Depuis quelques semaines, et même s’il essayait de faire comme si de rien n’était, un « détail » tourmentait Pablo. En réalité, tout avait commencé lorsqu’il avait surprit son amie Madison dans son bureau, en train de faire du charme à un énième associé qui devait avoir au bas mot vingt ans de plus qu’elle. Sans vraiment savoir pourquoi, cette vision avait fait exploser le latino qui s’en était alors prit à la jeune femme, lui faisant clairement comprendre que son comportement le dépassait et pire, l’exaspérait. A ses yeux, Madi valait beaucoup mieux que ça, et elle n’avait pas le droit de gâcher ce qu’elle était avec ce genre de pervers pleins aux as. Cependant, malgré ses arguments et sa détermination, Pablo n’avait pas vraiment réussi à lui faire entendre raison. Mais ils étaient au moins tombés d’accord sur un point : avec lui, Madi ne jouait pas de jeu. Elle était elle-même, et finalement c’était tout ce qui comptait. Ce qui tourmentait le jeune pilote depuis des jours entiers était plutôt la fin de leur entrevue. Et plus particulièrement le moment où elle l’avait retenu. S’en était suivi un moment hors du temps, où leurs deux corps s’étaient rapprochés plus que jamais, où leurs lèvres s’étaient quasiment effleurées, mais que Pablo avait brisé en fuyant. Ce jour-là, il avait simplement eut peur de tout gâcher. Il tenait trop à Madison pour risquer de foutre leur amitié en l’air en lui offrant un baiser dont il ne se serait pourtant pas privé en temps normal.

Cette fin d’après-midi aurait pu être comme toutes les autres, à la différence près que Pablo décida de faire un petit crochet par un de ces cafés de Brooklyn qu’il connaissait bien. La serveuse était un peu spéciale, mais elle avait toujours un mot pour le faire rire. Une jolie brune aux yeux clairs du nom de Lisa, qui préparait aux yeux de Pablo le meilleur café de tout New-York. [Héhéhéhé Le latino entra donc dans l’établissement et se dirigea directement vers le comptoir pour la saluer. Après avoir discuté quelques minutes, il attrapa la tasse de café qu’elle lui tendait, et fila s’installer à une des tables encore libres. Comme un réflexe, il sortit son téléphone portable de la poche de son jean, et commença à vérifier le tas de mail qu’il avait reçu pendant la journée. L’ambiance de ce café lui permettait de le faire sans trop s’énerver ni se prendre la tête, ce qui était primordial pour terminer une journée telle que celle qu’il venait de passer.

Pianotant presque frénétiquement sur son téléphone, Pablo sirotait en même temps son expresso. Bien serré, comme il l’aimait. Décidément, cette Lisa était vraiment parfaite. [] Ce n’est qu’en sentant un regard sur lui que le latino daigna relever la tête, et tomba presque instantanément sur Madison, installée à une table un peu plus loin. Le jeune homme se figea quelques instants, bouche bée. «Merde… » pensa-t-il en reportant le plus vite possible son regard vers son cellulaire, feignant ainsi de n’avoir rien remarqué, même si au fond il savait que Madi l’avait vu, et ne croirait pas une seule seconde à son petit manège.

Rares étaient les moments où Madison avait le temps de se poser. Toujours à aller d'un bout à l'autre de New York, sautant d'une arnaque à une autre, d'une conquête à une autre... C'était son train de vie en même temps, elle n'était pas du genre à s'asseoir sur un banc pour donner à manger aux pigeons, ou à s'installer devant la télé ou un ordinateur toute la journée en se goinfrant de glace aux oréos comme certaines personnes (franchement je vois pas qui). Elle avait besoin d'action, et surtout de manipulation. La matinée ne lui avait pas offert beaucoup d'occasions de s'amuser, enchaînant réunion sur réunion à son travail. L'après-midi en revanche avait été un peu plus intéressant. Jackson l'avait appelé dans la matinée pour qu'ils se retrouvent à Brooklyn sans lui donner davantage de précisions. Elle aimait quand son grand frère lui laissait ce genre de messages, synonyme d'amusement et surtout d'arnaques. Elle avait aussitôt libéré son après-midi et avant de le rejoindre, était allée se changer. Quittant bijoux et robes de marque pour enfiler une tenue plus décontractée et surtout plus adéquate pour traîner dans la rue... Il était déjà installé quand elle était arrivée, une table devant lui couverte de ce qui semblait être de loin des dépliants. Elle le serra dans ses bras avant de demander toute sourire qu'elle était l'arnaque du jour. Pour toute réponse il lui mit en main un des dépliants, qui s'avéra être en fait une carte de New York. Une carte accompagnée d'une liste de soit disant série d’événements, une étoile indiquant le lieu de chacun. Sauf qu'elle datait de l'an passé. Madison pouffa et songea qu'il ne manquait vraiment pas de culot. Mais l'idée était excellente parce que les trois quarts des gens ne s'en rendaient même pas compte...
C'est ainsi qu'après avoir arnaqué plusieurs touristes, elle se retrouva dans un café du coin, son frère l'ayant déjà abandonné pour voler vers d'autres arnaques... Elle buvait tranquillement un café, servi par une charmante demoiselle ( ), le New york times étalé sur la table. Puis vint Pablo. Elle l'avait remarqué dès l'instant où il avait franchi la porte. La probabilité pour qu'ils se retrouvent dans le même café devaient être minuscules, surtout dans une aussi grande ville, et pourtant il était là. Elle songea un bref instant à partir et faire comme si elle ne l'avait pas vu, mais chassa très vite cette idée. Ils s'étaient évités depuis plusieurs semaines déjà, ne donnant plus de nouvelles, et elle devait se l'avouer, il lui avait manqué. Madison aurait aimé être plus mature, le contacter plus tôt, mais elle n'était pas parvenue à s'y résoudre. Elle avait été perturbée, puis avec le travail elle n'avait pas vraiment eu le temps d'y réfléchir. Mais il lui avait manqué et elle songea que tout ça avait assez duré. Il ne s'était rien passé, il n'y avait donc aucun malentendu. Mais pourquoi détourna-t-il le regard alors ? Elle pinça les lèvres, secouant la tête pour chasser ses interrogations, puis prenant son courage à deux mains, elle se décida.

« Alors comme ça on vient pas dire bonjour ? dit-elle une fois à côté de lui, d'un ton plus hésitant que prévu, et les yeux plissés avec malice. »

Dès l’instant où il croisa le regard de Madi, Pablo eut envie de fuir. Mais, comme pour compliquer un peu plus les choses, le fin fond de son esprit lui dictait de rester, et même d’aller la voir. A vrai dire, même s’il était terriblement gêné par ce qui était arrivé la dernière fois, le fait de la voir en face de lui lui réchauffait le cœur. Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu’il n’avait eut, ni prit aucune nouvelle, et Madison lui manquait. En temps normal, même s’ils ne pouvaient pas se voir aussi souvent qu’ils l’auraient voulu, ils avaient pour habitude de s’envoyer des messages, et même parfois de s’appeler. Tous les deux, ils se racontaient les anecdotes, les histoires drôle et improbables qui leurs étaient arrivé au boulot ou ailleurs. Mais depuis plusieurs jours, c’était silence radio. Et Pablo ressentait comme un gros vide. Il n’avait plus personne à qui raconter ce genre de choses stupides et inutiles, et ça le tuait.

Si seulement il n’avait pas été aussi stupide la dernière fois ! Qu’est-ce qui avait bien pu lui prendre de craquer comme ça, et de quasiment l’embrasser sans raison apparente ? Et pourquoi n’avait-elle pas fuit, pourquoi ne lui avait-elle pas retourné une claque qui lui aurait remis les idées en place ? Tout ça était bien trop étrange et déstabilisant pour que le latino ose aborder Madi de lui-même, alors même qu’il sentait le regard de la jeune femme fixé sur lui. Il préférait de loin faire mine d’être absorbé par le contenu de son téléphone portable, qui n’affichait pourtant que son écran de veille habituel. « Alors comme ça on vient pas dire bonjour ? » En entendant ces mots, le jeune pilote se figea. Elle était là, juste à côté de lui et bizarrement, son ton lui avait paru beaucoup moins direct que d’habitude. Sans avoir réellement le choix, Pablo leva les yeux vers Madi, et lui sourit un peu malgré lui.

« Oh ! Madi… » articula-t-il en prenant un air surpris, tout en doutant lui-même de ses capacités d’acteur. Et puis il ne s’adressait pas à n’importe qui ! Madison savait de quoi elle parlait et il ne parviendrait certainement pas à la rouler comme ça. Mais qu’importe, il aurait au moins essayé. « Je… Ca va ? Je m’attendais pas à te croiser…ici. » reprit-il après s’être éclairci la voix. Alors que ça ne lui avait jamais posé de problème auparavant, Pablo dut baisser les yeux, ne pouvant pas soutenir le regard de Madi plus longtemps. Pour se donner une contenance, il rangea son téléphone… avant de le ressortir trois secondes plus tard. Décidément, il ne savait absolument plus quoi faire devant elle. « Euh… pardon… tu veux t’asseoir ? » demanda-t-il en espérant secrètement qu’elle n’en avait pas le temps, et en désignant la chaise devant lui. Pablo s’auto-consternait, littéralement. Il ne s’était jamais vu comme ça, et le latin-lover qu’il était d’habitude semblait avoir déserté devant le doux visage de Madison.

Pablo leva les yeux sur elle et la jeune femme esquissa un bref sourire. « Oh ! Madi… » Elle dut se retenir pour ne pas lever les yeux au plafond. Prestation assez pitoyable. Mais en même temps il n'avait pas trop le choix, il n'allait pas avouer qu'il l'avait délibérément ignorée. Elle ne s'en offusqua donc pas, elle s'y était même un peu attendue et le voir déstabilisé lui redonna étrangement un peu confiance. « Je… Ca va ? Je m’attendais pas à te croiser…ici. » Elle échappa un petit rire, signifiant qu'elle non plus elle ne s'y était pas attendue. « Crois-moi c'est le dernier endroit où je pensais te voir aussi. Surtout depuis que tu ne viens plus me voir au boulot... Tu es occupé ces derniers temps ? » Elle avait lâché ça en toute innocence, penchant la tête légèrement sur le côté. Elle savait bien qu'il l'avait évité tout comme elle l'avait évité. Elle préférait pour le moment rester vague et ne pas de suite mettre les choses aux claires, mais assurément elle allait le faire. Si elle avait retrouvé son assurance pour le moment, elle ne souhaitait pas la perdre en mettant les pieds dans le plat directement. Elle doutait de rester aussi sûre d'elle pendant longtemps alors elle en profitait tant qu'elle contrôlait un tout petit peu la situation... « Euh… pardon… tu veux t’asseoir ? » Elle haussa les épaules, comme si elle était indifférente et n'était pas venue dans le but même de le faire justement. « Oui merci, je vais chercher ma tasse, je reviens tout de suite. »
Elle s'exécuta donc, laissant le journal sur la table puis retourna auprès de son ami. Elle prit le temps de s'installer confortablement, croisa les jambes, puis coudes sur la table, elle déposa sa tête dans le creux de ses mains avant de lever ses yeux verts sur Pablo, un léger sourire étirant ses lèvres. Elle était contente de le revoir après tout ce temps. Son sourire s'évapora rapidement cependant, elle finit par baisser les yeux un instant avant de les relever et de subitement lâcher : « Tu m'as manqué Pablo, ça faisait longtemps. » C'était un peu sorti tout seul mais elle le pensait sincèrement. Ces derniers mois elle avait été habituée à la présence quotidienne du jeune homme et ne plus le voir pendant quelques semaines lui avait paru étrange. Surtout que la manière dont ils s'étaient quittés avait été plus que perturbante. C'était un peu flou dans son esprit, elle ne savait pas très bien ce qui c'était passé mais une chose est sûre, ça les avait troublé tous les deux au point de ne plus vouloir croiser la route de l'autre. Ce qu'elle trouvait ridicule étant donné qu'il ne s'était rien passé. Enfin presque rien passé. Ça avait été proche mais Pablo s'était retiré à temps, alors qu'elle n'avait même pas été fichue d'esquisser le moindre geste. Elle ne comprenait pas d'ailleurs pourquoi elle ne l'avait pas fait. En y repensant, son assurance s'évapora à la vitesse de l'éclair. Pourquoi diable ne s'était-elle pas éloignée la première ?

Pablo était d’un naturel plutôt sûr de lui, surtout en matière de filles. Et pour la première fois de sa vie, en face de Madi, il perdait toute son assurance pour se retrouver réduit à l’état d’adolescent timide et incapable d’avouer ce qu’il ressentait. Bien sûr, cette vision qu’i avait de lui-même et de la situation l’agaçait eu lus haut point, mais même s’il essayait de toutes ses forces, il ne pouvait rien y changer. Le latino ressentait comme un blocage, une gêne qui l’empêchait d’agir normalement. Mais ce qui était le plus surprenant, c’était de voir le comportement de Madison. S’il y en avait bien une qui était sûre d’elle et qui gardait le contrôle en toutes circonstances, c’était elle. Et pourtant, cette fois-ci, le jeune homme la sentait plus fragile, plus hésitante… Et cette constatation ne faisait qu’accentuer son propre mal-être. « Crois-moi c'est le dernier endroit où je pensais te voir aussi. Surtout depuis que tu ne viens plus me voir au boulot... Tu es occupé ces derniers temps ? » Sautant sur l’occasion, Pablo répondit en vitesse et sans donner aucun détail. « Oui ! Pardon… j’ai pas eu le temps de passer. » C’était faux évidemment, mais elle lui avait tendu une telle perche… Il aurait été idiot de s’en priver. Pablo n’avait pas été plus occupé que d’habitude, et même si ça avait été le cas, il se serait toujours arrangé pour trouver cinq minutes à consacrer à son amie. La vérité était qu’il n’avait pas osé. Pourtant, l’envie était là et le manque se faisait bien sentir, mais il était resté campé sur ses positions et n’avait pas daigné faire le premier pas après ce qu’il s’était passé.

En revenant vers la table qu’il occupait, Madison s’installa en face de lui mais un silence pour le moins pesant s’invita presque aussitôt entre eux. Puis, sans prévenir, la jeune femme reprit la parole, rendant sans le savoir et certainement sans le vouloir le cœur de Pablo un peu plus serré que ce qu’il n’était déjà. « Tu m'as manqué Pablo, ça faisait longtemps. » Le jeune pilote baissa immédiatement les yeux en esquissant un léger sourire, plus timide qu’enjoué. « Tu m’as manqué toi aussi… J’aurai du t’appeler mais… je sais pas. » Pablo était passé si près du sujet qui occupait son esprit depuis le début qu’il pouvait sentir son cœur s’emballer tout seul. Mais comme s’il en avait peur, le jeune homme n’eut pas assez d’audace pour l’aborder proprement. C’était trop étrange, trop délicat et confus dans son esprit pour qu’il puisse en parler librement, surtout en face de celle qui avait tout déclenché. Elle devait le prendre pour un fou, penser qu’une mouche inconnue l’avait piqué en son absence, ou qu’on avait échangé le Pablo d’avant contre un mec timide, réservé et pitoyable. Et pourtant, c’était bien lui, même s’il avait lui aussi un peu de mal à y croire. De plus en plus mal à l’aise, il se racla la gorge, et du faire preuve d’une montagne de courage pour enfin relever les yeux vers ceux de Madi. Là, leur éclat l’interpella, tout comme le jour où il avait failli tout faire basculer. Il resta interdit pendant un moment, comme hypnotisé par ces deux pupilles qui le fixaient, puis déglutit bruyamment avant de reprendre d’un air le lus détendu possible. « La dernière fois, c’était… pardon. J’aurai pas du… enfin, tu sais… « Tel un enfant prit sur le fait, il était incapable de trouver ses mots, et préféra s’en remettre à la jeune femme, pour qu’elle tire elle-même les conclusions de ce qu’il essayait de lui dire.

« Oui ! Pardon… j’ai pas eu le temps de passer. » Elle ne fut guère surprise par sa réponse et ne s'était pas attendue à autre chose de sa part. Il n'allait tout de même pas lui avouer de but en blanc qu'il l'avait évitée, et ce même si leur comportement à tous les deux révélait clairement que c'était le cas... Avec quelqu'un d'autre, Madison aurait pu mettre directement les pieds dans le plat, s'amuser de la situation, en profiter si elle le pouvait. Elle aurait fait sa garce, comme d'habitude. Et qu'est ce qui lui empêchait de faire pareil d'ailleurs ? Pablo. C'était différent, parce que c'était un ami. Un des rares qu'elle avait et elle n'avait pas envie de tout gâcher pour une fois. « Je comprends, c'était la folie au bureau pour moi aussi... lâcha-t-elle à son tour, en guise d'excuses. » En même temps c'était toujours la folie dans la vie de Madison, toujours à courir à droite à gauche, du boulot à une arnaque, d'une arnaque à une conquête d'âge mûr... Mais ça ne l'avait jamais empêché auparavant de voir le jeune homme. Elle avait toujours réussi à trouver du temps pour le voir. Jusqu'à cette dernière fois où leur rendez-vous s'était terminé d'une manière plutôt... perturbante.
Elle l'avait donc évitée, avait essayé de ne pas trop s'interroger mais il lui avait manqué, et elle venait de lui avouer. Elle ne savait pas très bien pourquoi elle s'était laissée à dire une chose pareille. Mais après tout c'était sincère et il n'y avait pas de mal à dire à un ami qu'il nous avait manqué n'est ce pas ? Ce n'était pas vraiment le genre de Madison, qui en temps normal avait plutôt tendance à oublier les gens et ne jamais prendre de nouvelles. Mais Pablo n'était pas n'importe qui. « Tu m’as manqué toi aussi… J’aurai du t’appeler mais… je sais pas. » Elle eut un bref sourire, mélancolique. Elle savait pourquoi. Ils savaient tous les deux très bien pourquoi ils ne s'étaient pas appelé. Pour toute réponse, elle agita la main en un geste désinvolte pour signifier que ce n'était pas grave. Quand il leva les yeux sur elle, elle tenta tant bien que mal de ne pas dévier le regard. Elle n'était pas habituée à flancher quand quelqu'un levait les yeux sur elle. Elle avait tellement l'habitude d'avoir le contrôle sur tout, de faire sa garce que c'était généralement les autres qui détournaient le regard en la regardant, non pas l'inverse. Le monde s'était-il renversé ? Avait-on versé quelque chose dans son café qui lui aurait subitement fait perdre toute assurance, toute clarté sur la situation ? Ce n'était pas très compliqué pourtant. Ou peut-être que ça l'était trop justement. « La dernière fois, c’était… pardon. J’aurai pas du… enfin, tu sais… » Madison serra les dents un instant. On y était. Pendant un instant elle perdit pied, un gros blanc envahit son esprit, elle ne savait plus quoi dire. Qu'était-elle supposée dire ? Elle baissa les yeux sur ses mains. Elle s'obligea à respirer calmement et à prendre tout son temps pour répondre. Madison était une jeune femme avisée, elle parlait rarement sans réfléchir et elle ne dérogerait pas à ses habitudes. Quand elle le releva, son regard était plus dur, plus déterminé. Peut-être était-ce la meilleure solution. « Oui... Mais il ne s'est rien passé, alors il n'y a aucun malentendu. Inutile de s'excuser pour des choses sans importance, qui ne se sont même pas produites. dit-elle, terminant sa réponse en esquissant un petit sourire qui se voulait amicale. » Tout dénier. Tout oublier. Et ils redeviendraient amis comme avant. Ou peut-être en espérait-elle trop.

Pablo avait beau tourner et retourner la situation dans tous les sens, il ne comprenait pas pourquoi il réagissait comme ça. Madi avait toujours été une amie. Avec elle plus qu’avec toutes les autres, il aurait du être à l’aise, prendre ça à la rigolade, se moquer de cet instant bizarre qu’ils avaient vécu tous les deux la dernière fois. Mais au contraire, il semblait y accorder une telle importance que l’histoire n’avait plus rien de drôle. Aussi timide qu’un adolescent pré-pubère, aussi empoté qu’un intellectuel à lunettes parlant à sa secrétaire, il se sentait tout bonnement ridicule. Sans toutefois pouvoir y changer quelque chose. Par chance, et de ce qu’il en percevait, Madison n’avait pas l’air d’être comme d’habitude non plus. Un peu plus sur la retenue, son regard était plus fuyant, ses mots moins directs qu’à l’accoutumée. Mieux que ça, elle en arriva même à lui avouer qu’il lui avait manqué. Et ça, Pablo était loin de s’y attendre. Il connaissait assez la jeune femme pour savoir qu’elle n’avait pas pour habitude de s’attarder à dire ce genre de banalités. Lui non plus d’ailleurs… Et pourtant, ils en étaient rendus tous les deux à ce faire ce genre d’aveu pathétique, en rougissant presque de honte.

Ce n’est qu’au bout de quelques minutes que Pablo osa aborder le sujet houleux. Même s’il n’en était pas un d’ailleurs… Concrètement, il ne s’était rien passé, et pourtant l’impact de ce « rien » avait été énorme sur l’un comme sur l’autre des protagonistes. Pablo était mal à l’aise et bafouillait, Madi baissa les yeux… Tous les ingrédients d’un moment pénible étaient donc réunis. Et pourtant, la jeune femme sembla se reprendre plus vite que lui, et releva finalement les yeux d’un air que le pilote qualifia de déterminé. « Oui... Mais il ne s'est rien passé, alors il n'y a aucun malentendu. Inutile de s'excuser pour des choses sans importance, qui ne se sont même pas produites. » Son discours aurait pu être crédible et percutant, si un petit sourire ne l’avait pas ponctué. Le jeune pilote ne savait d’ailleurs pas vraiment comme l’interpréter. Il ne semblait pas totalement serein, comme si Madison n’était pas spécialement convaincue de ce qu’elle avançait. Mais, en feignant qu’il n’y avait plus aucun problème et que tout pouvait être réglé aussi simplement, Pablo acquiesça. Retrouvant un semblant d’assurance, il reprit même la parole d’un ton plus persuasif qu’il ne l’aurait pensé. « T’as raison. Il ne s’est rien passé du tout, aucun malentendu… » Le jeune homme baissa ensuite son bras pour venir attraper sa tasse de café et en reboire une gorgée, plus pour se donner une contenance que parce qu’il en avait réellement envie. Mais au lieu de trouver la tasse, sa main atterrit directement sur celle de Madi. Aussitôt, le latino se reprit et recula, si bien que leurs deux mains ne firent que s’effleurer, mais le mal était fait. Quel idiot il était ! Pourquoi n’avait-il pas fait attention, n’avait-il pas regardé ce qu’il faisait ?! Baissant les yeux, il perdit instantanément toute la belle assurance qu’il venait d’accumuler.

Nouveau silence pesant. Sous les yeux de la serveuse qui devait se demander quelle mouche avait piqué ce client qu’elle connaissait pourtant si bien et qu’elle n’avait jamais vu comme ça. Puis un soupir, et Pablo reprit d’une voix faible : « Tu crois vraiment qu’on peut tout oublier…? » Il ne savait même pas s’il posait la question à Madi ou s’il se la posait à lui-même, mais si elle avait une réponse, la moindre solution, il espérait qu’elle la partage.

« T’as raison. Il ne s’est rien passé du tout, aucun malentendu… » Madison hocha tout doucement la tête. C'était aussi simple que ça. Ils n'avaient qu'à tout oublier et passer à autre chose. Il continuerait à venir la voir au bureau comme autrefois, ils passeraient à passer du bon temps ensemble et ne penseraient plus du tout à ce qu'il s'était passé. Ou plutôt ce qu'il ne s'était pas passé. C'est que jusqu'à maintenant elle n'avait jamais vraiment regardé le jeune homme en tant que tel. Elle ne le prenait pas une femme non, mais étant rapidement devenu amis, elle n'avait pas cherché à avoir plus. Puis les goûts de Madison se portaient en temps normal sur des hommes bien plus âgés... Maintenant qu'elle le regardait mieux il est vrai que Pablo ne manquait pas de charme. Ses yeux bleus devaient assurément l'aider avec les filles, ainsi que ses airs de latin lover. On pouvait dire aussi qu'il était plutôt bien bâti... Elle fut interrompue dans ses rêveries quand Pablo effleura soudainement sa main. Elle tressaillit, la ramena aussitôt vers elle, le cœur battant la chamade. Tout doux, essaya-t-elle de se sermonner. Inutile de monter sur ses grands chevaux, il n'avait pas fait exprès et jamais auparavant le toucher ne lui avait posé de problème. Elle se passa une main dans les cheveux pour essayer de se refaire une contenance. C'était quoi ce bordel ?
« Tu crois vraiment qu’on peut tout oublier…? » murmura-t-il soudain. Elle avait quitté son regard après que leurs mains se soient effleurés et elle le releva alors, l'air un peu confuse. Oui... ? Qu'est ce que ça ferait si elle répondait ça ? Arriverait-elle à être sincère ? Arriverait-elle à le penser ? C'est ce qui la dérangeait le plus à vrai dire, elle ne savait pas ce qu'il se passerait si elle répondait non. Elle poussa un long soupir. Elle n'avait pas particulièrement envie de gâcher son amitié avec Pablo. Mais que se passerait-il si elle se laissait tenter ? A coup sûr elle allait finir par se lasser. Elle finissait toujours par l'être et au final il serait sûrement blessé et ça en serait fini de leur amitié. Ou bien peut-être pouvaient-ils se laisser aller, s'amuser et en profiter le temps que ça durerait. Inutile que ça devienne quelque chose de sérieux, Madison n'y arriverait pas de toute manière. Il devait le savoir après tout, il voyait bien qu'elle trompait son soit disant fiancé à la moindre occasion. Elle courrait souvent d'une conquête à une autre et ne parvenait jamais à se stabiliser. Dès qu'une personne n'avait plus d'intérêt à ses yeux ou ne l'amusait plus, elle se lassait très rapidement. Encore plus si elle avait obtenu ce qu'elle voulait d'eux. C'était une garce et elle le savait. Pablo pouvait bien dire tout ce qu'il voulait, qu'avec lui elle n'était pas comme ça et compagnie, mais elle était juste aussi perdue que lui pour le moment. « Je ne sais pas Pablo... finit-elle par répondre. J'imagine que non au vu de nos réactions mais qu'est ce que ça voudrait dire alors ? Où est ce que ça nous mènerait ? » Elle se posait en même temps les questions à elle-même. Analyser la situation, ça elle pouvait le faire. Réfléchir, observer, prévoir, voilà ce qu'elle faisait toujours pour ne pas être prise au dépourvu. Pourquoi alors n'avait-elle pas prévu ce qui c'était passé la dernière fois et son absence de réaction ?

c'est nase pardon

Pablo s’était rarement retrouvé aussi perdu et démuni en face d’une fille. Et quand il pensait que Madi était l’une de ses meilleures amies, cela rendait la situation encore plus paradoxale. Comment pouvait-elle lui faire un effet pareil alors qu’il l’avait toujours côtoyée sans aucune arrière pensée ? Bien sûr, Pablo était conscient que Madi était une jolie fille, ce genre de chose ne lui échappait jamais. Mais la relation qu’il avait entretenue avec elle l’avait empêché de penser à autre chose, et elle était une des rares qu’il n’avait pas essayé de mettre dans son lit. Et tout ça, c’était parce qu’elle était à part. Ils s’amusaient tellement tous les deux, comme des gamins, qu’il ne lui était jamais venu à l’esprit de la voir autrement. Puis, une sorte de jalousie s’était invitée entre eux. En la voyant fréquenter des hommes plus vieux, le latino avait littéralement pété les plombs, et après s’être retenu pendant un bon moment, il lui avait tout déballé, comme ça. Il avait essayé de la convaincre qu’elle valait bien mieux que ça, même si elle ne semblait pas vraiment être de son avis. Et c’est à ce moment précis que tout avais basculé. Pablo avait craqué, sans comprendre ce qu’il lui arrivait, ce qu’il LEUR arrivait. Il s’était approché et approché encore, et elle n’avait pas reculé. C’est peut-être ce qui l’avait le plus surpris d’ailleurs. Au fond, il aurait pensé qu’elle l’aurait repoussé, qu’elle l’aurait engueulé en le traitant de tous les noms d’oiseaux qu’elle aurait pu trouver, et elle aurait bien eu raison. Mais au lieu de ça, elle s’était laissé faire, et c’est le latino en personne qui avait du se freiner, et quitter le bureau en la laissant plantée là sans rien faire. Depuis ce jour, tout se bousculait dans sa tête, et le fait d’avoir croisé Madi dans ce maudit café n’était pas fait pour arranger les choses.

« Je ne sais pas Pablo... J'imagine que non au vu de nos réactions mais qu'est ce que ça voudrait dire alors ? Où est ce que ça nous mènerait ? » Comme si elle pouvait lire dans ses pensées, Madison venait d’énumérer la totalité des questions que Pablo se posait actuellement. Et pourtant, concernant les filles, le jeune homme ne se posait jamais de questions. Même s’il n’avait pas pour habitude de les blesser ou de les rabaisser, il n’en restait pas moins un coureur de jupons qui enchainait les conquêtes et surtout, qui aimait ça. Rien ne semblait pouvoir l’arrêter, et certainement pas des questions d’éthique. Mais il connaissait tellement bien Madi, il l’appréciait tellement… Et il voyait bien qu’elle était aussi perturbée que lui. A vrai dire, il n’avait pas le souvenir de l’avoir déjà vue dans cet état. Il ne voulait pas lui faire de mal, et il voulait encore moins la perdre à cause d’une histoire comme celle qui se dessinait. Alors son habitude de céder à la tentation et de coucher avec elle juste parce qu’il semblait en avoir envie était plus que proscrite. « Si je savais… » lâcha-t-il presque désespérément.

Puis, dans un éclair de lucidité, il releva les yeux vers la jeune femme et, prenant son courage à deux mains, il déclara : « Ecoute, Madi… quoi qu’il en soit je veux pas que… enfin, tu vois… Tu m’as déjà assez manqué pendant ces dernières semaines, je veux juste pas que ça recommence. »

Madison n'était pas le genre de personne à se poser des questions et à tergiverser pendant longtemps. Une fois qu'elle avait analysé la situation, elle choisissait toujours la situation qui l'avantageait le plus. Mais comment savoir ici ce qui l'avantagerait ? Il n'était pas question d'argent, ni d'arnaquer qui que ce soit. Pablo était son ami ce qui changeait complètement la donne. A moins qu'il ne soit l'héritier d'une grand fortune et ne lui en ait jamais parlé, elle n'avait rien à gagner dans cette relation... Là était le problème avec Madison, elle devait toujours tirer profit de n'importe quelle situation. Alors quand elle se trouvait devant quelque chose qui ne lui apporterait rien de matériel, elle ne savait plus comment réagir, parce qu'elle n'était pas du genre à se préoccuper des sentiments. Elle était rarement sortie avec quelqu'un parce qu'elle éprouvait quelque chose pour cette personne. Il fallait dire en même temps que rares étaient les hommes qu'elle supportait pendant assez longtemps, ou bien qui la supportait elle... Finalement elle aurait bien bu quelque chose de plus fort qu'un café. Peut-être qu'avec un verre ou deux, elle aurait eu les idées plus claires. La situation du moins, aurait été moins guindée. « Si je savais… » répondit Pablo d'une voix qui semblait désespérée. Elle n'avait pas l'habitude elle non plus de le voir se comporter ainsi. Où était donc passé son fier ami ?
« Ecoute, Madi… quoi qu’il en soit je veux pas que… enfin, tu vois… Tu m’as déjà assez manqué pendant ces dernières semaines, je veux juste pas que ça recommence. » Elle poussa un soupir. Elle ne voulait pas plus que lui que ça se reproduise. Ils n'étaient pas deux adolescents timides et timorés et la jeune femme n'aimait pas du tout cette situation. Elle le regardait toujours, et c'est d'une voix déterminée qu'elle répondit : « Je ne veux pas non plus. » Ils étaient au moins d'accord sur quelque chose. Elle se passa ensuite une main dans les cheveux et entortilla pensivement une mèche autour de son index. « Ce que je veux... commença-t-elle à dire songeuse. » Elle décroisa alors les jambes sous la table, puis tout doucement, approcha l'une d'elle contre les jambes de Pablo. Elle lui effleura d'abord le pied, puis arrêta de bouger, gardant juste sa jambe contre la sienne. Elle s'était également avancée au dessus de la table, sondant les prunelles du jeune homme. « Tu sais que je ne suis pas quelqu'un de bien Pablo ? » Il devait le savoir. Après tout, il savait bien qu'elle était mariée à un mec qu'elle supportait à peine, mais qui était assez naïf pour ne rien voir. Elle ne voulait pas le blesser mais elle semblait avoir pris une décision. Finalement ça ne la tentait plus tellement de rester juste ami, peut-être qu'il pourrait être plus... La température semblait avoir monté en quelques secondes, Madison se faisait plus aventureuse, Madison en avait marre des discutions sans réponses, Madison repensa à ce presque-baiser et se demanda quel goût avait les lèvres du jeune homme. Heureusement qu'ils étaient dans un lieu public, qui sait ce qu'elle aurait pu faire alors...

Il ne voulait pas la voir s’éloigner de lui une nouvelle fois, et c’est bien la seule chose qu’il savait. Malgré la gêne, les doutes et cette timidité qu’il ne se connaissait pas encore, Pablo avait en quelque sorte prit les choses en main en lui avouant qu’elle lui avait trop manqué. A vrai dire il ne savait pas trop quoi dire d’autre. Le simple fait de sentir le regard de Madi glisser sur lui semblait le tétaniser, et il se retrouvait complètement désemparé face à elle. Lui, le latin lover, le beau pilote qui collectionnait les conquêtes depuis des années et dont le regard lui assurait presque à chaque fois le succès… Aucune de ces armes ne paraissait être assez puissante pour se sortir de cette situation. Il ne pouvait même pas se dissimuler derrière son sourire tant le regard de sa voisine le transperçait. De toute façon, elle pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert, et il était inutile de vouloir lui cacher quoi que ce soit. Avant toute cette histoire, ils avaient été des amis bien trop proches, et c’est justement ça qui leur causait tant de tracas à présent.

Mais soudain, alors qu’il ne s’y attendait pas et qu’il cherchait du mieux qu’il pouvait une excuse ou une solution pour les sortir de là, le comportement de Madison attira son attention. Son attitude, ses mots, son regard… C’est tout un ensemble de choses qui interpella le jeune homme. Puis, il sentit une pression sur son pied et se figea immédiatement. La jambe de Madi reposait contre la sienne mais il ne se retira pas, bien au contraire. Il fit même en sorte d’accentuer cette pression, et d’agrandir un peu plus le contact qui les liait. Tout devenait clair, et le regard que lui lançait la jeune femme ne pouvait vouloir dire autre chose : ils allaient craquer. En fait, ils l’avaient déjà fait, depuis un bon moment, mais ne faisaient que retarder l’échéance à grands coups de conversations inutiles. « Tu sais que je ne suis pas quelqu'un de bien Pablo ? » Le latino secoua alors légèrement la tête avec un petit sourire au coin des lèvres. Il savait que c’était le cas avec les autres, mais pas avec lui. Et puis franchement, le pilote n’avait pas spécialement envie d’y réfléchir là tout de suite. La seule chose qui accaparait toute son attention, c’était le regard de Madi. Sans s’en détacher une seule seconde il fit glisser une de ses mains sur la table, jusqu’à rencontrer celle de la jeune femme. Il la posa alors délicatement dessus et s’avança lui aussi au-dessus de la table. Il porta sa main libre jusqu’au visage de Madi, et posa son index contre ses lèvres pour la faire taire. Le moment lui semblait bien trop important pour qu’elle vienne le gâcher avec ses histoires de défauts et de comportement soi-disant inacceptable. Le latino préféra au contraire se concentrer sur la première partie des mots qu’elle avait prononcé, et il reprit donc : « Ce que tu veux… c’est quoi ? » Un léger sourire charmeur s’était installé sur son visage et Pablo en profita pour approfondir un peu plus le regard qu’il portait sur elle. Laissant glisser l’index qui l’obligeait toujours à se taire, le jeune homme attendit avec une certaine fébrilité la réponse de Madison.

On pouvait dire que le comportement de Madison avait changé du tout au tout en l'espace de quelques secondes. D'incertaine et peu confiante, elle était passée à la Madison habituelle, celle qui contrôlait la situation, celle qui savait ce qu'elle voulait. Elle avait décidé en quelque sorte. Elle avait envie de craquer. Elle avait envie de voir ce que ça pouvait donner. Ils réfléchiraient aux conséquences plus tard. Il y avait là deux yeux bleus qui la faisaient craquer. Elle songea pendant un instant qu'elle n'avait pas porté de l'intérêt à quelqu'un de son âge depuis très longtemps. Si on ne comptait pas son fiancé Liam bien sûr. Les hommes qui attiraient son regard étaient généralement plus vieux qu'elle d'une vingtaine d'années, voire plus encore... C'était comme les goûts et les couleurs ça ne se discutait pas. Elle les avait toujours préféré plus mûrs, très vite lassée par ses camarades du même âge lorsqu'elle allait à l'école, ce n'était pas pour rien qu'elle était sortie avec l'un de ses professeurs au lycée... Elle en souriait encore rien que d'y penser. Ça avait été bien au début, avant qu'il ne devienne collant. Il avait cru pendant un instant qu'une fois le lycée terminé, elle irait vivre avec lui. Quelle blague. Tout n'avait été qu'un jeu pour la jeune femme. Mais aujourd'hui, c'était différent. Elle ne jouait pas. Elle regardait son ami et s'était finalement décidée à avoir quelque chose de plus. Essayer. Elle avait nonchalamment approché sa jambe de la sienne, lui lançant un regard équivoque. Elle avait voulu le prévenir sur elle, encore une fois, mais il déposa un doigt sur sa bouche pour la faire taire et elle se tut. « Ce que tu veux… c’est quoi ? » Elle plissa les yeux avec malice, sourire assorti. La réponse semblait plutôt évidente. Elle avait fait en quelque sorte le premier pas. Certaines femmes n'osaient jamais le faire, restées coincées au siècle dernier, mais Madison n'était pas de ce genre là. Pourquoi serait-ce aux hommes de faire le premier pas ? Il n'y avait aucun règlement qui l'imposait...
Perdue dans ses yeux un instant, Madison dut reprendre ses esprits. Elle baissa alors les yeux, se mordillant soudain la lèvre, comme si elle était timide. Un coin de sa bouche s'étira en un demi-sourire, et elle le regarda à nouveau. Il s'était approché aussi. La table n'était pas si grande, ils en occupaient presque tout l'espace, plus très éloignés l'un de l'autre, comme dans une bulle. Elle approcha son visage du sien encore, avant de lâcher dans un murmure : « Un café » Elle éclata alors de rire. Elle faisait rarement de l'humour mais il faut dire que la tête que tira Pablo en valait le coup. A vrai dire, elle plaisantait à moitié, elle aurait bien repris un café pour s'éclaircir les idées. Elle avait peut-être un peu perdu la tête, ou peut-être était-ce lui qui lui faisait tourner, elle n'était plus sûre de rien... Mais elle ne rigola guère longtemps, quelques secondes après la grande révélation, elle porta une de ses mains derrière la tête de Pablo pour l'approcher. Elle attrapa alors ses lèvres dans les siennes et l'embrassa. Elle rigolait encore à moitié mais elle se perdit rapidement dans son baiser, un peu sauvage, un peu hésitant aussi. Madison aimait beaucoup faire le premier pas.

Sans pouvoir s’en empêcher, Pablo n’avait de cesse de se mordre la lèvre inférieure tout en admirant Madison. Elle avait clairement engagé les « hostilités », et l’issue de leur entrevue semblait désormais évidente. Le cœur du jeune homme s’emballait tout seul, et ce même s’il essayait de le calmer… en vain. Même si auparavant il ne l’avait jamais vraiment vue comme ça, le latino s’était prit à rêver de ce moment avec Madi, de cet instant où leur amitié allait basculer dans quelque chose de plus profond mais aussi de plus dangereux. Et cette fois ils y étaient. A cet instant précis, le futur de leur relation ne l’inquiétait pas plus que ça, et pourtant. Il savait d’expérience qu’une relation d’amitié ne pouvait décemment pas survivre à ce genre de dérapage. Il pouvait considérer Madison comme sa meilleure amie, ou du moins une des filles avec qui il était le plus proche, sans jamais vouloir la voir dans son lit. Et sans qu’il ne s’en aperçoive, sans vraiment savoir pourquoi ni par quel miracle, sa vision des choses avait changé. Désormais il la voulait, il la désirait, et il attendait avec une certaine impatience que toutes les barrières qui se dressaient entre eux tombent.

Madi semblait être de son avis, sans aucun doute. Elle avait même été l’instigatrice de cette augmentation notable de la température… Entrant dans son jeu sans aucune hésitation, Pablo arbora son plus joli sourire pour la pousser à lui dire ce qu’elle attendait vraiment de lui. Et la réponse qu’elle lui offrit le laissa quelque peu interdit. Son sourire se fana pendant quelques secondes et il arqua un sourcil, juste le temps de comprendre que la jeune femme plaisantait et se moquait de lui. Devant sa réaction, elle éclata de rire mais retrouva bien vite un semblant de sérieux. Le jeune homme sentit une de ses mains dans ses cheveux et frissonna instantanément. Madi n’eut pas besoin d’exercer une pression trop importante pour que le latino s‘approche et accueille son baiser avec satisfaction. Pour une fois, ni un ni l’autre des protagonistes ne semblait être sur de lui, mais tous deux appréciaient ce doux contact. Désireux de prendre un peu plus le dessus, Pablo emprisonna le visage de Madi entre ses mains avant d’approfondir un peu plus leur baiser. Il aurait voulu que ce moment ne s’arrête jamais, qu’ils restent unis de la sorte pendant des heures et des heures sans jamais être séparés… et pourtant, ils eurent tous les deux besoin de reprendre leur souffle au bout d’un long moment de tendresse.

L’instant semblait parfait, mais il manquait néanmoins quelque chose aux yeux du latino. Un peu de tranquillité peut-être, plus d’intimité et moins de regards braqués sur eux. C’est pourquoi il s’éloigna de Madi mais attrapa sa main, l’invitant ainsi à se lever pour quitter le café. Pablo capta au passage le petit regard et le grand sourire de Lisa, la serveuse de l’établissement, qui lui fit lever les yeux au ciel avant de laisser échapper un petit rire amusé. Entrainant Madison dans son sillage, le jeune homme cherchait avec un certain empressement un coin tranquille, où ils pourraient être à l’abri des regards pour profiter au mieux de ce qui ressemblait fort à un coup de tonnerre dans leur relation. Bien sûr, sa chère et tendre voiture était garée à quelques rues de là, mais le chemin qui y menait lui paraissait interminable. En arrivant dans une ruelle un peu moins fréquentée, Pablo ne put se retenir plus longtemps et plaqua avec douceur la jeune femme contre un mur avant de repartir à l’assaut de ses lèvres dans un baiser bien plus fougueux que le premier. Son cœur s’affolait, et il avait l’impression de complètement perdre la tête, mais c’était tellement agréable qu’il n’avait aucune intention de s’en priver… A bout de souffle, Pablo se détacha finalement un peu de Madi et planta ses yeux bleus dans ceux de la jeune femme en esquissant un sourire. « Tu as quelque chose de prévu ce soir… ? » Son ton faussement innocent traduisait clairement ses intentions, et sans se départir de son sourire, Pablo ajouta : « Non parce que sinon… je veux bien te kidnapper… ».

Elle n'aimait pas vraiment se donner en spectacle. D'une part parce qu'elle était une jeune fille qui faisait attention à son image, et surtout parce qu'elle ne souhaitait pas qu'une autre de ses conquêtes puissent la voir. Quelqu'un comme son fiancé... La situation serait plutôt embarrassante. Elle trouverait certes un moyen de s'expliquer en disant par exemple : "il s'est jeté sur moi et je n'ai rien pu faire. Crois moi j'ai essayé de l'arrêter !" ou encore "s'embrasser comme des sauvages ? C'était un simple baiser pour dire bonjour. C'est un étranger, ils font comme ça dans son pays..." Ce qui lui viendrait sur le moment en somme. Dans tous les cas, elle serait parfaitement innocente. Madison savait très bien jouer l'innocente. Elle le faisait au quotidien en se faisant passer pour une jeune femme timide et peu sûre d'elle, et rares étaient les personnes qui ne tombaient pas dans le panneau. Il fallait dire qu'avec son air ingénu, son visage de petite poupée et ses tenues à la fois classiques et un peu « preppy », il était difficile de ne pas y croire. Elle trompait bien ses parents de cette manière. Ses frères et sœurs avaient finis par apprendre ses manigances avec le temps mais ils étaient mal placés pour la juger. Tout était toujours organisé dans le monde de Madison, à quelques exceptions prêtes...
C'était un petit café tranquille, rien de romantique ou d'excitant dans ces lieux et pourtant la jeune femme avait l'impression que l'atmosphère avait complètement changé. C'était sûrement en partie sa faute mais en même temps, elle n'avait pas vraiment prévu de réagir de la sorte. Elle n'aurait sincèrement pas pensé embrasser Pablo un jour. Elle ne l'avait jamais vu sous cet œil là, du moins pas avant ce presque baiser qu'ils avaient eu la dernière fois. Pourtant, en l'espace de quelques minutes, sa vision avait changé et elle s'était simplement dit « pourquoi pas ? ». Pour une fois elle essayait de ne pas penser aux conséquences de son geste et de juste profiter de l'instant. Pablo prenait d'ailleurs un peu plus les devants ce qui n'était pas pour lui déplaire... Ils finirent par quitter le café qui n'était pas vraiment discret et elle se laissa sagement entraîné. Quand il finit par la plaquer contre un mur elle répondit à son baiser avec la même intensité. Quand il se recula un peu, elle en profita pour reprendre un peu son souffle, levant toujours les yeux vers lui avec envie. « Tu as quelque chose de prévu ce soir… ? » Elle esquissa un sourire malicieux. « Non parce que sinon… je veux bien te kidnapper… » Elle porta un doigt devant sa bouche, l'air mutin et faussement songeuse. « Mmh laisse-moi réfléchir... Je peux peut-être essayer de me libérer. dit-elle avant de froncer le nez. En fait, tant que tu ne m'attaches pas, je veux bien te laisser me kidnapper... » Elle sourit avec innocence avant de s'approcher de son oreille et de murmurer : « Ou bien attache-moi si ça te fait plaisir... » Coquine la Madison ? Pas du tout, vraiment.

sorry again c'est court et ça fait rien avancer en plus

Cette fois, Pablo avait prit les choses en mains. Il avait arrêté de se poser toutes ces questions stupides qui encombraient son esprit depuis leur faux baiser d’il y a quelques semaines. N’écoutant que ses envies et sans se soucier de la raison, il avait céder aux charmes de Madi. A vrai dire, la jeune femme l’avait clairement poussé à le faire, mais il n’avait pas rechigné et avait accepté l’invitation avec une certaine satisfaction. Une fois sortis de l’espace clos, où tous les regards étaient braqués sur eux, que représentait ce petit café, Pablo entraina son « amie » en direction de sa voiture. Cela pouvait peut-être paraitre un peu précipité, mais après le temps qu’il leur avait fallu avant de se décider, ils méritaient bien ça. Et puis en temps normal, Pablo ne donnait pas vraiment dans le romantisme, à part pour quelques exceptions. Son tempérament de latino le poussait plus à enchainer les conquêtes plutôt qu’à faire trainer les choses durant des mois. Et puis avec Madi, la question ne se posait même pas. Il avait terriblement envie d’elle, et tout dans l’attitude de la jeune femme était là pour lui assurer que l’envie était réciproque. Lorsqu’il ne put plus se maitriser, le jeune pilote plaqua donc Madison contre le premier mur venu, et gouta une nouvelle fois à ses lèvres. Comme s’il s’était agi d’une drogue, Pablo avait l’impression qu’il ne lui serait plus jamais possible de s’en passer. Il faut dire qu’il avait souvent pensé à ce moment, en finissant toujours par se résigner et se dire qu’ils n’étaient pas faits pour ça. Pas faits pour déraper de cette manière et passer le « cap ». Mais c’est pourtant précisément ce qu’ils étaient en train de faire, en toute impunité. Le latino n’avait absolument plus rien à faire du fiancé de la jeune femme, et encore moins de ces vieux pervers qu’elle avait pour habitude de séduire. Aujourd’hui c’était lui, c’était eux, et rien d’autre ne comptait.

Le ton qu’elle adoptait et sa mine coquine firent immédiatement sourire Pablo qui du se mordre la lèvre inférieure sans cesser de la regarder. Mieux, il la dévorait des yeux, buvant chacun de ses mots comme si ce qu’elle disait était d’une importance capitale. Et dans un sens, ça l’était pour lui. Car oui, Madi venait officiellement d’accepter sa proposition, non sans humour d’ailleurs. « Ou bien attache-moi si ça te fait plaisir... » murmura-t-elle tout près de son oreille. Pablo laissa alors échapper un rire discret avant de lever les yeux au ciel. Elle savait y faire, aucun doute là-dessus. Et même si le fait d’attacher ses conquêtes n’avait jamais fait partie des habitudes du latino, il songea un instant qu’il y avait un début à tout. Saisissant la main de la jeune femme en affichant un nouveau sourire, il l’entraina vers le parking où il avait laissé son bolide un peu plus tôt dans la journée. « On verra ça le moment venu… » se sentit-il obligé de rajouter, le regard rempli de mystère.

Quelques minutes plus tard, Pablo laissait entrer la jeune femme dans sa voiture, avant de s’y installer à son tour. Il mit les clés dans le contact, mais lança un dernier regard en direction de Madi avant de démarrer. Et bien sûr, inévitablement, il se sentit tellement attiré par elle qu’en une fraction de secondes, leurs lèvres se retrouvaient de nouveaux collées. L’air de rien, il glissa une de ses mains vers la cuisse de sa voisine, et intensifia petit à petit leur baiser en caressant ses cheveux de sa main encore libre. Comme si elle l’avait envoûté, Pablo ne semblait plus vraiment répondre de ses gestes ni de ses décisions et tout ce qu’il entreprenait n’obéissait qu’aux beaux yeux de Madi.

« On verra ça le moment venu… » Si elle était d'apparence timide, Madison était en fait une femme très libérée. Elle n'avait pas vraiment de tabou ni de préjugé sur quoique ce soit. Elle avait l'esprit plutôt ouvert, tant que ça restait « correct » et que ça ne tombait pas dans le sordide. En l’occurrence elle n'avait pas envie de quoique ce soit de particulier, juste de Pablo et elle lui avait clairement fait comprendre. Elle n'aurait sincèrement pas pensé finir sa journée de cette manière. Elle n'aurait déjà pas pensé le croiser du tout. Peut-être que si le hasard ne les avait pas réuni dans ce café, ils ne se seraient pas revus avant plusieurs semaines. Peut-être que leur rencontre aurait été complètement différente. Mais elle n'avait que faire des peut-être pour le moment. Elle les avait rangé dans un coin de son esprit et préférait se concentrer sur les lèvres du jeune homme. On pouvait dire qu'il savait bien s'y prendre. Elle n'avait pas vraiment envie de les quitter, juste d'y goûter encore. Ils avaient du arrêté cependant et Pablo lui prit la main pour la guider vers sa voiture. La jeune femme jeta un regard appréciateur sur l'engin. Elle n'avait pas de voiture – elle trouvait toujours le moyen de se faire payer le taxi ou bien même des voyages en limousine. Surtout pas les transports en commun. Elle ne supporterait pas d'être collé à des idiots et à toucher ce que des milliers d'autres personnes avaient souillé de leur sueur, salive ou autre saleté. Précieuse ? Un petit peu. Mais ce n'était guère surprenant que la jeune femme ait des goûts de luxe. Elle avait beau venir d'une famille modeste, elle avait très vite vu ses exigences à la hausse.
Une fois dans la voiture, Pablo eut le malheur – ou le bon sens, question de point de vue – de regarder Madison. Il n'aurait pas du la regarder de cette manière. C'était aussitôt reparti pour un baiser passionné et absolument incontrôlable. Sa peau frémissait à son contact, bouillonnait littéralement. Elle quitta son visage pour embrasser son cou, le creux de son épaule. Ses mains pendant ce temps s'étaient glissés sur son torse. Elle commença à déboutonner un peu maladroitement les boutons. Elle ne se contrôlait plus vraiment, elle se laissait guider par le désir qui l'assaillait. Peu importe qu'elle soit dans une voiture en plein milieu de la rue. Peu importe que ce soit inconfortable. Elle avait terriblement envie de lui. Là tout de suite. Comme elle était petite, elle parvint à se glisser pour monter sur Pablo sans se cogner la tête au plafond. Elle avait repris possession de ses lèvres, ses mains glissaient sur son torse, se rendirent même jusqu'à son entrejambe. Elle était lancée, il serait difficile de l'arrêter maintenant...

pardon elle parle pas mais bon elle est un peu occupée lâche la furie now XD
et puis c'est pas très long mais y a de l'action

Dans cet espace confiné que constituait sa voiture, il était encore plus difficile pour Pablo de ne pas croiser le regard de Mani, et ainsi de ne pas risquer de céder à la tentation. Depuis le début, le jeune homme ne voulait qu’une seule et même chose : elle. Mais pour cela, il devait d’abord rallier son appartement, et le chemin promettait d’être terriblement long et semé d’embuches. A commencer par le baiser qu’il fit l’erreur de donner à la jeune femme. Mais en croisant ses grands yeux, il n’avait pas su résister. Pour une fois, il se retrouvait en position de faiblesse face à une femme, et ne semblait même plus en mesure de lui refuser quoi que ce soit. Si bien que lorsqu’elle intensifia leur baiser, le jeune pilote n’eut d’autre choix que de répondre en montrant de plus en plus de tendresse, mais aussi de plus en plus d’empressement. Et malheureusement pour lui, Madi sembla comprendre le message. En effet, et sans qu’il ne puisse la retenir d’une quelconque manière, la jeune femme commença à déboutonner sa chemise. Puis il sentit le contact de ses mains sur son torse, et un nouveau frisson le parcouru tout entier. Madison semblait être aussi pressée que lui, et dans un sens ça le rassurait. Mais le hic, c’est qu’ils se trouvaient en ce moment même à bord de SA voiture, celle qu’il considérait un peu comme son bébé, et dans laquelle il ne s’autorisait aucun dérapage. Encore moins de cet ordre là. Mais la jeune femme était lancée, et il la vit combler la distance qui les séparait, sans bien comprendre comment elle s’y était prise d’ailleurs.

La jeune femme se trouvait maintenant à califourchon sur lui, et avant même que Pablo n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit, elle était repartie à l’assaut de ses lèvres. Mais ses caresses sur son torse le rendaient fou, et même lorsque la main de Madi s’aventura vers des zones interdites, le latino ne put rien faire d’autre que passer à son tour ses mains sous le haut de la jeune femme. Il le releva d’ailleurs avec envie, en faisant dévier ses lèvres vers le cou de Madison. Le peu d’espace qu’il existait entre Pablo et le volant du véhicule ne leur apportait qu’une plus grand proximité et déjà, alors qu’elle avait entièrement déboutonné sa chemise, le jeune homme sentit leurs peaux se frôler. C’était chaud, très chaud. Mais malgré son désir qui décuplait à chaque nouveau contact, Pablo du se résoudre à détacher ses lèvres de la peau de Madi. Essayant de s’éloigner délicatement d’elle, il balbutia : « Madi… A…Attends.. » Profitant alors du fait qu’elle se recule, il planta ses yeux clairs dans ceux de la jeune femme, et reprit tout en craignant de tout foutre en l’air en une poignée de secondes : « On peut pas faire ça comme ça Madi… Je… Excuse-moi, je peux pas ! J’veux pas qu’on le fasse ici. » Il avait été catégorique, mais c’était plus fort que lui. Jamais il ne pourrait coucher avec une fille, aussi jolie soit-elle, dans sa voiture chérie. Et comme pour faire un peu mieux passer la nouvelle, il remonta une de ses mains vers le visage de Madi pour caresser sa joue, et remettre au passage une de ses mèches de cheveux en place.

Si Madison était déjà passée à la vitesse supérieure quand ils étaient au café, là on pouvait dire qu'elle avait carrément mis le turbo. Elle ne contrôlait plus vraiment ce qu'elle faisait, enivrée seulement par l'instant, elle se laissait porter par tout ce qu'elle ressentait. Et à ce moment là, un mot suffisait à décrire ses sentiments : le désir. Elle avait envie de lui, là, tout de suite, peu importait l'endroit. Au contact de sa peau elle se sentait frémir de la tête aux pieds, tout son corps s'emballait mais elle gardait l'esprit plutôt clair. En même temps elle n'avait à se concentrer sur qu'une seule chose. Pablo. Pablo et ses lèvres au goût de revenez-y. Elle laissait ses mains glisser sur son torse, plus bas, en somme un peu partout. Mais elle ne les retirait à aucun moment, ne se lassant pas de le toucher. Et pourtant il se recula soudain. Elle allait s'approcher pour s'emparer de ses lèvres à nouveau mais il ne semblait pas être tout à fait d'accord. « Madi… A…Attends.. » Il était sérieux ? Genre vraiment ? « On peut pas faire ça comme ça Madi… Je… Excuse-moi, je peux pas ! J’veux pas qu’on le fasse ici. » Elle le dévisagea pendant un long moment avant d'échapper un rire plutôt jaune. Il avait essayé d'être doux dans ses gestes mais ça ne marchait pas vraiment avec la jeune femme. Par "ici", il voulait dire sa voiture et finalement, pour un pilote de course, elle ne devrait pas être si étonnée. « Les hommes et leur voiture... marmonna-t-elle, puis elle le regarda de nouveau sans rien dire, avec une certaine intensité. Tu es sûr de toi ? » Il semblait un peu hésitant mais déterminé malgré tout. Elle se dégagea alors, peut-être un peu brutalement, pour retourner sur son siège.
Elle abattit le pare-soleil pour se regarder dans la glace. Ses cheveux étaient en batailles et elle s'appliqua alors à les arranger. Elle parla ensuite d'une voix qui se voulait calme mais dont on percevait clairement l'énervement en dessous. « Je vais peut-être te laisser t'amuser avec elle alors... » Elle n'aimait pas du tout être coupée dans son élan. Pas du tout. Inutile de préciser qu'elle était extrêmement frustrée. Elle n'avait pas vraiment l'habitude de ce genre de coup. En général quand elle était aussi avancée dans l'action, on la coupait rarement... Même jamais. Elle aurait pu insister, continuer à l'embrasser pour le faire céder mais elle n'avait pas envie de se faire rejeter et elle n'était pas du genre à supplier. C'était les autres qui devaient la supplier, pas l'inverse. Elle aimait se faire désirer, elle n'aimait pas être la personne en attente d'un retour. Elle savait en plus comment les hommes pouvaient se montrer têtus parfois pour des choses absolument futiles. Et c'était la première fois qu'on lui faisait celle-là et elle n'avait pas vraiment apprécié... Elle se tourna finalement vers Pablo pour ajouter d'un ton acerbe : « On peut dire que tu sais casser une ambiance toi. » S'il pensait maintenant qu'il serait aussi facile pour retrouver la proximité d'il y a encore quelques minutes, il se mettait clairement le doigt dans l'oeil.

Pablo brûlait littéralement d’envie de se laisser aller, de passer à la vitesse supérieure sans se poser de questions et sans réfléchir aux conséquences. Visiblement, cela faisait déjà un bon moment que Madison avait oublié sa retenue et les gestes qu’elle faisait contre lui le rendaient fou. Oubliée sa préférence pour les hommes d’affaires plus vieux que lui, oubliées aussi les remontrances qu’il avait pu lui faire à ce sujet… Le latino était tout simplement en train de faire ce dont il avait rêvé depuis longtemps. Néanmoins, et malgré le fantasme que cela avait représenté pour lui, il avait bien du mal à se montrer tout à fait à l’aise. Et bien vite, il fut contraint de tout arrêter, de stopper Madi dans ses intentions avant que celles-ci ne deviennent trop osées. La jeune femme le fixa pendant un long moment au cours duquel Pablo espéra que tout puisse se passer calmement et sans incompréhensions. Mais le rire jaune qu’elle laissa échapper quelques instants plus tard lui fit baisser la tête de dépit. Ce qu’il avait craint était en train d’arriver : elle allait le prendre pour un fou, voire même se vexer et le laisser planté là sans un mot, seul dans sa voiture à laquelle il semblait tellement tenir. Quand Madi lui demanda s’il était sûr de lui, il n’osa même pas lui répondre oralement et se contenta de hocher la tête. La jeune femme se dégagea alors rapidement de son étreinte, et ses tentatives pour la retenir près de lui n’y firent rien. Assise sur le siège passager, elle s’évertua alors à replacer ses cheveux dans lesquels Pablo avait préalablement plongé ses doigts. Il la regardait en silence, tentant par tous les moyens de trouver quelque chose à dire pour la rassurer ou arranger les choses… en vain.

« Je vais peut-être te laisser t'amuser avec elle alors... » Il lui fallut attendre cette phrase couperet pour réagir et enfin parler, d’une voix néanmoins empreinte d’une certaine inquiétude : « Non ! Non Madi, reste… Je… Ecoute, ça peut te paraitre complètement débile mais… je peux pas, vraiment. C’est comme ça. Je ne l’ai jamais fait dans ma voiture, tu sais très bien ce qu’elle représente pour moi, c’est… impossible. » Sa tentative était désespérée, mais Pablo voulait pourtant croire dur comme fer qu’elle suffirait à ne pas laisser la jeune femme filer. « On peut dire que tu sais casser une ambiance toi. » D’habitude, il était plutôt celui qui mettait l’ambiance et qui enflammait les dancefloor, effectivement. Mais sur ce coup-là, Pablo n’était pas du tout à la hauteur. Et le fait que tout ça tombe précisément sur Madi était carrément injuste. Mais le latino ne comptait pas laisser passer sa chance, et voir la demoiselle partir sans broncher. Alors, il décida d’abattre sa dernière carte, en posant une main plutôt audacieuse sur la cuisse de sa voisine. Ses yeux, eux, vinrent se braquer sur ceux de Madi et le son de sa voix était très clairement déterminé. « J’ai envie de toi Madi. Suis-moi… Je t’emmène chez moi, et je suis sûr qu’on peut passer une bonne soirée tous les deux…J’te le promets. » De sa main libre, et sans même attendre la réponse de la jeune femme, Pablo démarra sa voiture sans la lâcher des yeux, désireux de lui faire comprendre à quel point il avait attendu ce moment, et qu’il n’avait aucune intention de le gâcher une nouvelle fois.

Madison avait beau paraître timide et adorable, elle avait un vrai caractère de chien. Elle prenait rapidement la mouche et bonne chance à celui qui se trouvait à ses côtés alors. Une Madi frustrée ce n'était pas une Madi très agréable... Elle avait bien envie de le planter là et de le laisser s'amuser avec sa voiture s'il y tenait tant. Elle savait qu'elle était importante à ses yeux mais à ce niveau là, c'était limite obsessionnel... « Non ! Non Madi, reste… Je… Ecoute, ça peut te paraître complètement débile mais… je peux pas, vraiment. C’est comme ça. Je ne l’ai jamais fait dans ma voiture, tu sais très bien ce qu’elle représente pour moi, c’est… impossible. » C'était ridicule à un point... Les hommes étaient vraiment des idiots. Pourquoi s'en étonnait-elle encore ? Elle en avait la preuve quotidienne. Et cette démonstration atteignait sans doute des records. Elle avait presque envie de rire et de se dire que c'était une mauvaise blague. C'était bien la première fois qu'on la rejetait pour une raison pareil. A vrai dire on la rejetait jamais. Mais soit. Elle préféra se taire, le regardant en levant un sourcil, l'air de dire : « c'est vraiment tout ce que tu as à dire pour ta défense ? »
Il déposa alors une main sur sa cuisse, plantant son regard clair dans les siens pour se montrer plus persuasif. « J’ai envie de toi Madi. Suis-moi… Je t’emmène chez moi, et je suis sûr qu’on peut passer une bonne soirée tous les deux…J’te le promets. » Elle le dévisagea à nouveau sans rien dire. Jaugeant si ça en valait vraiment la peine. Après tout, si c'était juste pour coucher qu'elle voulait rester, elle pouvait le faire avec n'importe qui, elle n'avait pas besoin de Pablo. Mais justement, à cet instant, elle avait envie de lui. Et pas d'un autre. Elle n'avait pas juste envie de coucher, mais de coucher avec lui. Elle poussa un soupir. Il avait même allumer le moteur pour montrer à quel point il était déterminé. Elle finit par lever les yeux au plafond. « D'accord... Accélère... Et plus vite que ça. Lâcha-t-elle froidement. » Elle tenta de garder un visage sévère mais laissa échapper un petit sourire. Son cœur de glace fondait de temps en temps. A l'occasion. Si la personne en valait la peine... Elle s'approcha cependant de son visage à nouveau avec un air sérieux, levant son index prêt de son visage. « Mais c'est la dernière fois que tu me sors un coup pareil. » Un avertissement. Il fallait bien qu'elle montre qu'elle n'avait pas craqué aussi facilement. Même si c'était le cas... Elle ne savait pas dans quoi elle s'embarquait. Elle aimait tout prévoir à l'avance, être prête à toutes les situations mais elle n'arrivait pas à savoir ce que ça allait donner entre eux deux. Elle ne savait pas et ça l'inquiétait. Elle tentait de garder le contrôle mais clairement elle le perdait peu à peu. Ne serait-ce qu'en ayant craqué comme ça, au lieu d'être parti comme elle aurait du le faire. En temps normal, si on froissait sa fierté, il était difficile de la faire décolérer. Mais c'était Pablo. Et quelque chose dans l'atmosphère, ou juste cette envie de savoir ce que ça pourrait donner, l'avait poussé à rester. Pour le meilleur ou pour le pire...

Le latino était littéralement pendu aux lèvres de Madison, comme s’il était en train d’attendre un verdict dont sa vie entière dépendait. Il s’en voulait tellement d’avoir tout gâché au moment où, a priori, ce dont il rêvait depuis des semaines allait se réaliser ! Sa crainte était encore décuplée par le fait qu’il connaisse la jeune femme quasiment par cœur. Il connaissait son caractère, et savait aussi qu’elle ne tolérait aucun faux pas des gens qui l’entouraient. Et autant dire qu’il venait d’en faire un de taille… Mais à aucun moment Pablo ne perdit espoir. En face d’elle, il ne fallait tout simplement jamais s’avouer vaincu, sous peine de la voir fuir sans aucune vergogne. Et visiblement, sa stratégie fonctionna puisque Madi finit par lever les yeux au ciel en abdiquant. « D'accord... Accélère... Et plus vite que ça. » Le jeune pilote put même deviner qu’elle s’efforçait de garder une mine sérieuse… en vain. En effet, il vit apparaitre au coin de ses lèvres une ébauche de sourire, qu’il prit bien soin de ne pas relever pour ne pas la vexer. Au lieu de ça, il s’exécuta en se mordillant la lèvre inférieure, histoire de ne pas afficher à son tour un sourire des plus niais. Mais alors qu’il était sur le point de mettre son véhicule en mouvement, il vit l’index de sa voisine se pointer juste devant son visage. A demi inquiet, il tourna la tête vers elle, mais ne put s’empêcher de sourire lorsqu’il comprit qu’elle le mettait simplement en garde. Evidemment, elle n’allait pas le laisser s’en tirer aussi facilement ! Elle ne voulait certainement pas qu’il pense qu’elle avait craqué, même si c’était bel et bien le cas. De son côté, Pablo trouva son geste tellement craquant qu’il s’empressa de franchir les quelques centimètres qui le séparaient encore d’elle afin de déposer un rapide baiser au coin de ses lèvres. « Promis ! » s’exclama-t-il alors en reprenant le volant.

Sans savoir s’il faisait ça par habitude, pour impressionner Madi ou juste parce qu’il était pressé, Pablo ne mit que quelques minutes à rallier la rue dans laquelle il habitait. Mais après tout il avait eu les moyens de se payer un véritable bolide, alors il aurait été dommage de se priver de ses capacités ! A peine garé dans le parking souterrain de sa résidence, le jeune homme s’extirpa du véhicule et le contourna pour venir « cueillir » Madison du côté passager. Il s’empara de sa main, et l’entraina vers l’ascenseur sans pouvoir se défaire d’un léger sourire satisfait. Elle était là, quasiment chez lui et prête à franchir le pas auquel Pablo n’osait même plus penser, et il avait bien du mal à contenir son empressement. D’ailleurs, l’espace clos de l’ascenseur qui les conduisait jusqu’à chez lui fut le théâtre de scènes pour le moins torrides, mêlant douces caresses et baisers langoureux. Ce n’est que pour ouvrir la porte de son appartement que le latino daigna lâcher la main de sa belle, avant de la laisser entrer chez lui et de refermer la porte derrière eux.

Mais une fois à l’intérieur, l’ambiance sembla changer immédiatement. Pablo avait beau essayer, s’efforcer de se concentrer sur Madi et sur le fait qu’il soit en train de la déshabiller, rien n’y faisait. Les murs de son appartement et la situation dans laquelle il se trouvait ne faisait que lui rappeler… Bonnie. Et avec elle arriva l’image de leur fille. Celle qu’ils avaient conçu ici-même, qu’ils avaient chérie durant les neuf mois de grossesses de la jeune femme, et qu’ils avaient fini par « abandonner » à un service d’adoption. D’ordinaire, le latino n’avait absolument rien à faire des précédentes coucheries qui avaient eu lieu chez lui, et Dieu sait qu’elles étaient nombreuses. Mais cette fois, les évènements étant certainement un peu trop récents, il ne pouvait s’empêcher de penser à ce bébé qu’il n’avait connu que pendant quelques heures. Son esprit était clairement ailleurs, et son attitude s’en faisait ressentir. Ses gestes sur la peau de Madi étaient de moins en moins assurés, et les baisers qu’il lui offrait de moins en moins intenses. Comme un blocage, Pablo fut contraint de se détacher de la jeune femme, au moment même où ils arrivaient à hauteur de son lit. Pour lui, s’en était trop, il ne pouvait pas aller plus loin sans être littéralement hanté par sa fille.

Elle avait fini par craquer, accepter de rester, parce qu'elle était décidément trop faible en la présence du jeune homme. Il démarra la voiture et même si le trajet était court, il parut trop long. Elle se sentait étrangement bien. Plus très énervée, seulement détendue, et excitée aussi à l'idée de s'approcher de lui de nouveau. Elle était rarement d'humeur aussi légère. Elle n'avait pas de rôle à jouer, pas à se concentrer pour contrôler ses émotions – du moins l'envie de le planter à cause du coup de la voiture lui était passé, pour le moment. Dès qu'ils posèrent un pied à terre, elle en profita pour retrouver les lèvres du jeune homme. Elle n'en avait jamais assez et se fichait bien du chemin, elle se contentait de le suivre aveuglément. Ils arrivèrent enfin dans l'appartement. Elle se retint de lâcher un « enfin ». Tout vient à point à qui sait attendre. Elle ne devait pas se montrer trop impatiente non plus. Elle se laissait juste aller comme tout à l'heure, se laissant guider par ses émotions. Puis le scénario se répéta et Pablo devint tout flagada (ça rime). Ils avaient apparemment trop attendu, ou bien était-ce juste un proverbe en carton. Elle ne savait pas très bien pourquoi mais Pablo sembla soudain moins « dedans » et préoccupé par elle ne-savait-quoi. Elle poussa un soupir exaspéré. Il avait apparemment décidé de jouer avec ses nerfs. Elle planta ses yeux verts dans son regard clair, tentant de sonder ce qui pouvait bien se passer dans sa tête. « Qu'est ce qu'il y a encore ? Tu ne couches pas dans ton appartement non plus ? lâcha-t-elle, un brin sèchement. » Elle perçut bien en regardant son visage que c'était autre chose. Elle ne savait pas ce qu'il y avait dans son appartement qui avait pu le faire changer d'humeur aussi soudainement. Sa curiosité s'était éveillée, elle avait envie de savoir ce qui pouvait bien ruiner de ruiner de nouveau leur moment. Peut-être était-ce ses draps fétiches ? Ou bien il ne portait pas son caleçon porte bonheur ?
Elle avait l'impression qu'il y aurait toujours quelque chose pour les empêcher de continuer – toujours la faute de Pablo d'ailleurs. Elle en était que plus frustrée mais c'était Pablo, ce n'était pas juste du sexe. Elle percevait un trouble chez lui – il fallait être aveugle pour ne pas le remarquer. Ça aurait été n'importe qui d'autre, elle n'aurait pas cherché à poser de questions. Elle en avait juste rien à faire de la vie des gens. Mais Pablo faisait partie des rares personnes qui comptaient aux yeux de Madison. Elle poussa un autre soupir et demanda un peu plus gentiment, pas trop non plus c'est de Madison qu'on parle : « Quelque chose ne va pas ? » Elle glissa une de ses mains sur le bras droit de Pablo et le serra tout doucement, yeux levés vers lui, regard en interrogation. Elle tentait de rester calme. Cela lui demandait un certain effort, surtout après le coup de la voiture qui l'avait déjà énervé. Elle n'avait pas pensé une seule seconde qu'elle serait de nouveau tentée de péter un câble et de partir. Pablo était un homme plein de surprises, elle ne savait juste pas encore si ça lui plaisait ou non...

Le moins que l’on puisse dire était que la température entre Madison et Pablo avait grimpé d’un coup. Leurs échanges, autant visuels que tactiles, se faisaient de plus en plus intenses, et on pouvait clairement lire le désir qui brûlait dans les yeux du latino. Et pourtant, il avait toujours considéré Madi comme une amie. Mais depuis quelques temps, il avait prit l’habitude de la voir autrement. Autant dire que dès qu’il avait su que ce sentiment était réciproque, il s’était empressé d’en « profiter ». Et malgré un premier faux pas de taille, le latino entendait bien se rattraper. Alors, depuis qu’ils avaient prit le chemin de son appartement Pablo s’évertuait à s’occuper d’elle. Entre caresses et baisers passionnés, il voulait à tout prix lui faire comprendre que le malentendu qu’ils avaient vécu un peu plus tôt n’était qu’un mauvais souvenir. Ils allaient ENFIN pouvoir vivre cette nuit dont ils rêvaient l’un et l’autre depuis des semaines.

Mais ça, c’était sans compter sur tous les souvenirs et les idées noires qui peuplaient à la fois l’appartement du jeune pilote, mais aussi son esprit. A peine entré chez lui, il fit preuve d’une certaine retenue, assailli par un trop-plein d’images qui venaient le détourner de son but premier. Et pourtant, il faisait de son mieux pour tout effacer de son esprit, pour se concentrer uniquement sur Madi et sur son plaisir. Mais une fois arrivés dans sa chambre, Pablo dut se résigner à baisser les bras. « Quelque chose ne va pas ? » Comme s’il voulait lui rejouer le mauvais tour de la voiture, le latino se retrouvait une nouvelle fois affreusement honteux devant Madison. « Non… non, ça va. » déclara-t-il tout en se faisant violence pour se rapprocher d’elle. Doucement, il la poussa pour la faire basculer sur le lit et vint se placer sur elle. Immédiatement, il plongea en direction de son cou pour l’embrasser, mais ce regain de tendresse ne dura pas. Une fois de plus, Pablo dut renoncer et se laissa littéralement choir à côté de Madi, fixant le plafond en attendant avec une certaine crainte la réaction de son amie. A tâtons, il attrapa tout de même sa main, comme pour s’assurer qu’elle resterait avec lui quoi qu’il arrive, mais son esprit était définitivement ailleurs. « Je… je suis désolé Madi, ça n’a vraiment rien à voir avec toi. Je… je peux pas. Son visage était triste, et il n’avait même pas le courage de croiser le regard de la jeune femme. Alors il se contenta de déglutir douloureusement, sans ajouter un seul mot. De toute façon, ce qu’il ressentait était tout bonnement inexplicable. Madi allait certainement s’énerver, être vexée et le laisser planté là, seul avec sa tristesse. Le jeune pilote s’imaginait déjà la scène à laquelle il allait avoir droit mais bizarrement, ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Comme si tout lui glissait dessus sans jamais l’atteindre, Pablo avait l’impression de n’être plus qu’une carapace depuis la naissance de sa fille. Dépourvu de tout ce qui faisait de lui un garçon attachant, il était simplement devenu quelqu’un d’autre.

Les choses s'étaient accélérées pour finalement faire un retour en arrière, encore une fois. Madison finit par demander ce qui n'allait pas. « Non… non, ça va. » Ce ton fut loin de la convaincre et pourtant elle se laissa faire quand il la fit basculer sur le lit. Un sourire s'étala sur son visage quand il commença à l'embrasser dans le cou mais il se fana rapidement. Non décidément il n'était pas dans le truc. Elle ne pouvait pas être réellement déçue pour quelque chose qu'elle avait fini par voir arriver... Nouveau soupir de la part de la jeune femme, teinté d'une certaine inquiétude tout de même. Était-elle si peu désirable qu'il fallait qu'il avorte le projet à chaque fois ? Elle en doutait fortement. C'était même juste impossible, en tout modestie bien sûr. Il semblait il y avoir quelque chose ici qui avait plomber l'humeur de son ami. Elle n'arrivait pas à deviner quoi sans aucun indice. Il lui serra la main, comme pour être sûr qu'elle n'allait pas partir. Madi était peut-être sans cœur dans la vie de tous les jours mais elle ne l'était pas avec les rares personnes à qui elle tenait. Quoique... Enfin, pour le coup elle laissa sa rancœur de coté, effort surhumain qu'on se devait de relever. Elle n'allait pas partir de colère, elle allait tenter de comprendre. Elle était curieuse de savoir, inquiète d'apprendre la raison du pourquoi du comment. « Je… je suis désolé Madi, ça n’a vraiment rien à voir avec toi. Je… je peux pas. » La voilà rassurée sur une chose au moins. Inutile de se forcer quand on avait pas la motivation de toute manière. Madi aurait pu être déçu des performances du latino et elle ne voulait pas que ce soit le cas.
Elle relâcha alors sa main, non pas pour s'éloigner mais pour pouvoir mieux le regarder. Elle se retourna pour se poser sur le côté, une main pour maintenir sa tête. Elle scruta le visage de Pablo, puis de sa main libre elle caressa doucement sa joue mal rasée. « C'est... pas grave. Même si elle le pensait, ces paroles lui demandaient un certain effort. Dis moi plutôt ce qui ne va pas ? Je peux peut-être aider... Demanda-t-elle de sa voix la plus douce possible. » Quelqu'un était-il mort dans son appartement ? Ou quelqu'un proche de lui, pas forcément ici ? Elle détestait ne pas savoir les choses. Elle avait tellement l'habitude de tout deviner à l'avance, de tout calculer, que quand elle se trouvait devant une situation où elle ne savait rien, elle ne supportait pas. Son cerveau marchait à mille à l'heure pour tout analyser, essayer de deviner sur le visage de Pablo quelque chose qui la mettrait sur la voie. Mais tout ce qu'elle voyait c'était des petites sur rides sur le front, signe clair que quelque chose le tracassait. Ses yeux clairs si agréables à regarder, si agréable de s'y perdre; sa bouche dont elle avait commencé à grandement apprécier les formes; et comme elle était proche, elle sentait également son odeur, si familière. Elle avait bien envie de nicher sa tête au creux de son cou mais elle n'avait pas envie de manquer l'analyse de toutes les expressions qu'il pourrait avoir. Elle avait juste envie de savoir, et pourquoi pas l'aider, si elle le pouvait.

Pablo était en train de voir tout ce dont il avait rêvé depuis des semaines lui passer sous le nez, et il ne pouvait rien y faire. Pourtant, il avait essayé à plusieurs reprises de se reprendre, de penser à autre chose et de se concentrer sur Madi et le plaisir qu’il voulait lui procurer. Mais rien n’y faisait, et les idées noires qui le hantaient depuis l’accouchement de Bonnie étaient bien trop présentes pour qu’il puisse passer à autre chose aussi facilement. Alors, du mieux qu’il le put, Pablo s’excusa. Evidemment, il s’attendait à ce que Madison parte en courant, et ne veuille même plus le revoir tant elle devait le prendre pour un fou. Et dans un geste quasi-désespéré, le latino lui attrapa la main. Mais à se plus grande surprise, la main en question resta en bonne place dans la sienne. Pablo leva alors un regard presque ahuri en direction de la jeune femme qui, au lieu de prendre ses jambes à son cou, se tournait vers lui pour l’écouter. Dan un sens, le jeune pilote n’en croyait pas ses yeux. Il connaissait assez bien Madi pour savoir qu’avec un tempérament comme le sien, la patience et la compréhension n’étaient pas forcément toujours au rendez-vous. Mais il savait aussi qu’elle valait bien mieux que les airs qu’elle voulait se donner et finalement, sa réaction n’était qu’à demi étonnante.
Ce qui étonna finalement le plus le latino fut la douce caresse qu’il reçu sur la joue, accompagnée d’un regard plus doux que tout ce qu’il avait pu voir venant de Madison. « Dis moi plutôt ce qui ne va pas ? Je peux peut-être aider... » questionna-t-elle ensuite d’un ton tout aussi tendre que le regard qu’elle portait sur lui. L’intention était louable, mais Pablo doutait vraiment qu’elle puisse faire quelque chose, même en y mettant toute sa bonne volonté. « Je… je suis pas sûr que… Je sais pas si c’est une bonne idée… » Sous-entendu : je ne voudrai pas craquer devant toi comme une adolescente devant un film à l’eau de rose, et ainsi aggraver encore mon cas, si tant est que ce soit possible. Néanmoins, devant le regard sincère de Madi, le latino se tourna légèrement vers elle. Pendant un long moment, il resta figé, comme s’il s’était lancé dans la contemplation de son visage, de sa bouche, puis de ses yeux. En même temps, le jeune homme caressait doucement sa main qu’il tenait toujours dans la sienne.

Puis, après avoir concédé un long soupir, Pablo se résigna et baissa les yeux. « J’ai… Y’a quelques trucs dont je ne t’ai jamais parlé, et euh… » Le jeune pilote se racla la gorge et lutta du même coup contre l’envie d’abandonner toute explication que de toute manière, serait inutile et ne lui remonterait en rien le moral. Mais maintenant qu’elle était là avec lui, Madi avait le droit de savoir. Alors, prenant son courage à deux mains, Pablo se lança une nouvelle fois : « Bonnie a été enceinte, à cause de moi… C’était au moment où on s’est remis ensemble là… Et… Elle a décidé de garder le bébé. Elle est née il y a quelques jours… » avoua-t-il d’un air absent, avec un léger sourire qu’il ne put réprimer en repensant au visage de sa fille. Puis, il replanta brusquement ses yeux clairs dans ceux de Madi et termina : « Ils nous l’ont enlevée… Enfin… On l’a faite adoptée parce qu’on n’aurait pas pu s’en occuper… Je crois. » Immobile, comme pétrifié, Pablo trouva à peine la force de déglutir avant de serrer les dents pour s'empêcher de verser les quelques larmes qu'il sentait arriver au coin de ses yeux.