AZARIEL & MAUREEN

❝  what if everything was different ❞

Rho, mais pourquoi j’avais choisi d’être avocat spécialisé dans les divorces ? Qu’est-ce que les clients pouvaient être impossibles. Ils ne se décidaient jamais. Nous venions d’avoir une réunion de plus de trois heures, juste pour décider qui aurait la villa dans les Hampton. Sérieusement, ils ne pouvaient pas en faire une garde partagée, comme avec les enfants ? Ils n’auraient qu’à prévenir l’autre lorsqu’ils voulaient y aller, et ne s’y retrouveraient donc jamais ensemble au même moment. Est-ce que c’était si compliqué ? Ce n’était qu’une résidence secondaire à la fin ! Bon, je décidais de respirer un bon coup pour me calmer. Après tout, je prenais 10% de leur patrimoine comme commission, cela valait bien d’assister à leurs incessantes disputes non ? Surtout qu’au vu de leur patrimoine, j’aurais encore une fois une très belle rémunération. Voilà pourquoi je faisais ce métier : l’argent. C’était aussi simple que cela, et il fallait que je me concentre là-dessus. Malgré ce gros contretemps, j’avais réussi à arriver en avance à mon rendez-vous avec Maureen. L’irlandaise était l’une des seules personnes que j’osais appeler amie, surtout qu’elle était une femme, et que généralement – sans me vanter – les femmes que je rencontrais voulaient autre chose que mon amitié. Mais pas ma blonde préférée. Je m’installais à une table en terrasse, avant d’allumer une cigarette. Purée que cela pouvait faire du bien ! Je sentais mon téléphone vibrer dans ma poche, signalant l’arrivée d’un sms. Ma mère, encore et toujours ma mère. Attention, j’adorais ma mère hein, mais bon, c’est qu’elle était une vraie mère juive – et dans le mile, nous avions toujours été protestants. Étrangement, notre relation s’était renforcée après qu’elle ait appris que mon père était réellement mon père, et que je n’avais donc pas vraiment été adopté, comme elle l’avait toujours pensé. Et encore plus bizarrement, elle n’avait pas demandé le divorce, malgré après avoir appris qu’il l’avait trompée pendant des années. Sérieusement, de nos jours, on divorçait pour bien moins que ça, et l’infidélité n’était qu’un bonus pour pouvoir remporter le gros lot lors de l’accord et de la pension. Mais non, elle avait finit par le pardonner. Personnellement, ce n’avait vraiment pas été mon cas, et je n’adressais presque plus la parole à mon paternel à présent. Au moins, cela voulait dire que la gnome – en plus d’avoir eu raison à l’époque – était réellement ma petite sœur. Bon, elle était pire qu’agaçante, mais il y avait pire comme cadette, sérieusement. Voyant ma jolie blonde arriver à la table, je me levais pour lui donner la bise. « Eh ma beauté divine, comment ça va aujourd’hui ? Bonne journée ? » lui demandais-je avec mon sourire charmeur habituel.

C’était un miracle. Maureen avait réussi à s’éclipser en quatrième vitesse où elle avait récemment pris le poste de titulaire en chirurgie cardio-thoracique et autant dire qu’elle enchaînait les gardes au même rythme qu’elle enchaînait les cafés. Pour un peu, c’était presque à considérer comme un souci que d’être autant aimée de ses patients mais aussi de ses collègues, bien que son internat se soit déroulé presque dans un bain de sang – tout le monde voulant être le meilleur et tout le monde n’ayant pas la carrure pour devenir titulaire. En tout cas, l’irlandaise avait son lot d’adrénaline quotidien, ne dormait que peu – insomnies oblige – et avait encore la possibilité d’enfourcher sa moto pour retrouver son canadien préféré au tour d’un café. Sauf que contrairement à la dernière fois, ce n’était pas en quatrième vitesse qu’ils allaient le boire mais bien en prenant leur temps. Jusqu’ici, Azariel ne l’avait jamais jugée trop occupée, ou trop peu présente pour leur amitié. Il faut dire que même avec du retard, la demoiselle finissait toujours par répondre à ses messages et faisait tout son possible pour qu’ils ne se voient régulièrement… comme aujourd’hui, et ce bien que le commun des mortels aurait sûrement préféré rentrer chez lui pour s’écrouler et dormir, surtout après avoir enchaîné deux gardes d’à filée. Bah, la force de l’habitude, celle-là même qui forge le caractère ! « Beauté divine ? Diable je suis gâtée beau gosse ! » Maureen n’hésita pas une seconde à lui claquer une bise contre la joue avant de ne s’asseoir, posant son casque de moto sur la chaise libre d’à côté. Certes, elle avait les cheveux en bataille mais elle s’était maquillée et pomponnée – ayant même sorti cette petite robe rouge courte lui allant si bien – afin de ne pas paraître comme une balayette devant son pote. Question de respect ! « Alors, tu as fait beaucoup de divorcées heureuses et de divorcés ruinés ? » s’amusa-t-elle car elle ne savait pas comment il pouvait faire ce métier là… Azariel n’était pas un requin – du moins pas en sa présence – et ce job était tout sauf fun. Ceci étant, avouer à des familles qu’ils venaient de perdre un proche parce qu’elle n’avait pas pu le sauver ou bien dire d’entrée qu’elle ne pourrait pas opérer parce que cela ne servirait à rien… il y avait également mieux, mais Maureen vivait pour les grands moments de réussite. Et il y en avait, il ne fallait pas croire. « Bonne journée puisque j’ai réussi une réparation d’aorte, une greffe cardiaque ET une pose de valve porcine avec succès. Pas de décès à l’horizon et à priori sauf impondérable je suis toute à toi aujourd’hui ! »

Négociation ? L’espace de quelques secondes, Maureen afficha un air dubitatif avant de ne commander un café serré au serveur. Sans doute était-il un peu tard pour ça – surtout qu’ils étaient en pleine fin d’après-midi et que la soirée ne se trouvait donc pas loin – mais l’irlandaise avait tellement l’habitude d’être sur le front à toute heure du jour comme de la nuit qu’elle perdait toute notion du moment idéal pour s’enfiler un café corsé. Peut-être en avait-elle tout bonnement besoin pour garder les yeux ouverts et donc éviter de piquer du nez alors qu’Azariel lui parlait, aussi… « Je ne parlais pas de celui de tes parents – je n’aurais pas osé mettre ça direct sur le tapis – mais plutôt de ton boulot, darling ! » Le sujet de ses parents avait l’air d’être légèrement pimenté et Maureen comptait n’y venir qu’ensuite. Elle ne l’enviait pas du tout pour le coup, et pour cause, ses parents à elle restaient amoureusement unis depuis de très nombreuses années et s’apprêtaient à être doublement grands-parents… la fiancée d’Anton attendant son petit deuxième. En quelque sorte, avec Neil, la jolie blonde était la prochaine pressentie pour être une poule pondeuse et autant dire qu’elle n’était pas pressée ! Son métier était bien trop prenant et ses horaires trop impossibles pour qu’elle n’envisage quoi que ce soit avec qui que ce soit, alors elle papillonnait d’homme en homme sans jamais se fixer… et surtout sans se heurter à la brutale évidence : elle ne voulait pas se caser avec n’importe qui, mais plutôt, le plus inconsciemment du monde, avec le jeune homme au charme fou lui faisant face. « Mais tout va bien se passer, je suis une habituée du chaos tu sais ! Au même titre que toi sûrement, devant les juges tu dois littéralement les hypnotiser comme un serpent… » Le portable de Maureen se mit rapidement à vibrer – la laissant craindre qu’il ne s’agisse de son biper de chirurgien – avant qu’elle ne grimace légèrement. « Si tu ne dois pas faire un truc dans ta vie, surtout, mais alors surtout : ne t’envoie jamais en l’air avec un infirmier après une opération foirée. Il ne te lâche plus après ! Ou pire, il croit que tu es son petit toutou obéissant, belle poisse ! » Mais l’irlandaise ne fut pas stupide au point de demander à Azariel comment allaient ses amours. Courageuse mais pas téméraire, la demoiselle ! Elle se contenta d’accueillir le service de son café avec un sourire éclatant, avant de ne le lever à la santé d’Azariel comme s’il s’agissait d’un verre de quelque liquide que ce soit. « Quelque chose de prévu ce soir ? »

« Mais t’aimerais bien, avoue ! » plaisanta Maureen, qui se rendait bien compte que ses heures de sommeil manquées commençaient sérieusement à peser lourd sur son cervelet. Elle en haussa les épaules avant de ne le gratifier d’un grand sourire charmeur, allant même jusqu’au clin d’œil tandis qu’il se qualifiait lui-même de meilleur. Inutile de répondre à cela – il ne faudrait pas que ses chevilles en viennent à exploser tout de même – mais la jeune femme avait toujours ses petites marques physiques avant de dévoiler son accord ou son désaccord. Ceci étant, elle ne manqua pas de pencher la tête sur le côté alors qu’il dénigrait presque son travail en comparaison du sien, certes plus prenant mais qui ne possédait pas vraiment plus ou moins de valeur à côté de celui d’avocat. « Pourquoi tu te dénigres ? Tu fais du boulot top ! Et puis en prime tu sauves des gens, aussi. Pas de la même manière mais il n’empêche. » Maureen prit une gorgée de son café avant de n’éclater de rire face au dossier « infirmier ». Diantre, la jolie blonde devait vraiment être désespérément seule pour se lancer dans une telle galère… elle ne savait même pas ce qui lui avait pris au juste ! Certes, d’ordinaire elle avait souvent la jambe en l’air mais cela ne signifiait pas qu’elle flirtait régulièrement au sein même de l’hôpital, surtout pas alors que cela pouvait vite devenir très compliqué. Elle haussa à nouveau les épaules – cela finissait par devenir une habitude en face d’Azariel décidément – avant de ne s’armer de son plus beau sourire… « Y’en a une autre : jamais ramener tes plans chez toi ! Tu es le plus maso sérieux… moi en général, si ce n’est pas en salle de garde c’est à l’hôtel ! Beaucoup plus pratique ! Mais pour te répondre je devais être très désespérée et très… alcoolisée. Je n’étais plus en service, j’avais un jour de repos devant moi et pas la moindre envie de le passer à déprimer alors j’ai acheté une bonne bouteille de scotch et vas-y totoche. Bon c’était la pire idée du siècle parce que j’ai dû lui donner mon numéro dans la bataille et là il croit un peu trop que la vie c’est un kiwi… franchement, ne couche jamais dans ton cabinet. Nouvelle règle d’or ! » Bientôt, ils allaient publier tous deux un bouquin sur les règles d’or à respecter lorsque l’on couche à droite et à gauche sans vouloir s’attacher… pourtant, à voir ses deux frères en couple et ses parents fous amoureux malgré de très nombreuses années de mariage, Maureen finissait par en ressentir de la jalousie. « Célibataire. Débordée. Routine ! Y’a que toi qui me fait me bouger le séant pour venir en ville quoi ! »

« Et pourquoi tu fais pas un boulot honorable alors ? Tu as peur que des nénettes t’arrachent trop tes chemises ? » Maureen n’avait pas son pareil pour lui rendre cette petite arrogance qui plaisait à toute la gente féminine… sauf à l’irlandaise. Une chance qu’il n’en fasse pas réellement preuve envers elle sans quoi elle l’aurait mouché depuis longtemps. De tout temps, elle avait détesté ce genre de comportement insupportable lui donnant littéralement envie de mordre… ou de couper des langues à grands coups de bistouri afin d’obtenir à nouveau un silence bien plus intéressant à entendre. Mais d’un autre côté, elle ne blâmait pas du tout Azariel pour avoir choisi un métier d’argent, surtout pas alors qu’il s’avérait être redoutable en tant qu’avocat et qu’il faisait plus d’heureuses femmes divorcées que tous ses confrères réunis. Cela imposait un certain respect tout de même ! « Oh putain mais quelle flemmasse celui-là ! Tu mériterais un bon coup d’pied au cul tiens ! » maugréa-t-elle faussement en levant les yeux au ciel. Diable, elle aurait tué pour avoir ne serait-ce qu’une vraie grasse matinée mais le souci, c’est qu’elle n’y était plus habituée et que casser son précieux rythme ne donnerait que davantage de fatigue à son corps. Demain, elle avait beau être de repos, elle savait pertinemment qu’elle se lèverait aux aurores ne serait-ce que pour aller courir sur la plage avec son chien, c’était couru d’avance. Néanmoins, rien que le fait d’imaginer ce bon vieux Azariel dans les bras d’une femme à flemmasser juste avant de lui montrer la sortie… ça la fit éclater littéralement de rire. Sauf que cette fois, elle se moquait. « Parce que tu crois que t’es le seul à me faire bouger le séant ? J’ai dis pour venir en ville, pas en général… va pas trop te prendre le melon toi ! Mais plus sérieusement, ce que je ferais sans toi attends, laisse-moi réfléchir… là je ferais sûrement mes courses, j’irais chercher la meilleure lingerie de tout New York et je filerais probablement dans un bar pour me trouver le premier couillon venu pour relâcher le stress de ma journée. Ouaip, je crois que c’est ce que je ferais. Après tout je m’en fous, demain je suis repos. Au pire, ledit type va râler parce que je vais me lever à cinq heures du mat pour aller courir. Mais c’est pas comme si j’en avais quelque chose à cirer, pas vrai ? » Nouveau clin d’œil de la part de Maureen avant qu’elle ne finisse son café d’une traite. En même temps, si elle en commandait un autre, non seulement elle se lèverait quand même tôt demain mais en prime… elle allait s’endormir à des points d’heure. « Et toi tu ferais quoi sans moi ? »

Maureen éclata littéralement de rire face à sa première phrase, n’hésitant pas à passer sa main sur la carafe d’eau présente sur la table afin de recueillir un peu de condensation pour la lui envoyer dans la figure. « T’es vraiment un con, tu le sais ça ? » ironisa-t-elle-même dans le fond, elle n’avait pas tout à fait tort. On ne s’imaginait pas mariée avec Azariel, pas à moins de ne vouloir se prendre un gros vent en bonne et due forme en pleine poire. Autant dire que depuis le temps, l’irlandaise n’en prenait plus pour se faire mal, et ce bien qu’au tout début de leur amitié, elle devait admettre avoir espéré qu’il ne se passe quelque chose de vrai entre eux, de sérieux. Mais elle s’était vite ravisée et ne lui en avait jamais parlé, de peur qu’il ne heurte ses sentiments en mode taureau qui fonce dans une arène… car après tout, s’il était connu pour sa douceur et son altruisme, il ne ferait certainement pas le métier qu’il se vantait de faire ! « Parce que tu crois que je suis comme toutes ces midinettes faciles qui bavent sur toi et fondent dès que tu claques des doigts ? Mater mon cul, ça s’mérite ! » énonça-t-elle fièrement, tout en pensant chaque mot de ce qu’elle venait à peine d’énoncer. « Pourquoi te ferais-je cette faveur alors que tu ne vas même pas me faire grimper aux rideaux derrière, hum ? » Comme à chaque fois qu’elle voulait titiller quelqu’un pour obtenir sûrement une réponse précise, elle devenait très légèrement plus grossière. Mais Azariel ne serait pas choqué pour si peu, elle le connaissait trop bien ! Il choquait bien plus souvent qu’il n’était choqué, il n’y avait qu’à se référer à sa première phrase sur son métier… et puis flûte, Maureen n’estimait pas lui devoir à tout bout de champ un respect parfait, même si elle en ressentait déjà énormément à son égard. C’était un jeu entre eux, de se chamailler et de se chercher continuellement. Cela changeait du quotidien parfois emmerdant auquel ils étaient confrontés l’un comme l’autre, de différente façon. « En boîte de nuit ? Par la Sainte Irlande je préfère ne rien n’avoir entendu… pouah, tu dragues là bas toi ?! J’suis limite tentée de dire que tu risques de tomber en pleine déchéance, à moins que tu n’aimes les planches à pain… c’est quoi ta technique pour attirer, d’ailleurs ? Exerce-toi sur moi ! Ca va être ton défi du jour, je veux voir en chair et en os ce qui rend le tristement célèbre Azariel Williams tellement populaire ! »

« Ah bon, parce que tu t’en crois capable ? » Azariel parvenait sûrement à séduire diablement plus de femmes que Maureen n’autorisait d’hommes à venir dans son lit – il avait plus de temps, déjà – mais cela ne voulait pas dire qu’il serait en mesure de supporter quelqu’un comme l’irlandaise. Elle était nettement plus piquante qu’il n’y paraissait et avant d’attirer réellement son attention, encore fallait-il être doué. « J’te parle pas de drague là mais de séduction… tu arrives à berner les nénettes uniquement avec ton sourire ? Elles ont pas inventé l’eau chaude ni les robinets alors… » C’était peut-être un brin cruel mais Maureen ne manqua pas d’éclater de rire pour apaiser le feu de ses précédentes paroles. Elle n’en pensait pas un mot et peut-être que son comportement avait un fond tout à fait logique. Sans doute jalousait-elle toutes ces nénettes qui passaient du bon temps en compagnie du jeune homme alors que dans le fond… c’est à peine s’il la serrait dans ses bras. La jolie blonde était-elle en manque d’affection ? Probablement. Mais voir tout son entourage être constamment aimé, ne serait-ce que pour quelques heures, et elle n’obtenir jamais l’attention que de gros lourds, cela finissait par être extrêmement dur à supporter à la longue. « Ca se fait tout seul, vraiment ? Bah vas-y, essaye sur moi ! » Maureen voulait savoir s’il serait capable de la faire vibrer ou s’il valait bien mieux qu’elle continue à papillonner de droite à gauche, sans sentiment aucun. Ce n’était pas stupide comme manœuvre, bien au contraire. L’irlandaise avait envie de ressentir autre chose que de l’adrénaline pure, elle voulait vibrer, laisser son cœur s’envoler même le temps d’une soirée. « Je n’en doute pas je vais souvent danser mais pas en boîte… c’est pas de la musique qu’ils passent bordel ! Excuse-moi mais là je cautionne pas, ça te détruit les tympans ! A moins que tu ne sois pas vraiment sûr de ta technique de danse, auquel cas, pendant que tu essayes de me séduire, je peux essayer de t’apprendre deux trois trucs. Le grand avocat va-t-il supporter ce partenariat ? » Maureen paya sa consommation avant de ne se relever pour mieux lui tendre la main. Hors de question de poursuivre cette conversation ici, ce serait gâché… « Ce soir tu ne vas pas te détruire les tympans et je ne vais pas m’exploser les sens avec de grands verres de scotch. Tu vas venir chez moi et on va poursuivre ce défi… si tu es un homme pour le relever. »

« Peut-être que tu ne couches qu’avec des femmes désespérées ? » Maureen était dans une passe où elle avait envie de le défier, juste pour le plaisir. Après tout, le regard d’Azariel ne s’était jamais arrêté sur sa personne, pas vrai ? Elle n’avait donc rien à craindre ni à perdre. Le jeune homme préférait séduire des nénettes sans cervelle alors qu’il pourrait justement s’épanouir davantage en la compagnie de l’irlandaise… que de gâchis ! Mais plutôt que de lui faire comprendre la chose par a+b alors qu’elle n’était pas capable de faire preuve d’autant de franchise, la demoiselle préférait mille fois continuer à le provoquer pour voir s’il dirait stop le premier ou si, au contraire, il serait tenté de poursuivre ce petit jeu. Puisqu’il s’estimait si doué, qu’avait-il à perdre ? Ca ne voulait pas dire que Maureen allait le laisser gagner facilement, bien au contraire, elle avait sa fierté de son côté, mais elle était mue par une curiosité l’étonnant. D’ordinaire, elle prenait et jetait à tour de bras dès lors qu’elle en avait l’occasion et que son emploi du temps le lui permettait… là, elle semblait agir bien différemment, comme si une mouche quelconque l’avait piquée. « Putain t’es un mauvais joueur en fait ! Avoue tu as juste peur que j’ai raison ou que je gagne, hum ? Forcément séduire pour toi c’est coucher… et tu oses dire que tu as de la classe ! » Maureen avait légèrement grogné ces mots parce qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il la défie à son tour. Ah oui, il voulait lui prouver qu’il avait plus de classe que cela en l’emmenant dans une vraie boîte ne passant pas uniquement de l’électro ? Qu’à cela ne tienne, la jolie blonde était partante ! « Que je sache, c’est toi qui n’a toujours pas levé ton cul de ta chaise… à croire que je passe ma vie à t’attendre ! » La jeune femme esquissa cependant un petit clin d’œil avant de ne le devancer et de s’adonner à un petit déhanché tout ce qu’il y a de plus sexy. Cherchait-elle la petite bête à cet instant précis ? C’était probable. Maureen voulait mettre un terme à des mois de questionnement et de frustration. C’était maintenant ou jamais… certes, elle perdrait peut-être l’amitié d’Azariel dans la bataille puisqu’il était plus inconstant encore dans ses relations qu’elle ne savait l’être de son côté.

Rhaaaa si Maureen ne se retenait pas elle le bafferait purement et simplement parce qu’il savait n’être qu’un sale con sur le retour quand il s’y mettait ! Une chance qu’elle sache faire preuve d’un tel contrôle car dans le cas contraire, il se serait mangé une salade de phalanges plutôt deux fois qu’une ! Mais le frapper serait lui donner raison et ça, c’était bien la dernière chose qu’elle voulait justement. Maureen ne se reconnaissait même pas dans ses paroles, comme si elle avait soudainement mis son cerveau en mode off pour ne laisser que ses instincts primaires s’exprimer. Ce n’était pas beau à voir, voilà tout. « Putain que j’adore tes chevilles ! La queue devant toi… » La jolie blonde éclata purement et simplement de rire. Ce n’était pas réellement contre lui, mais après tout, il se rabaissait en disant cela. Draguer des nénettes sur les réseaux sociaux, sérieusement ? Maureen avait l’impression d’être tombée bas en s’envoyant en l’air avec un infirmier mais lui, il n’était guère mieux à vrai dire. « Ouaaais t’as une belle réputation avec des nénettes qui t’ajoutent sur Facebook, si j’avais pas les deux mains prises j’applaudirais ! Vrai que ça c’est du défi de déglingo ! » Au moins, l’infirmier qui la harcelait en avait davantage dans la caboche mais Maureen ne savait pas pourquoi ça l’énervait autant qu’Azariel ne se rabaisse à ce genre de choses. Il valait tellement mieux que ça ! Ceci étant, elle lui donna un petit coup de coude en route afin de lui faire comprendre que ce n’était pas réellement contre lui qu’elle s’était énervée et afin d’apaiser les tensions. La jeune femme ne savait que trop bien qu’il ne changerait pas – et surtout pas pour quelqu’un comme elle d’ailleurs – ce n’était donc pas le moment de se le mettre définitivement à dos alors que la boîte où ils venaient d’arriver était effectivement blindée de nénettes qui ne manquèrent pas de le saluer soit de loin, soit carrément de près en poussant même Maureen au passage. La blondinette grogna aussitôt et dû attendre un temps considérable pour que le troupeau ne se dissipe légèrement, ou à tout le moins que celui-ci ne lui laisse suffisamment de place pour se frayer un chemin jusqu’à Azariel pour répondre à une nouvelle pulsion on ne peut plus primaire… en capturant fougueusement ses lèvres. D’accord, c’était encore une fois la pire idée de la création et sûrement allait-il la repousser dans dix secondes, mais elle aurait au moins tenté le tout pour le tout et pourrait continuer à se regarder dans la glace le lendemain. « Tu vaux mille fois mieux que ça… » murmura-t-elle avant de n’être éloignée de faire par une nouvelle vague humaine, la poussant à aller au comptoir pour se rabattre sur un bon vieux scotch.

Son verre de scotch n’avait pas encore été servi qu’elle se heurtait au discours désagréable d’Azariel, et ce bien qu’elle ait tenté autant que possible de se préparer à la chose. Il n’empêche que son refus faisait mal et que la fatigue physique qu’elle trimballait ne la poussait pas à faire preuve d’autant de self control qu’en temps normal. Autant dire qu’elle se moquait bien de toute la foule de groupies les entourant toujours plus ou moins, elle se tourna et le regard qu’elle lui lança fut plus froid encore qu’elle ne l’avait imaginé. Maureen était furieuse, bien évidemment, et elle ne voulait plus avoir aucun contrôle ni sur ses gestes, ni sur ses mots. Le peu d’honneur lui restant était en jeu après ce vent, n’est-ce pas ? « Oh, tu y as pensé ! Mais quelle amabilité de ta part, je suis touchée, sincèrement ! » ironisa-t-elle sans douceur ni gentillesse puisqu’à ses yeux il ne méritait aucun des deux. Comment avait-elle pu passer autant de temps avec un enfoiré pareil ? Il profitait de son petit plaisir en parfait égoïste qu’il était, faisait un métier uniquement pour le fric et ne se préoccupait jamais d’autrui, alors pourquoi diable aurait-il fait l’exception pour elle ? Maureen était vraiment trop naïve, il fallait de toute urgence qu’elle corrige ce détestable défaut ! « Tu veux que je te dise ? Ce n’est pas de la déformation professionnelle parce que ce serait trop positif pour caractériser la LÂCHETÉ dont tu sais si bien faire preuve. Après tout, c’est plus facile de te cacher comme un pauvre petit bichon apeuré derrière ton métier alors que tu ne le fais que pour le fric, et de soigner ton orgueil en te disant que c’est pas grave, après tout, une de perdues, dix mille de retrouvées puisqu’elles ont toutes l’idiotie de te courir après ! Pauvres filles… mais je crois que la personne que je plains le plus, c’est vraiment toi. Toi parce que tu te contentes du minimum parce que c’est confortable, que tu te caches derrière des excuses grosses comme toi pour la simple VRAIE raison que tu as peur de souffrir ! Oui, tu as peur que le grand séducteur, le grand Azariel se prenne un mur dans la tronche parce que ça fait mal et que tu n’es pas habitué avec la vie facile que tu as ! » Maureen avait la respiration extrêmement rapide et pourtant, elle n’hésita pas à retourner au bar pour s’envoyer son verre de scotch d’une traite histoire de calmer sa colère. Cela n’eut aucun effet pour l’instant mais qu’importe, ça ne lui fit pas de mal. « Et pour info… c’est parce que t’es qu’un lâche que tu m’as perdue. Parce que oui, tu m’as perdue ! T’approche plus jamais de moi, je ne serais pas une groupie crétine qui te courrais après, tu peux compter sur moi ! » Maureen tourna les talons et le bouscula légèrement par l’épaule pour mieux quitter l’établissement après avoir payé son unique consommation. Elle le laissait à ses groupies et marchait rapidement sous une pluie battante. Bah, elle l’avait peut-être cherché…

L’espace de quelques secondes, Maureen voulut ne surtout pas revenir sur ses pas et pourtant, elle retourna à l’intérieur de la boîte pour mieux saisir Azariel par le bras et l’attirer dehors, comme si une douche froide à cause de la pluie pouvait être d’une quelconque utilité dans ce cas précis. L’irlandaise n’avait pas l’intention de le laisser la traîner dans la boue car justement, elle n’était pas hypocrite, elle revendiquait ce qu’elle ressentait, et était même fière de ne pas se cacher derrière de mauvaises excuses. S’il fallait qu’elle souffre et bien elle souffrirait, tant pis. Au moins elle ne vivrait pas dans les regrets jusqu’à la fin des temps… Azariel pourrait-il en dire autant ? « Moi je suis la pire des hypocrites ? Ah mais celle là c’est la meilleure de l’année au top cinquante !! Moi je prends des risques, je ne me cache pas derrière cette médiocrité que tu trouves si confortable ! Et tout ça pour quoi ? Parce que tu as peur de faire du mal à quelqu’un ? Alloooooo !!! C’est ça, l’être humain ! Il fait souffrir, il prend des risques et il se fait pardonner ! Tu n’es pas parfait Az, bordel de dieu ! Mais me sortir que je suis hypocrite alors que personnellement je revendique mes sentiments… putain t’es gonflé à l’hélium mon pauvre vieux ! Et ce ne sont pas les filles de cette foutue boîte que je critique, c’est toi ! Après tout, elles font ce qu’elles veulent de leurs culs ! » En un rien de temps, les deux jeunes gens étaient trempés et pourtant, la colère de Maureen ne descendait pas d’un copeck, bien au contraire, elle n’avait de cesse de croître. Peut-être était-ce mieux ainsi, comme ça, l’irlandaise n’aurait plus à se demander ce qu’elle avait à attendre, puisque la réponse clignotait sous ses yeux en mode spotlight : elle n’avait rien à attendre, strictement rien. « Tu ne sais rien de moi, Az, tu ne me connais pas. Tu parles en attirance et moi, personnellement, je parle en sentiment. Tu peux me dire c’est quoi notre amitié ? Je ne suis qu’un bouche trou pour toi ! Tu m’appelles uniquement quand tu n’as pas de nénette à baiser comme tu dis si agréablement ! Mais moi je vaux mieux que ça. Je veux plus que ça, en général. Je donne suffisamment en temps normal pour espérer ne serait-ce qu’un peu de douceur mais tu as raison, c’était crétin de croire que tu valais mieux que ce plan b que tu t’offres. Reste sans ton marasme de minimum, moi j’arrête de ne me contenter que de ça. » Mais pour l’instant, Maureen ne bougeait pas. Elle voulait voir sa réaction, voir s’il allait lui en mettre plein la tête ou simplement tourner les talons.mal.

« Très bien, traite-moi d’hypocrite si tu veux parce que je préfère être ça mais être honnête avec mes sentiments plutôt que de me cacher derrière des excuses minables parce que de toute façon, tu finiras par souffrir ! Reste à savoir si cette vie te satisfait vraiment ! » Maureen leva les yeux au ciel, commençant à être à court d’argument face à tant d’assurance. Après tout, pourquoi lutter ? De toute façon, il ne voudrait jamais d’elle et jusqu’à preuve du contraire, elle n’était pas masochiste et commençait à être fatiguée d’attendre qu’il ne la remarque autrement que comme une simple oreille attentive à qui il allait raconter ses exploits. L’irlandaise ne pouvait juste plus supporter ce genre de comportement ni même ce genre de confidence, voilà pourquoi elle explosait. Ne méritait-elle pas autre chose, de son côté ? Elle donnait, donnait mais au final, elle ne recevait jamais rien en retour, qu’elle l’ait souhaité de toutes ses forces ou pas. C’était sans doute ça, le plus injuste de l’histoire. A ceci près que face à son avant dernière réplique, Maureen ne retint pas la gifle qu’elle lui asséna de toutes ses forces et qu’à ses yeux il avait mille fois méritée. « Ca ne t’es jamais passé par l’esprit que j’ai inventé la plupart de mes moments avec le personnel de l’hôpital où je bosse parce que j’en avais ras le bol que tu ne te vantes des tiens ?! Alors oui, ça m’est arrivé mais bien rarement par rapport à toi !! Il faut croire que je suis vraiment trop conne pour attendre que tu m’accordes un peu plus d’importance que ça ! » Effectivement, Maureen s’apprêtait à tourner les talons, se sentant bien assez insultée et salie comme ça pour vouloir attendre et tendre l’autre joue. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il ne la rattrape pour l’embrasser fougueusement, ôtant de fait chaque barrière qu’elle avait tenté de mettre entre eux lors de cette détestable conversation… « T’es vraiment trop con, c’est ça le truc !!! C’est sûr que si tu pars comme ça laisse tomber ça n’en vaut pas la peine, puisqu’à tes yeux il n’y aura jamais rien de possible entre nous ! De toute façon quelle conne, je suis vraiment trop une midinette pour espérer quelque chose de ta part ! » La jolie blonde était subitement immobile, passant et repassant sa main contre sa nuque, particulièrement perturbée. « Ton seul frein c’est toi qui te l’oppose, pas moi ! »

« Happy endings sous entend qu’il y a une fin et on n’est pas obligés d’en avoir une. Mais si tu vois toujours tout en noir, c’est fou ce que c’est encourageant ! » Au début, Maureen n’avait pas eu l’intention de lui mentir, partant du principe qu’il ne méritait pas ça mais au final, elle n’avait pas pu se retenir. Si elle ne lui avait pas menti, il aurait pris ses jambes à son cou depuis longtemps et quelque part, il était la paix dans sa vie mouvementée et toujours pleine d’adrénaline. C’était juste… complexe à expliquer et même en lui exposant tous les faits, l’irlandaise n’était même pas certaine qu’il cautionne ou qu’il comprenne tous les tenants et les aboutissants. « Peut-être que qui dit amour dit souffrance… mais il n’y a pas que ça. Dans amour il y a confiance, partage, dépassement de soi. Tu te contentes du minimum parce que c’est confortable, peu douloureux… mais est-ce vraiment suffisant ? Tu prends plein de plaisir éphémère c’est vrai, mais tu pourrais aussi bien le prendre avec moi et avoir plein d’autres choses ! Alors forcément, si tu continues à aller à droite et à gauche je vais évidemment avoir envie de te refaire le portrait façon puzzle avec mon bistouri… mais peut-être aussi que tu es plus fort que tu ne le crois et que tous ces couples que tu vois en tant qu’avocat… tu ne rejoindras pas le même chemin qu’eux. Tu agis comme tu étais devin mais tu n’es pas dieu Az, merde ! Tu ne sais pas de quoi demain est fait et tu me connais tellement peu que tu ne sais même pas de quoi je suis capable ! La preuve, j’ai fais preuve d’une sacrée patience avec toi-même si je n’aurais pas dû te mentir. Mais je t’aurais perdu si je t’avais avoué toutes ces choses, pas vrai ? » Maureen déglutit avec difficulté tandis qu’elle ne relevait toujours pas son regard émeraude vers Azariel. Elle s’était excusée à sa façon, tout en sachant qu’il ne serait certainement du genre à faire de même puisque ce serait, à ses yeux, s’excuser d’être ce qu’il est. « Tu dis que tu veux tenter mais avec tout ce que tu m’as dit précédemment, qui me dit que tu ne vas pas me jeter moi aussi comme une merde dans une semaine parce que j’aurais dit un mot de trop ou parce qu’à tes yeux je ne suis pas suffisamment disponible ? Je me rendrais disponible tu me diras… tu as un adage qui dit amour égal souffrance, moi je dis plus « quand on veut, on peut » c’est beaucoup plus représentatif de ma personne. »