Les filles me regardent en rigolant pendant que je plisse les yeux dans leur direction. Lucy garde notre table, enfin elle finit son verre et va venir nous rejoindre sur la piste de danse. Sortie entre fille ce soir. Les plasticiens ont la réputation de faire la fête tous les soirs et de fumer du levé au couché du soleil. Vive les clichés ! Mais les filles ont décrété que ce soir, tout le monde était de sortie donc du coup ... traînée de force à l'Awesome. J'ai eu beau dire que j'allais porter plainte, elles ne m'ont pas crue, je me demande pourquoi. Ce genre de sortie me met toujours la boule au ventre, même si là un peu moins vu qu'on est une dizaine. J'aime danser, j'aime passer du temps avec les filles mais les boîtes de nuit ... je ne suis pas une grande fan. Pourtant j'y suis ce soir, ça fait maintenant plus de trente minutes. Soirée entre filles. Des amies d'histoire et de cinéma sont venues avec nous. Je dois avouer que je n'avais pas vraiment envie de passer ma soirée toute seule donc, pour être honnête quand les filles m'ont proposée de faire un truc, je n'ai pas été si mécontente que ça. Seulement j'aurais préféré qu'on aille dans un bar tranquille plutôt que dans ce club bondé. Je n'ai rien à reprocher à l'Awesome, lui ou un autre c'est pareil, et encore, j'aime bien l'Awesome. J'y suis allée pour fêter mon diplôme en deuxième année, c'était cool pour une fois. Bref. Les filles et moi nous trouvons une place sur la piste de danse. L'air est chaud et moite. En chemin, je me prends un coup de coude. Sympa. Mais je fais un effort, croisant vraiment les doigts pour que ça me change les idées.

La musique me vrille les tympans tandis que mon corps commence lentement à bouger. Fermer les yeux. Se laisser aller. Tout oublier. Mais mes yeux se rouvrent. Les filles sont toujours là, nous nous sourions. Sauf que j'ai trop chaud, même avec un simple top noir sur le dos. J'adore la chaleur mais pas de cette façon. Néanmoins, mon corps est de plus en plus réceptif à la musique, que ça soit une musique que j'aime ou non. L'électro n'est pas trop mon trip. Je referme les yeux, décidée à faire un effort pour que cette soirée se passe bien. Ça me rappelle les longues heures que j'ai passé à danser n'importe comment, toute seule dans ma chambre. Cette pensée me fait sourire pendant que mon corps ondule. Le laissé aller. Arrêter de penser au reste du monde car le reste du monde n'existe plus. Je finis par prendre le rythme malgré tout et j'ai l'impression que ça fait bien se passer quand soudain, une masse s'abat sur moi. Je rouvre les yeux et mets quelques secondes, encore un peu dans mon monde, pour comprendre. En même temps il n'y a pas grand chose à comprendre. Des mains inconnues se sont posées sur mes hanches et le corps qui va avec s'est collé contre mon dos. Putain. Fallait bien qu'une connerie comme ça arrive. Y a des cons partout de nos jour, surtout en boîte. Sa chaleur corporelle me met encore plus à l'aise. J'essaie de me dégager mais ce con me retient. Mal de tête. Agacement. Pourquoi j'ai accepté de venir déjà ? Je réessaie de me libérer mais le type, dont je n'ai toujours pas vu le visage me retient toujours. Ca suffit. Les conneries dans le genre, j'ai assez donné. Je lui fous un coup de coude en plein dans les côtes et en profite pour m'échapper.

Je quitte la piste de danse sans me retourner. J'ignore s'il est à genoux par terre ou s'il veut ma mort pour lui avoir fait ça mais peu importe. Il m'a gâchée la soirée. Je sais c'est con mais c'est comme ça. Les mecs un peu trop collants, c'est un truc qui arrive en boîte de nuit, rien de surprenant, mais c'est comme ça, ça m'a bloquée. Du coup je file à vitesse grand V. Je croise Lucy sur le chemin qui va dans le sens inverse, elle me regarde surprise et je lui fais comprendre que je vais prendre l'air. Elle hoche la tête. Faut juste que je sorte de cet endroit quelques minutes avant que ma tête n'explose. Je passe récupérer ma veste à notre table et me dirige vers la sortie. Le plus triste c'est que ce con a réussi quand même à m'atteindre du coup. Je secoue nerveusement la tête. Vive, de l'air. Je joue encore des coudes pour atteindre la sortie et une fois sur le trottoir, les choses commencent à aller mieux. Je soupire et savoure le contact de l'air frais nocturne sur la peau. On est quelques uns, comme des âmes égarées, sur le trottoir. Avec le changement brutal de température, il fait beaucoup plus froid que quand nous sommes arrivées. Je reste quelques instants ainsi, juste à côté de l'entrée à retrouver un peu de calme et de solitude. « Sutton ? Hm… Qu’est-ce que tu fais dehors ? Tu ne devrais pas être en train de te trémousser sur le dancefloor ? » Là encore, je ne comprends pas tout de suite que c'est à moi que cette voix s'adresse. Peut-être que je ne suis pas habituée encore à ce qu'on nous confonde, vu que peu de monde est au courant. Mais après quelques secondes sans réagir, le prénom de Sutton arrive jusqu'à mon cerveau et je me retrouve face à un brun de mon âge, qui pense sérieusement avoir à faire à ma jumelle. Encore peu habituée à la situation, je souris en lui répondant. « Désolée, ce n'est pas Sutton, je suis sa soeur jumelle. » En même temps difficile de trouver une excuse pour ce genre de cas. Et puis si c'est un proche de Sutton, il doit être digne de confiance. Je me demande combien de gens elle connaît depuis son arrivée en ville. En tout cas il avait l'air plutôt amusé de voir Sutton ici, donc je me suis quand même présentée. « Je sais, ça peut surprendre. Moi c'est Mia. »

Respirer à nouveau l'air pur -façon de parler- est un véritable soulagement. C'est vrai que je ne suis pas à l'aise dans ce genre d'endroit mais j'avoue que parfois, ça me détend et me permet de tout oublier. Avec les bonnes personnes et si tout se passe bien, je suis la première à admettre que ça a été une bonne soirée. Mara pense que je sais et que j'aime m'amuser, mais le problème c'est qu'on ne m'en donne pas souvent l'occasion ou simplement que je ne m'en donne pas souvent l'occasion. J'aimerais bien que ce soit le contraire, de n'avoir à me soucier de rien et de multiplier les sorties avec les amies et tout ça, mais ça serait mentir de dire que c'est dans ma nature de faire ça, mais je vous jure parfois ça me soulagerait. Sutton me répète de me lâcher un peu, faut dire qu'elle doit déjà me voir comme la coincée de service alors que c'est faux. Totalement faux. Les filles sont habituées et ne me disent plus grand chose, à part dans ce genre de moment où elles me forcent la main pour mon bien paraît-il. Pas sûr que le mec qui a a commencé à me coller ait voulu mon bien, enfin on va dire que peut-être mais ça ne m'intéresse pas des masses ce soir. Je ressors du club avec l'impression qu'un éléphant danse le sirtaki sur et dans ma tête mais mes maux s'apaisent quelque peu au contact de l'air frais de la nuit. Je m'en veux sur ce coup là de décevoir les filles mais je ne pouvais pas rester là-dedans. Peut-être que j'y retournerai ... dans un certain temps. Sutton dit que je dois faire des progrès à ce niveau, je me ferai peut-être violence.

Et puis voilà cet inconnu qui débarque en m'appelant Sutton. J'ai mis du à temps à réaliser, faut croire que la musique et les bruits m'ont atomisée le cerveau. Ca ne serait pas surprenant. Là tout de suite, je fronce les sourcils en le regardant, ayant une drôle d'impression de ne pas être dans mon état normal, la différence entre l'intérieur de la boîte et le retour à l'extérieur met du temps à passer. J'ai toujours été trop sensible aux changements brutaux de températures, à mon grand regret. Une fois on avait marché une demi heure dans un froid glacial pour aller au cinéma et quand on avait fini par y arriver, ils avaient dû mettre le chauffage à fond et paf, ça n'a pas loupé ... Enfin bon, ça on s'en fout. J'observe l'inconnu face à moi tandis qu'il a l'air de réfléchir au fait que si je lui fais une blague, elle ne devient pas très drôle. Je le laisse réaliser la chose en silence vu que je me doute que c'était assez inattendu comme réponse. Déjà moi il m'a fallu un certain temps pour m'habituer. Néanmoins, quand je finis par me présenter, je sens qu'il réalise que ce n'est pas une blague. « Oh… euh, vraiment ? C’est… wow. Excuse-moi, j’ai vraiment cru que… enfin, je dois pas être le premier, j’imagine. » finit-il pas répondre. La situation perturbe tout le monde et encore, on essaie de garder l'affaire un minimum secret pour l'instant, en tout cas, jusqu'à ce qu'on trouve de nouveaux éléments sur notre adoption ou nos parents biologiques, à Sutton et à moi. Mes lèvres dessinent un sourire compréhensif. « Ne t'inquiètes pas. Tu n'es en effet pas le premier et à mon avis pas le dernier. C'est juste que Sutton et moi essayons de ne pas ébruiter tout ça. » J'ignore où toute cette situation va nous mener d'ailleurs. Tout ce que je sais c'est que je meure d'envie de le dire au moins à mon frère et à ma soeur, sinon, aux filles. Ça commence à faire long tout ça. L'inconnu se met à me détailler du regard, comme s'il cherche quelque chose. Je ne baisse pas les yeux mais reste légèrement mal à l'aise mais au bout de quelques secondes, il finit par me présenter sa main. « Je… moi c’est Peter. Je suis un ami de… ta sœur. » Naturellement, je lui sers doucement la main en hochant la tête, toujours le sourire aux lèvres pour essayer de le mettre à l'aise. « Eh bien enchantée Peter. » ai-je murmuré. La musique vient mourir jusqu'ici et me rappelle que nous sommes devant l'Awesome. Mes yeux jettent un coup d'oeil rapide aux alentours pour constater que nous sommes peu d'âmes à stationner devant le club. Un léger silence s'installe entre nous et mon cerveau fonctionne à toute vitesse pour essayer de trouver quelque chose. Je ne suis pas une pro pour faire la conversation, surtout dans ce genre de cas où je ne connais pas la personne en face de moi, mais j'essaie de faire de mon mieux. Je finis par sortir quelque chose, tout en retroussant le nez, manie que j'ai parfois quand quand je suis gênée. « Les ambiances de boîte de nuit, c'est pas trop mon truc. Première différence entre Sutton et moi. » ai-je dit en souriant.

« Oh, oui, Sutton m’a expliqué je… je comprends. Je suis juste au courant parce que… parce qu’on se dit tout ou presque ! » poursuit-il. Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils en l'entendant dire qu'il sait déjà beaucoup de choses de la situation avec ma soeur. Elle ne m'en avait pas parlé, enfin elle ne m'avait pas dit qu'elle avait raconté ça à quelqu'un. Je suis bien placée pour savoir que ce n'est pas facile mais, je pensais qu'elle m'aurait avertie le jour elle se déciderait de révéler ce qui était censé rester secret, qu' elle m'en aurait parlé. Apparemment non. Tant pis. Qu'est ce que je peux faire ? Après tout, il y a encore des tas de choses qu'on ne se dit pas, je devrais le savoir. Je ne vais pas en faire tout un plat, ni repartir en me disant que du coup, c'est mon devoir d'aller le raconter à tout le monde. A ce moment, je me dis qu'il faut que Sutton et moi nous voyons d'urgence pour redéfinir ce qu'on fait par rapport à notre situation. Après tout, ça va presque faire un an ... Il serait temps que les choses bougent. Enfin bref, je l'appellerai demain matin. Du coup j'ai fini par passer outre l'information en me répétant que si elle l'avait dit à Peter, c'est qu'il doit être quelqu'un de confiance. Ce qui veut alors dire que je n'ai aucune personne de confiance de mon côté alors ? « Aah vous êtes des amis proches alors. C'est cool. Depuis combien de temps vous vous connaissez ? » ai-je demandé curieuse tout en me disant que je dois limiter les questions sur le sujet. Après tout, sa relation avec Sutton ne me regarde pas. Et puis les mecs n'aiment généralement pas qu'on leur pose trop de questions.

Peter a l'air de s'habituer peu à peu au fait de ne pas avoir Sutton sous les yeux. J'ai l'impression qu'il devient moins ... enfin qu'il commence à être plus à l'aise. Enfin plus à l'aise ne veut pas dire grand chose quand vous ne connaissez la personne que depuis une ou deux minutes et qu'il faut faire la conversation. Je trouve quelque chose et à ma grande surprise, ça se révèle être une bonne amorce de conversation. Il se met d'ailleurs à rire légèrement, ce qui m'intrigue car pendant un instant, j'ai pensé avoir dit quelque chose de totalement stupide qui m'a déjà discréditée. « Oui… je savais ça aussi… Elle dit que tu ne fais pas assez la fête ! » Automatiquement, mon nez se refronce en entendant la nouvelle et c'est à mon tour de rire légèrement. Oui à ce niveau là ... difficile de nier quoique ce soit. Peter va s'asseoir sur un muret et moi, me voilà debout, comme une cruche. Et puis je suis mal à l'aise avec l'idée que peut-être, il sache beaucoup plus de choses sur moi que je ne l'imagine. J'ai mis les mains en l'air, signe que je me rends. « Je plaide totalement coupable sur ce point là ! » lui-ai je répondu. « Elle dit souvent la même chose de moi… » reprend soudain Peter. Ca par contre, je ne m'y suis pas attendue. C'est sûr que quand quelqu'un vous dit qu'il ne fait pas assez la fête et que vous discutez de cela devant un night club, ça pouvait paraître bizarre, mais je le crois quand il me dit ça. Il fait même un haussement d'épaules pour dire que ça ne lui fait pas grand chose. Ca me fait sourire. Sutton peut être très persuasive quand elle veut. « A force, je croyais que je n’étais pas normal ! Mais je vois que je ne suis pas le seul… J’ai… franchement horreur de ce genre d’endroits, plein de gens, où on ne peut même pas discuter normalement ! C’est juste… tellement inutile ! Et bruyant ! » Le sourire persiste sur mon visage. Pourquoi ce gars est ami avec ma fêtarde de jumelle déjà ? Je l'imagine en train d'essayer d'expliquer ça à Sutton, en vain. J'ai secoué la tête de gauche à droite. « Eh non tu n'es pas le seul. On doit être les deux intrus du coin qui préfèrent passer une soirée tranquille à l'air libre plutôt que de finir étouffer... ou trop collé par des gens qui ne comprennent pas quand on leur dit non. » Dédicace à ce con de tout à l'heure qui a en quelque sorte, gâché ma soirée entre filles qui n'avait pourtant, je l'avoue, pas trop mal commencé. « Et complètement ennuyeux quand on ne sait pas danser… » révèle soudain Peter. Mon sourire s'élargit à l'idée qu'il vient de m'avouer qu'il ne sait pas danser. Son sourire en coin me fait sourire aussi parce qu'il est conscient de cela et il me demande même mon approbation. « Non ? » Je ris à nouveau doucement avant de chercher du regard un truc, pas loin évidemment, où je pourrai m'asseoir mais rien, donc tant pis, je décide de rester debout. Je hausse les épaules à mon tour, comme si je ne sais pas qu'on est en train de parler de lui. « C'est sûr que pour les personnes concernées, c'est très ennuyeux. Ca peut être très ennuyeux pour la santé des autres personnes aussi ... » Bon d'accord, faire une blague de ce genre à quelqu'un que vous connaissez depuis deux minutes trente, top chrono, ce n'est peut-être pas une bonne idée. « Je blague hein, mais ça reste très ennuyeux quand même. Pour moi la danse ça va, c'est plus le reste en fait. Tous ces gens, la chaleur, le fait de ne pas pouvoir bouger comme tu veux ...Je préfère les soirées plus intimistes et encore, vu que Sutton t'a expliqué tout ça ... Mais je dois avouer que parfois, je me retrouve à ce genre de soirée, traînée de force par des amies et certaines se sont bien passées. Pas la majorité, mais certaines ... » Okay, j'ai peut-être un peu trop parlé là, et puis faut croire que le fait de savoir qu'il en sait déjà beaucoup sur moi me donne envie d'en dire encore biens, vu que je viens de lui raconter ma vie. Bref. « Donc maintenant nous voilà dehors, en rebelles que nous sommes. Je vais encore devoir récupérer certaines de mes amies dans les toilettes. »

Une légère brise fait sortir du rang une mèche de mes cheveux que je m'empresse de remettre derrière mon oreille. Je n'avais pas encore eu l'occasion de rencontrer les gens que Sutton a connu depuis son arrivée à New York. C'est vrai que c'est étrange, surtout quand on est pas encore habituée à l'idée. En tous les cas, Peter a l'air de s'habituer au fait que ce ne soit pas Sutton qu'il a sous les yeux, mais je le vois de temps en temps, me regarder comme s'il veut être vraiment sur de ça. J'imagine soudain si la situation était inversée. Les filles face à Sutton, la prenant pour moi. Autant dire qu'elles seraient surprises et encore plus si je continue à ne rien leur dire d'ailleurs. Notre différence de caractère peut paraître assez marquée pour les autres mais ça a un côté rassurant en fait. N'ayant pas grandi avec elle, quand on s'est connues, l'idée qu'une personne puisse être mon double m'a foutue légèrement la trouille. Mais en fait non, nous sommes différentes et pourtant on s'entend bien toutes les deux. Quand j'y repense, ça me fait sourire. Dire qu'il y a même pas un an, on ne se connaissait pas et on vivait chacune à l'autre bout du pays ... D'ailleurs, je ne peux pas m'empêcher d'être étonnée, même si je ne connais Peter que depuis quelques minutes, de me demander comment ma soeur et lui son devenus amis. Ils sont plutôt différents niveau caractère. Ça me rend juste curieuse. Et ce qui me rend aussi curieuse c'est le fait d'avoir l'impression de le connaître depuis longtemps. Oui parce que ce n'est pas souvent que j'accepte d'aller passer la soirée avec un presque inconnu ... presque parce qu'après tout, il connaît bien Sutton donc je me dis pourquoi pas ! Et puis si ça peut me permettre d'échapper au rituel des soirées où je me retrouve à gérer les filles comme si j'avais trente ans de plus ... Une fois de temps en temps. En attendant ma réponse, je le vois gêné, à croire qu'il regrette de m'avoir demandée de venir avec lui ... ou plutôt qu'il ne le propose pas à toutes les filles qu'il vient à peine de rencontrer. Ce qui en soit, devrait me rassurer et me rassure dans un sens. Juste avant que je me décide à dire oui, il relève soudain les yeux pour les planter dans les miens, ce qui me perturbe et me fait baisser les yeux quelques secondes avant de réussir à parler quand même. Le moment de gène a l'air passé car il éclate de rire. « Oh, il ne faut pas que tu te sentes obligée surtout ! C’est juste histoire d’être dans un endroit plus sympa qu’ici… » répond Peter. J'ai souri à mon tour, bizarrement plus à l'aise qu'il y a quelques secondes. J'ai l'impression d'être un véritable yo-yo depuis que cette conversation a commencé. « Je ne me sens pas obligée, ne t'inquiètes pas. Et puis t'avoueras que nous sommes sur un trottoir, donc niveau endroit plus sympa on a le choix. » ai-je fait les lèvres toujours étirées en un sourire, sans penser une seconde au double-sens que peut avoir sa phrase.

Nous voilà donc partis juste après que je lui ai dit que je le suivais. Pendant le trajet jusqu'au bar, je ne peux pas m'empêcher de penser à l'étrangeté de la situation malgré tous mes efforts de ne pas trop penser. Pour une fois. Je croirais presque entendre Mara me dire d'arrêter de réfléchir et de foncer. Foncer pour quoi ? Elle seule connaît la réponse dans un sens, ou alors c'est moi qui ne veut pas la savoir. « Tu verras c’est joli, et calme ! Je pense que tu vas aimer… » dit-il alors que nous marchons toujours, évitant les âmes nocturnes comme nous, qui traînent sur les trottoirs. En l'entendant, j'ai un sourire en coin et une drôle de sensation, cette sensation que notre rencontre ne date pas juste de quelques minutes mais de bien plus longtemps, ce qui fait que malgré moi, je me sens à l'aise mais c'est aussi ce qui me gène.J'ai pris un air faussement pensif. « Alors comme ça je donne l'impression d'aimer les choses jolies et calmes ... c'est intéressant. » ai-je fait amusé. Oulah, si je commence à être comme ça, c'est que ça devient de plus en plus bizarre. Bon reprends ton sérieux ma fille, arrête de plaisanter. « Mais j'en doute pas. » Et nous avons poursuivi notre chemin jusqu'à l'établissement avant d'y arriver quelques minutes plus tard. Peter me tient la porte pour entrer, ce qui me fait sourire et je le remercie d'un signe de tête. Comme quoi contrairement à ce qu'on dit, la galanterie n'est pas complètement morte. Mes yeux balaient l'endroit en quelques secondes, c'est comme ça à chaque fois que je découvre un nouveau lieu, mes réflexes de plasticiennes prennent le dessus et analysent tout. Oui pour les gens comme moi on dit plasticienne, artiste ça fait grosse tête. Le jour où j'aurais fait autant de choses que Newton, Abramovic et autres, je pourrai parler d'être une artiste, mais ce n'est pas vraiment près d'arriver. L'ambiance a l'air tranquille, ce qui est toujours mieux pour parler. Peter m'indique une table et nous allons nous y installer. « Nous y voilà… Tu peux commander ce que tu veux. Enfin… si je peux quand même te conseiller quelque chose, ils ont des cocktails délicieux ! » J'ai hoché la tête avec l'impression de sourire depuis tout à l'heure. « Et qu'est ce que tu me conseilles comme cocktails du coup ? » J'avoue j'ai pas trop d'inspiration à ce niveau. Je n'ai pas trop l'habitude des cocktails, je me méfie en fait depuis le jour où j'ai confondu du jus d'orange avec un cocktail que mon oncle testait. Autant dire que vu ma réaction, il a abandonné l'idée. « Donc, tu es à New-York depuis combien de temps exactement ? » Je suis en train de regarder les autres clients présents quand il me pose la question. C'est vrai que la population de New-York est si diversifiée qu'on pourrait poser la question à tout le monde, même aux natifs. « Depuis mes sept ans. Ma famille et moi on habitait Chicago ici jusqu'à ce que mon père se fasse muter. Mais bien sûr je suis née à Phoenix, Sutton a dû t'en parler. Bref, américaine pure souche quoi ! » ai-je continué doucement. Ça fait bizarre d'aborder le sujet avec quelqu'un d'autre que Sutton d'ailleurs, mais je me sens tout de même à l'aise. J'ai marqué une pause avant de reprendre. « Et toi ? »

Je sais pas comment je peux me sentir à l'aise avec lui alors que nous nous connaissons depuis très peu de temps. D'accord il connaît Sutton mais quand même ... Durant le trajet, je me permets même de faire quelques plaisanteries. Pas que je n'en sois pas capable normalement mais, c'est juste que y a ce quelque chose sur lequel je n'arrive pas à mettre le doigt, et c'est assez perturbant. Mais j'ai fini par me décider à laisser couler. Si les filles me voyaient, elles seraient fières de moi, enfin après avoir gueulé un bon coup parce que je les ai abandonnées, sûrement dans un état misérable. Elles vont bien se débrouiller sans moi de toute façon, de toute façon, elles n'ont pas la choix. Peter et moi avons poursuivi notre chemin vers l'endroit où il veut m'emmener. C'est étrange de dire ça en fait. Les petits moments où j'ai la sensation d'être à l'aise sont malgré tout vite rattrapés par quelque chose qui ressemble plus à de la gène, on va dire. Plus contradictoire tu meurs, seulement j'essaie de faire au max pour oublier mes vieux réflexes. De toute façon, si j'avais suivi mes vieux réflexes, je n'aurais sûrement pas accepté de suivre Peter. Nous finissons donc par arrivés dans un endroit beaucoup plus tranquille, même s'il n'y a pas vraiment de comparaison à faire avec une boîte de nuit. Je souris à Peter tandis que nous nous installons, me surprenant encore à me poser des questions sur la relation qu'il a avec ma soeur, simple curiosité. Ça doit lui faire vraiment bizarre d'avoir la sensation d'avoir sa meilleure amie en double exemplaire mais il n'a plus l'air de s'en préoccuper. C'est peut-être pour ça que je me sens plus à l'aise. « Attends, il faut que je me souvienne… » dit-il soudainement avant de prendre la carte dans ses mains. Je souris un peu plus, amusée, et attends sans patiemment qu'il trouve la perle rare pour moi. Enfin le bon cocktail je veux dire. Ce qui serait assez étrange en soi, qu'il trouve le cocktail qui me correspondrait alors que nous ne nous connaissons depuis trop peu de temps. Je sais que Sutton est ma jumelle, mais nous sommes loin d'avoir les mêmes goûts, c'est un fait avéré.

Puis tout doucement, nous commençons à discuter. Je veux dire vraiment discuter pour se connaître plus, plus partager nos réflexions philosophiques sur les club, même si je dois dire que ça a été plus cool comme rencontre. C'est drôle, quand on y pense que nous n'aimons tous les deux pas spécialement les boîtes de nuit et que pourtant, nous nous sommes rencontrés devant l'une d'entre elles. On commence donc à se poser des questions de routine sur New-York. Jusqu'à Sutton, ma vie a été plutôt calme donc c'est assez court. Et puis j'ai fini par me dire que Sutton a déjà dû lui raconter des choses sur mon histoire ... Okay, c'est peut-être présomptueux de ma part d'imaginer qu'ils puissent parler de moi durant leurs conversations, donc je ne sais pas trop, mais je dois avouer que si c'est le cas, c'est assez déstabilisant. « Oh moi je ne suis ici que depuis quelques années, pour mes études… Mais je suis né en Irlande, à Galway ! J’ai plus ou moins tout laissé là-bas pour m’installer à New-York, mais c’était le seul moyen de pouvoir étudié ce qui me plaisait correctement… Et puis finalement, c’est pas si mal les States ! » Je lui rends à nouveau son sourire, même s'il faut dire que je souris depuis tout à l'heure, ce qui avec la chance que j'ai doit me donner l'air d'une cruche. En tout cas, je note plusieurs points, surtout le fait qu'il soit étudiant en fait. « Oui il paraît que beaucoup de monde nous envie, même si l'Irlande doit être un très beau pays. Mais tu étudies quoi ici ? » Quoiqu'il me réponde, j'imagine que ça doit être quelque de très important pour qu'il ait quitté son pays. J'aime New-York pour la diversité de sa population. Rencontrer des gens de toutes les origines, de différentes cultures, c'est une vraie chance, mais n'étant jamais sortie des États-Unis, je ne dirai pas non à une chance de pouvoir visiter un autre pays.

« Ca y est je l’ai ! Tu vas voir, celui-ci est parfait ! Je reviens… » Je sursaute presque devant son soudain entrain à l'idée de m'avoir trouvée un cocktail. J'ai à peine le temps de hocher la tête que Peter s'en va vers le bar pour chercher nos verres. Le sourire aux lèvres, j'attends quelques simples minutes, juste le temps d'apprécier le moment, avant de le voir revenir avec effectivement les deux verres à la main. Seulement, à partir de ce moment, tout donne l'impression de se passer au ralenti. Un des verres glissent de ses mains et il s'emmêle en essayant de vouloir se rattraper, et au final, tout tombe par terre près de moi avec un grand bruit pour accompagnement. Surprise sur le coup et je suis incapable de bouger. « Oh non ! Excuse-moi ! Ca va ? Attention ! » Honnêtement, je suis à deux doigts de rire de la situation, et Peter a l'air tellement embêté alors que ce n'est rien. « T'in ... » ai-je commencé. J'ai voulu lui dire que ça allait, que ce genre de chose peut arriver, que ce n'est pas grave mais quelque chose m'en a empêchée. Sa main. Sa main sur ma cuisse. Et je suis en jupe, bien sûr, à cause des bons conseils des filles. A croire que c'est une blague, comme si tout est fait exprès. Mes joues s'empourprent autant que les siennes, surtout quand nos regards se croisent pendant quelques secondes. Mon pouls a accéléré la cadence. Peter s'empresse d'enlever sa main tandis que je reste immobile sur ma chaise ... encore un peu sous le choc. C'est moi où il faut chaud ici ? Qu'est ce qui vient de se passer ? Okay, calme toi maudit coeur. Mon esprit a fini par reconnecté toutes ces parties et je me suis agenouillée près de Peter pour l'aider à ramasser. « C'est pas grave, laisse-moi t'aider. » ai-je murmuré doucement, encore un peu troublée. Je me suis mise à ramasser les morceaux de verre avec lui. Okay, là je suis mal à l'aise, surtout accroupie ou à quatre pattes par terre en jupe. Et puis autant dire que j'ai fait mon maximum pour ne pas que ce qui arrive dans ce genre de moment arrive. Faut croire que malgré mes efforts, ça n'a pas tellement marché, vu qu'à un moment, ma main à frôler la sienne. Mes yeux sont restés obstinément rivés sur le sol. Silence. Mon coeur ne veut pas se calmer. Heureusement, mes doigts saisissent le dernier morceau de verre à l'horizon. Je me redresse, ayant soudain l'impression de me mieux respirer. Dis quelque chose, dis quelque chose. Même si je ne comprends pas vraiment ce qui est en train de se passer actuellement, ça serait dommage de laisser cet ... incident changer les choses, même si je dois avouer que je ne sais pas ce que "les choses" signifient. « Hum ... J'espère qu'ils ont des poubelles vertes ici, j'ai des tendances écolo. » ai-je poursuivi avec un petit sourire. Stupide phrase, vraiment ! En plus, le tris sélectif c'est tout ce que je fais et il faut être plus que ça pour être écologiste, donc je suis très loin d'entre une. J'ai bougé légèrement ma main, celle qui contient les morceaux de verre et c'est à ce moment là que j'ai remarqué. Un petit picotement, du rouge et une sensation d'humidité. Génial. Bravo Mia ! Non mais quelle empotée ! « Zut ... » J'ai pensé à transvaser les morceaux de verre d'une main à l'autre, mais si c'est pour me couper l'autre main, merci bien. Du coup, j'ai fait tomber les morceaux de verre lentement et prudemment sur une serviette qui est mise à notre disposition sur la table. Peu à peu, la plaie est apparue clairement. Je grimace en sentant la douleur provoquée par des petits morceaux qui viennent se frotter à ma pseudo blessure. Trois centimètres un peu près, en haut de la paume de ma main. Le sang coule, même si ce n'est pas une cascade. Ça a l'air un peu profond. Vraiment, c'est bien ma veine. J'ai relevé les yeux vers Peter, plus gênée que jamais. « Désolée ... j'ai dû avoir un moment d'inattention. Comme quoi on doit être maladroit tous les deux. » ai-je souri.

Les sentiments qui me disent que ce genre de situation n'est pas dans mes habitudes disparaissent, ainsi que la gène même si je sais qu'il en faudra peu pour qu'elle réapparaisse. C'est comme s'il avait réussi à me faire oublier le fait que nous nous connaissons depuis quelques minutes à peine. Et maintenant, me voilà dans un bar ... « Oui, c’est génial ! D’ailleurs j’y retourne dès que j’en ai l’occasion, c’est tellement… différent ! Ici j’étudie la criminologie. Et je sais que ça peut paraître étrange comme sujet, mais je t’assure que c’est passionnant. Tu vois Bones, ou NCIS ? Bah voilà, c’est ça que je veux faire ! » répond-il. Un sourire intrigué puis plus large apparaît sur mon visage. La criminologie n'est pas la première réponse à laquelle on pense généralement quand on demande à une personne ce qu'elle étudie. Mais c'est un domaine qui doit, je pense, faire rêver beaucoup de gens car après tout, il le dit lui même, avec toutes les séries sur le sujet, une partie de la population a grandi avec ça. Et comme quand j'ai du temps libre, on regarde des séries avec Mara ... Forcément, je vois tout à fait de quoi il parle. Pendant une période, ma petite soeur a voulu se lancer là-dedans elle aussi. C'est de voir un épisode de Bones qui l'a faite changer d'avis. En tout cas, Peter a l'air de beaucoup aimer ce domaine et je le crois quand il dit que c'est passionnant. Je lui rends son sourire, de plus en plus à l'aise dans notre discussion. J'allais lui répondre quand l'incident avec les cocktails s'est passé. Hum. Pas le temps de réagir que les verres se retrouvent déjà par terre et Peter commencer à ramasser les débris. Oui ce n'était pas prévu au programme et avant que je ne puisse lui dire d'appeler quelqu'un, un serveur qui pourrait faire ça avec une pelle et une balayette, il y a eu sa main sur ma cuisse. J'ai eu comme un moment de pause et automatiquement, une vague de chaleur m'a envahie. J'aurais voulu être capable de réagir autrement qu'en rougissant mais bon. J'aurais aussi pu penser qu'il avait fait ça exprès mais ça ne m'a pas traversée la tête une seconde. Le voir rougir et aussi gêné sûrement.

Donc, malgré cette situations très gênante parce oui, c'est vraiment le mot. Je l'ai aidé à ramasser les morceaux de verre et ce, dans le plus grand des silences. Pendant ce temps où je suis accroupie par terre et plus à l'aise du tout, j'essaie de respirer calmement, histoire de ralentir mon rythme cardiaque qui s'est excité un petit peu trop là. Pourquoi ? Pourquoi je suis pas capable de dire que c'est rien ? Durant les prochaines secondes, je me concentre au possible sur les morceaux de verre et ma main mais ... forcément la chose classique, qui ne se produit que dans les films arrive. Nos mains se frôlent et une nouvelle vague de chaleur vient me balayer de la tête aux pieds. Oulah, faut vraiment, mais alors vraiment que je me calme avec cette histoire. Preuve que j'ai réussi à retrouver mes esprits, j'ai pu ouvrir la bouche. Bon okay, c'était pour dire une connerie mais on fait ce qu'on peut. Je l'ai regardé, intrigué par le fait qu'il ne soit pas capable de sortir un mot. Pas l'habitude. Sauf que, au moment où ça ne pouvait pas devenir pire, ça l'est devenu. Picotement dans la main où je tiens les débris de verre. Forcément, empotée comme je suis, me voilà avec une belle coupure à la main pour rajouter un truc en plus ! Bien joué ! « Oh non… je… fais voir.. » fait-il soudain. Je le laisse attraper ma main et examiner ma blessure de guerre. Comme si j'avais besoin de ça. J'ai regardé quelques instants le sang couler. « C'est rien, je vais pouvoir survivre je pense. » ai-je lancé avec un sourire pour essayer de détendre l'atmosphère. Impression que tout d'un coup, tout s'est électrisé. Comment on en est venus là déjà ? Je ne sais plus trop. Maintenant, notre gêne à tous les deux et les verres brisés sont en train de ... enfin de briser, en quelque sorte, le moment que nous étions en train de vivre, enfin quand on faisait connaissance et ... Okay, ta gueule Mia. « Hm… Je ne m’y connais pas vraiment, mais je pense qu’il vaudrait mieux soigner ça. » J'ai baissé les yeux, gênée d'être devenue le centre de l'attention de cette manière. Je ne veux pas qu'il me prenne pour une fille qui atout le temps besoin d'aide, je veux dire par là que je me débrouille souvent toute seule. Je vais lui répondre qu'il n'a vraiment pas à s'inquiéter, que je vais me débrouiller mais il me devance. « Viens… je pense avoir ce qu’il faut chez moi. Et si c’est trop profond, j’appellerai un médecin pour toi. Je… je suis désolé. » Okay, là je suis restée totalement muette, comme plantée sur place. Hein ? A croire que je suis vraiment devenue conne ce soir parce que mon cerveau fonctionne vraiment au ralenti. Est-ce qu'il vient de s'excuser alors qu'il n'a rien à voir dans tout ça et est-ce qu'il vient de me proposer d'aller chez lui ? Rien n'arrive à sortir de ma bouche. « Je pourrai toujours essayer de préparer le même cocktail qu’eux une fois chez moi… même si je ne suis pas certain d’y arriver ! » Alors j'ai bien entendu. Toujours en train de presser les serviettes, maintenant ensanglantées, contre ma plaie, je le regarde surprise. « Mais ... » Mais il ne me laisse pas vraiment le choix. Malgré moi, je le suis à l'extérieur de l'établissement avant de vraiment réaliser qu'il est totalement sérieux. Ça pour ne pas m'être attendue à ce type de soirée ... je ne m'y étais pas attendue. Mais je n'ai rien dit contre. Peut-être parce que Peter a semblé très décidé tout d'un coup, comme s'il se sentait coupable alors qu'il n'est coupable de rien. Et puis il y a toujours les voix des filles qui me disent d'arrêter de faire ma timorée et d'y aller. Honnêtement j'ignore ce que tout ça veut dire, mais ne vaut mieux pas essayé de chercher. C'est comme ça que je me suis retrouvée dans le taxi, sur la banquette arrière avec Peter à côté de moi. « T'es vraiment pas obligé de faire, je t'assure ... T'as pas à t'excuser ... c'était que des cocktails ... » Okay, débile.com vu que je dis ça alors que le taxi démarre, genre je n'aurais pas pu le dire avant. A croire que j'ai envie d'y aller en fait. Sutton se fouterait de ma gueule si elle savait dans quel état je suis. C'est juste que ... on se connaît depuis à peine trente minutes, et je suis en direction pour chez lui. C'est très loin d'être dans mes habitudes, vous avez dû le comprendre à force. « Ca va ? Tu n’es pas ce genre de filles qui tombent dans les pommes dans ces cas-là hm ? » dit-il soudain. La situation c'est comme inversée. Il a repris de l'assurance et moi qui ai du mal à ouvrir la bouche. Mais je me suis faite violence, pour essayer de donner le change. Sa question me fait sourire tandis que je regarde les serviettes qui n'épongent plus grand chose maintenant. « Nan, le sang ne me fait pas peur, tu risques pas de m'avoir sur les bras de cette façon ... » Il ne manquerait plus que ça ! Que je m'évanouisse ... J'ai mordillé l'intérieur de ma joue. Qu'est ce qu'on est censés dire dans ce genre de moment ? « C'est vraiment gentil de ta part Peter mais je ne veux pas te déranger, je t'assure. C'est ma faute, ça m'arrive pas souvent ce genre de chose normalement. » J'ai marqué une pause, ayant remarqué que je le regarde un peu trop ... trop. Change de sujet, change de sujet. Et détends-toi, au passage, t'es pas en chemin pour la corde, à ce que je sache. Mais le taxi crée un univers beaucoup plus intime que les endroits d'avant. « Navrée d'avoir gâché la soirée à cause de ça en tout cas. » ai-je continué doucement.

La situation commence à devenir très perturbante. Je ne sais pas s'il réalise qu'il est en train de m'emmener chez lui alors qu'on ne se connaît depuis ... trop peu de temps pour ça. Je l'observe à la dérobée pendant quelques instants et vois cet air résolu sur son visage. Il a vraiment l'air décidé à faire ce qu'il a dit, c'est-à-dire, soigner cette maudite coupure. Pourquoi a-t-il fallu que je sois maladroite à ce moment précis déjà ? Mais je me suis laissée faire. J'ai beau dire, mais je me suis laissée embarquée dans le taxi avec lui donc d'une manière ou d'une autre, je suppose que même si c'est inconsciemment, je dois vouloir ... aller chez lui quand même ? Mais c'est tellement bizarre dans un sens. Faut croire que Sutton est en train de déteindre sur moi, ou sur nous deux dans la situation actuelle. Du coup me voilà avec Peter sur la banquette arrière d'un taxi. D'accord, dit comme ça on dirait le début d'un film porno. Ma jupe me paraît bien sûr beaucoup trop courte, surtout assise mais malheureusement, impossible d'arranger ça. Tirer dessus rendrait cela encore plus voyant et j'aurais l'air d'une collégienne. Le taxi a démarré, je suppose qu'il est trop tard. « C’était mon idée… et c’est moi qui ai tout gâché en faisant tomber ton verre. Alors je dois me rattraper, j’y tiens… Et en plus, tu es blessée maintenant… » fait Peter avec un sourire quand je lui répète que ce n'est rien. J'ai souri à mon tour. Je sais qu'il connaît Sutton mais sa soudaine préoccupation pour moi est intrigante je trouve mais ... c'est agréable. Euh ... je veux dire, d'autres à sa place, s'en serait foutue de ma coupure à deux balles. Je maintiens toujours les serviettes contre elle, serviettes qui commencent à être sérieusement imbibées de sang. J'ai jamais pensé qu'on pouvait avoir autant de sang dans la main. Avec un peu de chance, ça s'arrêtera bientôt de couler. Ma main commence à être légèrement engourdie. « Blessée ... c'est peut-être un peu fort comme mot, mais j'apprécie ton inquiétude. » Puis j'ai froncé les sourcils, en remarquant que la phrase n'est pas vraiment sortie comme je l'aurais voulu. « Enfin tu vois ce que je veux dire. » ai-je poursuivi légèrement perturbée. J'ai voulu lui dire qu'il n'a pas tout gâché mais j'ai oublié en cours de route.

« Imagine la tête de ta sœur quand elle saura tout ça… » Et là, malgré l'étrangeté de la situation, je ris avec lui pendant quelques instants en imaginant la tête de Sutton quand elle va apprendre ce qui est arrivé. Elle va éclater de rire oui ! Visiblement Peter le pense aussi. Pour ça, elle ne serait pas d'un soutien extraordinaire et si je lui raconte tout en détail, il se peut même qu'elle s'amuse à se moquer de moi. En même temps, je comprendrais pourquoi. Soudain, le sourire de Peter s'affaisse. « Enfin, notre rencontre, la chute du verre… j’veux dire. » J'ai arrêté de rire en voyant son air gêné. A croire que j'ai le cerveau ralenti ce soir vu que j'ai mis quelques minutes à comprendre de quoi il parle. Sa main sur ma cuisse. Ca a fait tilt et j'ai à moitié rougi en me souvenant de ce moment. « Elle risque d'être trèèèès en colère quand elle saura que j'ai été blessée par ta faute ... ou de s'en foutre complètement et d'en rire, au choix. Ouais je pense plutôt pour la deuxième solution. » ai-je dit en souriant. J'ai répondu sur le ton de la rigolade parce que ... parce que. C'est beaucoup plus prudent. Détendre l'atmosphère, même si elle est quand même détendue ... Tout va bien. Je me suis sentie étrange à ce moment. Dans ce taxi, en pleine nuit, en minijupe avec certes le meilleur ami de ma soeur mais que je connais depuis quelques minutes à peine tandis que nous roulons vers chez lui. C'est vraiment très étrange. Au-delà de la blague sur Sutton, il va vraiment falloir que je lui parle d'un ou deux trucs quand même. Quand j'ai ensuite répondu à sa question sur la possibilité que je me sente mal à la vue de tout ce sang, Peter m'a regardée d'une drôle de façon et cette fois, je n'ai pas compris pourquoi. Faut dire que même si j'ai toujours en tête une petite envie de lui demander s'il invite beaucoup de filles chez lui après aussi peu de temps mais j'ai peur de dire une connerie en fait. Disons que sa réponse pourrait juste me rassurer, mais en même temps, il n'a pas l'air d'être comme ça. Sauf que dans la vie, il faut toujours se méfier des apparences ... Enfin peu importe.

« Hey t’en fais pas… Tu n’as rien gâché du tout, au contraire… » dit-il. Là, ça a été à mon tour de le regarder bizarrement. Tête légèrement penchée, regard intrigué et sourcils froncés. C'est le "au contraire" qui m'a fait un drôle d'effet. Si je le suis bien, ça veut donc dire que j'ai en quelque sorte que j'ai ... embelli sa soirée ? Hein ? Attendez, le contraire de gâcher, c'est bien ... « On y est presque, j’habite juste là. » lance-t-il soudain. Je reviens un peu brutalement sur terre après être partie dans mes théories fumeuses. Autant laisser tomber ce "au contraire", c'est plus prudent. Faut surtout pas que je commence à me faire des idées ... N'importe quoi ! Je suis descendue du taxi en même temps que Peter et l'ait suivi vers l'entrée de son immeuble. Impression que ma gorge est nouée. Impossible de sortir quelque chose, même une phrase idiote, et puis je suis plus très à l'aise avec ma jupe. Mais il m'a lancée quelques sourires auxquels j'ai répondu. Mon coeur bat un peu trop vite. Nous avons monté les marches jusqu'à son appartement rapidement, jusqu'à arriver devant l'entrée de son appartement. Peter l'ouvrit et me laissa passer en première. « « Voilà… Bienvenue chez moi. » dit-il. Je lui ai souri. J'avance doucement dans l'appartement tandis que mes yeux font un tour d'ensemble de l'endroit. « C'est sympa chez toi. » Malgré tout, je reste mal à l'aise, plantée dans l'entrée mais j'essaie de faire un effort. « Justement ça m'embêterait de tout repeindre en rouge, où je peux me débarrasser de ça ? » ai-je demandé avec un sourire en levant la main fautive de tout ça en plus des serviettes qui servent encore à éponger le sang.

Je sais que ma phrase d'entrée sur son appartement peut être qualifiée de bateau. C'est le genre de chose qu'on dit quand on arrive dans un appartement qu'on voit pour la première fois. C'est pour être gentil mais dans ce cas là, c'est aussi sincère. Et puis quand j'arrive dans un nouvel endroit, j'ai toujours le même réflexe d'analyser l'environnement d'un point de vue plastique. Lignes de force, couleurs, matériaux, composition ... Mon professeur au lycée nous disait que si on continuait les Arts Plastiques, ça allait changer progressivement notre façon de voir les choses. J'ai rapidement remarqué, en commençant mes études dans ce domaine, que c'était déjà le cas. J'ai fait quelques pas dans l'entrée de l'appartement de Peter et ai souri quand il a souri après ma phrase bateau. Je regarde encore un peu son appartement, histoire de ... enfin je sais pas. C'est étrange quand je me dis qu'il y a encore quelques minutes, quand on était sur le trottoir ou au bar, je me sentais à l'aise. Là, dans son appartement, ça a un peu changé. Ca a changé depuis l'incident des cocktails en fait, et tout ce qui s'en est suivi. Nos mains. Les morceaux de verre. Mais je veux essayer de ne pas lui montrer ma gène, ce n'est pas si grave après tout. C'est sûr que je ne me suis pas attendue à ce que la soirée se poursuive ainsi mais je suppose qu'il faut faire avec. Sauf que ce n'est pas aussi simple que ça. Il y a quelque chose d'étrange que je n'arrive pas à comprendre, et c'est ça qui est ... perturbant. « Oh oui, bien sûr, la salle de bain est par là… » Nouveau sourire de ma part tandis qu'il m'indique la direction de la salle de bain. Il pose même une main sur mon dos. Le sentiment étrange revient. Heureusement cette fois, j'ai ma veste. Ce contact a été moins perturbant que sa main sur ma cuisse au bar. En même temps, le dos est un endroit moins ... enfin bref. Je l'ai senti retirer sa main prestement juste après l'avoir posée et je me suis rendue compte que pendant ce temps, j'ai juste arrêté de respirer. Ouah. Apparemment lui aussi a remarqué que quelque chose est en train de se passer, mais quoi au juste ? Je n'arrive pas à comprendre. Peu importe. J'ai suivi Peter jusqu'à sa salle de bain. Tout ce qui compte pour le moment, c'est de s'occuper de cette saleté de coupure.

Quand nous sommes arrivés dans la salle de bain, je me suis posée dans un coin et ne bouge plus tandis qu'il fouille tous les placards de la pièce. Peter en sort du désinfectant et un pansement. « Je… euh… fais-voir, laisse-moi faire… » dit-il en s'approchant de moi. Okay, là je me sens vraiment gênée. J'ai l'impression d'avoir quatre et d'être incapable de me soigner toute seule. Mais je ne bouge pas d'un centimètre. Peter enlève les serviettes du restaurant. Ca a fini par s'arrêter de saigner en fin de compte, mais le résultat n'est quand même pas très joli. Le voir se retenir de faire une grimace me faire légèrement sourire. Je pense à lui demander si ce n'est pas plutôt lui qui n'aime pas la vue du sang, mais rien ne sort de ma bouche. J'ai dû soigner beaucoup de petits depuis que j'ai commencé mon boulot et les baby-sitting et même, depuis que je m'occupe de mon frère et ma soeur, donc cette plaie ne me fait pas grand chose. Elle m'agace tout au plus parce qu'elle me rappelle à quel point j'ai été maladroite au moment où il ne fallait pas. Pas que je regrette de ... enfin vous voyez non ? « Prête ? » demande Peter en approchant le coton alcoolisé de ma main. J'ai hoché la tête. Au contact du produit sur la plaie, je grimace tout de même légèrement une ou deux secondes avant de m'habituer aux picotements. Les secondes passent et Peter s'applique dans sa tâche. Quant à moi, je ne bouge plus d'un millimètre. On est beaucoup trop proches et mon cœur ... eh bien, il réagit un peu trop fort à cela justement. Mais je me laisse faire. J'observe ma plaie progressivement nettoyée et nos deux mains l'une dans l'autre. Frisson quand j'ai réalisé. Bon ma grande, soyons claires : tu te calmes, d'accord ? C'est juste du grand n'importe quoi et surtout, c'est trop beau pour être vrai. Puis soudain, Peter avons relevé les yeux l'un vers l'autre au même moment. Merde. Nos mains sont toujours l'une dans l'autre alors qu'il a terminé de me soigner mais ni l'un ni l'autre bougeons. Le temps a comme arrêté de s'écouler. Je n'arrive pas à détacher mes yeux de lui et ... Stop ! Stop ! Le souci c'est que nous sommes beaucoup trop proches. J'ai la gorge trop sèche pour prononcer le moindre mot, de toute façon il est trop tard pour ça. Mais Peter a fini par rompre le contact visuel, ce qui a eu pour mérite de me ramener sur terre. Reprendre une respiration normale et surtout, faire que la situation redevienne normale. « Alors ... est-ce que j'ai le droit à un cadeau pour avoir été courageuse docteur ? » ai-je demandé doucement. Okay, ça peut paraître débile mais j'ai dit la première chose qui m'est venue à l'esprit pour pouvoir en quelque sorte ... rompre ce moment très ... étrange ? Ça devenait urgent. Mais j'ai remarqué que nos mains sont toujours blotties l'une dans l'autre et que même si c'est très agréable, il faut que ça s'arrête. Le plus naturellement possible, j'ai retiré ma main à présent soignée et pansée de la sienne et je me suis reculée d'un petit pas de Peter, comme pour me donner un peu d'espace et pour mieux pouvoir respirer. « Merci en tout cas ... de t'être occupé de moi. » ai-je fini par murmurer.

Okay, qu'est-ce qui vient de se passer au juste ? Mon esprit a comme un train de retard sur mes gestes. Oui parce que sinon ... sinon il m'aurait retenue, il m'aurait fait mettre un terme à ce qui est en train de se passer. Et qu'est ce qui s'est passé ? Peter. Moi. La salle de bain. Ma coupure de merde. Désinfectant. Pansement. Nos mains. La chaleur de la sienne. Le silence. Seuls au monde. Voilà ce qui s'est passé. Déjà qu'on a été particulièrement proches jusque là, ce moment a été le sommet à ce niveau. Incapable de bouger, comme paralysée, je me suis laissée faire. Je ne comprends rien du tout à la situation et je ne veux pas comprendre. Comprendre risquerait de me faire revenir sur terre et je n'en ai pas envie. Parce que, aussi bizarre que la situation actuelle soit, c'est agréable. Enfin si on oublie toute la partie cocktails et coupure à la main. C'est étrange, perturbant et inhabituel mais agréable. Seulement, ça va beaucoup trop vite pour moi. Je sais bien que c'est un ami proche de Sutton mais lui et moi nous connaissons depuis tellement peu de temps et là ... je sens son souffle sur ma joue et j'ai trop de mal à me détacher de ses yeux. Vaut mieux qu'on arrête ça, au moins le temps de reprendre nos esprits. Ouais je parle surtout pour moi là, même si Peter ... Peu importe. Durant ce moment, le temps c'est comme arrêté. Je sais, c'est très cliché de dire ça mais c'est tellement vrai. C'est pour ça que j'ai fini par rompre le contact, autant visuel que tactile. Ça va vraiment trop vite et j'ai l'impression que tout est hors de contrôle. J'ignore si c'est moi qui réagit, ou si c'est juste mon corps qui a l'air d'apprécier un peu trop ... Hum. Parler m'a faite retomber sur terre, enfin je crois. Même si c'était pour dire une phrase débile. Situation d'urgence. Dans ce genre de moment, j'ai du mal à peser le pour et le contre de tout ce qui va sortir de ma bouche. Peter a l'air d'être dans le même état que moi, je sais pas si ça doit me rassurer ou encore plus me perturber, je vous laisse deviner quelle solution. « C’est rien. » a-t-il dit quand je l'ai remercié. On parle tout bas, comme si on craint tous les deux que quelqu'un nous entende alors que nous sommes seuls chez lui. Ce qui fait que malgré mes efforts, j'ai l'impression qu'il y a encore une certain intimité entre nous.

Heureusement, nous avons fini par quitter la salle de bain. Ça m'a donnée l'impression de mieux pouvoir respirer. Calme toi maudit coeur. Je suis vraiment trop sensible comme fille, faut vraiment que j'arrête mes délires. « Installe-toi, fais comme chez toi… » a-t-il dit quand nous sommes arrivés dans la pièce. Encore une fois, j'ai balayé la pièce du regard en restant silencieuse mais en gardant un léger sourire ... pour faire croire que tout va bien mais en fait pas du tout. Oh, un foulard sur le canapé ... Avant que je ne réalise réellement ce que ce morceau de tissu veut dire, Peter le remarque aussi et se précipite pour le récupérer. « C’est pas à moi ! » Je le regarde, curieuse parce que j'ai l'impression de ne pas avoir tout suivi dans l'évolution de son comportement même si ... même si les prémices de ce qui vont se passer commencent à prendre place dans mon esprit. Ce qu'il vient de faire veut tout dire. « C’est à Coleen… Elle l’a oublié ici la dernière fois quand on a décidé de… ne plus se voir. » Okay. Analyse cette phrase en plus de son air gêné. Elle veut tout dire. Tout d'un coup, tout retombe. Je le regarde, comme bloquée. Pas difficile de comprendre. Parler de son ex n'a jamais été la meilleure des solutions dans un tel moment alors là ... C'est assez flagrant qu'il a toujours des sentiments pour elle. Surtout que le foulard est quand même toujours sur son canapé. Quelle conne, non mais quelle conne ! D'accord, je me fais peut-être des idées mais honnêtement je crois pas. « Désolé » a-t-il continué l'air embarrassé. Ça il peut l'être. Je sais plus ce que je dois penser. Parce qu'on a quand même été proches et que ... il a une copine. Et même si à ce que je peux comprendre, ça n'a pas l'air de se passer bien, j'ai bien peur que ... Mais je comprends pas ! Est-ce moi qui ai rêvé qu'il se passait quelque chose entre nous ou il voulait juste s'amuser ? Je sais que la deuxième solution paraît stupide parce qu'il ne m'a pas parue comme ça du tout mais ... je ne sais vraiment plus quoi penser. Et puis faut peut-être que j'ouvre la bouche. « Euh ... t'excuses pas voyons ... c'est rien. » Prends de l'assurance, prends de l'assurance ma vieille ! En gros je préfère faire comme si tout allait bien, alors que c'est loin d'être le cas. Je n'ai jamais été le genre de fille à faire une scène de toute façon ... et puis une scène pour quoi ? On n'est pas mariés avec quatre enfant que je sache. Je connais Peter depuis à peine une heure ou plus ou peu importe, et on a juste partagé un moment d'égarement ensemble. Point barre. Mais après cette découverte, je me sens encore plus mal à l'aise qu'avant. Idiote. Je me sens vraiment très idiote de m'être laissée aller, d'avoir cru qu'il y avait quelque chose. Vraiment n'importe quoi. Mais j'ai gardé un grand sourire plaqué sur mon visage et gardé mes états intérieurs pour moi. Il faut que je parte. « Je ... vais te laisser. Je voudrais pas abuser, avec tout ce que t'as déjà fait ... Je vais juste m'appeler un taxi ... Encore merci. » ai-je dit le plus normalement possible en reculant déjà vers la sortie. Oui le moment qu'on a eu ... enfin que je crois qu'on a eu, me semble désormais bien loin, et le retour sur terre est difficile.