C’était pour le moins inespéré, mais Esteban se surprenait à passer un très bon moment dans les bras (et les draps) de cette fille dont il ne connaissait finalement que le prénom. Ils s’étaient croisés pour la première fois une heure auparavant, grand maximum, et pourtant ils étaient déjà tous les deux dans le même lit. A vrai dire, Esteban appréciait ce genre de relations. Celles où on ne se prenait pas la tête, où on faisait simplement ce dont on avait envie, quand on en avait envie. Alors c’était sans aucun complexe ni aucune retenue que le colombien profitait de ce moment. Visiblement, Nastazià partageait son point de vue, mais aussi son plaisir puisqu’il pouvait clairement l’entendre s’exprimer… de plus en plus fort, d’ailleurs. Prenant une nouvelle fois les choses en main, le jeune homme se redressa pour réduire encore un peu la distance entre leurs deux corps. Les mouvements que Nastazià faisaient sur lui étaient tantôt lents tantôt plus vifs, et il sentait qu’il n’allait pas pouvoir supporter ça bien longtemps. D’ailleurs, il ne savait même pas depuis combien de temps il était entré dans cette chambre… Mais le temps n’avait finalement aucune espèce d’importance pour lui. L’essentiel était son plaisir, et celui qu’il procurait du mieux qu’il pouvait à sa partenaire.

Les lèvres de la jeune femme jouaient avec les siennes, les effleurant en entrant à peine en contact avec elles, obligeant Esteban à avancer davantage pour s’en saisir et leur offrir un énième baiser torride. Peu à peu, il sentait les jambes de sa partenaire se serrer contre lui, prouvant qu’elle aussi ne trouvait proche de l’extase. Il continua ses caresses quelques instants, avant de se retourner délicatement, emportant Nastazià dans ses bras pour l’allonger sur le lit, et terminer comme ils avaient commencé. Soudain, ses coups de reins se firent plus appuyés et alors qu’il replongeait son visage en direction de celui de la jeune femme, Esteban étouffa un grognement de plaisir. De plus en plus rapide dans ses mouvements, le colombien tenta de profiter des derniers instants de cet ébat, avant de lâcher prise et de laisser son corps parler pour lui. Alors qu’il atteignait l’extase, il scella une ultime fois ses lèvres à celles de Nastazià avant de se retirer et de se laisser tomber à ses côtés, encore essoufflé. Après avoir repris son souffle et ses esprits, Esteban afficha un sourire en coin des plus satisfaits, puis tourna la tête vers la jeune femme pour guetter ses premières réactions.

Esteban n’était définitivement pas venu ici pour rien, et il ne regrettait absolument pas d’avoir tiré un trait sur sa fin de soirée désastreuse pour venir « secourir » Nastazià des eaux qui envahissaient son appartement. Le moment qu’il avait finalement passé ici avait été intense, si bien que le colombien se trouvait incapable de dire depuis combien de temps il était entré dans cette chambre. Mais tout ce qui lui importait au fond, c’était ce plaisir qu’il savait partagé, et qui avait transformé sa soirée ratée en nuit torride dans les draps d’une inconnue. Allongé à ses côtés, le colombien tentait à présent de reprendre son souffle, sans pour autant se priver d’admirer cette nouvelle conquête qui ferait à coup sûr partie de ses clientes préférées… allez savoir pourquoi. La jeune femme semblait au moins aussi satisfaite que lui, et elle ne tarda d’ailleurs pas à le rejoindre en se collant à lui. La tête sur l’épaule d’Esteban et les jambes enlacées avec les siennes, elle murmura : « Ça va ? Tu n’as pas trop chaud ? »


Immédiatement, le jeune homme éclata de rire, trouvant sa question aussi drôle qu’attendrissante. La sueur qui recouvrait sa peau parlait certainement pour lui, mais il se sentit tout de même obligé de répondre, sans jamais cesser de sourire. « Si ! Je meurs de chaud ! Mais c’est très bien comme ça… » conclut-il d’un ton rempli de sous-entendus, avant d’entourer la jeune femme de son bras pour la serrer un peu plus contre lui. S’ensuivit un long moment de silence durant lequel seules leurs deux respirations se firent entendre dans la pièce. Puis, tâchant de reprendre un peu ses esprits avant de s’endormir et d’apparaître comme un goujat de la pire espèce aux yeux de Nastazià, le colombien reprit la parole en plaisantant : « Finalement… pas de quoi faire un scandale parce que j’ai vu tes dessous dans la machine à laver hm ? » En effet, il avait désormais vu bien plus que ça, et il ne s’en plaignait pas, bien au contraire ! « Tu seras là dans une semaine ? Quand je viendrai avec les pièces dont je te parlai… » questionna-t-il ensuite d’un air innocent, ravi de se souvenir qu’il devait effectivement revenir pour réparer la machine lorsqu’il aurait le matériel adapté. « En tous cas, si tu as besoin de moi pour quoi que ce soit d’autre hein… » Laissant sa phrase en suspend, Esteban lâcha un petit éclat de rire en réalisant que la situation donnait à ses phrases une connotation des plus perverses, bien malgré lui.

Quoi qu’il dise, le colombien avait l’impression que le moindre de ses mots était à double sens et pouvait être interprété bien différemment selon les situations. Et dans la situation présente, tout prenait évidemment une tournure bien particulière… Tournure qui le fit rire dans un premier temps, et qui enchanta visiblement Nastazià puisque d’un geste habile, et vint s’allonger sur lui. Le jeune homme ne tarda d’ailleurs pas à refermer ses bras sur sa taille de guêpe, prolongeant du même coup le doux baiser qu’elle avait prit le temps de lui offrir avant de répondre : « Je serais là quand tu viendras oui… » Parfait. Tout simplement parfait. Non pas qu’il projette de venir uniquement pour elle, mais Esteban devait bien avouer qu’après la soirée qu’ils venaient de passer, sa visite professionnelle aurait certainement un petit goût particulier. « Et je retiens la proposition alors… Je t’appelle dès que j’ai besoin de toi… » Le jeune homme afficha un large sourire en constatant que les phrases à double sens ne venaient pas seulement de lui. Et alors qu’il cherchait à capturer les lèvres de la jeune russe, celle-ci se déroba en enfouissant son visage dans le cou d’Esteban, qui apprécia tout autant son initiative. Elle jouait avec lui, avec sa peau, ses cheveux, et il ne put d’ailleurs pas s’empêcher de fermer les yeux quelques instants en la laissant faire, profitant juste du moment sans se poser de questions.

« Hm, j’espère que j’étais à la hauteur que l’image de mes sous-vêtements pouvait te faire ? » demanda-t-elle finalement après quelques instants de jeu. Amusé, le colombien commença par lever les yeux au ciel et fit mine de réfléchir pendant un temps. Puis, il lui adressa un énième sourire et tout en caressant sa chevelure, répondit : « Est-ce que j’ai l’air déçu ? » Pour appuyer ses dires, Esteban lui adressa un clin d’œil et captura brusquement ses lèvres avant qu’elle ne se dérobe à nouveau. Puis, comme prit d’un doute affreux en se demandant pourquoi elle venait de lui poser cette question, le jeune homme se détacha d’elle et fronça les sourcils. Leurs ébats précédents avaient pleinement satisfait le colombien mais, ce sentiment avait-il été partagé ? Esteban en avait eu l’impression en tous cas. Mais il savait aussi qu’avec les femmes, il ne pouvait jamais être sûr de rien. « Est-ce que tu as été déçu toi ?! » Pour masquer une certaine fébrilité, le jeune homme décida rapidement d’adopter une touche d’humour et prit un air faussement offusqué en déclarant : « Est-ce qu’un autre plombier, électricien ou je ne sais quoi m’aurais déjà surpassé ?! »

En réalité, Esteban ne s’inquiétait pas particulièrement d’avoir été le meilleur coup que Nastazià aurait pu avoir. S’il se comportait ainsi, c’était plus pour la faire sourire qu’autre chose, plus pour entrer dans son jeu que pour véritablement se rassurer. Même s’il n’avait pas eu des montagnes de petites amies jusqu’à aujourd’hui, il savait tout de même ce qu’il valait. « Je ne sais pas… tu es le premier plombier qui s’occupe très bien de la tuyauterie. » lâcha-t-elle alors, faisant une nouvelle fois rire le colombien devant le double sens de sa phrase. Décidément, leur soirée ressemblait en tous points à un remake de vieux film porno et Esteban devait bien finir par l’accepter. « Peut-être que si je vais voir un électricien il saura mieux allumer l’appartement qu’actuellement… » continua Nastazià en le taquinant quant à la panne d’électricité qu’il n’avait pas encore prit le temps de réparer. Une petite grimace prit place sur son visage, avant que le jeune ne hausse les épaules en déclarant : « Comme si on avait besoin de lumière… » Ses yeux roulèrent vers le ciel, et sans pouvoir s’en empêcher il vint déposer un énième baiser au coin des lèvres de la jeune russe.

Esteban pensait que la conversation était close, et d’ailleurs Nastazià se redressa quelque peu pour attraper son paquet de cigarette sur la table de chevet. Mais contre toute attente, elle reprit pour lui confirmer qu’il n’avait pas à s’en faire, et qu’il était visiblement le premier à lui faire autant d’effet. Aussi surpris que satisfait, Esteban releva les yeux vers elle et l’observa quelques instants, avant de lui offrir un sourire et de s’emparer d’une des cigarettes qu’elle lui tendait. Il attendit quelques secondes plus pour pouvoir l’allumer, et se redressa à son tour pour venir se coller à Nastazià et entourer ses frêles épaules de son bras.

Le reste de la nuit se déroula tout comme elle l’avait commencé, et ce ne fut qu’à une heure plus que tardive qu’Esteban trouva le sommeil. A vrai dire, il ne put pas en profiter bien longtemps puisque bien vite, les premiers rayons du soleil vinrent lui rappeler qu’il devait se lever, et aller travailler. En prenant grand soin de ne pas réveiller son hôte, le colombien rassembla donc ses vêtements et quitta la chambre. Avant de partir, il s’autorisa tout de même à faire un détour par la cuisine pour y dénicher de quoi manger, et prépara quelques tartines en vitesse. Volontairement, Esteban en fit un peu plus que nécessaire et fila déposer le surplus sur le lit, à côté d’une Nastazià toujours profondément endormie. Ce fut donc avec un petit sourire en coin que le jeune homme quitta la chambre, puis l’appartement en prenant la direction de son premier rendez-vous de la journée…