pas passer toute la journée à photographier les mannequins surmaquillées et être trop épuisée pour me balader et enfermer dans mon appareil photo la nature. Mais, je me contenterais de ce qu’on me proposerait, le salaire que j’allais toucher aller mettre du beurre dans les épinards, comme on dit. Je relève le regard, surprise qu’il me demande si c’est en tant que mannequin ou de photographe. Parce que je n’aurais jamais songé à faire ce métier, et je ne le ferais probablement jamais. « En tant que photographe ! Être mannequin ne m’a jamais réellement attirée. » Moi qui n’aime pas tout ce qui est superficiel, le maquillage et tout ce qui était essentielle à une mannequin, je ‘ai jamais était à la pointe de la mode. Et généralement quand on découvrait les mannequins au naturelles, c’était bien loin de l’image que l’on se fait d’elles grâce à aux magasines. « Je n’aime pas trop le superficiel, je suis loin d’être une adepte du surfait. Et je déteste être face aux projecteurs, alors être derrière l’appareil me convient parfaitement ! » Je souris, l’écoutant me raconter sa mésaventure. Ca ne m’étonnait guère au final, certaines mannequins débutantes à qui j’avais eu à faire lors de shootings précédents s’étaient retrouvées déstabilisées parce que je leur avait tout simplement demander de se démaquiller. « Oui, je crois que peu de mannequins désirent vraiment bosser avec moi car je leur demande souvent de se démaquiller, ça leur semble tellement inopiné, soudain que certains ont claqué la porte sans même faire le shooting. » Apparemment on était sur la même longueur d’onde.

Beaucoup avait tenté de me convertir au mannequinat, mais sans aucun succès. J’avais toujours tout refuté en bloc. Je ne me laisserais pas enrôler par ce monde superficiel, je ne perdrais jamais mon naturel, et jamais je ne tomberais dans le monde de la cruauté, de la réussite à tout prix. Du superficiel par excellence. Je préférais nettement les photographier que d’être de l’autre côté de l’objectif. De là où j’étais je n’avais pas besoin de jouer un rôle. Parfait. «  Effectivement. C’est une partie de mon travail que je n’aime pas spécialement, j’aime plutôt prendre les personnes banales, naturelles. Qui ont tellement plus de choses à exprimer. Mais je ne refuse jamais une proposition, enfin rarement du moins... » . à vrai dire parfois c’était un vrai challenge de faire poser une mannequin au naturel, surtout celles qui avaient une certaine expérience. Mais, si certaines tournaient le dos, d’autres relevaient le défi, et elles étaient tout simplement splendide. Il fallait simplement qu’elles apprennent à être naturelle, vivantes. « Oh, il y en a certaines qui peuvent vraiment être étonnantes. Mais, je me plis aux exigences du contrat, donc même si je n’apprécie pas spécialement travailler avec des personnes qui surjoue, ou même qui ne savent pas du tout jouer ni même être naturel devant un objectif, je m’en contente s’il le faut. ». Il m’est arrivée, seulement à peu de reprises, de demander le renvoi d’une mannequin qui ne correspondait pas du tout à ce que je voulais faire, et qui n’arrivait même pas à poser correctement, et qui donc me faisait prendre plus de retard qu’autre chose. Mais, apparemment je n’aurais même pas besoin de m’inquiéter de cela pour notre collaboration. Encore un point qui me dit que cette collaboration allait vraiment être très enrichissante. Et qui me motiverait certainement à contracter d’autres contrats avec cette boite, et pourquoi pas si tout se passe pour le mieux, bosser un peu plus régulièrement avec eux. Mais ça on avisera dans l’avenir.

Plus on discutait plus j’étais heureuse d’avoir déposé ma candidature. On s’entendait sur pas mal de points apparemment et nous avions à peu près le même point de vue sur certaines choses. Au moins on travaillerait certainement dans une meilleure ambiance, que si on se tirait dans les pattes pour des divergences d’opinions. Non, je pense que l’on sera assez complémentaires pour faire du bon boulot. Après tout si on arrivait à avoir à peu près les mêmes opinions, il n’y a pas de raisons pour que mon boulot diverge de trop avec ce qu’il pourra me demander. Et puis, je préfère travailler quelqu’un qui a à peu près les mêmes sensibilités, surtout s’il fait partie de la hiérarchie. Et qui soit également assez curieux pour s’intéresser à d’autres choses que ce qu’il a l’habitude de voir, mais je ne m’en fait pas pour ce contrat, j’ai l’impression que c’est la curiosité qui l’a poussé à avoir un entretien avec ma personne. « J’avoue aussi, même si je dois bien avouer que je le pressentais, notamment par rapport à ce que j’ai pu lire sur votre boîte. » Je souris, assez heureuse qu’il pense la même chose par rapport à notre collaboration. Si on voulait, chacun de notre côté y mettre le meilleur de nous-mêmes, pour moi c’était pratiquement certain que ça ne pourra que marcher. En tout cas je mettrais toutes les chances de mon côté pour que ça se passe aussi bien que je le pense. Je soulève un sourcil à sa question, il avait apparemment le goût du risque aussi. Je n’étais pas certaine de réussir, surtout si la mannequin n’y mettait pas du sien, mais le défi était tentant. « Je prendrais cela pour un défi pour sûr !! Mais encore faudrait-il que la mannequin soit partante et accepte de relever le défi ! » J’étais parfaitement sérieuse ! J’avais déjà relever quelque défi de ce genre, surtout pour ma future exposition.

Et voilà, je n’aurais jamais imaginé que cet entretien puisse me donner encore plus envie de bosser pour sa boite, et c’est pourtant le cas. J’allais certainement pouvoir m’exprimer assez librement, sans avoir trop de contraintes, ou alors celle-ci ne serait justement pas trop contraignantes dans ma vision des choses. Cette liberté, je ne l’ai malheureusement pas souvent, on nous contraint de plus en plus à un cahier des charges qui devient plus exigeant, plus strict mais qui demande aussi d’être plus économique. Nous devons toujours faire encore mieux pour encore moins cher. Pas que l’aspect financier soit important, mais parfois ça devenait même de la perte pure, certains photographes avaient du mal à boucler leurs fin de mois car il baissait sans cesse leur prix pour rester sur le marché. Je trouvais cela désolable, surtout que, quand on regarde ces fameux contrats, il n’y a franchement pas de matière à bosser, c’est plat, tout est organisé au millimètre près afin de ne pas perdre un sou. Je sais que, je vais faire cette expérience, avec la boîte qui m’emploie au brésil. Les connaissant, ils auront au maximum planifier le cahier des charges, me laissant peu de marge de manoeuvre, mais je me contenterais, ils n’avaient pas coupé le salaire, au moins ça. Même si c’est le moins important pour moi. « Je trouve cela normal, de connaître un minimum la boîte qui va nous employer. » Je hausse les épaules, j’avais toujours fonctionné ainsi, parfois refusant un entretien parce que la boite ne me convenait pas du tout. « Oh, j’en ai déjà vu qui ont refusé de se démaquiller. Certainement avaient-elles peur de perdre leur beauté. Mais, je trouve ça dommage pour elle, moi, ça ne change pas ma vie. » En même temps il y a tellement de mannequin que ce ne sera pas difficile d’en trouver une autre.

Les mannequins, on pourrait en écrire un roman de plusieurs centaines de page, tellement il y en avait une diversité, assez impressionnant, de la plus naturelle à la plus superficielle, de la plus passionnée à celle qui faisait cela par obligation. Bref tout un panel assez incroyable. De quoi trouver son bonheur parmi toutes les mannequins. Après tout je ne me fais aucun souci si la première ne convenait pas à ce que l’on chercherait. Mais, je suis certaine que Vitaly sera trouvé celle qui correspondra presque parfaitement au contrat que je venais de signer. Je hoche la tête, étant totalement d’accord avec ce qu’il disait. « Oui, beaucoup seraient prête à sauté sur l’occasion pour se faire connaître ou même goûté à ce qu’est la célébrité. Ce n’est pas forcément le genre de personne que je prends généralement, mais je vous fais confiance quand au choix. » Après tout, je n’étais là que pour appliqué les termes du contrat, aussi intéressant soit-il. Et puis, je n’étais jamais réellement très exigeante envers le choix des mannequins, tant qu’elles faisaient ce que je leur demandais, tout irait pour le mieux. « D’accord, je n’hésiterais pas. Mais si jamais vous avez besoin de moi, n’hésitez pas non plus. Bon, je ne serais peut-être pas d’une grande utilité au Brésil, mais sait-on jamais ! » J’étais en tout cas prête à lui répondre à des questions en cas de besoin. D’ailleurs une pensée fit irruption dans mon petit cerveau, je fouille dans mon sac avant d’en sortir une carte de visite que je lui tends avec mes coordonnées.