Enfer et damnation. Toutes les soirées arrosées du monde ne suffisaient ni à calmer sa colère ni à le plonger définitivement dans l’oubli tandis que Sullivan n’était plus que l’ombre de lui-même. L’ombre d’un être vivant tout court, d’ailleurs. Ah, elle s’était bien foutue de sa gueule avec ses grands airs ! Le néo-zélandais l’avait tellement mauvaise qu’il lui fallait faire preuve d’un extraordinaire self control pour ne pas s’en prendre à la terre entière tant sa rancune le consumait entièrement. Ce soir, il sortait à peine d’une soirée des plus arrosées avec Dillon, dont il était sorti relativement tôt tant il n’avait pas le cœur à festoyer ou même à se noyer dans l’alcool. Sans doute un brin de conscience perdurait en lui faisant comprendre que ce n’était pas le moment d’être injuste et de tenter inlassablement son meilleur pote… quoi qu’il en soit, il s’était couché en tout désespoir de cause, s’emmitouflant de la tête aux pieds dans les draps, qu’il avait changé par cinq fois sans pour autant que le parfum de Sera ne disparaisse. Elle était partout… et il n’était pas au bout de ses peines car sous les coups de quatre heures du matin, un suicidaire eut l’audace de venir tambouriner à sa porte, le poussant à se lever en mode mal de crâne terrible et humeur on ne peut plus massacrante. « C’est pourquoi ?? » grogna-t-il sans douceur avant de ne constater qu’il ne s’agissait justement de Sera, manifestement perdue et si fatiguée qu’elle en avait les traits tirés. Il fronça bien évidemment les sourcils, se pensant bloqué dans une espèce de traquenard dont il ne pouvait pas s’extirper malgré tous ses efforts et, sans même savoir pourquoi, il la chopa par le poignet afin de la ramener chez lui et de fermer la porte. « Une nuit et ensuite tu dégages de ma vie » énonça-t-il clairement la couleur en la pointant du doigt, avec autant de contrôle qu’il avait pu car sa rancune était toujours là, présente, pressante même. « Putain j’ai besoin d’une aspirine. »

Oula, oula. C’était beaucoup lui demander que de lui sortir un énorme discours alors qu’il se payait une gueule de bois et était dans un état proche de l’Ohio ! Oh Sullivan écoutait, après avoir grogné parce qu’il aurait très bien pu aller se chercher son aspirine tout seul comme un grand, et tâchait de retenir autant de paroles qu’il lui était possible mais la chose n’était pas aisée, bien au contraire. Sa tête sonnait en mode écho et il avait la très désagréable impression qu’un pivert s’y était logé rien que pour l’emmerder. A croire que tout le monde avait définitivement décidé de le faire chier alors qu’il n’avait rien fait et avait même fait ceinture histoire de ne pas considérer Sera juste comme un passe temps. Ah on ne risquait pas de l’y reprendre, c’était une certitude ! « Rhaaa pourquoi tu veux faire un con… concours de mots là, mal au crâne ! » grogna-t-il tout en laissant sa foutue aspirine se diluer lentement dans l’eau, bien trop lentement à son goût parce qu’il aurait rêvé ne pas sentir le projecteur braqué sur lui alors que Sera venait de se déclarer littéralement à lui. Une part de son âme était diablement touchée par ses paroles, mais une autre, nettement plus furax, avait une vive envie de lui renvoyer ses mots en pleine face et de la foutre dehors pour faire bonne mesure, histoire de calmer la colère vorace qui sonnait en son cœur meurtri. « Tes paroles sont sûrement sincères Sera mais il n’empêche que tu m’as pris pour un con » coupa-t-il finalement car il fallait bien dire quelque chose après tout. « Je pensais avoir été pourtant clair ou du moins j’ai tenté de l’être : je ne supporte pas qu’on me prenne pour la moitié d’un abruti et crois-moi, j’ai suffisamment de la connerie de ma propre mère pour me rendre compte que finalement, la personne en qui j’avais envie de croire n’est en faite qu’une gamine s’étant fait suffisamment chier un jour pour me mentir ! Tu ne me connais pas encore suffisamment pour le savoir sans doute mais lorsqu’on perd mon estime c’est toujours définitif. La tromperie, ce n’est pas mon genre et je te souhaite de ne plus te faire chier à l’avenir. » C’était sûrement dur mais qu’avait-il comme autre choix ? Elle lui avait menti, alors qu’il s’était inquiété au-delà des mots pour elle. « Ca ne m’empêche pas d’être désolé pour ce qui t’es arrivé » et d’avoir remué ciel et terre pour la secourir. Trop bon trop con !

Ne pas la tuer, surtout ne pas la tuer. En d’autres circonstances, sûrement Sullivan aurait-il laissé couler ce genre de parole désespérée mais là, ça lui tapait plus sur le système que toute autre chose. Qu’avait-il fait au bon dieu pour mériter ça ?! Certes, il n’allait pas à l’église et ne croyait en aucune religion en particulier mais merde, il avait dévoué sa vie à protéger autrui et voilà comment il était récompensé… « Ose faire passer ton cul par la porte et je peux t’assurer que je t’attache et qu’en prime je te bâillonne parce que ça m’évitera au moins d’entendre des quinze mille conneries à la minutes ! » hurla-t-il sans l’ombre d’une émotion dans le fond de sa voix, preuve qu’il valait mieux le croire sur parole sous peine d’être très rapidement désillusionné. Sullivan non plus n’avait rien à perdre mais se plaignait-il en mode Caliméro ? Que nenni ! Il restait digne et impassible, sûrement à cause du fait qu’il s’était pris ce genre de porte dans la tronche plus souvent qu’à son tour et que ça le tuait de passer par là à nouveau alors qu’il avait tout fait pour l’éviter. « Et puis joue pas sur les mots !! Me fais surtout pas chier en me sortant que j’aurais dû te demander ton âge et pourquoi pas tes mensurations, la taille de tes ongles de pieds et je t’en passe ! Joue pas sur les mots parce que là tu t’enfonces et je suis clairement pas d’humeur !! » Le jeune homme ne la lâchait pas du regard, comme s’il l’intimait de s’asseoir puisque de toute évidence elle avait décidé de lui offrir la pire discussion de sa vie. A côté, ses prises de bec avec sa frangine avaient des airs de paradis. « C’est ça, fait pleurer les violons, peut-être que tu vas me donner envie de gerber en prime !! Ne compte pas sur moi pour pleurnicher sur ta vie parce que tu n’as pas le monopole de la souffrance, Sera ! On a tous nos merdes, nos secrets, nos envies de défoncer le poing pour anesthésier d’autres douleurs et crois-moi, je sais très bien ce que ça fait seulement ne t’attends pas non plus à ce que je t’applaudisse alors qu’au lieu de te tourner le dos comme je le fais toujours avec toutes les femmes que je croise j’ai laissé parler mes sentiments. Je les ai laissés parler et justement, j’aurais mieux fait de sauter du haut d’un pont parce que c’est inutile ! Les rêves c’est pour la bleusaille et je devrais le savoir depuis longtemps !! » Sullivan s’envoya son aspirine d’une traite avant de soupirer. « Tu veux aller te taper le premier venu ? Be my guest ! Mais personnellement, je ne t’aurais jamais prise pour un morceau de bidoche ni même trahie, Sera. »

Az n’arrêtait pas de le lui répéter, Sullivan avait un caractère de merde et une large envie de vengeance dès lors qu’on cherchait à le flouer ou qu’on lui mentait. Pour lui, le mensonge était semblable à une trahison mais au lieu de chercher à immédiatement contredire Sera, il l’écouta jusqu’au bout, calmant peu à peu sa colère en regardant un point dans le vague, fuyant presque son regard pour ne pas se laisser attendrir trop facilement. Cette brune avait un pouvoir sur lui qui le dépassait et diable… ça ne pouvait pas être plus inconfortable. Il aurait rêvé ne pas être aussi déterminé à aider autrui, car cela lui aurait permis de la virer sans état d’âme et de se simplifier ainsi la vie. Hélas… on pouvait finir par croire qu’il adorait se la complexifier, la vie ! « Tu as peut-être pensé que je pouvais aller en taule et perdre définitivement la garde de ma fille mais pas suffisamment quand je vois le nombre de fois où tu m’as allumé ! Tu ne vas pas me dire que ça a frappé ta conscience à fond les ballons parce que je ne te croirais pas. Je ne dis pas que tu n’as jamais été sincère et que tu n’es qu’une sale gamine que je rêve d’étrangler sur place… tu m’as entendu le dire ? Tu supposes un peu trop de choses et ça commence à me taper sur le système ! Ne suppose pas si tu ne connais pas les gens, Sera ! » grogna-t-il alors que le début de son discours avait tenté d’être plus posé et moins accusateur. Hélas, ses travers finissaient par reprendre le dessus aussi vrai qu’il n’était pas insensible à ses sentiments. C’était bien là tout le problème. « J’ai perdu la mère de Lou lorsqu’elle a donné naissance à notre fille. Je ne voulais plus m’attacher à qui que ce soit parce que j’ai eu beaucoup de mal à m’en relever. Mais tu m’as rendu heureux Sera. Tu es impossible, chieuse comme la pluie et imprévisible mais avec toi, je n’avais ni honte ni l’impression de n’être qu’un connard de plus sur cette planète. Avec toi j’étais à ma place. Mais tu m’as donné ça pour me le reprendre aussitôt. » La voix de Sullivan s’était faite plus lasse, plus faible. Sa colère n’avait pas disparu mais la tristesse prédominait… elle le consumait au point de faire naître plusieurs perles d’eau au bord de ses yeux, et ce alors qu’il ne la regardait toujours pas.

Par certains aspects, l’innocence et la jeunesse de Sera frappaient Sullivan de plein fouet. Penser à toutes les conséquences sans en oublier une seule était impossible, il y avait toujours des imprévus même pour quelqu’un d’aussi rodé que le néo-zélandais… mais il ne pouvait pas s’empêcher de lui en vouloir, car de toute, Lou passerait toujours la première. Elle était son petit bout, sa princesse, son trésor. Le seul être qu’il acceptait dans sa vie sans condition et qu’il voulait protéger de tout et pourtant, pour ce qui n’était qu’un béguin à l’époque, il avait manqué de la sacrifier. Sans doute était-ce cela qui faisait tant brûler le feu de sa rancune tenace. « Je ne te déteste pas » finit-il par avouer non sans un mal cruel, car il avait l’impression de tendre l’autre joue après s’être pris une droite d’anthologie. Il lui semblait que sa fierté et son orgueil venaient d’en prendre un sacré coup dans la gueule et pourtant, alors que Sera le serrait dans ses bras, elle lui donnait l’impression de faire à nouveau partie de ce tout qu’il avait trouvé délectable, bien que celui-ci ait été fugace. « Dans trois ans, tu seras sûrement en couple avec un boutonneux sur le retour, fiérot de ses études à la fac et qui te fera devenir chèvre mais qui ne sera pas un enfoiré pour autant. Je crois que j’ai d’ors et déjà envie de lui puncher la conscience juste par esprit de principe. » Sullivan soupira alors qu’il prenait le visage de Sera entre ses mains, effaçant les traces de larmes du bout de ses pouces alors qu’il ne parvenait pas à balayer l’impassibilité de son propre visage. « Ce serait tellement plus simple si je ne t’aimais pas Sera… » murmura-t-il avant de ne s’emparer de ses lèvres, délicieux fruit interdit et qui devenait pourtant une tentation telle qu’il ne pouvait décemment y résister. « Tu veux me donner ta virginité cette nuit ? Tu sais ce que cela signifie ? » Comme quoi, ils étaient capables de se balancer des horreurs et ensuite se dire des mots doux… standing toussa toussa.

« Ou dans trois ans je serai toujours le même enfoiré à enchaîner les bars même si mon pote sera largement marié d’ici là ! Mais on s’en fout dans trois ans c’est loin. » Sullivan ne savait même pas où il serait et ce n’était pas plus mal car dans le fond, il savait qu’il ne serait pas avec Sera. Tout le prédisposait à penser cela bien que cela lui arrachait littéralement le cœur et qu’il avait envie de flinguer les sales politicos abrutis ayant décrété que la majorité aux USA serait à vingt et un an. Mais pour l’instant, le futur ne comptait pas à ses yeux. Pas alors que la femme qu’il aimait le suppliait presque de faire d’elle une femme, de lui ravir sa virginité en guise d’ultime cadeau d’adieu. Cela sonnait à la fois si délicieusement et si tristement à ses oreilles que Sullivan frissonna un instant avant de ne s’abandonner littéralement au baiser que lui offrait Sera, la gardant à son contact en passant et repassant ses mains contre son dos. « Sois à moi Sera… à moi et à moi seul » murmura-t-il alors qu’il la soulevait telle une princesse pour mieux la déposer avec douceur contre son lit, soulevant progressivement sa nuisette pour dévorer de baisers son ventre ultra plat. Ses mains étaient parties à la découverte de ce corps qu’elles avaient désiré à maintes et maintes reprises en silence, en même temps que ses lèvres, alors qu’il l’effeuillait progressivement, sans brutalité. Il ne voulait pas que sa première fois lui paraisse comme une corvée mais plutôt comme un évènement inoubliable qu’elle pourrait jalousement garder au fond de son esprit. « Si tu veux que je m’arrête dis-le moi » osa-t-il renchérir tandis qu’il embrassait la rondeur de sa cuisse désormais nue sous ses doigts, au même titre que le reste de son corps. Il ne put décemment se retenir de partir à la conquête de sa féminité, la titillant de sa langue, la préparant à le recevoir avec un plaisir presque indescriptible. Sera allait être sienne au même titre qu’il serait à elle.

Le simple fait de sentir Sera ployer sous ses doigts et ses attentions lui arracha un petit sourire satisfait, car il n’y avait rien de plus attirant ni de plus jouissif qu’une femme prenant du plaisir sous ses doigts. A vrai dire, jusqu’ici Sullivan n’avait pas pris à cœur de satisfaire réellement une partenaire comme il le faisait ce soir. Ses gestes étaient lents, doux, maîtrisés… il ne forçait rien et ne précipitait rien, bien au contraire… et autant dire qu’il trouva particulièrement délectable le fait que sa brunette ne veuille lui donner du plaisir ne manqua pas de décupler d’autant son envie d’elle. Il ne manqua pas de grogner alors qu’elle se délectait de lui, passant outre cette expérience nouvelle pour lui prouver à quel point son imagination était sans borne… ainsi que son envie de le satisfaire. Hélas, une fois effeuillé et marqué comme jamais il ne l’avait été par une autre, pas même Jane, Sullivan grogna et incita Sera à remonter jusqu’à ses lèvres pour les embrasser avec une passion dévorante proche de la folie. « Tu n’es pas mauvaise non plus » remarqua-t-il avec un brin d’insolence, non sans penser chaque propos qu’il venait d’énoncer et tandis qu’il inversait à nouveau leurs positions pour la voir frémir sous son corps puissant. « Je te veux Sera… maintenant. » Sullivan n’avait jamais été aussi décidé de son existence et pourtant, c’est avec une délicatesse infinie qu’il la fit sienne, s’armant d’un profond et lent premier coup de rein pour ne pas la blesser ou lui faire du mal. Elle n’aurait qu’à le faire arrêter si d’aventure elle le souhaitait… mais en attendant, tandis qu’il ravissait ses lèvres avec envie, il plongeait longuement en elle avec l’impression d’être enfin entier à nouveau.

Au départ, Sullivan s’était promis de s’en tenir à la reprise de son existence et d’éviter surtout de penser à Sera mais autant se tirer lui-même une balle dans le pied, il n’en n’était décidément pas capable. Pire, il errait comme une âme en peine depuis deux jours et avait l’impression que quoi qu’il fasse, sa vie ne reprendrait jamais son cours normal. Sans doute fut-ce ce qui le décida définitivement à braver les interdits pour se rendre au plus important aéroport de New York, où il était certain de trouver Sera et où ils pourraient à nouveau passer de délicieuses minutes. Des adieux déchirants s’en suivraient probablement mais comme si Sullivan était un habitué du chronomètre réglé à la seconde près, il se sentait capable de ne grappiller que quelques minutes afin d’être sûr de ne pas gâcher le plus petit moment en présence de sa brune. « Tu pensais t’être débarrassé de moi, hein ? Loupé ! » plaisanta-t-il bien que le cœur n’y soit pas, bien décidé à cacher ses faiblesses et surtout le déchirement que cet éloignement lui provoquait. D’un côté, c’était une bénédiction car cela lui permettrait de ne pas être tenté, mais de l’autre, il avait une folle envie de l’empêcher de partir. Comme si c’était inconcevable qu’elle s’en aille. « Bon on a dix minutes pas vingt-deux mais on va s’en contenter » murmura-t-il tout en lui rendant son étreinte avant de ne glisser à son poignet un petit bracelet qu’il venait juste d’acheter, en or blanc, avec leurs deux initiales. C’était un bijou discret mais au moins il était sûr qu’elle emmènerait quelque chose venant de lui. « J’ai toujours aimé être un clandestin je crois… après tout j’suis pas américain, pas vrai ? »

« Au moins il t’a enlevé quelques secondes cette affreuse tristesse de ton regard ! » s’exclama-t-il tandis que le simple fait qu’elle ne lui rappelle être à moitié néo-zélandaise ne faisait que lui donner des sueurs d’effroi : il n’oublierait jamais à quel point son vrai paternel n’avait pas manqué de lui foutre les jetons lors de leur première rencontre ! Et dire qu’on avait osé lui faire croire que Leonard Weatherfield était en mode calme ! « Je le sais, ton paternel est un néo-zélandais pur jus pur fruit ! » reprit-il non sans la suivre presque docilement, chose rare, ayant déjà à cœur de noyer sa propre tristesse dans des litres de scotch dès lors qu’il aurait eu le courage de quitter ce foutu aéroport. Et autant dire que la donne ne risquait pas d’être aisée. « Tu es au courant que la Chine est en train de concurrencer les USA niveau puissance et qu’ils parlent quasiment tous anglais là bas ? Dépaysée, sûrement, mais tu ne seras pas perdue pour autant ! Et puis c’est juste évident que tu vas rafler la médaille d’or, d’ailleurs t’es obligée sinon je casse mon écran plasma. » Sullivan darda sur elle un regard plein de tendresse et de moquerie à la fois, refusant de se laisser aller aux larmes et à la déception bien que ses sentiments soient actuellement dans un tel chaos que les battements de son cœur n’avaient plus aucune régularité. « Dis-toi que là bas tu as tout à découvrir, c’est un peu comme si tu démarrais une nouvelle vie… la classe ou pas ? »

« En même temps amabilité, c’est pas son deuxième prénom !! Pourtant il est flic et je suis Marins, cherchez l’erreur… » Pour sûr, Leonard Weatherfield avait oublié de ne pas lui flanquer les jetons, surtout quand il avait compris que Sullivan ressentait bien plus qu’une simple amitié envers l’une de ses filles. Il était surpris que ce dernier n’ait pas sorti tout bêtement le fusil à pompe, ceci étant. A croire que le fait qu’il ait pu sauver les deux jumelles ait tout de même penché dans la balance, malgré leur différence d’âge. Le simple fait de penser à cette foutue différence d’âge lui donnait des envies de massacrer tous les hommes de loi de ce pays, du reste… « Et ta jumelle, tu lui as dit que tu partais ? Il n’y a pas si longtemps, il était impossible que vous sortiez de l’appart’ qu’elle a en ville et là, bim tu décolles pour l’autre bout du monde. Mais si tu veux le fond de ma pensée, partir, ce n’est jamais la solution du siècle. Crois-en mon expérience. » Il laissa sa phrase en suspend tout en accueillant son présent d’un sourire presque tendre, regardant un moment le bijou avant de ne l’enfiler directement à son cou. « Disons que si tu te déshabilles, tu prends le risque que je ne crève les yeux à tous les passants alentours… et dire que tu me traites de pervers, t’es définitivement pire que moi, Seraphina ! »

« Hahaha et dire que ton paternel sort avec une de ses collègues… me regarde pas comme ça, je l’ai appris totalement par hasard ! Mais elle est super sympa n’empêche. T’aurais pu tomber pire comme belle-mère, même si je suis pas forcément expert en la matière. » Sullivan haussa les épaules d’un air faussement innocent sans pour autant aller jusqu’à avouer à Seraphina qu’il avait été en contact avec Quinn tout le temps qu’avait duré l’enlèvement, pour la tenir au courant. Celle-ci le lui avait demandé lorsqu’il quittait la maison de Margaret Bennett et elle avait tellement semblé y tenir qu’il n’avait pas pu le lui refuser. Bah, Sera n’avait aucun souci à se faire, Quinn étant plus âgée que lui ET, très accessoirement, fiancée au père de la demoiselle. « Bah, j’suis sûr qu’elle va comprendre, elle a l’air d’une crème. » Le néo-zélandais n’avait pas osé lui demander de le contacter régulièrement sur Skype, bien trop fier qu’il était, mais dès lors que le vol de Sera fut annoncé, il lui glissa néanmoins un papier entre les mains, contenant son pseudo au cas où. « Tu ferais mieux de dégager on t’appelle, fuyarde » soupira-t-il avant de n’embrasser vaguement ses lèvres et de la pousser vers la porte d’embarquement et de tourner les talons. Lui non plus n’aimait pas les au revoir et ne pouvait pas se permettre de rester sans craquer. La fierté Novak avant tout ! Même si de son côté, il avait justement l’impression qu’elle faisait sa plus belle fugue et qu’elle l’abandonnait, gymnastique ou pas.