Sergeï n’avait pas manqué à sa promesse et l’avait effectivement conduite à son rendez-vous chez le gynécologue, mais ils étaient à peine sortis de l’hôpital que déjà, son assistante l’appelait pour une « urgence ». Vioryna prit la chose avec philosophie, espérant simplement qu’ils pourraient passer la soirée ensemble comme c’était prévu, à défaut que le reste de la journée ne puisse être partagé… une fois de retour au manoir, le cliché de l’échographie entre les mains, c’est une jeune russe particulièrement éblouissante qui mit en place un petit dîner romantique aux chandelles, incapable qu’elle était de rester simplement allongée toute une après-midi durant sans même pouvoir se dégourdir les jambes. Elle avait passé une bonne partie de celle-ci à bavasser avec le cuisinier, à lui apporter son aide, pour au final recevoir une visite surprise de l’assistante de Sergeï à son plus grand étonnement. Celle-ci avait un comportement étrange, irascible, nerveux. Si Vioryna n’avait pas tenté d’apprendre à maîtriser ses crises de jalousie, sûrement serait-elle partie du principe que cette femme cherchait à prendre l’homme d’affaires dans ses filets… mais contre toute attente, elle s’incrusta, incapable d’être délogée du manoir malgré les nombreuses tentatives de la jolie violoniste.

Ce n’est finalement qu’une fois Sergeï rentré qu’elle put enfin souffler : il allait sûrement être en mesure de la déloger de leur salon… la jeune femme se dirigea dans le hall afin de l’accueillir dans une magnifique robe rendant fabuleuses ses nouvelles rondeurs de grossesse, tandis qu’elle espérait que la préparation de leur petit dîner ne serait pas gâchée par la présence de cette femme qu’elle ne supportait déjà plus. « Je ne sais pas ce que tu lui as fait mais elle ne veut plus partir ! Je ne sais pas si tu l’as chassée un peu trop brusquement ou si elle veut t’arracher tes vêtements mais j’ai cru que j’allais l’étriper… je t’en prie règle ça que l’on puisse passer la soirée tous les deux ! Qu’elle ne t’emmène pas dans un nouveau contrat interminable car même si je respecte énormément ce que tu fais ce n’est pas négociable je veux qu’elle s’en aille ! Elle n’est pas chez elle après tout… »

Vioryna sentit les pulsations de son cœur s’accélérer brusquement face au discours de cette assistante ayant manifestement perdu la tête. L’espace d’un dixième de seconde, la jeune russe avait été tentée de maudire son mari, mais en voyant son expression surprise et glaciale, elle dû admettre qu’il s’agissait sûrement de la folie de cette femme… à moins qu’il ne soit un extraordinaire acteur, mais Vioryna voulait croire que ce n’était pas le cas, pas en face d’elle en tout cas. Elle déglutit donc avec difficulté, demeurant en retrait pour ne surtout pas envenimer la situation, mais manqua de s’étrangler en avant sa salive tant sa gorge s’était soudainement serrée : avait-elle mal entendu ? Cette fois, ce fut nulle autre que la jolie violoniste qui lança un regard désespéré à Sergeï, priant implicitement pour qu’il démente ces propos scandaleux sur le champ. Cette, Vioryna pouvait lire une colère grave dans le fond du regard de son mari mais sa réaction fut… insuffisante pour calmer une telle bombe lâchée ainsi dans leur manoir, et alors qu’ils étaient censés passer une agréable soirée… qu’elle s’était donné beaucoup de mal à préparer, en vérité. « Je ne sais pas quelle mouche vous pique ni ce que vous cherchez mais je vous préviens amicalement : vous avez trente secondes pour me débarrasser le plancher ou nous allons devoir refaire tout le salon lorsque je me serais occupée de votre cas ! »

Le regard brillant de rage, les poings serrés, les lèvres pincées, Vioryna faisait vraiment peur. C’était d’autant plus effrayant que personne ne pouvait soupçonner une telle réaction possible de sa part, pas alors qu’elle paraissait toujours si douce, si fragile… mais là, cette affreuse femme s’attaquait à ce qu’elle avait de plus précieux, à savoir sa famille, et il n’était pas question qu’elle joue les simples marionnettes trop fragiles pour agir. Soit elle consentait à revenir à la raison, soit la jeune femme se trouverait capable des pires folies pour lui botter le cul hors de leur maison. « Je suis restée courtoise avec vous mais je vous déconseille de me pousser à bout ! » Quand elle s’y mettait, la jeune russe devenait une vraie tigresse incontrôlable. A ceci près qu’un tel accès de rage n’était pas du tout indiqué dans son état et que sa respiration était devenue trop irrégulière pour qu’elle n’en paye pas le prix. Vioryna dû fermer les yeux quelques secondes pour tâcher de garder la face mais son corps finit par la rappeler définitivement à l’ordre, la portant au bord du malaise. « Serg… »

Malgré le fait que sa vue se troublait davantage de seconde en seconde, Vioryna ne put s’empêcher de jeter un regard proprement horrifié à cette assistante désespéré venant de plaquer une arme contre sa tempe. Le bruit du canon fit sursauter la jeune russe, paniquée par cette vision proprement horrifique venant de se profiler devant ses yeux innocents, ne sachant guère comment Sergeï se débrouillait pour ne pas éprouver la moindre peur, la plus petite adrénaline. Mais il l’éprouvait. Pour des raisons différentes… il se tourna aussitôt vers elle, se rendant certainement compte que le visage de sa femme avait soudainement blêmit, Vioryna tentant de se souvenir des moindres gestes de cette folle pour articuler quelque chose de cohérent. « Le… le… le verre… » Elle lui avait servit un verre de jus de fruits, dans lequel la jolie violoniste avait bu, nerveuse vis-à-vis de cette soirée en devenir. A raison ! Mais elle ne s’attendait aucunement à être empoisonnée par nulle autre qu’Olga, ayant usé d’un poison lent pour se débarrasser de son unique rivale. Le corps de la jeune femme se mit soudainement à trembler, non pas sous l’effet de convulsions mais plutôt à cause de la perte de sang qui tachait actuellement son entrejambe… Vioryna était en danger. Et le pire, c’est qu’elle pouvait à peine rester consciente pour le faire réellement comprendre à Sergeï.

« Aide… aide-moi… » furent les derniers mots qu’elle parvint à énoncer avant de s’écrouler littéralement dans ses bras, le teint pâle comme la mort. Par chance, le poison ingéré n’avait pas encore attaqué son système nerveux et les bébés, aussi solides que leur père, n’avaient pas subit le moindre dommage. Restait à savoir combien de temps Vioryna mettrait à se réveiller… « Les deux fœtus ont un rythme cardiaque et un développement normal, il n’y a pas à s’inquiéter. Le poison aurait pu faire beaucoup plus de mal… mais je ne vous cache pas que les prochaines heures vont être déterminantes pour votre épouse. Si elle ne se réveille pas dans ce laps de temps, il se peut que nous soyons impuissants. » Le médecin était apparut dans la chambre d’hôpital de la jeune russe comme un cheveu sur la soupe pour mieux asséner son discours alarmant afin que Sergeï se prépare au pire, avant de disparaître comme il était venu. Comme quoi… Olga avait bien fini par réussir à faire du mal à la seule personne qui ne lui en aurait fait aucun, pas même si elle s’était décidée à la haïr.

Des jours durant, Vioryna sembla se battre pour savoir si elle choisissait la lumière au bout du tunnel ou si elle continuait à vivre une existence haute en couleurs aux côtés de Sergeï. Les médecins avaient beau s’affairer autour d’elle, ils avaient un mal fou à savoir quel traitement donner qui puisse anéantir le poison sans faire de mal aux deux fœtus qu’elle portait. Il s’agissait bien là du problème le plus épineux dans l’équation : la jeune russe était enceinte. Au final, ce fut la patience et le temps qui furent en mesure de permettre à son organisme d’évacuer le poison pour qu’elle puisse ouvrir les yeux. Elle avait pris la décision de poursuivre cette merveilleuse existence que lui offrait Sergeï… malgré leurs coups de gueule, leurs prises de tête à répétition, Vioryna aurait donné tout l’or du monde pour continuer ce qui faisait son bonheur jour après jour. Elle n’eut pas le temps de prononcer un mot après avoir serré davantage sa main dans la sienne que déjà, l’homme d’affaires s’était levé pour partir chercher un médecin qui demeura un long moment avec la jeune femme afin de faire des examens approfondis. La jolie violoniste avait ressentit une extraordinaire impatience durant tout l’entretien, car elle savait par intuition que Sergeï ne l’avait pas lâchée d’une semelle et avait dû se faire un sang d’encre… son retour en trombe dans la chambre en fut la preuve la plus évidente.

« Il a dit que les bébés vont bien » murmura-t-elle avec émotion tandis qu’elle l’embrassait langoureusement, comme pour faire siennes sa peur et sa fatigue d’un même temps. « Tu as les traits tirés chéri, tu devrais rentrer te reposer. Je vais bien maintenant, je t’assure. » D’un côté, Vioryna n’avait aucune envie de le voir s’éloigner surtout qu’elle détestait les hôpitaux pour ce qu’ils lui rappelaient… à savoir leur plus extraordinaire confrontation après une fausse couche. La jeune femme avait sentit son cœur se briser ce jour là et ne voulait plus jamais qu’une telle chose n’arrive. « A moins que tu ne veuilles te reposer contre nous ? » lui demanda-t-elle finalement, d’une voix malicieuse, avant de le serrer délicatement contre elle. Il n’avait pas besoin de le lui dire, Vioryna savait qu’il avait dû vivre un enfer. « Je t’avais bien dit que je ne partirais pas mon ange… »

Vioryna était à la fois touchée et gênée de tout ce remue ménage autour d’elle mais elle devait également se rendre à l’évidence : elle n’était pas passée loin du pire et les jumeaux auraient très bien pu ne pas survivre au poison. Cette idée la fit frissonner désagréablement tandis qu’elle tentait d’ôter toute peine ou inquiétude de l’âme de Sergeï d’un regard rassurant, ou d’une étreinte prolongée. « Sergeï, regarde-moi. Je vais bien. Il ne m’arrivera plus rien et je n’ai aucune intention de partir, de te quitter ou même de mourir ! Les jumeaux non plus. On va rester tout près de toi et prendre soin de toi aussi… que tu ne sois pas le seul à veiller sur nous. » Vioryna lui caressa doucement les cheveux tandis qu’elle le sentait partir au royaume des songes, frappé par cet épuisement dont il avait dû repousser les signaux des jours et des jours durant. La jeune russe finit par rejoindre à son tour le royaume des songes jusqu’à ce que les jumeaux ne se mettent à donner des coups de pieds à répétition et ne la fasse se crisper très légèrement de douleur. La jolie violoniste ouvrit par conséquent les yeux, grimaçant sans se retenir sans pour autant bouger à grands gestes par peur de réveiller Sergeï qui semblait dormir toujours à points fermés.

La jeune russe resta à le veiller un long moment jusqu’à ce qu’un homme qu’elle ne connaissait pas pénètre dans la chambre après avoir frappé et ne se présente comme un nouveau membre du personnel nommé par Monsieur Vassilievykh en personne et qui avait besoin de parler à l’homme d’affaires de toute urgence au sujet d’affaires en suspend. Si Sergeï était un bourreau de travail et adorait ce qu’il faisait sans aucun doute, Vioryna n’avait aucune intention de le laisser reprendre ses activités tant qu’il n’aurait pas récupéré au moins un peu après cette foule d’inquiétude qu’il avait ressentie à son égard. « Mon mari n’est pas en état de vous recevoir et je vous conseille de revenir bien plus tard car j’ai bien l’intention de faire en sorte qu’il se repose. Ce n’est pas une option, je vous demande de sortir… s’il vous plaît. »

Vioryna éclata volontiers de rire alors que Sergeï savait prendre les choses en main sans même ouvrir les yeux, en bon être multitâche qu’il était. Mais le fait est, la jeune russe finissait par être une véritable lionne couvant son petit dès que l’on menaçait de toucher ne serait-ce que du bout du doigt son mari, et ce bien qu’il n’ait aucun besoin d’être protégé en temps normal. Il ne fallait surtout pas qu’elle lui dise qu’il avait besoin de protection sinon elle était bonne pour rester soigneusement planquée sous le lit en priant pour qu’il soit frappé d’amnésie ou qu’il n’ait jamais entendu ce qu’elle avait dit à ce sujet. Pourtant, Vioryna avait envie qu’il ait conscience qu’elle pouvait être là pour lui au même titre qu’il l’avait été pendant ces jours d’inconscience. Sergeï l’avait protégé comme personne et comme dans tout mariage, il devait y avoir réciprocité, c’est pour cette raison qu’elle lui avait dit « oui » lors de ce jour particulier à la mairie. « J’aime quand tu donnes des ordres mon amour… j’en ai le corps qui frissonne tout partout ! » Et autant dire que s’il continuait à dormir, elle ne s’appelait plus Vioryna.

« Pourquoi « perturbant » ? Tu préfèrerais que je sois froide et distante ? Tu sais pourtant que ce n’est pas mon genre… je te signale que tu as pris de moi pendant des jours sans même chercher à te reposer et je ne crois pas que tu aies dû énormément rentrer au manoir, je me trompe ? Tu sais, en te disant oui, j’ai envie de prendre soin de toi, que l’on forme une famille à part entière et en quoi ça te gênerait qu’il y ait quelqu’un pour prendre soin de toi ? Vu qu’il y a des chances pour que nos fils travaillent avec toi, il faut bien quelqu’un pour veiller au grain non ? » Vioryna entoura soudainement ses bras autour de Sergeï tout en sachant qu’il risquait de pousser un grognement d’anthologie si elle continuait à le materner. « Tu n’aimes pas quand je te materne, pas vrai ? »

« Allumeuse ? C’est faux et pure calomnie ! Tu es simplement trop sensible à mon charme fou, mon ange… » Vioryna esquissa un petit rire moqueur alors qu’elle continuait de le serrer dans ses bras, caressant sa chevelure du bout de ses doigts tandis qu’elle le sentait se détendre à nouveau au fur et à mesure. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il aille jusqu’à se frayer un chemin au travers de sa chemise de patiente pour mieux déposer l’une de ses immenses mains contre l’un de ses seins, lui provoquant un petit gémissement qu’elle eut du mal à retenir. « Doucement, ils sont fragiles » le provoqua-t-elle avant de prendre docilement sa tablette, incapable de son côté de se rendormir réellement. Sergeï avait réussi à piquer sa curiosité au vif, il lui était donc impossible de fixer son attention sur autre chose. A vrai dire, les maisons qu’il avait préchoisies étaient absolument… fabuleuses. Vioryna risquait d’avoir du mal à les départager. Tandis qu’il dormait à ce qui lui semblait être à points fermés, la jeune russe se surprit à user du bon vieux « ploum ploum » tant elle ne parvenait pas à faire un choix qui serait concevable à ses yeux. Finalement, c’est la dernière en lice qui parvint à retenir le plus son attention car elle avait un jardin magnifique à l’abri des regards, ainsi qu’un immense balcon où elle pourrait jouer du violon tout en sentant le vent virevolter dans ses cheveux. Une image qui lui avait toujours plu car elle lui rappelait ses longs entraînements dans son ancienne maison, en Russie…

« Mon ange, je crois que nous avons une gagnante ! » Vioryna le réveilla doucement grâce de multiples baisers, ou du moins tenta-t-elle de faire en sorte qu’il ne s’éveille doucement sans obtenir le moindre résultat. Elle esquissa une moue désapprobatrice, ne sachant guère s’il se jouait d’elle ou s’il cherchait simplement à la pousser à bout. Il faut dire que sa patience avait cruellement diminué à cause de ses hormones… « j’ai attendu sagement deux heures et non une… » murmura-t-elle par la suite sans obtenir la moindre réaction. Deux solutions : soit la fatigue le rendait complètement sourd comme un pot, soit il voulait la faire bisquer. Qu’à cela ne tienne ! Sournoisement, après avoir sagement posé la tablette contre la table de chevet, Vioryna se baissa dans le lit pour que ses doigts aillent titiller une certaine partie de son anatomie, toujours particulièrement réceptive et sensible à ses moindres attentions. Autant dire qu’elle esquissa un petit sourire narquois une fois qu’elle eut obtenu la réaction attendue. « Je crois que je commence à te connaître par cœur, ou à défaut, savoir ce qui te réveille vraiment ! »

« Vivi ? Tu sais que c’est le premier surnom que tu me donnes ? » Humeur joueuse. Vioryna la découvrait en même temps que Sergeï lorsque poussée par ses propres hormones elle se découvrait des envies à assouvir tout de suite, sans attente. Est-ce que la caresse contre sa poitrine en était l’origine ou simplement que celle-ci couvait depuis de nombreux jours sans avoir l’opportunité de s’exprimer ? La jeune russe n’était pourtant pas aussi manipulatrice avant. Elle ne se serait jamais permis de se jouer des gens, afin d’en tirer au moins un brin de satisfaction… Sergeï déteignait énormément sur elle en la matière et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle adorait ça. La preuve, il avait beau la menacer, elle poursuivait sa lente caresse, changeant de rythme ou de façon de le toucher, le provoquant ouvertement tout en prenant un malin plaisir à s’adonner à ce genre de petit jeu. « Comme si j’étais du genre à ne pas aller au bout de mes pensées ! » s’indigna-t-elle de façon feinte sans pour autant cesser son petit manège pour lui prouver que justement, qu’ils soient dans un hôpital ou pas, elle le désirait tout de même. Et le savoir « brimé » à ce niveau là ne manquait pas de la toucher aussi…

Vioryna laissa échapper un petit rire malicieux et provocateur alors qu’il prononçait comme une sorte de supplication. Elle n’avait pas l’intention de cesser, oh ça non. Sa fierté et ses propres envies l’en empêcheraient probablement. « Justement, peut-être que j’ai envie de brûler la ceinture… » esquissa-t-elle avant de s’emparer de ses lèvres avec passion, sans cesser une seconde sa caresse tout en sentant Sergeï devenir plus réceptif de seconde en seconde. Diable, si on lui avait dit qu’elle serait aussi provocatrice il y a quelques années, elle aurait rit au nez de l’annonciateur de mensonges… mais il faut dire que les gens changent ! « Peut-être… mais si tu veux que je te rende ta tablette pour avoir l’information, il va falloir le mériter ! » Ah Vioryna… prête à se brûler littéralement les ailes alors qu’elle aurait très bien pu mourir de la tentative de meurtre lancée contre elle !

Vioryna émit aussitôt un petit rire dès lors que Sergeï l’eut menacée : comme si elle voulait revenir en arrière et arrêter en si bon chemin ! Elle n’était pas femme à provoquer sans se préoccuper des éventuelles conséquences pour mieux reprendre une toute autre activité juste après… sans doute ses hormones la poussaient-elle à provoquer ouvertement l’homme d’affaires pour qu’il ne s’occupe d’elle d’une façon plus pimentée. Il n’y avait aucun mal à désirer son mari, après tout, n’est-ce pas ? Bien qu’ils soient au sein même d’un hôpital, la jeune russe poursuivait sa caresse sans discontinuer, sans hésitation, s’emparant des dires de Sergeï avec délectation tandis que le propre châtiment qu’il lui infligeait la faisait déjà tanguer de plaisir. « Je ne pense déjà plus à la tablette… et je n’avais pas la moindre envie de revenir en arrière, je te rassure tout de suite. Chéri, tu sais pourtant bien que je vais toujours au bout de mes idées, dans le bon comme dans le mauvais sens du terme ! » Mais elle ne s’attendait pas à ce que son homme aille lui proposer d’ajouter un brin de piment à leurs relations. Elle se redressa soudainement, cessant temporairement la caresse qu’elle lui prodiguait depuis quelques minutes déjà pour mieux marquer sa surprise. « Tout dépend ce que tu entends par « piment »… Sergeï tu sais que je suis ouverte à tout mais n’oublie pas les jumeaux… »

Vioryna déglutit avec un peu plus de difficulté, encore marquée par l’épisode de leur étreinte plus virulente. Celui-ci ne s’était pas bien soldé pour ainsi dire mais pourtant, l’homme d’affaires lui confirmait qu’il ne s’agissait rien de douloureux, juste du plaisir pour elle et bien qu’elle connaisse les tendances de son mari, Vioryna ne pouvait pas s’empêcher de craindre légèrement le côté manipulateur de celui-ci. De toute manière, elle n’était pas obligée d’accepter. Si cela mettait en péril les jumeaux, il n’était pas question qu’elle accepte. « Peut-être que tu n’en n’as pas assez dit » ajouta-t-elle malicieusement au bout de quelques secondes, en attente d’une réponse qui puisse la mettre davantage sur la voie. « S’il y a mon sac à main quelque part, j’avais acheté des petites menottes avec de la fourrure avant ma venue à l’hôpital. » Diable. Sergeï l’avait définitivement pervertie.

« Mais je n’ai pas peur ! Ce qui va sans dire va seulement mieux en le disant… » se défendit aussitôt Vioryna, loin d’être dépourvue de toute curiosité. Elle souhaitait simplement qu’ils ne perdent ni l’un ni l’autre la notion de la réalité : la jeune russe restait enceinte de jumeaux, venait de manquer de mourir suite à un empoisonnement, il était donc logique qu’elle soit la plus prudente des deux. Cela ne l’avait certes pas empêchée de partir acheter des menottes en fourrure… sous les instructions de Sergeï, d’ailleurs, elle s’attacha sans émettre la plus petite hésitation, alors qu’elle ne perdait pas une miette de ses gestes ou de ses paroles. En moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, Vioryna se retrouva en tenue d’Eve, complètement offerte aux yeux et aux mains de l’homme d’affaires qui ne la touchait pas réellement et ne lui accordait ni baiser ni attention particulière. S’il ne ressentait pas de frustration, celle-ci commençait à monter insidieusement dans l’être de la jolie violoniste, qui ne se serait jamais crue finir par être aussi soumise aux exigences de Sergeï. Quelque part, cela pimentait leur relationnel déjà haut en couleurs et cela lui plaisait… elle ne pouvait pas dire le contraire. « Pourquoi partir du principe que l’amour est une arme dangereuse ? Je ne me sens pas particulièrement dangereuse. Je trouve simplement que ce que l’on vit est naturel et si c’est un crime alors je plaide pleinement coupable. » Vioryna conservait une sorte de malice dans la voix tandis que, souplement et sournoisement, elle utilisait l’une de ses cuisses pour venir titiller encore légèrement Sergeï, l’air de rien, sans brutalité aucune. Certes, elle conservait une certaine position de soumission, mais la jeune russe avait un tempérament provocateur sur les bords quand elle s’y mettait. Sans doute était-ce justement ce qui plaisait à son étonnant mari… « Pour l’instant j’avoue que je ressens une infinie frustration car tu me touches à peine en espérant sûrement que je crie au scandale ? Ou que je trouve un moyen quelconque pour te toucher moi… moyen que j’ai trouvé, d’ailleurs. Que je sois attachée ou pas ne m’empêche pas d’avoir de l’imagination mon ange. Mais je n’aime pas lorsque tu cesses de me toucher. Je crois que dans le fond, je suis tout autant incapable de toi de faire ceinture… » Sergeï pouvait être persuadé d’une chose : Vioryna était LA femme qui n’irait jamais voir ailleurs. Son regard respirait à la fois l’amour et la tendresse qu’elle lui portait mais également le désir qu’elle lui vouait… choses qu’elle n’avait jamais ressenties en présence de quelqu’un d’autre que lui.

« Moi et l’obéissance, tu sais… » souffla-t-elle en arrêtant pourtant de bouger pour au moins l’écouter. Vioryna ne se serait jamais crue capable d’être aussi passive, attentive, désireuse d’en apprendre davantage. Ce monde n’était pas le sien et elle se voyait très mal en faire partie, surtout lorsque l’on savait à quel point son corps respirait la fragilité… mais là encore, l’amour faisait faire les pires folies et la poussait donc à se taire, s’allongeant sur le dos en brillant soudainement par son immobilité. Mais son regard était puissant, profond, dévorant même. Il ne laissait pas entendre son impatience, bien qu’elle soit toujours présente et prête à la pousser à agir, mais la jeune russe ne perdait simplement pas une miette de ce qui lui était dit, comme si Sergeï s’était transformé en une sorte de professeur et que son seul salut résidait dans l’écoute, l’apprentissage. « Mais il y a tout de même une petite faille à ta belle théorie, mon ange : admettons que je continue ainsi à être passive et immobile et que tu me frustres donc au-delà des mots jusqu’à ce que ta « bonté d’âme » mette fin à la chose… toute ta belle domination ne te donne aucune attention, aucune caresse, rien que l’infinie constatation que je te suis soumise. Est-ce seulement suffisant ? Je m’interroge, car on ne pouvait pas dire que tu étais insensible à mes arguments manuels, tout à l’heure… ou que tu sois insensible à mon charme tout court. » Vioryna n’avait pas bougé et se contentait de soulever des points avec malice et un brin d’insolence, comme toujours. Avant de la dompter totalement, sûrement lui faudrait-il s’armer de patience car la jolie violoniste avait besoin de comprendre le but de la manœuvre. S’il trouvait la chose satisfaisante en l’état, alors fort bien… elle se plierait à l’expérience car après tout elle avait acheté les menottes pour cela. Mais Vioryna appréciait justement leur partage, le fait de constater qu’elle était capable des pires folies alors que son imagination fonctionnait… « Tu es homme à apprécier que l’on lui obéisse, ça, je l’avais nettement compris. Mais je crois que tu aimes aussi quand je me rebelle car je remets en cause absolument tout ce que tu connais… y compris ceci. Oh n’aie crainte, je suis suffisamment curieuse pour terminer l’expérience, sinon j’aurais continué de gesticuler et de te provoquer ! Mais je suis curieuse aussi de savoir combien de temps toi tu vas tenir si je ne bouge pas d’un pouce… »

« Je crois que si tu avais dû me punir… je ne pourrais plus m’asseoir durant de longues semaines » avoua Vioryna sans vraiment de honte, car elle avait bien conscience que museler son tempérament profond ne serait qu’un gigantesque gâchis. Sergeï l’avait épousée pour ce qu’elle était et représentait, pas vrai ? Bien que la jeune russe se surprenne à vouloir faire des efforts pour se rapprocher au mieux de son monde, il lui faudrait probablement faire preuve d’une patience particulièrement infinie… patience dont elle se trouva totalement dépossédée alors que l’homme d’affaires jouait littéralement avec sa féminité comme s’il en était devenu virtuose. Bien qu’elle se surprenne à tenter de conserver un visage impassible, Vioryna finit par être touchée par son propre plaisir, dévorant littéralement chaque baiser pour lui prouver à quel point ses gestes trouvaient parfaitement écho. Dommage qu’elle soit attachée, car elle ne pouvait guère répondre de façon malicieuse, provocatrice comme elle avait pris l’habitude de le faire… même si ses gestes laissaient tout de même entendre son extraordinaire fragilité. « Qui aurait cru que l’incontrôlable Sergeï Vassilievykh deviendrait si loquace… c’est presque une peine que je ne puisse pas te rendre la pareille, tu sais. » Néanmoins, Vioryna goûtait à cette passivité qui ne la gênait pas du tout en vérité. Sans doute était-ce même préférable car une activité physique trop vive pouvait finir par être dangereuse pour elle, se remettant tout juste de sa tentative de meurtre, mais aussi pour les jumeaux qui avaient déjà échappé belle face à l’assistante folle. « Tu m’es aussi indispensable que ma partition ou mon archet. C’est comme si tu étais destiné à me pousser à sortir les notes les plus extraordinaires, les plus difficiles, les plus audacieuses. Tout est toujours surprise dès que tu me touches ou que je te regarde. » Mais Vioryna ne put s’exprimer davantage qu’il lui arracha un cri de plaisir, l’intégralité de son corps se mettant à trembler face à cet élan de jouissance s’écoulant littéralement dans ses veines. Vraiment, son être était d’une sensibilité à couper le souffle et il lui fallut presque se mordre les lèvres et s’accrocher aux barreaux du lit pour ne pas hurler de façon plus prononcée. [b]« Cruel… je ne peux pas te supplier de m’arracher mes vêtements puisque tu t’en es déjà occupé, mais je peux peut-être te supplier de mettre fin à ma souffrance en me faisant passionnément l’amour ? » La jeune russe se mit à battre langoureusement des cils tandis qu’elle penchait la tête pour capturer ses lèvres en un baiser à la fois exigeant et qu’elle coupa en plein milieu, dernier rempart de petite vengeance alors que bientôt, il l’aurait définitivement dévorée lui-même…