Ronon ne savait pas ce qu'il faisait. Il ne savait plus ce qu'il faisait depuis presque un mois, en fait. Au boulot, ses collègues le charriaient sur son inattention et surtout, son absence d'action envers les belles plantes qui visitaient Abercrombie & Fitch dans le seul but de prendre une photo avec l'un des mannequins de la firme. Il continuait à commenter, mais il n'agissait plus. Bah alors, monsieur a subi une vasectomie ? 'Semblerait, ouais. En boîte, c'était le même rituel ; pour le jour de l'an, il avait même préféré passer son réveillon avec l'une des seules amies avec qui il était certain de ne pas recoucher alors qu'au moins une dizaine de filles lui avaient fait de l'oeil. Et encore, si Isabella ne le lui avait pas fait remarquer, il ne l'aurait sûrement même pas vu. Même Naya, au téléphone, lui avait dit qu'il "sonnait bizarre". Encore quelques jours auparavant, c'était à Bonnie qu'il s'était confié sur ses états d'âme ; un comble pour lui. Il avait l'impression d'étouffer partout où il allait, incapable de se sortir l'image d'une Sutton larmoyante lorsqu'il avait mis un terme à leurs... rencontres. Il ne savait même pas comment appeler ce qui leur était arrivé, il tentait de se mettre en tête que ça n'avait été qu'une erreur, il ne pouvait s'empêcher de continuer d'y penser. Et maintenant, il était tout seul. La pluie tombait drue sur New York depuis le début de l'après-midi ; définitivement pas un jour à foutre le nez dehors. Ronon n'en avait d'ailleurs pas eu l'intention : jusqu'à dix-huit heures, affalé sur son canapé, il s'était dit qu'il serait facile de résister à la faim. Après ça, il avait enfilé un jean et une chemise de son travail, une veste, avait enfourné ses clefs, quelques billets et son portable dans ses poches et avait claqué la porte de son appartement, se laissant guider par son estomac. Courant sous la pluie, il avait renoncé à prendre un plat à emporter et s'était engouffré dans un bar/restaurant qu'il connaissait pour être bon marché.

Voila, il y était. Lui et sa pizza. Il observa sa montre en entamant son repas et laissa son regard valdinguer d'un client à l'autre, l'esprit ailleurs. L'esprit axé sur quelqu'un d'autre, du moins. A chaque fois qu'il y pensait, il ne pouvait empêcher son coeur de se serrer : il avait l'impression d'avoir manqué quelque chose, d'avoir procédé de la mauvaise façon. Il s'était imaginé que s'éloigner de Sutton avant que leur relation ne prenne un tournant trop sentimental suffirait à effacer les dommages qu'elle avait déjà créé à sa carapace de pierre. C'était juste devenu pire : et Ronon avait beau essayer, personne ne soutenait la comparaison, il n'avait même pas envie d'aller voir ailleurs. Une fois sa pizza terminée, il se déplaça vers le bar et commanda un premier Cuba Libre, toujours plongé dans ses pensées. Le goût du rhum le replongea immédiatement dans ses souvenirs d'enfance et, par conséquent, à Gabriela. C'était de sa faute si il était dans cette situation, et c'était bien la première fois qu'il la blâmait pour quelque chose. Il avait l'impression de se battre contre elle dans sa tête, parce que ce n'était désormais plus sa culpabilité envers elle qui le hantait, mais celle qu'il éprouvait envers Sutton. Quoiqu'il en soit, il n'avait de toute façon pas l'habitude d'être agité par tant de sentiments, et rien que ça suffisait à le perturber. En commandant son deuxième verre, il se fit la réflexion qu'il était devenu une vraie fille. Il ne faisait pas tant d'efforts que ça non plus. Il n'avait pas envie d'oublier Sutton, d'oublier l'idée qu'un soir, elle avait posé son menton contre son torse et lui avait raconté des stupidités qui l'avaient étrangement intéressé, d'oublier ses courbes, la douceur de sa peau, l'odeur de ses cheveux, le regard qu'elle plantait dans le sien au moment de l'orgasme. En un mois, il n'avait fait aucun progrès de ce côté-là. A son troisième verre, il se dit qu'en fin de compte, il était juste vraiment très con. Ce qu'il voulait, c'était Sutton, c'était évident. Seulement, c'était lui qui l'avait repoussée, est-ce qu'il y avait statistiquement des chances qu'il puisse rattraper ça ? Elle avait peut-être parfaitement tourné la page, comme il aurait dû le faire. Et puis, qu'est-ce qu'il s'imaginait ? Elle était aussi instable que lui, ça ne les empêcheraient pas de retomber dans une spirale infernale qui ne les conduiraient qu'à plus de mélodrame. C'est en terminant d'un cul sec son cinquième verre qu'il prit sa décision. Déposant tout son argent sur le bar, il se leva rapidement et enfila sa veste avant de sortir dans la nuit qui était tombée et de se perdre dans les tréfonds du métro new-yorkais.

En arrivant devant la porte de l'appartement de Sutton, il était dégoulinant de pluie. Il n'y avait même pas fait attention, à vrai dire ça lui avait même plutôt rafraîchi les idées. Pendant le trajet, il avait eu l'impression d'être redevenu le vrai Ronon, celui qui agissait plutôt qu'il ne réfléchissait, qui laissait ses instincts le guider et à bas les conséquences. Il n'hésita pas avant de sonner puis de taper deux coups à la porte de la jeune femme. Il se balança d'un pied sur l'autre, soudainement stressé, mais tout s'évanouit lorsque la porte s'ouvrit sur la silhouette d'une brune à laquelle il n'avait fait que rêver depuis un mois. Il avança d'un pas et planta son regard dans le sien. Son expression était partagée entre l'appréhension et l'assurance, un mélange paradoxal qu'elle n'eut cependant pas le luxe d'admirer bien longtemps. En un instant, Ronon franchit l'espace qui les séparaient et glissa sa main sur la joue de Sutton, relevant son visage pour sceller leurs lèvres dans un baiser où il déversa toute sa frustration, entourant possessivement sa taille de son autre bras pour la rapprocher de lui.

Un mois. C’était la durée depuis laquelle Sutton envoyait chier tous ceux se trouvant sur son passage ou osant déranger son quotidien. Quotidien qui ne se résumait d’ailleurs plus à grand-chose. Elle allait en cours –quand l’envie lui prenait, c’est-à-dire deux fois dans la semaine grand maximum, elle allait au stand de tir et elle rejoignait parfois Aloysia, sa meilleure amie, dans un bar de la ville. Comme cette dernière ne cessait de lui répéter, elle était Sutton Webster-Monroe et ce n’était pas un mec qui allait l’abattre. Hum plus facile à dire qu’à faire. Le résultat était là. Aussi pathétique que ça avait l’air –et ça l’était sans doute, elle ne pensait qu’à Ronon. Lui et encore lui. Elle avait l’impression d’être la caricature même de ses filles qui arrêtent de vivre lorsqu’elles se font plaquer. A la différence près qu’elle et le brésilien n’avaient jamais formé un couple.
Elle avait réduit le nombre de ses sorties, et elle avait fait un tri dans les lieux. Un soir, elle s’était rendue à l’Awesome, bar branché de la ville qu’elle avait l’habitude de fréquenter. Et lui aussi d’ailleurs. Ce soir-là, elle n’avait pas lâché la porte d’entrée des yeux, espérant à chaque fois que la porte s’ouvrait, qu’elle verrait Ronon entrer avec son assurance habituelle. Mais non, ce soir-là, il n’était pas venu. C’est là qu’elle avait décidé de ne plus venir. Elle ne supportait pas de se voir comme ça, à attendre qu’il se pointe sans avoir pour autant la certitude qu’il le ferait ou même qu’il remarquerait sa présence. Puis elle finissait par rentrer chez elle, la tête enfoncée dans l’oreiller à pleurer, pour finalement s’endormir et se réveiller quelques heures après et pleurer sans la moindre raison. Son propre comportement lui faisait pitié. Elle réagissait de la même manière que ses filles dont elle se foutait et qu’elle n’avait jamais compris jusque-là. Pleurer pour un mec ? Absurde. Peut-être pas tant que ça finalement.
Puis un jour, elle a fini par se réveiller et ne plus pleurer, sans comprendre pourquoi. Combien de nuit avait-elle passé, les dents dans l’oreiller ? Elle voulait retrouver les larmes et la douleur. Elle préférait ça finalement. Elle était devenue un manque, un amas de nuits blanches. Voilà ce qu’elle était, un estomac qui se vomit, puis la douleur s’est estompée et elle a connu autre chose. Et c’était pas mieux, c’était le vide.

Maintenant, ça faisait bientôt un mois… un mois qu’elle avait quasiment toujours la même chose. Affalée dans son canapé, à regarder des émissions ou des séries télé toutes plus débiles et inintéressantes les unes que les autres, avec pour seuls compagnie son chat, sa chienne et une bouteille de vin rouge. N’allez pas croire qu’elle buvait à s’en rendre malade juste pour oublier ou pour atténuer la douleur. Non, elle buvait pour s’endormir plus facilement, pour avoir l’esprit plus léger, et parce qu’elle ne voulait rien faire d’autre de son temps. Anton, son frère, lui avait rendu visite, bien que pour la première fois de sa vie, Sutton n’avait pas franchement eu envie de le voir. Il ne l’avait simplement pas reconnu. Elle ne le provoquait pas, elle ne riait pas. Elle était l’ombre d’elle-même comme il le lui avait fait remarquer. Peut-être bien. Ca finira par passer qu’elle lui avait répondu.

Son chat sur les genoux, Sutton le caressait, comme tous les soirs en ce moment, et ce n’est pas lui qui allait s’en plaindre. Mais la sonnette de sa porte d’entrée se fit entendre. Elle soupira, se demandant par la même occasion si elle allait daigner se lever pour voir qui était à la porte. Une seconde de réflexion, puis deux, non, elle n’avait franchement envie de personne. Peu importe qui. Seulement elle entendit frapper à la porte en plus de la sonnerie. Elle posa finalement son verre de vin sur la table basse et posa son chat par terre pour se diriger vers la porte d’entrée, résignée à dégager rapidement le mystérieux individu s’énervant sur sa porte.
Elle ouvrit alors la porte et fut juste stupéfaite de voir qui se trouvait devant elle. Plusieurs jours après leur fin de relation, elle avait espéré qu’il change d’avis et qu’il vienne sonner à sa porte, un peu comme aujourd’hui. Elle avait attendu, encore et encore, avant de finalement se faire une raison. Il ne reviendrait pas. Seulement là, il se trouvait bel et bien à l’entrée de son appartement, ruisselant à cause de la pluie qui tombait. Elle était partagée entre lui claquer la porte au nez –sous le coup des nerfs qui avaient horriblement envie de lacher- et l’irrésistible envie de lui sauter au cou. Elle n’eut pas le temps de décider quoique ce soit qu’il s’avança de lui-même, comblant ainsi l’espace qu’il y avait entre eux. Il glissa sa main sur la joue de la jeune femme et rapprocha par la même occasion leurs visages avant de l’embrasser. Un baiser comme elle en avait rêvé depuis plusieurs semaines. Un baiser comme seul lui savait lui donner. Rapidement, Sutton glissa ses bras autour du cou de Ronon, tandis qu’elle déversait toute sa frustration, son manque et sa passion dans leur baiser. Il passa sa main autour de sa taille, la rapprochant alors un peu plus de lui. La sensation de son corps contre le sien lui avait manqué. Beaucoup trop et elle le savait. Son cœur battait à cent à l’heure et elle resserra son étreinte, comme si elle avait peur que ça ne soit qu’un rêve et qu’il disparaisse ou s’en aille. Leurs lèvres finirent pas se séparer légèrement, à contre cœur, cependant, ils étaient toujours aussi proche l’un de l’autre. Leurs fronts posés l’un contre l’autre, elle avait son regard plongé dans le sien, comme pour tenter de savoir ce qu’il avait en tête. Peu importe. Délicatement, elle captura de nouveau ses lèvres pour un baiser plus tendre qui ne tarda pas à s’intensifier.

Retrouver son chemin sur le corps de Sutton était presque trop facile. Son front collé à celui de la jeune femme, le souffle déjà court, le regard planté dans le sien, il ne cherchait même pas à s'éclaircir les idées. Tout ce qu'il voyait, c'était le corps de Sutton pressé contre le sien, leurs lèvres à quelques centimètres l'une de l'autre, et son regard plein d'interrogations auxquelles lui-même n'avait pas cherché de réponse. Il la voulait, c'était sa seule motivation.

Lorsque Sutton l'embrassa à son tour, il ne se fit pas prier pour répondre à son baiser. A la tendresse qu'elle y apportait, il ajoutait la hâte, le besoin. Il avait besoin d'elle, comme un drogué pouvait avoir besoin de sa dose après un mois à délirer, l'estomac noué. La main sur sa joue alla se perdre dans ses cheveux, redescendant rapidement dans sa nuque avant de positionner ses deux bras autour de la taille de la jeune femme pour la porter. Il regardait à peine autour de lui, incapable de séparer ses lèvres de celles de la jeune femme. La soutenant d'une main, il remonta une main sur son visage pour l'attirer encore plus contre lui, si c'était seulement possible. Il avança jusqu'au salon, se guidant plus au souvenir qu'autre chose, et la déposa sur une commode, ne s'éloignant d'elle de quelques centimètres qu'à ce moment-là pour admirer son visage. Il replaça une mèche de cheveux de la jeune femme, le regard brillant, avant de laisser son index glisser sur sa joue pour s'égarer sur ses lèvres. Ses yeux remontèrent vers ceux de Sutton et un léger sourire vint éclairer son visage ; un sourire satisfait, heureux, sûrement l'un des plus sincères qu'il n'ai jamais donné en quatre ans. Il n'avait pas envie de parler, de mettre les détails au point, il ne trouvait même pas ça nécessaire. Il voulait Sutton, c'était plus fort que lui. A partir de là, et avec seulement cette idée, il considérait son plan complet ; le reste, s'il devait y en avoir, il s'en foutait totalement. Alors, après un silence où leurs regards étaient plongés l'un dans l'autre, ses lèvres vinrent retrouver celles de Sutton, ne les séparant que le temps de passer le haut de la jeune femme par-dessus sa tête, en profitant pour retirer sa veste qu'il fit tomber au sol. Il laissa ses baisers dévier jusqu'au cou de la jeune femme et laissa courir ses doigts sûrement encore un peu rafraîchis par l'extérieur sur ses hanches avant de la porter de nouveau.

Il la soutint dans le couloir jusqu'à sa chambre, faisant réellement comme si c'était chez lui, et ne prit même pas la peine d'allumer les lumières avant de se laisser entraîner sur le lit en y déposant Sutton. Son coeur semblait prêt à s'évader de sa poitrine tellement il cognait fort et vite. Il s'attaqua de nouveau à son cou, inspirant l'odeur de ses cheveux, avant de descendre goûter sa peau, laissant des baisers papillons sur son passage, laissant glisser ses doigts le long des coutures de son soutien-gorge et descendant finalement jusqu'à son nombril, puis la limite de son pantalon qu'il déboutonna en embrassant sa peau. En passant deux doigts de chaque côté du vêtement, il le retira et le jeta au loin avec le même traitement qu'avait subi sa veste, laissée à l'abandon. Il remonta alors pour emprisonner ses lèvres une nouvelle fois, toujours aussi fougueux, hâtif et passionné. Ronon avait totalement éteint son esprit de réflexion, et en collant de nouveau son corps contre la chaleur de Sutton, un sourire apparut sur ses lèvres ; oui, qu'il le veuille ou non, Sutton le rendait heureux.

Sutton aimait ce qu’elle ressentait, là, maintenant. Non seulement elle avait de nouveau le corps de Ronon contre le sien, ce qui en soit était déjà énorme, mais sa façon de l’embrasser était tout bonnement divine. Il ne faisait pas que l’embrasser, un tas d’émotion en ressortait et ça lui plaisait vraiment. Elle n’avait plus l’impression d’avoir été la seule à avoir trouvé ce mois difficile, à avoir attendu de le revoir. Et elle n’avait plus l’impression d’être la seule avoir réellement souffert du manque qu’il avait causé. A la manière dont il l’embrassait, c’est ce qu’elle ressentait, que lui aussi avait ressenti tout ça et qu’il n’en pouvait plus.
La main qu’il avait glissé sur sa joue dériva jusque dans ses cheveux pour finalement positions ses deux mains sur ses hanches et la porter. Elle s’agrippait à lui comme si sa vie en dépendait, comme si elle risquait sa vie en le lâchant tandis que leurs lèvres ne se lâchèrent pas. Sutton se foutait d’où il l’emmenait. La chambre, le salon, la salle de bain, ou même le sellier, peu importe tant qu’ils y étaient tous les deux. Mais au chemin qu’il semblait emprunter elle penchait pour le salon. Il la déposa finalement sur l’une des commodes et s’éloigna légèrement de son visage. Pendant quelques instants, ils se fixèrent, leurs regards plongés l’un dans l’autre. Elle sourit en voyant les yeux du brésilien briller, elle avait l’impression de pouvoir respirer de nouveau. Elle avait l’impression d’avoir étouffé pendant un mois, un mois qui lui avait paru une éternité. Ses lèvres retrouvèrent rapidement celle de Ronon avant de brièvement se requitter lorsqu’il la débarrassa de son haut. Elle ne put réprimer un frisson lorsqu’il sentit ses doigts, froids, parcoururent son dos et atterrir sur ses hanches. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, sa fraicheur était loin d’être désagréable.

Sutton se laissa finalement porter jusqu’à sa propre chambre où il la déposa sur le lit avant de lui-même s’y laisser entrainer. Il retrouva rapidement le chemin de son cou, où il déposa des baisers tandis qu’elle frissonnait de plaisir ou lorsqu’elle sentait son souffle chaud lui chatouiller la peau. Il descendit finalement, doucement. Sa poitrine, son vente. Arrivée à hauteur de son nombril, il déboutonna son pantalon avant de finalement l’en débarrasser, jeté au loin. Rapidement, il captura de nouveau ses lèvres, et elle ne se fit pas prier pour lui répondre tout aussi passionnément. Ses mains retrouvèrent facilement le chemin de ses épaules, de son dos, où elle prit un malin plaisir à laisser des marques de son passage sous l’effet des baisers du brésilien. D’une galipette habile, elle retourna la situation, se retrouvant au-dessus de Ronon, à califourchon. Elle ne put s’empêcher de savourer ce moment, quelques secondes. Il la regardait, se demandant peut-être ce qu’elle attendait ou ce qu’elle fixait avec autant d’intensité. Simplement lui, elle profitait. Il lui avait manqué, et maintenant, il était là. Elle se mordit la lèvre inférieure par envie, avant d’attraper le haut de Ronon par le bas et le lui enlever. Le vêtement trouva la même place que les autres : sur le sol. Son regard s’attarda sur ses abdos, sur son torse, avant de remonter jusqu’à celui du brésilien. Ce corps. Cette perfection lui avait manqué, elle n’en avait pas oublié le moindre détail, et le retrouver maintenant était un véritable bonheur. Elle se rapprocha finalement de son visage, à quelques centimètres de ses lèvres. Ses boucles pendaient et encadraient sa gueule d’ange. Un sourire vint une nouvelle fois éclairer son visage avant de reprendre possession des lèvres de Ronon dans un baiser pour le moins fougueux. Sans lâcher ses lèvres, ses doigts glissèrent délicatement jusqu’au bouton du pantalon du beau brun, qu’elle défit sans grande difficulté. S’écartant légèrement de son visage, elle le débarrassa de son pantalon avant de poser ses lèvres sur son bas ventre et l’y embrassant. Elle remonta doucement jusque dans son cou où elle pouvait sentir son parfum. Parfum qui l’avait hanté ses nuits et qui lui avait manqué comme elle n’aurait pu l’imaginer. C’est finalement vers ses lèvres qu’elle revint, en prenant possession, et la tendresse d’il y a quelques secondes ayant fait place à la passion.

Ce n'était pas la première fois que l'atmosphère devenait intense entre eux, que leurs gestes devenaient plus précis. Ils avaient même fait du sexe leur credo régulier pendant un temps, à se dire que c'était presque devenu une passion. Ronon connaissait ses habitudes, ses préférences, mieux que celles de n'importe qui d'autre. Seulement, cette fois, il avait l'impression de sortir du plus difficile des sevrages, et il redécouvrait entièrement le corps de Sutton ; il s'attardait sur chaque parcelle de sa peau, frissonnait sous ses caresses. Il se laissa totalement faire lorsqu'elle réclama le contrôle, ses mains retrouvant immédiatement leur place sur ses hanches une fois qu'elle fut à califourchon sur lui. Alors qu'elle l'observait, il effleura des doigts les cuisses de la jeune femme, se redressant légèrement lorsqu'elle chercha à retirer son haut et la laissant le lui retirer.

Elle le rendait fou. Il n'avait qu'une seule envie, c'était de se redresser pour coller de nouveau leurs corps et sceller de nouveau leurs lèvres. Rester plantée au-dessus de lui n'arrangeait pas les choses, ça ne faisait que l'exciter encore plus. Même lorsqu'elle fut de nouveau tout près d'elle, il la laissa encore une fois prendre l'initiative de l'embrasser, s'empêchant même de briser leur silence en lui avouant qu'elle le mettait dans tous ses états, il ne doutait pas qu'elle s'en soit déjà rendue compte. Au moins, il avait cette certitude : ce n'était pas comme si il s'invitait chez elle et la forçait à le reprendre, le plaisir de se retrouver était définitivement réciproque. Dès qu'elle s'invita près de la commissure de son pantalon, son souffle devint court. Lorsqu'elle embrassa la peau de son bas-ventre accessible, il releva par réflexe son bassin et se mordit la lèvre inférieure de frustration en sentant la jeune femme remonter le long de son corps après avoir retiré son jean. Dès qu'elle l'embrassa, il reprit le contrôle de la situation et positionna une main derrière sa tête pour l'attirer contre lui. Il redressa la partie supérieure de son corps sans que la distance n'augmente avec Sutton et, d'une main experte, dégrafa l'attache de son soutien-gorge avec sa main de libre avant de laisser glisser les bretelles le long des bras de la jeune femme. Ses lèvres trouvèrent leur place dans le cou de la jeune femme, qu'il inonda de baisers avant de descendre jusqu'à sa poitrine. Ses bras se déplacèrent le long du dos de la jeune femme et, en un instant, il s'était replacé au-dessus d'elle et l'avait reposée sur le matelas. Scellant leurs lèvres de nouveau, il ne se gêna pas pour laisser ses mains partir en exploration le long du corps de la jeune femme, s'attardant sur les points qu'il savait sensibles, souriant à travers leur baiser à chaque fois qu'il obtenait une réaction. Finalement, il stoppa leur baiser et en déposa un léger sur son nez avant de se redresser juste assez longtemps pour retirer le dernier vêtement de la jeune femme et le balancer à l'aveuglette sans quitter Sutton des yeux bien qu'ils soient dans la demi-pénombre. D'autorité, il prit l'une des jambes de la jeune femme et embrassa son genou avant de remonter ses baisers le long de l'intérieur de sa cuisse, lui lançant de temps à autre un regard pour jauger ses réactions. Il s'étonnait de sa douceur, et il s'étonnait encore plus d'être aussi excité du plaisir de quelqu'un d'autre. Avec Sutton, tous ses principes étaient bouleversées. L'une de ses mains remonta jusqu'à la poitrine de la jeune femme et un nouveau sourire traversa son visage. Il aimait le sexe, c'était un fait, mais l'apprécier à ce point, c'était une première.

Lorsqu'il remonta de nouveau le long du corps de la jeune femme, son souffle était une nouvelle fois court. Il se pressa contre elle sans ménagement, embrassant sa mâchoire avant de mordre sa lèvre inférieure et de plonger de nouveau son regard, cette fois-ci carrément lumineux, dans celui de la brune.

Si Sutton savait bien une chose, c’était que Ronon aimait contrôler. Mais elle… ce qu’elle l’aimait, c’était se faire désirer et le rendre dingue. Et pour le moment ça marchait plutôt bien. Plantée au-dessus de lui, elle voyait bien qu’il ne cherchait qu’à re-gouter à ses lèvres, une fois de plus, mais elle le faisait attendre, encore et encore. Et ça l’amusait. Elle ne put que remarquer sa réaction lorsqu’elle s’aventura à l’embrasser à la limite de son boxer, ce qui la fit sourire de plus bel, ravie de l’effet que ça provoquait. Arrêtant la torture ici, elle était remontée jusqu’à ses lèvres, et ce fut le moment qu’il choisit pour reprendre le contrôle de la situation et la débarrasser d’un geste habile, de son soutien-gorge. Bien qu’elle aimait –adorait, avouons-le- rendre fou Ronon et avoir le contrôle, elle ne pouvait nier que lorsqu’il prenait les choses en main, ce n’était pas à moitié. C’était bon. Trop même. Dès que c’était fini, elle en redemandait. Toujours plus. Elle pouvait le comparer à une drogue. Lorsqu’elle prenait sa dose, c’était l’extase mais dès que les effets bénéfiques commençaient à s’estomper il lui en fallait une nouvelle. Et c’était sans doute ce qui expliquait la fréquence de leurs relations sexuelles, qui n’avait fait qu’augmenter avec le temps. Du moins, si on ne tenait pas compte du mois qui venait de passer.

Ronon scella leurs lèvres dans un énième baiser tandis que ses mains parcouraient librement le corps de la jeune femme. C’était aussi ça qu’elle aimait avec le brésilien. Il la connaissait, elle et son corps. Il connaissait ses zones sensibles et la manière de lui faire plaisir. Il savait comment s’y prendre pour faire durer le plaisir. Leurs lèvres se séparèrent l’espace de quelques instants lorsque le brésilien se recula pour la défaire de son dernier vêtement qui valdingua dans un coin de la chambre, comme le reste. Et là ce fut elle qui voulait se redresser pour être de nouveau en possession de ses lèvres, mais il semblait avoir autre chose en tête vu que ses lèvres se déposèrent sur son genoux, puis sur l’intérieur de sa cuisse, lui valant un frisson dans son bas ventre qui remonta jusqu’à sa nuque. Les baisers de Ronon s’intensifiaient et remontaient le long de l’intérieur de sa cuisse. Son corps tout entier en frissonna. Plus il continuait, plus sa respiration devenait saccadée. Elle avait presque oublié ce que c’était. Presque. Heureusement, il était là pour le lui rappeler, à la perfection.

Finalement, Ronon remonta doucement jusqu’à elle, l’embrassant sur la mâchoire avant de plonger son regard dans le sien. Son regard brillait, sans doute autant que celui de Sutton. Il avait l’air heureux, et c’est ce qui illumina le visage de Sutton. Alors ça ne tenait qu’à ça le bonheur ? Etre avec une personne qui nous faisait nous sentir bien ?
Sutton se mordit la lèvre inférieure tandis que ses mains glissaient lentement jusqu’au boxer du beau brésilien. Il était étonnant qu’il soit encore pourvu d’un quelconque vêtement. Peu importe, la jeune Californienne l’en débarrassa rapidement alors que ses mains parcouraient minutieusement le corps de Ronon. Les jambes de la jeune femme vinrent se caler le long des hanches du brésilien qui, comprenant le message, la pénétra tout aussitôt. Un soupir de contentement s’échappa de la bouche de Sutton alors qu’elle glissa sa main derrière la tête de Ronon pour l’approcher un peu plus encore –si c’était possible- d’elle pour capturer ses lèvres. C’était indéniable elle était accro. Plus de trente secondes sans pouvoir l’embrasser était un véritable supplice. Elle avait besoin de lui.

Au fur et à mesure que ses mouvements de bassin s’intensifiaient, les ongles de Sutton s’enfonçaient un peu plus dans la peau mate du brésilien, allant de pair avec le plaisir qui s’accroissaient. L’étreinte de ses mains autour des épaules de Ronon se resserrait avant de finalement les relâcher pour aller s’aventurer dans son dos.

Ronon était à la fois sûr de lui comme jamais et en même temps, la confusion l'envahissait. Son esprit était focalisé sur ses sensations et il en oubliait jusqu'à son nom, où il se trouvait, il n'y avait que Sutton et lui, nus, l'un contre l'autre, dans une étreinte à laquelle il avait rêvé pendant un mois. Il n'y avait plus de Gabriela, de sécurité, d'immigration, plus rien que cet instant, lorsqu'ils ne firent plus qu'un et qu'il sentit le souffle de Sutton s'intensifier contre ses lèvres. Il n'était pas question de fantaisies, d'expérimentations, de sexe pour s'amuser, mais seulement d'être toujours plus proche de Sutton, de combler cet espace qu'il avait eu si peur d'avoir rendu infranchissable, de prendre possession de tout son être, de la faire sienne.

Ronon ne tarda pas à gémir à son tour, bien que ça ressemble plus à un grognement ; il ne savait pas si c'était physique, si c'était le plaisir ou la douleur des ongles de Sutton contre la peau de son dos, ou si c'était psychologique, si c'était ce flot de sentiments qui transformait son corps en boule de sensations et son coeur en sprinteur, mais à vrai dire il s'en foutait. Il mordit une nouvelle fois les lèvres de la brune et, en accélérant la cadence, vint loger son visage dans la nuque de la jeune femme avant de mordre son épaule. Finalement, il appuya ses deux mains de chaque côté du visage de Sutton et se releva légèrement, les sourcils froncés sans ralentir, le souffle court et une envie profonde de se retrouver de nouveau contre la chaleur de la jeune femme. Il ne se retira et se redressa sur ses genoux que pour inciter la jeune femme à se retourner et, immédiatement, l'attira de nouveau contre lui en plaçant l'un de ses bras autour de la taille de la jeune femme, entourant son ventre, et l'autre laissant sa main logée contre son sein, avant de la pénétrer de nouveau et de laisser son visage se perdre dans les cheveux de Sutton. Il écarta finalement les cheveux de la jeune femme et embrassa son épaule en accélérant la cadence de nouveau, serrant son emprise contre son corps comme s'il avait peur qu'elle s'enfuie ou qu'elle disparaisse.

Il ne sut pas combien de temps ça avait duré. Une heure, peut-être plus, peut-être moins. Ce n'était jamais assez, cependant. C'était un besoin insatiable, il en avait constamment besoin, et après s'être fait passer par l'enfer pendant un mois, il avait l'impression d'avoir beaucoup à rattraper. Bientôt, tout ça ne fut plus qu'un gros nuage de plaisir ; ses mains valsant entre sa poitrine, ses hanches, ses cuisses, il ne savait plus où donner de la tête, et même si il avait voulu arrêter, son bassin était devenu autonome et il en aurait été incapable. Peu importait la position, la fatigue, tout ce qu'il voulait c'était sentir Sutton contre lui, toujours plus proche.

Les ongles de Sutton dans le dos de Ronon le firent gémir, de plaisir ou de douleur, aucune idée. Mais il ne semblait pas s’en plaindre. Le brésilien accéléra la cadence tandis qu’il l’embrassa de nouveau avant de lui mordre la lèvre inférieure, la faisant sourire par la même occasion. Le visage du beau brun vint se réfugier dans la chevelure de Sutton avant d’appuyer ses deux mains de chaque côté de son visage pour prendre appui et se relever légèrement. Il se retira et l’incita à se retourner, changeant ainsi de position. Il la pénétra de nouveau, tandis que ses mains retrouvèrent leur place sur le corps de la jeune femme.
Sutton n’avait plus conscience du monde qui l’entourait. Elle ne savait plus où elle était, chez elle ou non, en Californie ou à New York, l’heure qu’il était ou même qui elle était vraiment. Plus rien n’avait d’importance, son adoption, ses parents biologiques, sa sœur jumelle, les piratages. Plus rien si ce n’est Ronon et le plaisir qu’ils partageaient en ce moment même. La seule chose dont elle se souvenait, c’est le mois qu’elle venait de passer, séparer de lui, complètement en manque et paumée. Qui aurait cru que Sutton Webster-Monroe serait sentie aussi seule et perdue sans une présence masculine ? Sans sa présence. Elle-même avait toujours du mal à admettre qu’elle avait besoin de lui. Ce besoin était viscéral. Elle avait besoin de lui. Ou alors elle avait la désagréable sensation d’étouffer.

Ca avait pu durer des heures comme seulement une heure qu’elle n’aurait pas fait la différence. Lorsque a fatigue s’était fait sentir du côté du brésilien, Sutton avait inversé la tendance pour prendre le contrôle en se mettant au-dessus. Puis il reprenait sa place bien vite alternant des mouvements de bassins tantôt doux et délicats, tantôt plus bestiaux, arrachant par la même occasion des gémissements de plaisir de la jeune Californienne. Ce n’était pourtant la première fois qu’ils partageaient un moment intense ou qu’ils s’envoyaient en l’air. C’était devenu régulier presque habituel. Elle ne s’en était pourtant pas lassée, et ça devenait toujours meilleur, toujours plus bon. Plus d’attentions, et plus de plaisirs. Mais ce soir, ce n’était pas comme d’habitude. C’était plus… passionné, et elle aurait pourtant cru que ce n’était pas possible, plus intense, mais aussi plus doux, plus tendre, ce qui était plutôt inhabituel entre eux. Sutton avait toujours aimé le coté bestial du brésilien, mais elle devait reconnaitre que la tendresse lui allait tout aussi bien.

Elle n’aurait su dire au bout de combien de temps ils s’arrêtèrent, le souffle court, haletant, mais le sourire aux lèvres. Tandis que Ronon se retira pour se laisser retomber sur le dos, Sutton vint se blottir contre lui alors que son bras encerclait sa taille. Leurs corps étaient brulants, et il y avait de quoi. C’était sans doute l’une des meilleures sensations qu’elle connaissait. Si ce n’est la meilleure : sentir le corps chaud du brésilien contre le sien. Et c’est dans cette position qu’elle s’endormit, le sourire aux lèvres. Elle aurait été incapable de dire si elle s’était endormie en cinq minutes ou si elle restait éveillée une heure avant de sombrer dans les bras de Morphée –et ceux de Ronon par la même occasion. Elle ne se préoccupait pas du lendemain, à savoir ce qu’il se passerait, ce qu’ils se diraient et où ils en étaient. Comment ils allaient gérer… ça, peu importe le nom que ça portait. Elle s’en foutait parce qu’il était revenu et qu’elle savait qu’il lui avait manqué.

Lorsque Ronon était retombé sur le matelas, essoufflé et épuisé, il avait senti le corps tout aussi brûlant de Sutton se presser contre le sien, et c'est tout naturellement qu'il avait entouré sa taille de son bras pour la rapprocher de lui. Les yeux clos, sa joue contre la tête de la jeune femme, il respirait irrégulièrement mais un sourire avait pris place sur son visage. Ses lèvres vinrent embrasser le haut du crâne de la jeune femme et il resserra son étreinte. En calant sa respiration sur celle de Sutton, il réussit à se calmer relativement rapidement. Il la sentit s'endormir contre elle, sa tête s'alourdir sur son torse, et se laissa à son tour emporté par un sommeil qui, pour la première fois en un mois, fut paisible.
Il se réveilla avant le lever du soleil, en profitant pour remonter un drap contre leurs corps nus. Il fut étonné de remarquer que Sutton était toujours collée contre lui alors que, d'ordinaire, il avait du mal à dormir avec quelqu'un et avait souvent besoin de son espace pour dormir correctement. Et pourtant, lorsqu'il ferma les yeux, il se rendormit aussitôt.

Lorsque le soleil vint lécher la peau dorée du jeune homme, celui-ci en sentit immédiatement la chaleur. Il bougea un cil mais se résigna à se réveiller totalement. Tout autour de lui flottait le parfum de Sutton. Encore à moitié endormi, il fronça les sourcils lorsqu'un bruit étrange lui parvint. Il grogna légèrement, et ouvrit les yeux avant de les plisser pour regarder la porte de la chambre. Il bailla, crut entendre le générique des informations et reconnut la voix du présentateur qu'il avait d'ailleurs observé longuement le mois passé, lui qui passait rarement du temps devant la télé à part pour jouer à des jeux vidéo. Le jeune homme tourna la tête vers une Sutton endormie et, avec toute la délicatesse possible, délogea son bras pour se lever. Comme d'habitude nullement gêné par sa nudité, il traversa le long couloir pour se rendre dans le salon et chercha la télécommande sur le canapé avant d'éteindre la télévision. Il en profita pour regarder l'heure : 9h17. Il se rendit jusqu'à la cuisine et se servit un verre d'eau avant de le boire d'une traite, passant une main fatiguée sur son visage en reposant son verre. Ses deux mains se posèrent sur le plan de travail et il s'y appuya un instant, pris d'un soudain mal de tête. Il n'avait pas bu tant que ça, la veille, mais ça suffisait à lui coller une petite migraine. La veille, d'ailleurs, avait été... plutôt intense. Cette fois-ci, il leva les yeux au ciel : voila ce que c'était, que de réfléchir en buvant des Cuba Libre, on finissait par céder à toutes ses pulsions. Lui qui s'était fait un devoir de ne plus perturber Sutton s'était imposé chez elle et en elle. En revenant, est-ce qu'il ne sous-entendait pas forcément qu'il voulait quelque chose de sérieux avec elle ? Parce qu'il ne savait clairement pas où s'en tenir, autant pour lui-même que pour leur situation. Il retourna jusqu'à la chambre, de nouveau envahi par des pensées contradictoires.

Arrivé dans l'encadrement de la porte, il y resta un instant, le regard rivé sur le lit. Sutton y était toujours endormie et le drap laissait parfaitement deviner les courbes qui se cachaient dessous. Il s'approcha silencieusement et posa un genou sur le matelas. Son doigt vint replacer une mèche des cheveux de la jeune femme derrière son oreille et son sourire reprit place ; il ne pouvait pas le nier, il avait besoin d'elle. Il avait besoin de sa chaleur, de sa tendresse, de son côté sauvage aussi, de la sentir contre lui, ou au moins près de lui. Il avait beau avoir voulu arrêter la machine, elle était déjà instoppable, il était déjà allé trop loin. Il s'allongea de nouveau dans le lit et remonta le drap jusqu'au bas de son torse. Finalement, il pivota pour se mettre sur le côté, face à Sutton, et il l'observa dormir un instant avant de se mordre la lèvre inférieure et, ne résistant pas à l'envie de toucher sa peau, il se mit finalement à effleurer son avant-bras des doigts, de haut en bas, sans oser la réveiller plus brusquement. Il n'avait aucune idée de ce qu'il allait lui dire, il n'avait rien à lui proposer, sûrement même rien à lui offrir, encore moins à lui expliquer.

Sutton venait de passer une nuit comme ça faisait longtemps qu’elle n’en avait pas passé. Et pas seulement pour la partie intense. Certes, ça faisait bien un mois qu’elle n’avait plus eu ce genre de plaisir, mais ça faisait aussi un mois qu’elle n’avait pas dormi aussi paisiblement. Ses nuits précédentes n’avaient été qu’un enchainement de nuits blanches, ou dans le meilleur cas, de nuits agitées. Elle s’endormait facilement, et se réveillait constamment, l’estomac noué, pour remettre une heure à s’endormir. Alors que cette nuit, c’était tout le contraire. Elle avait simplement dormi comme un bébé. Elle avait rapidement sombré dans les bras de Morphée, collée contre le corps brûlant de Ronon. Et même si elle s’était réveillée une fois dans la nuit, elle s’était rendormie tout aussi vite dans les bras du brésilien. Elle qui pourtant avait la fâcheuse tendance à avoir besoin d’espace, à ne pas supporter dormir coller à un radiateur, il s’avérait que Ronon faisait exception à la règle, tout comme l’avait été Tyler. Peut-être qu’en fait, seuls ceux à qui elle tenait faisaient exceptions à la règle.

Son bras la chatouillait, mais elle ne voulait ouvrir les yeux et réellement se réveiller. Elle ne voulait se dire que cette nuit avait touché à sa fin et qu’une nouvelle journée commençait. Qui sait, peut-être serait-elle meilleure que les dernières qu’elle avait passé, ou peut-être pas. Finalement, elle se décida à ouvrir doucement les yeux, se rendant compte que l’agréable sensation qu’elle ressentait était due, une fois de plus, à Ronon qui lui caressait délicatement le bras. Elle le vit allongé sur le flanc, tandis que sa main faisait un mouvement de va-et-vient sur son avant-bras. Elle ne put s’empêcher de sourire en le voyant, avant de rapidement tournée la tête, presque gênée qu’il ne la regarde dormir. Sutton connaissait rarement la gêne, mais sans savoir pourquoi, elle sentit le rouge lui monter aux joues en pensant qu’il la regardait dormir. Après quelques secondes, elle retourna la tête vers lui, et se mordit la lèvre inférieure avant de prendre la parole. « Ca fait longtemps que t’es réveillé ? » se demandant par la même occasion s’il avait passé une nuit aussi agréable que la sienne –sans parler de la partie intense, puisqu’elle pensait connaitre la réponse. Elle n’arrivait à détacher son regard du sien, continuant de sourire, profitant de ce réveil pour le moins agréable. Cependant, beaucoup de questions venaient à se bousculer dans sa tête. Tellement que ça lui en aurait presque filé une migraine.
Elle mourrait d’envie de lui demander ce que ça signifiait vraiment, son retour, cette nuit ? Qu’est ce que ça voulait dire pour eux ? Il lui avait pourtant bien signifié qu’il ne valait mieux pas qu’ils se revoient, ou qu’ils s’appellent, enfin qu’ils soient de nouveaux en contact, et ils n’avaient même pas tenu un mois. L’un comme l’autre. La seule chose ayant retenu Sutton étant le fait que ce soit elle qui se soit fait dégager, elle ne tenait pas à essuyer un autre refus, si on pouvait appeler ça comme ça. Mais d’un autre côté, elle ne savait pas comment aborder ou comment lui poser la question. Parce que ça lui faisait peur. Elle avait peur qu’ils se souviennent ce qu’il avait dit il y a un mois, qu’il le pense toujours, que cette nuit n’avait été qu’une heure, qu’une pulsion trop intense qu’il n’avait pu réprimer. Elle avait peur que cette nuit ne signifie pas grand-chose.
Mais elle n’en dit rien, préférant sans doute ne pas gâcher le moment ou même ne préférant pas prendre le risque qu’il parte. Elle se contenta d’attraper sa main, celle qui caressait son avant-bras il y a encore quelques secondes, et entrelaça ses doigts avec les siens. Elle se hissa alors jusqu’au visage du beau brésilien, et posa ses lèvres sur les siennes, l’embrassant doucement, avant de relaisser sa tête tomber sur l’oreiller.

Ronon esquissa un sourire en voyant Sutton ouvrir les yeux et tourner la tête en le voyant à côté d'elle. Gênée ? Ce serait bien une première. Elle n'hésitait pas à se balader nue devant lui et elle était embarrassée pour ça ? Définitivement, la jeune femme n'avait toujours pas livré tous ses secrets. Il n'arrêta cependant pas ses caresses jusqu'à ce que la jeune femme se tourne de nouveau vers lui. « Ça fait longtemps que t’es réveillé ? » Nouveau sourire - ça la perturbait vraiment, qu'il ai pu la regarder pendant son sommeil. « Non, j'étais juste allé éteindre la télé. » répondit-il de sa voix du matin en serrant les doigts que Sutton avait entrelacé avec les siens.

Elle l'embrassa rapidement et, lorsqu'elle reposa sa tête sur l'oreiller, Ronon revint chercher ses lèvres pour les sceller à nouveau comme si il n'en avait pas eu assez. Le pouvoir qu'exerçait Sutton sur lui était plutôt étonnant. Loin de l’effervescence de la veille, il était de nouveau assailli par des tonnes de questions, une attitude qui ne lui ressemblait pas. Par exemple, avec une autre fille, il aurait pris ses affaires dès qu'il aurait ouvert un œil et se serait faufilé jusqu'à l'extérieur en s'habillant sur le chemin. Mais Sutton... Sutton bouleversait toutes ses règles établies. Il ne doutait pas que la première chose qui l'avait attiré était sa ressemblance, sur certains points, avec Gabriela, et que c'était ce qui avait provoqué le premier lien qui s'était créé entre eux, mais avec le temps, Sutton lui avait fait découvrir d'autres aspects de sa personnalité qui, cette fois-ci, avaient décuplé son attachement à elle et à elle seule sans même qu'il s'en rende vraiment compte. Lorsqu'il se détacha de la jeune femme, il laissa également sa tête retomber sur son oreiller et ses doigts se détachèrent de ceux de Sutton pour remonter de nouveau le long de son bras avant de redescendre cette fois-ci sur son flanc, la logeant sur sa hanche en la serrant tout en se rapprochant d'elle. « Désolé d'être passé sans avoir appelé avant. » murmura-t-il. Il doutait qu'elle regrette la nuit qu'ils venaient de passer ; lui, il n'était même pas question de l'envisager. En retrouvant Sutton, il s'était retrouvé lui-même, il avait quitté cette attitude morne qu'il arborait depuis un mois pour redevenir le Ronon sûr de lui et surtout, performant au lit. Il était un Don Juan, un solitaire ; Sutton était arrivée et avait tout bouleversé. Lui qui affirmait son indépendance se retrouvait à avoir besoin d'elle. Il s'approcha encore et colla son nez à celui de la jeune femme avant de dévier pour l'embrasser une nouvelle fois.

Voila ça baise plus & je sais plus écrire
Mon post est pourri, je me rattraperais, promis

Ca pouvait paraitre étrange que Sutton soit gênée, embarrassée que le brésilien la regarde en train de dormir alors que d’autres choses auraient pu se révéler beaucoup plus gênantes. Elle couchait avec lui et s’était baladée un bon nombre de fois nue devant lui, il n’y avait donc pas de raison qu’elle soit gênée pour si peu ? Et pourtant, c’était bel et bien le cas. Rien de bien grave cependant. En fait, il y avait simplement plusieurs raisons. Elle n’arrivait à concevoir que ce soit agréable ou plaisant de la regarder dormir et elle avait simplement l’impression de se faire surprendre… D’être surprise, juste en étant elle, sans carapace, sans artifice, sans contrôle. En tout cas, ça avait l’air de fait sourire Ronon de voir que Mlle Webser-Monroe avait plus de facettes que ce qu’elle ne laissait paraitre. Et il sourit de plus bel lorsqu’elle lui demanda si ça faisait longtemps qu’il était réveillé, et par conséquent, si ça faisait longtemps qu’il l’observait dormir. « Non, j'étais juste allé éteindre la télé. » Elle lui sourit, se rappelant qu’effectivement, elle avait laissé la télé allumé puisqu’elle la regardait avant que Ronon arrive. Tout comme sa bouteille de vin avait dû rester ouverte sur sa table basse.

Alors que la jeune Californienne venait de l’embrasser, Ronon revint vers elle pour réclamer un autre baiser, ce qui la fit automatiquement sourire, ravie de provoquer un tel manque. « Désolé d'être passé sans avoir appelé avant. » murmura-t-il. Puis il se rapprocha un peu plus d’elle, colla son nez contre le sien, tandis qu’elle sourit. Puis elle dévia et l’embrassa. Elle posa ensuite son regard sur celui du brésilien. « Ne le sois pas. T’as bien fait… » lui répondit-elle avant de finalement ajouter sur le ton de la plaisanterie « Et puis… ça aurait gaché l’effet de surprise. » A vrai dire, c’était sans doute mieux qu’il n’ait pas appelé. Elle n’aurait su dire quelle réaction elle aurait eu s’il avait d’abord appelé pour lui demander la permission de passer. Se connaissant, elle aurait pu refuser, ne préférant rouvrir la blessure en le voyant. Elle aurait tout aussi pu lui raccrocher au nez en découvrant qui était à l’autre bout du fil. Ce qui était sûr, c’était qu’une réaction par téléphone était bien différente qu’un face à face. Au téléphone, tout était si… plus facile. Mais aussi plus lâche. En face à face il était beaucoup plus difficile de cacher ses émotions ou sa surprise. On se laissait souvent envahir par ses pulsions et envies. Et ils en avaient été le parfait exemple. Ils avaient tous deux cédé à leurs pulsions qui les rongeaient depuis un mois maintenant. Alors que s’il avait appelé, elle n’était pas sûre que la soirée aurait fini de la même façon. Sutton glissa sa main sur la joue du brésilien, souriante, puis la glissa dans ses cheveux, et rapprocha son visage du sien. Elle captura ses lèvres, l’embrassant tendrement, avant de se décoller quelque peu. « Peu importe les raisons, je suis juste contente que tu sois venu. Vraiment. » murmura-t-elle avant de passer son bras derrière son cou et de l’embrasser une nouvelle fois, un peu plus intensément. Après quelques instants, elle se détacha à contre cœur, sentant son ventre se manifester. Sans plus d’explications, elle se leva et se dirigea jusqu’à sa penderie. Elle prit un boxer, un t-shirt, et le tour était joué. Puis elle revint tout sourire vers le brésilien, et s’assit à califourchon sur lui. Elle se pencha vers lui, l’embrassa et sourit, ses lèvres toujours collées aux siennes. « Tu veux manger quelque chose ? » demanda-t-elle en lui volant un baiser avant de se redresser.

« Ne le sois pas. T’as bien fait… Et puis… ça aurait gaché l’effet de surprise. » Ronon répondit au baiser de Sutton avant de hocher la tête sans insister, un sourire amusé sur les lèvres. A vrai dire, avant de se retrouver en face d'elle, Ronon n'avait aucune idée de ce qu'il comptait faire. Il pouvait accuser le rhum pour l'avoir incité à se rendre sans hésiter devant chez Sutton, mais il ne regrettait rien de ce qu'il avait pu faire la nuit précédente sous ses effets. Ca avait été une surprise autant pour elle que pour lui. « Peu importe les raisons, je suis juste contente que tu sois venu. Vraiment. » Le regard du jeune homme se planta dans celui de la jeune femme et il se laissa caresser la nuque avec plaisir. Elle était contente, mais pourrait-il la garder heureuse longtemps ? Il ne pouvait pas être sûr de lui-même. Bien sûr, Sutton lui avait manqué et ça l'avait rongé de l'intérieur de ne pas pouvoir lui parler, la toucher, l'embrasser comme bon lui semblait, au point qu'il avait fini par ne plus penser qu'à ça. Maintenant qu'il l'avait récupérée, et si Gabriela revenait ? Et si son souvenir venait réclamer son droit sur son coeur et ses pensées, et si sa culpabilité revenait ? Ce serait Sutton qui en paierait le prix, et ce serait uniquement sa faute, parce qu'il aurait préféré la facilité à l'éloignement forcé. Cependant, il se ferma bien vite à ce genre de pensées lorsque les paroles de l'une de ses amies les plus proches lui revinrent à l'esprit, les mêmes que lui répétaient Naya à chaque fois qu'elle mettait ce sujet délicat sur le tapis : Gaby ne reviendrait pas, jamais, et Ronon avait beau continuer de l'aimer de toutes ses tripes, il devait tourner la page et surtout, accepter ce qui se présentait à lui. Il avait toujours conçu le bonheur avec la brésilienne, tellement qu'il s'empêchait constamment d'être heureux sans elle. Ne serais-ce que pour son état mental, il devait penser à y remédier, et si il y avait bien une personne avec qui il était prêt à apprendre à oublier Gabriela, c'était Sutton.

Le jeune homme ne se gêna pas pour admirer le corps nu de Sutton alors qu'elle se levait pour s'habiller, et alors qu'il voyait disparaître sa chute de reins sous un tee-shirt, il reprit la parole. « Je me suis dit que je devais te manquer, et je suis définitivement de meilleure compagnie qu'une bouteille de vin. » se vanta-t-il. Tu parles, c'était elle qui lui avait manqué comme jamais. Bien sûr, il était incapable de l'avouer, bien que ce soit évident. Sutton revint bien vite sur le lit et se mit à califourchon sur lui. Aussitôt, les mains de Ronon trouvèrent leur place sur ses cuisses et remontèrent sur ses hanches sous son tee-shirt pour la presser contre lui alors qu'elle l'embrassait. « Tu veux manger quelque chose ? » Quémandeur, Ronon se redressa et ses mains remontèrent pour s'aventurer dans son dos alors que ses lèvres s'emparaient d'autorité de celles de Sutton. « A vrai dire... » murmura-t-il contre son oreille avant de descendre couvrir son cou de baisers avant d'en mordre doucement la peau. Soudainement, il s'arrêta et recula sa tête pour regarder la jeune femme. « Du bacon. Fais-moi du bacon, femme ! » s'exclama-t-il tout sourire avant de la soulever pour la déposer à côté de lui et se lever pour enfiler son propre boxer en tapotant son estomac. En passant devant le miroir, le jeune homme enfonça ses doigts dans ses cheveux ébouriffés et haussa les épaules avant de bailler, plus affamé que fatigué. Yep, le bon vieux Ronon était de retour.

Le regard de Ronon se planta dans celui de la jeune Webster-Monroe lorsqu’elle lui avoua que ça aurait gâché l’effet de surprise. Elle aurait tout donné pour savoir ce qu’il pensait en ce moment même, ce qu’il pensait de tout ça, d’eux, d’elle. Elle avait l’impression que si elle osait espérer, ne serait-ce que cinq minutes que tout ça dure, il se rappellerait brutalement qu’ils valaient mieux pour eux qu’ils arrêtent là, ou alors que le souvenir de Gabriela soit trop présent. Elle avait peur qu’il se souvienne qui elle était… Sutton, une joueuse invétérée, tout comme lui, et que peu de personnes parieraient sur le couple niveau longévité. Elle avait peur que tout ça ne soit que l’histoire d’une soirée de plus.

« Je me suis dit que je devais te manquer, et je suis définitivement de meilleure compagnie qu'une bouteille de vin. » Alors que Sutton venait d’enfiler un t-shirt et un boxer, elle se retourna vers Ronon, le sourire aux lèvres en entendant ce qu’il venait de dire. « Ah oui, tu crois ? » demanda-t-elle en se mordant la lèvre inférieure. La jeune femme était revenue jusqu’à lui et s’installa à califourchon tandis que les mains du brésilien retrouvèrent rapidement le chemin de ses cuisses avant de continuer leur chemin sur ses hanches tandis qu’elle l’embrassait. Sentant son ventre crier famine, elle lui demanda s’il ne voulait pas manger quelque chose. Les mains de Ronon s’aventurèrent un peu plus sous son t-shirt, parcourant son dos, alors que ses lèvres s’emparèrent de celles de Sutton, lui rappelant férocement leur soirée. « A vrai dire... » murmura-t-il à son oreille avant de descendre l’embrasser dans son cou et de la mordre légèrement. Puis il s’arrêta et se recula. « Du bacon. Fais-moi du bacon, femme ! » S’exclama-t-il le sourire aux lèvres avant de poser Sutton à côté de lui pour pouvoir se lever et enfiler son propre boxer. « Eeeeh ! » dit-elle en signe de protestation, visiblement pas très ravie qu’il commence à l’embrasser ainsi pour finalement lui dire qu’il voulait qu’elle lui fasse à manger.

Alors que Ronon était debout devant le miroir, passant sa main dans ses cheveux, Sutton attrapa un oreiller avant de le balancer sur le brésilien, amusée. Elle se leva finalement du lit, se dirigeant vers la cuisine pour exhausser le souhait de monsieur. Elle ouvrit le frigo, et en sortit le bacon. Sutton aux fourneaux, sincèrement, il fallait prendre une photo. C’était le genre de choses qui arrivait trois fois par an gros maximum. Non pas qu’elle n’aimait pas faire la cuisine, elle était surtout une grande flemmarde, et préférait largement les restaurants ou autres plats faits par des traiteurs que sa propre cuisine. La jeune Californienne vit alors Ronon venir vers elle –elle ou le bacon d’ailleurs- et un sourire illumina instantanément son visage. Un brésilien, avec un corps de rêve, et un regard irrésistible se promenait en boxer dans son appartement. Peut-être rêvait-elle encore ou était-ce dû à ce mois d’agonie qui lui faisait désormais avoir des hallucinations sur ce qu’elle voulait le plus ?
L’odeur du bacon en train de cuire la ramena à la réalité. Eteignant le feu, elle déposa du bacon dans deux assiettes et se dirigea vers Ronon. Elle allait pour lui tendre l’assiette pour finalement enlever son bras et poser les assiettes derrière elle, hors de la portée de Ronon –du moins, hors de sa portée pour trente secondes. « Hum je sais pas… tu les as mérité ? » demanda-t-elle amusée. Elle posa ses mains sur son torse et se rapprocha un peu plus. Elle se hissa sur la pointe des pieds avant de glisser une main derrière son cou, le rapprochant rapidement de son visage. Elle était à quelques millimètres de ses lèvres mais elle dévia dans son cou, l’y embrassant une fois, deux fois, trois fois. Elle remonta jusqu’à son oreille et murmura amusée « J’suis pas sure… » avant de prendre les deux assiettes avec elle en s’éloignant du brésilien pour rejoindre le salon.

Sans qu'il ne comprenne pourquoi, Ronon se prit un coussin en pleine tête alors qu'il s'observait dans le miroir. Faussement choqué, il fit mine de courir derrière Sutton qui quitta rapidement la chambre et profita d'un instant de répit pour s'asseoir sur le lit et, retrouvant son pantalon par terre, en sortir son téléphone. Il avait reçu un appel de sa petite soeur - normal -, mais rien d'intéressant. Sa vie n'avait pas été très palpitante, ces dernières semaines, il fallait l'avouer. Même lorsqu'il sortait, il ne se faisait plus remarquer alors forcément, ses relations sociales avaient été réduites au minimum. Il resta un instant ainsi, son téléphone pivotant entre ses doigts alors que l'image d'une Sutton à moitié dévêtue en train de faire du bacon lui vint à l'esprit. Il s'était presque laissé le temps de réfléchir, pour le coup ! Pourtant, il savait que ça ne lui réussissait pas. Et puis, surtout, ça pouvait bien attendre au moins la fin du petit déjeuner. Bacon always comes first. En traversant l'appartement de Sutton, le jeune homme s'arrêta dans la salle de bain pour se laver les mains ; une fois que ce fut fait, il les frotta l'une contre l'autre en se dirigeant vers la cuisine, sentant déjà l'odeur du met tant désiré lui parvenir. On avait beau dire, la bouffe, c'était sacré.

Arrivé dans la cuisine pile au moment où Sutton disposait le bacon dans deux assiettes, Ronon voulut en saisir un lorsque la jeune femme l'en empêcha. « Hum je sais pas… tu les as mérité ? » Affichant d'emblée une mine frustrée, le jeune homme vit bien vite arriver l'un des plus gros dilemmes auquel il ai jamais eu à faire : d'un côté, le bacon, de l'autre, une sublime femme en train de l'embrasser dans le cou. « J’suis pas sure… » Ronon leva les yeux au ciel en gémissant comme un enfant, torturé entre son estomac et son pénis. Son esprit, lui, s'était totalement fait la malle. Peut-être qu'il mangeait, LUI. « T'es cruelle... » maugréa-t-il en essayant de saisir ses lèvres alors qu'elle se dégageait pour s'éloigner avec les deux assiettes.

Immédiatement, il lui emboîta le pas, pas sûr de savoir si il suivait le bacon ou Sutton, il était sûrement plus probable qu'il les suive tous les deux. Dès qu'il arriva à la hauteur de la jeune femme, il entoura sa taille de son bras et, collant un baiser sur sa joue, prit une des assiettes et s'éloigna rapidement, fier d'avoir enfin son bacon. Il s'assit pour commencer à manger et, aussitôt, devint totalement calme et silencieux. Il appréciait son repas, secouait la tête en entrecoupant ses bouchées par des "hm, c'est bon !". Une fois son repas presque terminé, il releva les yeux vers Sutton et lui adressa un sourire resplendissant. Un homme bien nourri était un homme heureux, à ce qu'on disait, et il en fallait apparemment peu pour Ronon. Finalement, le jeune homme se racla la gorge et enfonça une nouvelle bouchée dans sa bouche avant de mâcher et de reprendre la parole. « Ca aurait quand même pu tourner tellement mal, cette surprise. » lâcha-t-il comme si il avait commencé une discussion dans son esprit & qu'il la continuait à voix haute. « T'aurais pas été là, je serais resté devant ta porte comme un con. Pire, si t'avais été avec quelqu'un d'autre ! » lâcha-t-il en pointant sa fourchette sur elle avant de la planter dans son dernier bout de bacon. Oui, ce n'était pas très subtil, mais Ronon était comme ça, il foutait les pieds dans le plat sans cérémonie.

Ronon afficha une mine pour le moins frustrée lorsqu’elle lui demanda s’il les avait mérités. Elle se sentait joueuse ce matin. En fait elle se sentait joueuse et de nouveau elle-même depuis qu’il était revenu. « T'es cruelle... » Elle eut un sourire satisfait alors qu’il tentait de saisir ses lèvres. En effet, ça pouvait lui arriver.

Alors que Sutton se rendit dans le salon, elle savait que Ronon la suivait –elle ou le bacon, elle ne savait pas très bien. Une fois à sa hauteur, il l’attrapa par la taille et elle sourit immédiatement. Alors qu’il l’embrassait sur la joue, il attrapa par la même occasion son assiette de bacon avant d’afficher un sourire pour le moins fier de lui.
Ils s’installèrent tous deux dans le canapé, silencieux dès qu’ils eurent commencer à manger, comme s’il s’agissait là d’un rituel sacré. Et vu les commentaires du brésilien ça semblait bel et bien l’être. « Ca aurait quand même pu tourner tellement mal, cette surprise. » lacha-t-il soudainement. Sutton releva brusquement la tête de son assiette surprise qu’il lache ça comme ça. Enfin, elle n’aurait pas dû l’être, Ronon possédait autant de tact qu’elle. « T'aurais pas été là, je serais resté devant ta porte comme un con. Pire, si t'avais été avec quelqu'un d'autre ! » ajouta-t-il en pointant sa fourchette sur la jeune femme avant de la piquer dans son bacon. Le regard de Sutton était posé sur Ronon. Elle imaginait la scène si elle n’avait pas été là. Effectivement, il aurait sans doute attendu pendant des heures. Et elle se demandait combien de temps il serait resté devant sa porte avant de partir. Puis elle s’imagina la scène où elle aurait été avec un autre. Elle se demandait s’il serait énervé, s’il aurait même frappé le mec ou bouger le petit doigt pour la récupérer. Ou alors s’il serait simplement parti. « Ca t’aurais fait chier ? » demanda-t-elle. « Je veux dire… Si j’avais été avec quelqu’un d’autre ? » Enfin peut-être que ça aurait blessé son ego, mais ce n’est pas ce qu’elle voulait savoir. Elle voulait savoir si ça l’aurait réellement blessé de la voir avec un autre homme. Si ça l’aurait fait chier qu’elle puisse passer à autre chose ou du moins qu’elle essaie. Sutton finit son dernier bout de bacon et posa son assiette sur la table basse. « J’aurais pu… Enfin, après ce qu’il s’est passé. J’aurais pu. Ne serait-ce que pour… oublier tout ça, nous ou tout ce que tu m’avais appris. » commença-t-elle comme si ses pensées étaient révélées à haute voix. « Mais j’ai pas pu. Je ne suis même pas sûre d’en avoir eu envie. J’étais juste capable de rester assise… ici. » Donc à bien y réfléchir, il n’aurait sans doute pas pu avoir d’autres solutions. La seule alternative aurait été qu’elle ne lui ouvre pas. Et elle avait bien failli ne pas le faire s’il n’avait pas insisté un peu. Il n’aurait pas été la première personne à qui elle n’aurait pas ouvert durant le mois passé. « Plutôt pathétique en fait. » lacha-t-elle comme pour résumer le comportement qu’elle avait eu. Elle attrapa finalement la bouteille de vin qui était sur la table ainsi que son assiette et se dirigea vers la cuisine. Elle posa la bouteille sur le plan de travail et l’assiette dans l’évier. Les deux mains posés de chaque côté de l’évier, elle baissa la tête et ne put s’empêcher de repenser au mois passé et à tout ce qu’elle ressentait. A tout ce qu’il lui faisait ressentir. C’était bien au-delà du seul plaisir physique. Mais elle ne supportait pas de dépendre de quelqu’un, encore moins d’un mec. Elle ne supportait pas les sentiments qu’elle pouvait ressentir puisqu’elle pensait que ça la rendait faible. Surtout lorsque ça se passait affreusement mal.
Finalement, elle revint vers Ronon, s’asseyant de nouveau dans le canapé. Elle le regardait. Oh non, elle ne pouvait définitivement pas nier ses sentiments, ni même qu’elle avait besoin de lui. Pourtant elle n’était toujours pas à l’aise avec le fait de l’avouer.

La première réponse que Ronon reçut ne fut pas celle qu'il attendait. « Ca t’aurais fait chier ? Je veux dire… Si j’avais été avec quelqu’un d’autre ? » Le jeune homme mâcha pendant un instant comme si il n'avait pas entendu sa question et releva finalement la tête vers Sutton en roulant des yeux et en hochant brièvement la tête, allant même jusqu'au hausser les épaules. Prétendant être incapable de parler à cause de sa bouche pleine, il en profita pour trouver quoi dire. Évidemment, que ça l'aurait fait chier, quelle question. Pour des raisons évidentes, d'abord, des raisons de logistique aussi, mais surtout parce qu'il aurait vraiment été déçu d'être le seul à souffrir du manque de la jeune femme.
Celle-ci, comme perdue dans ses pensées, n'attendit pas de réelle réponse avant de reprendre. « J’aurais pu… Enfin, après ce qu’il s’est passé. J’aurais pu. Ne serait-ce que pour… oublier tout ça, nous ou tout ce que tu m’avais appris. » Le regard de Ronon se fit plus sérieux et il le détourna de nouveau pour contempler la table basse. Ca lui avait fait mal de parler de sa situation à Sutton, encore plus de Gabriela. Parce que c'était ses problèmes, qu'il n'avait réellement pas pour habitude de s'épancher sur les autres et que, dans un sens, Gaby faisait partie d'un jardin secret dans lequel il venait encore se ressourcer trop souvent. En plus de ça, il lui avait avoué un passé qui lui paraissait normal mais qui, il n'en doutait pas, avait du sonner difficile et dangereux dans l'esprit de la princesse californienne. Nul doute que ça aurait pu être suffisant pour le rayer de sa vie. « Mais j’ai pas pu. Je ne suis même pas sûre d’en avoir eu envie. J’étais juste capable de rester assise… ici. » Etrangement, Ronon s'en sentit soulagé : il n'était pas vraiment possessif, pas avec les femmes en tout cas - du moins pas en général. Mais imaginer Sutton dans les bras d'un autre... Non, il y avait réellement quelque chose qui se réveillait en lui lorsque cette image lui venait à l'esprit. Il avait attendu la seconde partie de sa phrase parce que justement ça le perturbait et après ça, un sourire prit place sur ses lèvres sans qu'il ne puisse l'empêcher. « Plutôt pathétique en fait. » Son sourire s'élargit, contrastant parfaitement avec l'attitude de Sutton, et il ne prononça pas un mot jusqu'à ce qu'elle quitte la salle avec leurs plats et ne revienne quelques minutes plus tard.

Lorsqu'elle revint vers le salon et qu'elle posa son regard sur lui, il sentit que c'était à son tour d'intervenir. Il savait qu'elle était aussi douée que lui pour parler de sentiments, d'ailleurs leur langage corporel avait plus d'une fois été la seule bonne solution pour se mettre d'accord de ce côté-là. Il commença par se gratter la nuque, gêné, avant de prendre la parole. « C'est pas pathétique... Étrange, mais pas pathétique. » avait-il lâché avec un rire gêné qui l'étonna. Il reprit son sérieux et haussa une nouvelle fois les épaules en croisant brièvement le regard de Sutton. « J'aurais pu aussi, ce sont pas les occasions qui ont manqué. Mais j'ai rien fait ; et un mois, c'est long. » avoua-t-il finalement en se redressant pour poser ses coudes sur ses cuisses et lier ses mains. Son regard était désormais aspiré par la télé éteinte. Il resta pensif un instant et secoua finalement la tête, se tournant vers Sutton. « Dis-moi que ça te fait flipper autant qu'à moi ? » lâcha-t-il finalement en fronçant les sourcils, perturbé. « Je veux dire... Aux dernières nouvelles on avait le même rythme sexuel avant de nous rencontrer. »

Finalement, ne pas réfléchir, ne pas en parler était plus facile. Dès qu'il devait se dévoiler, Ronon devenait distant, impulsif. Il se leva brusquement du canapé et avança jusqu'à la fenêtre la plus proche ; finalement, il se ravisa et se mit à faire les cent pas devant la télé. Pourtant, comme il l'avait dit, Sutton était comme lui et surtout, elle savait ce par quoi il était passé, ce qui le retenait. Et garder tout pour lui ne les aiderait pas à mettre tout ça au clair, parce qu'en fin de compte ils étaient dans le même bateau. « Quand tu m'as fait ta scène avec Katia, c'était déjà trop tard. Depuis l'instant où j'ai arrêté d'aller voir d'autres filles, c'est devenu problématique, mais je pensais gérer. » Il n'était pas sûr de savoir où lui-même voulait en venir, mais il continua tout de même, s'arrêtant pour regarder Sutton. « Ca fait un mois que tu m'obsèdes, et crois-moi c'est pas mon genre. Ca fait un mois que... j'essaie même pas d'avancer, de sortir plus que ça, que je compose ton numéro en me retenant parce que c'est moi qui t'ai dit de partir... Et que je pensais te devoir au moins ça. » Il déglutit avant de hausser les épaules en secouant la tête. Il plia les bras en les levant jusqu'à ses épaules avant de soupirer. « Parce que j'ai rien à t'offrir, Sutton. Regarde nous, on vient pas du même monde, on a pas la même vie. Et je suis un mec terrible, un vrai salaud, je suis le premier à l'avouer... je peux pas te garantir que je serais toujours là dans deux jours, dans deux semaines, dans deux mois... » lâcha-t-il finalement avant de s'humidifier les lèvres et de regarder ailleurs.

« C'est pas pathétique... Étrange, mais pas pathétique. » lacha-t-il en riant légèrement. Oh si, elle trouvait ça pathétique. Elle ne se reconnaissait pas… Elle avait la réaction qu’elle ne supportait pas de voir chez les autres. « J'aurais pu aussi, ce sont pas les occasions qui ont manqué. Mais j'ai rien fait ; et un mois, c'est long. » oh ça elle n’en doutait pas qu’il en ait eu des occasions. Elle voyait la scène d’ici, les belles plantes qui se pavanaient devant ce brésilien au regard irrésistible et sourire charmeur. Ce brésilien qui les faisait toutes tomber les unes après les autres. « Dis-moi que ça te fait flipper autant qu'à moi ? » Elle rigola doucement, nerveusement. « Si tu savais à quel point… » lâcha-t-elle à voix basse avant qu’il ne reprenne la parole. « Je veux dire... Aux dernières nouvelles on avait le même rythme sexuel avant de nous rencontrer. » Sutton fut brièvement plongée dans ses souvenirs, se remémorant sa vie « d’avant ». Des soirées, toujours plus… Et des mecs en quantité suffisante. Assez pour qu’elle ne s’ennuie pas, mais pas trop pour qu’elle ne se sente pas étouffer par ce trop-plein de testostérones. Les relations d’un soir, c’était son credo. Elle choisissait, elle prenait puis elle jetait. Un schéma simple qui n’avait à première vue aucune faille. Mais ça, c’était jusqu’à ce qu’elle rencontre Ronon et que tout son système soit à revoir.

La jeune Californienne vit Ronon se lever brusquement du canapé et elle ne le lachait pas des yeux tandis qu’il faisait les cent pas, attendant qu’il reprenne la parole. « Quand tu m'as fait ta scène avec Katia, c'était déjà trop tard. Depuis l'instant où j'ai arrêté d'aller voir d'autres filles, c'est devenu problématique, mais je pensais gérer. » Sans même sans rendre compte, Sutton avait un large sourire sur les lèvres, plutôt ravie de voir qu’elle n’était vraiment pas la seule à être dans cette situation, et que lui aussi avait remarqué que quelque chose ne tournait pas comme ça le devait, entre eux. « Ca fait un mois que tu m'obsèdes, et crois-moi c'est pas mon genre. Ca fait un mois que... j'essaie même pas d'avancer, de sortir plus que ça, que je compose ton numéro en me retenant parce que c'est moi qui t'ai dit de partir... Et que je pensais te devoir au moins ça. » avoua-t-il en la regardant. Savoir qu’elle l’obsédait lui plaisait. Elle ne se sentait plus seule à avoir été un véritable déchet pendant un mois. Elle n’avait plus l’impression d’avoir été la seule à n’être que l’ombre d’elle-même durant cette période. « Parce que j'ai rien à t'offrir, Sutton. Regarde nous, on vient pas du même monde, on a pas la même vie. Et je suis un mec terrible, un vrai salaud, je suis le premier à l'avouer... je peux pas te garantir que je serais toujours là dans deux jours, dans deux semaines, dans deux mois... »

A ses dernières paroles la jeune femme baissa la tête. Il n’avait pas tort, ils ne venaient pas du même monde… Lui des favelas brésiliennes, et elle des quartiers riches de Beverly Hills. Ils étaient sans doute à l’opposé l’un de l’autre et pourtant, ils s’étaient trouvés. Relevant finalement la tête, elle se leva à son tour du canapé pour aller se poster devant lui. Penchant légèrement la tête vers la gauche, un sourire réconfortant naquit sur les lèvres de la jolie brune. C’était un de ces sourires qu’il était rare de voir sur le visage de la jeune femme. Puis elle posa sa main sur la joue de Ronon, un geste qui se voulait réconfortait. « On va pas se mentir, on sait comment on est… Ou comment on a été jusque-là. Des joueurs invétérés, l’un comme l’autre. Tu te dis être un vrai salaud, peut-être bien, mais tu sais aussi que je suis loin d’être une sainte » commença-t-elle souriante. « Mais je ne peux pas nier que le mois qui vient de passer… Il a juste été insupportable » finit-elle en fronçant les sourcils comme s’il lui était douloureux d’y repenser. Et c’était sans doute le cas. Elle enleva finalement sa main de sa joue, mais son regard était toujours ancré dans celui du brésilien. « On vient pas du même monde… » dit-elle en haussant des épaules. « Et alors ? Je m’en fous. Complètement. » Et c’était le cas. Elle se foutait d’où venait Ronon, ça ne changeait rien à ses yeux tout comme le fait qu’il doit bosser pour se payer dont il a envie, alors qu’elle n’en foutait pas une, ne changeait rien pour elle. Et si elle avait besoin d’aide, elle était là. Bien que parfois –souvent- égoïste, Sutton ne lésinait pourtant pas sur le fric pour aider ceux qui lui étaient proches. Seulement, comme il fallait s’en douter, peu osaient demander de l’aide. « Tu dis que tu ne peux rien me garantir. Je suis dans le même cas… » dit-elle avant de finalement baisser la tête. Exprimer ses sentiements était définitivement une chose qu’elle avait dû mal à faire. « Mais à côté de ça, pas te voir, pas te toucher ou même te sentir… Je peux pas non plus. C’est bon, j’ai testé pendant un mois, c’était trop. Et te voir avec une autre… Même pas en rêve. T’as bien vu ce que ça a donné avec Katia… » Puis elle releva la tête, presque gênée « Il y a franchement quelque chose qui a merdé dans notre plan de départ. »

Sutton le perturbait. Sa simple présence influençait ses humeurs et ses actions à un point que peu de personnes avaient atteint. Il suffisait qu'elle pose sa main sur sa joue, qu'elle penche la tête et lui offre l'un de ses sourires pour qu'il balaie toute son argumentation d'un "fuck it" mental. « On va pas se mentir, on sait comment on est… Ou comment on a été jusque-là. Des joueurs invétérés, l’un comme l’autre. Tu te dis être un vrai salaud, peut-être bien, mais tu sais aussi que je suis loin d’être une sainte » Le sourire que lui adressa la jeune femme fut contagieux chez Ronon qui lui adressa un regard entendu. C'était vrai, ils ne s'étaient sûrement pas rencontré à l'église, et leur relation n'avait certainement pas commencée par être platonique. « Mais je ne peux pas nier que le mois qui vient de passer… Il a juste été insupportable » Une grimace suffit pour faire passer le message à Sutton que ça avait été largement partagé. Depuis la mort de Gabriela, il ne s'était jamais vu ainsi. « On vient pas du même monde… Et alors ? Je m’en fous. Complètement. Tu dis que tu ne peux rien me garantir. Je suis dans le même cas… » Yep, totalement dans le même bateau et empêtrés dans la même merde. « Mais à côté de ça, pas te voir, pas te toucher ou même te sentir… Je peux pas non plus. C’est bon, j’ai testé pendant un mois, c’était trop. Et te voir avec une autre… Même pas en rêve. T’as bien vu ce que ça a donné avec Katia… » Il ne le montra d'abord pas mais, plus la jeune femme parlait, plus il était content. Il n'était pas du genre à douter de son charme ou de ses compétences, bien au contraire, mais avec Sutton tout était différent. C'était bien la première fois qu'il était heureux de savoir qu'une fille était accro à lui. Lui qui fuyait souvent dès la première nuit pour éviter de se retrouver enchaîné s'était lui-même accroché à Sutton au point de ne plus pouvoir s'en passer. « Il y a franchement quelque chose qui a merdé dans notre plan de départ. » Cette fois-ci, c'est un léger rire qui traversa les lèvres entrouvertes du brésilien. Il hocha la tête et sa main se posa sur la hanche de la jeune femme avant que son bras ne vienne entourer sa taille et qu'il ne rapproche leurs corps. « J'ai bien peur qu'on soit en train de foncer dans le mur. » lâcha-t-il après un instant de silence où il s'était contenté de la regarder - ou de l'admirer, à ce niveau-là c'était devenu indissociable.

Impulsivement, il déposa un baiser sur ses lèvres qu'il approfondit en la collant un peu plus contre lui. C'était terrible, il la regardait et il voulait l'embrasser, la posséder. Elle l'excitait en un sourire, un pas. Là, foncer dans le mur, il s'en foutait complètement. Lorsqu'il s'éloigna de la jeune femme, un sourire reprit forme sur ses lèvres et il haussa les épaules. « Je pense qu'on a pas beaucoup de solutions, maintenant. » Il reprit progressivement son sérieux mais ne diminua pas la proximité de son corps avec celui de Sutton. Sa main libre vint remettre une mèche de cheveux de Sutton en place pour finalement s'y perdre et échouer contre le bas de son cou. « Si on est d'accord sur le fait qu'on peut rien se promettre... On a qu'à voir où ça va. » reprit-il finalement en se voulant détaché. Il flippait déjà des responsabilités d'une vie en couple, bien qu'il doute que Sutton y soit plus douée que lui. A part Gabriela - et encore, leur relation était spéciale du fait qu'ils soient aussi amis qu'amants et qu'ils se connaissent depuis toujours -, il n'avait jamais eu de petite amie à proprement parlé, il n'avait même rien eu qui s'en rapproche un tant soit peu. Avec Sutton, cependant, il savait qu'il n'était pas question de se "mettre en couple", du moins pas à proprement parler. Elle était comme lui, indécise, flippée, mais résolue à accepter et à vivre avec leur attirance et leur désir. « Je le sens pas trop de plus de repartir maintenant et de faire comme si rien ne s'était passé. » avoua-t-il avec un bref sourire penaud.