J’arrivais à l’appartement de mon amante, de la femme de ma vie, Kaleyna. Nous nous étions rencontré il y a deux ans, et nous avions beau avoir longuement hésité – j’étais tout de même marié et elle en couple – mais nous n’avions pas pu résister. Depuis, même s’il nous était plutôt compliqué de se voir sans se faire prendre, nous arrivions tout de même à nous débrouiller. La plupart du temps, elle venait me voir à l’hôpital, et nous allions tout simplement en salle de repos. C’était tout de même ce qu’il y avait de plus simple, puisque nous nous voyions entre deux de mes chirurgies, et je pouvais donc rentrer normalement chez moi. Sinon, il y avait des moments, comme ce soir, où j’allais directement chez elle, après mon travail. Généralement, c’était le vendredi, parce que ma femme avait son club de lecture à la maison – je prenais donc l’excuse de ne pas vouloir la déranger – et ma fille avait ses entraînements de cheerleading. J’étais donc libre comme l’air ce soir, et en profitais donc pour aller chez elle. J’avais prévu de lui préparer un dîner – d’où les sacs de courses que je portais – ainsi qu’une soirée DVD. Parce que oui, il était plus pratique de se voir à l’hôpital, mais nous avions alors très peu de temps et ce n’était donc rarement autre chose que du sexe. Ce qui était différent lorsque nous étions chez elle. Après avoir sonné, je la voyais m’ouvrir la porte. Je m’avançais alors pour l’embrasser.

Je savais que continuer cette relation risquait de faire souffrir les trois femmes que j’avais dans ma vie – dont deux femmes de ma vie, puisqu’Alexis était une des femmes de ma vie, avec Kaleyna. Je ne considérais pas Melissa comme une des femmes de ma vie, tout simplement parce que je ne ressentais rien envers elle. Mais ce n’était pas pour cette raison que j’accepterais de la faire souffrir. Après tout, elle m’avait donné une chose pour laquelle je la remercierais toute ma vie : ma fille, tout simplement. Et juste pour cette raison, je ne voulais pas qu’elle souffre. Je ne l’aimais pas, et ne l’avais jamais aimée. Je ne l’appréciais même pas. On aurait pu croire que nous serions au moins devenus amis en près de dix-huit ans de vie commune. Mais ce n’était absolument pas le cas. Nous étions simplement des inconnus qui vivions ensemble. Un peu comme deux colocataires partageant le même lit en fait. Je passais l’entrebâille de la porte, tout en continuant à l’embrasser. « Bonsoir ma belle. » répondais-je, avant de l’embrasser à nouveau. Ne pas partager mes soirées avec elle et ne devoir partager seulement quelques moments, me torturaient, vraiment. Mais avais-je vraiment le choix ? Je préférais attendre les dix-huit ans de ma fille avant de demander le divorce, pour être sûr qu’elle ne me l’enlèverait pas par pure vengeance – vu qu’elle ne l’aimait même pas. « Le vendredi est devenue mon jour préféré de la semaine depuis que nous sommes ensemble. » confessais-je tout en posant les courses sur le plan de travail.

J’aurais tant aimé pouvoir rester dormir chez elle, au moins une fois. Mais je savais que je ne le pouvais pas. Je savais que je pourrais mentir à ma femme et lui dire qu’une urgence chirurgicale était arrivée et que je devais rester à l’hôpital pour la nuit. Mais je n’étais pas un menteur, ne l’avais jamais été et ne voulais jamais le devenir. Même si je ne ressentais rien pour ma femme, je ne voulais pas lui mentir. Bien sûr, je lui mentais pas omission, en ne lui disant pas que j’avais une aventure. Mais je savais qu’elle était au courant, et que comme moi, elle ne voulait pas demander le divorce. Ce serait donc lui manquer de respect que de lui raconter un énorme mensonge comme celui-ci, surtout qu’elle pourrait le vérifier sans problème en parlant à mes collègues. Bon, je ne savais pas s’ils auraient mes arrières ou non. Après tout, même sans être leur chef, nous étions tout de même amis et travaillions depuis des années ensemble. Mais je ne voulais pas les mettre dans une telle position. « J’ai prévu un ‘coq au vin’ avec des tagliatelles. » lui dis-je dans un sourire, en utilisant le français pour le nom du plat. C’était un plat qui était assez simple à préparer, et surtout, nous pourrions commencer notre film pendant qu’il cuisait. « Oui, ce serait une bonne idée en effet. » répondais-je avant de déposer mes lèvres sur les siennes. « Je dois être rentré pour 23h, ce qui nous laisse près de trois heures. »

« Toujours voyons. Ma simple existence a été créée pour te satisfaire. » lui dis-je dans un rire. « J’adorerais aller en France. C’est comment là-bas ? » lui demandais-je. Je n’avais jamais vraiment voyagé, ou en tout cas jamais quitté les Etat-Unis. Nous avions une maison dans les Hampton où j’allais quelques fois avec Alexis, mais c’était à peu près tout. Normalement, après le lycée, comme j’avais en plus sauté une classe, j’avais prévu de prendre une année sabbatique pour faire le tour de l’Europe et visiter les plus belles villes. Mais Melissa était tombée enceinte et je l’avais épousée. J’étais donc tout de suite allé à l’université pour étudier la médecine. Je me demandais si ma fille allait suivre la voie de toute ma famille. Après tout, nous étions tous dans la branche médicale, qu’elle soit chirurgicale ou autre. Mais bon, jamais je ne lui mettrais la pression, elle ferait ce qu’elle aurait envie de faire, tant que cela la rendait heureuse. Je l’embrassais de nouveau, comme elle me l’avait quémandé. Je ne savais pas comment j’arriverais à trouver le courage pour la quitter à nouveau ce soir. Cela me déchirait rien que d’y penser. « Avec plaisir ! » acceptais-je sa proposition pour un verre de vin. J’adorais vraiment le vin, même si je n’avais pas vraiment les connaissances d’un œnologue. « Je pensais qu’on aurait pu faire les deux en même temps. Commencer le film pendant que le coq cuise puis manger devant. T’en penses quoi ? »

Je ris en entendant sa réplique. « Alors je ne suis qu’un coussin chauffant pour toi ? Très bien, j’en prends note. » répondais-je en tentant d’être sérieux, même si je savais parfaitement que j’étais trahi par mes yeux qui pétillaient. « Toi aussi, vraiment. » commençais-je, reprenant mon sérieux. « Avant toi, je ne savais pas ce qu’était l’amour et ce qu’était une vraie relation. J’en avais toujours rêvé, bien sûr, mais je n’y croyais plus vraiment. Je me voyais déjà à la maison de retraite avec Melissa, dans un silence de mort. » lui confessais-je. Elle avait vraiment éclairée ma vie, et j’espérais pouvoir enfin être pleinement avec elle, l’épouser et agrandir ma famille à ses côtés. J’espérais vraiment qu’Alexis comprendrait, et qu’elle me pardonnerait et resterait à mes côtés – nos côtés. « J’aimerais beaucoup rencontrer tes parents un jour. » lui dis-je, sans vraiment m’en rendre compte. Bon, plutôt dans un an, le temps que je demande le divorce, parce que je n’étais pas vraiment sûr qu’ils apprécieraient que je sois un homme déjà marié. « Oui, ce serait bien qu’on y aille. » répondais-je, un peu rêveur. Je ne pouvais plus prendre d’année sabbatique à présent, ayant beaucoup trop de responsabilités à l’hôpital – que je dirigeais quand même – mais peut-être que nous pourrions tout de même faire le tour de l’Europe ensemble, même si nous l’étalions sur plusieurs années. Je prenais une goutte de son vin. « Il est très bon, merci. » lui dis-je avant de terminer la préparation de notre diner. « Tu n’es pas la seule à avoir de bonnes idées, crois-tu ! » m’exclamais-je avant de m’installer sur son canapé, mon verre à la main.

« Tu es un peu méchante en fait non ? » répondais-je dans un petit rire, feignant d’être vexé. Mais bien sûr, je le prenais avec beaucoup d’humour, sachant parfaitement que cela en était. « Je suis désolé que ton cœur ait pu être brisé un jour. » continuais-je d’une petite voix, reprenant mon sérieux. « J’espère ne jamais te faire de mal. J’espère que tu le sais. » terminais-je avant de répondre à son baiser. Je ne voulais pas culpabiliser, mais pourtant, je ne pouvais m’en empêcher, malheureusement. Je savais qu’au fond, même si elle ne l’admettait pas – et peut-être ne l’admettrait-elle jamais – elle souffrait par ma faute, de notre situation. J’aurais tant aimé pouvoir lui offrir tout ce dont elle méritait, tout un paradis sur Terre. Mais nous devions encore attendre un an. Un an, ce n’était pas beaucoup non ? Ce n’était même rien, seulement un tiers de notre relation. Nous avions attendu déjà deux longues années, qu’était-ce une année de plus ? Et ensuite, nous pourrions enfin être libres, tous les deux à s’aimer au grand jour. Nous pourrions aller au restaurant – même si j’adorais cuisiner pour elle – partir en vacances, bref, nous serions tout simplement libres. « Tant que tu ne leur as pas glissé que je suis marié, tout me va. » Je ne voulais vraiment pas que ses parents puissent penser que j’étais une personne infidèle. Je ne l’étais vraiment pas. Enfin si, je trompais ma femme avec Kay’, mais ce n’était absolument pas une habitude et cela ne le deviendrait jamais. J’avais été seize ans fidèle à ma femme et pourtant sans ressentir un seul sentiment envers elle. A l’exception de Kaleyna, je ne l’avais jamais trompée en dix-huit ans de vie commune. « Oui, je t’aime. » confirmais-je, la regardant tendrement, avant d’acquiescer à son murmure.

En guise de réponse à son monologue, je lui fis un petit sourire triste. Je culpabilisais énormément, envers elle, envers Alexis et même envers ma femme. J’aurais tellement préféré ne pas demander la main de Melissa en apprenant sa grossesse. N’aurions-nous pas pu cohabiter pour notre petite fille, tout en restant libres et surtout en ne nous mariant pas ? Cela aurait été tellement plus simple … Pourtant, cela avait été ma décision à moi, et je n’avais reçu aucune pression, même de la part des parents de Melissa. C’était moi – et moi seul – qui avait voulu faire ce qui était bien, ce qui était juste tout simplement. Je lui avais alors fait ma demande, et nous nous étions mariés. J’aurais mieux fait d’écouter mes parents pour cette fois – moi qui d’habitude les écoutais tout le temps – qui me disaient alors que je faisais une erreur et que je le regretterais un jour. Ils me disaient que le mariage ce n’était pas ça, que ce n’était pas juste pour sauver les meubles ou autres, mais une promesse d’amour. Comme j’aurais aimé les écouter. Je ne serais pas dans cette situation à l’heure actuelle et peut-être même que j’aurais déjà fait ma demande à Kaleyna, qui sait ? En tout cas, nous vivrions ensemble et n’aurions pas besoin de nous cacher de cette façon. Parce que je savais pertinemment qu’un mot de moi suffirait à lui faire rompre ses fiançailles, mais je ne voulais pas le lui demander – après tout, elle ne me le demandait pas de son côté. Je l’embrassais tendrement, après qu’elle eut terminé de parler. « Un jour, je les rencontrerais et cela en tant que ton petit ami, promis. » lui promettais-je, sérieux. « Ne me tente pas ! » m’exclamais-je dans un rire.

« Moi aussi je l’aime bien cette idée. Et je suis sûr que mes parents t’adoreraient ! » m’exclamais-je tout aussi doucement que mon amante. En même temps, ce ne serait probablement pas bien difficile, étant donné que ma mère ne pouvait pas supporter Melissa, tout simplement. Et autant dire que dès que ma mère faisait ou pensait quelque chose, mon père la suivait immédiatement. Ils seraient donc même éventuellement heureux de mon divorce – et pourtant, ils étaient des catholiques pratiquants qui allaient à la messe tous les dimanches – et surtout de voir que j’étais avec une femme comme Kaleyna. Une des choses que ma mère ne pouvait pas supporter chez ma femme, c’était qu’elle reste à la maison, à ne rien faire – la cuisine et le ménage étant fait par une personne payée par mes soins – ce qui n’était absolument pas le cas de mon amante. Et puis même leurs caractères et personnalités étaient bien différents chez l’une ou l’autre. « Et j’aime être ainsi. Passer simplement une soirée avec toi, comme un couple normal. » lui répondais-je. Bien sûr, le sexe avec elle était phénoménal, mais une soirée juste enlacés devant un film était tout autant parfait. « Je ne sais pas si ma fille t’accepterait … » lui dis-je, préférant être honnête avec elle. C’était d’ailleurs ma plus grande peur : qu’elle n’accepte pas notre relation et prenne le parti de sa mère. Et c’était même la raison pour laquelle Alexis n’était pas au courant pour le moment …

Je décidais d’ignorer quelque peu sa réponse à propos de ma fille, le temps d’y réfléchir. Je ne savais pas du tout comme elle réagirait à cette situation, et le problème était bien là justement. Sans me faire prier, j’exécutais et la serrais tendrement – mais fermement – dans mes bras. Sa main n’avait toujours pas quitté sa place et était collée contre mon cœur, à même ma peau. J’aimais cette sensation. La sensation d’être à nu devant elle. Après tout, elle pouvait sentir le moindre de mes battements cardiaque, et saurait donc ce que je ressentais. Pour le moment, il était calme, serein. Comme si cette soirée était la plus normale existante et que je n’étais pas en train de tromper ma femme et de prendre le risquer d’en faire souffrir deux autres. Je savais qu’il fallait que j’arrête de culpabiliser de cette façon – après tout, n’avais-je pas le droit d’être heureux ? – mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Certaines fois, je ne me reconnaissais même plus en me regardant dans le miroir. J’avais reçu une éducation catholique – même si à l’exception de Noël ou d’autres fêtes, je n’avais plus le temps d’aller à l’église – et étais donc un homme plutôt carré. « Je ne sais vraiment pas qu’elle sera sa réaction. » commençais-je pour répondre à sa question sur ma fille. « J’espère qu’on est aussi proches que je le crois et que donc elle ne voudra que mon bonheur. » terminais-je avant de prendre une pause, pour ensuite lui expliquer de quoi parlait la comédie dramatique ‘Song for Marion’.

« Oui, on verra bien à ce moment-là … » répondais-je, les yeux un peu dans le vague. Je savais que ma fille ne me demanderait jamais de choisir entre les deux – heureusement ! – mais j’avais tout de même peur que cela brise quelque chose entre nous. Nous avions vraiment une relation très fusionnelle, nous disant tout – sauf ma relation extraconjugale bien sûr – et passions le plus possible du temps ensemble. Dès que je pouvais me libérer, nous allions faire les boutiques pour nous trouver de nouveaux vêtements – oui, j’essayais tout de même de prendre soin de mon apparence – allions à des concerts, au restaurant, … Nous faisions également beaucoup d’activités ensemble, comme les cours de cuisine que nous avions suivis tous deux, ou des week-ends en thalasso aussi. Bref, elle était presque ma meilleure amie en fait. Bon, bien sûr je savais me comporter en père s’il y avait besoin, mais nous étions tellement proches que je n’en avais finalement pas besoin, ma fille prenant elle-même des initiatives qui faisaient que je n’avais pas à instaurer de règles. En fait, il n’y en avait qu’une seule qu’elle devait respecter : faire passer les cours avant le reste. Mais même cela, elle le faisait d’elle-même. Oui, j’avais en effet eu beaucoup de chance avec elle. Et c’était donc de prendre le risque de briser ça qui me terrorisait … J’eus un petit rire en entendant son ventre gargouiller, avant de regarder ma montre. « Plus que dix minutes … Tu penses pouvoir tenir ? » lui demandais-je dans un sourire, avant de l’embrasser tendrement. « C’était juste le véritable amour qui te manquait pour t’épanouir complètement … »

« tututut … » fut ce qui sortit de ma bouche tandis que je l’entendais avouer ne pas avoir déjeuné ce midi. Elle sortait – ou plutôt avait une aventure amoureuse – avec un chirurgien, donc un médecin, et m’annonçait de but en blanc qu’elle avait sauté un repas ? « J’espère que tu avais pris un bon petit déjeuner au moins. » lui dis-je dans un rire, avant de l’embrasser rapidement. En même temps, je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça, surtout que moi-même il m’arrivait de sauter un repas, voire même deux, lorsque les urgences ne voulaient pas désemplir. Je n’avais alors tout simplement pas le temps de manger, et lorsque je restais plus de vingt-quatre heures à l’hôpital – voire plus lorsque je n’étais qu’un résident ou encore interne – je ne prenais tout simplement pas le temps de me nourrir, même en sachant parfaitement que ce n’était vraiment pas bon pour ma santé. Je n’allais donc pas la blâmer alors qu’elle avait probablement eu une mauvaise journée lui coupant directement l’appétit non ? « Tu es la mienne aussi … Vraiment, je ne pensais pas connaître un jour l’amour. » lui avouais-je. C’était probablement pour cette raison que je me disais qu’Alexis ne pouvait qu’être de mon côté non ? Ma fille était probablement l’une des plus romantiques existantes, et elle avait bien dû se rendre compte que ce que sa mère et moi partagions, était tout sauf de l’amour non ? Je posais les mains sur les reins de mon amante, dès qu’elle se mit à califourchon sur moi. Je répondais à son baiser, avant de lui répondre dans un sourire. « Tu as intérêt. Je connais une des assistantes du procureur, et elle prendrait ma défense si une femme abusait de moi … »

J’eus un rire tandis qu’elle me demandait si j’allais la punir si elle n’avait pas pris son petit-déjeuner. « Oh oui tu vas être punie, et pas qu’un peu … » lui répondais-je dans un sourire en coin. « J’ai plein d’idées de tortures là-dedans. » continuais-je en tapotant mes tempes, pour souligner ma parole à mon geste. J’aimais quand nous étions ainsi, à nous taquiner gentiment. J’avais enfin l’impression d’être en couple. En fait, j’avais l’impression de voir mes parents, tout simplement. Je rêvais de partager avec Kaleyna ce qu’eux deux partageaient depuis plus de quarante ans maintenant. Ce que j’admirais vraiment chez eux, c’était le fait que j’avais l’impression qu’ils s’aimaient autant que le premier jour, et que rien n’avait changé, ou si cela avait été le cas, ça n’avait pu que renforcer leur couple. Même après tant d’années, ils continuaient à se chamailler comme des enfants, à se bécoter comme des adolescents, tout en restant soudés et matures comme les adultes qu’ils étaient. Oui, je voulais vraiment que mon amante et moi vivions ainsi. Je le voulais avec une telle hargne que cela me submergeait intégralement, et qu’il y avait des moments où je ne pensais qu’à ça et seulement ça. « Tu ne la connais pas, mais je t’assure, elle peut être une vraie teigne quand elle veut me protéger. Donc je ne crains vraiment rien avec toi, parce que j’aurais la meilleure défense ensuite si tu décidais d’abuser de moi ! » lui dis-je dans un rire, avant de devenir un peu plus sérieux. « J’aimerais tant n’être qu’à toi, et que tu ne sois qu’à moi … » confessais-je avant de l’embrasser tendrement.

« Oh, j’ai une bonne idée de torture, là maintenant tout de suite … » m’exclamais-je dans un sourire, tandis qu’elle m’embrassait la tempe. « Et non, jamais je n’oublierais à quel point tu es une très vilaine fille. » répondais-je dans un nouveau sourire en coin. « Donc tu ferais mieux d’être sage à partir de maintenant, parce que tu n’aimerais pas l’idée de punition que j’ai en tête … » continuais-je, d’un air malicieux, alors qu’elle déposait ses mains sous mon tee-shirt, me donnant des frissons au passage. Il était vrai que nous aurions pu profiter de ces trois heures pour faire des choses pas très catholiques – bien que même le Père O’Neil lui-même me pardonnait mes pêchés lorsque je lui parlais de mon amante – mais je préférais passer une soirée en amoureux, comme un couple normal au final. « Oh oui, la machine à café ! » répétais-je dans un rire. « Tu te rends compte qu’il a fallu que je devienne chef pour qu’on les change enfin ? Soi-disant que le budget ne permettait pas de les remplacer … » m’esclaffais-je, en me remémorant notre rencontre. Je sortais d’une opération, et ne savais alors pas si mon patient allait sortir du coma dans lequel il était tombé avant même d’entrer en chirurgie. Je me dirigeais vers la cafétéria, et l’avais croisée sur le chemin, s’énervant face à la machine. Je l’avais alors sauvée de son désarroi, tandis qu’elle me sauvait réellement de ma vie. « Oui, un jour … » répétais-je, rêveur, avant de me lever pour nous servir le dîner qui était maintenant prêt. Après avoir remplies les assiettes de coq au vin aves ses tagliatelles, je revenais et déposais les deux assiettes sur la table basse, avant de l’entendre dire qu’elle pensait quitter son fiancé. Heureusement que j’avais déjà posées les assiettes, où je les aurais probablement lâchées sous le choc. Que répondre à ça ? « C’est bien … Vraiment, tu n’as pas envie de te lancer dans un mariage avec une personne dont tu n’es pas amoureuse. Regarde le résultat … »