Deux jours, deux semaines, deux mois… A vrai dire, le temps n’avait plus aucune espèce d’importance pour Chris. Depuis que Kat l’avait quitté, tout son petit monde s’était arrêté. Tout semblait être en suspens, attendant simplement son retour pour recommencer une vie normale. Mais ce retour, il ne viendrait jamais. Au fond, Chris le savait, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il se trouvait dans un état aussi pitoyable. Tout était de sa faute. C’est lui et lui seul qui avait tout gâché, en ne sachant pas refuser les « avances » que lui avaient Łucja fait durant cette fameuse soirée. Bien trop saoul pour comprendre quoi que ce soit, il avait au contraire répondu à ses appels, et avait commis l’irréparable sans même vraiment s’en apercevoir. Et bien trop droit pour le lui cacher, il s’était empressé de tout avouer à Kat qui, comme il aurait pu le prévoir, avait appris la nouvelle avec autant de colère que de peine. Depuis ce jour, il ne l’avait plus revu. Il ne lui restait que son collier, cassé, qu’il lui avait offert et qu’elle avait jeté sur le sol avant de s’en aller.

Chris n’avait plus envie de rien. Il avait arrêté de travailler de sortir, bref : de vivre. Les volets de son appartement ne s’étaient plus rouverts depuis que Kat l’avait quitté. L’air était littéralement étouffant, empli de poussière et surtout de fumée. Et Chris était là, gisant sur son canapé aux côtés de sa guitare qu’il attrapait de temps en temps, lorsqu’une nouvelle idée de chanson lui venait. Et évidemment, tout ce qu’il pouvait jouer ou chanter tournait autour d’un seul et même sujet : Kat. Il ne dormait quasiment plus, mangeait ce qu’il trouvait encore au fond de ses placards et même si ses provisions baissaient, il n’avait aucune intention de sortir pour refaire le plein. Son visage ne semblait pas avoir rencontré de rasoir depuis un certain temps, et ses cheveux étaient plus emmêlés que jamais. Sur la table basse en face de lui, juste à côté de ses pieds, se trouvait en cendrier plein à ras bord de mégots encore fumants et une bouteille de whisky quasiment vide. Non loin de là, un verre dont Chris avait visiblement cessé de faire usage, se contentant de boire directement au goulot de la bouteille. Une autre carcasse de bouteille trônait au pied de la table basse, vestige des jours précédents qui s’étaient tous ressemblé.

Soudain, un bruit, quelqu’un qui frappait à la porte. Mais le jeune homme ne broncha pas. Il avait fermé les yeux, espérant trouver un peu de repos et d’apaisement qui ne venaient bien évidemment pas. Un deuxième bruit se fit entendre dans l’entrée, mais le canadien ne daigna toujours pas réagir. Si quelqu’un voulait entrer, la porte était ouverte. Dans l’espoir de voir Kat revenir, il avait cessé de la verrouiller tout en sachant que c’était inutile, et qu’elle ne passerait plus jamais le seuil de son appartement. Laissant tomber douloureusement sa tête sur le côté, Chris resta donc silencieux et les yeux fermés, complètement avachi dans son canapé.