Columbia… Ça faisait bien des mois que Sutton n’y avait pas remis les pieds. Elle avait quasiment sécher la totalité de son année passée. Elle avait eu un besoin de prendre de l’air, de souffler… Il ne lui en avait pas fallu plus pour appeler Anton, son frère adoptif, et mettre les voiles avec lui à bord de son voilier. Ils avaient fait le tour du monde… Un périple que Sutton aurait voulu continué, mais il fallait revenir sur Terre, et sa vie était désormais à New York. A vrai dire, il y avait peu de personnes pour qui elle avait envie de revenir… Mais l’une d’elles, comptait plus que toutes les autres, et pour elle, seulement pour Mia, elle avait fait le chemin retour.
Alors maintenant, voilà qu’elle était de retour sur le campus New Yorkais… Et elle retapait sa dernière année de master. Elle savait très bien que si elle n’avait pas décidé de tout quitter sur un coup de tête pour aller faire le tour du monde, elle aurait eu son diplôme sans faire grand-chose. Du moins sur l’informatique… Parce qu’elle avait aussi des maths pures et dures qui lui filaient la migraine plus qu’autre chose. Elle aperçue une tête blonde qui lui faisait de grands signes. Ben. Sutton ne put s’empêcher de sourire en voyant l’héritier la saluer. Il était visiblement pressé et continua sa route avec une moue d’excuse. Et c’est en continuant son chemin vers le bâtiment des sciences qu’elle aperçue une autre tête blonde… Qu’elle connaissait certes beaucoup moins, mais qu’elle pouvait tout de même reconnaitre. Il s’agissait de l’ex de Mia, Tristan. Elle hâta le pas en sa direction, décidée à éclaircir un point. Elle n’aimait pas qu’on se foute d’elle, mais qu’on se foute de sa sœur jumelle, c’était autre chose. C’était pire. C’était ne pas commettre Sutton et son esprit revanchard… Sutton et sa bitch attitude, prête à vous faire regretter chaque geste et chaque parole de travers. Alors oui, elle avait mené sa petite enquête sur Tristan… Comme pour déterrer ses petits secrets… Mais elle ne s’attendait pas à une découverte comme celle qu’elle avait faite. « Tristan… Comment tu vas ? En forme ? T'as passé de bonnes vacances. T'as largué d'autres filles au passage ? » Oh oui Sutton Webster-Monroe était vraiment forte pour les introductions

Sutton s’était toujours demandée ce que pensaient les gens quand ils découvraient qu’elle avait une sœur jumelle par hasard. Ou quand l’un de leurs amis (à Mia ou à elle) apprenait l’existence de l’autre jumelle ensuite. Physiquement, les deux jeunes femmes étaient indissociables. Après, il y avait bien, leur coupe de cheveux, ou leur façon de se maquiller, sans parler de leur manière de s’habiller et des marques qu’elle porte. Sutton avait été habituée au luxe, alors elle continuait dans sa lancée. Leurs mimiques pouvaient aussi aider les gens à les différencier au début. Puis ensuite, une fois qu’ils apprenaient à les connaitre, ils s’apercevaient très vite que les sœurs jumelles n’avaient pas grand-chose en commun au niveau de leur caractère. Elles étaient peut-être mêmes à de sacrés opposés. En se basant sur des stéréotypes, beaucoup auraient comparé Mia à un ange, et Sutton à une diablesse. Ou pas loin en tout cas, même si elle s’évertuait à changer au contact des nouvelles connaissances New Yorkaises qu’elle avait faite. Alors, il était vrai qu’elle s’était aussi posée la question à l’égard de Tristan, l’ex de Mia, même s’il n’avait, jusque-là, eu aucun mal à les différencier. Si la jeune Californienne était allée à son encontre, et pas de la plus délicate manière il faut l’avouer, c’est parce qu’elle voulait le confronter sur un sujet bien particulier : les raisons de sa rupture avec Mia. Qu’on s’en prenne à sa propre personne, c’était une chose, mais qu’on fasse souffrir son adorable jumelle, ça ne passait vraiment pas. «  Impec. La grande forme. J’pourrais te demander «  et toi ? » mais en fait j’me fou donc... J’vais m’abstenir hein. Quand aux filles que j’ai largué, c’est pour quoi ? Tu veux leur envoyé des chocolats ? J’t’enverrais un email avec la liste ! » La jeune Webster-Monroe arqua un sourcil. Se prenait-il pour une espèce de dieu vivant doublé d’un caïd à qui rien ne résistait ? Erf, Sutton avait toujours eu un souci avec ses gamins –elle les considérait comme tel, alors que, soyons honnête, elle n’était pas bien plus âgée- qui se pensaient… au top. Sutton ne se prenait pas pour la reine des garces : elle l’était. Ou du moins l’avait été, à Beverly Hills. Elle faisait les règles, et les autres suivaient. Alors personne ne lui apprendrait à être une véritable emmerdeuse, à fourrer son nez dans les affaires des autres et à être une sacrée conne : c’était ses domaines d’expertise. « J’fais pas dans la charité. C’était sarcastique. Enfin, j’imagine qu’il faut un certain un niveau pour capter ça. Je t’en veux pas va… » lâcha-t-elle en soupirant, résignée qu’elle ne pouvait plus grand-chose pour sa cause. « J’aimerai éclaircir un point. T’as lâché Mia –qui soit dit en passant ne mérite pas ça- parce que t’es un total abruti ou parce que t’es malade ? »


sorry c'est un peu long, j'me suis un peu emballée xD

«  Trop aimable »  Sutton se doutait que cette petite pique ne l’avait pas franchement vexé, mais elle n’avait pu s’en empêcher. La Californienne ne perdit pas plus de temps en futilité, et rentra directement, sans aucun tact avouons-le, dans le vif du sujet. Lorsqu’elle prononça le mot ‘malade’, elle jura avoir vu une légère panique dans les yeux de Tristan. Quasi indécelable, mais elle était prête à parier qu’elle ne l’avait pas imaginé. Cependant, il sembla vouloir jouer à l’imbécile. Quoique, d’un côté, elle le comprenait. Il ne voulait sans doute pas que ça s’ébruite. «  Malade. Oui je sais qu’il faut être complètement malade, complètement fou pour larguer ta sœur car à tes yeux c’est la fille parfaite, mais que veut-tu les fou sont roi en ce monde alors... » Sutton ne put s’empêcher de rigoler. Non pas à cause de ces quelques mots sur Mia, mais sur le fait que les fous étaient les rois en ce monde. C’est ce qu’elle avait toujours pensé, et ça n’était pas prêt de changer. Peut-être, au fond, n’étaient-ils pas si différents. « Mia est loin d’être parfaite, mais elle reste ma sœur jumelle… Alors, tu la blesses, je m’en mêle. » expliqua-t-elle avec un sourire en coin, comme si elle expliquait le plus basique des principes à un enfant de cinq ans. « Mais il est vrai que même avec ses imperfections, il faut avoir un sérieux soucis pour la quitter. » ajouta-t-elle en haussant les épaules. Sutton admettait sans difficulté être insupportable, surtout à côté de sa sœur. Elle était une perle, et elle était persuadée, que jamais, elle ne blesserait quelqu’un volontairement. Contrairement à elle. Ou du moins contrairement à ce qu’elle était avant. «  Au passage va pas croire que j’aime pas blablater avec toi mais... ça te regarde pas tout ça. Mon histoire avec Mia, ça regarde moi et Mia ! C’est tout. » Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de l’étudiante. « T’as pas totalement tort… Mais les règles, ça n’a jamais été pour moi. » avoua-t-elle en haussant les épaules. « Fais pas l’idiot Tristan. Tu sais très bien de quoi je parle. T’es peut-être un peu cinglé, qui ne l’est pas… Mais je parlais plutôt de ton autre maladie. La vraie, ta leucémie. » finit-elle par dire en ayant un peu baisser le ton. Elle tenait à le confronter lui, et non pas faire en sorte que toute l’université soit au courant.

« Elle le sait ? Mia bien sûr. Tu compte le lui dire ? »  Sutton secoua la tête de gauche à droite. « Non, elle ne sait rien. Et c’est pas à moi de lui dire. Mais si tu te bouges pas les fesses, je finirai par le faire. » Ce n’était absolument pas une menace, c’était plus un… très fort conseil qu’il était dans son intérêt de respecter. Elle le pensait vraiment, elle avait beau aimé Mia, ce n’était pas à elle de lui apprendre ça. « Je l’aime Sutton. Ou plutôt je l’aimais. » Elle eut comme un mouvement de recul, complètement stupéfaite de la révélation qu’il venait de lui faire. Même si elle s’était attendue à ce que finalement, il ne soit pas un si gros connard que ça, elle n’avait pas pour autant imaginé qu’il fusse réellement amoureux de sa sœur jumelle. « Tu ne peux pas le lui dire. Elle n’a pas besoin de savoir. Elle ferait de mauvais choix. Elle reviendrait peut-être vers moi... » Une fois de plus, la Californienne secoua la tête de gauche à droite. Elle trouvait ça égoïste, même si, à son sens, l’égoïsme était une question de point de vu. « Elle ne doit pas savoir. Je vais mourir Sutton. Ce n’est pas des paroles en l’air, c’est vrai, et la dernière chose que je souhaite c’est que Mia me pleure ce jour là. C’est ta jumelle, tu l’aime, pour elle, je t’en supplie… Ne lui dit rien. » « Au contraire… Elle doit savoir ! » dit-elle avec peut-être un peu trop d’entrun. Elle ne voulait pas le brusquer. Maintenant qu’il s’était mis  à nu, façon de parler, elle était redevenue douce et compatissante. A ne pas confondre avec de la pitié. « Tristan, c’est normal de pleurer quelqu’un quand il meurt. Crois-moi, elle finira par l’apprendre, et si elle l’apprend après ta mort, tu seras chanceux de l’être, parce qu’elle t’en voudra. » Elle avait parfois du mal à le reconnaitre ou même à faire avec, mais la tristesse, la douleur, ça faisait partie intégrante de la vie, parce que sans ça, il n’y aurait pas de bonheur et de moments joyeux. C’est comme le bien ne pourrait exister sans le mal, ça revenait au même. « Tu préfères vraiment qu’elle te déteste, même après ta mort, qu’elle reste avec cette amertume, plutôt que te pleurer, comme tout décès d’une personne qui nous tenait à cœur ? C’est dur Tristan, mais le temps fait son œuvre, et on finit, d’une certaine manière par arriver à vivre avec. L’amertume, ça bouffe les gens. »

S’il y avait bien une chose que Sutton détestait par-dessus tout, c’était les défaitistes, c’était franchement quelque chose qu’elle ne comprenait pas, ou plutôt qu’elle n’arrivait à accepter. Et c’est pourtant ce qui semblait être le cas avec Tristan. «  Le temps ne fait pas son œuvre. C’est des conneries qu’on raconte aux gens pour éviter d’augmenter le nombre de suicidé. Ma mère est morte il y a des années quand j’étais gosse et je continue de la pleuré. » Elle avait envie de lui hurler à la figure que c’était normal, mais le chagrin change. Pleurer un parent des années après, c’est dans l’ordre des choses, mais à croire qu’il ne voulait pas comprendre ce qu’elle essayait de lui dire. «  Alors je sais ce que c’est. Le temps ne fait pas son œuvre Sutton !! Jamais !! Surtout quand on est jeune et innocent. Alors je préfère de loin qu’elle me haïsse, qu’elle me déteste au plus profond de son être, plutôt qu’elle soit triste. La colère est un sentiment fort qui fait avancer, la tristesse elle… c’est une faiblesse. » Cette fois c’était trop. Est-ce que c’était réellement lui qui pensait lui apprendre ce qu’était la colère ou ce que représentait la tristesse ? Sutton s’était menti à elle-même une  bonne partie de sa vie. Et elle ne ferait pas cette erreur deux fois. « Nan mais tu crois que t’es le seul à avoir le monopole de la tristesse ou de la souffrance ? Tu crois être le seul à avoir perdu quelqu’un et à savoir ce que c’est ? La colère ne fait pas avancer. Au mieux, elle te forge une carapace, mais elle fait tout sauf te faire avancer. Au contraire, elle te bloque dans le passé ! La tristesse, c’est peut-être une faiblesse, mais c’est aussi ton humanité. » «  Ne lui dit pas. Si tu le fait… je m’ouvrirais les veines avant qu’elle ne vienne à ma rencontre. » Sutton ne put s’empêcher de reculer de quelques pas. Elle était partagée entre le choc et le dégout. C’était quoi ce chantage à deux balles ? « Non mais t’es sérieux ? » Elle secoua la tête. « Je comptais pas lui dire, seulement te convaincre de le faire. Mais là, ça devient pathétique. »[/color] finit-elle par dire d’une voix neutre. «  Oh croit-moi je le ferais. De toute façon je vais mourir, alors qu’est-ce que j’ai à perdre ? Si tu lui dis. T’aura ma mort sur la conscience et Mia te le pardonnera jamais. » « De mieux en mieux. Tu sais quoi, c’est pas la situation qui est devenue pathétique, je crois que c’est toi. Du chantage au suicide… J’aurais tout vu… » dit-elle réellement dégoutée par le comportement qu’il avait. C’était le summum de l’égoisme et de la stupidité… Et elle savait de quoi elle parlait.