La tête au-dessus de son lavabo, Sutton se passa de l’eau sur le visage, tentant par la même occasion de se calmer. Pas de quoi paniqué. Enfin un peu quand même… Elle attrapa à tâtons une serviette et s’essuya le visage avant de relever la tête pour se regarder dans le miroir. Elle faisait peur avoir.
Ca faisait maintenant une semaine et demie qu’elle était prise de nausées. Constamment. Elle avait d’abord pensé à une digestion. Mais passée 3 jours, elle avait largement laissé tomber cette hypothèse. Une autre lui était venue en tête, mais elle l’avait bien vite chassé. C’était hors de question. Hors de question qu’elle soit enceinte. Pas maintenant. Un jour surement. Pourquoi pas avec Ronon. Mais certainement pas maintenant. Elle n’était pas prête, lui sans doute encore moins. Et leur relation en prendrait un coup c’était certain. Seulement plus les jours passaient plus cette idée faisait son bout de chemin. Chaque jour, la tête au-dessus des toilettes à vomir. Il y avait forcément quelque chose. Et depuis autant de temps qu’elle évitait quasiment le brésilien. Première raison : elle n’était définitivement pas en état de voir qui que ce soit, et puis, elle avait presque honte qu’il la voit dans cet état. Deuxième raison : elle ne voulait simplement pas évoquer l’hypothèse qu’elle avait en tête. Elle ne le sentait pas, mais alors pas du tout.
Seulement là, elle allait devoir lui faire face. Il arrivait, elle avait reçu un texto quelques minutes lui annonçant clairement qu’il arrivait. Sans doute se demandait-il ce qu’il se passait. Elle avait prétexté être malade. C’était pas faux d’un côté. Elle l’était bel et bien. Vomir quasiment tous les jours n’était pas l’état le plus normal qui soit. Et elle devait avouer qu’il lui manquer. Plus d’une semaine sans le voir ? Un record qu’elle n’était pas près d’oublier.

Sutton attrapa alors l’objet posé près du lavabo. Il s’agissait du test de grossesse acheté plus tôt dans la matinée. Elle le fixait comme s’il s’agissait d’un objet de torture. Un ‘plus’ était dessiné sur l’écran prévu à cet effet. Il n’y avait plus de doute, ce dont elle avait eu peur était bel et bien la réalité. Enceinte. Elle flippait. Plus que de raisons. Ronon n’en voudrait pas. Elle-même n’était pas sûre de le vouloir. Enfin non, en étant réaliste, elle n’en voulait pas, c’était loin d’être le bon moment, et elle n’avait certainement pas la maturité pour gérer un enfant. Mais d’un autre côté, sa fausse couche lui revenait en tête. Et si c’était là sa seule chance d’avoir un jour un enfant ? Elle n’arrivait pas à se l’admettre, mais perdre cette chose qu’elle avait désormais dans le ventre la faisait tout aussi flipper. La sonnerie de sa porte d’entrée la sortit alors de sa rêverie. Son rythme cardiaque s’accéléra de nouveau. Et si elle lui faisait croire qu’elle était absente ? ne pas répondre et seulement attendre qu’il fasse demi-tour ? « Entre, c’est ouvert ! » cria-t-elle finalement avant de regretter d’avoir ouvert la bouche.

Ronon n'avait pas vu Sutton depuis plus d'une semaine, et lui comme tout son entourage avaient besoin que ça cesse. D'abord, l'arrêt soudain de ses parties de jambes en l'air l'avait rendu particulièrement... tendu, c'était le cas de le dire, et si on lui avait conseillé d'aller piocher parmi la ribambelle de filles qui n'attendaient probablement qu'un signe de lui, il ne leur avait même pas adressé un seul instant d'attention, pas même en soirée. Mais pas seulement : tout lui manquait, sa voix, sa peau, le simple fait de la savoir près d'elle ou à portée, de savoir qu'il pourrait s'endormir et se réveiller près d'elle. Depuis que Sutton lui avait refusé une place dans son lit en prétextant être malade, il n'avait plus de nouvelles d'elle. Un jour, deux jours, trois jours, il avait commencé à s'inquiéter. Et si elle avait une maladie grave ? Et si elle l'évitait ? Il avait honte d'être aussi perturbé par le fait de ne pas être en compagnie de la jeune femme alors qu'il avait toujours été le premier à vouloir mettre de la distance entre eux. Alors, au quatrième jour, il avait repassé les derniers évènements dans son esprit en cherchant le moment où il avait fait un faux pas, mais il ne voyait vraiment pas : à ses yeux, leur relation n'avait jamais aussi bien tourné. Ils n'avaient certes pas réellement résolu le problème de la labellisation de leur relation, mais ça ne leur posait pas de problème pour passer du bon temps et le simple fait que Ronon ai tant envie de retrouver la californienne lui prouvait qu'il était aussi attaché à elle qu'elle disait l'être à lui.

Cinquième jour, sixième jour, il n'en pouvait plus de jouer à l'homme désintéresser. Un premier sms, puis un second, envoyés sous le coup d'un alcool triste et particulièrement frustré, qui ne reçurent aucune réponse. Mais qu'est-ce qui tournait pas rond, chez cette fille ? Est-ce qu'elle se rendait compte de ce par quoi elle le faisait passer ? Il avait l'impression d'être retourné à ce triste mois qu'ils avaient passé sans se parler ni se voir après qu'il lui ai tout avoué pour son statut d'immigré et le souvenir de Gabriela : ce fut après la sixième nuit, et un cauchemar perturbé et très tordu [impliquant des gnomes, parce que je VEUX des gnomes quelque part, ils m'ont trop marquée avec leur tête énorme x)] qu'il céda et, après avoir prévenu la jeune femme de son arrivée imminente, il avait laissé une Naya soulagée qu'il se décide enfin à sortir de sa léthargie qui l'avait rendu carrément insupportable et avait repris la course qui était à présent habituelle dans le métro new-yorkais jusqu'à Park Avenue. Et sans savoir réellement pourquoi, plus il s'approchait de chez Sutton, plus il sentait son humeur s'échauffer. Lorsqu'il fut devant sa porte, il tapa d'ailleurs probablement un peu fort, mais il n'attendit pas plus longtemps dès qu'il entendit un « Entre, c’est ouvert ! »

Il pénétra donc dans l'appartement qu'il connaissait désormais par coeur et chercha la jeune femme un instant, l'interpellant d'un « T'es où ? » agacé avant que son regard ne tombe sur sa silhouette, dans l'encadrement de la porte de sa salle de bain. Immédiatement, son teint pâle, son visage fatigué et même sa posture lui sautèrent aux yeux, le laissant complètement pantelant. « Oh, merde... » ne trouva-t-il qu'à dire, actuellement surpris qu'elle soit réellement malade. Une fois qu'il eut reprit ses esprits, il fronça les sourcils, inquiet, mais ne s'approcha pas. C'était contagieux, ce truc ? « Qu'est-ce que t'as ? » lui demanda-t-il alors simplement avec une pointe d'inquiétude dans la voix qu'il ne put cacher.

Putain j'ai mis 40 ans à écrire, le gif de Ronon m'absorbait à chaque fois que je prévisualisais

Sutton entendit la porte d’entrée s’ouvrir puis se refermer, avant d’entendre la voix de Ronon, qui semblait quelque peu exaspérée. « T'es où ? » Elle ne prit pas la peine de lui répondre, encore les yeux rivés sur le test de grossesse. Etait-ce simplement un foutu cauchemar ? Comme l’un de ceux où on veut absolument se réveiller sans y parvenir ? « Oh, merde... » L’entendit-elle dire. Elle tourna brièvement la tête dans sa direction, se retenant de ne pas être agressive. S’attendait-il à la voir péter la forme, un Martini à la main ? C’est ce qui semblait. Et bien non, elle était bel et bien dans un sale état, mais malheureusement pas à cause d’un foutu virus. De toute façon, c’était pas le moment de s’énerver maintenant, elle était prête à parier que la situation finirait par dégénérer à un moment ou à un autre. Elle vit le brésilien rester à distance et ne put s’empêcher de sourire. Du moins, ça se voulait être quelque chose ressemblant à un sourire. La pensait-il contagieuse ? Bizarrement, elle avait presque envie d’en rire. « Qu'est-ce que t'as ? » Sutton pouvait déceler une pointe d’inquiétude, et ça n’était pas pour lui déplaire. A vrai dire elle aimait voir toutes ces petites choses qui lui démontraient qu’il tenait vraiment à elle. Et malgré son angoisse, le voir, ici, lui faisait du bien. Plus d’une semaine sans pouvoir sentir sa peau contre la sienne, son odeur, ne pas avoir le droit à ses caresses ou même ses baisers. Ses vannes à deux balles mais qui la faisaient rire constamment, l’odeur de ses joints qui embaumaient rapidement la pièce, son sourire ravageur qui la faisait fondre à chaque fois un peu plus… Tout chez lui, lui avait manqué.

En le voyant comme ça, pantelant, un regard presque triste sur le visage, elle mourrait d’envie de le prendre dans ses bras, de l’embrasser, et de rattraper tout ce temps perdu par sa foutue peur de voir les choses en face. Sutton se contenta pourtant de quitter la salle de bain, serrant sans doute un peu trop fort le test de grossesse qu’elle avait encore dans sa main. Elle avait l’impression que ses jambes allaient céder à chaque pas qu’elle faisait, mais cette fois ça n’avait définitivement rien à voir avec son état nauséeux de ces jours-ci. Non, c’était plutôt l’angoisse de lui déballer la vérité. De lui dire « tiens, cadeau, comme si notre relation n’était pas assez compliquée comme ça, j’suis enceinte. » Non ce n’était définitivement pas le top. La jeune Californienne avait l’impression que son cœur allait lui sortir de la poitrine tant il battait fort, peut-être même Ronon était-il capable d’en percevoir les battements. Puis soudainement, elle tendit la main en arrivant à sa hauteur, lui montrant par la même occasion le test de grossesse. « Je crois que… J’crois qu j’suis enceinte. » Elle croyait… Elle ne voulait définitivement pas dire qu’elle l’était. Et puis, les erreurs ça arrivaient non ? Ca serait trop beau pour être vrai… Relevant les yeux vers lui, elle tenta de trouver son regard ou quoique ce soit dans son expression qui pourrait la faire se sentir moins que ce qu’elle était à l’heure actuelle.

tu m'étonnes... ton gif ♥__♥

Il arrivait un moment, dans un couple, où on trouvait normal de voir l'autre malade, où on pouvait aller aux toilettes pendant que l'autre prenait sa douche. Est-ce qu'ils en étaient là ? Ce n'était pas que Ronon n'aimait pas les gens malades, hein ! Enfin... Sutton semblait réellement mal en point, et il se dit que de rester ne la fatiguerait encore plus, comme une excuse pour se dispenser de tomber malade lui aussi. Oui, foncièrement, c'était ça qui lui faisait peur : il détestait être malade. C'était sûrement un reste de sa vie à Rio, mais quand il était malade, il ne pouvait protéger personne et il ne pouvait pas gagner d'argent pour Gonzalez : en trois mots, il était inutile. Seulement, celle qui était malade, c'était Sutton, et elle lui avait manqué. Arh, ce dilemme ! Il avait envie de la plaquer contre le mur et de la prendre, là, comme ça, sauvagement, pour lui faire comprendre à quel point il était avide de baisers qui semblaient si lointains dans ses souvenirs - mais ne pouvait-il pas chopper son virus, tiens ? Voila, sa partie de jambes en l'air tombait à l'eau ! Soit, c'était tout de même inquiétant, et c'est pourquoi il demanda à Sutton ce qu'elle avait une fois que le choc de la voir si dépareillée fut passé. Elle s'approcha avec lenteur de lui, et il retint son réflexe de vouloir reculer à son tour, l'observant sans comprendre avec ce regard niais qu'il savait parfaitement avoir lorsqu'il ne comprenait pas la situation. Il secoua doucement la tête en attendant qu'elle lui dévoile enfin ce qui n'allait pas, suspicieux de la voir patienter si longtemps.

La main de Sutton se leva jusqu'à sa hauteur et, interpellé, il baissa les yeux. Encore une fois, il ne sembla pas comprendre : il avait parfaitement compris, il était juste incapable de réagir à ce qu'il avait devant les yeux. Bon, il ne manipulait pas de test de grossesse tous les jours non plus, mais il avait vu assez de pubs à la télé sur les 98% de sûreté du résultat. Sur le test, un + était visible. Est-ce que c'était positif ? Mais alors positif pour qui, positif pour lui ou bien pour Sutton ? N'avaient-ils pas le même avis sur le sujet ? Bordel, qu'est-ce que ça voulait dire ? « Je crois que… J’crois qu j’suis enceinte. » Ronon, qui avait le regard rivé sur le test de grossesse, dévia celui-ci jusqu'à Sutton : un peu plus et ses yeux sortaient de ses orbites. Il la regarda, complètement choqué, pendant un long moment sans pouvoir réagir, avant que ses paupières ne papillonnent brusquement et ne trahissent sa soudaine panique. « Qu-quoi ? De qui, de moi ? » Evidemment, de lui ! C'était la question la plus conne qu'il puisse poser, et pourtant c'était la première qui lui était venu à l'esprit. Un gosse, lui ? Son cerveau bloquait juste, refusant d'accepter l'information. « Mais, mais... T'as dit que tu prenais la... Et tu m'as montré la plaquette ! Tu... Quoi ? Mais comment ? » s'exclama-t-il subitement avec précipitation. Il était complètement paniqué, et il détourna brusquement les yeux en le posant sur tout ce qui se trouvait autour de lui, comme si une caméra cachée ou, plus acceptable, la réponse à ses interrogations, formulées ou non. Sentant son coeur accélérer sous le coup du stress, il soupira avant de chercher le regard de Sutton.

Ce gros égoïste qui a peur de tomber malade xD

« Qu-quoi ? De qui, de moi ? » Ses yeux s’écarquillèrent sans même qu’elle ne s’en rende compte, fixée sur Ronon, se demandant si elle avait bel et bien compris sa question. N’avait-il pas trouvé une question plus débile que celle-ci ? Evidemment qu’il était de lui. De qui voulait-il qu’il soit ! « Non du Père-Noel ! Mais oui de toi ! » lacha-t-elle exaspérée avant de secouer la tête. Ce n’était pas le moment de s’énerver, et encore moins de passer ses nerfs sur lui. « Mais, mais... T'as dit que tu prenais la... Et tu m'as montré la plaquette ! Tu... Quoi ? Mais comment ? » Oui, elle se souvenait très bien avoir pris la pilule. Mais peut-être avait-elle bien oublié une fois… Et visiblement ça n’avait pas loupé. Ronon était sous le choc, et il y avait de quoi. Elle-même n’arrivait pas réellement à encaisser la nouvelle. Ou du moins à réellement l’accepter. A vrai dire elle ne voulait que ça soit qu’un mauvais rêve, qu’elle n’ait aucune décision à rendre et surtout qu’elle n’est aucune conversation existentielle ou méga importante avec Ronon. Il n’arrivait déjà pas à définir clairement leur relation, ce qui faisait pourtant partie des choses relativement simples de la vie, alors vous les imaginez vraiment s’occuper d’un gosse ? « Oui je la prends… mais… J’ai peut-être oublié… une fois… » avoua-t-elle un peu hésitante, la tête baissée. Qu’il ne se méprenne pas, elle s’était déjà blâmée plusieurs fois depuis le début de la journée d’avoir été aussi inconsciente d’avoir oublié de prendre sa pilule il y a plusieurs jours maintenant. Surtout vu le rythme de leur vie sexuelle. Plus ils s’envoyaient en l’air, plus il y avait de chances –ou de risques, ça dépend de comment on voit les choses- pour que les accidents de ce genre ne se produisent. Elle passa ses mains sur son visage avant de relever la tête, trouvant par la même occasion le regard de Ronon qui semblait réellement paumé. Il y avait de quoi. Il ne s’attendait certainement pas à ça en quittant son appartement plus tôt dans la journée. Peut-être aurait-il même préféré la solution où elle faisait semblant d’être malade. Cependant le regard de la jeune Californienne n’était pas beaucoup plus rassurant. Elle était aussi perdue que lui, si ce n’est plus. Elle s’avança un peu et comme par habitude, sa main se posa délicatement sur son torse, ne lâchant pas pour autant son regard. « Qu’est ce qu’on fait ? » lâcha-t-elle simplement, presque suppliante. Avoir peur de l’avoir, peur d’avorter, peur de le perdre… Elle venait de découvrir qu’elle pouvait ressentir tout un tas d’émotions plus contradictoires les unes que les autres. Conduire sa grossesse à terme ? Pour en faire quoi ? Le garder et être des parents pitoyables ? Il fallait être honnête, ça serait sans doute le cas si c’était le choix qu’ils faisaient. L’adoption ? Sutton savait qu’elle n’en serait pas capable étant elle-même adoptée. Oh oui elle avait eu et avait toujours la belle vie. Elle était tombée dans une bonne famille. Famille qui pourtant lui cachait beaucoup de choses, surtout vis-à-vis des conditions de son adoption. Et puis, elle était obsédée par la recherche de ses parents biologiques alors elle ne souhaitait ça à personne. Encore moins pour découvrir que dans leur cas, les parents seraient deux jeunes pas franchement matures. Mais l’avortement ? Elle ne savait pas si elle en serait capable. En fait, elle ne s’était jamais posé la question, justement pour ne pas avoir à en trouver la réponse…
Le regard de la jeune femme cherchait désespérément une solution dans celui du brésilien. Elle se sentait réellement démunie, comme une petite fille perdue à qui il fallait montrer le chemin. Se sentir aussi désorientée était loin d’être dans ses habitudes, et pour une fois, elle comptait sur quelqu’un d’autre que d’elle-même pour l’aider à trouver une solution.

Excepté avec Gaby, avec qui ce genre d'affaire n'était jamais arrivée, Ronon prenait ses précautions avec les autres filles avec qui il couchait : le tiroir de sa table de chevet ressemblait à un entrepôt miniature de préservatifs, et celui-ci se vidait et se re-remplissait à toute vitesse depuis qu'il était à New York. Seulement, avec Sutton, ça avait été différent : au début, le réflexe avait été là, mais avec le temps, soit il n'en avait plus à disposition sur lui, soit ils étaient trop excités, soit ils le faisaient sous la douche, dans l'ascenseur, que des endroits où le préservatif devenait vite plus dérangeant et chiant à mettre. Elle lui avait dit qu'elle prenait la pilule, n'est-ce pas ? Par conséquent, il avait pensé n'avoir à s'inquiéter de rien. « Non du Père-Noel ! Mais oui de toi ! » Malgré la gravité de la situation et le ton de Sutton, Ronon ne put s'empêcher de grimacer comme un gamin, piqué au vif par la réponse de la jeune femme. Si le Père Noël en voulait, il pouvait bien l'avoir, ce gosse ! Qu'il l'offre à quelqu'un d'autre ! C'était dur, mais c'était ce que pensait Ronon à ce moment-là : un enfant, son enfant ? C'était inacceptable, tout bonnement impossible.

« Oui je la prends… mais… J’ai peut-être oublié… une fois… » avait repris la californienne après qu'il ai abordé le sujet de la pilule : ce truc là était pas imparable, normalement ? Bordel, qu'est-ce qu'il fallait faire pour pouvoir baiser sans mettre sa partenaire enceinte, dans ce monde ? Et c'était Sutton qui avait oublié la pilule ! Ronon soupira profondément et plaça deux doigts sur son nez pour en pincer l'arrête, sentant l'un de ses rares mais vifs mal de tête venir. Bon, au moins, Sutton semblait s'en vouloir - pas que le cubano-brésilien soit particulièrement sadique, de toute façon il se doutait bien qu'elle ne s'était pas fait mettre enceinte de son plein gré. Peut-être que c'était lui, que ses spermatozoïdes avaient appris, avec le temps, à déjouer les effets du médicament, à l'image d'un virus qui viendrait & reviendrait toujours plus fort ? « Qu’est ce qu’on fait ? » Interrompu dans sa réflexion, Ronon rouvrit les yeux et les posa sur une Sutton complètement paniquée.

Pourtant, pour lui, c'était aussi clair que de l'eau de roche. Parents, eux ? Ils avaient déjà abordé le sujet, c'était une grosse blague. A cet instant précis, Ronon n'avait même plus de boulot, aucun instinct paternel, une soeur malade des besoins à qui il devait subvenir, et il se donnait de toute façon une bonne quinzaine d'années avant de seulement considérer l'éventualité d'être un jour papa. Même ce simple mot sonnait faux dans son esprit, c'était quoi, un "papa" ? Il n'en avait jamais eu, et il ne comptait certainement pas en devenir un - si son père biologique ne valait probablement pas grand chose, Ronon serait une véritable catastrophe dans ce rôle, même si il essayait. « Ce qu'on fait ?! » lui demanda-t-il d'abord, complètement désabusé. Il chercha dans son regard l'hésitation qu'il trouva facilement, et il tomba des nues : est-ce qu'elle considérait l'éventualité de garder l'enfant ? Les sourcils de Ronon se froncèrent et ses yeux se teintèrent d'une expression légèrement terrorisée. Ses mains se posèrent sur la taille de Sutton, et il reprit la parole avec une mesure qui l'étonna lui-même. « Tu... Tu comptes pas le garder, quand même ? » lui demanda-t-il, retenant son souffle en ayant peur de la réponse qu'elle lui donnerait.


MEUF J'AI TROP PENSÉ A TOI ! J'ai failli aller au Metro ce soir x) mais j'y suis pas allée >< parce qu'ils ont changé d'avis pour la Costa, et pffff la flemme.

« Ce qu'on fait ?! » lui demanda-t-il franchement étonné qu'elle ose visiblement se poser la question. Il cherchait son regard, mais il n'y trouverait pas grand chose, si ce n'est une fille totalement paumée qui hésitait sur toutes les décisions à prendre. Elle le vit alors froncer les sourcils avant qu'il ne pose ses mains sur ses hanches. Il semblait calme. Au premier abord du moins... Elle se doutait que cette situation était loin de lui plaire. Mais elle appréciait le fait qu'il ne pète un plomb de suite. Peut-être tentait-il de rester calme pour ne pas la paniquer un peu plus ? Enfin peu importe la raison, elle appréciait. « Tu... Tu comptes pas le garder, quand même ? » Sutton ne put s'empêcher de soupirer, posant par la même occasion son front contre le torse du brésilien. Elle sentait les larmes montés. Elle était loin d'être triste. C'était seulement une réaction naturelle à trop de pression. Ses nerfs allaient lacher. Elle se fit aussi la réflexion qu'elle n'avait jamais pleuré autant, du moins depuis qu'elle était à New York. Elle ne se rappelait pas avoir été le genre de fille à pleurer constamment au moindre problème lorsqu'elle était encore Californie. Ce qui d'ailleurs lui donna encore plus l'envie de fondre en larmes et de hurler. L'une des rares fois où elle avait craqué fut suite à sa fausse couche. Ca n'avait pas été sur le moment même en fait. Mais le soir... Elle avait voulu continué sa vie comme si de rien n'était. Juste une erreur, un accident de parcours. Seule Trinity avait été au courant, ça évitait par la même occasion que tout le monde ne lui rabâche son semblant de grossesse ou la perte qu'elle venait de subir. C'était une soirée comme une autre. Une baraque pleine à craquer d'étudiants, de l'alcool qui coulaient à flot alors que les trois quarts des personnes présentes n'avaient même pas l'âge légal pour en consommer, de la musique assourdissante destinée à les rendre sourds... Et une Sutton qui tentait de faire bonne figure, qui tentait de s'amuser et de mettre le reste de sa journée derrière elle. Mais elle avait fini par craquer. S'éclipser le plus discrètement possible pour aller dans la rue et s'éloigner le plus possible de cette bande de dégénérés qui n'étaient au courant de rien. Et puis elle s'était simplement arrêtée au milieu de la route, seule. Elle avait eu l'impression d'avoir le souffle coupé, s'être pris un coup dans la poitrine. C'était une douleur lancinante qui l'avait transpercé sans prévenir. Le genre de douleur qu'aucun mot, aucun geste ne peuvent consoler et qui faisaient ruisseler des larmes sur ses joues. Ces vraies larmes dont elle avait oublié le sens, parce que versées pour des futilités. Elle s'était trouvée affreusement pitoyable ce soir là, à genoux, recroquevillée sur elle-même dans l'un des plus beaux quartiers de Beverly Hills.

Et la voilà, maintenant, la tête contre le torse du brésilien, avec cette même envie de pleurer et de hurler. Parce que ça lui rappelait cette époque là, parce qu'elle ne savait réellement pas quoi faire de cette chose qui grandissait dans son ventre. Elle n'était définitivement pas prête pour être mère, tout comme Ronon ne l'était pas pour être père. Oh non de son côté à elle il n'y avait aucun soucis financier -sauf si évidemment ses parents décidaient brutalement de lui couper les vivres, et ça serait franchement fâcheux- mais ça ne se résumait pas à ça. Elle n'avait pas la maturité et encore moins la patience pour élever un enfant. Elle releva finalement la tête vers le jeune homme. « J'en sais rien. Vraiment... Je sais pas » lacha-t-elle faiblement en se rappelant parfaitement la conversation qu'ils avaient eu sur le sujet. Ils avaient tous les deux été clairs là dessus. Sutton ne souhaitait pas tomber enceinte. Mais maintenant qu'elle l'était ? Etait-elle capable d'avorter ? Elle n'en avait pas la moindre idée. « J'ai... J'ai c'truc là, dans le ventre, dont j'voulais pas... Et maintenant il est là. Et j'flippe ! Je flippe putain. J'en veux pas. On peut pas. Tu nous as vu ? Mais... J'peux pas le perdre. Pas encore ! » ajouta-t-elle la voix tremblante et les yeux humides. « Mais j'ai clairement compris que t'avais aucune hésitation quant à la suite des évènements... » lacha-t-elle finalement plus froide, mais pourtant toujours proche de lui.

Ronon était complètement abasourdi. Sutton aurait pu lui dire tout ce qu'elle voulait après ça, tout lui faire avaler, que ça l'aurait sûrement beaucoup moins perturbé que de se dire qu'il allait être papa. Papa ! Lui ? Il était dans une autre dimension, il préférait encore ce cauchemar super bizarre qu'il avait fait récemment et où il s'était retrouvé marié à cette psychopathe d'Ayhalina, perdu dans un costume trop serré des années soixante. Là, c'était vraiment au-delà de ça ! Un bébé ! C'était hors norme, impossible, inconcevable. Il était complètement immobile, il sentait le poids de Sutton contre lui mais ne bougeait pas d'un cil et pourtant, dans son esprit, c'était une véritable cacophonie. Il s'imaginait immédiatement se battre avec des couches, se réveiller constamment la nuit à cause des pleurs, et puis... et puis pour le principe, non ! Il ne voulait pas d'enfant, lui ! Enfin, ça voulait dire quoi, enfin ! Il aurait rien à lui apporter, à ce gosse, il n'avait même plus de boulot, et ils se marchaient déjà dessus avec sa petite soeur dans leur appartement de Jamaica. Ronon aimait faire la fête, il ne pouvait pas nier non plus risquer sa vie au moins deux fois par mois, et il n'avait aucune envie de changer quoique ce soit à son rythme de vie, c'était égoïste mais c'était évident pour lui. Plus ! Avoir un enfant avec Sutton alors qu'ils ne savaient même pas clairement ce qu'ils étaient l'un pour l'autre ? Elle avait beau lui avoir clairement dit et redit qu'elle n'en avait rien à faire, de tout ce qui les entourait, Ronon ne pouvait pas garder ses oeillères pour toujours : elle était intelligente, riche, promue a un avenir certain, et elle avait toute la détermination pour. Lui, il était un magouilleur, sans le sou, toujours prêt à faire tel ou tel boulot pour avoir un peu d'argent pour le mois, vivant au jour le jour. Il n'était même pas américain ! Obama avait beau se vouloir rassurant ces derniers temps, il n'y croyait pas vraiment, à toutes ces conneries, il savait parfaitement que le risque d'être expulsé et rapatrié au Brésil était une éventualité.

« J'en sais rien. Vraiment... Je sais pas » reprit Sutton après que Ronon lui ai demandé ce qu'elle comptait faire. Encore une fois, Ronon se prit ça en plein dans la tête sans réagir immédiatement : elle ne savait pas, alors que pour lui c'était évident. Il était croyant, et il y avait un aspect dans le fait d'avorter qui le dégoûtait, mais avoir un gosse maintenant, tous les deux... ce serait encore pire, et c'était toute leur vie qui était redessinée. « J'ai... J'ai c'truc là, dans le ventre, dont j'voulais pas... Et maintenant il est là. Et j'flippe ! Je flippe putain. J'en veux pas. On peut pas. Tu nous as vu ? Mais... J'peux pas le perdre. Pas encore ! » Alors que Ronon allait hocher la tête en se disant que finalement, la jeune femme reprenait ses esprits, il fut bloqué par la fin de la phrase de la jeune femme. Pas encore ? Qu'est-ce que ça voulait dire, ça ? Elle avait déjà été enceinte, et avait avorté ? Ils n'avaient pas parlé de sincérité à tous les degrés mais là, c'était une grosse nouvelle. « Mais j'ai clairement compris que t'avais aucune hésitation quant à la suite des évènements... » avait terminé la jeune femme froidement.

Quoiqu'il en soit, le jeune homme était certain d'une chose : un enfant, ce n'était pas concevable, ni pour lui, ni pour eux. Leur équilibre était déjà fragile, et c'était parce qu'il tenait à cette relation spéciale entre eux qu'il avait aussi peur de ce que tout ça allait leur apporter. Qu'attendait-elle de lui, qu'il se montre compréhensif, qu'il commence à parler couches & landaus ? Appuyant ses paroles d'un regard complètement désabusé en s'écartant juste assez d'elle pour que leurs yeux se croisent sans loucher, il s'emporta immédiatement avant de se calmer. « Bah, plutôt ouais ! Tu l'as dit toi-même, tu nous vois avec un gosse ? C'est n'importe quoi... » lâcha-t-il avant de fermer les yeux en soupirant, conscient que ses paroles pouvaient être blessantes. Mais quoi, c'était vrai à la fin, pour lui c'était tellement évident ! Détournant le regard, il soupira encore et fronça les sourcils en repensant à ce que Sutton venait de lui dire. « Sutton... Est-ce que t'as déjà été enceinte ? Et que t'as avorté ? » demanda-t-il prudemment mais sans détour. Il pouvait comprendre qu'il y ai un traumatisme lié à ça, mais de là à se résigner à garder le bébé...

En fait, cette fille avait probablement tout pour elle. Ou presque. Certes, elle avait été adoptée, mais au moins, elle l’avait été par une famille riche. C’est cette même famille qui l’avait incité dès son plus jeune âge à pratiquer d’un instrument. Ils étaient branchés arts… Peu importe sa forme. Mais c’est aussi dès son plus jeune âge que Sutton s’est sentie obligée de faire ses preuves, plus que les enfants biologiques des Webster-Monroe. Faire ses preuves comme pour leur montrer qu’elle faisait partie de leur famille à part entière, peu importe les liens du sang. Avec les années ce besoin incessant de faire ses preuves évolua. Elle ne voulait pas leur démontrer qu’elle était aussi douée qu’eux, elle voulait les mettre sur le fait accompli : elle était meilleur qu’Anton ou Bryanna. Elle avait alors pratiqué le piano, la guitare, et un peu plus tard la batterie, tandis qu’elle faisait dans le même temps danse, boxe et tir à la carabine. Elle touchait à tous les domaines. Et ça lui réussissait.
En plus de ça, elle avait une tête bien remplie, bien que ne s’en servait pas assez souvent selon ses professeurs. ‘Sutton n’utilise pas réellement ses capacités’. Elle se satisfait du minimum, qu’ils disaient. Pour ce qui était des cours en tout cas.
La jeune Webster-Monroe avait définitivement tout pour elle : l’intelligence, la richesse et surtout le physique. C’était indéniable, Sutton était une magnifique jeune femme. Elle le savait et elle en profitait. Elle en jouait pour avoir ce qu’elle voulait, et ce, depuis des années.
Alors oui, beaucoup pouvait se demander ce qu’elle attendait de son semblant de relation avec Ronon. Un beau brésilien issu des favelas, sans un sou, et sans réel avenir franchement dessiné. Quel avenir pouvaient-ils bien avoir ? Le fait est qu’elle préférait ne pas se poser la question. Sutton avait beau avoir un sérieux penchant pour le fric et dilapider celui de ses parents à une vitesse qui en ferait pâlir plus d’un, elle se foutait royalement que Ronon n’ait rien. Tout comme ses origines. Qu’il vienne d’une favela ou de Monaco lui était égal. Oui elle était issue des quartiers chics de Beverly Hills, mais elle avait été adoptée. Il se pouvait tout aussi bien que ses parents biologiques soient originaires du Bronx ou de n’importe quel trou paumé et pauvre des Etats-Unis. En imaginant même qu’ils soient américains.
Ils n’avaient pas d’avenir tout tracé comme elle aurait pu en avoir un avec Tyler. Issus du même milieu, certains les avaient déjà imaginés marié, suivant les traces de leurs parents et tout ce qui allait avec. Les sorties au club, les après-midi au golf, les marmots –pas plus de trois évidemment- qui courraient partout dans leur grande maison qui, forcément, serait, elle aussi, sur les hauteurs de Beverly Hills. Cependant, peu importe cette absence d’avenir tout tracé avec Ronon, ça lui était égal. Elle tenait plus qu’elle ne l’aurait jamais imaginé à leur fragile équilibre. Cet équilibre qui ne tenait qu’à pas grand-chose… Et qui visiblement serait mis à rude épreuve. « Bah, plutôt ouais ! Tu l’as dis toi-même, tu nous vois avec un gosse ? » Elle n’avait pas prévu d’avoir un gosse. Ni maintenant, ni dans les mois à venir. Certainement pas avant quelques années. Ce n’était même pas obligatoire, ce n’était qu’une hypothèse. Mais envisagé d’avoir un gosse avec Ronon ? Inenvisageable. Ils étaient irresponsables. De véritables gamins s’étant parfaitement trouvés malgré leur différence, puisqu’aussi égoïste l’un que l’autre. Sutton tenait à sa petite vie de princesse, à ses soirées un peu trop arrosées, ses nuits torrides avec le brésilien et cette semblant de vie étudiante qu’elle avait un peu de mal à entretenir. Seulement le fait que tout ça se pointe sans prévenir, comme pour lui rappeler son douloureux évènement passé semblait fortement la chambouler. A vrai dire elle ne savait même pas ce qu’elle attendait de lui. Qu’il la réconforte ? Qu’il lui dise que tout allait bien se passer et qu’ils en sortiraient indemne peu importe la décision finale ? Non surement pas. Son côté rationnel –tout comme Ronon-lui hurlait de mettre fin à cette discussion rapidement. Il n’y avait pas à discuter, elle n’aurait pas d’enfants, c’était tout bonnement inconcevable, pour elle, et pour eux. Mais, visiblement, la jeune femme avait un côté plus humain et sentimentaliste qu’elle ne se connaissait pas –ou très peu- qui la faisait douter. « Sutton… Est-ce que t’as déjà été enceinte ? Et que t’as avorté ? » lui demanda-t-il sans détour. La jeune femme ne fut pas surprise qu’il lui pose une telle question. Surtout après ce qu’elle venait de lui balancer, bien que les mots étaient sortis sans franchement le vouloir. Récemment, elle avait commencé à lui livrer beaucoup de choses… Mais l’épisode fausse couche semblait ne pas vouloir sortir. C’était trop lui demander. Son regard azur était posé sur celui du brésilien, impassible. Toutes traces de colère, d’incompréhension ou de déception s’étaient comme envolées. Mais rapidement, elle rebaissa la tête avant de soupirer. « A 18 ans. » Lâcha-t-elle avec une boule dans la gorge. Puis en relevant la tête, elle continua, « J’ai pas avorté. J’ai fait une fausse couche avant même de savoir ce que je voulais. » Sans doute ne l’aurait-elle pas gardé. Ou peut-être que si. Qui sait ? Peut-être que cet évènement l’aurait responsabilisé plus tôt que prévu. Ou responsabilisé tout court. Mais elle n’avait décidé de rien. La nature ou Dieu, peu importe qui ou quoi, en avait décidé autrement. C’est sans doute ça qu’elle avait le plus mal vécu. La décision lui avait échappé. Et tous les ans, à la même période, elle sentait cette douleur dans son ventre, de l’enfant qui ne naitrait jamais.

Ronon n'avait aucune idée de ce dans quoi il se lançait en posant "la" question à Sutton. Il savait qu'il n'était pas délicat, qu'il avait posé la question comme un gros bourrin & que Sutton pouvait se sentir agressé. Mais lui, n'était-il pas agressé, sur le point d'être père alors qu'il n'y avait rien qu'il ne veuille moins ? C'était inconcevable pour lui d'avoir un enfant, même son esprit arrivait à court d'arguments tellement la chose semblait tout simplement évidente !

Après un silence, Sutton se décida enfin à lui répondre : les expressions de son visage avaient déjà fait deviner à Ronon qu'il avait tapé particulièrement juste en lui demandant si elle avait déjà été enceinte. « A 18 ans. » Immédiatement, le brésilien se mit à faire le calcul dans sa tête : quatre ans. A peu près au même moment où lui perdait Gabriela & sa mère. Ronon n'avait jamais connu, de près ou de loin, d'affaire d'avortements, il s'était toujours débrouillé pour rester loin de ce genre de considérations : les enfants, ce n'était pas pour lui. Pourtant, une partie de lui comprenait que la jeune femme soit si perturbée par le fait d'être enceinte si elle avait déjà vécu ça. « J’ai pas avorté. J’ai fait une fausse couche avant même de savoir ce que je voulais. » Le regard de Ronon changea & alors qu'il n'était vraiment pas du genre compatissant, il comprit la douleur qu'elle avait dû ressentir. Bon, ça non plus il ne savait pas vraiment comment ça marchait, mais ça ne devait clairement pas faire de bien & la façon qu'avait Sutton d'en parler le confirmait. « Je suis désolé... » chuchota-il, conscient qu'il avait touché un point sensible en étant si peu délicat en le lui demandant.

C'était plutôt tordu... Parce qu'en soi, quoique puisse lui dire Sutton, la décision de Ronon ne changerait pas. Certes, l'idée d'avorter prenait désormais un tout nouveau sens, mais Ronon se disait que d'avoir un enfant avec eux, là, à compter de quelques mois, serait un véritable désastre - et hors de question de laisser Sutton avoir le bébé seule & l'élever, il avait vécu comme ça & il refusait d'être ce que son père était pour lui, une pure & simple ordure. Mais comment faire comprendre ça à Sutton, sans la blesser par rapport au bébé & sans remettre en cause leur relation ? Parce que ça, le brésilien ne le voulait surtout pas : la jeune femme était un cadeau, ça faisait des mois qu'ils étaient ensemble & il ne se lassait pas d'elle, de ses caresses comme de sa conversation. Avec Sutton, il avait trouvé un alter-égo qui acceptait ses défauts comme il acceptait les siens, et lorsque toutes les considérations extérieures disparaissaient, qu'ils n'étaient plus que tous les deux dans le grand lit de la californienne, ils étaient bien. Ronon ne voulait pas abandonner ça, l'abandonner elle, mais si leurs avis divergeaient sur le bébé, qu'est-ce que ça provoquerait ?

Le jeune homme posa une main sur la joue de Sutton, cherchant encore la proximité entre leurs corps pour lui montrer que ce qu'il disait n'impliquait en aucun cas qu'ils doivent continuer chacun de leur côté. Ils pouvaient même affronter ça ensemble ! Mais un bébé... « Au risque d'insister... On lui ferait vraiment pas une faveur, à ce gosse, et on s'en ferait clairement pas à nous non plus... » reprit-il, refusant de s'énerver et optant plutôt pour une persuasion sincère : c'était tellement évident pour lui que ça devrait forcément l'être pour Sutton aussi. « Sutton, tu peux pas le garder... » termina-t-il, la voix légèrement suppliante.

Désolée c'est minuscule oh et j'ai reçu ton message, mais cette nuit, du coup... désolée ;-; je ferais plus gaffe à mon téléphone la prochaine fois ;-; en plus I need trop to party

Sutton n’avait jamais eu dans l’optique d’avouer sa grossesse passée à Ronon. Du moins, pas dans l’immédiat. A vrai dire, elle n’était même pas sûre qu’elle aurait réussi si elle l’avait voulu. Du moins dans ces circonstances un tant soit peu plus banales. Elle avait toujours gardé ça pour elle. Même ses parents n’étaient toujours pas au courant. A vrai dire, seul Trinity, l’une de ses meilleures amies, et Anton –son frère- le savait. Tyler aussi en fait, mais ça, elle était loin de s’en douter. Tout ça pour dire, qu’il y avait certaines choses qu’elle préférait garder enfouies au plus profond d’elle-même, comme si, de cette manière, la douleur en résultant finirait par disparaitre avec. Elle croyait qu’en ne mentionnant plus jamais ce malheureux évènement, il finirait par disparaitre de sa mémoire, comme cette douleur qui revenait tous les ans à la même période. Il fallait croire qu’elle s’était plantée sur toute la ligne. Elle s’en souvenait comme si c’était hier, et la douleur était toujours aussi vive. Et avec ça, toute cette histoire lui revenait en pleine tronche aujourd’hui, sans même qu’elle ne s’y attende. Elle se maudissait de ne pas avoir été plus prudente. Et elle s’en voulait de les mettre tous les deux dans cette situation alors que leur situation était déjà bien assez compliquée comme ça. « Je suis désolé... » chuchota-t-il sincèrement alors qu’elle tentait de retenir ses larmes. Elle détestait pleurer et se sentir faible. Se sentir humaine tout court en fait. Ne rien ressentir, les relations superficielles, pas de réelles attaches, tout ça, ça lui avait toujours convenu. Jusqu’au jour où elle a croisé la route de Ronon, et qui lui a montré, malgré lui, malgré eux, ce que c’était qu’avoir de vrais sentiments. Et pourtant, ils étaient loin d’avoir voulu… ‘ça’. Ca ne devait être qu’un plan cul comme les autres. Un coup d’un soir, et ça s’arrêtait là. C’était bien ça la définition ? Sans savoir franchement comment, et même à quel moment, ils en étaient venus à se revoir, à reproduire le même schéma qui ne devait pourtant pas être à répétition. Des ébats réguliers, des pulsions incontrôlables lorsqu’ils étaient à proximité, et une attention inhabituelle aux désirs de l’autre. En fait, une attention tout court à l’autre. Et ils en étaient désormais arrivés à cette conversation, garder ou non un enfant qui n’était pas franchement désiré. Ils connaissaient tous deux la réponse, même cette facette affreusement humaine de Sutton ne faisait que compliquer les choses. Pourtant, elle le savait. Elle savait qu’ils n’apporteraient rien de bon à ce gosse. Que pouvaient-ils lui enseigner ? as grand-chose, ils apprenaient encore eux-mêmes. S’il y avait bien deux personnes incapables de s’occuper d’un bébé à l’heure actuelle, c’était eux. Ils étaient des gamins qui se laissaient contrôler par leurs envies .

La main du brésilien vint se poser délicatement sur sa joue, la faisant ainsi frissonner. Le contact de sa peau lui faisait du bien, il l’apaisait malgré cette conversation difficile. « Au risque d'insister... On lui ferait vraiment pas une faveur, à ce gosse, et on s'en ferait clairement pas à nous non plus... » il avait raison, et elle le savait pertinemment, il fallait simplement qu’elle l’accepte. « Sutton, tu peux pas le garder... » Un long soupir s’échappa de la bouche de la jeune femme. Pas un soupir exprimant l’énervement, non, c’était un soupir de résignation. Un soupir qui signifiait qu’elle savait ce qu’il fallait faire et qu’elle allait s’y tenir. Pour le bien de cet enfant qui ne naitrait pas, et pour le leur. « Je sais… » avoua-t-elle en relevant la tête pour plonger son regard dans celui du brésilien. Son regard était si suppliant, que de toute façon, elle ne pourrait changer d’avis face à lui. Brusquement, elle se cala dans ses bras où elle laissa ses larmes coulées en silence. Un moyen pour elle d’évacuer tout ce qu’elle ressentait.



t'inquiète femme ♥ et re t'inquiète pour la boite :') ce week-en j'peux pas sortir ;__; mais à la rigueur, je regarde mes horaires et j'te dis ça pour la semaine pro si ça te tente *_*

Ronon appréciait Sutton, et c'était un véritable euphémisme de dire ça. A part Gabriela, aucune femme n'avait jusqu'alors eu l'importance qu'avait depuis quelques temps Sutton pour lui. Et à vrai dire, c'était aussi bien la première fois qu'il se disait que peut-être, un jour, loin des considérations de fortune de l'un que n'avait pas l'autre, d'origines, peut-être qu'un jour il pourrait fonder une famille, avec Sutton, oui... Mais clairement pas maintenant. Le jeune homme était sur le point de retrouver un travail - un ami l'avait recommandé auprès d'un garage du Queens près de là où il vivait - et il devait encore s'occuper de sa petite soeur qu'il refusait de voir se mettre en danger en s'exposant à des virus & bactéries en travaillant. Naya était fragile, & son traitement aussi devait être payé. Et puis, même ! Il n'avait ni l'âge, ni l'envie nécessaires pour avoir envie de se lancer dans une telle aventure. Les gosses, ça le dépassait totalement dans la mesure où si on le laissait tout seul avec un gamin, le pire à craindre serait soit qu'il soit retrouvé dans le four ou le frigo, soit qu'il devienne un pote de Ronon. Dans les deux cas, rien de bien conseillé.

Non, il était inconcevable de garder cet enfant & il insista donc auprès de Sutton pour bien faire comprendre ce point de vue. D'accord, le gosse naissait, et après ? Sutton lui aménagerait une chambre, et ses études, et sa vie ? Ronon serait enchaîné à jamais à un enfant qui lui aurait volé cette jeunesse à laquelle il tenait tant, c'était... Non, tout simplement non.

Sutton releva les yeux vers lui & Ronon put immédiatement y lire une grande panique. « Je sais… » murmura-t-elle avec une évidente résignation. Sentant soudainement la jeune femme se plaquer contre lui pour venir trouver du réconfort dans ses bras, le jeune homme plaça ces derniers autour du corps encore frêle de la californienne, positionnant une main dans son dos pendant que l'autre venait caresser ses cheveux à l'arrière de son crâne. Un instant plus tard, c'était son tee-shirt qui recevait quelques larmes de la jeune femme. De l'affection, ça, Ronon pouvait lui en donner : il n'était pas un professionnel en la matière, certes, mais le moment semblait tellement grave qu'il ne trouvait même pas le moyen de faire le con, ce qui aurait probablement bien détendu la situation... ou l'aurait aggravé. Enfin, quoiqu'il en soit, Sutton semblait prête à faire le nécessaire & à partir de là, le jeune homme saurait se montrer responsable. « Je te laisserais pas seule, Sutton. » souffla-t-il à la californienne avant de soupirer doucement, berçant presque le corps de la jeune femme. « Je te laisserais pas traverser tout ça toute seule, t'entends ? » reprit-il, la mâchoire serrée. Qu'il agisse de la sorte était aussi une première, il était le premier des égoïstes & n'hésitait jamais à faire passer sa flemme avant tous les évènements, grands ou petits. Mais là... Là, il sentait que Sutton avait besoin de lui, et pour elle, il était capable de - presque - tout.

Okay, on voit pour ce week-end alors (si j'ai bien compris XD) MEUF ! Marwen il continue de m'envoyer des messages t'sais j'espère que tu te souviens de sa gueule pour qu'on l'évite, parce que perso moi c'est super flou avec tous ceux qu'il y a eu à Djerba XD