Minnie avait appris la veille la meilleure nouvelle de l'univers – au moins. Ils allaient faire une suite à Nemo. Mais le mieux, c'était qu'elle allait être sur Dory. Dory ! Elle faisait partie des idoles de la jeune fille. Elle était restée en bug pendant quelques secondes, le temps de réaliser, puis un grand sourire avait éclairé son visage. Il ne restait plus qu'à trouver un moyen d'accélérer le temps jusqu'à 2015. C'était une éternité. Elle aurait peut-être des cheveux blancs d'ici là. Peut-être même qu'elle serait mature et responsable comme les grandes personnes pas amusantes. Mais elle oublia vite cette idée, c'était impossible. Elle resterait toujours une fan de dessin-animé et elle rêverait toujours à des choses impossibles. Ou elle ne serait plus Minnie. En tout cas, elle avait rapidement annoncé la nouvelle à tout ses colocataires. C'était THE news de l'année. Elle devait mettre tout le monde au courant. Elle serait même capable de faire une annonce dans le ciel avec un avion. Mais elle n'avait malheureusement pas son permis de pilote. Too bad. Mais elle cassa rapidement les oreilles de tout le monde en répétant sans arrêt la nouvelle. Pour faire bien les choses elle regarda Nemo avant de se coucher, et prononçait à chaque fois les répliques de Dory en même temps qu'elle. Elle avait également parlé baleine toute la journée, mais ce n'était peut-être pas le meilleur moyen de communiquer sur Terre. Elle ne connaissait pas de baleine à proximité, donc elle se contentait de parler à Lys ou Karina comme ça. Sans préciser que c'était un langage de baleine, elle ne voulait pas qu'elles le prennent mal.
La jeune n'ayant ensuite pas réussi à trouver le sommeil, elle attrapa soudain de la peinture qui traînait dans sa chambre et se mit à dessiner Dory sur son mur. Elle avait déjà dessiné tout un tas de choses sur ses murs, parfait support pour ses idées folles. Surtout qu'elle avait surtout des envies de dessiner à 3h du matin. A quoi bon dormir de toute manière ? Dormir n’accélérerait pas le temps jusqu'en 2015. Dessiner Dory sur son mur non plus. Mais elle avait été horrifiée de constater qu'elle ne l'avait toujours pas fait. Elle finit par tomber de sommeil vers 5h du matin, de la peinture sur le visage et un peu partout sur ses mains et bras. Plongée dans un sommeil profond il lui fallut un moment avant d'entendre que quelqu'un frappait à sa porte. Quelqu'un venait lui annoncer que le monde de Dory allait sortir plus tôt ? Ou bien quelqu'un venait l'attaquer parce qu'elle n'avait pas annoncé la nouvelle à assez de personnes ? Oui elle n'était clairement pas réveillée. Se redressant, elle s'exclama alors. « Si c'est pour m'annoncer que le monde de Dory aura du retard tu peux partir. » Puis elle remarqua que c'était Kovu et elle ajouta alors : « Oh. Tu n'es pas un méchant monsieur. » Et sourit, l'air encore endormi.

Kovu était tremblant. Il sortit du commissariat la gorge nouée et il leva sa main devant ses yeux pour cacher le soleil. C'était un cauchemar, un vrai cauchemar. Il tourna la tête vers sa soeur, elle était livide... il se sentit déglutir... il avait envie de crier, il avait envie de tout casser. Il se contenta de regarder sa soeur avant de la serrer contre son coeur, il s'excusa auprès d'elle, il s'en voulait tellement. Mais avant qu'elle ne puisse l'interroger, il s'enfuit en courant. Son premier réflexe fut de penser à voler une voiture... mais ce n'était vraiment plus le moment. Tant de pensées se bousculaient dans sa tête, il pensa à la fuite... mais pour aller où ? Sa famille était ici... il pâlit, comment allaient-ils faire ? Pour l'école, pour la nourriture, pour... les conduire le matin... combien de temps allait-il être absent de leurs vies ? Quand il fut finalement à bout de souffle, il regarda autour de lui et cligna des yeux en reconnaissant la rue de Minnie, ses pas l'avaient menés vers elle... le jeune jamaïcain se mordit les lèvres avant de faire demi-tour, prêt à fuir une nouvelle fois... sauf qu'une boule dans son ventre pris place à l'instant où il fit un pas... non, il ne pouvait pas fuir face à Minnie, il ne l'avait jamais fait jusqu'à présent. D'un pas hésitant, il se remit en marche pour aller rejoindre son appartement et il frappa, si personne ne répondait, c'était qu'il ne devait sans doute pas voir Minnie, voilà, comme ça, personne ne pourrait dire qu'il n'avait pas essayé... sauf qu'on vint lui ouvrir... le type bizarre qu'il n'aimait pas trop. Il lui fit un signe de tête en guise de salut, sa gorge était trop nouée pour qu'il puisse parler librement. Il se dirigea mécaniquement jusque la chambre de Minnie où il frappa une nouvelle fois... elle dormait sans doute, il était si tôt... lui n'avait pas su dormir de la nuit, il n'avait pas su. « Si c'est pour m'annoncer que le monde de Dory aura du retard tu peux partir. » Kovu sentit un sourire s'étendre sur ses lèvres sans pouvoir s'en empêcher, Minnie était parfaite, la femme parfaite, celle qui pouvait le faire se sentir léger à n'importe quel moment... elle était tellement unique, spéciale, il savait qu'il ne pourrait aimer aucune autre, parce qu'aucune autre ne pourrait avoir son innocence, sa douceur, sa façon optimiste de voir la vie avec des yeux d'enfants. Kovu poussa légèrement la porte pour voir Minnie dans son lit, elle venait de se réveiller et ça se voyait. « Oh. Tu n'es pas un méchant monsieur. » Kovu arrêta soudainement de sourire. Il ouvrit la bouche avant de la refermer et baisser la tête. « Si je le suis... » il se passa la main dans les cheveux avant de rire de façon nerveuse. Il s'approcha alors de Minnie de façon prudente, il se mit alors au bout de son lit, il était tendu, ça se voyait clairement. « Je me suis fait prendre Minnie... » avoua-t-il d'une voix enrouée. Il se mit à rire de façon dégrisée, il s'en voulait tellement... il allait aller en prison, il ne se faisait aucune illusion, il n'avait pas l'argent pour un avocat, il n'avait aucune chance de gagner son procès, il allait en prison... il allait laisser tomber tous ceux qui comptaient sur lui et ça le tuait.

Minnie n'était clairement pas bien réveillée. Inutile d'être un génie pour s'en rendre compte – même si c'était cool d'être un génie. Elle remarqua qu'elle avait encore de la peinture sur ses mains, peut-être même sur le visage mais elle s'en désintéressa rapidement. Kovu l'intéressait davantage. Et comme elle le fit remarquer ce n'était pas un méchant venu lui retirer tout son enthousiasme pour la suite de Nemo. Et il n'avait pas l'air... dans son assiette, constata-t-elle assez rapidement. « Si je le suis... » Elle se frotta les yeux, fronçant les sourcils de perplexité. « Ne dis pas de bêtises. » Elle le regarda s'asseoir au bout de son lit comme si c'était une créature curieuse. Il n'était pas dans son état normal. Elle pouvait le sentir tout comme une voyante voyait l'avenir. Mais elle n'avait aucune idée du futur. Ni de la raison de son état. Le rire qu'il lâcha ne rassura pas la jeune femme. Ce n'était pas un rire normal non plus. Quelqu'un lui avait volé son rire. Quelqu'un avait-il empoisonné son Kovu ? Ou pire, fait un rituel vaudou. Ces trucs existaient, elle en était persuadée. Et le matin, le cerveau encore envahi de rêves, son imagination était encore plus grande. Elle s'imaginait déjà en train de poursuivre le magicien ou la magicienne qui l'aurait attaqué. Même si elle n'aurait aucune idée de comment le/la combattre. Elle trouverait sûrement un moyen de lui faire peur, elle ne doutait pas de sa « redoutabilité ». « Je me suis fait prendre Minnie... » Encore ce rire. Il lui donna cette fois-ci des frissons. Elle ne comprit pas pour autant tout de suite la situation. Ce n'était donc pas un sorcier vaudou. « Tu t'es fait prendre ? Répéta-t-elle. » Elle abaissa la tête sur le côté l'air un peu songeuse. Il lui en demandait beaucoup de réfléchir comme ça, après sa petite nuit. On pouvait se faire prendre par n'importe quoi. Des aliens, un troupe de cirque, une secte, des boudas, des chats en colère... Puis l'information monta, difficilement, mais finit par arriver à son cerveau embrumé. Et ses yeux s'ouvrirent alors très grand. « Tu t'es fait prendre... prendre ? » Elle s'approcha de lui, marchant sur les genoux, et attrapa son bras, serrant son poignet dans ses mains. « Mais tu es dehors. C'est qu'ils te gardent pas. Dit-elle aussitôt d'un air convaincu. » S'il était là, c'est qu'il n'y avait pas de problème. Ils ne pouvaient pas le garder de toute manière. Elle en était persuadée, il était trop gentil, trop bon pour qu'on le punisse de quoique ce soit. « Ce n'est pas une blague hein ? » Elle ne savait jamais quelle date on était mais il y avait eu le premier avril il y a peu. Peut-être que finalement c'était juste une blague. Et qu'il jouait très bien la comédie. « Parce que ce n'est pas très drôle. » Et elle avait le rire facile pourtant. Même un peu trop.

Kovu vivait un cauchemar dont il aurait aimé se réveiller. Il ne comprenait pas toutes les subtilités de ce dans quoi il était tombé, on avait tenté de lui expliquer ses droits, mais lui tout ce qu'il avait compris c'était qu'il risquait gros. Comme partout, le vol était considéré plus durement que d'autres crimes, c'était juste comme ça mais il ne l'avait jamais vraiment réaliser, il avait pensé que jamais il ne se ferait prendre. Il avait envie de rire amèrement devant tant de naïveté, il avait été sot. Il aurait dû trouver un autre métier, moins dangereux, moins risqué mais surtout moins condamnable par la loi... et s'il restait longtemps derrière le trou ? Et si... il loupait des années importantes chez ses frères et soeurs ? Et Zolà... « Ne dis pas de bêtises. » il se tourna vers Minnie pour la regarder de façon désespérée, il aurait aimé croire ça, il aurait vraiment aimé... mais comment faire pour passer pour quelqu'un de bien quand on allait passer quelques mois ou années en prison ? « J'aurais aimé mentir, je pense que je l'ai fait pendant des années, mais les faits sont là Minnie, je ne suis pas quelqu'un de bien, je suis un voleur, un petit arnaqueur de pacotilles, j'ai dealé durant des années, j'ai les mains sales. Je ne suis pas quelqu'un de bien ! » cracha-t-il avec amertume. Heureusement que ça, tout le reste, ses jurées ne le sauraient pas, une charge était déjà largement suffisante. Il observait Minnie à la dérobée, elle ne comprenait pas, elle avait encore le regard ensommeillée et elle était encore dans "l'univers de Minnie" là où tout était beau et brillant et où il pouvait encore se faire passer pour une sorte de Prince Charmant. Bref, sa réalité était si éloignée de la réalité... il finit par lui dire les choses simplement, parce que ça ne servait à rien de rentrer dans trop de détails. « Tu t'es fait prendre ? » dit-elle incrédule, elle ne comprenait pas trop dans quoi, il lui laissa le temps de réfléchir « Tu t'es fait prendre... prendre ? » il émit un rire amer avant d'opiner de la tête, trop peu sûr de quoi dire pour dire vrai. Elle s'approcha de lui et lui serra le poignée, il éloigna brusquement ses mains, elle ne pouvait pas le toucher, elle n'avait pas le droit de le consoler. « Ne me touche pas » dit-il plus sèchement qu'il ne l'aurait souhaité, elle ne pouvait pas le toucher, elle ne pouvait juste pas, pas maintenant. Lui était le coupable, pas un condamné à tord. « Mais tu es dehors. C'est qu'ils te gardent pas. » « Shanice à payer la caution... » finit-il par dire en baissant la tête, il s'en voulait, l'argent n'était pas quelque chose qu'ils jetaient par la fenêtre d'habitude... « Ce n'est pas une blague hein ? Parce que ce n'est pas très drôle. » Kovu finit par regarder Minnie quelques secondes dans les yeux, il leva la main pour lui caresser le visage et la rassurer... mais il arrêta son geste et finit par reposer mollement son bras à ses côtés. « Je vais aller en prison, je ne trouve pas ça très drôle non plus, mon jugement sera prononcé dans deux semaines... » avoua-t-il alors en se sentant littéralement abattu, il allait aller en prison, peut-être qu'il allait revoir des anciens amis du Bronx... il releva alors la tête une lueur déterminée dans le regard. « Je veux que tu me promettes une chose Minnie » dit-il sérieusement le regard brillant de résolution.

Elle n'aimait pas du tout la tête qu'il faisait. Ça lui donnait envie à la fois de le serrer dans ses bras et de pleurer. Quand elle était petite sa mère lui avait raconté que les larmes étaient la potion magique des sourires. Peu importe si on pleurait, on finissait toujours par retrouver le sourire. Elle aimait bien penser ça, mais en même temps elle n'avait jamais été réellement triste... « J'aurais aimé mentir, je pense que je l'ai fait pendant des années, mais les faits sont là Minnie, je ne suis pas quelqu'un de bien, je suis un voleur, un petit arnaqueur de pacotilles, j'ai dealé durant des années, j'ai les mains sales. Je ne suis pas quelqu'un de bien ! » Elle n'était pas d'accord. Il faisait ce qu'il faisait parce qu'il devait survivre. Ce n'était peut-être pas très légale mais dans son esprit Minnie s'était toujours dit que les exceptions étaient permises. Quand on a plusieurs frères et sœurs à nourrir, on pouvait bien se permettre de d'enfreindre quelques lois ? C'était comme pour la magie, on l'utilisait pour se faciliter la vie. Kovu ne faisait que de la magie pour survivre et s'occuper des siens. Qu'y avait-il de répréhensible à cela ? « Ce n'est pas vrai, répondit-elle obstinément, secouant même la tête. C'est pour ta famille que tu le fais. Je trouve au contraire que c'est très courageux. » Elle avait beau être endormi, elle finit par comprendre ce que voulait dire Kovu par « s'être fait prendre ». Elle s'était approchée de lui et avait agrippé son bras mais il la repoussa, sèchement. « Ne me touche pas » Elle le regarda un instant figée, puis rapprocha ses mains l'une de l'autre et les entortilla l'air gêné. « Pardon, dit-elle d'une petite voix. » Elle baissa la tête et se mordit la lèvre pour ne pas pleurer. Il suffisait d'avoir des pensées heureuses, ça passerait. Il n'était pas en prison après tout, c'est qu'il ne comptait pas le garder, et elle lui lui fit aussitôt remarquer. « Shanice à payer la caution... »  Elle releva la tête pour la pencher sur le côté. Elle savait ce que c'était mais elle ne s'y connaissait pas en prison. Il n'y avait pas eu de Disney dessus donc ce n'était pas vraiment son domaine d'expertise. « Je vais aller en prison, je ne trouve pas ça très drôle non plus, mon jugement sera prononcé dans deux semaines... » Non, ce n'était pas possible, elle ne voulait pas. Elle voyait en même temps la souffrance sur le visage de Kovu et elle sentait juste son cœur se serrer comme si quelqu'un l'avait pris dans sa main pour faire un câlin, mais finalement c'était bien plus douloureux. « Mais si tu te défends, si tu leur expliques, peut-être qu'ils comprendront... » Elle vivrait toujours dans l'illusion que si on disait la vérité, les gens ne pouvaient que nous croire. Pourquoi penser toujours à mal ? « Je veux que tu me promettes une chose Minnie » Elle le regarda aussitôt avec espoir. « Tout ce que tu veux. » C'était Kovu, elle ferait toujours tout pour lui faire plaisir et qu'il soit heureux. Et si elle pouvait faire quoique ce soit pour l'aider, elle le ferait.

« Ce n'est pas vrai. C'est pour ta famille que tu le fais. Je trouve au contraire que c'est très courageux. » Kovu eut un rire amer en l'entendant, évidemment, Minnie refusait de voir qu'il avait vraiment foiré et fait des choses répréhensible, elle parlait avec son coeur en oubliant les faits. Il secoua la tête avant de la regarder dans les yeux. « Ce qui aurait été courageux c'est survivre sans faire tout ça... des gens y arrivent. Mais j'ai toujours voulu plus d'argent, j'ai toujours eu envie d'être plus riche, d'offrir plus à mes frères et soeurs... mais j'aurais pu me contenter du minimum... c'est juste... » sa voix s'enroua à ce moment-là. Il se sentait à bout émotionnellement, il se passa les deux mains sur le visage, il était si nul, il se sentait pitoyable et jamais il n'allait se pardonner cette erreur. « J'ai voulu combler leur manque de figure parentale en leur offrant des objets inutiles... j'aurais pu être plus souvent là pour eux... c'était tout ce qu'ils demandaient après tout... » finit-il par dire dans un souffle, abattu. Minnie tenta ensuite de l'approcher mais Kovu la repoussa sèchement, il savait qu'il ne devait pas, que ce n'était pas bien, elle était Minnie, et elle était douce, elle tenait à lui en plus mais... il ne pouvait pas supporter le moindre réconfort en cet instant, il était fautif sur toute la ligne donc bon. « Pardon. » Kovu l'observa quelques secondes, elle semblait sur le point de pleurer et cette idée retourna le coeur du jamaïcain, il sentit sa gorge se nouer et il s'approcha doucement d'elle avant de se permettre de lui toucher la joue pour la caresser avec affection. « Tu n'as pas à t'excuser, c'est moi, pardon... » murmura-t-il du bout des lèvres. Il l'aimait tant et il lui faisait du mal. Il détourna le visage et finit par arrêter sa caresse. Il laissa retomber son bras et il se contenta d'attraper la main de Minnie dans la sienne. Il avait cette impression d'être un peu plus fort tant qu'il pouvait établir le moindre contact avec la brune. Kovu dû expliqué les choses à Minnie, de façon simple, en toute honnêteté, il avait peu de chances de s'en sortir sauf s'il trouvait un super avocat, mais il n'avait pas les moyens de s'en offrir un et il n'avait pas la possibilité de voler une nouvelle fois pour se redonner les moyens... « Mais si tu te défends, si tu leur expliques, peut-être qu'ils comprendront... » « C'est l'avocat qui va me défendre, pas moi... et c'est un jury qui va me juger et décider de ma sentence... tout ce que je peux faire c'est accepter le jugement d'inconnus... » expliqua-t-il simplement, le coeur lourd... il allait devoir compter sur la bonté de gens qu'il ne connaissait pas, et comme il avait eu très peu de chance dans sa vie, il ne donnait pas cher de sa peau. Finalement, Kovu demanda à ce que Minnie lui promette une chose, il avait besoin qu'elle lui fasse cette promesse plus que tout. « Tout ce que tu veux. » il sourit avant de la regarder dans les yeux. Il se rappela alors de leur première rencontre, de la première fois qu'il avait pensé qu'elle était complètement folle, de la première fois qu'ils avaient regardés un film ensemble, de leur premier baiser, gosh, tant de souvenirs, elle avait illuminée sa vie, réellement, elle était quelqu'un de bien, quelqu'un qui ne méritait pas de plonger avec lui, elle méritait mieux. « Ne m'attends pas Minnie. » exigea-t-il alors le regard déterminé. « Tu mérites mieux, tu mérites quelqu'un de bien » dit-il avec un sourire triste. Elle était la meilleure chose dans sa vie et il la laissait filer entre ses doigts parce qu'elle méritait mieux, c'était la meilleure solution, même si ça lui crevait le coeur de part en part.

La jeune fille ne voulait pas voir la vérité en face. Kovu avait beau lui dire, elle n'avait pas envie de croire à ce qu'il disait. Elle préférait rester enfermer dans cette idée que ce qu'il faisait n'était pas si grave, il n'avait tué personne après tout. « Ce qui aurait été courageux c'est survivre sans faire tout ça... des gens y arrivent. Mais j'ai toujours voulu plus d'argent, j'ai toujours eu envie d'être plus riche, d'offrir plus à mes frères et soeurs... mais j'aurais pu me contenter du minimum... c'est juste... » Elle baissa la tête avec un air résigné. Elle savait que c'était quelque chose de sérieux et elle n'avait jamais aimé ça justement. C'était ce qui lui avait toujours fait peur dans la vie : devenir trop sérieuse. Mais d'un autre côté il y avait bien des moments où on était obligé de l'être, comme là. Elle avait mal au cœur rien qu'en regardant Kovu, si mal à l'aise et « à bout », elle n'avait pas l'habitude de le voir comme ça. « J'ai voulu combler leur manque de figure parentale en leur offrant des objets inutiles... j'aurais pu être plus souvent là pour eux... c'était tout ce qu'ils demandaient après tout... » Minnie le regarda un instant avant de répondre, troublée par ses paroles : « Tu as fait ce que tu as pu Kovu. Tu n'avais personne d'autres pour t'aider à part tes frères et sœurs. » Personne ne lui avait montré l'exemple, il s'était débrouillé comme il le pouvait. Certes il aurait pu faire autrement mais Minnie restait persuadée que ce n'était pas si grave. « Tout le monde peut faire des erreurs. Ajouta-t-elle d'une petite voix. » Quand elle avait ensuite essayé de s'approcher de lui, Kovu la rejeta plutôt séchèment. Elle s'excusa, ne sachant plus quoi faire de ses mains et se retenant de pleurer pour ne pas le gêner. Elle sentit soudain sa main sur sa joue et elle releva les yeux sur lui, tentant de faire un petit sourire. « Tu n'as pas à t'excuser, c'est moi, pardon... » Il n'avait pas à s'excuser non plus. Il était inquiet et enfoui dans des problèmes qui dépassaient ce qu'aurait pu imaginer Minnie – elle s'imaginait des choses beaucoup plus fantasques et optimistes que ce genre de scénarios... Il arrêta sa caresse et prit sa main dans la sienne. La jeune femme la serra, ne voulant pas la laisser s'échapper, comme si elle avait peur qu'il disparaisse si elle le relâchait. « C'est l'avocat qui va me défendre, pas moi... et c'est un jury qui va me juger et décider de ma sentence... tout ce que je peux faire c'est accepter le jugement d'inconnus... » Elle poussa un soupir, un poil découragé. C'était plutôt inhabituelle de la voir comme ça mais elle ajouta quand même avec espoir. « Peut-être qu'ils ne seront pas trop sévères si c'est la première fois que tu t'es fait attrapé... » Elle ne savait pas vraiment comment ça se passait dans ce genre de salles. Mais elle était sûre et certaine que ça devait être des salles très austères et aussi peu accueillantes que la demeure d'Hadès dans Hercule. Le jeune homme lui demanda ensuite de lui promettre quelque chose, elle répondit aussitôt qu'elle ferait tout ce qu'il voulait. Elle était prête à le faire, elle l'aimait et si elle pouvait l'aider de n'importe quelle manière elle le ferait. « Ne m'attends pas Minnie. » Pourquoi ne l'attendrait-elle pas ? Elle fronça aussitôt les sourcils. « Tu mérites mieux, tu mérites quelqu'un de bien » Elle n'avait pas envie d'entendre ça. Elle ne méritait pas quelqu'un de mieux. Le mieux pour elle c'était Kovu et elle ne pouvait imaginer quelqu'un d'autre. « Trouver mieux ? Qu'est ce que tu veux dire ? » Elle ne voulait pas comprendre. Pourquoi lui demandait-il ça ? « Je ne peux pas. Je ne peux pas te promettre ça. Ajouta-t-elle avec un air résolu. » Plutôt rare qu'elle ne tienne pas ses promesses mais il ne pouvait pas lui demander ça. Il savait que ça la rendrait triste non ?

« Tu as fait ce que tu as pu Kovu. Tu n'avais personne d'autres pour t'aider à part tes frères et sœurs. » Kovu se mordit la lèvre inférieure, il comprenait Minnie, il la comprenait si bien en même temps. Elle était son amie d'enfance, il avait appris à comprendre sa bizarrerie et sa fonction de marcher, il s'y était fait. Son côté optimiste, enfantin, à voir le bon chez chacun, la vision des choses de Minnie l'avait fait rêvé, il avait voulu voir le monde avec les yeux de la jeune femme. C'était pour ça qu'il avait gravité autour d'elle durant son adolescence, parce qu'elle apportait une clarté et une innocence dans son monde déjà tant souillé par la déception et les responsabilités qui n'auraient jamais dû incombé sur les épaules d'un jeune garçon. Et pourtant en faisant ce qu'il avait fait, il avait juste été dans la facilité et rien d'autres. Autant être honnête, ses parents étaient venus en Amérique pour leur offrir une vie plus paisible, son père se tuait au travail, sa mère ne baissait jamais les bras et restait toujours souriante, ils étaient doux, plein de principes... et à leur mort, Kovu avait juste tout balayé pour aller à l'argent simple. Il avait détruit des vies, il l'avait vu au bout de deux ans d'avoir été dealer... il avait longtemps eu cette boule au ventre mais au lieu d'arrêter, au lieu de faire stop... il avait continué au point de presque détruire Mia... et gosh, il l'aimait tellement à l'époque, il ne se l'était jamais pardonné de ne pas avoir su tout plaquer... et encore aujourd'hui... s'il ne s'était pas finalement fait prendre, il ne se serait pas arrêté. Il prenait des risques en étant tout à fait conscient de ça, il ne pouvait pas blâmer quelqu'un d'autre hormis lui-même. « Tout le monde peut faire des erreurs. » Kovu la regarda quelques secondes avant de secouer la tête, complètement désabusé. « Tout le monde ne paie pas de ses erreurs en passant devant un jury » dit-il simplement. Tout le monde pouvait fauter. Mais pas dans son domaine, une erreur dans son milieu et c'était la prison. Si on approfondissait sa vie, il était cuit et recuit et il pouvait être sûr de finir au trou pour le restant de ses jours... avec un peu de chance, et si son avocat se battait suffisamment, il pourrait écoper d'une année tout au moins. Ensuite Kovu repoussa Minnie, pas fort, juste... il ne pouvait pas accepter d'être consolé. Mais en voyant sa mine, en voyant son petit visage se décomposer, il tendit la main pour la caresser, pour établir un contact physique même minime pour la consoler un peu, pour tenter de la rassurer, parce qu'il avait toujours estimé que c'était son rôle de la protéger. La laisser dans sa bulle d'innocence, c'était ce qu'il avait toujours voulu, la protéger du monde extérieur pour continuer de la voir briller... mais il aurait dû se douter qu'il était un danger lui-même, avec toutes ses activités et son passé... il avait été égoïste de penser qu'un type comme lui pouvait protéger quelqu'un comme Minnie. « Peut-être qu'ils ne seront pas trop sévères si c'est la première fois que tu t'es fait attrapé... » elle était si pleine d'espoir qu'il sourit doucement. « Peut-être oui » il chassa son côté réaliste, un peu d'espoir ne pouvait pas tuer après tout... et si ça pouvait rassurer la jeune brune il était prêt à tout. Cela dit, il ne pouvait pas la faire tomber avec lui, il allait tout droit en prison, il le savait, et jamais il n'accepterait que Minnie vienne le voir dans cet endroit, elle n'était pas faite pour ce genre de monde, elle ne devait juste pas... il ne se le pardonnerait jamais de la faire plonger dans quelque chose comme ça, surtout pour lui. Alors il devait lui faire promettre quelque chose, pour être sûr que cela ne se produirait pas. Évidemment, elle lui promit aussi tôt de faire ce qu'il voulait, il s'était attendu à ça, il la connaissait après tout. Et c'est là qu'il lui dit de ne pas l'attendre, de se trouver quelqu'un de mieux, quelqu'un de bien. « Trouver mieux ? Qu'est ce que tu veux dire ? Je ne peux pas. Je ne peux pas te promettre ça. » Kovu serra doucement sa main dans celle de Minnie, il porta ensuite sa paume à ses lèvres avant de l'embrasser légèrement, délicatement, parce qu'elle était l'être le plus précieux de sa vie et qu'il tenait à elle plus qu'à lui. « Tu as déjà promis Minnie... » murmura-t-il simplement tout en haussant les épaules. « Minnie, je sais que tu ne veux pas... mais regarde nous. Je vais aller en prison, et qui sait dans combien de temps je vais en sortir ? Tu es quelqu'un de brillant Minnie, tu as une vision de la vie tellement belle... je ne peux pas te demander d'attendre pour moi... et si je change pendant que je suis là ? Et si tu rencontres un type bien pendant que je suis là... c'est des choses qui arrive, c'est la vie... je t'aime. Mais avant de t'aimer j'étais ton meilleur ami. Et j'ai toujours voulu ton bien. Et je ne vais rien t'apporter de bien en restant avec toi, tu mérites autre chose. » dit-il très sérieusement et le plus doucement possible.

« Tout le monde ne paie pas de ses erreurs en passant devant un jury » Minnie avait toujours eu du mal à faire face à la réalité. Trop dure. Pas assez amusante. Pas amusante du tout. Au fond ce n'était qu'une jeune fille trop effrayée pour voir les choses en face, alors elle s'inventait d'autres réalités, d'autres possibilités. Et elle en oubliait parfois que tout ne se passait pas comme dans un dessin animé ou conte. Si Flynn Rider arrivait à s'en sortir, pourquoi pas Kovu après tout ? Mais ça ne marchait pas comme ça dans la vraie vie. Malgré tout elle voulait avoir de l'espoir, n'était-ce pas tout ce qu'il lui restait à ce stade là ? Peut-être qu'ils ne seraient pas méchants, peut-être qu'il n'irait pas en prison, peut-être que tout irait bien. « Peut-être oui » Trop de peut-être. Il avait beau tenter de sourire et de la rassurer, de la conforter dans son illusion, elle sentait l'inquiétude la ronger de plus en plus. Pourquoi maintenant, alors que tout allait si bien ? Kovu lui demanda de promettre quelque chose et elle accepta aussitôt, pensant qu'il lui demanderait son aide. Pas qu'il dise ce genre de choses. Ne pas l'attendre, pourquoi ? Ce n'était pas de l'attente. Dans son esprit, qu'il soit près d'elle ou non, ils étaient toujours reliés. Pourquoi mériterait-elle mieux, si elle avait déjà la personne qui la rendait la plus heureuse auprès d'elle ? Il ne pouvait pas lui demander ça, non il ne pouvait pas. « Tu as déjà promis Minnie... » Elle hocha la tête pour dire que non. Elle ne pouvait pas accepter ce qu'il disait, ce n'était pas vrai. Comment pouvait-il décider à sa place de ce qu'elle méritait. Elle ne voulait pas mieux, ce qu'elle avait était déjà parfait à ses yeux. Quand il eut fini de parler, elle le regarda un instant et sentit une larme couler sur sa joue sans qu'elle puisse la retenir. Elle retira sa main de la sienne et se leva. Elle se planta devant, si on pouvait appeler ça comme ça, son bureau, dos à lui et croisa les bras. Elle examina ses mains et tenta de gratter la peinture mais sa vision se brouillait de plus en plus, et tout devenait flou. Prenant une inspiration elle finit par arriver à articuler quelque chose : « Et si j'ai déjà trouvé le mieux pour moi ? Je ne veux pas rencontrer quelqu'un d'autre. » Elle baissa la tête, ses cheveux recouvrant son visage et ajouta d'une petite voix : «Je ne suis pas une enfant. Tu ne peux pas décider pour moi. » Même si elle se comportait comme telle 99,9% de son temps, elle comprenait bien plus de choses qu'elle ne voulait l'admettre. Et pourtant elle s'obstinait comme une enfant, elle ne voulait pas l'écouter, ni voir la vérité en face. Si elle avait réellement été mature, elle l'aurait laissé partir. Elle aurait du apprendre que tout le monde finissait par partir. Ses parents, encore au Pôle Sud, revenaient rarement, sa grand-mère qui avait déménagé et maintenant Kovu. Mais ils l'aimaient. Était-ce une excuse magique, qui pouvait tout pardonner ? Elle s'essuya les yeux, tentant de calmer ses larmes sans succès. « Si tu m'aimais vraiment, tu ne me demanderais pas de te laisser, lâcha-t-elle finalement. » Une nouvelle fois, elle s'obstinait, comme une enfant.

Kovu observa la larme perler à l'oeil de Minnie, il se figea à cette vision et il suivit le parcours de sa tristesse. C'était sa faute et Kovu eut l'impression de recevoir un coup de poing dans le ventre. Il eut aussi tôt envie de prendre la jeune femme dans ses bras pour la consoler, la rassurer, lui dire que tout allait bien se passer même si c'était pour mentir. Mais Minnie se leva et lui tourna le dos. Il baissa la tête, coupable de tout ce que Minnie ressentait. Il lui avait fait de la peine alors que depuis qu'il était adolescent, il s'était toujours promis le contraire. Il se mordit les lèvres et attendit que Minnie parle, il ne pouvait pas la brusquer, il avait bien trop peur de lui faire encore plus de peine. « Et si j'ai déjà trouvé le mieux pour moi ? Je ne veux pas rencontrer quelqu'un d'autre. » Kovu sentit sa gorge devenir sèche. Il écarquilla les yeux et des sentiments contradictoires envahirent son coeur, il ne savait pas s'il devait être heureux ou accablé... il préféra faire le vide dans son esprit. « Minnie... » dit-il simplement sur un ton rempli de douceur. Il ne pouvait pas lui dire les mots qu'elle voulait entendre, il savait au plus profond de son coeur qu'il allait la blesser s'ils restaient ensemble, il savait qu'il ne pouvait pas amener Minnie le voir là-bas, il ne le supporterait, il ne pouvait pas lui infliger cette vie, elle était sa meilleure amie, la femme qu'il aimait plus que tout et son rôle était de la protéger... et même de lui s'il le fallait. « Je ne suis pas une enfant. Tu ne peux pas décider pour moi. » Kovu était d'accord, il ne pouvait pas l'obliger mais... « Toi non plus Minnie. On ne peut pas être un couple tout seul » lâcha-t-il alors en se redressant du lit de Minnie pour se tenir droit, il avait envie de rejoindre la brune pour la serrer dans ses bras. Mais ça allait lui faire plus de peine lorsqu'il partirait. Parce que c'était la seule chose à faire. « Si tu m'aimais vraiment, tu ne me demanderais pas de te laisser, lâcha-t-elle finalement. » il ferma les yeux. Il aimait Minnie depuis qu'elle était rentrée dans sa vie. Il l'avait aimé comme amie, puis meilleure amie, puis comme femme. Il aimait ce qu'elle avait été, ce qu'elle était et il était sûr qu'il l'aimerait toujours. Il se passa la langue sur la bouche avant d'inspirer longuement. Il l'aimait, elle l'aimait, mais c'était impossible. Et c'était à lui de mettre fin à ça, parce qu'il ne pouvait pas trainer Minnie avec lui quand il allait plonger. Elle ne méritait pas ça. « Tu as raison Minnie. Je suppose que ça veut dire que je t'aime moins que je le pensais » lâcha-t-il durement. Il se sentait abattu mais il n'avait pas le choix. « C'est fini Minnie... » finit-il par dire en serrant les poings. « Je dois y aller, je... suis désolé » ajouta-t-il finalement. Dans un réflexe, il avait fait un pas vers Minnie pour la serrer dans ses bras... mais il ne pouvait pas la consoler après être celui qui lui avait fait de la peine. Il lança un regard rempli de tristesse avant de se diriger vers la porte. Il eut un instant d'hésitation alors qu'il avait sa main sur la poignée de la porte. Il secoua la tête avant de partir. Il n'y avait rien à rajouter. Tout ce qu'il pouvait espérer c'était un jour la revoir sans éprouver de pincement au coeur.