Depuis qu’il avait trouvé un emploi à peu près stable mais aussi et surtout un logement, Esteban pouvait profiter de la vraie vie New-yorkaise. Et autant dire que le samedi soir était le moment rêvé pour le faire comme il se devait. Sans viser les grands clubs branchés où le moindre cocktail coutait une fortune, le colombien s’autorisait néanmoins quelques sorties dans les bars du quartier, histoire de faire des rencontres mais surtout de se changer les idées. A longueur de temps, l’image de sa sœur le hantait et il avait parfois besoin de faire le vide. Bien sûr, il ne cherchait pas à l’oublier car elle était et resterait son principal objectif jusqu’à ce qu’il la retrouve, mais pour tenir, il devait se vider un peu l’esprit de temps en temps. Ce soir, Esteban avait donc revêtu la chemise la plus blanche et classe qu’il avait trouvée. Assortie d’un jean sombre, il s’était ainsi donné un look de véritable séducteur, bien loin du clochard qu’il avait été pendant plusieurs mois avant d’en arriver là. Accoudé au comptoir, il sirotait un cocktail tout en guettant les clients, et surtout les clientes qui commençaient à s’amasser dans le bar. Pour l’instant, l’ambiance n’était pas vraiment au rendez-vous mais le colombien comptait bien passer une bonne soirée, et espérait par conséquent que cela change.

Malheureusement, plus le temps passait et plus Esteban perdait espoir. Le bar ne se remplissait pas autant que ce qu’il avait espéré, et l’ambiance était bien loin d’avoir décollé. Alors, lâchant son verre sur le comptoir le colombien se résigna et prit la direction de l’arrière du bar pour aller fumer une cigarette. Une fois dehors, il s’exécuta et en profita pour attraper son téléphone. Il fut surpris d’y trouver un message provenant d’un numéro inconnu, qu’il s’empressa d’ailleurs d’écouter avec attention. Au premier abord, Esteban fut déçu de tomber sur une énième cliente qui ne demandait qu’à ce qu’on vienne réparer sa machine à laver. Mais après avoir reconsidéré la chose, il commença à s’éloigner du bar. Après tout, la soirée était plutôt nulle… alors autant profiter de l’occasion pour gagner un peu d’argent. Le colombien passa donc par chez lui, et sans même prendre le temps de se changer, il s’empara de sa caisse à outil et fila vers l’adresse que la jeune femme lui avait indiquée. Lorsqu’il réalisa qu’il ne l’avait même pas rappelée pour la prévenir qu’il volait à son secours, le jeune homme était quasiment arrivé à destination. Alors il se contenta de hausser les épaules, et d’espérer qu’elle n’ait fait appel à aucun autre réparateur entre temps. En arrivant devant l’immeuble en question, Esteban chercha quelques instants le nom de sa cliente sur l’interphone, mais profita finalement de la sortie d’un voisin pour s’engouffrer dans le bâtiment et vérifier l’adresse exacte sur les boites aux lettres.

C’est donc dans une tenue peu conventionnelle pour un réparateur de machines à laver qu’Esteban se présenta devant la porte de cette Nastazià Alinovitch, et sonna en arrangeant un peu le col de sa chemise. A vrai dire, il n’avait jamais vraiment réparé un tel engin mais il fallait un début à tout ! Depuis qu’il avait commencé à exercer ce métier, aucune panne ne lui avait résisté, et il n’y avait aucune raison que cela commence ce soir.

Au moment où Esteban se retrouva devant la porte de sa cliente dans une tenue à mille lieues de celle qu’il arborait en temps normal pour son boulot, il avoua se sentir quelque peu ridicule. Mais qu’importe, il ne comptait de toute façon pas s’éterniser ! La soirée avait tellement mal commencé qu’il n’allait même pas chercher à l’améliorer d’une quelconque manière que ce soit. Foutu pour foutu, Esteban allait réparer la machine s’il y parvenait, et rentrer chez lui pour se coucher. Pour ce qui était de la soirée détente, il verrait cela une autre fois. A peine eut-il frappé la porte que déjà, il entendit la poignée s’actionner, et quelques secondes plus tard il se retrouva nez-à-nez avec une femme… pleine de mousse. Pas de doute possible, il était bel et bien à la bonne adresse ! Sans qu’il ne puisse le retenir, un léger sourire se dessina sur ses lèvres alors que ses yeux glissaient sur cette fille, la dévisageant avec un certain amusement. Mais bien vite, Esteban se renfrogna en constatant qu’elle aussi, se mettait à rire devant lui sur un ton digne des pires moqueries. Rapidement, il jeta un œil à sa propre tenue et grimaça, voyant tout à fait où sa cliente voulait en venir. « Pardon… Je ris avant de dire bonsoir… Hum, si vous êtes le plombier, vous savez que vos vêtements plus la boite à outils, ça fait un peu remix de film x ? » lâcha-t-elle finalement, laissant Esteban quelque peu interdit, sans savoir s’il devait rire ou au contraire partir en courant. Sans vraiment parvenir à se décider sur la question, le colombien se contenta de hausser un sourcil en répliquant : « Oui c’est bien moi. Et… disons que je n’avais pas spécialement prévu de travailler ce soir vous voyez… Pour les réparations je veux dire, je ne fais pas vraiment dans le cinéma ! » se permit-il d’ajouter, histoire de mettre les choses au clair.

« Entrez donc ! Plus on est de fous et plus on rit ! Cette machine me rend chèvre avec sa mousse, j’ai surement anéantit votre soirée superbe à une mousse party… » Docilement, Esteban s’exécuta et pénétra dans l’appartement, non sans laisser divaguer son regard un peu partout autour de lui. Et à en juger par les traces d’eau et la mousse un peu partout, la machine à laver faisait des siennes depuis un bon moment ! « Aucune importance, la soirée n’était pas si bien que ça de toute façon. J’imagine que c’est par là… » conclut-il en suivant les traces d’eau qui le conduisirent vers la pièce en question. En arrivant, Esteban dut patauger quelques instants dans la mousse pour pouvoir atteindre la machine à laver et déjà, il sentit son jean absorber toute l’eau qui stagnait à ses pieds. « C’est la première fois qu’elle fait ça ? Est-ce que vous avez changé quelque chose de particulier ? » questionna-t-il tout en déposant sa boîte à outils dans l’eau, afin de pouvoir retrousser les manches de sa chemise et se confronter au terrible engin qui crachait toujours autant de mousse.

Passée la surprise de tomber face à une cliente aussi… directe, Esteban se dirigea vers la machine à laver pour laquelle il était venu. Et effectivement, il était grandement temps de faire quelque chose ! La pièce entière était déjà inondée, et des nuages de mousse voguaient ça et là autour du jeune homme qui ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. « Elle a deux ans c’est la première fois que ça me fait ça… Et je n’ai rien changé… Je ne vois pas d’où peut provenir le problème… Je ne sais pas couper l’eau, je n’y connais rien, il faudrait peut-être arrêter ? » répondit la jeune femme lorsqu’Esteban lui demanda de plus amples informations. En contournant la machine à la recherche d’une quelconque vanne qui contrôlerait l’arrivée d’eau, le colombien commença : « Il doit bien y avoir une… » Mais ne termina pas sa phrase, constatant que sa cliente avait déjà filé dans la pièce voisine. Il fronça les sourcils pendant quelques instants, avant de hausser les épaules en secouant la tête, sans chercher à comprendre. Mais alors qu’il tombait précisément sur la vanne qu’il cherchait, et qu’il la tournait pour couper l’eau, la jeune femme refit irruption dans la pièce, armée d’une bouteille de Vodka qu’elle se mit à agiter en demandant : « Vous voulez boire quelque chose ? J’ai de la bonne vodka, qui vient directement de Russie. Sauf si vous ne buvez pas du tout d’alcool… j’ai des sodas, du café, du thé… Demandez n’hésitez pas. Je vous dois bien ça, de venir un samedi soir… » Agréablement surpris par l’initiative, Esteban se redressa en souriant, mais préféra jouer la sagesse avant tout. « Hm, j’avoue que c’est tentant mais… je vais peut-être essayer d’en finir avec ça avant… » déclara-t-il en désignant la machine de laquelle s’échappait déjà beaucoup moins d’eau qu’auparavant.

Alors qu’elle semblait totalement perdue dans ses pensées, sa cliente reprit finalement la parole pour lui demander son prénom. « Esteban ! Esteban Santos. » annonça-t-il en lui tendant la main, ravi d’avoir un peu de conversation. « Et vous ? » ajouta-t-il avant de replonger vers sa boîte à outils dans laquelle il commença à fouiller. « Avec une telle inondation, je m’étonne que votre électricité n’ait pas encore sauté ! » constata-t-il en entendant que malgré le manque d’eau, la machine continuait indéniablement à tourner. Il aurait d’ailleurs voulu la débrancher mais avec les pieds dans l’eau, Esteban ne souhaitait par particulièrement s’y essayer. Mais alors qu’il se redressait pour essayer d’ouvrir la machine, un claquement se fit entendre dans tout l’appartement qui fut instantanément plongé dans le noir. Evidemment… eau et électricité ne faisaient jamais bon ménage, et le colombien avait été visionnaire en présageant des caprices du disjoncteur. Il laissa alors échapper un petit rire tout en attrapant la lampe de poche qu’il conservait toujours dans sa boîte à outils. « Qu’est-ce que je disais ! » s’exclama-t-il fièrement. Travailler dans le noir n’allait pas être une mince affaire mais au moins, la machine avait définitivement cessé de tourner. « Euh… bon… ça vous dirait de me tenir ça pendant que je regarde ce qui ne va pas ? » proposa-t-il en tendant sa lampe à la jeune femme. Esteban se baissa pour arriver au niveau du hublot, et l’ouvrit, libérant une dernière vague de mousse qui inonda ses chaussures déjà trempées. « Eclairez par là… » demanda-t-il, sans se douter qu’il allait évidemment se retrouver nez-à-nez avec le linge de sa cliente, et donc des pièces plutôt… intimes. Faisant mine de ne rien voir, il entreprit plus ou moins habilement de démonter une partie de la machine afin d’accéder au mécanisme sur lequel il pourrait agir.

Esteban avait beau s’être attendu à être plongé dans le noir d’une minute à l’autre, il devait bien avouer que son travail allait être beaucoup plus difficile à présent. Ais puisqu’il avait de la main d’œuvre tout près de lui, autant en profiter ! C’est donc sans aucune hésitation qu’il proposa à sa cliente de « participer » en éclairant la zone qu’il voulait examiner. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il se retrouva nez-à-nez avec un tas de dessous féminins des plus affriolants… Esteban s’efforça de ne rien montrer, mais plus son regard faisait des allers-retours entre ses mains et ces sous-vêtements, plus l’envie de sourire grandissait. Il dut même se mordre discrètement la lèvre inférieure pour ne pas craquer et risque de vexer Nastazià. Mais avant même qu’il n’ait eu l’occasion de commettre un impair, la jeune femme le devança en annonçant : « Si vous pouviez garder secret que vous avez vu mes sous-vêtements… ça serait fun, j’ai pas envie que les médias sachent quel genre de chose je mets quand je sors … J’essaie d’être discrète en ce moment… » Sans pouvoir se retenir davantage, le colombien laissa échapper un petit éclat de rire, non sans cesser son travail consistant à démonter une partie de la machine à laver. Puis, en réalisant qu’il ne savait même pas de quoi elle parlait, le jeune homme tourna la tête vers Nastazià qui tapotait justement son épaule en soupirant : « être célèbre ça n’a pas que des avantages croyez moi. Vous vous en foutez surement. Pardon, je suis un peu… Joyeuse. »

La jeune femme baissa son regard vers Esteban, si bien que leurs visages se retrouvèrent assez proches pour que le colombien puisse distinguer ses pupilles, et ce malgré l’obscurité ambiante. Il soutint son regard quelques instants, avant de froncer les sourcils à mesure que sa réflexion se faisait dans son esprit. « Est-ce que… j’aurai du vous reconnaitre ? Je veux dire, si vous êtes célèbre, je suis censé savoir qui vous êtes ? » questionna-t-il en cherchant dans sa mémoire s’il avait ou non déjà croisé son visage au détour d’un film, d’une publicité ou d’un article de journal. Mais il avait beau se creuser la tête, il ne lui semblait pas l’avoir déjà vue quelque part. Pourtant, Esteban était actuellement assez bien placé pour la dévisager, et autant dire qu’il ne se privait pas de le faire ! Mais il n’en oubliait pas le but de sa visite, et baissa finalement les yeux pour se reconcentrer sur son travail. « Quoi qu’il en soit, je ne parlerai de vos sous-vêtements à personne… » ajouta-t-il, amusé.

Après plusieurs minutes supplémentaires de travail, à tenter de ne pas trop se soucier de sa cliente toujours aussi proche de lui, Esteban hocha la tête en grimaçant. « Je pense voir d’où ça vient, mais… il va certainement falloir changer quelques pièces là-dedans. Ce qui veut dire que vous devrez attendre une semaine, au mieux… »

« C’est rare que je croise quelqu’un qui ne me reconnaisse pas. Tant mieux. Hm… Je suis une mannequin international. J’étais chez Prada, maintenant je suis chez Dior. » déclara la jeune femme en réponse aux interrogations d’Esteban qui, bien que surpris par tant de prétention, préféra prendre la chose en souriant. Pour sa défense, le monde de la mode était bien loin de ses préoccupations quotidiennes et il était loin d’être « calé » en termes de mannequins. Mais si cette rencontre était l’occasion de combler ses lacunes, le jeune homme n’y voyait bien sûr aucun inconvénient. « Oh je vois… Bien, désolé alors… Je ne connais pas grand-chose à tout ça, mais maintenant au moins, je vous reconnaitrai quand je vous verrai ! » s’excusa-t-il avec une petite grimace, avant de reporter son attention vers la machine à laver. Il ne lui fallut que quelques minutes supplémentaires pour trouver la source du problème, et annoncer à sa cliente qu’elle devrait se passer de sa machine pendant au moins une semaine. Cette dernière ne sembla pas spécialement chiffonnée par la nouvelle, et elle se contenta d confirmer à Esteban qu’elle lui faisait confiance… en lui tapotant l’épaule. Surpris, le jeune homme se retourna et une nouvelle fois, son visage se retrouva à quelques centimètres seulement de celui de Nastazià. Un petit sourire prit alors place sur son visage, mais se transforma bien vite en une grimace lorsque la jeune femme pointa la lumière de sa lampe de poche en plein sur son visage. Esteban ferma immédiatement les yeux en se demandant à quoi elle pouvait bien jouer. Une nouvelle fois, il sursauta presque de surprise en sentant qu’elle l’attrapait par les épaules, en lui demandant de venir boire un coup avec elle. Décidément, elle insistait et le colombien n’avait visiblement plus le choix.

Esteban attrapa fermement la lampe de poche qu’elle pointait toujours vers lui pour la dévier de son visage et lorsqu’il rouvrit les yeux en souriant, il put clairement constater qu’elle s’était rapprochée de lui. Pendant quelques instants, ses yeux restèrent accrochés à ceux de Nastazià, mais il finit par se relever en laissant échapper un nouvel éclat de rire. « Si vous y tenez… Mais, à votre place je commencerai plutôt par éponger tout ça ! Je peux vous donner un coup de main hein ! Mais si vous voulez que je puisse vous remettre la lumière, c’est plus prudent… » Puis, rentrant peu à peu dans le jeu de sa cliente en s’en amusant plus qu’autre chose, Esteban visa à son tour son visage avec e faisceau lumineux de sa lampe de poche. « Alors ? » questionna-t-il en attendant qu’elle réagisse. « Vous avez des serpillères, ou vous préférez vivre dans le noir jusqu’à la semaine prochaine ? »

Bien conscient que sa soirée était de toute façon foutue, Esteban n’avait pas rechigné avant d’accepter l’invitation de sa cliente. Après tout, partager un petit verre avec elle ne pouvait pas lui faire de mal ! La jeune femme était plutôt sympathique, et jolie de surcroît… alors pourquoi se priver ? Néanmoins, Esteban préféra inciter Nastazià à éponger ce qu’il restait de l’eau par terre, afin qu’il puisse rétablir la lumière dans l’appartement et surtout avant qu’elle ne soit trop saoule pour le faire. Car le jeune homme n’était pas dupe, et il s‘amusait depuis le début de l’état dans lequel elle se trouvait. Au départ, il avait simplement cru être tombé sur une cliente… originale. Mais très vite, il avait compris que son comportement était en grande partie du à la bouteille de vodka qu’elle avait fièrement ramené dans la buanderie lorsqu’elle lui avait proposé de boire un verre avec elle. Au moment où elle lui ébouriffa les cheveux avant de partir chercher des serpillères, le jeune homme se contenta d’ailleurs de rire en secouant la tête d’un air des plus amusés. Il avait rarement connu des clientes aussi « amicales » et chaleureuses, mais cela ne rendait le moment qu’ils passaient ensemble que plus agréable.

« Vous n’êtes pas obligé de m’aider, et vous le faites, c’est sympa de votre part… » déclara Nastazià après lui avoir balancé les quelques serpillères qu’elle avait trouvées, et qu’il avait habilement rattrapées les unes après les autres. Se mettant à son tour à éponger, Esteban haussa les épaules et s’apprêta à répondre mais un nuage de mousse vint l’en empêcher. Telle une gamine de cinq ans maximum, la jeune femme lui tirait fièrement la langue en ajoutant : « Autant rendre la situation agréable non ? » Nastazià se mit ensuite à souffler sur le visage du jeune homme pour en dégager la mousse et cette soudaine proximité ne fit qu’élargir le sourire qu’il arborait déjà. Sans la quitter des yeux Esteban s’approcha encore, puis céda à la tentation de répondre à ses attaques en lui flanquant un grand coup de serpillère trempée sur la cuisse. Anticipant ensuite la réplique qui ne saurait tarder, il recula rapidement en riant et fit tournoyer la serpillère devant lui en la tenant à la manière d’un bouclier. « Vous savez que vous prenez des risques là ? Je veux dire, vous n’avez absolument aucune chance de gagner la partie… » lança-t-il d’un ton provocateur en se prenant totalement au jeu qu’elle venait d’instiguer, en oubliant même qu’il s’agissait d’une de ses clientes et qu’il était, en théorie, censé se comporter de manière professionnelle en sa présence.

« Ah bon ? C’est quoi ces préjugés jeune homme ? Je peux me montrer très forte vous savez ? » répliqua Nastazià lorsque le jeune homme lui affirma qu’elle n’avait clairement aucune chance face à lui. Adoptant un air volontairement condescendant, Esteban se mit  à rire en la voyant s’approcher de lui prudemment. L’alcool qu’elle avait ingurgité avant l’arrivée du colombien faisait très nettement son effet sur elle, et lui offrait un spectacle plutôt hilarant. Mais curieusement, Esteban ne se fit pas prier pour se prendre au jeu. Après tout, il avait décidé de s’amuser ce soir, et sa première tentative avait rapidement avorté aux vues de l’ambiance médiocre qui régnait à la soirée où il s’était rendu. Mais contre toute attente, cette fille semblait lui offrir une seconde chance, qu’il ne rechigna pas à saisir, même s’il ne la connaissait que depuis quelques minutes. Alors que Nastazià décida d’utiliser la mousse qui jonchait le sol pour l’atteindre plus rapidement et lui asséner un coup de serpillère, Esteban dut la réceptionner  dans ses jambes, un peu surpris de tant d’audace. « Ok… Je t’ai touché… Je me permets de te tutoyer. On est intime non je te pelote les jambes là… » déclara la jeune femme alors qu’elle était toujours agenouillée devant lui. Le colombien éclata de rire… jusqu’à ce qu’il sente les mains de Nastazià s’approcher dangereusement de ses fesses. Haussant un sourcil sous le coup de la surprise, il baissa les yeux vers elle en lui adressant un regard rempli d’interrogations. Mais elle finit par se redresser l’air de rien, se contentant de tapoter son torse en déclarant : « J’ai été gentille. En temps normal, j’aurai tâté le terrain. »

Décidément, cette cliente n’avait de cesse de le surprendre, et elle profita d’ailleurs d’un instant de flottement de la part du jeune homme pour attraper la serpillère qu’il tenait entre ses mains, et s’empresser de partir avec. Revenant brusquement à la réalité, Esteban se lança à sa poursuite, non sans glisser à plusieurs reprises sur le sol encore trempé et plein de mousse. « Hey ! Reviens ici, on n’a pas fini ! » s’exclama-t-il en déboulant dans le salon. Localisant rapidement la jeune femme, il fonça vers elle pour récupérer son du, mais glissa une nouvelle fois en arrivant à sa hauteur. Faute d’avoir le temps se rattraper au dossier du canapé, Esteban n’eut d’autre choix que de se rattraper à… Nastazià. Bien malgré lui il la prit dans ses bras pour se stabiliser, ne manquant pas de la faire vaciller à son tour. Prédisant la chute qui allait certainement suivre, le colombien tendit le bras dans l’espoir de pouvoir agripper le canapé avant de heurter le sol, et ainsi d’écraser sa cliente sous son propre poids. Mais fort heureusement pour elle,  elle bascula sur ledit canapé qui eut pour effet d’amortir leur chute à tous les deux.

Tout se passa extrêmement vite, et malgré tout sa bonne volonté, Esteban ne put empêcher ce qui arriva. En compagnie de Nastazià, il s’effondra dans le canapé et manqua de l’écraser sous son propre poids. Par la force des choses, la distance entre sa cliente et lui s’était brusquement réduite, mais ce n’était pas pour lui déplaire. En effet, le colombien savait apprécier les belles choses et en l’occurrence, Nastazià faisait aisément partie du top ten de ses clientes les plus sexys. Non pas qu’il tienne un classement drastique à jour… quoi que ! Quoi qu’il en soit, le jeune homme se retrouvait posté sur elle, et le regard qu’elle lui lança à ce moment-là sembla littéralement l’électriser. Esteban pouvait clairement sentir les mains de la jeune femme glisser sur sa peau et, sans prévenir, cette dernière se redressa pour lui voler un baiser des plus langoureux. Il aurait pu s’indigner, la repousser et lui crier dessus… mais il ne fit absolument rien de tout cela. Au contraire, il laissa un petit sourire étirer le coin de ses lèvres au moment où elle se détacha de lui pour lui ôter son t-shirt trempé. L’air de rien, il se laissa faire sans broncher, observant la scène avec un certain amusement teinté de satisfaction. Finalement, sa soirée n’était peut-être pas si foutue que ça.

« Désolée si tu avais une nana… mais là… je ne peux pas m’arrêter… » lâcha finalement Nastazià d’une voix qui trahissait clairement son désir et son empressement. Esteban, lui, laissa échapper un éclat de rire avant de faire mine de réfléchir quelques instants. « Ca tombe bien, je n’ai personne… Enfin, pas que je me souvienne… » plaisanta-t-il comme pour la faire languir au maximum. Esteban n’était pas un bourreau des cœurs. Il profitait simplement tant que sa jeunesse le lui permettait encore, et ça lui allait très bien comme ça. Aucun engagement, aucune histoire sérieuse, il était tout simplement libre comme le vent. Alors, sans se poser plus de question, le colombien débarrassa à son tour Nastazià d’une partie de ses vêtements, en prenant bien soin de ne jamais rompre le contact avec sa peau. « Est-ce que tu accueilles tous les plombiers comme ça ou… est-ce que c’est un traitement de faveur ? » questionna-t-il en murmurant, et en dévorant la jeune femme des yeux avec de plus en plus d’envie et de désir. Puis, se laissant aller à une pulsion inattendue qu’elle lui avait probablement communiquée, Esteban se jeta littéralement sur elle pour l’embrasser à pleine bouche tout en recollant son corps brûlant contre celui de Nastazià.

Plus il entrait dans son petit jeu, plus Esteban sentait que Nastazià perdait le contrôle. Et le jeune homme se délectait clairement de la situation, prenant bien soin d’y aller en douceur pour la faire languir le plus possible. Il n’était pas tortionnaire, loin de là, mais ils e disait juste que le moment serait encore plus savoureux s’ils l’attendaient un peu. Alors, il s’évertua à faire durer ce petit jeu pendant lequel ils se cherchaient, en faisant mine d’hésiter ou encore en  posant quelques questions. Néanmoins, il ne pouvait nier que le désir grandissait également de son côté et avant même que Nastazià n’ait pu répondre quoi que ce soit, il se lança à l’assaut de ses lèvres dans un baiser des plus passionnés. Sentant les ongles de la jeune femme griffer son dos, Esteban laissa échapper un petit gémissement totalement incontrôlé, qui suffit à trahir son état d’esprit du moment. « Tu as un sacré traitement de faveur… » souffla la jeune femme en mordillant son cou, avant de plonger ses mains dans ses cheveux encore trempés par la bataille à laquelle ils s’étaient adonné un peu plus tôt. Ravi d’avoir droit à ce genre d’avantages, Esteban afficha un large sourire de satisfaction tout en se laissant faire sans broncher.

« Si le canapé est trop étroit pour toi, on peut toujours aller dans ma chambre… » ajouta Nastazià d’un air à demi provocateur. Suivant le mouvement de tête de la jeune femme, Esteban repéra une porte entrouverte ; celle de la chambre en question. Sans pouvoir se départir de son sourire, il se détacha d’elle pour se relever mais finit par rétablir rapidement le contact en l’attrapant pour la porter jusqu’à la chambre. Mais alors qu’ils arrivaient à hauteur de la porte, le colombien interrompit le baiser qu’il était en train de lui donner pour faire quelques pas en arrière, se retrouvant ainsi près de la table du salon. Sans lâcher Nastazià qui pesait de toute façon approximativement  le poids d’une plume pour lui, il attrapa la bouteille de vodka qu’elle avait laissé trainer là avant qu’ils n’entament leur duel à coups de serpillères. La portant jusqu’à sa bouche, il engloutit une, puis deux gorgées du breuvage avant de retrouver le sourire. Haussant un sourcil tout en replongeant son regard dans celui de Nastazià, le jeune reconnut : « T’avais raison ! Pas mal du tout ! » Reprenant son chemin vers la chambre qui lui avait été désignée, Esteban emporta donc avec eux la bouteille en question. Arrivés près du lit, il hésita tout d’abord à projeter Nastazià sur celui-ci mais pensa immédiatement au sort de la bouteille qu’il tenait entre ses mains. Alors, plus délicatement, il entreprit de s’asseoir sur le lit en laissant la jeune femme s’installer sur lui. Au passage, il but une nouvelle gorgée de vodka avant de tendre la bouteille à Nastazià pour pouvoir plonger à son tour son visage en direction de son cou, qu’il couvrit de baisers de plus en plus pressants et explicites.

Esteban ne regrettait absolument pas d’avoir accepté de venir faire ce dépannage, et quelque chose lui disait qu’il allait de moins en moins le regretter. En effet, il avait désormais rallié la chambre de Nastazià en très bonne compagnie, et se retrouvait en bonne place sur son lit, une bouteille de vodka à la main. Que pouvait-il bien demander de plus ? Mais subitement, la jeune femme les débarrassa de la bouteille en question pour se concentrer sur la suite des évènements. Le « forçant » à s’allonger sur le lit, elle fondit littéralement sur lui pour sa plus grande satisfaction. Mais visiblement, le colombien n’était pas au bout de ses surprises et c’est avec une pointe de surprise qu’il la vit se diriger vers son entrejambe. Décidément, cette fille savait y faire ! « Finalement, ta soirée, risque d’être très bonne… » souffla-t-elle avant de se pencher plus sérieusement sur son anatomie, lui faisant fermer les paupières quelques instants pour mieux profiter de la tournure inattendue que prenait effectivement sa soirée.

Laissant échapper quelques gémissements de plaisir, Esteban la laissa faire sans broncher. Il pouvait sentir ses ongles griffer doucement sa peau, mais surtout sa bouche qui était clairement en train de lui faire perdre la tête. Nastazià était indéniablement douée pour ce genre de choses, et le colombien était ravi de pouvoir ainsi profiter de ses talents. Néanmoins, il tenait lui aussi à lui montrer de quoi il était capable, comme pour lui rendre la pareille Alors, il se redressa un peu et incita la jeune femme à en faire de même. D’un mouvement des plus habiles, il se retourna et fit en sorte de se retrouver au-dessus d’elle, ne manquant pas de lui offrir un nouveau baiser langoureux au passage. Puis, il se laissa glisser à son tour le long du corps de Nastazià, et lui retira ce qu’il restait encore de ses vêtements. Inversant alors les rôles, il se concentra sur son entrejambe, soucieux de lui prouver qu’il savait lui aussi y faire. Délicatement, et tout en parcourant le corps de la jeune femme du bout des doigts, Esteban s’évertua donc à faire monter le plaisir. Ce faisant, il la surveillait du coin de l’œil afin de réagir à la moindre de ses mimiques, au moindre de ses frémissements. Conscient que ce genre de moments étaient encore meilleurs lorsqu’ils duraient, le colombien prenait son temps, ralentissant la cadence à chaque fois qu’il sentait que Nastazià frôlait l’extase.

Ce ne fut qu’après plusieurs minutes de jeu qu’Esteban remonta en direction du visage de la jeune femme. Un petit sourire aux lèvres, il l’observa pendant un long moment en se mordillant la lèvre inférieure. A force de jouer, son propre désir était sur le point de le submerger, et ce sentiment était de son point de vue terriblement agréable. Son souffle se faisait de plus en plus court mais une fois de plus, il tenta de résister au maximum, se contentant de repartir à l’assaut des lèvres de la belle sans pour autant en venir aux faits.

Esteban s’évertuait à prendre son temps alors qu’il n’avait qu’une envie : lui sauter dessus, littéralement. Mais le fait de la faire languir était finalement d’autant plus agréable et amusant. Il la sentait frémir sous ses caresses, la voyait se cambrer lorsque le plaisir se faisait un peu trop présent… Il sentait aussi ses « caresses » de plus en plus appuyées dans sa tignasse brune, et il savourait tout cela avec une certaine délectation. Alors quoi qu’il arrive, le colombien n’allait pas presser les choses, même si la jeune femme semblait implicitement le lui demander. D’ailleurs, elle n’attendit pas bien longtemps avant de se redresser, et d’inciter Esteban à en faire de même. Presque aussitôt, leurs lèvres se retrouvèrent de nouveaux en contact, comme si elles ne pouvaient plus rester loin les unes des autres pendant plus de cinq minutes. En réalité, c’était un peu le cas… A l’heure actuelle, le jeune homme n’avait aucune envie de rompre le contact avec Nastazià, et cela avait l’air totalement réciproque.

Tout en l’embrassant, le jeune homme surveillait du coin de l’œil les moindres faits et gestes de son hôte. Non pas qu’il soit particulièrement méfiant ! Il se plaisait juste à voir avec quel empressement elle fouillait dans sa table de nuit pour en sortir de quoi se protéger. D’un geste habile, elle équipa Esteban tout en murmurant : « Faut que je te dise un truc… Je te veux pour toute la nuit… » Satisfait et amusé à la fois, le jeune homme afficha un sourire en coin, entrecoupé par les assauts de Nastazià sur ses lèvres. Puis, il entreprit de la faire basculer le plus délicatement possible sur le lit en lui répondant : « Bien. Je ne comptais pas partir de si tôt de toute façon… » déclara-t-il, préférant rester évasif sur les raisons de cette décision… que la jeune femme connaissait de toute façon très bien. Pendant quelques dizaines de secondes supplémentaires, Esteban retarda encore l’échéance, se contentant de laisser courir ses doigts dans les cheveux de Nastazià sans pour autant se détacher de ses lèvres. Puis, n’y tenant plus, il se rapprocha finalement au maximum pour s’introduire en elle en laissant échapper un soupir d’aise. La jeune femme avait su faire monter en lui le désir, et il avait finalement attendu ce moment depuis qu’ils étaient tous les deux tombés dans son canapé. Oubliée la soirée gâchée qu’il avait cru vivre avant d’écouter le message qu’elle lui avait laissé, oublié le simple dépannage qu’il s’attendait à effectuer avant de rentrer chez lui et de s’endormir seul. Ce soir, elle lui offrait bien mieux que ça, et bien légitimement, le colombien n’avait aucun regret. Se laissant alors emporter par la chaleur et cette sorte de tension qui régnait entre eux depuis quelques instants, Esteban entama d’habiles mouvements de bassin en s’assurant que son plaisir était partagé.

Le moment qu’il attendait, la source de toute cette tension qui s’était installée entre Nastazià et lui était enfin arrivé. Sans se poser la moindre question, Esteban s’était laissé aller à ses désirs les plus profonds, et qu’importe si ce moment d’intimité dépassait le cadre professionnel de sa visite ici. D’ailleurs, ce n’était pas la première fois qu’un de ses rendez-vous se terminait dans le lit de sa cliente, même s’il devait bien avouer que cette soirée avait un goût bien particulier. Cette fille avait un petit quelque chose en plus, sans que le colombien ne parvienne à définir de quoi il s’agissait. Mais qu’importe, à ce moment précis son seul but était de profiter, et de faire en sorte qu’elle passe une aussi bonne soirée que lui, peut-être même meilleur si cela était possible. Bref, Esteban mettait du cœur à « l’ouvrage » et la seule vue des réactions de Nastazià suffisait à le conforter dans l’idée que son plaisir était partagé. Il y avait ses gémissements, ses ongles qui griffaient doucement sa peau au fur et à mesure que ses coups de reins se faisaient plus rapides. Et puis il y avait son prénom qu’elle murmurait de temps en temps, et qui faisaient littéralement fondre le colombien à chaque fois. Sans savoir pourquoi, c’était précisément ce détail qui lui faisait le plus d’effet, et qui lui donnait envie de continuer encore et encore, de passer la nuit entière dans ses bras.

Soudain, Nastazià entreprit d’échanger les rôles pour la plus grande satisfaction du jeune homme qui la laissa bouger sans se faire prier. Une fois de plus elle prenait les choses en main, et ce n’était pas pour lui déplaire. La jeune femme s’installa sur lui à califourchon et ne perdit pas une minute avant d’entamer à son tour des mouvements de bassin des plus agréables. Véritablement conquis, Esteban s’autorisa à fermer les paupières quelques instants pour profiter au mieux de l’instant. Les doigts de Nastazià sur son torse le faisaient frissonner, et il ne put se retenir bien longtemps avant de laisser à son tour ses mains partir à la découverte du corps de la jeune femme. Effleurant ses hanches, ses cuisses puis sa poitrine, Esteban savourait chacun de ses mouvements en continuant de laisser échapper quelques gémissements à peine retenus. Il la laissa donc prendre le contrôle pendant quelques minutes, puis se redressa brusquement en l’entourant de ses bras, sans pour autant désunir leurs deux corps. Sans attendre il s’empara de nouveau de ses lèvres avant de glisser vers son cou puis sa poitrine, sur laquelle il s’attarda plus longuement. Ce faisant, il entreprit de resserrer son étreinte afin de se coller le plus possible à elle, et profita de l’occasion pour planter à son tour ses ongles dans la peau de Nastazià. Plus le temps passait et plus Esteban se sentait fébrile, proche de l’extase… Mais il gardait néanmoins à cœur de faire durer leurs ébats le plus longtemps possible, et s’évertuait pour cela à oublier la chaleur qui montait indéniablement et le rendait fou.