Jusqu’ici, Maureen n’avait jamais été une fan inconditionnelle du shopping, bien au contraire. Elle préférait davantage la compagnie de ses précieux livres depuis qu’elle avait rompu avec son petit ami. Mais une chose était sûre : devenir distante avec Azariel, si cela permettait à son petit cœur de se remettre de ses émotions, lui pesait affreusement. Après tout, ils se connaissaient depuis si longtemps et étaient tellement habitués à la présence de l’autre qu’elle avait l’impression qu’on lui avait coupé un membre et que celui-ci lui donnait le syndrome du membre fantôme. Celui qui continue à démanger, faire mal, donner la sensation d’exister. Peut-être était-ce pour cela qu’elle avait pris son courage à deux mains et, malgré sa timidité, était entrée dans ce magasin pour essayer des robes un peu plus sexy et « osées » que celles qu’elle portait d’habitude, sans pour autant tomber dans l’extrême inverse. D’ailleurs, chose encore plus étonnante, elle ne manqua pas de demander conseil à la vendeuse pour savoir quel type de robe pourrait aller le mieux à sa silhouette et à sa plus grande surprise, les conseils donnés par celles-ci lui plurent aussitôt. « Je vous remercie beaucoup de votre aide » avait-elle subitement dit, un grand sourire éclairant ses beaux traits de porcelaine alors qu’au travers de la vitrine, son regard fut irrémédiablement attiré par la silhouette d’Azariel qui semblait l’avoir remarquée. Timidement, elle leva simplement la main, avant de ne tourner son attention vers la vendeuse pour continuer sa conversation, comme si elle continuait à l’éviter envers et contre tout…

Maureen ne comprenait pas, au juste, pourquoi elle lui avait rendu son signe de la main car de toute évidence ils n’avaient pas grand-chose à se dire. La situation avait jeté comme un froid entre eux et la jeune femme, malgré toutes les bonnes intentions du monde, ne parvenait pas à passer outre. Non pas qu’elle regrette réellement un homme lui ayant demandé de choisir entre lui et son meilleur ami, mais la solitude à laquelle elle se condamnait sans pouvoir faire autrement lui lacérait littéralement le cœur. Mais Azariel semblait ne pas le voir d’un même œil qu’elle et, à la surprise générale, pénétra à l’intérieur de la boutique pour venir la saluer. « Bonjour… » murmura-t-elle à son tour tandis que la vendeuse s’éloignait, lui laissant une énième robe entre les mains. Oh Maureen pouvait se permettre un brin de shopping, elle ne risquait pas la banqueroute avec si peu et puis à la surprise générale, cela lui faisait du bien de se refaire un brin sa garde robe. « J’ai entendu dire dans une étude qu’acheter de nouveaux vêtements et d’aller chez le coiffeur peut être synonyme de meilleur moral… alors j’essaye. Cette robe est jolie je trouve aussi, c’est la vendeuse qui m’a conseillée. Elle m’a dit que le rouge était ma couleur » reprit-elle de façon presque scolaire, comme si elle énonçait toute une étude dans le cadre d’un cours ou quelque chose dans ce goût là. Elle restait somme toute à bonne distance émotionnelle d’Azariel, question de protection. « Et toi, que fais-tu par ici ? » reprit-elle machinalement.

Maureen évitait soigneusement le regard d’Azariel bien que dans le fond, elle ne puisse qu’être heureuse qu’il ait fait le pas qu’elle était incapable de faire de son côté. Ce n’était plus tant une question de timidité mais plutôt qu’elle se retrouvait dans une situation détestable, comme entre deux eaux. Autant dire qu’elle se mit à regarder bizarrement le canadien alors qu’il parlait de sa sœur, ne comprenant pas comment elle faisait pour se mettre en couple et jeter autrui aussi facilement. A croire qu’elle ait décidé de ne pas avoir de cœur une bonne fois pour toute ? Maureen s’en voulait atrocement d’avoir rompu avec son petit-ami et il s’agissait de sa toute première rupture, alors le fait tous les mois… jamais elle n’en serait capable, c’était l’évidence même. « Tous les mois ? J’envie sa capacité à ne pas s’attacher » nota la jolie blonde sans honte aucune puisqu’il ne s’agissait pas d’une critique, bien au contraire, elle l’enviait énormément et aurait rêvé de pouvoir faire de même. « Je sais, je suis une sombre petite personne qui met des sombres petites couleurs, c’est ce que la vendeuse m’a dit » nota-t-elle avec un brin d’ironie même si elle n’avait pas vraiment envie de rire. Maureen avait pris la remarque un peu comme une attaque, bien qu’il s’agisse de la vérité, mais la donne lui sembla être subitement quantité négligeable alors qu’Azariel lui avouait quelque chose qui lui fit froncer les sourcils. « Dure journée ? Comment ça ? Il ne t’est rien arrivé de grave j’espère ? » s’inquiéta-t-elle comme si elle avait spontanément repris sa casquette de meilleure amie sans même sans rendre compte.

« Mais à force de ne jamais s’attacher, on souffre quand même de solitude… » fit très justement remarquer Maureen car à ses yeux, un être humain était fait pour aimer et être aimé en retour, non rester seul ou alors jouer avec le cœur des autres. A moins que Lexie ne préfère voir les autres souffrir pour s’en trouver rassurée d’un même temps, mais l’irlandaise considèrerait la donne comme de la cruauté pure dans ce cas et non un simple désir de se protéger. Bah, elle lui laissait le bénéfice du doute, car après tout elle ne la connaissait pas suffisamment pour émettre un quelconque jugement… sans compter que ce n’était pas du tout son genre. « Je n’ai pas dit que je me voyais comme ça, tu sais… comme tu l’as justement fait remarquer, je n’aime pas être vue mais la vendeuse ne me connait pas, contrairement à toi. Je pense qu’elle cherchait juste à égayer ma garde robe. » Ou comment Maureen pouvait ne jamais voir le mal nulle part. Cela ne l’empêchait pas de rester en retrait par rapport à Azariel et de l’avoir longuement évité durant ces dernières semaines mais elle ne pensait pas à mal pour autant… elle ne savait simplement pas comment réagir de façon intelligente. « Un ras le bol c'est-à-dire ? » s’intéressa la jolie blonde par réflexe car autrefois, ils se confiaient leurs peines, leurs joies, bref leurs sentiments globaux à longueur de temps. Et son inquiétude lui semblait être tout à fait logique… « Tu peux me parler, tu sais » tenta-t-elle un pas en avant.

Leur amitié n’était pas au beau fixe, c’était le moins que l’on puisse dire. Maureen ne semblait pas décidée à faire un réel pas en avant vers Azariel afin de lui livrer le fond de sa pensée, mais cela ne l’empêchait pas pour autant de converser simplement en sa compagnie dans cette boutique, l’air de rien. Il s’agissait de la première vraie conversation qu’ils avaient depuis des semaines. D’un côté, la jolie blonde n’avait pas envie de la faire cesser, et de l’autre, elle avait peur que celle-ci ne finisse par se diriger vers un sujet bien plus personnel. Maureen ne se voyait pas lui livrer quoi que ce soit concernant sa vie privée actuelle, par exemple, alors que par le passé, le canadien était toujours le premier informé des éventuelles péripéties qu’il pouvait y avoir. « Peut-être que je pourrais essayer quelques robes et tu me donnerais ton avis ? Tu mets toujours plus de couleurs que moi, alors… ça fait de toi quelqu’un de forcément plus habitué » lança-t-elle avec l’air de ne surtout pas y toucher. De toute façon, un avis masculin est toujours mille fois plus instructif qu’un avis féminin, c’est évident. « Pourquoi tu n’inventes pas une excuse ? Je sais bien que confronter quelqu’un n’est jamais évident, de même que le fait de dire « non » ne l’est pas davantage mais tu peux aussi inventer des excuses… comme quoi tu es occupé, ou malade même ! Ou alors que ta meilleure amie te kidnappe et qu’elle te taillera en pièces si tu n’es pas à l’heure. D’accord c’est un peu exagéré, mais si ça se trouve… ça marchera. »

« Que ta sœur t’oblige à l’accompagner lors de séances de shopping je veux bien le croire plutôt deux fois qu’une, mais je ne savais pas que tu organisais des sortes de… relooking que tu dirigeais de tes mains ! Cela fait de toi quelqu’un de doublement habitué et dans ce cas, je pense que tu vas pouvoir avoir un œil plus expert sur ce que je vais essayer. » Au départ, Maureen n’avait pas été rassurée pour trois ronds de serviette en sachant qu’Azariel était entré dans la boutique où elle comptait encore passer un moment mais à sa plus grande surprise, l’atmosphère s’était détendue d’elle-même. Mieux, elle trouvait à nouveau la force de lui sourire, de ne pas le rejeter et encore moins l’éviter. C’était même tout l’inverse, puisqu’elle découvrait des choses qu’elle ignorait jusqu’à lors sur son meilleur ami et ils étaient sur le point de partager quelque chose qu’elle n’aurait jamais cru possible avant aujourd’hui : une séance de shopping. « Tu veux dire que tu souhaites que l’on parte ensemble au soleil ou tu veux juste mon avis sur la destination en question ? » demanda-t-elle prudemment, l’irlandaise refusant de ne s’avancer et d’être déçue au final. D’un côté, l’envie de partager des vacances et de se retrouver seule avec son meilleur ami la tentait, mais de l’autre, une sorte de warning s’était subitement allumé dans son esprit : et si c’était une très mauvaise idée ? « Le soleil, c’est toujours une excellente destination » conclut-elle néanmoins en un petit sourire malicieux.

« Qu’est-ce que tu appelles un look « qui n’attire pas le travail ou les écoles » exactement ? Je suis curieuse, sait-on jamais… si ça se trouve, ne mettre que du noir, même si à priori c’est une couleur classique donc professionnelle n’est pas l’idée du siècle ? » Oh Maureen était prête à recueillir tous les conseils possibles et imaginables surtout si Azariel avait l’habitude de relooker les jeunes dont il avait la charge en tant qu’assistant social. Ce n’était pas tant que l’irlandaise soit à la recherche d’un travail mais elle n’avait pas rien à faire de ce que l’on pensait d’elle, c’était même l’exact inverse qui se produisait. Elle n’était pas davantage rejetée mais d’un autre côté, cela lui fournissait une excuse pour mettre de côté sa petite rancune et passer du temps avec le canadien. Utile, n’est-ce pas ? « Oh c’était en général ? » s’exclama-t-elle subitement, ses joues laissant apparaître une jolie couleur rosée d’un même temps, alors qu’elle s’apercevait de son extraordinaire stupidité. Non mais c’est vrai, pourquoi diable proposerait-il de passer carrément ses vacances en sa compagnie alors qu’elle l’avait ignoré pendant des semaines ? « Oublie l’idée, c’était stupide de ma part. » Maureen venait de faire un pas en avant pour mieux s’adonner à quinze pas en arrière mais elle assumait. Mieux, elle tenta un timide petit sourire avant de ne hausser tout bêtement les épaules. « Je confirme tout de même, le soleil ne peut que te faire le plus grand bien et te faire faire même le plein de vitamine D avant l’hiver ! » cacha-t-elle sa déception avec un enthousiasme qu’elle était pourtant loin de ressentir.

« Je vois… » fit Maureen d’un air particulièrement attentif, cherchant à savoir quelles couleurs pourraient lui aller dans le cas d’un futur entretien d’embauche et surtout si elle possédait ne serait-ce qu’un teint lui permettant de porter des couleurs. Elle ne souhaitait pas avoir l’air d’un sac en portant une robe rouge par exemple si cela la rendait plus pâle qu’elle ne l’était déjà… sans aller jusqu’à tenter un véritable arc en ciel tout en choisissant une couleur par vêtement de la tête jusqu’aux pieds, ce qui lui faisait défaut actuellement… c’était l’imagination. « Pensons ne serait-ce que pour quelques secondes que je sois l’un des jeunes dont tu as la charge. Imagine que je doive me rendre à un rendez-vous pour une future embauche, ou encore une entrée potentielle à une école prestigieuse… quelles couleurs me conseillerais-tu justement ? » Maureen conserva un air parfaitement sérieux, sans pour autant le lâcher des yeux, avant que ses paroles suivantes ne lui donne rigoureusement l’impression d’avoir parlé trop vite, sans réfléchir, et d’avoir à nouveau déclenché un malaise en bonne et due forme. A croire qu’elle soit définitivement douée pour cela. « Tu es sûr ? Je veux dire je ne suis pas contre, je pense même qu’effectivement c’est une bonne idée que l’on se retrouve tous les deux, mais je ne veux pas m’imposer… je crois que tu me connais suffisamment pour savoir que ce n’est pas mon genre. Mais si sincèrement tu souhaites que l’on profite de mon idée pour cela, alors je suis tout à fait pour y réfléchir… et même acheter un maillot de bain pendant que j’y suis ! »

Azariel venait tout juste de lui présenter un top doré orné d’une ceinture noire et Maureen esquissa un petit sourire amusé. Elle se prit d’ailleurs tellement au jeu qu’elle ne manqua pas de sortir à son tour une jolie jupe rouge, la lui proposant avant de l’essayer en la plaçant grossièrement contre elle sans vouloir passer par la case « cabine d’essayage ». Pas alors qu’ils étaient en pleine conversation sérieuse et que cela faisait des semaines qu’ils ne s’étaient plus adressé réellement la parole. Pire, elle craignait qu’une fois dans la cabine, le canadien soit immédiatement possédé par l’irrépressible envie de faire marche arrière, de sortir de la boutique pour ne plus jamais réapparaître de devant ses yeux. Elle ne l’aurait pas volé, de son point de vue, surtout pour l’avoir ignoré à ce point… « Je ne sais pas… tu me connais, j’ai toujours l’impression de m’imposer aux autres mais d’un autre côté, j’ai du mal à tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler ! Ce sont des choses qui arrivent, je suis un paradoxe à moi toute seule… mais si tu considères que c’est une bonne idée, alors il est toujours temps de choisir tous les deux une destination qui nous plairait, au soleil, et de faire en prime les réservations dans la foulée. L’avantage, c’est qu’on payera aussi moins cher à deux que si on n’était tout seul… »

Deux heures du matin tapantes. Maureen ne pouvait guère être plus ponctuelle tandis qu’elle devait prendre l’avion en compagnie d’Azariel deux heures plus tard à l’aéroport convenu sur leurs billets respectifs. Destination ? Tahiti. Ils avaient fini par se mettre d’accord après moult hésitations et tergiversations mais les réservations étaient faites et l’hôtel n’attendait plus que leur arrivée. Par précaution et pour éviter de réveiller Lexie, Maureen frappa précautionneusement à la porte, refusant d’utiliser la sonnette, bien trop bruyante à son goût – surtout qu’il avait tout de même un chien et que celui-ci risquait malheureusement d’aboyer. « Bonjour Az ! Je sais je suis un peu en avance mais même s’il n’y aura sûrement pas beaucoup de circulation à cette heure-ci, j’ai prévu large histoire que l’on ne soit pas stressé avant d’embarquer… comme il faut que l’on enregistre nos bagages » lança précautionneusement Maureen sans même oser lui faire la bise ou lui offrir autre chose qu’un sourire encourageant. Elle avait d’ailleurs mis l’ensemble qu’il lui avait choisi et qu’elle avait acheté l’autre jour, comme pour placer leur voyage sous une bonne augure… il ne le remarquerait sûrement pas avant qu’il ne fasse jour, mais tant pis, l’irlandaise avait pris plaisir à s’habiller, se maquiller et se coiffer différemment de d’habitude. Leurs premières vacances en commun après tout ! « Tu es près sinon ? Tu as besoin d’aide pour tes bagages ? »

Maureen et sa fâcheuse manie de toujours vouloir arriver en avance la mit une fois de plus mal à l’aise lorsqu’elle vit Azariel tout ensommeillé, un simple bas de pyjama dévoilant le reste de son corps aux yeux surpris de l’irlandaise. Elle se racla légèrement la gorge en bénissant le fait qu’il fasse suffisamment sombre pour dissimuler ses rougissements tandis qu’elle lui offrait un petit sourire des plus enthousiastes. « Je sais qu’il est dans trois heures mais le temps d’enregistrer les bagages et tout le toutim… ce n’est pas comme si tu ne me connaissais pas ! J’ai toujours été comme ça » se défendit-elle aussitôt, en levant les mains en signe de pardon implicite car effectivement, si elle le privait en plus de sommeil, avec les longues heures de voyage qu’ils risquaient de se payer dans peu de temps… elle voulait clairement sa mort ! « Il est évident que je ne vais pas te laisser sortir comme ça plutôt : d’une parce que tu risques d’attraper rapidement froid, et de deux parce que tu vas affoler les foules ! » plaisanta-t-elle avant de ne rentrer après sa proposition, se faisant minuscule dans un coin comme si elle avait pour intention de raser les murs. « En tout cas je félicite ton ouïe fine, je n’ai pas osé sonner par peur de réveiller ta sœur et ton chien… m’est avis que je n’ai pas mal fait ! » Maureen tenait son sac à main presque nerveusement, tripotant la lanière tandis que leur voyage ensemble ne se faisait que plus concret maintenant. Ce n’était pas le moment de faire machine arrière pourtant, loin de là !

« J’avoue que maintenant, tu me connais suffisamment pour savoir qu’outre le fait que je déteste arriver en retard, je suis une angoissée de l’heure… j’ai déjà cassé trois montres depuis le début de l’année à force de tapoter dessus, une vraie calamité ! » plaisanta Maureen avant de ne s’apercevoir d’une sorte de tristesse dans le regard d’Azariel à la simple idée de laisser Hestia, sa chienne, derrière lui pendant ses vacances. Bah, elle ne pouvait pas lui jeter la pierre, l’irlandaise adorant les animaux et tout particulièrement cette immense boule de poils toute en tendresse et en loyauté. « Je te dirais bien que l’on peut l’emmener, mais elle va être de très nombreuses heures dans la soute vu que l’on prend l’avion… je ne suis pas contre, j’aime beaucoup ton chien et je ne pense pas me tromper en disant que c’est réciproque mais va-t-elle supporter le voyage ? Lexie ne s’en occupera pas bien pendant ton absence ? » Maureen ne connaissait la sœur du canadien que de loin et ne savait pas si elle avait une quelconque affection pour les canidés ou pas. Difficile de le savoir quand on ne côtoie pas la personne et que celle-ci est, la plupart du temps, occupée avec un membre de la gente masculine. « Tu veux que l’on tente de l’emmener quand même ? » proposa-t-elle, conciliante comme à son habitude. L’irlandaise alla même jusqu’à se baisser pour longuement caresser Hestia, qui le lui rendit bien en faisant la toilette intégrale de son visage. Au moins, Maureen se savait fin prête et propre pour le départ !

« Tu me connais, je suis lamentable quand je m’y mets et je risquerai de le casser quand même… je l’aurais tellement mauvaise que je pleurerai sûrement pendant des semaines pour cet objet, surtout que je m’attache très vite aux objets… mais tu sais, j’ai un réveil très fiable dans mon appartement, même que je l’ai mis dans un bol plein de pièces pour être sûre d’être réveillée comme il faut ! » Non pas que Maureen ait le sommeil lourd, mais impossible que d’avoir envie de se rendormir vu le bond qu’elle faisait – et qui la faisait d’ailleurs presque à chaque fois tomber de son lit. « Je trouve ça ridicule qu’ils ne fassent pas comme dans un train où tu peux la prendre avec toi moyennant le fait qu’elle soit muselée… bon c’est un mal en soi mais c’est un moindre mal comparé au fait de rester des heures et des heures enfermée dans une soute ! Je te comprends, ça me briserait le cœur à moi aussi de la laisser derrière, je crois que c’est pour ça que je n’ai pas d’animaux. Me connaissant, je m’y attacherais tellement que je ne vivrais limite plus, je ne partirais plus, je ne ferais plus rien… je ne connais pas spécialement cette race de chien mais tous les animaux sont sensibles, tu sais. Question idiote, tu le sais forcément, tu es mille fois plus calé que moi… mais on se fera pardonner à notre retour auprès de Hestia, moi la première. Je vais la gâter, compte sur moi ! »

« J’avoue être plutôt mal à l’aise avec le fait qu’un appareil électronique gère toute ma vie… mais ce n’est que mon humble avis ! Après, ce n’est pas que je ne suis pas soigneuse, tu connais mon extraordinaire maniaquerie envers mes livres par exemple… mais je suis trop maladroite et stressée. Du coup, j’ai un vieux téléphone portable, qui fonctionne très bien d’ailleurs, et si je le casse ou que je le perds, je ne risque pas de pleurer ! » fit-elle, parfaitement convaincue de son petit laïus, avant de n’écarquiller deux grands yeux étonnés lorsque Azariel en personne se lança dans un long discours sur les conditions de voyage des animaux surtout en avion… les compagnies avaient compris le truc, elles, au moins. Mais avec le recul, Maureen ne pouvait même pas en être sûre : elle n’avait pas d’animal à emmener et ne prenait que très rarement le train ou même l’avion. Le moment du décollage risquait d’être folklorique d’ailleurs à ce sujet, stressée comme elle l’était avant même que de grimper jusqu’au terminal… « Tu sais, tu n’as pas besoin de chercher à me convaincre, tu prêches plus ou moins une convertie ! Mais peut-être pourrais-tu… déposer une réclamation au service spécialisé ? Je veux dire, ce serait peut-être plus utile pour faire bouger les choses mais après vu que je n’ai pas d’animal, je ne peux pas te garantir que cela va marcher, cela vaut juste la peine d’essayer. Quant à un animal bah… tu sais à quel point je ne sais pas m’occuper de ma propre petite personne, alors je ne prendrais pas le risque de me rendre responsable d’un animal si je ne suis pas certaine de bien m’en occuper. »