Aie, aie, aie ! Frappant le meuble de mon poing, je me tenais le pied de l’autre en sautillant sur place. Qui ne s’était jamais cognait le petit orteil contre le coin d’un meuble ? Je me le demandais. Nous étions donc, tous des abrutis pour se prendre à plusieurs reprises le coin des meubles ! Comme si nous ne savions pas la place qu’il y avait pour passer là ! Non il fallait que le petit orteil veuille rencontrer le meuble. Grognant de douleur, je sautillais en avançant pour aller dans la cuisine. Seule solution ! Dégager le meuble de là ! Parce que pour ma part, c’était toujours le même que je me prenais… Une fois la douleur passait, je me lâchais le pied avant de chercher quoi faire pour le repas de ce soir. J’avais une faim de loup, et même si nous n’étions qu’en milieu d’après-midi, j’avais déjà envie de cuisiner et j’avais surtout aussi, envie de gouter. Pour une fois que c’était moi qui crevait la faim. D’habitude, quand Marilys vivait encore avec moi, c’était elle qui dévalisait les placards… Je la revoyais encore bouger les chaises grimper dessus et fouiner les placards le tout en silence ! Pire qu’un ninja cette petite. Je me demandais ou elle avait vu ça d’ailleurs. Riant toute seule rien que d’y penser, j’attrapais le pot de Nutella et une cuillère. M’installant sur le tabouret j’ouvris le dis pot et me mis à plonger la cuillère dedans avant de l’enfourner dans ma bouche et manger le chocolat. Je préférais ne même pas savoir les merdes qu’il y avait dedans. Tout ce que je savais, c’est que c’était bon ! Mon téléphone se mettant à sonner, je le pris dans ma poche en voyant qu’il s’agissait de Lucy. Qu’est-ce qu’elle me voulait ? Roulant des yeux, je décrochais rapidement avant de mettre le haut-parleur et poser le téléphone sur la table pour continuer de manger. « Salut Lu’ ! » « Cannelle ! T’es disponible ? La maitresse de Marilys m’a convoqué, apparemment il y aurait un souci à l’école. » Surprise de cette annonce, je fronçais les sourcils et plissais les lèvres. Marilys ? Un souci ? Ça n’était jamais arrivé. « Ouais je vais y aller, je suis sa mère. Merci d’avoir prévenu ! » Sans même attendre qu’elle me réponde, je lui raccrochais au nez. Nous étions sacrément en froid depuis que j’avais perdu la garde de Marilys. Lucy se l’appropriait comme s’il s’agissait de sa fille, comme si elle lui était dû et m’empêcher de la voir… Mais depuis que j’avais décroché de la drogue, ou du moins que je tenais quinze jours sans me droguer, j’avais le droit de la voir aussi souvent que je le voulais… Je ne comprenais pas Lucy… Je ne lui avais jamais empêché de faire sa vie, de se trouver un homme et de faire sa vie avec… Non jamais… Malheureusement elle n’avait jamais trouvé… M’enfin bon, elle n’était pas si vieille que ça non plus ! Elle n’avait que trente-trois ans… alors elle pouvait bien se trouver quelqu’un ! Rangeant le pot et la cuillère au lave-vaisselle, je filais dans ma chambre pour me changer. Troquant mes habits d’intérieur pour un jean noir une paire de bottines et un haut assez ample et simple. Jean dans les bottines, j’enfilais ma veste en cuir noir clouté avant de prendre mon sac et mes clés de voiture pour filer en direction de l’école de Marilys. Une fois garée devant, je sorti avant d’entrer dans le bâtiment. Je ne savais pas trop ou je devais rejoindre la maitresse mais le plus approprié était d’attendre devant la salle de classe. Il y avait quelques parents avec leurs enfants, c’était l’heure de récupérer les enfants. Me mordillant les lèvres je filais devant la porte de sa classe ouverte avant de voir une magnifique blonde derrière le bureau. On aurait presque cru un mannequin et pas une institutrice. Frappant à la porte, j’osais entrer avant de sourire doucement. « Bonjour, je suis Nastazià Alinovitch, la maman de Marilys, Lucy m’a prévenu qu’il y avait un souci ? » Demandai-je en cherchant alors la petite du regard ma belle petite brune aux yeux bleus et à la peau mate. Elle tenait bien plus de son père que de moi pour ça.
Ce matin là lorsque je me levais, je sentis la fatigue m'envahir. Je n'avais dormi que deux heures trente à cause mes insomnies, mais j'avais l'habitude. Une bonne tasse de café, ou deux, et je tiendrai facilement toute la journée. Mon réveil indiquait six heures trente, pile dans le timing. Je me levais, me dirigeais dans la cuisine et fit couler le café Pendant ce temps, je filais sous la douche. Seulement un quart d'heure plus tard je ressortais, vêtue d'un jean slim, d'une chemise blanche et d'une paire de ballerine blanche. Serviette enroulée autour de mes cheveux, j'allais dans la cuisine afin de boire mon café. Un sucre et une tasse de café plus tard, je m'empressais d'en préparer un autre. Pendant ce temps je m'occupais de me coiffer ; une queue de cheval ferait l'affaire. Une autre tasse de café et un sucre plus tard je regardais sur ma montre qui m'indiquait sept heure vingt. Ma tasse de café vide dans le lave vaisselle, j'attrapais mon sac à main ainsi que mon sac pour l'école et enfilais ma veste. Vingt minutes plus tard je garais devant une école. Pas l'école dans laquelle j'avais mon poste "officiel". Car lorsque j'étais arrivée à New-York j'avais intégré une école pour enfants difficile. Mais une fois par semaine, je passais une journée dans une au autre école. Cela me permettait de souffler un peu et d'excercer plus ou moins normalement mon activité d'institutrice. Ma matinée ce passait parfaitement bien. La classe dont je m'occupais des enfants de 5 ans. 19 au total. Il s'agissait d'un petit établissement. Mais je l'adorais; et les enfants m'avaient tous adopté. J'adorais la façon qu'ils avaient de ne jamais m'appeler "maîtresse" mais plus simplement "Or". Mon prénom étant parfois un peu difficile à prononcer pour ces petites têtes j'avais accepté un diminutif. Entre midi et deux, je décidais d'appeler la maman d'une petite fille qui ne me semblait pas vraiment dans son assiette. Déjà la semaine précédente j'avais remarqué que la petite Marylis n'était pas comme d'habitude. Cette petite toujours souriante et pleine de vie, semblait tout à coups éteinte. Inquiète de la voir dans cette état je voulais voir sa maman, pour comprendre ce qu'il ce passait et essayer de l'aider au mieux.
L'après midi se passa tout aussi bien. Au moment ou les enfant sortaient de ma classe je m'installais à mon bureau pour commencer à préparer ma journée de cours du lendemain en attendant la maman de Marylis. « Bonjour, je suis Nastazià Alinovitch, la maman de Marilys, Lucy m’a prévenu qu'il y avait un souci ? » Je relevais aussitôt la tête et un grand sourire chaleureux s'installa sur mon visage. Je me levais de ma chaise." Bonjour madame Alinovitch" Je n'avais même pas eut le temps de tendre la main vers Nastazià afin de la saluer, que la petite Marylis apparut au fond de la classe, le visage plein de miettes et un gâteau au chocolat à la main. Elle se mit à courir en direction de sa mère en criant "Maman !" Je m'empressais d'ajouter alors à l'attention de la jeune maman "J'espère que vous ne m'en voudrais pas, mais Marylis a fouillé dans un placard ou deux et j'ai finis par lui donner un gâteau." Mon sourire était désormais plein d'excuse.
Etre convoqué pour un souci avec Marilys, c’était bien la première fois. Ça m’était déjà arrivée à l’époque ou Camilya était encore vivante, pour des broutilles d’ailleurs, des petites querelles entre gamin, chose qui ne m’avait pas étonné au vu du caractère bien trempé de Camilya qui tenait fortement de moi pour cela… Mais Marilys, j’avais un peu peur. Je ne savais pas ce qui pouvait se passer. Elle était si douce, si gentille et généreuse envers les gens, que je ne la voyais pas faire quelque chose de mal à vrai dire. Je voyais déjà le pire, c’était surement ça… qui était affolant. Je devais me faire du souci pour rien. Peut-être qu’elle avait fait un dessin suspect, comme dans les films ? Ou alors qu’elle avait cassé quelque chose de précieux ? Je me posais des tas de questions, c’était affligeant à quel point je m’inquiétais pour ma petite fille. « Bonjour madame Alinovitch » Souriant franchement à la belle demoiselle qui se trouvait devant moi, je n’eus pas le temps de lui tendre la main pour faire les politesse que ma fille se ruait déjà vers moi. Elle avait l’ouïe fine pour reconnaitre ma voix, c’était bien ma fille ça ! « Maman ! » « J'espère que vous ne m'en voudrais pas, mais Marylis a fouillé dans un placard ou deux et j'ai finis par lui donner un gâteau. » Fronçant les sourcils assez surprise qu’elle m’annonce ça, je baissais un regard vers la bouche de Marilys avant de la prendre dans mes bras et rire doucement. Elle ne changerait donc jamais ! Et le pire c’est qu’elle ne faisait pas cela qu’à la maison ! Cette fille était un petit démon sur patte ! Ou un gouffre… Je ne saurai dire… les joies de l’enfance ! Si on devait manger autant qu’elle engloutit de gâteau… je donnais pas cher de mon poids… « Ne vous inquiétez pas… ça ne m’étonne même pas venant d’elle, c’est plutôt à moi de m’excuser… Elle doit augmenter le chiffre de dépense en gouter cette petite ! » Lâchai-je en embrassant plusieurs fois les joues de Mari’ avant de la relâcher tout en lui faisant signe d’aller jouer à nouveau. Si je devais parler avec sa maitresse autant être seules, ou du moins assez éloignées d’elle afin qu’elle ne nous entende pas. Soupirant faiblement, je me tournais vers elle avant de croiser les bras sous ma poitrine. « Quand je m’occupe de ma fille, je suis lessivée… Mais alors vous avec tous ses petits, je vous félicite, ça ne doit pas être facile tous les jours… » soufflai-je en regardant autour de moi. Je n’étais pas entrée dans la salle de classe de ma fille depuis quand moi ? Je reconnaissais à peine les lieux ça faisait un poil bizarre même je trouvais. Déglutissant longuement, je me grattais la joue assez gênée en me demandant ce qu’il se passait avant de m’approcher d’elle histoire de briser la distance qui régnait entre elle et moi. « C’est la première fois qu’on me convoque pour Marilys… Elle a fait quelque chose de grave ? Si elle a tout mangé, je peux vous dédommager ! » soufflai-je en riant doucement. Je savais parfaitement que ce n’était pas ça, mais alors pas ça du tout. J’aurai aimé ceci dit, c’était enfantin…
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