ORFHLAITH & SUILEABHAN

A boulevard of hope and dreams, streets made of desire.

4 juillet. Le jour de l'indépendance des Etats-Unis. Jour fêté un peu de partout sur le continent nord américain. Et quand bien même je n'étais pas américain d'origine, c'était presque un devoir de participer également. Et puis j'avais pris comme un défis, l'idée d'embarquer ma chère Orfhlaith, pour une soirée. Quelques heures hors de chez nous, avec l'incapacité totale de faire quoi que ce soit d'autre que profiter un peu et passer du bon temps. Impossible de bosser ou de faire quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loin à du boulot. Non, rien de tout ça ce soir là. J'aurais bien pu proposer à mon frère de sortir également, avec nous ... Mais il avait quelque chose de prévu de son côté. Rien de franchement surprenant en gros. Il passait tellement peu de temps chez nous, que c'était même à se demander s'il vivait encore avec moi ou s'il n'était pas, par le plus grand des hasards, en train de s'installer chez quelqu'un. Un nouvel homme dans sa vie peut-être ? J'aurais bien aimé le savoir, tiens. Mais ... Il n'était pas très bavard à ce sujet, pour une fois. S'il avait vraiment trouvé quelqu'un, peut-être que c'était en train de devenir foutrement sérieux; Assez pour qu'il ne veuille pas nous en parler trop rapidement. Sait-on jamais si ça lui portait malheur. Chose qui ne semblait pas impossible. Parler trop vite pouvait parfois porter sacrément la poisse. Enfin soit ! Passer toute une soirée en compagnie d'Or, ça n'avait rien d'une punition ou quoi que ce soit de ce genre. C'était plutôt avec un grand plaisir que je lui avais proposé ça. Par le même coup, ça allait peut-être également la rassurer sur le fait que, oui, j'étais parfois encore capable de me détendre et de m'éloigner de ma surcharge de boulot qui m'attendait pourtant.

Ainsi, quand je descendis d'un étage pour aller frapper à la porte d'Orfhlaith, vêtu d'un jean et d'un polo sans manche, noirs, j'étais parfaitement détendu. Et non, je ne pensais pas du tout au boulot qui m'attendrait sagement sur mon bureau ! Ne serait-ce que parce que ... J'avais bossé doublement -même triplement- tout au long de la journée et même au cours de la nuit précédente, pour l'occasion. Mais ça, j'allais éviter d'en faire mention devant ma meilleure amie. Parce que c'était bien là une chose qu'elle ne laisserait pas passer. Ce qui ne me dérangeait pas outre mesure d'ailleurs. J'aimais bien, malgré tout, quand elle s'inquiétait un tant soit peu pour moi et n'hésitait pas à le montrer. Ca prouvait qu'elle tenait encore assez à moi. Même si elle en faisait parfois trop. Comme le ferait une petite amie, selon mon avis. Mais soit. Elle n'était pas ma petite amie et ne le serait jamais. Et ce, quand bien même elle était et resterait la seule femme à avoir le droit de se plaindre de mon train de vie. Sans doute parce qu'elle était la seule à compter vraiment et qui compterait ... Eh bien, toujours. Je n'imaginais tout simplement pas ma vie sans Or à mes côtés. Pourquoi en arriverais-je à imaginer une chose pareille d'ailleurs ? Bref. Drôle de cours que prenaient mes pensées alors que ma meilleure amie m'ouvrait -enfin- la porte. Et aussitôt, je retrouvais le sourire. Immense, sincère, éclatant. L'effet Orfhlaith. "Hey ! J'espère que tu n'as pas oublié ..." Lâchai-je finalement, en songeant que ce serait un comble -et vexant au possible- qu'elle ait oublié que nous devions filer assister au feu d'artifice ensemble. Et que pour se faire, nous partions à vingt et une heures. Mais pour une fois que je me bougeais, elle ne pouvait pas avoir oublié ça !

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Aller voir le feu d'artifices du 4 juillet avec Suileabhan. Comment aurais-je pu refuser ? Il était sans doute la seule personne avec qui j'avais envie de partager cette soirée. Sans nulle doute. Et encore une fois, Gofraidh semblait nous avoir faussé compagnie. A croire qu'il avait vraiment un autre mec dans sa vie, il n'était plus jamais là. Ou c'était un stratagème pour me laisser seule avec Suil'... Il faudrait que je le coince un jour pour lui poser la question. Ça faisait quelques temps que nous n'avions plus eu l'occasion de passer une vraie soirée tous les trois. Et même si je préférais passer une soirée avec le plus calme des jumeaux, je devais avouer que ça me manquait... A croire que sa vie prenait un autre chemin. Mais tant mieux pour lui, surtout s'il était heureux. Ce soir, le feu d'artifices serait en binôme, ce n'était pas plus mal. Mais il fallait que je me prépare si je ne voulais pas être en retard. J'avais l'habitude d'être ponctuelle, parfois même à l'avance, mais là j'étais un peu à la bourre... J'avais encore perdu la notion du temps au bureau et j'étais rentrée chez moi dans la précipitation.

J'avais pris une bonne douche pour me rafraîchir et j'étais en train de me maquiller quand j'entendis frapper. Et merde ! Suileabhan était déjà là et je n'étais pas encore prête. Bon, pas grave, je n'avais plus qu'à m'habiller. Je courus en peignoir pour aller ouvrir la porte et trouver mon meilleur ami, sourire aux lèvres. Un sourire qui me fit fondre. "Hey ! J'espère que tu n'as pas oublié ...". Je lui souris et collai un énorme baiser sur sa joue « Non, pas du tout, je n'ai plus qu'à m'habiller, j'en ai pour 5 minutes même pas ! » Ce qui était à peu près vrai. J'étais coquette mais pas du genre à passer des heures dans la salle de bains non plus. Surtout que ma robe était déjà prête. « Installe-toi, fais comme chez toi, j'arrive ! » Pas besoin de lui dire, il le savait déjà. Je filai à toute allure dans la salle de bains pour terminer de me préparer. Et moins de cinq minutes plus tard, j'étais vêtue d'une petite robe noire et grise sans manches, avec une paire de sandales. C'était sophistiqué, c'était classe sans être trop glamour et sexy. Même si c'est vrai que j'avais un peu envie d'épater Suileabhan. Qu'il me trouve belle. Parce que je voulais toujours qu'il ouvre les yeux et qu'il me voie autrement que comme sa meilleure amie. Toujours cette même pensée qui me torturait jour et nuit. Mais ce soir, la soirée était à nous et je comptais bien en profiter.

« Me voilà ! » fis-je en souriant. Finalement, nous avions encore un peu de temps devant nous avant d'aller au feu d'artifices. Et j'avais déjà hâte d'y être. Hâte de le voir en compagnie de Suil'. C'était un moment magique, un feu magnifique, je voulais vraiment profiter de cette soirée. « Tu veux quelque chose à boire avant de partir ? »

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Ce que je n'avais pas tout à fait prévu, c'était bien de me retrouver face à ma meilleure amie ... Encore enroulée dans son peignoir de bain. Soit elle avait complètement oublié -ce qui aurait quand même quelque chose de très vexant pour moi-, soit elle s'y était juste prise un peu trop tard pour se préparer. Dans un cas comme dans l'autre, le résultat était le même. Elle était toujours en peignoir de bain. Heureusement, à la regarder avec attention, je pu constater qu'elle s'était au moins maquillée. Preuve qu'elle était encore en train de se préparer avant que je n'arrive. « Non, pas du tout, je n'ai plus qu'à m'habiller, j'en ai pour 5 minutes même pas ! » Je souris légèrement alors qu'elle venait de déposer un franc baiser sur ma joue et avant de me tourner le dos pour filer s'habiller. « Installe-toi, fais comme chez toi, j'arrive ! »Je souris légèrement en coin. Comme si elle avait vraiment besoin de me le dire ... Et une fois qu'elle eut disparut, je pris soin de refermer la porte derrière moi, avant d'aller me laisser tomber dans son canapé, sortant mon téléphone portable. Pour ... Oui, plus ou moins pour le boulot. Rien de neuf sous le soleil pour moi en clair. Mais ce coup ci, ce fut pour lire quelques articles. C'était ma façon de juger de la qualité d'écriture des autres journalistes. Et j'en vins ainsi à en lire quelques uns, trouvant que la phraséologie de certains était presque parfaite. Intéressante en tout cas.

« Me voilà ! » Surpris par le retour plus que rapide que ce à quoi je m'étais attendu, d'Orfhlaith, je relevai la tête et posai le regard sur elle, sourcils arqués. Avant d'étudier sa tenue, d'un bref coup d'oeil. Si je regardais rarement sa façon de se vêtir -parce que je n'avais aucune raison de le faire-, je le faisais quand vraiment elle portait quelque chose qui ... Obligeait un peu à ce qu'on la regarde. Et ce soir là, elle avait visé juste avec une robe à la fois glamour et à la fois, simple. Rien d'ostentatoire. Et pourtant, elle semblait la sublimer. Une chose que beaucoup de femmes devaient lui envier. Sa plastique de rêve, son teint parfait et sa chevelure, qui mettaient en valeur ce qu'elle pouvait porter. Et inversement. « Tu es ravissante ! » Remarquai-je avec sincérité, en souriant légèrement. Certes, j'aurais sans doute pu trouver beaucoup mieux comme compliment. Mais je n'étais pas vraiment doué dans ce domaine là. Encore un défaut que la plupart de mes ex avaient prit la peine de me reprocher. « Tu veux quelque chose à boire avant de partir ? » Je lançai un bref regard à ma montre, avant de me redresser de toute ma stature, en hochant négativement la tête. « Non ça va aller, merci. On pourrai toujours s'arrêter boire un verre, avant ou après le feu d'artifice de toute façon. » Que je sache, rien ne pressait. On était encore en droit de prendre notre temps et de simplement profiter. « Alors, on y va ? »

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Jamais je n’aurais pu oublier mon rendez-vous avec Suileabhan, jamais ! S’il y avait bien un rendez-vous que je ne pouvais pas oublier, c’était bien celui-là. Même s’il n’avait rien de galant, c’était juste une soirée entre amis qui allaient assister au feu d’artifice. Mais quand même… Ça avait un côté romantique qui me laissait rêveuse. Mais encore une fois, j’avais mal calculé mon timing et j’étais rentrée trop tard pour être prête à l’heure. Inutile de dire que je me maudis en voyant qu’il était déjà là mais que je n’étais pas prête. Heureusement que je n’avais plus grand-chose à faire, je m’en serais voulue de le faire attendre. Ça ne me ressemblait tellement pas. Je le laissai donc assez rapidement pour filer vers la salle de bain et ma chambre et terminer de me préparer. Le temps passait tellement vite que j’avais décidé de me dépêcher un peu afin de ne pas trop le faire attendre. Mais ce à quoi je ne m’attendais pas, ce fut le compliment qui suivit. « Tu es ravissante ! »  Je sentis alors mes joues se teinter de rouge. Les compliments me faisaient bien souvent cet effet mais là, même mon cœur rata un battement. Parce qu’il venait de Suileabhan et que ça avait une réelle importance à mes yeux. Il me trouvait jolie… C’était certes le résultat que j’avais escompté, mais je n’aurais pas pensé qu’il me fasse un tel effet. « Merci… » balbutiais-je en esquissant un sourire.

Il fallait que je me reprenne, sinon il allait vraiment comprendre qu’un truc ne tournait pas rond chez moi. Mais je ne pouvais pas m’en empêcher, j’étais fébrile à l’idée de passer la soirée avec lui, à regarder ce feu d’artifice. Rien qu’à y penser, ça me mettait du baume au cœur et le sourire aux lèvres. Je proposai naturellement quelque chose à boire à mon meilleur ami, qui déclina. « Non ça va aller, merci. On pourrai toujours s'arrêter boire un verre, avant ou après le feu d'artifice de toute façon. » C’est vrai que nous aurions toute la soirée pour boire des verres et en profiter un peu. Nous lâcher un peu aussi. Ce soir, c’était repos, aucun de nous deux ne travaillait, on pouvait se le permettre. « Alors, on y va ? »  Je hochai la tête en attrapant une petite veste en cuir, si jamais le temps venait à se rafraîchir en soirée. « On y va ! ». Je glissai mon bras sous celui de Suileabhan et nous partîmes vers le lieu du feu d’artifice. Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire tellement j’étais heureuse d’être avec lui ce soir. Ça pouvait sembler futile mais c’était ce que je ressentais. Juste être aux côtés de Suileabhan me rendait heureuse. Et quelque part, j’étais contente que Gof’ ait décidé de ne pas nous accompagner pour passer la soirée de son côté. Encore une fois, je me retrouverais seule avec mon meilleur ami. Et dans une soirée comme celle-ci, tout pouvait arriver. Non, c’était plutôt un scénario de film ça. Un baiser doux et tendre, main dans la main, à l’apogée du feu d’artifice… Non, ce n’était vraiment pas le genre de chose qui arrivait dans la vie réelle. Moi qui détestais les comédies romantiques, je devais en avoir trop regardé pour m’imaginer une telle scène. Ou alors, j’étais vraiment et affreusement amoureuse de lui.

Nous finîmes par arriver sur place et je jetai un œil autour de moi en voyant la foule commencer à arriver. Ce soir,  c’était soir de fête, les gens ne resteraient pas chez eux. J’entraînai alors Suileabhan vers un pub qui avait installé un bar dehors. Excellente idée au vu de la température que nous avions en ce moment. « Qu’est-ce que tu bois ? C’est ma tournée ! » Autant bien commencer la soirée, non ? Rien ne pourrait m’ôter ma bonne humeur ce soir et je comptais bien profiter du moment.

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Est-ce qu'elle était vraiment en train de rougir, comme j'avais l'impression de pouvoir le constater par moi même ? Non parce que ... C'était tout à fait inattendu. Je n'avais pas souvenir de l'avoir déjà vu rougir devant un compliment de ma part. Enfin, sans doute parce que les compliments -rares- que je lui faisais, étaient rarement au sujet de son physique. Non pas parce qu'elle n'était pas plaisante à regarder. Mais parce que je ne prenais pas franchement la peine de la regarder autrement que comme une meilleure amie, voir même une soeur. Bref, j'étais évidemment surpris de la voir rougir à ce point. Mais c'était ... Amusant ? Craquant ? Plus craquant qu'amusant finalement, à bien y réfléchir. « Merci… » Je souris faiblement en l'observant avec intérêt. Avant de hocher quelque peu la tête et me lever pour que nous filions. « On y va ! » Je souris avec davantage d'entrain et la laissai enrouler son bras autour du mien, pour que nous quittions son appartement puis l'immeuble, filant directement au lieu où allait être tiré le feu d'artifice. J'étais vraiment heureux de pouvoir partager ça avec ma meilleure amie. Et contre toute attente, j'étais même content que Gof ne se soit pas joint à nous. Et ce, quand bien même il était évident que j'aimais mon jumeau et adorait sa présence. Mais je ressentais toujours une forme de soulagement quand Orfhlaith acceptait sans hésitation aucune, de partager une soirée rien qu'avec moi. Il me semblait que c'était la preuve que, quelque part, elle me préférait à mon frère. C'était con d'avoir un tel état d'esprit, j'en étais bien conscient. Simplement, c'était ainsi. Et ça avait toujours été de la sorte. J'avais simplement mis de longues, très longues, années, avant de m'en rendre compte. Peut-être parce que, quelque part, je me mentais à moi même et refusais de voir que j'avais besoin de passer avant mon frère, au moins dans le coeur d'Orfhlaith. Parce qu'aux yeux de beaucoup de gens, Gof était tellement plus drôle, plus divertissant, plus extraverti ... Bref, Gof était plus intéressant que moi. Et ça m'allait très bien. Parce que j'étais ainsi et que je ne comptais pas changer de sitôt.

Mais le fait était que compte tenu du fait qu'Or me ressemblait plus qu'elle ne ressemblait à mon frère, j'avais besoin de savoir qu'elle s'entendait bien mieux avec moi qu'avec lui. Ou plutôt que de le savoir, au moins de le voir. Et, sauf erreur de ma part, je pensais que c'était bien le cas. Elle passait plus de temps avec moi qu'avec lui. Et j'avais toujours voulu penser que plus de choses passaient entre nous, qu'entre eux. Je fus tiré de ma torpeur, et même physiquement parlant, par Orfhlaith elle même, qui semblait bien décidée à m'entraîner sur la terrasse d'un bar. Et je la laissai faire sans broncher, prenant place en face d'elle à une table. L'une des rares tables encore libres. Les autres ne le seraient sans doute plus pour très longtemps, compte tenu de la foule qui se pressait dans les rues ce soir là, en attendant sagement le lancement du feu d'artifice. C'était la fête et les gens sortaient et profitaient pleinement de leur soirée. Nous faisions de même. Quand bien même nous n'étions pas originaires des Etats-Unis à la base. Mais depuis le temps que nous y vivions, nous étions des américains comme les autres. « Qu’est-ce que tu bois ? C’est ma tournée ! » Parce que je n'étais pas le genre d'homme à être choqué à l'idée que la femme puisse payer -et puis la femme en question n'était pas une éventuelle conquête-, je me contentai de sourire et hocher la tête. Je n'étais pas non plus un profiteur. Ce n'était pas comme s'il ne m'arrivait jamais de lui payer un verre. « Je vais prendre un New-York Sour. » Lui répondis-je avant de retrouver le silence le temps qu'elle passe sa commande au serveur. Et pendant qu'il s'occupait de son côté pour préparer nos consommations, je me redressai quelque peu et croisai les bras sur la table. « Alors, les vacances ... C'est pour quand ? » Lui demandai-je en souriant en coin de façon amoureuse. Je tentais de réfréner mon envie de parler boulot. Et il me semblait que les vacances représentaient un bon sujet de conversation, loin du boulot sans trop l'être en même temps.

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Même si les hommes avaient l’habitude de me faire des compliments, je ne pouvais pas m’empêcher de rougir. Je ne le faisais pas exprès, c’était comme ça. Encore plus quand ça venait de Suileabhan. Parce que j’avais quand même tenté de me mettre sur mon trente et un, pour qu’il me trouve jolie. Qu’il me voie autrement que comme sa meilleure amie et rien que ça. Je voulais l’impressionner en fait, lui montrer que j’étais là, que j’existais en tant que femme et non pas en tant que confidente ou petite sœur. A ma façon, je tentais de lui ouvrir les yeux en espérant que ça fonctionnerait. Parce que si je me disais à chaque fois que ce n’était pas raisonnable, je ne pouvais pourtant pas m’ôter de la tête que j’étais faite pour lui autant qu’il était fait pour moi. Que nous étions des âmes sœurs, qu’il était logique que nous passions le reste de notre vie ensemble. Mais Suileabhan ne semblait pas le voir. Pas encore. Je lui ferais ouvrir les yeux. Et il semblait que j’avais déjà bien commencé, sinon il ne m’aurait pas complimentée de la sorte. Et inutile de dire que ça me faisait plaisir et que ça me touchait plus que n’importe quel autre homme. Je ne perdis pas une seconde pour lui prendre le bras pour que nous puissions enfin partir et passer la soirée à l’extérieur. Les rues étaient encore calmes, bien que les gens commençaient à affluer. Bientôt, elles seraient noires de monde, de ces gens venus assister au feu d’artifice, comme cela se fera dans pratiquement toutes les villes du pays. C’était chaque année un moment agréable et convivial à passer. Encore plus quand j’allais le passer en compagnie de Suileabhan, je n’avais rien de plus à demander. Ce soir, j’étais tout simplement heureuse, il ne me fallait rien de plus. Et je ne tardai pas à emmener mon meilleur ami vers un bar où nous pourrions boire un verre bien tranquillement. Heureusement que nous étions arrivés maintenant, il aurait été difficile de trouver une place ensuite. Comme toujours, Suileabhan avait le bon timing. Question organisation, il était un peu le pro, je pouvais me remettre à lui pour tout. Il était encore plus doué que moi en la matière et pourtant je ne me débrouillais pas si mal.

Assise à présent à une table, je lui demandai ce qu’il voulait boire. Premier verre de la soirée, c’était pour moi. De toute façon, aucun de nous deux ne regardait à ça. Que ce soit lui ou moi, ça n’avait aucune importance. Nous n’étions pas à une compétition de celui qui payerait le plus de verres, les choses se faisaient naturellement. Comme elles avaient toujours été. « Je vais prendre un New-York Sour. » A moi de choisir ce que j’allais prendre et j’eus quand même un petit moment d’hésitation. Qui ne dura pas très longtemps « Un cosmopolitan pour moi » La boisson classique des New-Yorkaises et je n’échappais pas à l’exception. Tant pis si je tombais dans le cliché, j’avais envie de profiter de la soirée, tout simplement. « Alors, les vacances ... C'est pour quand ? » Et là, Suileabhan dut sans doute voir l’étonnement sur mon visage. C’est vrai que j’avais proposé des vacances, pour l’empêcher de trop travailler et pour l’inciter à se reposer. Mais jamais je n’aurais cru qu’il me prenne au pied de la lettre. Mais partir en vacances avec lui était une perspective qui ne m’était pas désagréable, bien du contraire. A vrai dire, ça me réjouissait. Mon cœur se mit à faire des bonds dans ma poitrine et je le priai intérieurement de se calmer, ça allait finir par s’entendre. Je me mordis doucement les lèvres, inconsciemment, mais cette perspective de partir me faisait plaisir, surtout que Suil’ venait de remettre le sujet sur le tapis. « On pourrait partir d’ici deux ou trois semaines… » répondis-je avec un sourire dessiné sur les lèvres. Oui, j’avais vraiment envie de partir, là tout d’un coup. « J’avais pensé à Cuba ou peut-être le Mexique. Histoire d’être complètement dépaysés » Bah oui, si on prenait des vacances, c’était pour se changer les idées, pas pour rester dans un endroit connu dans lequel nous pourrions facilement nous retrouver dans le cadre du boulot. Autant se dépayser, voyager, visiter de nouvelles choses. Du moins pour moi. « Qu’est-ce que tu en penses ? »

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C'était sans doute la première fois de ma vie que je pensais à la fierté que c'était de se promener avec Orfhlaith à mes côtés. Etrange pensée si l'on considérait le fait qu'elle n'était "que" ma meilleure amie. Mais le fait était que pour une fois, j'ouvrais les yeux sur le fait qu'elle était également une très belle femme. Très certainement le genre de femme qu'un homme aimait à avoir à son bras, quand il ne pensait qu'à être bien vu. Ce n'était pas mon cas. Je ne cherchais pas à être bien vu par qui que ce soit. Ca m'importait peu de connaître l'avis des gens sur mon compte et ça ne datait pas d'aujourd'hui. En revanche, je commençais à penser à tous les points positifs que représentait une sortie avec ma meilleure amie. Surtout vêtue comme elle l'était. Elle était vraiment très attirante. Et je ne m'étais pas privé pour la complimenter à ce sujet d'ailleurs. Ce qui pouvait sembler étrange en considérant le fait que c'était rare que je fasse pareille chose. Surtout sur son physique auquel je ne prêtais sans doute pas assez attention. Mais c'était comme ça. Et pour une fois que je l'avais remarqué un peu plus que d'ordinaire, je n'avais pu m'empêcher de la complimenter, tout simplement; Un compliment qui la fit rougir. Et des rougeurs qui me firent doucement sourire. Pas de moquerie. Juste d'attendrissement réel. Finalement installés ensemble à la terrasse d'un petit bar, elle décida de payer notre première tournée. Ce que j'acceptai sans broncher en précisant donc ce que je souhaitais boire, le plus naturellement du monde. Je souris légèrement à sa propre commande, sans dire quoi que ce soit. Et après un instant de silence, alors que je tentais de faire abstraction du jeune homme occupé à batifoler avec une femme à la table voisine, je demandai à Or pour quand étaient prévues les vacances. Celles là même qu'elle avait mentionné quelques temps plus tôt. Etait-ce toujours d'actualité d'ailleurs ? Et à sa réaction, j'eus comme un doute quand même. Ce qui amena une faible grimace sur mes traits alors que je l'observais en silence.

Je commençais à regretter d'avoir mis le sujet sur le tapis. Ca l'aurait peut-être arrangé que j'oublie sa soudaine idée qu'elle ne pensait sans doute pas. Elle l'avait juste dit comme ça sur un coup de tête. Par soudain besoin ... De m'éloigner de mon travail. Sans pour autant avoir l'envie réelle de passer des vacances avec l'un de ses meilleurs amis. Si tel était le cas, je ne lui en voudrais pas le moins du monde en tout cas ! Elle était ma meilleure amie. Je pouvais absolument tout lui pardonner. « On pourrait partir d’ici deux ou trois semaines… » Bon, d'accord ... Elle avait quand même soudainement l'air plus emballée par l'idée. Elle n'avait pas totalement oublié finalement. Simplement mit l'idée de côté sans doute. Quoi qu'il en soit, j'étais heureux de constater qu'elle n'était pas totalement contre cette idée qu'elle avait elle même eut. « J’avais pensé à Cuba ou peut-être le Mexique. Histoire d’être complètement dépaysés » Pensé ? Parce qu'elle avait réellement prit le temps de faire une petite pause dans son boulot, pour réfléchir à la question ? Assez longtemps pour envisager quelques destinations qui pourraient nous satisfaire tous les deux ? Apparemment oui. Raison pour laquelle je souris, plus ravi que je n'aurais souhaité l'avouer. « Qu’est-ce que tu en penses ? » Ce que j'en pensais ? Eh bien ... Je fis mine de réfléchir un moment avant de hausser les épaules. « Je m'en remets totalement à toi ! Je suis certain que tu peux me surprendre. » Lui répondis-je simplement, sans songer au fait que l'on pourrait entendre quelques sous-entendus dans mes propos. « Excusez-moi les amoureux. Est-ce que ça vous dérange si je prends cette chaise ? » Les amou ... Quoi ? De surprise, j'haussai les sourcils et posai les regard sur la femme qui avait les mains posées sur une chaise placée à notre table. Et vraisemblablement, inoccupée. « Nous ne ...» Commençai-je avant de me rétracter. Après tout quelle importance qu'elle nous prenne pour un couple ? Il n'y avait rien de gênant dans le fait que l'on puisse me croire en couple avec Orfhlaith. Et puis ce n'était pas une situation franchement ... Désagréable. « Bien sûr, il n'y a personne.» Conclus-je finalement, avant de suivre la femme du regard. Tout plutôt que de regarder Or qui, soit allait se foutre de moi, soit allait ... Eh bien, mal le prendre ? Est-ce qu'elle pourrait mal prendre une chose pareille ?

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La soirée promettait d’être belle, elle ne pouvait que l’être. Encore une fois, j’allais passer la soirée seule avec Suileabhan. Quoi que, peut-être que Gofraidh viendrait nous rejoindre un peu plus tard, mais ça ne semblait pas être le cas jusqu’à présent. Mais je n’allais pas me plaindre de passer la soirée juste avec Suil’. Ça m’avait fait beaucoup de bien la dernière fois et j’avais envie que ça continue comme ça. Même si c’était à double tranchant. Plus je passais du temps avec lui et plus je me rendais compte que mes sentiments étaient réels, et plus j’en souffrais. Parce que je savais que je ne pouvais pas lui avouer ce que j’avais sur le cœur sans perdre son amitié. Une amitié de vingt ans sur laquelle il me serait impossible de faire un trait si ses sentiments pour moi n’étaient pas les mêmes. C’était un dilemme qui me déchirait depuis plusieurs mois maintenant mais je n’arrivais pas encore à me décider. J’avais décidé de prendre les choses comme elles venaient et de voir où ça nous mènerait, justement. J’étais heureuse que Suileabhan pense à moi pour cette soirée, qu’il me demande de la passer avec lui, et je n’aurais raté ça pour rien au monde. C’était tellement agréable de ne retrouver tous les deux, comme ça. Même si, pour une fois, nous serions dans l’agitation. Mais ça nous changeait, justement.

Si Suileabhan ne m’avait pas reparlé des vacances, je n’aurais sans doute jamais plus évoqué le sujet. Parce que je ne le pensais pas vraiment intéressé par une proposition que j’avais faite en l’air. Mais il semblait que c’était tout le contraire, justement. Pour qu’il m’en reparle, c’était qu’il avait envie de partir et de se changer les idées. Nous en avions besoin tous les deux, mais nous avions tellement l’habitude de ne pas en prendre  que ça semblait presque surréaliste. Mais c’était quand même une perspective qui me plaisait assez, suffisamment pour réfléchir à l’endroit où nous pourrions partir. Je m’étais un peu renseignée il y a quelques jours, c’est vrai, mais surtout dans l’optique de partir seule, parce que je n’avais pas imaginé que Suileabhan accepte. Ce que j’avais imaginé pour moi seule pourrait très bien nous convenir à tous les deux, vu que nous aimions les mêmes choses. Hors de question de faire la carpette toute la journée sur la plage, j’avais besoin de bouger. Et donc de me rendre dans un endroit qui avait un minium de culture. C’était pour ça que le Mexique me plaisait assez. Les temples mayas et leurs ruines, c’était quelque chose qui méritait d’être vu. Et mon meilleur ami serait sans doute de mon avis. « Je m'en remets totalement à toi ! Je suis certain que tu peux me surprendre. » Sa réflexion me fit hausser un sourcil et sourire en même temps. Le surprendre ?  Je ne le surprendrais que dans le bon sens, j’en étais totalement certaine. S’il me laissait le choix de notre destination, c’était déjà tout fait dans ma petite tête. J’allais ouvrir la bouche pour répondre quand nous fûmes interrompus par une dame qui voulait la chaise qui était à notre table. Mais quand elle nous appela les amoureux, je sentis mon cœur s’emballer. Est-ce qu’elle avait remarqué la façon dont je regardais Suileabhan ? Qui fut le premier à réagir. « Nous ne ...»  Nous ne sommes pas amoureux, voilà ce qu’il allait dire. Et il aurait totalement raison. Mais au fond de moi, je ressentis une certaine tristesse m’envahir. Finalement, il ne me verrait jamais autrement que comme sa meilleure amie. « Bien sûr, il n'y a personne.». Je hochai la tête, pour confirmer que la chaise convoitée n'était pas prise. La dame semblait avoir remarqué cette lueur dans mes yeux, elle nous remercia sans s’attarder.

Je me repris rapidement, histoire que Suileabhan ne se rende compte de rien. Je n’avais pas envie de gâcher notre soirée, même si mon cœur en avait pris un coup. Mais je pouvais encaisser, ne rien montrer. J’en avais l’habitude. Le serveur arriva avec nos consommations et je le remerciai en payant la première note de la soirée. Je devais faire bonne figure et esquissai donc un sourire avant de lever mon verre à l’attention de Suileabhan. « A cette soirée… » trinquais-je en espérant que les battements affolés de mon cœur ne s’entendent pas. « Alors, tu me fais entièrement confiance pour nos vacances… ? Tu es sûr ? » Autant m’en assurer une dernière fois avant d’aller réserver. Oui, j’avais ma petite idée et j’avais surtout envie de lui faire plaisir. Peut-être que ce n’était pas une si bonne idée que ça pour mon petit cœur, mais tant pis. Il préférait souffrir, tout comme moi d’ailleurs. Je pris une gorgée de son verre en regardant la foule arriver. « C’est à quelle heure, le feu d’artifice ? »  

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ORFHLAITH & SUILEABHAN

A boulevard of hope and dreams, streets made of desire.

La meilleure façon que j'avais trouvé pour me détendre tout à fait en dehors du boulot, c'était de passer des moments avec Orfhlaith. Parce qu'elle était, sans aucun doute possible, la personne qui me comprenait le mieux. Bien mieux que mon propre jumeau même. Parce qu'elle partageait bon nombre de mes passions et passe temps et que, tout comme moi, elle adorait travailler d'arrache pied. C'était donc toujours un réel plaisir pour moi, de passer un peu de temps avec elle. Et c'était même là l'une des raisons pour lesquelles je n'avais pas oublié son invitation à partir quelques jours en vacances avec elle. Moi qui ne partais que fort rarement, ce serait donc l'occasion de vraiment prendre du temps pour moi. Et autant dire que c'était là un détail qui n'était vraiment pas à négliger. Il était même primordial ! Parce que ce n'était pas dans mes habitudes et qu'Or elle même ne pouvait qu'en être surprise au plus haut point. Elle donnait d'ailleurs l'impression de s'être attendue à bien autre chose de ma part. Comme si elle avait eut le temps de se persuader que je ne l'avais pas prise au sérieux au sujet de ces vacances. Ou un truc dans ce goût là en tout cas. Je pouvais parfaitement la comprendre. Mais la réciproque était vraie également. J'étais toujours aussi surpris par l'idée qu'elle veuille réellement s'octroyer quelques jours de la sorte, loin de tout mais surtout loin de son emploi fort prenant. Je ne me fis donc pas prier pour remettre le sujet sur le tapis. Jusqu'à ce que nous soyons coupés par une cliente du bar qui demanda si elle pouvait prendre la chaise en trop à notre table. L'idée qu'elle puisse nous avoir prit pour un couple, me fit bizarre. Certaines personnes semblaient tellement incapables de croire en l'amitié homme/femme, que c'en était déplaisant. Mais c'était quand même la première fois qu'on nous prenait pour un couple, Or et moi même. A moins que d'ordinaire, les gens ne le disent pas à voix haute ? Hm, je n'en savais rien. Et dans le fond, je m'en fichais pas mal. Moi ça ne me dérangeait pas que les gens s'imaginent que nous étions un couple elle et moi. Mais de son côté, est-ce que ça la dérangeait ? J'eus un doute soudain alors que je reposai les yeux sur elle. J'allais pour la questionner quand le serveur nous coupa pour poser notre commande devant nous.

« A cette soirée… » Je souris, hochai la tête et levai mon verre à mon tour, avant d'en boire une gorgée. « Alors, tu me fais entièrement confiance pour nos vacances… ? Tu es sûr ? » J'arquai les sourcils en lui adressant un regard hésitant ce coup ci. Pourquoi insister autant ? Est-ce qu'elle prévoyait un truc qui ne nous correspondrait absolument pas, à l'un comme à l'autre ? J'en doutais quand même. Si je lui faisais autant confiance à ce sujet, c'était bel et bien parce que je la connaissais assez pour savoir qu'en la matière, comme sur bien d'autres points, nous ne pouvions qu'avoir les mêmes goûts et mêmes attentes. Ca avait toujours été ainsi entre nous. Et c'était bien ce qui expliquait pourquoi on s'entendait aussi merveilleusement bien. Et pour sûr, je n'allais pas m'en plaindre. « Est-ce que tu as peur que je ne change d'avis devant ce que tu vas nous préparer ? » Demandai-je sur un ton vaguement amusé, en arquant un sourcil. Avant de hocher lentement la tête. «Mais oui, je te fais totalement confiance sur ce coup là. » Et en fait, je n'avais pas vraiment d'autre choix. Parce que pour ma part, je serais bien incapable de trouver un truc à faire pour les vacances. Ca pouvait sembler idiot mais je n'y connaissais vraiment rien et serais donc bien incapable d'organiser même que quelques jours de vacances. « C’est à quelle heure, le feu d’artifice ? » Je tournai la tête pour observer les nombreuses personnes déjà là pour assister au feu d'artifice, au ciel qui s'assombrissait de minute en minute, puis à ma montre qui indiquait un peu plus que vingt deux heures quinze. « D'ici un petit quart d'heure. » Répondis-je en reposant mes yeux sur elle en souriant. Il n'y avait vraiment qu'à Orfhlaith elle même que je pouvais autant sourire. Moi qui n'étais vraiment pas d'un naturel souriant ou même simplement ... Sympathique ! « Tu voudras qu'on se mêle à la foule pour être plus près ? » Lui demandai-je ensuite. Parce que là encore, pour elle, je pourrais tout à fait ce genre d'effort.

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ORFHLAITH & SUILEABHAN

A boulevard of hope and dreams, streets made of desire.

Prendre des vacances ne me serait jamais venue à l’idée si ce n’avait été pour obliger Suileabhan à prendre des vacances. Mais je ne pouvais pas dire que ça se retournait contre moi parce que ça me ferait du bien aussi. Nous étions tous les deux des fous de boulot, et nous ne pouvions pas nous en empêcher. Tellement que nous ne prenions même pas le temps de nous reposer un peu. Nous étions encore jeune, l’un comme l’autre, mais ça ne voulait pas dire que notre corps suivrait éternellement. Des vacances semblaient donc les bienvenues, pour tous les deux mais aussi pour Gofraidh. S’il décidait de se joindre à nous. A croire qu’il nous fuyait des derniers temps, ça faisait bien longtemps que nous n’avions pas passé un moment tous les trois. Mais je n’allais pas vraiment me plaindre, j’adorais passer du temps en tête à tête avec Suileabhan. Il me faisait du bien. Nous nous ressemblions tellement tous les deux que c’était devenu normal de passer du temps ensemble. Et même si ça faisait vingt ans que nous nous connaissions, nous avions encore pas mal de choses à découvrir l’un sur l’autre. Plus je le regardais, plus j’avais envie de passer du temps avec lui. Non, vraiment, ces vacances seraient les bienvenues ? Nous fûmes interrompus par le serveur qui venait nous déposer nos consommations, que je payai tout de suite, histoire de ne plus avoir à y penser ensuite, et trinquai avec mon meilleur ami. Cette soirée était parfaite jusque maintenant, je n’avais vraiment pas à me plaindre. Surtout qu’elle ne faisait que commencer, le meilleur nous attendait. « Est-ce que tu as peur que je ne change d'avis devant ce que tu vas nous préparer ? » Un sourire se dessina alors sur mes lèvres. Suileabhan me connaissait, il savait ce que j’aimais. Mais pensait-il que je puisse encore lui réserver des surprises ? Il connaissait déjà les destinations vers lesquelles s’était porté mon choix, il savait donc ce que j’attendais de ces vacances. Qui seraient reposantes mais enrichissantes quand même. « Non, j’ai juste peur que tu changes d’avis juste à la perspective de prendre des vacances, chéri… » Chose que je le pensais tout à fait capable de faire. Se débiner au dernier moment en trouvant un prétexte pour rester ici. Même s’il ne le ferait pas en sachant que j’avais déjà réservé. Il se sentirait coupable de me faire annuler au dernier moment, je le savais. C’était d’ailleurs pour ça que j’avais intérêt à me dépêcher pour réserver. « Mais oui, je te fais totalement confiance sur ce coup là. » Allez, je n’allais pas me prendre la tête plus longtemps, demain je foncerais à l’agence pour aller réserver nos petites vacances. En espérant avoir une réponse du cher et tende jumeau qui jouait au fantôme ces derniers temps.

Tranquillement installés sur la terrasse, on pouvait observer les gens qui arrivaient, toujours plus nombreux pour le feu d’artifice. J’avais l’impression que ça serait encore une fois la grande foule. Les Américains aimaient vraiment les festivités de la fête nationale, et je pouvais les comprendre. Il y avait toujours des tas de trucs à faire, on ne s’ennuyait jamais. D’ailleurs, le feu commencerait bientôt, mais comme je n’avais pas de montre, impossible de savoir l’heure qu’il était. Heureusement que Suileabhan était là quand même. « D'ici un petit quart d'heure. Tu voudras qu'on se mêle à la foule pour être plus près ? » Le genre de proposition qui ne pouvait que me faire sourire. Et me faire plaisir aussi. Aller se mêler dans la foule n’était pas ce que Suilebahn préférait, je le savais, mais il faisait ça pour me faire plaisir. C’était toujours plus agréable quand on se mêlait à la foule pour le regarder. Et ça avait un petit côté romantique. D’un côté, ça me faisait un peu peur, je craignais de me lâcher un peu trop et d’éveiller ses soupçons. J’imaginais déjà un scénario de rêve : sa main se poser sur ma taille pour me serrer contre lui, son souffle dans mon cou, et la soirée se finissant chez lui ou chez moi, à devenir plus que des amis… Je sortis rapidement de ces pensées, mon cœur se serrant en sachant que ça n’arriverait jamais. Je pris une gorgée de mon verre et souris à Suileabhan. « Ça serait bien, oui, on en profitera d’autant mieux » Et surtout, nos verres étaient presque terminés. Je terminai donc le mien et attendis que Suil’ ait terminé le sien pour que nous allions nous mêler à la foule. Le feu ne tarda d’ailleurs pas à commencer, et j’eus un frisson. Et sans m’en rendre compte, je me collai un peu plus à Suileabhan en regardant chaque fusée éclater. J’aimais regarder les feux d’artifices et celui-ci avec une saveur particulière à mes yeux…

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Je ne pouvais pas le nier -sauf à vouloir mentir-, j'étais vraiment ravi par la perspective de passer quelques jours de vacances avec ma meilleure amie. Certes, ce n'était pas quelque chose de vraiment habituel chez moi et sans doute qu'elle même n'en revenait vraiment pas de m'entendre dire que je le souhaitais réellement. Mais c'était réel. J'avais envie de ces vacances avec elle, qu'elle le croit ou non. Et puis je la croyais capable de nous programmer de vraies vacances qui seraient aussi reposantes, qu'elles seraient enrichissantes. Je me voyais mal lézarder au soleil, non stop, pendant plusieurs jours. Et je ne doutais pas qu'il en allait de même pour elle qui ne supporterait pas de rester à rien faire. Nous étions trop semblables sur trop de points, pour que ça finisse finalement comme ça. Du moins osais-je l'espérer. Mais je la connaissais assez pour savoir que oui. « Non, j’ai juste peur que tu changes d’avis juste à la perspective de prendre des vacances, chéri… » Chéri ? Je n'avais pas souvenir qu'elle m'ait autant donné de petits surnoms de ce genre, jusqu'à très récemment. Des surnoms, oui, mais pas aussi ... Difficile à dire. Tendre était peut-être le mot qui convenait le mieux pour définir ce genre de surnom. Et non, ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Même si avec ce genre de mots, je pouvais comprendre que certaines personnes en arrivent à s'imaginer que nous étions un couple. Alors même que c'était loin d'être le cas ! « Maintenant que c'est dit, c'est dit. Je ne changerai pas d'avis ! » Promis-je le plus sincèrement du monde. Je n'étais pas homme à changer aussi facilement d'avis. Pas même quand, pourtant, la situation ne me correspondait pas tout à fait comme c'était justement le cas là. Moi, partir pour des vacances même de seulement quelques jours, ça avait de quoi être pour le moins déconcertant, il était vrai. Mais, non, je ne changerais pas d'avis ! Surtout pas pour faire faux bond à ma meilleure amie. C'était juste impensable. Le simple fait qu'elle puisse imaginer ça possible, était presque perturbant pour moi. Lui avais-je déjà fait un coup pareil par le passé ? En tout cas moi, ça ne me disait rien.

Quand il fut à nouveau question du feu d'artifice qui était quand même la principale raison pour laquelle nous nous trouvions ici, je souris en coin en réalisant que j'étais quand même le plus organisé de nous deux. Ca avait sans doute à voir avec mon lot de toc tous plus invraisemblables et ennuyeux les uns que les autres. Un mec qui range ses livres par ordre alphabétique et taille, peut difficilement se promener sans avoir l'heure sur lui et sans être certain d'avoir parfaitement tout prévu et organisé avant toute chose. Je ne faisais jamais rien sans être sûr d'avoir bien tout planifié. Ces vacances représenteraient donc une grande première pour plusieurs raisons. Il fallait vraiment que j'ais une immense confiance en ma meilleure amie, pour accepter de partir ainsi à l'aveugle. Mais c'était elle, presque une soeur, la femme en laquelle j'avais le plus confiance. C'était presque normal et logique pour moi d'accepter de me lancer ainsi sans me poser plus de question que ça. Bref, je lui proposais de rejoindre la foule pour assister au feu d'artifice, quand bien même je ne supportais que modérément ce genre de truc. Ce n'était pas dans mes habitudes de me mêler à la foule. « Ça serait bien, oui, on en profitera d’autant mieux » Je souris faiblement et hochai la tête. Avant que nous ne quittions enfin la terrasse pour nous mêler à la foule. Un bref coup d'oeil circulaire m'indiqua qu'il y avait presque autant de personnes là pour policer que de gens assistant au feu d'artifice. Est-ce que c'était supposé être rassurant ? Je n'eus pas vraiment le temps de réfléchir à la question, qu'Or se pressait doucement contre moi. Je posai un bref instant le regard sur elle avant de sourire légèrement et enrouler un bras autour de ses épaules pour l'attirer et la serrer doucement contre moi. Je posai mon autre main sur son bras, pour m'assurer qu'elle n'avait pas froid et la caressai distraitement de mon pouce. « Ca va ? »

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ORFHLAITH & SUILEABHAN

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J’avais parfois tendance à ne plus contrôler ce que je disais ou faisais, comme quand j’appelais Suileabhan « chéri » sans vraiment m’en rendre compte. C’est vrai que depuis quelques temps, j’avais tendance à lui donner des petits surnoms pour le moins affectif. Mais ça sortait tout seul. C’était ma spontanéité qui prenait le dessus. Mais jusqu’à aujourd’hui, il ne semblait encore s’être posé aucune question, ou il ne me les avait pas posées, donc je n’avais rien à craindre. Et je préférais ça. Surtout si nous allions passer nos vacances ensemble. Ce n’était pas comme si nous n’avions pas l’habitude de passer du temps tous les deux mais là c’était différent, c’étaient des vacances. Loin de tout, de notre quotidien, de l’agitation de notre travail. Et si ça m’excitait, ça me faisait peur aussi. Comment allais-je réagir si je voyais Suileabhan s’amuser dans les bras d’une autre femme ? Bon, ce n’était pas son genre, c’est vrai, mais rien ne l’empêchait de se lâcher et de vouloir en profiter un peu. C’était quelque chose que je préférais anticiper, une chose à laquelle il fallait que je me prépare. Parce que si je laissais ma spontanéité s’exprimer, ça pourrait causer pas mal de dégâts. Et sincèrement, je n’en avais pas envie. « Maintenant que c'est dit, c'est dit. Je ne changerai pas d'avis ! » J’esquissai un sourire et hochai la tête. Suileabhan était un homme de parole, c’est vrai. S’il le disait, c’était comme une promesse, il ne changerait pas d’avis. Et ça me rassurait. Je pensais déjà tellement à ces vacances que je serais déçue s’il venait à annuler. Mais il n’était pas comme ça. S’il y avait bien un homme qui tenait parole, c’était lui. Surtout avec moi. Je pourrais remettre ma vie entre ses mains s’il le fallait, je n’hésiterais pas une seule seconde. Ça avait toujours été comme ça. Je me sentais tellement proche de lui. Difficile de ne pas lui exploser mes sentiments à la figure mais j’imaginais déjà son air éberlué, hébété, ne comprenant pas ce qui se passait. Ces vacances en seraient peut-être l’occasion, qui sait ?

Le temps passait et le feu d’artifice allait bientôt commencer. L’heure exacte était un détail qui m’échappait complètement mais je savais que je pouvais faire confiance à mon meilleur ami pour le savoir. Suileabhan ne faisait jamais les choses à moitié, et il connaissait tous les détails quand il organisait quelque chose. Il était encore plus organisé que moi, c’était dire ! Pourtant, mes collègues me considéraient comme maniaque en la matière. J’avais encore beaucoup de choses à apprendre. Mais je fus contente qu’il me propose de nous mêler à la foule. C’était quelque chose que je n’aurais pas osé lui demander parce que je savais que la foule n’était pas son truc. Je ne lui imposais jamais rien et j’arrivais à anticiper ses envies. Comme il pouvait anticiper les miennes. Il savait que ça me ferait plaisir de me mêler à la foule et il n’hésita pas à me le proposer. J’avais vraiment de la chance d’avoir un ami comme lui, attentionné, attentif, regardant. Tout ce qu’une femme pouvait désirer. C’était juste dommage que nous ne soyons que des amis. Proches, très proches. Mais moi j’avais envie d’autre chose. Ça me poursuivait un peu trop… Mais j’eus bien vite fait d’arrêter de réfléchir que nous nous mîmes dans la foule et le feu ne tarda pas à exploser. C’était un spectacle tellement beau. J’avais toujours aimé les feux d’artifice mais celui-ci avait une saveur toute particulière quand même… Je le partageais avec Suileabhan, rien qu’avec lui. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine quand il passa un bras autour de mes épaules pour me serrer contre lui. J’en eus des frissons. Qu’il put sentir en posant son bras sur le mien. « Ça va ? » S’imaginait-il seulement à quel point ça allait ? Jusque là, la soirée était parfaite. Si ce n’était mon cœur sur le point d’exploser. Et là, tout de suite, je mourrais d’envie de l’embrasser… « Très bien… » soufflais-je avant de me mordre les lèvres. Quittant le feu des yeux pour regarder mon meilleur ami. Furtivement, je n’avais pas envie de trop attirer l’attention sur moi. Et pour la première fois, j’en avais les larmes aux yeux. Tout était tellement parfait ce soir, j’avais tout pour être heureuse. « C’est magnifique… » fis-je remarquer, tellement bas que je me parlais en fait à moi-même. Emue par un feu d’artifice, c’était quand même la première fois que ça m’arrivait. Je tentais d’inspirer doucement pour calmer les battements de mon cœur, j’avais l’impression qu’il explosait à l’unisson avec les fusées et que Suileabhan pourrait l’entendre…

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A chaque fois que je pouvais partager quelque chose avec Orfhlaith, c'était un réel plaisir pour moi. J'adorais ça. J'adorais passer du temps en sa compagnie. Après tout, elle n'était pas ma meilleure amie depuis toujours, pour rien. C'était bien parce que je l'adorais. Et elle était aussi importante pour moi, que mon frère jumeau lui même l'était. C'était dire l'important attachement que j'avais pour elle. Peu de gens pourraient comprendre une chose pareille, j'en étais bien conscient. Mais dans le fond, je me fichais bien de l'avis de ... Eh bien de tout le monde. Je menais ma vie comme je l'entendais et avec qui je le voulais. Or, la jeune femme faisait partie intégrante de ma vie. Je l'aimais sincèrement et je ne me voyais plus vivre sans elle désormais. Je n'osais même pas imaginer une situation qui me ferait la perdre. C'était sans justement par crainte de la perdre au profit d'un autre, que j'éprouvais une certaine forme de jalousie à chaque fois qu'elle entamait une relation "amoureuse" avec un homme. J'avais tellement peur qu'elle me mette de côté pour un autre, que je ne pouvais que détester son mec du moment, quand elle en avait un. J'osais tout de même espérer qu'elle ne s'en était jamais rendue compte. Et qu'elle ne réalisait pas à quel point j'étais heureux qu'elle soit célibataire la plupart du temps. Elle pourrait s'imaginer que c'était pour d'autres raisons. Quoi qu'il en soit, ce soir là, il n'y avait qu'elle et moi. Personne susceptible de s'immiscer entre nous. Pas même mon frère, c'était dire comme nous étions bel et bien que tous les deux. Fait outrageusement plaisant d'ailleurs. Je ne pouvais pas nier que ça me plaisait beaucoup. Et je voulais tant lui faire plaisir, que j'acceptai de me mêler à la foule alors que ce n'était pas une chose que j'affectionnais particulièrement. Et quand nous y fûmes, j'enroulai tout naturellement un bras autour d'elle pour la serrer tendrement contre moi. Jusqu'au moment où je la sentis frissonner et l'interrogeai pour savoir si ça allait. Je ne pouvais m'empêcher de toujours m'inquiéter pour elle. C'était plus fort que moi. J'espérais juste qu'elle ne trouvait pas ça ennuyeux à la longue. Parce que ça partait d'un bon sentiment. Et il n'y avait vraiment qu'elle qui avait droit à tant de ma part. « Très bien… » Je souris et me contentai donc de cette réponse.

Je tournai malgré tout le regard vers elle et éprouvai une légère surprise et hésitation, quand je croisai son regard qui me semblait presque ... Difficile à dire. Peut-être troublé. Ou plus que ça. Je n'étais pas assez doué en relations humaines et en émotions, que je ne saurais dire ce qui brillait dans son regard. Mais c'était quelque chose que je n'avais pas pour habitude d'y voir. Mais je finis par conclure que je me faisais simplement des films et abandonnai donc l'idée de m'interroger plus encore à ce sujet. Si vraiment quelque clochait ou n'allait véritablement pas, je comptais sur Orfhlaith pour tout simplement me le dire. Elle me connaissait assez pour savoir que jamais je ne la jugerais à propos de quoi que ce soit. Ce n'était pas dans mes habitudes. Enfin si, mais pas avec elle. « C’est magnifique… » Je souris en coin et hochai positivement la tête, quand bien même elle ne me regardait pas faire. J'étais bien d'accord avec elle. Ce feu d'artifice était particulièrement beau et réussit. J'étais d'autant plus heureux d'avoir soudainement décidé de m'y rendre. Surtout avec Orfhlaith qui semblait sincèrement apprécier ce genre de soirée. « Dire que quand j'étais gosse, j'en avais peur. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis enfermé dans le placard mural de ma chambre pour qu'on ne m'oblige pas à aller assister à un feu d'artifice; Jusqu'au jour où je suis resté coincé dans ledit placard ... » Soufflai-je doucement, en lâchant un très léger rire à ce souvenir pour le moins gênant. Encore un truc que je ne faisais qu'avec Or. Lui révéler absolument tous les points de ma vie. Même les plus honteux. Parce que si elle riait, ce n'était jamais pour se moquer. Et que forcément, l'amuser me plaisait bien. La voir rire encore plus. N'était-ce pas préférable de la voir rire et sourire, que pleurer ou faire la tête ? Si, pour sûr que si. Malheureusement, je n'étais pas un comique dans l'âme. J'étais juste ... Moi ... C'était mon frère le mec cool et super drôle, entre nous deux. Pas étonnant qu'il ait plus de succès que moi en amour. Les gens adoraient les personnes drôles. Moi ... J'étais juste ennuyeux à mourir. Autant le reconnaître, c'était le cas.

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Si les gens avaient tendance à préférer Gofraidh parce qu’il était plus extravagant et plus ouvert, ce n’était pas mon cas. Même si j’avais toujours été attachée aux jumeaux, j’avais toujours été plus proche de Suileabhan. Parce que nos caractères étaient les mêmes, nous nous ressemblions beaucoup. J’étais sans doute la seule qui pouvait le comprendre vraiment et ne pas le juger. Même son frère avait parfois tendance à rire de ses petites manies, ou de ses tocs comme Suileabhan les appelait. C’est vrai qu’au quotidien, ça pouvait donner à sourire mais je ne m’étais jamais moquée de lui. Je l’avais toujours pris comme il était et ça continuerait. C’était sans doute pour ça qu’il me faisait autant confiance aussi, parce que je n’avais jamais cherché à le changer, à le faire devenir un autre homme. Il avait défauts, tout comme j’en avais aussi, mais ça ne devait pas être ce genre de choses qui devait se mettre entre nous. Quand on aimait quelqu’un, on l’aimait pour ses qualités et aussi pour ses défauts et c’était le cas en ce qui nous concernait. Voilà pourquoi j’étais si bien avec lui. Et si heureuse qu’il me fasse partager cette soirée en sa compagnie. Parce que je savais que c’était une chose dont il n’était pas spécialement amateur. Aller se mêler dans la foule juste pour me faire plaisir et faire en sorte que je profite de la soirée, c’était juste adorable de sa part. C’était dans un moment pareil que j’avais envie de me blottir contre lui, de poser mes lèvres sur les siennes, de lui faire comprendre ce que je ressentais. Mais je n’osais pas, ma peur de le perdre était tellement plus forte que le reste… Ses petites attentions me touchaient, et oui ça pouvait me troubler. J’avais les yeux brillants, je me sentais tellement bien… De tous les hommes que j’avais pu fréquenter, jamais personne ne s’était comporté comme ça avec moi. Suileabhan était tellement différent de tous les autres… J’étais tellement heureuse que j’en étais émue, ne faisant presque plus attention aux émotions que je pouvais laisser paraître. Blottie dans les bras de mon meilleur ami, je passais la meilleure des soirées que je n’avais pas vécue depuis longtemps.

« Dire que quand j'étais gosse, j'en avais peur. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis enfermé dans le placard mural de ma chambre pour qu'on ne m'oblige pas à aller assister à un feu d'artifice; Jusqu'au jour où je suis resté coincé dans ledit placard ... » J’esquissai un léger sourire à cette confidence. Non, je n’avais pas envie de me moquer de lui, tout simplement parce que ça ne me ressemblait pas. Je trouvais même ça touchant. Nous avions beau nous connaître depuis de longues années, il arrivait encore à me surprendre. Même si je le savais pas très fan des feux d’artifice, je ne savais pas pourquoi. Maintenant, j’en avais l’explication. Je relevai légèrement le visage vers lui pour le regarder. « Et qu’est-ce qui t’a fait ne plus avoir peur… ? » Quelque chose avait bien du changer pour que sa peur se change. Il avait grandi, bien évidemment, la peur s’était sans doute muée en autre chose. Mais pour moi, il avait fait l’effort de venir ici. Je savais que je comptais pour lui mais il me donnait une sensation encore différente ce soir. Comme s’il partageait mes sentiments. Comme s’il avait envie que je sois heureuse. Et ça fonctionnait à merveille. Ce fut presque avec un soupir que le feu se termina, après un final haut en couleur. Le temps était passé si vite, ça avait été magnifique et j’étais encore sous le coup de l’émotion. Les gens commençaient à s’en aller mais j’étais toujours là, dans les bras de Suileabhan, dont je finis par me détacher quand même. Je n’avais pas envie d’abuser de sa gentillesse. Mais une chose était certaine, c’était que je n’avais pas envie que la soirée se termine maintenant. Il était venu me chercher voilà quelques heures, le temps avait passé à une vitesse folle. Mais j’avais envie que ça continue encore un peu

« On va boire un verre quelque part… ? » demandais-je, avec l’espoir qu’il accepte. Pour beaucoup, la soirée ne faisait que commencer, le feu d’artifice n’était qu’un prélude au reste. Et j’avais envie que ce soit un prélude pour nous aussi. Ce n’était pas dans les habitudes de Suileabhan de faire la fête comme ça, mais c’était l’occasion de changer aussi de notre routine. Et puis, on pouvait prolonger la soirée avec une bonne bouteille de vin chez l’un ou chez l’autre, c’était une bonne alternative aussi. Ça serait même encore mieux, si je n’avais pas peur que ça dégénère…

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A boulevard of hope and dreams, streets made of desire.

A nous voir, Orfhlaith et moi, il était certain que l'on pouvait s'imaginer tout un tas de trucs pourtant absolument faux. Croire que nous étions un couple, était finalement on ne peut plus logique, compte tenu de notre façon de nous comporter l'un avec l'autre. Alors que le feu d'artifice continuait de colorer le ciel d'incroyables couleurs et formes, la jeune femme se pressait tout contre moi avec plus d'insistance encore. A l'image des fois où elle se lovait littéralement contre mon corps, quand nous regardions la télévision. Enfin, plus précisément, un film. Je ne me demandais jamais ce que les gens pouvaient bien penser de nous ou même de moi. Parce que je m'en fichais un peu, en grande partie. Mais également parce que j'avais d'autres sources de questionnements en tous genres. Quoi qu'il en soit, alors que je resserrais l'emprise de mon bras autour d'elle, je ne pu que comprendre pourquoi on nous prenait pour un couple alors que nous n'en n'étions pas un le moins du monde. Il était facile de s'y méprendre, j'en étais bien conscient. Et non, je n'éprouvais pas la moindre envie de détromper les gens. En fait je m'en fichais bien. Et puis ça voudrait dire qu'il nous faudrait nous comporter d'une manière totalement différente, l'un avec l'autre. Or, je refusais cette seule idée. J'étais beaucoup trop bien comme ça. Et puis elle était la seule femme que je laissais s'approcher autant de moi, tout le temps. Ce qui ne signifiait pas rien. Je n'étais pas forcément un grand amateur de contact physique. Mais quand il était question d'Orfhlaith, ce n'était plus pareil le moins du monde. Je me souvenais même d'une fois où je l'avais prise dans mes bras par besoin d'être réconforté, sans pour autant que ce soit dit à haute voix, et où ma petite amie du moment nous avait "surpris" et n'avait que moyennement apprécié la chose. Quand bien même elle m'avait cru quand je lui avais expliqué qu'Or était ma meilleure amie et que j'avais besoin de ça, elle n'avait pu supporter que je sois incapable d'avoir un tel comportement avec elle. Encore une fille qui m'avait rapidement laissé tomber. Soit, j'étais abandonné aux ruptures de ce genre. « Et qu’est-ce qui t’a fait ne plus avoir peur… ? » Ramené sur terre par sa voix, je souris en me souvenant qu'il était question de ma peur passée, des feux d'artifice. « Comme à chaque fois ... Je combat mes craintes par la connaissance. En clair, j'ai appris comment ça fonctionnait et la peur m'est passé. Même si je ne comprends pas toujours l'intérêt. Je ne pense pas être totalement insensible ... Mais il en faut beaucoup pour m'émerveiller. »

Ca, elle le savait. Comme elle connaissait mon besoin de toujours tout comprendre et pouvoir tout contrôler. Pas parce que j'avais un caractère à dominer. Non, pas le moins du monde. Simplement parce que je me sentais juste incroyablement mal quand j'étais face à une situation que je ne saisissais pas. Face à un fait incompréhensible. Face à une personne que j'étais incapable de cerner. Bref, la routine pour moi en clair. Quand le feu d'artifice prit fin et que la foule commença à se disperser, je laissai mon bras retomber le long de mon corps, à mesure qu'Or elle même se détachait de moi. J'aurais voulu que ça dure un peu plus longtemps, rien que pour l'apaisement que je ressentais au fait de l'avoir ainsi tout contre moi. « On va boire un verre quelque part… ? » J'ouvris la bouche, prêt à refuser, quand je croisai son regard. Elle avait beau ne rien faire d'improbable pour me faire dire oui, ses yeux me faisaient le même effet que ceux du chat potté. Parce que oui, j'avais des références parfaitement improbables, à côté de certaines plus logiques et plus en adéquation avec la personne que j'étais. Ainsi finis-je par soupirer doucement et afficher un sourire vaincu. Soit. Elle semblait désirer que cette soirée ne prenne pas fin en si bon chemin. Et de mon côté, j'étais un peu le crétin qui accepterait à peu près tout et n'importe quoi si ça pouvait lui faire plaisir. Pouvait-on vraiment être aussi gaga de sa meilleure amie ? Eh bien il fallait croire que oui. Parce que j'avais cette tendance là avec elle. Encore une fois, elle était bien la seule femme qui était en mesure d'avoir droit à un truc pareil de ma part. Et j'étais à peu près certain qu'elle était consciente de tout ça. Parce que je lui racontais mes mésaventures avec les femmes qui faisaient de brefs passages dans ma vie. « Bien ... Allons boire un verre ! Je t'en dois un de toute façon. » Remarquai-je en souriant en coin. Oui, puisqu'elle avait payé la première tournée. Sans trop réfléchir et avec l'excuse de ne pas vouloir la perdre dans la foule, je l'attrapai par la main et l'entraînai en direction d'un bar. Un peu trop peuplé, certes. Mais c'était soir de fait. Il était impossible de trouver un bar qui ne le serait pas. Nous prîmes place au bar, je lui demandai ce qu'elle souhaitait et passai la commande au serveur.

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ORFHLAITH & SUILEABHAN

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Même si nous nous connaissions depuis des années, il y avait encore des moments où Suileabhan pouvait me surprendre. Comme cette petite confidence, qui arrivait comme ça, sans prévenir, et surtout sans que je ne m’y attende. Chaque moment passé ensemble nous permettait de nous rapprocher sans cesse et j’aimais quand il s’ouvrait à moi. Parce que ça voulait dire qu’il me faisait encore confiance et qu’il ressentait le besoin de me parler. J’aurais pu chercher à savoir ce qui avait provoqué cette peur, mais je ne l’avais pas fait. S’il avait voulu m’en parler, il l’aurait fait, c’était aussi simple que ça. Et puis, c’était du passé maintenant, je n’allais pas chercher à faire remonter cette vieille peur dont il avait réussi à se débarrasser. Pourtant, j’avais envie de savoir comment il était arrivé à ne plus avoir peur, justement. Ce genre de phobies, surtout quand on est petit, ça marque. C’est vrai que, pour un homme, c’était tout de suite moins crédible et il avait dû grandir en apprenant qu’un homme ne pouvait pas avoir ce genre de peurs. Mais tout de même… « Comme à chaque fois ... Je combat mes craintes par la connaissance. En clair, j'ai appris comment ça fonctionnait et la peur m'est passé. Même si je ne comprends pas toujours l'intérêt. Je ne pense pas être totalement insensible ... Mais il en faut beaucoup pour m'émerveiller. » J’esquissai un sourire, pas vraiment étonnée d’apprendre comment il avait réussi à mettre sa phobie de côté. Depuis que je le connaissais, j’avais compris ce trait de personnalité, à toujours essayer de comprendre comment les choses se passaient, comment elles se créaient. Et c’était quelque chose que j’avais toujours admiré chez lui. Tellement admiré que j’avais décidé de prendre le même chemin, pour certaines choses. « Un intérêt, je crois qu’il n’y en a pas vraiment, si ce n’est le plaisir de voir les fusées éclater en des myriades de couleur » répondis-je en esquissant un sourire. Parce qu’il fallait bien avouer qu’un réel intérêt, il n’y en avait pas à regarder un feu d’artifice, c’était juste esthétique. Mais parfois, cette superficialité faisait du bien aussi.

En tout cas, je fus contente que Suileabhan accepte ma proposition d’aller boire un verre quelque part. J’aurais été un peu déçue que la soirée se termine déjà maintenant. Il était quand même venu me chercher pour que nous assistions au feu d’artifice, ça voulait dire une soirée complète. Bon, d’accord, comparé à mon cher et tendre meilleur ami, j’étais une grande fêtarde. Je ne sortais pas tous les soirs mais mon métier m’obligeait parfois à aller à des soirées auxquelles je n’avais pas spécialement envie de participer. Mais je m’y étais habituée et ça faisait partie de mon quotidien. En tout cas plus que Suileabhan. Ce qui ne voulait pas non plus dire que je sortais toutes les semaines jusqu’aux petites heures. Je savais me modérer malgré tout. Mais je n’étais pas contre prolonger la soirée, surtout quand j’étais en agréable compagnie, comme en ce moment. Je n’aurais pas pu rêver mieux que d’être avec Suileabhan ce soir. « Bien ... Allons boire un verre ! Je t'en dois un de toute façon. » Et là, je le regardai avec un grand sourire, comme une petite fille à qui on venait d’accepter un caprice. J’étais contente qu’il me propose d’aller boire un verre dans un bar au lieu de retourner directement chez l’un de nous. Je me sentais tellement bien ce soir que j’avais peur que ça dérape. Que je veuille encore me rapprocher de lui, comme j’avais l’habitude de faire quand nous étions tous les deux, et que je finisse par l’embrasser. J’en avais tellement envie depuis quelques semaines que j’avais peur de ne plus me contrôler. Finalement, une terrasse c’était bien.

Les gens avaient décidé de faire comme nous et je ressentis une bouffée de chaleur en sentant la main de Suileabhan dans la mienne. Les autres allaient vraiment croire que nous étions un couple. Encore un peu et je finirais par le croire moi-même. Et qu’importe la foule, j’étais bien avec mon meilleur ami. Et cette fois, je pris une boisson un peu plus forte que le cocktail de début de soirée. Pas dans l’intention de me bourrer la gueule, je savais quand même me tenir, mais la soirée avait été riche en émotions pour ma part. Et j’avais besoin d’un petit remontant. « Gin tonic » dis-je au serveur quand il s’approcha pour prendre notre commande. Une de mes boissons préférées. Surtout quand j’étais en soirée, comme ça. Ça me mettait de bonne humeur et dans une bonne ambiance. Je m’accoudai au bar en regardant Suileabhan avec un petit sourire. « Alors, cette soirée te plaît quand même ? » lui demandais-je, posant mes yeux quelques secondes sur les gens présents avant de revenir vers lui. Je savais que ce n’était tellement pas son truc… La moindre des choses que je puisse faire était quand même de lui faire passer une belle soirée, malgré la foule et l’agitation autour de nous.

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ORFHLAITH & SUILEABHAN

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Du peu de personnes de qui j'étais proche, il semblait évident que c'était Orfhlaith elle même, qui me connaissait le mieux. Parce que contrairement à mon frère, elle était en mesure de me comprendre. Et ce, pour la simple et bonne raison que nous étions semblables sur bien des points. Et je n'aurais jamais dans l'idée de m'en plaindre, puisque c'était ce qui faisait que nous nous entendions aussi bien. Donc, je m'en réjouissais plus qu'autre chose. C'était réconfortant de savoir qu'il y avait au moins une personne qui nous comprenait. Beaucoup mieux que rien du tout en tout cas, pour sûr. Je n'avais même pas honte d'avouer clairement ma peur passée des feux d'artifice. Et je fus même presque fier d'expliquer comment j'étais parvenu à me débarrasser de cette pesante phobie, au fil du temps. Parce que selon moi, c'était bien une fierté que de pouvoir dire que l'on était parvenu à se débarrasser d'une importante phobie. Et puis la façon dont je m'y étais pris n'avait rien de bien surprenant venant de moi. C'était même on ne peut plus normal. Parce que j'étais quelqu'un de très réfléchis, qui prenait le temps de se montrer rationnel avant toute chose. C'était même presque ce qui était le plus important pour moi. Toujours prendre le temps de réfléchir au pourquoi du comment. Pourquoi j'avais cette peur irrationnelle. Mais surtout comment ça fonctionnait. Même s'il fallait reconnaître qu'une fois parfaitement au courant du fonctionnement de la chose, toute la magie tu truc disparaissait. Mais je préférais ça à la peur que ça provoquait chez moi. « Un intérêt, je crois qu’il n’y en a pas vraiment, si ce n’est le plaisir de voir les fusées éclater en des myriades de couleur » Alors je ne devais pas être plus sensible que ça aux "myriades de couleurs" qui éclataient dans le ciel sombre. A vrai dire, je n'étais pas particulièrement sensible à l'art non plus. Le seul qui m'intéressait était l'écriture. La magie incroyable de mots. Ni plus ni moins. « Tu es plus sensible à ce genre de ... Truc, que moi. » Remarquai-je simplement, en haussant les épaules. On ne pouvait pas non plus être semblables sur absolument tous les points. Forcément, certains étaient différents. Et dans le fond, ne pas être pareils sur tous les niveaux, ne pouvait pas nous faire de mal. Tout au contraire même. C'était peut-être mieux encore.

Et s'il y avait bien un autre point sur lequel nous n'étions pas du tout pareils, c'était bien dans le fait qu'elle appréciait faire la fête et se mêler à la foule, quand moi je détestais vraiment ça. Mais pour elle, j'étais vraiment prêt à beaucoup de choses. Raison pour laquelle j'acceptai, contre toute attente, d'aller boire un dernier verre en sa compagnie. Tant que c'était avec elle, je ne voyais vraiment pas de raison valable pour refuser ça ! Et rien que pour voir cet incroyable sourire faire son apparition sur son visage, ça valait largement le coup. J'aimais l'idée de pouvoir rendre au moins ma meilleure amie, un tant soit peu heureuse. Parce qu'il semblerait que je n'étais pas vraiment super doué pour ça. Mais soit. Avec Or', je savais plus ou moins quoi faire pour lui donner au moins le sourire. Et ce fut presque un réflexe tout naturel chez moi, que de la prendre doucement par la main pour l'entraîner avec moi en direction du bar que je venais d'apercevoir. Je ne pensais absolument pas à ce que les gens pouvaient bien penser de ce genre de gestes. Tout ce qui comptait, c'était notre complicité à toutes épreuves. Nous primes ensuite place au bar et je la laissai passer sa commande, avant d'indiquer tranquillement la mienne. « Alors, cette soirée te plaît quand même ? » Je reposai les yeux sur elle, croisant son regard quelques secondes avant que je ne me détourne pour observer les alentours. Le bar était bondé. Mais les gens n'agissaient pas encore comme des crétins. Personne n'hurlait juste par besoin de se faire remarquer. Aucune bagarre à l'horizon non plus. En fait, l'ambiance était plutôt bon enfant. Autant dire que, pour moi, c'était très bien ainsi. J'espérais quand même que ça durerait au moins le temps que nous étions là tous les deux. Je me demandais d'ailleurs combien de temps voudrait rester ma meilleure amie. Et si elle allait vouloir faire encore autre chose ensuite ou non. Je reposai les yeux sur elle en affichant un faible sourire amusé. « En tout cas, pour l'instant, je ne me force pas à rester. » Lui répondis-je en songeant que c'était peut être un peu sa crainte, puisqu'elle me connaissait assez pour savoir que je n'étais pas du genre à assister à des soirées de ce genre. « J'espère que toi, ça te plais ... » Parce que c'était quand même elle la principale raison pour laquelle j'étais encore là et que j'acceptais tout ça !

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ORFHLAITH & SUILEABHAN

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Il y avait bien des choses qui nous différenciaient, Suileabhan et moi, mais elles nous rapprochaient en même temps. Sans me vanter, je devais être la seule femme à pouvoir être aussi proche de lui et à l’accepter comme il était, à ne jamais le forcer à dire ou faire quoi que ce soit. C’était naturel pour moi, je ne voyais pas pourquoi je devais le brusquer à certaines choses s’il n’en avait pas envie. C’était le meilleur moyen de le braquer, j’avais déjà pu le constater. Et ce n’était de toute façon pas dans mon caractère. Avec lui. Avec les autres, c’était différent. Mais Suilebhan avait une place toute particulière dans mon cœur et dans ma vie, et je ne me comportais pas avec lui comme je pouvais le faire avec les autres. Peut-être parce que je le connaissais depuis tellement longtemps que je savais instinctivement ce que je devais faire ou pas. En tout cas, je ne m’étais jamais forcée à rien et ça ne serait jamais le cas. « Tu es plus sensible à ce genre de ... Truc, que moi. » J’esquissai un sourire. C’est vrai que j’étais beaucoup plus sensible à certaines choses superficielles, comme un feu d’artifice. Mais pour moi, ce qui avait un trait purement esthétique était important aussi. Je n’étais pas matérialiste et je ne faisais pas passer mon apparence avant tout, mais j’aimais quand même ce qui était esthétiquement joli. Comme un feu d’artifice mis en valeur par un jeu de sons et lumières. Pour moi, c’était un beau spectacle, même si ce n’était que des fusées qui explosaient dans le ciel. Je pouvais comprendre que Suileabhan n’en soit pas fan, surtout au vu de ce qu’il venait de me raconter. « Sans doute parce que je suis une fille… » fis-je remarquer avec un sourire. Parce que oui, le fait d’être une femme me rendait plus sensible à ce genre de choses. Surtout avec les images que j’avais en tête. Un scénario digne de film, dont je savais qu’il ne se produirait jamais. Mais ça ne faisait pas de mal de rêver.

Nous nous retrouvâmes bien vite au bar en train de boire un verre une fois le feu d’artifice terminé. Et on pouvait constater que, pour beaucoup de personnes présentes, la soirée ne faisait que commencer. Le feu n’était qu’un prélude au reste. Et je dois bien avouer que je me serais laissée tenter bien volontiers de poursuivre jusqu’à la fin de la nuit. Sortir une fois de temps en temps, comme ça, je n’étais pas contre. A force de ne penser qu’au boulot, je passais à côté de tas de choses. Mais ce n’était pas grave. Ce soir, j’étais en compagnie de mon meilleur ami et j’avais envie d’en profiter. Au point que je m’inquiétais de savoir si cette soirée lui plaisait. Parce que, malgré tout, je savais qu’il était venu ici pour me faire plaisir, que ce genre de soirée n’était pas du tout son truc. « En tout cas, pour l'instant, je ne me force pas à rester. » Je hochai alors la tête, soulagée. Tout ce qu’il avait fait ce soir, c’était pour me faire plaisir, je le savais. Et s’il ne se forçait pas à rester, c’était bon signe. Une chose était certaine, je ne l’emmènerais pas faire la fête jusqu’au bout de la nuit, je savais que ça ne lui plairait pas. Mais peut-être encore boire un verre, c’était assez sympa quand même. « J'espère que toi, ça te plais ... » Au vu du sourire qui était présent sur mes lèvres, le contraire aurait été étonnant. Je hochai alors la tête, prenant une gorgée de mon verre avant de lui répondre : « Oui, je passe une excellente soirée. Merci… » Je m’approchai légèrement et déposai un doux baiser sur sa joue. Ce soir, je n’avais à me plaindre de rien, tout était parfait. Le petit verre que nous avions pris en terrasse, avant d’aller assister au feu, puis ce moment tout simplement magique des fusées éclatant dans le ciel, et ce verre que nous étions en train de prendre comme si c’était la chose la plus normale au monde. Si c’était naturel pour moi, ça ne l’était pas pour Suileabhan. Mais le fait qu’il fasse autant d’efforts pour moi ce soir, c’était plus qu’une preuve d’amitié. Non pas que j’en aie besoin pour savoir qu’il tenait à moi, mais ça me faisait vraiment plaisir. Ça faisait longtemps que je ne m’étais plus sentie aussi bien, aussi heureuse. Et puis, nous allions partir en vacances aussi, nous aurions d’autres bons moments à passer ensemble. « Tu me dis quand tu veux rentrer hein… » lui dis-je, en esquissant un sourire. Parce qu’après tout ce qu’il avait fait pour moi ce soir, je n’allais pas le forcer à rester plus longtemps qu’il ne pourrait le supporter. C’était bien de boire un verre dans la foule mais nous pourrions aussi continuer la soirée chez lui ou chez moi, avec un verre de bon vin. Vu comment les choses se passaient, c’est-à-dire à merveille, je pouvais très bien écourter ce genre de soirée pour une plus au calme, à simplement discuter comme nous en avions l’habitude

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ORFHLAITH & SUILEABHAN

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Si Orfh' semblait être attirée par les jolis trucs à regarder, ce n'était pas tout à fait mon cas. Pour ne pas dire du tout en fait. Je ne comprenais pas franchement l'intérêt de tout cela. Si ça n'avait ni sens ni intérêt, pourquoi perdre son temps avec ça ? C'était un concept avec lequel je n'avais jamais été bien à l'aise. Je ne comprenais pas l'intérêt alors je ne pouvais pas vraiment me pencher sur la question. Je laissais donc la jeune femme gérer ça de son côté. Heureusement, je respectais assez les goûts et les couleurs de tout à chacun. Surtout ceux de ma meilleure amie, il était vrai. Et ce, même quand j'étais juste royalement incapable de comprendre. Parce que je ne pouvais pas nier que j'avais pourtant la fâcheuse tendance à me fermer quand je ne comprenais pas quelque chose. Mais là encore, il ne fallait pas oublier qu'il était quand même question de ma meilleure amie. Et ça signifiait absolument tout déjà. « Sans doute parce que je suis une fille… » Oui, ça pouvait être une raison en mesure d'expliquer tout ça. Ou bien c'était simplement du au fait qu'elle était sensible, point barre. C'était sans doute là le point qui nous différenciait le plus l'un de l'autre. Et non, ce n'était pas forcément pour me déplaire. A vrai dire, ça me rassurait même un tant soit peu de pouvoir constater que nous n'étions pas exactement fait de la même étoffe. Et que, au delà de toutes nos ressemblances, nous pouvions quand même avoir quelques différences qui ne pouvaient clairement pas nous faire du mal. C'était même ce qui pouvait rendre nos échanges si intéressants, de façon constante, à mon humble avis. Et pour elle, j'arrivais même à faire quelques efforts en prenant sur moi, juste pour lui faire plaisir. Comme c'était le cas ce soir là alors que j'avais accepté de rester encore un peu en ville pour la soirée; Et ce, quand bien même je n'étais pas un grand fêtard et que je ne supportais que difficilement de me mêler à la foule. Mais là encore, c'était pour lui faire plaisir. Alors forcément que j'arrivais à faire quelques efforts. Et puis il semblerait que ça ne puisse pas me faire grand mal de m'aérer un peu l'esprit de temps à autre.

Et encore, là il n'était question que de boire un verre dans un bar, le soir de la fête nationale. Ce n'était pas sortir en boîte ou autre truc excessif de ce genre. Parce que ça, c'était clair et net, je ne le supporterais pas. Ce n'était vraiment pas moi ! Quand Or' me demanda ce que je pensais de cette soirée, je me contentai de lui répondre que je ne me forçais pas à demeurer ici. Disons plus clairement que ce n'était toujours pas mon truc et que je ne sautais pas de joie au fait d'être ici, entouré de tout ce monde. Mais que, malgré tout, ça n'allait pas me rendre malade ou quoi que ce soit de ce genre. Ce n'était pas non plus si horrible que ça, qu'on se le dise ! « Oui, je passe une excellente soirée. Merci… » Et elle ponctua ses paroles d'un faible baiser sur ma joue. Ce qui me fit sourire mais détourner la tête. Il n'y avait qu'avec Orfhlaith que j'appréciais les contacts physiques, pour sûr. Simplement, je n'étais pas totalement habitué à l'idée qu'elle fasse de telles démonstrations en publique. Mais ça ne me dérangeait pas pour autant. Ca me perturbait juste dira-t-on. « Tu me dis quand tu veux rentrer hein… » Je levai les yeux au ciel d'un air faussement excédé. Elle était toujours à s'inquiéter plus pour moi que pour elle en fait. C'était pour le moins déconcertant ! Mais depuis le temps, j'étais quand même habitué. Et sur le coup, je ne lui répondis rien du tout, préférant poursuivre cette soirée à discuter tranquillement et à boire quelques verres avant de finalement me redresser quand l'ambiance dans le bar sembla se faire encore plus festive. Là, oui, ça devenait trop pour moi. « On y va ? » Proposai-je en affichant une ébauche de grimace, avant de payer les dernières consommations et quitter le bar. J'avais pris garde à ne boire que deux verres d'alcool pour être encore en mesure de conduire puisque c'était moi qui gérait ça. Nous regagnâmes donc tranquillement notre immeuble et au moment d'y entrer, je me tournai vers Or'. « Tu veux monter boire un dernier verre à l'appart ? Histoire de me faire pardonner d'avoir mis court à la soirée. »

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