Cet été, et ce pour la première fois, j’allais travailler. Mon père avait jugé qu’il était temps que j’occupe intelligemment mes journées et avait donc exigé que je me trouve un job d’été, ou un stage. Enfin, une occupation. Je n’avais donc pas vraiment eu le choix. Et par chance, j’avais finalement trouvé un stage qui correspondait parfaitement à ce que je voulais, dans la boîte d’un certain Vitaly James-O’Neil. Et j’étais sacrément heureuse et excitée à l’idée d’effectuer mon stage là-bas, d’autant plus que je connaissais un peur cet homme. Enfin, j’avais eu l’occasion de lire son livre et attendait impatiemment le second. Effectuer mon stage dans son entreprise était donc une parfaite occasion de le rencontre et surtout, d’apprendre à ses côtés. Et puis, la publicité était un milieu qui semblait très intéressant. En tant que littéraire, intéressée par la communication et tout ce qui se situe dans ce secteur, je ne pouvais qu’être ravie d’un tel stage. Ainsi, j’arrivais le premier jour en peu en avance, préférée cela au fait d’être en retard. Ce n’était de toute façon pas dans mes habitudes. J’étais généralement assez ponctuelle. Et pour mon premier jour, j’étais attendue dans le bureau  du patron. J’allais donc me présenter à l’accueil, où la secrétaire me fit patienter un instant, le temps de prévenir l’écrivain, avant de m’accompagner devant son bureau. Clairement, je n’en menais pas large. J’étais même un peu stressée. Autant par la rencontre en elle-même que par ce qui m’attendait. C’était la première fois que je me trouvais un stage d’été et, ne sachant pas ce qu’on allait attendre de moi, je doutais légèrement. La secrétaire me fit alors entrer et s’éclipsa aussitôt, me laissant seule avec lui. Je posais alors mon regard sur lui et me figeai durant quelques fractions de secondes, constatant avec grand plaisir qu’il s’agissait d’un homme vraiment très charmant. J’esquissai alors un léger sourire et me dirigeais vers son bureau. « Bonjour. Lindsay Livingston, ravie de vous rencontrer…  Merci de me recevoir.» dis-je, légèrement intimidée et fuyant parfois son regard, à la fois par timidité et parce que j’avais bien du mal à y être indifférente.

« Enchanté mademoiselle Livingston. » Et tandis qu'il me serrait la main, je me laissais envoûter par ses yeux foutrement déconcertants, à tel point que je ne remarquais même pas qu'il gardait ma main dans la sienne un peu trop longtemps. Je tâchais ensuite de le lâcher du regard, songeant qu'il allait finir par se rendre compte de quelque chose. Et clairement, ce n'était sans doute pas une bonne idée de se faire ainsi remarquer dès le premier jour. « Installez-vous je vous en pris. » Je prenais alors place sur le siège situé en face du sien. « Merci. » Je réalisais ensuite que, ma gêne aidant, je n'avais pas encore mentionné son livre. Enfin, en même temps, le faire d'emblée, tout juste après mon arrivée ne me tentait guère. Et j'aurais surtout l'air de lui cirer les pompes. Il valait mieux que je lui en parle uniquement lorsque l'occasion se présenterait. « Excusez-moi ... J'ai un peu perdu le fil ... Vous êtes à la fac c'est ça ? Vous avez déjà eus un entretien avec le DRH non ? Parce qu'il s'occupe également des stagiaires. Je n'étais pas là quand vous êtes passée me semble-t-il. » Non, sans aucun doute, je pouvais l'affirmer, il n'était pas là quand j'étais passée pour la première fois. Ou du moins, je ne l'avais pas rencontré. Je m'en serais souvenue... Difficile de passer à côté d'un tel homme. « C'est ça, j'entre à la fac en Septembre. Et c'est en effet avec le DRH que j'ai eu mon premier entretien, le mois dernier. » précisais-je en essayant de cesser de le regarder autant. Mais il était quand même sacrément charmant. Et sans doute marié... Quoi que... Non. Enfin, aucune alliance en tout cas. Mais il était sans doute en couple. Un homme comme ça, c'est rarement célibataire, non ? Et puis il fallait à tout prix que j'arrête de penser à cela. C'était ridicule ! Il avait sans doute la trentaine passé, j'étais encore mineure. C'était... absurde. Et clairement, je n'étais pas là pour fantasmer sur mon patron.

Je tentais de chasser toutes ces pensées pas forcément très catholiques et ce désir qu’il éveillait en moi. Je tentais de me raisonner en me disant que c’était tout bonnement ridicule. Puis, il devait être en couple, peut être même père… Et même si ce n’était pas le cas, il n’avait sans doute rien à faire d’une gamine comme moi. Car oui, par rapport à lui, je n’étais qu’une gamine. Une petite stagiaire parmi tant d’autres. « Très bien. Est-ce que vous êtes là pour un service en particulier ou vous souhaitez participer à chacun d'eux ? » Devenir, pendant un mois, son assistante personnelle me convenait bien… Non ! Je devais arrêter de rêver ! J’étais là pour découvrir les différents métiers de ce secteur, pas pour draguer le patron. « Rien n’a été décidé avec le DRH donc c’est comme vous voulez… Personnellement, je préférerais découvrir tous les services mais je vous laisse décider de mon sort… » expliquais-je en gardant un doux sourire au bout des lèvres, constatant qu’il ne semblait en rien être un patron tyrannique. C’était déjà un sacré soulagement ! Pour ma première longue expérience en entreprise, tomber sur le pire des connards comme patron aurait été sacrément con. Heureusement, je n’avais visiblement pas de quoi me plaindre. Et même s’il s’avérait être un type horrible, il y aurait au moins le plaisir des yeux. Bon sang ! Il fallait absolument que je cesse de l’observer autant. Cela allait finir par être suspect. Et sincèrement, j’avais bien du mal à me détacher de ses yeux d’un bleu que je n’avais encore jamais vu… Comment y résister ? Clairement, il devait avoir toutes les nanas  à ses pieds… Et son sourire… tellement irrésistible ! J’eus alors une pensée amusée en songeant qu’après ma première journée, il faudrait absolument que j’envoie un message à Serena, ma sœur, pour l’informer du fait que mon patron était sacrément charmant, comme je le ferais avec une amie.

Je n’étais pas vraiment du genre à séduire le premier venu. Je manquais clairement trop de confiance en moi pour tenter ma chance auprès d’un homme, sans être sûre de sa réaction. Alors draguer un trentenaire n’étant autre que mon patron, n’était pas du tout dans mes intentions. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui me manquait. Il était sacrément charmant tout de même ! Et aussi bien plus âgé que moi… Bref, il fallait absolument que je cesse de penser ainsi et que je revienne vraiment professionnelle. Le problème était que j’avais bien du mal à l’être lorsque je croisais son regard ou le sentais posé sur moi. Il allait pourtant falloir que je m’y habitue et que je fasse avec. C’était mon patron tout de même ! Je lui répondais donc, expliquant que je n’avais été dirigée vers aucun service pour le moment et que c’était à lui de décider de mon sort. Je parlais évidemment de mon sort, au sein de la boîte. Bien que j’avais également d’autres pensées, beaucoup moins professionnelles et sans doute déplacées. « Très bien ! Vous passerez donc quelques jours de ci et quelques jours de là. Je pense que tout mérite d'être vu. » J’affichais alors un large sourire. « Parfait ! Merci beaucoup. » répondis-je avec sincérité. Au moins, j’allais pouvoir découvrir tous les services, leur fonctionnement, et tous les métiers y étant rattachés. Je ne pouvais pas espérer mieux ! Quoi que… Du coup, je n’allais peut être pas avoir souvent affaire à lui. C’était un bien comme un mal. D’un côté, sans sa présence, j’aurais plus de facilités à me concentrer et apprendre. D’un autre côté, ce serait assez frustrant de ne plus le revoir… « Et sur ce, je vais vous faire visiter la boîte. » Je me levais alors et lui emboitais le pas, le suivant hors de son bureau.

Séduisant, agréable, ayant sa propre entreprise, auteur d'un best-seller, ayant sans doute une bonne situation... Cet homme avait tout pour lui ! En tout cas, il m'avait fait une très bonne impression, et ce, pas uniquement grâce à son physique. Et même si ce mois de stage commençait à peine, j'avais l'impression qu'il allait très bien se dérouler. Ou du moins, que j'allais fortement l'apprécier. Puis, avoir un bon patron était une chose importante, pour se sentir à l'aise. Qu'il soit, en plus de cela, très charmant, était un plus qui n'était pas refusable. Ne serait-ce que pour le plaisir des yeux. De toutes façons, j'allais me contenter de cela. Regarder, rêver... Mais je demeurais réaliste, je n'étais qu'une gamine par rapport à lui et cette attirance ne devait pas être réciproque. Mais le simple fait de travailler pendant un mois auprès d'un homme si charmant était assez plaisant. Tout comme de sentir sa main prendre place au milieu de mon dos, pour m'entraîner à ses côtés dans les couloirs de la boîte. Un geste innocent et anodin, sans doute, mais que je remarquais avec plaisir. J'appréciais ce genre de contact, bien qu'il n'y ait sans doute rien derrière.  « Vous savez ... Je pense que vous feriez un très bon modèle ! »  me dit-il lorsque nous arrivâmes au studio photo. « Moi ? C'est gentil mais il ne faut pas exagérer... Je n'ai rien d'un mannequin ! » répondis-je à la fois gênée et touchée par le compliment. Mais clairement, je me voyais pas du tout modèle. Peut-être manquais-je trop de confiance en moi pour imaginer, quelques secondes, pouvoir être un bon modèle...

J’avais rarement été aussi troublé par un homme. Et je craignais qu’il finisse par suspecter quelque chose tant j’avais l’impression d’avoir du mal à cacher ce trouble. Il était temps que je me reprenne pour de bon ! Ainsi, je le laissais me faire découvrir les locaux, commençant par le studio photo où il ne manqua pas de souligner que je ferais un bon modèle. Et tout naturellement, je me montrais modeste, affirmant que je n’avais rien d’un mannequin. Non, clairement, je n’imaginais pas une seule seconde pouvoir convenir. Je n’avais en aucun cas cette prétention là. « Vous êtes sérieuse ? Marco ! » Vu sa réaction, il semblait vraiment penser que je ferais un bon mannequin. Après tout, c’était un peu son métier. Mais j’avais quand même du mal à y croire totalement. « Penses-tu que mademoiselle ferait un bon modèle ? » Je baissais alors légèrement le regard, n’ayant pas l’habitude d’être ainsi jugée sur mon physique. « Parce qu'elle ne l'est pas ? Voilà qui est fort dommage. C'est tout à fait le genre de personne que j'adore prendre en photo. Pas besoin d'artifice. Elle est naturellement ... » Je ne pu retenir un léger sourire à ces dires. Alors c’était vrai ? J’avais le physique d’un mannequin… Tiens donc ! Bientôt, mon stage au sein de l'entreprise allait devenir un stage de mannequinat ! « Oui d'accord ! Merci Marco. » Je notai avec amusement l’air agacé avec lequel il coupa Marco. A croire qu’il était un peu jaloux. Ou plus simplement, qu’il ne voulait pas que les employés de la boîte se tournent autour. Certains patrons préfèrent imposer ce type de règles, craignant que les histoires d’amour au sein de l’entreprise ne viennent plomber l’ambiance. « Oh, et bien.. Merci. » répondis-je timidement, me sentant rougir légèrement, en m’adressant aux deux hommes. « On continue la visite ? » Je souris et hochais légèrement la tête. « Avec plaisir ! Quel service allons-nous voir maintenant ? » demandais-je avec un réel intérêt tout en me laissant entraîner dans les couloirs du bâtiment.

Jamais je n'aurais songé, ne serait ce que quelques secondes, que j'avais le physique adéquat pour être mannequin. Cela me paraissait jusqu'à présent totalement insensé ! Et pourtant, cela semblait être une évidence pour le trentenaire ainsi que pour le photographe de la boîte. Et c'était tout de même très flatteur ! C'était sans doute la première fois que l'on me disait une telle chose. Ou du moins, la première fois où je le prenais au sérieux. Alors, naturellement, je fus un peu gênée par tout cela. Parce que dans le fond, je manquais un peu de confiance en moi. Et car je n'étais pas habituée d'être le centre de l'attention. Ceci dit, nous ne nous attardâmes pas au studio photo et reprîmes la visite des lieux. Je n'étais, à la base, pas là pour faire du mannequinat mais bien pour découvrir tous les services et corps de métier qui se trouvaient au sein de l'entreprise. Je demandais alors vers quel service nous nous dirigions désormais. « Dans celui où sont imaginées les publicités papiers.  Vous verrez, c'est un joyeux bordel. Toutes les personnes qui y travaillent, sont divisées en groupes plus ou moins denses selon le nombre de publicité qui doivent sortir. Actuellement il y en a deux. Donc, deux équipes. C'est généralement là que ça part dans tous les sens. Les idées fusent, changent, sont contestées, maintes fois rediscutées. C'est incontestablement l'endroit que je préfère. » Rien qu'à cette description, je ne pu retenir un vague sourire. J'imaginais tout à fait le type d'ambiance qu'il pouvait y avoir dans un tel service. Et je n'avais aucun doute sur le fait que cela devait être passionnant d'y travailler. A peine eut-il ouvert la porte du service que le brouhaha cessa immédiatement. Et tous les regards se posèrent sur nous quelques secondes avant que le travail reprenne. Amusée par une telle ambiance, je balayais la salle du regard. « Ça doit être très intéressant de travailler dans un tel service... Mais il doit falloir une sacrée imagination et de la créativité... » dis-je avec un réel intérêt.

J’avais toujours pris mes études au sérieux. C’était d’ailleurs bien pour cela que j’avais si rapidement accepté l’idée de faire un stage d’été alors que j’aurais très bien pu faire comme bon nombre d’étudiants et profiter des vacances pour m’amuser et faire la fête. Sauf que je n’étais pas trop de ce genre là.  Je n’avais d’ailleurs que peu de points communs avec la majorité des gens de mon âge. Je trouvais d’ailleurs parfois cela flippant… Bref, je préférais largement découvrir le fonctionnement d’une telle entreprise. Car évidemment, je ne m’étais pas dirigé vers elle par hasard mais bien car j’allais sans doute y découvrir plein de choses. Et la visite des différents services me conforta dans cette idée. « Ce sont de véritables artistes que nous avons là. » Oh oui ! Et j’étais sacrément impatiente de découvrir davantage ce service. Nul doute que mon stage allait s’avérer très intéressant. Nous quittâmes donc les lieux pour continuer la visite et, une fois celle ci terminée, nous retournâmes à son bureau. « Bien ! Toujours partante ? » Un large sourire se dessina sur mes lèvres. Je commençais même à être en confiance avec lui. Du moins, j’étais bien moins gênée qu’à mon arrivée. Il fallait bien l’avouer, le feeling était plutôt bien passé. « Plus que jamais ! » Clairement, cette visite m’avait mis l’eau à la bouche et j’étais réellement impatiente de commencer ! Et c’était donc naturellement que je me montrais enthousiaste et déterminée. Je n’avais d’ailleurs pas à me forcer pour l’être. C’était dans mon caractère et j’osais espérer que cela contribuerait à donner une image positive de moi à ce Vitaly. Et au reste de la boîte aussi, évidemment.  « Et comment cela va se passer ? Je commence où et quand ? Dans quel service ? » demandais-je ensuite, ayant hâte de connaître mon ‘planning’ .

Rencontrer un homme aussi sympathique et charmant en arrivant à peine dans la boîte ne pouvait que renforcer mon envie d'y effectuer un stage. La simple idée de le croiser régulièrement dans les couloirs me plaisait d'avance. Et même sans cela, j'étais sacrément motivée par ce stage. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'une telle opportunité s'offre à vous !  « Vous avez déjà fais le contrat avec le DRH ou pas du tout ? Décidé de combien de temps durerait votre stage ? » Je replaçais machinalement une mèche de cheveux derrière mon oreille avant de relever le regard vers lui. « Oui, tout a été fait avec le DRH, et mon stage est censé durer tout le mois. » expliquais-je avec un vague sourire. Un mois ici. Que demander de plus ? Cela me laissais amplement le temps de voir tous les services et d'apprendre des tas de choses. « Je vais vous sortir un emploi du temps et m'assurerai qu'à chaque changement de service, quelqu'un soit là pour vous y emmener au moins le premier jour. Ce sera sans doute ma secrétaire. » J'aurais évidemment préféré que ce soit lui, mais il avait sans doute bien d'autres choses à faire. Je me demandais d'ailleurs si j'allais vraiment le croiser régulièrement. Il semblait très prit, notamment par des voyages et déplacements professionnels. Alors peut être que je n'étais pas prête de le recroiser. Ce serait d'ailleurs bien dommage. L'idéal serait, évidemment, que j'ai à travailler directement auprès de lui. En tant qu'assistante. Ou auprès de sa secrétaire. Cela me permettrait peut être de le croiser plus souvent, et rien que ça, ce serait très plaisant. Enfin soit, je verrais bien. « D'accord, merci. » répondis-je avec un léger sourire en attendant qu'il me donne mon planning.

Après cette rencontre, je ne pouvais vraiment pas regretter que mon stage dure un mois. Enfin si, je regrettais qu’il ne puisse pas durer plus. Mais soit, un mois, c’était déjà pas mal du tout. Et cela me permettrait, je l’espérais, de croiser quelques fois le trentenaire. C’était peut être con, mais le simple fait de pouvoir croiser chaque jour ce magnifique regard, me réjouissait d’avance. Et puis, en un mois, il pouvait s’en passer des choses. Oui, mais lesquelles ? Je ne devais pas me faire d’illusions, il n’allait pas me sauter dessus. Et de mon côté, je serais bien incapable d’en faire de même. Et en aucun cas, je n’aurais le courage d’aller vers lui ou de tenter quoi que ce soit. Puis il trouverait sans doute cela ridicule. Après tout, j’aurais presque pu être sa fille. Oui, j’aurais pu l’être s’il avait eu un enfant jeune, très jeune. Et c’était d’ailleurs peut-être le cas. Je n’en savais strictement rien et il fallait absolument que j’arrête de me faire des films. « Très bien. » Je le laissais ensuite s’occuper de mon planning et, si je vis bien qu’il eu un léger moment de flottement, je n’osais pas croire que j’en étais la cause. Non, il s’était peut être simplement souvenu de quelque chose. Ou réfléchissait simplement à mon planning. « Euh ... » Légèrement amusée, j’eus un vague sourire avant de détourner le regard. Il fallait que je cesse de le regarder ainsi, vraiment. J’observais alors le bureau, sans y porter un grand intérêt. Juste histoire de regarder autre chose que lui. J’entendis ensuite l’imprimante et me concentrais à nouveau sur mon patron et sur le papier qu’il me tendait. « Voilà. Dites moi si ça vous convient. » Je jetai un rapide coup d’œil au planning. Et constatais avec grand plaisir que j’allais commencer mon stage auprès de sa secrétaire, donc non loin de lui, et le finir vraiment à ses côtés. « C’est parfait. » répondis-je en plantant mon regard dans le sien une nouvelle fois. « Tout est bon ? On a fini ? » demandais-je ensuite, n’ayant pas la moindre envie de quitter ce bureau.

J’étais très agréablement surprise par le trentenaire. Il allait jusqu’à s’assurer que mon planning me convenait, alors que je n’étais qu’une simple stagiaire. Clairement, je me serais adapté à tout ce qu’il aurait pu décider. Mais je trouvais cela vraiment bien qu’il soit aussi soucieux envers ses employés. Enfin, de mon côté, il n’y avait aucun soucis avec mon planning. Tant que je passais un mois dans la boîte et que j’avais ainsi des chances de le croiser régulièrement, cela m’allait. Et puis, le pompon était tout de même de terminer ce stage à ses côtés. Oh oui, ce serait tout bonnement parfait. Mon seul souci allait être pour me concentrer. Car j’avais déjà bien du mal à rester maître de moi alors qu’il me faisait face. Cela ne devrait pas être permit d’être aussi attirant. Quel regard ! Et quel sourire ! Sans aucun doute, il avait du faire tourner bien des têtes. « Oui c'est fini pour aujourd'hui. Je compte donc sur votre présence lundi ? » Je retins une moue de regret. Non, je n’avais pas envie de partir. Pas si rapidement. Pourtant, nous avions vu tout ce que nous avions à voir. A moins que je ne trouve une dernière chose à dire ou demander, afin de prolonger un peu ce moment. « Oui, bien sûr ! » confirmais-je avec un grand sourire avant de me diriger vers la porte tandis qu’il me raccompagnait. Et dans le même temps, je cherchais vainement une idée merveilleuse qui me permettrait peut être de rester quelques minutes de plus avec lui. Mais de quoi pouvais-je bien lui parler ? Soudain, je me rappelais qu’il avait écrit un livre ! Mais oui, son livre ! J’avais attendu durant tout l’entretien le moment idéal pour lui en parler.. Et bien, il était peut être là, le moment idéal. Arrivant à proximité de la porte, je me tournais soudainement et lui fit ainsi face. Et constatais ainsi une importante proximité physique, nos visages n’étant qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. « Hmm, une dernière chose… En fait, je… j’ai lu votre livre et je voulais vous en féliciter… J’attends avec impatience le prochain, j’ai vraiment beaucoup aimé… votre style… » Oh oui, j’aimais son style. Et pas uniquement son style d’écriture. Mes yeux rivés sur les siens, je ne pus m’empêcher de les poser brièvement sur ses lèvres, songeant qu’il n’était pas raisonnables qu’elles soient si proches des miennes, avant de reporter mon attention sur ses magnifiques yeux bleus.

Même si le physique – plutôt agréable – du trentenaire me poussait davantage à vouloir m’investir et m’impliquer dans l’entreprise, ma motivation ne venait pas uniquement de là. A la base, j’avais voulu faire mon stage ici car l’entreprise en elle-même m’attirait. Mon choix n’était donc, à la base, nullement intéressé. Même s’il fallait bien avouer qu’à l’heure actuelle, j’étais encore plus partante à l’idée d’effectuer mon stage dans cette entreprise. Une fois l’entretien totalement terminé, il me raccompagna vers la porte de son bureau. Et après quelques secondes à chercher quelque chose à dire pour prolonger un peu plus ce moment, je me jetais enfin à l’eau, évoquant son livre. Livre que j’avais d’ailleurs lu par hasard, parce qu’il faisait beaucoup parler de lui. Ce n’était donc pas de le but de faire la lèche-bottes que j’évoquais le sujet mais bien avec sincérité. Et c’est en me retournant un peu brusquement que je me retrouvais à quelques centimètres de lui. Clairement, nos visages étaient beaucoup trop proches. Et la tentation beaucoup trop forte. « Je vous remercie. Mais je ne suis pas encore certain de vouloir en écrire un second ... » Totalement envoutée par ses yeux et encore perturbée par la proximité de nos corps, je ne fis presque pas attention à sa réponse. Ou du moins, elle ne m’importait guère. « Ah bon ? Ce serait, à mon avis, dommage de ne pas le faire… » répliquais-je alors, m’efforçant de garder le contrôle de moi-même. Il était hors de question que je lui saute dessus. C’était mon patron. Il avait une trentaine d’années. Et il ne devait pas s’intéresser à moi de la même façon que je m’intéressais à lui, c’était évident. « Quel âge avez-vous Lindsay ? » J’haussais légèrement les sourcils, me demandant pourquoi il me demandait cela. Et si l’idée de me rajouter quelques années afin que le fait que je sois mineure ne soit pas un problème, je songeais qu’il n’aurait qu’à jeter un coup d’œil à mon CV pour constater que j’avais menti. Mauvaise idée, donc. « Bientôt 18 ans… Pourquoi ? » répondis-je finalement avec franchise.