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« Scotty ! Non s’te plait donne moi ça… » souffla Morgan tandis que son chiot s’éloigna, fier de lui, avec son tout dernier croquis entre les dents. Affalé sur le canapé, l’androgyne ne put que se laisser aller en arrière, totalement abattu. Ses mains cachèrent immédiatement son visage mais cela ne fit pas disparaitre son agacement pour autant. D’ailleurs, ses pupilles brunes se mirent plus très longtemps avant de se poser sur cet être coupable. Qu’attendait-il maintenant ? Que son maitre lui court après ? Certainement. Un sourire carnassier au coin des lèvres, le styliste n’attendit plus une seconde de plus & se jeta sur la boule de poils. Comme si ça allait être facile… Une course poursuivre s’enchaina donc au travers de l’appartement jusqu’à ce que, finalement, la rancœur laisse place à la douceur. & voilà comment Morgan s’était retrouvé allongé sur son lit avec Scotty sur le ventre. Putain. 1-0 pour l’animal. Foutue défaite.

Toutefois, cette petite altercation ne fut pas son souci majeur. Certes, retrouver son ébauche couverte de bave visqueuse n’avait rien de gratifiant ; mais autre chose le tracassait sérieusement. Le sms de Nolan, son idole. Tous les deux étaient supposés se retrouver dans peu de temps et cela laissait le brun plutôt dubitatif. À quoi devait-il s’attendre ? Autant dire que ses tourments s’ancraient en lui de plus en plus intensément au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient. Les battements de son cœur n’étaient rythmés que par sa putain d’appréhension… & même une cigarette ne parvenait pas à le calmer. Aspirant quelques bouffées avec un désespoir hors du commun, Morgan était tiraillé entre l’envie d’annuler tout rendez-vous là, maintenant. Ou celle de sauter du dernier étage. Jugeant tout ceci trop radical, il décida de prendre son courage à deux mains et d’enfin commencer à se préparer. Et bon sang ce que ça pouvait durer. Indécis, le brun fouillait à l’intérieur de son immense armoire afin de dégoter la tenue idéale. Idéale pour quoi d’ailleurs ? Merde, ses interrogations revenaient, broyant instantanément son estomac. « Stop, je verrais bien. Voilà… J’y pense plus » se dit-il en soufflant silencieusement. Glissant nonchalamment ses mains manucurées dans ses cheveux, il serra ses dents et tenta - vainement - de se reprendre.

(…)

« Bon, j’y vais. Mange pas tous les fils électriques que tu trouves, ça serait vraiment… délicat de ta part » lança t-il à l’adresse de son chien, qui dévorait déjà un chausson qui trainait près du meuble de télévision. Irrécupérable ? C’est effectivement un terme très approprié. Levant les yeux au plafond, amusé & attendri, le jeune androgyne quitta l’appartement non sans prendre soin de verrouiller la porte d’entrée. Sait-on jamais. Une fois dans sa voiture, il glissa ses lunettes de soleil sur son nez et se rendit jusqu’à l’endroit convenu. Inutile de préciser qu’au moindre feu rouge, Aileen plongeait sa main dans son sac avec l’espoir de pouvoir lire - sur son téléphone - un nouveau message de la part de Nolan. Malheureusement rien. Ce dernier ne semblait pas à lui donner plus d’informations. Qu’importe. La patience est une vertu. D’ailleurs, combien de temps mit-il avant d’avoir enfin la possibilité de se garer face à la bâtisse ? Dix minutes ? Peut-être plus ; ou moins. Son regard charbonneux vagabonda immédiatement sur les alentours et il remarqua bien vite l’absence du jeune homme. Serait-il en retard ? Grimaçant légèrement, Morgan descendit tout de même de son véhicule. Ses jambes l’amenèrent jusqu’au banc le plus proche ; où il put asseoir ses petites fesses.

Attendre n’était pas ce qu’il préférait. Toutefois, dans le cas présent c’était différent. Enfermé dans une bulle de stress qui n’appartenait qu’à lui, Morgan avait une attitude on ne peut plus explicite. Sa jambe bougeait nerveusement tandis qu’il sortait une énième cigarette de son paquet. Coinçant le filtre destructeur entre ses lèvres pulpeuses, il partit ensuite à la recherche de son briquet. & après avoir fait jaillir la flamme, le brun creusa ses joues. Instantanément, la fumée grisâtre s’infiltra dans ses poumons, les noircissant toujours un peu plus. Un long souffle d’aise se fit entendre cependant que ses paupières se fermaient. À vrai dire, plus il réfléchissait et plus il se disait que la cause de son appréhension ne se limitait pas à ce fichu sms. Non. « Il va pas m’bouffer bordel, je stresse pour rien là… je l’ai déjà vu plein de fois pourtant. Merde » pensa t-il en soufflant silencieusement. Morgan était pourtant de nature très décontracté en temps normal. Son impuissance l’agaçait foutrement ; pourquoi n’arrivait-il pas à se dégager de ce brouillard de ressentis tous aussi volages les uns que les autres ?

Un sourire apparut soudainement sur le visage de l’androgyne ; chassant d’un revers toutes ses angoisses. Au loin se dessinait la silhouette de l’homme qu’il attendait. De petites étoiles illuminaient ses iris colorés ; qu’il est beau de réaliser ses rêves bordel. En une soirée, puis deux, puis trois… Aileen s’était finalement rapproché de ce groupe qu’il adulait tant. Combien de personnes désiraient cela ? & combien y étaient parvenues ? Très peu sans doute. Morgan, lui, se considérait réellement comme quelqu’un de privilégié. D’un pas lent et ordonné, il vint à la rencontre de Nolan. « Salut » dit-il, de sa voix fluette mais surtout, libéré de ses chaines.