Depuis quelques jours, voire semaines, je me réveillais avec une impression qui me faisait du mal. J’ouvrais toujours les yeux me demandant chaque jour pourquoi je les ouvrais. Je n’avais pas de pensées suicidaires mais je me demandais à quoi je servais sur cette Terre. La seule chose bien que j’avais faite dans ma vie, c’était d’héberger Basile parce qu’il était presque à la rue et ne pouvait pas gérer son loyer avec ses maigres revenus. Je dois avouer que cela m’avait fait me sentir beaucoup mieux tout le temps qu’il était ici mais maintenant j’avais l’impression d’être redevenu cette ennuyante et égoïste personne qui profite seul de son argent. Ce matin, ce sentiment d’impuissance et d’inutilité dans ce monde était encore plus puissant et plus douloureux que tous les autres jours précédents. Essayant tant bien que mal de ne pas y penser, je tardais à sortir de mon lit et j’avais vraiment du mal à affronter cette journée durant laquelle je n’allais pas m’arrêter de ressasser, étant donné que je n’avais absolument rien à faire. Buvant mon café, je pensais, pensais encore et n’arrivais pas à faire quoi que ce soit. Alors décidé à ne pas me faire de mal toute la journée, je me préparais et parti à destination d’une salle des fêtes ou une soirée de mon agence était organisée. Étant maintenant le directeur de l’agence, je me devais de m’assurer du bon fonctionnement de mes équipes.

À peine arrivé et totalement énervé de mes pensées, je me mettais alors à hurler sur tout le monde, ce qui choquait tous mes employés, qui pour la plupart, étaient devenus des amis. Choqués, ils l’étaient parce que je ne suis pas du tout comme ça d’habitude, c’est d’ailleurs pour ça qu’aucun d’eux ne m’en avait voulu, ils avaient compris une fois que je leur expliquais que je ne me sentais pas très bien et que je m’étais emporté. Seulement je ne savais pas vraiment quoi faire pour me sentir mieux. La seule chose dont j’étais sûr, c’était le fait que j’ai besoin de sentir que j’ai aidé quelqu’un… J’ai besoin de donner pour me sentir vivant, pour me sentir bien avec moi-même. Sans ça, j’ai l’impression d’être devenu la même personne que ces horribles parisiens qui m’avaient tant complexé et ennuyé dans mon passé. Errant dans les rues New-Yorkaises, j’étudiais tous ces gens qui semblaient savoir où ils allaient, semblaient savoir ce qu’ils voulaient précisément. Je les regardais évoluer dans cette ville gigantesque où tout semble possible. Je marchais, contrairement à eux, sans savoir où j’allais. Je n’avais pas le pas rapide comme eux, je n’avais pas de but précis quant à ma direction, tout ce que je voulais, c’était trouver une direction, quelque chose à faire de ma vie, une chose qui me fasse me sentir mieux, utile, humain. Je me posais mille et une questions jusqu’à ce que…
Je marchais dans ces rues refroidies pas l’automne au moment où je suis tombé sur une sorte de centre pour jeunes à Coney Island. J’étais en plein Brooklyn, j’avais marché, beaucoup plus que prévu mais c’était ça que je voulais faire. Je n’avais pas eu une enfance vraiment très joyeuse. Du moins ma vie de famille avait été très épanouie mais rien n’allait concernant l’éducation et mes années dans les écoles avaient été les pires années de ma vie. Mes parents s’étaient sacrifié pour que je puisse aller à l’école à Paris et non en banlieue… ils n’auraient jamais dû. Les parisiens avaient été cruels avec moi, je n’étais pas du même milieu qu’eux, j’étais rejeté et je n’avais jamais réussi à m’adapter. Toujours est-il qu’aujourd’hui, j’avais l’impression d’avoir enfin trouvé une raison de me sentir mieux, aider des jeunes qui sont comme j’étais, sans argent, sans bonne école, sans personne pour s’occuper d’eux et si je pouvais venir en aide à l’un d’entre eux, voire plusieurs, ça pourrait vraiment m’aider, tout en soulageant et en aidant quelqu’un d’autre. J’entrais alors dans le bâtiment et on me dirigea vers un certain Azariel. La seule et unique chose que je sus dire fût « Bonjour. Je m’appelle Heaven, je sais, je suis jeune, mais j’ai de l’argent et j’ai envie d’aider, je veux aider, j’veux pas mourir en égoïste. J’ai cherché toute la journée et je sais que je suis au bon endroit. » Je me sentais déjà tellement mieux d’offrir mon aide, d’avoir trouvé qui je voulais aider.