WILLIAM & ARIZONA ❝ i find so hard to survive ❞

La clé enfoncée dans la serrure et la porte de l’appartement ouverte, l’australienne passa sa tête et tendit l’oreille pour s’assurer que personne ne se trouvait à l’intérieur. Depuis qu’elle avait élu domicile dans un petit motel du Bronx, la jeune femme avait tendance à oublier l’emploi du temps de ses sœurs et n’ayant que très peu envie de tomber sur elles, elle faisait de son mieux pour passer chez Ella lorsque ces dernières n’étaient pas là. Une fois certaine que personne n’était dans le grand et luxueux appartement de sa jumelle, Arizona referma soigneusement la porte derrière elle et se précipita vers sa chambre à l’étage pour attraper un sac de voyage et de nombreux vêtements qu’elle enfonça à l’intérieur sans la moindre délicatesse. Elle préférait ne pas trop prendre de temps, il y avait trop de risques que Ella ou Indiana arrivent pendant qu’elle serait dans sa chambre et elle n’avait pas envie que ça soit le cas. Une fois le sac plein à craquer, l’australienne fit le tour d’elle-même pour poser son regard sur chaque partie de la chambre pour être sûre de ne rien oublier et ceci fait, elle attrapa la valise dont elle mit la lanière sur son épaule et partit de l’appartement quasiment aussi vite qu’elle y était venue.

Elle savait que si sa jumelle faisait un tour dans sa chambre et qu’elle voyait tous les vêtements qui avaient disparu elle allait comprendre qu’elle était venue, mais Arizona préférait ne pas trop y penser et se précipita à l’intérieur de sa voiture pour quitter Carnegie Hill, l’Upper East Side et tout simplement Manhattan pour rejoindre le motel dans lequel elle vivait et où elle passait les trois quarts de son temps. Ayant arrêté ses études au Lenox Hill et travaillant pour son cousin depuis peu, Arizona ne prenait pas encore vraiment le temps de sortir et de revoir ses proches. Elle refusait d’entendre leurs questions. Elle ne voulait voir personne à part s’il s’agissait du travail et les personnes à connaitre sa nouvelle « adresse » n’étaient pas bien nombreuses même si elles existaient malgré tout. L’australienne s’était même demandée la raison qui l’avait poussé à la donner à William alors qu’elle n’avait pas la moindre envie de le mêler à sa folie, pas s’il devait courir le moindre risque alors qu’elle tenait tout de même à lui. Arrivée sur place, elle gara sa voiture dans le parking souterrain – toujours aussi étonnée qu’il existe – et regagna sa chambre où elle laissa tomber son sac au pied de son lit avant de laisser aller sur ce dernier en poussant un long soupire.

Il fallait sincèrement qu’elle pense à trouver son propre appartement. Elle avait assez d’argent pour le faire, la seule chose qui lui manquait était la motivation et autant dire que ces derniers temps elle en manquait sincèrement. Rapidement, la jeune femme se laissa aller dans les bras de Morphée, se moquant de savoir qu’il soit simplement quinze heures et ce fut en entendant plusieurs coups à sa porte qu’elle ouvrit à nouveau les yeux quelques heures plus tard et se redressa dans le lit. Son regard posé sur la porte, Arizona hésita à aller ouvrir avant de se rappeler que toutes les personnes qui avaient son adresse étaient peu nombreuses et que la plupart devaient avoir une bonne raison de la déranger. De nouveau sur pieds, elle rejoignit la porte qu’elle ouvrit et soupira en voyant qui se tenait derrière cette dernière. « Will … qu’est-ce que tu me veux ? ». Loin d’être agréable, la jeune femme se décala tout de même sur le côté en ouvrant la porte pour le laisser entrer et referma immédiatement cette dernière contre laquelle elle resta, silencieuse dans l’attente de la réponse du jeune homme.

L'australienne avait toujours donné sans attendre, mais à présent c'était terminé et même si elle était bien loin de ce que ses parents auraient souhaité pour elle, ça n'avait plus la moindre importance. Elle faisait ce que bon lui semblait tout en respectant certains codes pour s'assurer de ne pas s'attirer des problèmes. Elle acceptait les ordres de son cousin sans rien dire et même si elle n'en pensait pas moins, elle faisait profil bas et faisait son travail en se sachant surveillée. Sa route avait totalement dévié de celle qu'elle s'était tracée plus jeune et elle était bien moins douce que celle que tout son entourage avait pu connaître jusqu'alors. La vérité était qu'Arizona en avait assez et qu'elle tenait à se venger avec le seul moyen qui lui était venu en tête, se venger de sa vie qui était bien plus misérable qu'elle n'avait pu le montrer. L'australienne était probablement devenue dangereuse pour elle-même comme pour ses proches et c'était sans doute ce qui l'avait poussé à s'éloigner des siens, de ceux qui avaient de l'importance dans sa vie pour s'assurer qu'ils n'allaient courir aucun risque à cause d'elle. Lorsqu'elle avait perdu les jumeaux après avoir appris la mort de ses petits frères, lorsqu'elle était sortie de l'hôpital, Arizona s'était enfermée sur elle-même, elle avait refusé de parler à qui que ce soit bien trop bouleversée par ce qui venait encore de lui arriver.

Petit à petit elle avait senti la haine l'envahir et l'avait laissé la consumer pour devenir celle qu'elle était aujourd'hui. Bien sûr, la jeune femme était encore loin des atrocités que son oncle avait pu faire ces dernières années, mais Arizona savait pertinemment que si elle restait sur cette voie, elle allait finir comme lui et par moment l'envie de mettre fin aux jours de Nikolas Vryzakis lui traversait même l'esprit. Si elle s'était éloignée, si elle avait fui en donnant à peu de personne son adresse actuelle c'était pour toutes ces raisons. Arizona avait beau avoir fait le choix de suivre les traces de son oncle et travailler pour son cousin, elle n'en oubliait pas pour autant son altruisme, pas lorsque ce dernier touchait sa famille et ses proches. Pourtant, elle avait donné son adresse exacte à William. Elle ne l'avait pas envoyé chez Ella, mais c'était bien cet endroit qu'elle lui avait donné la dernière fois qu'elle avait pris contact avec lui. Arizona refusait également qu'il lui arrive quelque chose, mais le jeune homme était actuellement la seule personne de son "passé" qu'elle acceptait encore de voir ... qu'elle avait besoin de revoir malgré ce qu'elle pouvait dire. Néanmoins, l'australienne aurait souhaité qu'il choisisse un autre jour. Même si elle n'avait rien fait de particulier de sa journée, Arizona se sentait épuisée et rêvait de passer sa nuit au lit sans rien faire d'autre, juste paresser et oublier le reste du monde.

Malheureusement, il était là et la jeune femme ne put se résoudre à lui fermer la porte au nez parce que, quelque part, elle était bien contente qu'il soit là, elle était heureuse d'avoir un tant soit peu de compagnie. En appuie contre la porte de sa chambre, Arizona ne cessa de regarder l'américain dans l'attente de sa réponse. Elle prit quelques instants pour se dégager de l'entrée et fit juste deux pas en avant pour briser quelque peu la distance entre William et elle, sans rien ajouter, se contentant simplement d'attendre une réponse en silence. « Je sais pas. J’voudrais arriver ici et être capable de te dire précisément ce que je veux de toi, ce que j’attends. Mais je ne sais pas… ». Les sourcils de l'australienne se froncèrent légèrement. Son désarroi elle ne le comprenait pas. Elle ne saisissait pas cette incompréhension qui semblait le gagner, surtout lui qui semblait toujours maîtriser chacune des situations qui avaient lieu dans sa vie. Mais son froncement de sourcils fut la seule manifestation de sa part. Pas un seul mot ne franchit la barrière de ses lèvres et son regard restait posé sur William. « Pourtant je sais que je n’arrive pas à fermer les yeux sans voir ton visage. J’ché pas c’est comme si… tu m’avais jeté un sort. Peu importe comment tu t’y es prise, j’crois bien que j’suis devenu accro à tes lèvres… ». Arizona ouvrit légèrement la bouche et fut incapable de faire plus. Aussi touchantes que pouvaient être ses paroles, elle ignorait comment réagir et de quelle manière elle devait le prendre.

Était-ce une bonne chose ou non ? C'était à se le demander face à la réaction de William, mais la jeune femme n'eut pas le temps de poser cette question qui pourtant lui brûlait les lèvres. Elle le regarda avancer vers elle sans parvenir à bouger. Elle resta figée et se laissa faire comme s'il était un marionnettiste et qu'elle était la marionnette. Tout d'abord surprise par ce baiser, Arizona ne sut comment agir. Elle y répondit doucement et simplement comme si elle avait attendu ce moment depuis quelque temps. Elle savait qu'elle avait besoin d'affection et de soutien ces derniers temps, mais par fierté elle avait rejeté tout le monde, sa jumelle y compris, alors que là elle était juste capable de répondre à ce baiser avec autant de tendresse possible. Toutefois, l'australienne reprit rapidement le contrôle de la situation et après avoir reculé d'un pas en arrière, elle ancra son regard dans celui du jeune homme, plus perdue que jamais. « Attends ... tu es en train de me dire que cette histoire en prison a réveillé tout ça en toi et que tu viens me voir que maintenant ? ». Comment pouvait-elle savoir ? Comment était-elle supposée deviner que la personne avec qui William pensait avoir passé une nuit n'était pas elle, mais sa jumelle ? Arizona s'humecta les lèvres et regrettait déjà d'avoir mis fin à cet échange alors que, visiblement, c'était ce qu'elle désirait, ce dont elle avait besoin.

Perdue était un doux euphémisme pour qualifier l’état dans lequel elle se trouvait. Elle sentait que ça n’avait rien à voir avec ce qui s’était passé en prison, qu’il y avait autre chose et que ce quelque chose, la jeune femme n’allait que très peu l’apprécier. Elle semblait le hanter alors que, visiblement, elle n’avait rien fait pour, du moins à par l’embrasser et être à deux doigts de piquer une crise lorsqu’il n’avait pas été plus loin, se contentant simplement d’aller se rassoir sur son banc. L’australienne regrettait d’avoir brisé ce moment, elle regrettait d’avoir séparé ses lèvres de celles de William, mais sa curiosité était un véritablement défaut qui la poussait à faire des choses qu’elle regrettait bien vite par la suite. Elle voulait savoir et comprendre pour quelle raison elle semblait autant l’obséder, pour quelle raison il avait autant besoin de l’embrasser pour tenter de la sortir de sa tête et visiblement sa question ne lui plaisait pas le moins du monde. « Cette histoire en prison ? Non ça vient pas de là, ça vient de…après ». Après … mais quel après ? Fronçant légèrement les sourcils, Arizona fouilla dans sa mémoire mais rien ne lui revenait.

Elle avait récupéré tous ses souvenirs et malgré la double tragédie qui l’avait touché dernièrement, ces derniers étaient là à présent et aucun n’avait de rapport avec l’américain qui semblait tout aussi surpris qu’elle du fait qu’elle n’ait pas la moindre idée de ce dont il pouvait être en train de parler. « Tu n’as quand même pas oublié ce qui passer ? ». La jeune femme ouvrit la bouche, mais elle fut incapable de dire quoi que ce soit. Elle n’avait pas oublié puisque rien ne s’était produit, à moins d’avoir été droguée et d’avoir totalement oublié ce dont William pouvait être en train de parler. « Toi… Moi… Sous la couette. ». Arizona fit un pas un arrière sans lâcher le jeune homme du regard. Eux deux sous la couette … Eux deux dans la même lit … Eux deux faisant ce à quoi elle avait pensé alors qu’ils étaient en prison. Elle ne s’en souvenait définitivement pas et maligne comme elle pouvait l’être – d’autant plus dernièrement – elle ne mit pas de temps à comprendre que la personne avec qui William pensait avoir couché n’était pas elle, mais bien sa sœur. « Tu t’fou d’moi ? ». Arizona secoua la tête de droite à gauche et ne put s’empêcher de froncer de nouveau ses sourcils bruns face à la colère qui semblait l’envahir et qu’elle n’aimait très peu.

« Je risque pas de m’en souvenir … on a rien fait. C’est ma sœur dont tu parles. ». L’australienne porta une main à son front et ferma les yeux. Voilà qu’à son tour elle sentait la colère monter en elle … soit c’était ça, soit c’était de la jalousie et la jeune femme ne préférait même pas se risquer sur cette voie. Son regard se posa de nouveau sur l’américain qu’elle ne put s’empêcher de regarder avec froideur. « C’est génial … tout simplement génial. », dit-elle ironiquement en serrant les dents. Elle resta quelques minutes de plus debout à le regarder avant d’éprouver le besoin de s’assoir sur son lit. « Je suis sûre que tu t’es bien amusé. ». Elle ne comprenait pas la raison de son sarcasme, après tout pourquoi le prenait-elle aussi mal ? Ella faisait ce que bon lui semblait de sa vie – même si elle aurait pu éviter de jouer son rôle – et William était son ami pas son … petit ami. Elle n’avait pas à éprouver cette colère et pourtant elle était incapable de la faire taire. A la fois agacée par elle-même et par le jeune homme, elle détourna le regard et serra les dents pour tenter de ne pas lui lancer une nouvelle pique.

Exploser … c’était ce qu’elle n’allait pas tarder à faire si ça continuait comme ça. Elle jugeait avoir assez encaissé ces derniers temps pour ne pas avoir en plus à ajouter une certaine jalousie qui était en train de la dévorer. Non, elle ne supportait pas l’idée que sa sœur ait couché avec l’américain et pourtant elle savait qu’elle n’avait pas son mot à dire. Ella et William menaient leur vie comme bon leur semblait, ils étaient tous les deux adultes et avaient le droit de faire ce qu’ils voulaient et la jeune femme n’avait pas à s’y opposer. Pourtant, elle continuait de sentir l’agacement s’emparer d’elle, un agacement qui était en réalité cette jalousie qu’elle ne comprenait pas mais qu’elle refusait surtout d’avouer. Le jeune homme était avant tout son ami. Même s’ils passaient les trois quarts de leur temps à se chercher et à se prendre la tête, ça ne changeait pas le fait qu’elle tenait à lui. Néanmoins, l’australienne prenait conscience du fait que depuis leur petit séjour en prison et ce qui s’y était passé ce n’était plus seulement de l’amitié qu’elle pouvait ressentir, un fait d’autant plus vrai lorsqu’elle se retrouvait face à William.

Seulement, elle était fière, bien trop fière pour l’avouer et il était également hors de question qu’elle laisse voir à quel point elle pouvait éprouver de la jalousie à présent qu’elle savait que sa jumelle et son ami avaient passé une nuit ensemble. Sa colère, elle n’arriva pourtant pas à la canaliser. Elle avait envie de hurler combien elle était indignée, combien elle lui en voulait de l’avoir confondu avec sa sœur, mais pour ça il aurait déjà fallu que William soit au courant de ce détail assez important. « Tu as une sœur JUMELLE ? ». Son regard particulièrement mauvais alla de nouveau se poser sur le jeune homme. Elle aurait dû se calmer dès lors, mais Arizona en était incapable. Cet aveu la dévorait de l’intérieur et sa fierté ne l’aidait pas le moins du monde. Toutefois, elle ne prit pas le temps de lui répondre. A présent c’était assez évident de savoir qu’elle avait un double et que, oui, la personne avec qui il avait couché était sa sœur jumelle, sa moitié. « Pourquoi j’ai la nette impression que ta phrase de reproche ? C’est moi qui devrais me plaindre. C’est moi la victime dans cette histoire ». L’australienne arqua un sourcil. Il était vraiment en train de lui poser la question et de se faire passer pour la victime ? Évidemment que c’était un reproche et pour elle il était hors de question qu’elle le considère comme une victime, pas alors qu’il avait probablement prit son pied avec sa sœur. Vraiment, elle se serait elle-même giflé face à cette jalousie qui la rendait plus colérique que d’habitude.

Rester assise plus longtemps allait la rendre folle. Arizona quitta le bord du lit comme si elle était sur ressort et resta silencieuse, si près de William qu’elle aurait pu le frapper si elle en avait eu le besoin. « Et pour te répondre oui j’me suis éclater, c’était Gé-Nial ! Le meilleur coup que j’ai jamais ». Sans savoir par quel moyen son excès de colère l’avait empêché de se contrôler, sa main alla s’abattre avec force contre la joue de l’américain tandis que le claquement raisonna un bon coup dans toute la pièce. Elle s’en voulait déjà de son geste, mais ça avait été plus fort qu’elle, Arizona avait éprouvé le besoin d’exprimer sa colère et sa jalousie de la pire façon qui soit et pourtant son regard resta toujours aussi mauvais. « La ferme ! » cracha-t-elle, plus colérique que jamais. Pourtant c’était elle qui s’était emportée la première. C’était elle qui s’était énervée sans que William ne puisse comprendre la raison de cette colère. Elle ne voulait pas en entendre plus, elle aurait même voulu oublier ce qu’elle venait d’apprendre, mais les images se bousculaient dans son esprit et la rendait malade. « Je te déteste … ». Mais elle n’en pensait pas un mot et la petite voix avec laquelle elle venait de le dire le laissait parfaitement comprendre. Oh non, elle ne le détestait pas, bien au contraire et ça lui devenait insupportable tout comme le fait de devoir se retenir à chaque fois qu’elle se trouvait dans la même pièce que lui.

Contrôler ses pulsions n’avait jamais été un problème et surtout l’australienne n’avait jamais été aussi colérique qu’elle pouvait l’être ces derniers temps. C’était à croire qu’en plus des bouleversements qu’elle subissait, toutefois sa vie se voyait métamorphosée. Elle faisait des choses pour lesquelles elle se serait sans doute haït en temps normal. Elle partait facilement au quart de tour et perdait son sang-froid pour un rien. Elle était également devenue émotive, un fait qu’elle ne supportait pas pour la simple raison que toutes ces années la jeune femme était parvenu à le cacher. Toutes ces épreuves par lesquelles elle passait la rendaient différente et Arizona doutait que ça soit en bien seulement elle ne faisait rien pour lutter contre même si ce soir elle aurait aimé parvenir à se maîtriser. Néanmoins, lorsqu’elle était en présence de William elle s’énervait toujours très facilement. Elle avait beau l’adorer, l’américain avait l’art et la manière de la rendre folle ce qui semblait amuser ce dernière, mais ce soir c’était différent et ni l’un ni l’autre ne semblait réjoui par ce qu’ils apprenaient. La gifle avait donc était plus forte qu’elle. Poussée par sa colère et sa jalousie, sa main s’était abattue sur la joue du jeune homme avant même qu’elle n’y pense. L’australienne ne tarda pas à s’en mordre les doigts pourtant elle ne se démonta pas et continua d’être aussi mauvaise qu’elle pouvait l’être depuis qu’elle savait.

Elle aurait dû être capable de passer au-dessus de ça toutefois ce n’était pas le cas et elle détestait à la fois William et sa sœur pour avoir pris du bon temps ensemble. Cependant, elle ressentait encore le besoin d’extérioriser sa colère et ce par tous les moyens possible. Afin de ne pas le frapper – lui ou tout autre objet dans la pièce – la jeune femme serra si fort ses poings que la jointure de ses os en ressortit nettement tandis que ses ongles s’enfonçaient dans la paume de ses mains. C’était certes douloureux, mais ça lui évitait surtout de devenir plus folle qu’elle ne l’était déjà. « Oh que non, tu n’me déteste pas. Tu le voudrais bien mais ce n’est pas le cas. ». Arizona leva les yeux vers lui. Elle pinça ses lèvres et finit par croiser ses bras contre sa poitrine, un regard douloureux posé sur William. Il avait raison et elle le savait très bien. Elle était incapable de le détester, du moins pas sincèrement. Cette haine était avant tout de la jalousie et si elle n’aimait que très peu le fait qu’il ait compris, l’australienne n’eut guère le temps de répliquer quoi que ce soit. Plaquée contre le mur le plus proche, le souffle coupé, elle ne put émettre la moindre protestation et due se contenter de regarder William droit dans les yeux en tâchant de retrouver son souffle. Toutefois, elle échoua à cet exercice. Si près de lui, elle sentait son cœur s’accélérer et sa respiration se faire de moins en moins régulière. Elle aimait comme elle ne supportait pas cette proximité entre eux, beaucoup trop consciente de ce qu’elle pouvait ressentir à chaque fois que c’était le cas.

William, lui, s’amusa avec elle. Il s’approcha doucement de son visage et titilla son désir de l’embrasser. Sa respiration de plus en plus irrégulière et les battements de son cœur de plus en plus fort, la jeune femme manqua d’exploser en sentant les lèvres de l’américain se poser sur les siennes faisant également cesser toute la colère qu’elle avait pu ressentir auparavant. Arizona savoura l’instant autant que possible jusqu’à se sentir frustrée lorsque le jeune homme s’éloigna de ses lèvres et s’approcha de son oreille. « Et ça tu déteste ? ». Le regard posé dans le vague en tentant toujours de caler correctement son souffle, l’australienne détourna les yeux et s’efforça de croiser le regard de William. « Repose la question et je te mets dehors. ». Ce qui était complètement faux. Elle le désirait tellement à cet instant que la simple idée de s’éloigner de lui paraissait impossible. De nouveau silencieuse et le regard ancré dans le sien, Arizona mordilla nerveusement sa lèvre inférieure tout juste quelques secondes avant de repartir à l’assaut de ses lèvres avec bien plus d’ardeur que la première fois qu’elle avait pu l’embrasser en prison. Ses mains reprirent elles aussi de l’activité et glissèrent le long de son torse pour finir leur course dans le dos de William où elle effectua une pression assez forte pour l’amener un peu plus contre lui. Cette fois elle ne comptait pas le laisser partir, pas comme cette erreur qu’elle avait pu commettre la dernière fois. Elle le désirait et elle allait l’avoir tout en sachant que c’était exactement ce que lui aussi voulait.

La raison pour laquelle elle le désirait autant lui échappait totalement. Pendant une longue période il n’avait été que ce jeune homme qui s’amusait à lui taper sur le système et à vrai dire elle s’était plu à rentrer dans son jeu. Elle l’avait détesté par moment, mais elle se rendait compte que cette haine qu’elle avait pu éprouver pour lui ne l’était pas tant. Quelque part elle avait toujours eu une certaine attirance pour lui comme elle avait pu en avoir avec d’autres hommes. Elle s’était refusée à avoir une quelconque histoire à la fois parce qu’elle se remettait tout juste de la perte de son fiancé mais aussi par peur. L’australienne ne savait véritablement plus où elle en était et dans sa tête tout continuait de s’embrouiller de jour en jour. Elle avait changé, il ne fallait pas être savant pour s’en rendre compte. Toutes les épreuves par lesquelles elle était passée avaient forgé son caractère et l’avaient poussé à devenir quelque peu incontrôlable ces derniers temps. Arizona était devenue bien plus hargneuse que par le passé, bien plus colérique et impulsive également. Elle avait lâché bien des choses par colère ce que ses proches devaient considérer comme un coup de folie, elle n’en doutait pas.

La jeune femme avait abandonné son rêve de devenir chirurgienne pédiatrique et de travailler dans un hôpital car elle en avait assez de donné tellement pour souffrir en retour. Ce soir, elle refusait de lutter contre ses pulsions, elle allait les assouvir que ça soit une erreur ou non. Elle désirait William ? Et bien elle allait se donner les moyens de l’avoir et l’australienne savait que le jeune homme la désirait tout autant. « Menteuse ». Ce fut bien la seule chose qu’elle le laissa prononcer et elle s’empara aussitôt de ses lèvres bien incapable de s’en séparer plus de quelques secondes. Elle avait déjà goûté à celles de William au cours de leur séjour en prison, mais elle n’en avait pas eu assez et au fond elle savait que ça ne serait jamais le cas. Arizona ne savait pas réellement ce qu’elle pouvait ressentir, mais elle savait néanmoins qu’il s’agissait d’émotions fortes qui lui faisaient perdre tout contrôle. Même si la jeune femme avait tenté de lui résister plus longtemps, son petit jeu n’aurait pas tenu parce que tout en elle la forçait à briser ses barrières et à se laisser aller. William faisait tout pour l’y pousser ayant parfaitement compris le sens de ses mots et ce qu’elle souhaitait au point qu’elle ne tarda pas à le débarrasser de son haut pour l’embrasser aussitôt le vêtement lâché. Ses lèvres finirent par quitter celles de l’américain pour dévier vers le bas de sa mâchoire et allèrent ensuite s’attarder dans le cou de William avant de remonter reprendre leur place précédente.

Ses mains reprirent également de l’activité et parcoururent son torse pour ensuite aller se poser dans sa nuque tandis qu’elle mourait de plus en plus de chaud. Sa température corporelle ne cessait d’augmenter de seconde en seconde au point de forcer la jeune femme à se décoller du mur afin de pouvoir trouver le moyen de retirer son propre haut. Ceci fait et embrassant à nouveau le jeune homme, elle le força à marcher à reculons jusqu’au lit au niveau duquel elle s’efforça de faire pression sur les épaules de William pour le pousser à s’y asseoir avant de de prendre place sur ses jambes, assise à califourchon. Le souffle saccadé et ses lèvres à quelques centimètres de celle de l’américain, Arizona tenta tant bien que mal se reprendre une respiration correcte, son regard ancré dans celui du jeune homme. « Si tu as le moindre doute c’est maintenant ou jamais. » parvint-elle à souffler à voix basse, son souffle toujours aussi court. Oh elle n’avait pas la moindre envie de tout arrêter et déjà elle sentait le désir de l’embrasser l’envahir à nouveau, mais elle ne souhaitait pas non plus forcer à quoi que ce soit. S’humectant les lèvres avant de mordiller l’inférieure, Arizona posa sa main sur la joue de William avec une infime douceur sans cesser de se mordre la lèvre et tout en étant incapable de décrocher son regard du sien.

Jusqu’à présent elle s’était interdite toute relation, elle avait même tenu à prendre le plus de temps que possible avec Ezra pour s’assurer de ne faire aucune erreur et de ne pas foncer droit dans le mur. Il était avant tout son meilleur ami, la personne en qui elle avait toujours eu une confiance aveugle et l’un des rares hommes sur lequel elle avait pu s’appuyer quand ça n’allait pas. Toutefois, le changement radicale de vie de l’Australienne avait détruit ce lien fort qui existait entre eux et même si elle s’en savait parfaitement coupable Arizona n’avait rien fait pour se rattraper pertinemment consciente qu’Ezra serait bien mieux sans elle. En ce qui concernait William c’était tout à fait différent. Elle était incapable de se contenir en sa présence. Si la jeune femme devait exploser elle le faisait sans le moindre problème et si elle devait lui céder et bien … c’était exactement ce qu’elle était en train de faire. L’Australienne lâchait prise alors qu’elle s’était promise de ne pas faire une telle chose mais l’Américain était bien trop doué pour obtenir des choses d’elle pour que la demoiselle ne cède pas à la tentation.

« Alors jamais ! ». Un petit sourire naquit au coin des lèvres de la jeune femme juste avant qu’il ne se relève, Arizona enlaçant sa taille de ses jambes pour ne pas glisser, et ne la dépose délicatement sur le lit avant de l’embrasser à nouveau. Son cœur manqua de nombreux battements et son souffle était tellement court qu’elle ignorait de quelle façon elle parvenait encore à respirer sans suffoquer. La chaleur qui l’avait envahi n’avait plus la moindre importance, plus rien d’autre ne comptait que le moment qu’elle passait avec William et qu’elle savoura dans ses moindres détails avant de s’endormir, totalement épuisée, contre lui une bonne demi-heure plus tard. Dormir comme elle le fit cette nuit-là il y avait bien longtemps que ce n’était pas arrivé. Aucun cauchemar ne vint troubler son sommeil. Aucune terreur nocturne ne la réveilla au beau milieu de la nuit. Lorsqu’elle fut forcée d’ouvrir les yeux ce ne fut qu’une fois le soleil levé. N’ayant pas même pensé à fermer les volets – bien trop occupée pour ça – les rayons du jour filtrés par les rideaux de la chambre vinrent s’abattre sur son visage forçant ainsi la jeune femme à ciller à plusieurs reprises le temps de s’adapter à la lumière.

Arizona passa doucement une main sur son visage et dégagea l’une de ses mèches brunes qu’elle remit derrière son oreille avant de s’allonger sur le dos en étirant ses bras en direction du plafond. Son regard se posa ensuite sur William allongé à ses côtés et encore endormi. Par réflexe – très idiot étant donné la nuit qu’ils venaient de passer ensemble – l’Australienne remonta le drap sur son corps et ne put s’empêcher de soupirer. Elle ne pouvait pas regretter ce qui s’était passé, elle l’avait bien trop voulu mais où cette histoire allait les mener, si toutefois il y avait quelque part où aller ? Silencieuse, son regard dévia droit devant elle tandis qu’elle se redressait dans le lit en maintenant le drap à l’aide de son bras. Elle resta ainsi une bonne minute de plus à se demander ce qu’elle devait faire ou non, si elle devait quitter l’appartement au plus vite avant qu’il n’ouvre les yeux ou si elle devait rester. Finalement son choix fut tout fait même si c’était probablement une erreur. Laissant un sourire malicieux étirer ses lèvres, Arizona se déplaça pour aller s’asseoir sur William en se laissant lourdement tomber sur lui afin de le forcer à se réveiller. « Allez Slayers … on ouvre les yeux … » Chuchota-t-elle à l’oreille de l’Américain après s’être penchée au-dessus de lui.

Prendre la fuite de son propre appartement lui avait semblé être une bonne idée au réveil, mais Arizona s’était forcée à aller au-delà de ses craintes pour une raison qu’elle ignorait totalement. Que pouvait-elle attendre de lui maintenant ? Qu’attendait-elle d’eux tout simplement ? Elle était incapable d’avoir une relation sérieuse ces derniers mois uniquement par peur de s’attacher et de souffrir à nouveau. William faisait partie de ses proches qui, même si la mettaient hors d’elle, avaient de l’importance pour la jeune femme qui ne voulait pas perdre ça. Alors peut-être que quitter son appartement quelques heures le temps de laisser le jeune homme se réveiller, se rhabiller et partir aurait été une meilleure idée, mais elle n’était pas parvenue à s’en persuader assez pour aller jusqu’au bout. À la place, elle avait pris place au-dessus de l’Américain et avait entreprit de le réveiller même si elle n’avait pas la moindre idée de comment allait se dérouler les choses une fois William réveillé. Toutefois, l’Australienne cessa bien vite d’y penser en le voyant quitter les bras de Morphée pour revenir dans le monde réel et poser les yeux sur elle.

Malgré elle, un sourire vint étirer les lèvres de la demoiselle qui se redressa légèrement sans pour autant dévier son regard de celui du jeune homme. « C’était bon à ce point là ? ». La jeune femme leva les yeux au ciel en soupirant prête à répliquer quelque chose mais le simple fait de le sentir l’amener vers lui la coupa dans son élan et la demoiselle se contenta juste du baiser que tous les deux échangèrent et qui eut le don de la perdre bien plus qu’elle ne l’avait déjà été en ouvrant les yeux. Qu’était-elle supposée penser de tout ça ? Elle avait pourtant su depuis un moment qu’il n’attendait qu’une chose qui était dans la mettre dans son lit – même si en l’occurrence ce n’était pas celui de William mais bien celui de la jeune femme – et pourtant Arizona se surprenait à attendre plus alors qu’elle n’aurait pas dû et qu’elle n’aurait jamais dû ressentir une telle chose. Leur baiser terminé, elle le laissa quitter le lit et resta assise à le regarder chercher quelque chose sans même lui lancer un regard, éveillant une pointe d’agacement chez l’Australienne dont la mâchoire se serra afin de se calmer. « Tu n’aurais pas vu mon caleçon ? ». Silence. Arizona ne le quittait pas des yeux et fut même incapable de cacher l’agacement qui la gagnait de plus en plus. Elle ne comptait pas dire quoi que ce soit ni même faire le moindre mouvement avant qu’il ne se tourne, ce que William fini par faire en la regardant d’une façon faussement étonné.

« Quoi ? ». Arizona laissa échapper un soupire tout en s’humectant les lèvres avant de secouer la tête de droite à gauche. Son regard quitta celui de l’Américain et balaya la pièce jusqu’à ce qu’elle aperçoive ce qu’il cherchait près du lit, de son côté. La demoiselle se pencha alors et attrapa le sous-vêtement qu’elle lui balança assez violemment pour lui faire comprendre d’autant plus son mécontentement. « T’es vraiment qu’un con ! » Déclara-t-elle en quittant à son tour le lit, le drap recouvrant son corps jusqu’à ce qu’elle attrapa un tee-shirt si grand qu’il lui arrivait juste au-dessus des genoux, puis un caleçon qui lui servait habituellement de pyjama. « Ça y est, t’as couché avec la bonne Ioannis alors maintenant tu vas faire comme si de rien n’était, c’est ça ? » Demanda-t-elle en étant incapable de cacher plus longtemps la colère qui la gagnait. Bras croisés contre sa poitrine et le regard porté en direction du jeune homme, Arizona serra à nouveau les dents en s’insultant mentalement de tous les noms pour sa réaction. Jamais elle n’aurait dû le prendre aussi mal, après tout elle savait dès le départ que c’était une nuit sans lendemain et elle regrettait de plus en plus d’avoir banni l’option de la fuite de son esprit.