« Mademoiselle Newstead, c'est à vous ! » La jeune femme se leva alors que les maquilleuses terminaient leur travail. Jenna n'était pas imbue d'elle-même mais trouvait son physique très ingrat et voulait être la mieux apprêtée possible devant les caméras. Ainsi, elle pénétra dans la salle où le journaliste l'attendait. « Bonjour Jenna ! Heureux de vous rencontrer. » « Bonjour Miles, heureuse aussi ! » Après les nécessaires politesses de base, ils en vinrent à son prochain livre. Elle déblatéra longtemps sur lui et sur le bonheur que ça lui procurait de le faire sortir prochainement. Lorsqu'elle fut à court d'idées, c'est le journaliste qui rebondit. « On vous a vu à un mariage la semaine dernière, pouvez-vous nous en parler ? De qui était votre sublime robe champagne ? » « Oh, oui, c'était le mariage d'une demoiselle qui a beaucoup apprécié mes précédents livres et qui m'a invitée, avec quelques autres célébrités. Ma robe était signée Gucci. » Elle esquissa un léger sourire, qui disparut à la seconde même où le journaliste enchaîna. « Mais, avant la cérémonie, vous avez eu l'air désappointée, assez dégoûtée à la vue d'une certaine personne, pouvez-vous nous expliquer cela ? » Décidément les journalistes s'intéressaient plus à la vie des célébrités qu'à leur métier... « Oui, hum... L'organisatrice du mariage était... Maisy Force. Cette fille est une incapable, elle ne connait rien à la vie. Elle croit que tous lui est dû. Elle née avec une cuillère en or dans la bouche ! Organiser ces mariages de riches, je trouve ça tellement pitoyable. Gagner de l'argent là-dessus, quand d'autres en bavent pour payer leur robe de mariée, c'est inadmissible ! De plus, elle est aussi arrogante qu'insupportable. » L'interview continua, puis au terme de quelques questions inintéressantes, le journaliste conclut en la remerciant de son passage et du temps qu'elle leur avait accordé. Jenna quitta l'immeuble un peu sur les nerfs. Si elle détestait cette organisatrice, sans jamais lui avoir parlé, ça n'était en rien pour son métier ou les riches qu'elle servait. C'était uniquement parce qu'elle reflétait un bonheur qui aurait dû être celui de l'écrivain, et qu'on lui avait volé. Elle était rentrée chez elle vers vingt-trois heures et avait dormi jusqu'à sept heures le lendemain matin, avant de faire son sport matinal, de déjeuner et de prendre une douche, pour enfiler un slim bleu foncé et un top rouge, puisqu'elle avait décidé de ne pas sortir de la journée.

Cependant, quelque chose vint troubler la tranquillité de Zephyra en cette douce matinée. Quelqu'un tambourinant à la porte empêcha la jeune femme de se morfondre dans son sombre appartement. Elle se leva nonchalamment, et découvrit un visage assez familier sur le pas de la porte. La première envie qu'elle eut fut de lui coller une gauche en plein de son sourire hypocrite et insupportable. Mais elle freina son irrépressible envie de bagarre quand l'autre ouvrit la bouche. « C'est quoi ton problème ?! » Jenna ne put étouffer un rire. « Euhm, à part le fait que tu viens troubler ma tranquillité matinale ? Pas grand chose, sauf ton parfum. C'est horrible. Enfin j'sais pas, c'est peut-être naturel, mais dans ce cas faudrait consulter d'urgence ! Ton fils n'doit pas particulièrement apprécier cette odeur infâme, à moins qu'il n'y soit trop habitué ? »

La situation était plus que tendue entre les deux femmes, mères toutes deux, et pour ainsi dire ce furent leurs deux seuls points communs. Après, elles avaient l'air d'être totalement opposées. Blonde, brune, habillée simplement, habillée plus sophistiquée, un fils en vie, un fils mort. Voilà tout le début du problème. Jenna ne réalisait pas l'ampleur de ses mots devant les caméras, ni le fait que c'était totalement stupide de faire ces choses, mais elle avait besoin de se défouler, de passer ses nerfs si longtemps reclus dans un coin de sa tête sur quelqu'un, et ce fut Maisy, qui respirait la joie d'avoir son fils à ses côtés. L'interlocutrice de Jenna leva les yeux au ciel, ce qui eut pour effet de faire esquisser un sourire moqueur sur les lèvres de l'écrivain. Plus elle pouvait exaspérer cette foutue organisatrice de mariages, mieux c'était. « Je t'interdis de parler de mon fils. Après tout, des gosses tu n'es pas foutue d'en avoir un vivant. » Le sang de Zephyra ne fit qu'un tour, et l'envie de coller un poing dans la face, qu'elle trouvait hideuse et hautaine, de Maisy lui traversa fortement l'esprit. Cependant, elle trouva préférable de ne rien faire de physique et réussit à se contrôler malgré la décharge d'adrénaline qui venait de la secouer. Jenna dévisagea l'autre femme de haut en bas, ses vêtements étaient sobres, mais ses Louboutin avaient fait se dessiner un rictus snobinard sur le visage de l'écrivain à succès. Elle n'écouta pas vraiment lorsque l'autre rouvrit la bouche. Mais elle entendit ceci : « Il est peut être mort à cause de ça. Il faudrait demander au médecin légiste. » A ce moment là, Jenna ne put contenir sa colère. Elle claqua la porte de son appartement et poussa Maisy violemment sur le mur. Elle n'était pas fière de l'accès de colère auquel elle cédait, mais c'en était trop. Elle posa une main sur l'épaule droite de son interlocutrice et sa main gauche vint s'abattre sur son visage, posant son pouce sur sa joue droite et ses autres doigts sur la joue gauche, déformant un peu l'horrible et médisante bouche de Maisy. « Et quand ton gosse ira te trouver à la morgue, je pourrai lui dire que t'es morte de la même manière que mon fils : le crâne fracassé sur le sol par quelqu'un fou de colère. Tu es tentée ? » Sa voix avait changé du tout au tout, passant de la moqueuse effrontée à la mère pleine de haine et en pleine recherche de vengeance. Elle avait appris à se battre et à se défendre, après avoir boxé, fait du free fight et du krav maga, si Maisy cherchait à se débattre ou à la frapper, Jenna n'hésiterait pas à la coller par terre, voire pire, si la situation s'envenimait. Pas la peine d'y penser, donc. Cependant, la haine l'emporta sur la jeune écrivain, qui asséna un coup de poing dans le visage de la jeune fille, assez violent, sans imaginer ce qui en découlerait.