Mikaël et Lynn étaient à peine rentrés de leur voyage suédois qu'ils avaient déjà repris le travail tels de bons citoyens. La jeune femme aux formes qui grossissaient encore voyait le terme se rapprocher un peu plus chaque jour. Elle en était déjà à six mois de grossesses, et le colosse s'imaginait déjà trois mois plus tard, l'enfant dans les bras. A devenir un homme complètement gaga de son fils, à ne pas le lâcher d'un millimètre, à être encore minutieux à ce sujet que pourrait l'être sa propre mère. Le fou avait même mis un réveil à 5 heures toutes les nuits pendant une semaine avec comme excuse "Il faut s'habituer au futur rythme qu'on aura!", ce qui avait presque aberré à juste titre son amante. n en fait tout allait particulièrement bien, l'histoire de sa soeur cachée avait avancée et la belle brune était déjà dans les recherches. Mis-à-part ceci ils avaient la belle vie, celle d'un couple presque monotone alors que pour eux c'était mission impossible de l'être. Les hormones grandissaient tout aussi bien chez la femme enceinte que chez le jeune homme complètement absorbé par ses pulsions. Pourtant son travail l'épuisait, il avait sa boss sur le dos à chaque fois qu'il était au dix-huitième étage, prête à lui lancer dessus une piles de dossiers à remplir alors que ce n'était même pas son job. Eh oui, il était un putain de journaliste, pas une secrétaire. Ce qui amusait avec sadisme son collègue James, toujours dans un coin à pouffer de rire. Ce matin-là n'avait pas fait exception, le suédois s'était faufilé comme une souris dans son bureau sans ne rien demander à personne et voilà que Rosie était déjà à la porte à pester, à croire qu'elle subissait son cycle menstruel toutes les semaines du mois. Strömblad, Richmond a appelé j'aimerais que tu écoutes son message et que tu remplisses sa requête avant midi. Toujours trop, il soupira en levant les yeux au ciel : pas la peine d'attirer les embrouilles alors qu'il serait à nouveau dans la douceur de son amour en rentrant chez lui. Affronter les orties avant d'arriver dans le champ de rose, c'était une épreuve comme une autre. Bien sûr Rosie, je m'y met tout de suite. Tu m'appelles par mon prénom maintenant? Mikaël laissa la remarque sans réponse, qu'elle parte au plus vite alors que sa seule envie était non seulement de faire son vrai travail qui était d'écrire mais d'appeler sa mère pour savoir si elle eu des nouvelles de Lynn. Relation à surveiller, sinon la brune finirait par s'approprier Agneta comme sa propre maman! Et ne t'avises même pas d'appeler quelqu'un, tout compte fait j'ai besoin de toi dans dix minutes. A 40 tu es dans mon bureau, au garde-à-vous. Cette femme était une sentinelle, en plus de s'être bien évidemment refaire les seins et le nez, en plus de se mettre du crayon à lèvres et de porter des tailleurs sur ses fesses liposucées elle pouvait donner des ordres. Bien dommage que son statut empêche quiconque de se rebeller, parce qu'il fallait admettre qu'elle avait du talent et de la dextérité dans le métier. Si Rosie Evans avait été une midinette à son bureau personne n'aurait émit le moindre respect pour elle, et dommage que je ne fusse pas le cas, néanmoins le New Yorker avait besoin de fortes bases et elle semblait contre toute attente en être une.
C'était aussi bien pour ça que le suédois avait été dans son bureau dix minutes plus tard, non pas au garde à vous mais avec sa certaine désinvolture habituelle.

Bon, écoute, j'ai besoin de toi pour plusieurs raisons maintenant et je ne peux pas tout te dire, ça te paraîtrait trop incongrus pour que tu fasses ce que j'ai à te demander. Elle en disait déjà trop. Anyway, tu dois m'accompagner à un rendez-vous maintenant, il me faut quelqu'un à mes côtés et tu es bien le seul à faire du sport de combat dans la rédaction, je me trompe? Heu non, c'est vrai, et qu'est ce que ça pourrait avoir à faire avec mes capacités de journaliste? Tu es bien foutu mais tu es un idiot, on s'en fout de tes capacités journalistiques pour ça. C'est quelque chose de personnel et je te demanderais bien de le garder pour toi.
Ne faisant pas attention à ses remarques il empoigna sa veste et prétexta aux regards interrogateurs de ses collègues qu'elle lui avait encore demandé d'aller chercher un café ou une connerie dans le genre. C'était une fois dans la voiture de fonction de celle-ci qu'il entreprit tout de même de s'intéresser à son travail, mine de rien c'était nécessaire, non? Arrête de poser des questions, tu en fais trop. J'ai dit avoir besoin de tes gros bras, pas de ton cerveau qui dysfonctionne. En un petit silence et un regard qui insistait Mikaël réussi à briser le tabou des lèvres presque peintes de la quarantenaire : J'ai quelques problèmes en ce moment, d'un point de vue personnel, un harceleur qui me veut du mal... Tu vois le topo? Bref, en soi ce n'est pas un big deal, je me contre-fiche bien ce que cet handicapé mental peut me vouloir, mais ça touche des personnes proches de moi- Comme votre chihuahua? Aïe aïe aïe, monsieur venait d'avoir un peu plus de culot que d'habitude. Eh bien, en plus d'avoir des lèvres sexy tu as de la répartie, décidément. Non, il n'est pas question de Pinky, mais j'ai besoin de services et j'ai surtout besoin qu'on neutralise cette personne. Si ce n'est pas en la castrant ce sera en l'empêchant de se pourrir la vie en m'envoyant des messages toutes les 10 minutes. Sur ses mots son portable vibra, donnant l'exemple même de la chose en direct. Tu vois? La voiture se gara près d'un bâtiment assez camouflé puisqu'il était impossible pour Mikaël de savoir à quel genre de service Rosie avait fait appel. En fait, il n'eu pas tout de suite de réponse puisqu'ils furent dirigés dans un bureau ou l'équipe appelée devrait arrivée. Il n'y avait plus qu'à regarder la quarantenaire dans le blanc des yeux et s'empêcher de fixer ses lèvres qui donnaient presque envie de vomir. Bon, on a quelques minutes de répit je pense... On devrait, apprendre à mieux se connaître. Ça m'étonnerait, vous n'avez pas besoin de plus de renseignement que ce que vous avez déjà sur le dossier portant mon nom. Mikaël avait une froideur inhabituelle, mais pas question de la laisser se glisser dans sa vie comme une limace. Pourtant la femme s'approcha de lui avec hardeur, et glissa ses bras nus autour de son cou alors qu'il était toujours assis. Hum? Je vous demande pardon? La presque vieille laissa ses lèvres tâter les joues du jeune homme qui complètement déstabilisé la repoussa.
Hého! Je ne crois pas non, gardez vos distances vous êtes sympa. Je suis sûre que tu tiens à ton salaire tout autant que je tiens à mon plaisir constant, alors fais mine basse, mon coco. C'était le comble des combles, et elle en plus elle n'avait aucune honte à revenir à la charge alors que Mikaël se levait brusquement. Heureusement pour lui la porte de la pièce s'était ouverte, et c'était non sans surprise que le jeune découvrit avec une satisfaction et une gêne mélangée sa douce fiancée, Lynn, un dossier à la main.

Trois mois absolument horribles s’étaient écoulés depuis leur retour de Stockholm. Tout allait bien dans le meilleur des mondes pour le charmant couple, ils s’entendaient toujours à merveille et la naissance de Tommy se rapprochait à grands pas, mais ils n’avaient été épargnés ni l’un ni l’autre par leurs boulots respectifs. Au départ, le père de Lynn avait eu besoin de son talent pour couvrir à distance de très nombreuses opérations, la faisant rentrer tard, voire même ne pas rentrer du tout, et pendant le dernier mois venant de s’écouler, elle avait carrément reprit la tête de l’équipe de façon temporaire, à cause du fait que son père ainsi que le général étaient retenus tous deux dans une mission compliquée sur le terrain. Autant dire que le stress subit avait été conséquent, mais Lynn avait menée la mission lui ayant été confiée à la baguette… tant et si bien que le général en personne avait tranché pour lui laisser l’intégralité de la fin de sa grossesse en vacances payées une fois qu’elle aurait accédé à la requête d’une journaliste. Dernière mission, qui devait hélas avoir lieu sur le terrain à la demande de ladite journaliste, mais pour laquelle Lynn avait choisi deux coéquipiers aussi compétents que sympathiques. Certes, c’était dangereux pour la jolie brune, surtout en sachant qu’elle était déjà très enceinte et que son ventre devenait de plus en plus proéminent chaque jour. Mais l’appel du terrain était plus fort… elle ne pouvait pas refuser cette ultime requête, surtout pas en sachant qu’elle pourrait rester sagement chez elle dès lors que cette fichue mission serait menée à bien. Tous bénéfices, n’est-ce pas ?
Somme toute, le général, qu’elle venait tout juste d’avoir en vidéoconférence n’avait pas eu besoin de prononcer le nom de ce fameux harceleur : Lynn avait simplement regardé la photographie et s’était montrée capable d’énoncer le pédigrée intégral du trafiquant d’armes avec qui la journaliste avait manifestement fricoté au mauvais moment. Elle avait donc constitué l’intégralité du dossier nécessaire à la bonne mise en place de sa mission et, tandis qu’elle avait d’ors et déjà prévenu ses deux coéquipiers afin qu’ils lui préparent un matériel de pointe sur le champ, elle se rendit dans le bureau où elle était manifestement attendue. A ceci près qu’elle ne s’attendait en aucune façon à être horrifiée de pénétrer dans cette pièce pourtant insignifiante à première vue…

Non seulement Mikaël était présent, mais sa joue était couverte de traces de rouge à lèvres, et il tenait dans ses mains celles de la journaliste dont elle devait prendre en charge la protection. Déjà qu’un sérieux évident peuplait ses traits avant qu’elle ne pénètre dans l’assistance, ce sérieux ne manqua pas de se transformer en une sorte de froideur dont on ne pourrait pas la blâmer : ainsi, il s’agissait non seulement de la fameuse boss insupportable du beau suédois, mais il ne se privait pas de fricoter avec elle dans son dos ?! Charmant ! A ce moment précis, Lynn ferma les yeux pendant un dixième de seconde, non seulement pour reprendre contenance mais également pour supporter le coup de pied d’anthologie dont venait de la gratifier Tommy, sûrement en réaction à l’émotion désagréable qu’elle était en train de ressentir. Après tout, il ressentait tout ce qu’elle sentait… « Bonjour. Je suis en charge de votre dossier, veuillez vous asseoir. » Aucune présentation, aucune politesse exagérée et surtout, aucune remarque particulière sur le fait qu’elle soit en charge de cette mission malgré sa grossesse. Elle portait pourtant une robe d’un joli noir de geai, moulant agréablement ses formes lui allant à ravir, et si ses cheveux étaient relevés en un chignon lâche, cela ne l’empêchait pas d’avoir un aspect parfaitement compétent et professionnel. « Navrée d'avoir interrompu votre petit échange. Je suppose que vous êtes ici pour Alexeï Petrovic ? D’après mes informations, celui-ci vous harcèle sur votre téléphone, mais également par mail… a-t-il déjà tenté de vous contacter physiquement lors d’une entrevue quelconque ? Je suppose que vous n’êtes pas au courant de son pédigrée, mais je souhaite savoir exactement ce que vous attendez de nous. La police pourrait très bien se charger de votre protection, Madame Evans. » Elle le savait déjà, il ne fallait pas la prendre pour moins compétente qu’elle n’était en vérité… Lynn savait déjà qu’Alexeï s’était présenté à Rosie à plusieurs reprises afin de passer la soirée avec elle, et que celle-ci avait pris ses jambes à son cou. Elle savait aussi qu’elle attendait une éradication pure et simple de ce personnage disons… peu recommandable, mais sans forcément en connaître le passé tumultueux. « Sauf votre respect, je serais incapable d’accéder ou non à votre requête si je n’ai pas d’élément. » Lynn aimait mentir dans ce genre de situation. Cela lui donnait l’impression d’avoir un certain pouvoir, et en l’occurrence, son désir de vengeance était en train de crever littéralement le plafond.

Mikaël s'était à peine assis qu'il effleura sa joue de sa main et découvrit avec horreur quelques traces de crayons et de rouge à lèvre. Gêné et presque rouge vermillon il essuya le tout sur son pantalon et fit mine de ne rien dire de plus, laissant Lynn faire son travail. Il espérait au fond de lui qu'elle comprendrait que sa boss était un peu cyphonée et qu'il n'avait en aucun cas souhaité se retrouver dans la même pièce qu'elle à un moment ou un autre. La police ça ne suffira pas! Vous croyez que trois gigolos en béret vont réussir à me protéger? Le suédois avait envie de la frapper, du moins assez fort pour qu'elle tombe par terre et qu'on la fasse passer pour morte : ça réglerait en plus le problème. Mais il se contenta de rester assis, et d'écouter cette vieille folle émettre des remarques comme si elle était la maîtresse du monde. Je pensais avoir fait appel aux meilleurs services, si vous n'êtes pas foutus de trouver une solution radicale vous pouvez bien oublier votre graal. De quels éléments avez vous besoin? Des experts comme vous ne sont pas assez bons pour trouver plus d'alternatives? Difficile de croire que Rosie Evans était quelqu'un d'intelligent dans ces moments là, elle passait même plutôt pour une diva capricieuse qui n'avait aucune morale. Ce qui désespérait le colosse à la joue rouge. Le don de se mettre dans les pires situations lui était donné, apparemment. Ce dingo a fait plus que ça, il a menacé mes filles, et son harcèlement non seulement moral mais aussi physique me pèse. Il a bien sûr tenté de m'avoir de plusieurs façons, ce à quoi j'ai refusé évidemment. Cet homme est le diable, et ce n'est pas la police qui s'en chargera. Je vous le dis, il est incontrôlable! Elle était terrifiée, c'était évident et ses yeux ridés et liftés étaient incapables de prouver le contraire. Elle regardait même Lynn avec terreur, prête à lui agripper la main et à la supplier.

Je vous laisse un court délai pour répondre à ma requête, sinon je serais dans l'obligation de me séparer de vous. Mikaël ne s'empêchait pas de se poser des questions comme : comment elle réagirait si elle savait que la brune en face d'elle était sa fiancée? Est-ce qu'elle va partir un jour ou l'autre ou mourir sous un pont? Il quitta sa tendre rêverie quand Rosie se leva brusquement. Je vais aux toilettes, si ça vous intéresse et j'espère que vous trouverez quelques solutions d'ici mon retour. N'abusez pas de mon homme de main, il est gentil mais il est un peu bête. Le suédois fronça les sourcils à sa remarque, soupirant. Il y avait un truc qui clochait chez cette femme, c'était gros et c'était assez malsain. Le plus gênant fut le silence dans lequel la salle était plongée, alors qu'il fixait la belle brune avec une certaine honte dans son regard.
Cette folle m'a sautée dessus, elle a voulue que je l'accompagne ici comme si garde du corps était mon deuxième métier. Non sérieusement, tu ne peux pas m'en vouloir pour ça, elle est tarée, je dirais même plus : c'est une grosse nymphomane qui voudrait bien qu'un petit jeune s'occupe d'elle. C'était bien triste qu'il faille se justifier mais la jalousie de sa douce était à toute épreuve, affronter les foudres de sa colère était la dernière chose que le jeune homme souhaitait. Non mais tu as vu ses lèvres? S'il te plait Lynn ne dis rien là dessus, dis lui que tu ne peux pas régler son problème que je rentre à la rédaction et que j'en finisse avec mon vrai travail qui est d'être un putain de journaliste. Pas le jouet d'une obsédée sexuelle de 50 ans.

« C’est vrai qu’avec tes gros bras tu n’as pas la force de repousser quelqu’un comme elle… » Lynn ne pouvait pas s’en empêcher, c’était plus fort qu’elle. Cela dit, si elle n’avait pas l’intention de refuser l’affaire qui lui permettrait de poursuivre la suite de sa grossesse sans avoir à bosser, elle n’allait pas pour autant laisser Mikaël continuer à être un simple pantin entre les mains de cette nymphomane dont elle rêvait littéralement de refaire le portrait. La brunette laissa un large silence s’emparer de l’atmosphère sonore de la pièce, mais cela voulait surtout dire qu’elle réfléchissait tout en attendant que la tristement célèbre Rosie Evans ne revienne. « On va éviter de dire que l’on est ensemble. Je n’ai aucune envie qu’elle te prenne pour cible » trancha-t-elle juste avant que sa boss ne revienne comme une furie, manifestement décidée à prendre Lynn pour un vulgaire larbin incapable de faire son boulot correctement. Aussi fallait-il remettre les pendules à l’heure de toute urgence… « Laissez-moi clarifier deux ou trois petites choses Madame Evans : vous êtes dans cette situation par votre faute, sachant que fricoter avec un trafiquant d’armes n’est pas la chose la plus intelligente que vous ayez faite dans votre vie. J’accepte de vous filer un coup de main, mais je ne le fais pas pour vous… uniquement car Petrovic est dans notre radar depuis un bout de temps. Nous allons procéder de la façon suivante : je vais prendre personnellement en main la suite des opérations. Vous aurez un premier agent responsable de votre protection, et que vous ferez passer pour votre nouvel assistant. Un deuxième veillerait à la sécurité des entrées de l’immeuble puisque vous le nommerez comme nouveau concierge, quant à moi, j’exige l’accès total à votre salle information. Il faut que j’ai les yeux et les oreilles partout… oh je sais d’ors et déjà ce que vous allez me répondre : je n’ai cure des scoops que vous gardez dans cette fameuse salle, je pourrais y accéder sans vous demander votre avis, soyez-en persuadé. Je me contrefous de ce que vous pouvez bien penser de notre boulot, mais puisque vous sollicitez notre aide, commencez déjà à faire preuve d’un peu de respect. La moindre réaction ou critique désobligeante et nous plions bagages dans l’heure en vous laissant vous démerder. C’est assez clair pour vous ? » Jolie façon de faire comprendre qu’elle connaissait le cas Petrovic sur le bout des doigts, mais également la façon de diriger une opération de son début à sa fin. « Je vous retrouve sous une demi-heure à votre établissement, les agents Roy et Miller, quant à eux, vous accompagnent dès maintenant. Quant à votre garde du corps… il est plus intelligent que vous ne le serez jamais. Prenez garde aux atouts comme lui que vous insultez de votre simple présence. »

Lynn quitta la pièce sans autre forme de procès, non sans avoir discrètement passé sa main contre l’épaule de Mikaël histoire de dire qu’il n’était pas tout seul dans cette galère, et qu’il pouvait désormais tout à fait se concentrer à son boulot principal. En moins d’une demi-heure, elle foulait effectivement le hall principal du New Yorker et voyait les regards masculins se poser sur elle sans aucune gêne, alors qu’elle avait revêtu une combinaison noire d’informaticienne, ceinture d’outils sur elle, mallette à la main, et cheveux coiffés en une belle queue de cheval. Le fait qu’on la siffle la fit sourire, mais elle se dirigea aussitôt vers l’imposante salle informatique, véritable four s’il en est, où elle commença à brancher fils et prises sur son petit réseau personnel, constitué en un seul ordinateur portable particulièrement boosté. A plusieurs reprises, elle fut interrompue par des journalistes intéressés, lui demandant si elle avait besoin d’un café ou d’autre chose… ils défilaient tous avant de retrouver leur groupe et de maintenir les paris. « Hey Strömblad ! Tu veux parier avec nous ? On essaye de faire craquer la nouvelle informaticienne… elle va forcément accepter d’aller boire un verre avec l’un d’entre nous à un moment donné ! » Comme quoi, son ventre proéminent n’était pas gênant pour ces rapaces. Mais de son côté, Lynn recula de son ouvrage pour faire face aux nombreux coups de pied de Tommy, qui ne la lâchait pas d’une semelle. A croire qu’il soit en train de lui demander de ralentir la cadence, ou simplement de s’asseoir…

Lynn venait de mettre le feu à la... pas du tout charmante Rosie Evans. C'était fulgurant, tellement que Mikaël n'avait pu s'empêcher de sourire derrière sa barbe. Rien que de sentir la douce main de Lynn lui frôler affectueusement l'épaule lui donna le courage d'affronter cette horrible journée, car c'était certain que à peine rentré il supporterait les nouvelles requêtes improbables de sa boss.
C'était une fois dans les bureaux du New Yorker que la vieille commença à ouvrir son clapet de nouveau, caquetant telle une oie alors qu'elle ordonnait au suédois de la suivre jusqu'à son bureau personnel. Ecoute, je n'ai pas dit non à cette vache parce que j'ai besoin d'être protégée. C'est vital, mais qu'elle veuille mettre les pieds ici avec son équipe ça m'horripile. Donc tu feras tout particulièrement attention à ce qu'ils ne foutent pas en l'air la rédaction, je n'ai pas encore confiance. Le colosse avait toujours la main sur la poignée, il se frotta les paupières, soupirant longuement puisqu'il sa seule envie était de répliquer à cette horrible personne, bien qu'elle ai tous les pouvoirs contre lui. Cette "vache", comme vous dites, a eu votre post quelques mois avant vous, et c'est à ce moment là que les recettes ont étés les meilleures. A méditer. C'était assez pour la journée, il ne claqua pas la porte mais ne s'empêcha pas de la fermer un peu plus fort qu'il n'aurait fallu le faire. Le mouvement ne descendait pas pour autant une fois dehors, puisqu'une cohue de journalistes s'étaient rassemblés prêt de la grande salle informatique, des cafés en mains, des sifflements qui remplissaient l'atmosphère. D'entendre son nom fut la consécration puisqu'il s’avança rapidement vers le troupeau d'homme et surtout d'hormones en fusion. De derrière il ne distingua pas la femme qui était à quatre patte sous un bureau, à connecter et brancher des câbles, c'est de profil qu'il reconnut tout de suite son petit ventre arrondit et son doux visage. Quelqu'un a réussi à la faire craquer? Un petit sourire en coin le suédois regardait ses collègues s'avancer vers elle pour essayer de lui faire du gringue. C'était une situation assez comique, bien plus drôle que celle qu'il avait du affronté la matinée.

James, tu penses vraiment que je vais essayer? Ça réduirait toutes vos chances à zéro et tu sais bien que l'espoir fait vivre, je ne peux pas t'enlever ça mate. Toute la petite communauté avait bien entendu le message de Mikaël, et ils rigolèrent tous à son ironie. C'est rigolo Mik' puisqu'on a toujours pas vu qui était ta femme depuis que tu en parles. Toujours en mission humanitaire en Afrique? Quelques rires narquois fusèrent. Tu peux prendre du bon temps vu que de toute façon elle n’existe pas, vas-y, tente ta chance! Dit un autre en brandissant son café contenu dans le fameux gobelet blanc de la salle repos. Faisant mine d'avoir été bafoué, il s'avança dans la salle sachant bien que la brune avait conscience qu'il était là. Il se baissa vers elle, accroupi et lui chuchota dans l'oreille : Tu peux essayer de me mettre une claque ce qui te défoulera en vue de ce qui s'est passé ce matin, ou tu peux aussi me donner ton numéro que je n'ai bien sûr pas, histoire de leur donner un avant goût de ce qui est à moi, toi. Il prit même du plaisir à passer sa main dans ses cheveux : Tu devrais faire des queues de cheval plus souvent, ça me donne très envie, tu sais? Mais un membre de la foule cria un peu plus fort que les autres : Hey Strömblad! Ton temps est écoulé!

Lynn se maudit de ne pas avoir fermé la porte de cette maudite salle informatique à clef, histoire de ne surtout pas être emmerdé par la foule de testostérone l’entourant actuellement et dont les paris allaient bon train. A plusieurs reprises, et bien qu’elle fasse comme si elle était atteinte d’une surdité soudaine, elle leva les yeux au ciel. Elle n’était pas exaspérée, simplement surprise qu’ils n’aient rien d’autre à faire sur leur temps de travail… à croire que cette vieille pie de Rosie ne soit pas suffisamment derrière leurs trains respectifs, puisqu’ils semblaient avoir beaucoup de temps à perdre avec ce genre de choseries. Mais alors que l’envie d’aller claquer nerveusement la porte était de plus en plus forte, Lynn sursauta presque en entendant la voix de Mikaël s’élever dans l’atmosphère. Elle arqua un sourcil surpris avant de lui lancer un sourire des plus narquois : il était vraiment unique en son genre, décidément ! « Alors si ça te donne très envie peut-être que le fait de faire ceinture serait plus radical ? » lança-t-elle non sans le gratifier d’un large sourire provocateur. Sa dose de jalousie n’avait pas baissé d’un copeck et si elle se contrôlait autant, c’était uniquement pour éviter de faire un malaise. Lynn n’était pas stupide au point de croire que ce petit passage sur le terrain, si furtif soit-il, soit vraiment recommandé dans l’état où elle se trouvait. Mais décidément, ses vieux démons finissaient toujours par la rattraper et elle restait une véritable addict au terrain… elle n’y pouvait rien. « Tu as entendu l’énième abruti qui me déconcentre depuis tout à l’heure ? Le temps est écoulé ! » ironisa-t-elle tout en se relevant non sans mal pour poursuivre sa mise en place de matériel de pointe. Après cela, ce serait vraiment du gâteau, étant donné qu’elle avait eu à faire à ce genre de mission des millions de fois. « Et je crois en prime que ta boss risque la syncope si elle te voit essayer de fricoter avec la fameuse « vache »… et oui mon ange, en plus d’être une pro en matériel de pointe, je suis aussi une pro de la pose de micros ! » Nouveau sourire moqueur. Ce n’était pas pour l’espionner lui mais plutôt afin d’être réellement assurée que Rosie Evans ne lui cacherait rien… Lynn détestait bosser pour des prunes.

« En définitive, si tu veux que je sois à toi, il va falloir me mériter, monsieur l’arrogant. » Lynn avait quitté les yeux de son ouvrage et, une fois à la porte de la salle informatique, s’écria non sans une large part d’ironie dans la voix : « j’accepterai un dîner avec quiconque sera vraiment capable de me faire la cour. A vos paris, mes agneaux. » C’était sa façon de dire « na », sûrement. Oh Lynn prenait cela pour un jeu, certes, mais le fond de son discours était largement teinté par la jalousie tout de même. Après tout, en ce moment ils se voyaient à peine, et constater que cette affreuse rédactrice ait réussi à l’embrasser la rendait malade. Cela dit, elle s’arrêta net devant Mikaël, alors qu’elle allait l’inviter à sortir, à cause d’un nouveau coup de pied particulièrement violent. « Pas de doute, il tient de toi » murmura-t-elle à voix extrêmement basse, pour être sûre qu’il serait le seul à l’entendre.

Cette situation était ridicule mais assez marrante, et Mikaël n'avait pas peine à se prête au jeu comme un gamin bien que sa douce soit encore légèrement remontée de leur intermède matinal. Heureusement pour lui sa provocation habituelle n'était pas une barrière à la réconciliation, bien au contraire. Et si la vieille nymphomane avait réussie à coller ses lèvres sur ses joues barbues, il ne la laisserait pas s'approcher encore une fois. En plus madame Maryweather avait pu entendre les paroles qu'il avait prononcées, au moins elle voyait bien que son homme n'était soumis à personne, sauf à elle. Tu sais que tu me charries en faisant ça, les paris peuvent monter bien haut. (plus bas) et je récupérais tout l'argent que je glisserait dans ton soutiens gorge plus tard, ça m'importe peu. Mais alors qu'il réussissait à passer son bras affectueusement sur son dos, un autre collègue avenant s'empara de la place centrale : Le suédois, stop! J'ai mes propositions à faire, je suis un peu convaincant que tu ne l'es! La rédaction se transformait en un combat de coqs, assez pittoresque quand on y pensait. Rosie Evans ne montrait pas son bec de son bureau et les hommes pouvaient s'adonner à la chose qu'ils savaient le mieux faire : baver devant une belle paire de fesses. Alors miss l'informaticienne coincée, je t'offre un dîner chez Tiffany's ce soir si tu acceptes que je m'occupe de te dévergonder. Le goujat s'amusa à donner un coup de bassin dans le vide pour imager ses propos, et Mikaël se rappela qu'il n'était même pas un journaliste mais le concierge officiel de l'entreprise : sa réaction n'était finalement pas si étonnante que ça. Pourtant il était bien difficile de rester impassible à son impolitesse, et le jeune homme avait du mal à accepter que l'on puisse parler à la femme de sa vie comme ça, même alors que tout n'était qu'une sorte de canular.
Martie, je pense que tu en fais un peu trop... C'est tout ce qu'il pu placer avant que les autres hommes ne finissent pas le traiter de "rabat-joie", oui peut-être, mais s'ils savaient. Finalement deux autres hommes s'amusèrent à faire des propositions plus sérieuses et dotées d'un humour subtil qui fit même sourire le colosse. Mais les résultats étaient déjà donnés, il n'y avait aucune autre issue possible et c'était bien triste pour tous ces trentenaires désespérés.
Je m'excuse d'avance pour ce que je vais faire gentleman de ce pays, mais la jolie demoiselle ici va s'en aller avec moi, puisqu'elle sait déjà qu'il n'y a pas meilleur parti que ma personne dans cette pièce. Vous pouvez toujours vous consolez en vous disant que c'est le charme suédois, et qu'ici, mis-à-part moi, personne ne le possède. Sinon, vous avez toujours Rosie Evans qui demande à être défrichée, et bien que l'idée me donne envie de vomir je vous laisse le bon vouloir de vous occuper de votre patronne! C'est en prenant la belle brune sous son aile, la tenant par la hanche et s'apprêtant à sortir qu'il entra en contact frontal avec sa justement patronne adorée. Encore une situation qui promettait de donner un peu de piquant à sa banale vie d'employé.

Défrichée tu dis?

Il y avait de quoi écarquiller de grands yeux face à tant de goujaterie… une chance que Lynn ait déjà vu pire, sans quoi elle n’aurait pas manqué de s’étrangler avec sa salive ! Mais au dessus de tous les autres, Mikaël la gratifia de son petit air arrogant auquel elle lança un air faussement désespéré, comme si elle n’allait jamais accepter de dîner où que ce soit en sa compagnie. Fallait-elle qu’elle l’aime pour passer outre ce genre de comportement… d’ordinaire, la brunette était suffisamment exigeante pour foutre tout le monde dehors et aller chercher sa propre fortune ailleurs. Le clou du spectacle fut lorsque la grande patronne les honora de sa présence, manquant d’arracher à Lynn une large expression de dégoût. Quelque chose lui disait qu’elle allait la surveiller de près et qu’elle n’avait pas intérêt à faire autre chose que profil bas… pour son plus grand désespoir. Mais avant même que de lui faire l’honneur de lui répondre, Lynn s’occupa évidemment du fameux Martie, l’ayant défiée la première. Oser dire que Lynn Maryweather était une femme coincée… revenait à signer son arrêt de mort, en vérité. « Pour me dévergonder, hum ? Je suggère que tu prennes rendez-vous chez ton ophtalmo mon chou, car ta vue est vraiment pourrie. Laisse-moi cependant vérifier une petite chose… » A la surprise générale, la piquante brunette n’hésita pas à s’emparer de l’entrejambe de l’homme en le serrant sans douceur aucune, l’air subitement on ne peut plus sévère, pour montrer qu’elle ne plaisantait pas le moins du monde. « Bien ce que je pensais, pas la moindre trace de virilité là-dessous… qui n’est pas dévergondé, now ? » Léger haussement de sourcil alors que Rosie Evans en personne la gratifiait de son air outré numéro trente-trois bis. Mais Lynn lui prouvait que même enceinte quasiment jusqu’aux yeux, elle restait dangereuse, violente et, surtout, imprévisible. Il valait mieux ne pas lui courir sur le haricot… « Quant à vous Monsieur Strömblad, je trouve votre arrogance presque mignonne, à ceci près qu’elle ne vous mènera nulle part : je prends mes décisions toute seule, comme la grande fille que je suis. Et par « faire la cour » j’entends être charmant, et non pas atrocement sûr de soi à en donner la nausée. » Voilà qui risquait de provoquer du piment dans leur couple puisque Lynn lui résistait !

Il n’y avait pas l’ombre d’une vérité dans ses propos, quoique, mais Lynn se devait d’être crédible : si Rosie Evans venait à savoir que la responsable de sa sécurité fricotait avec le beau suédois, qu’elle semblait avoir dans sa ligne de mire, il risquait d’en payer fort les conséquences. Et quoi qu’il n’en dise, il avait besoin de son boulot. Décidément, elle n’était pas prête à lâcher du lest pour le laisser la protéger… « Défrichement ou pas, j’aimerais de l’air, j’ai beaucoup de boulot puisque cette salle n’a pas été remise à niveau depuis un lustre et je n’y parviendrais pas si vous êtes tous là comme des corbeaux sur un cadavre ! Ne revenez que si vous savez séduire ! »

Rosie Evans semblait outrée mais aussi légèrement interloquée par la situation à laquelle elle faisait face. Déjà elle n'aimait pas vraiment ne pas être le centre de l'intention, et de voir que l'employée engagée pour assurer sa protection préférait faire du gringue aux journalistes du bureau ne manqua pas de lui faire hausser un sourcil. Elle voulait le suédois pour elle toute seule? La pauvre enfant pourrait toujours courir. Vous feriez mieux de vous remettre les idées au clair, en effet, je pense que ce jeune homme vous dégoûte assez pour que je l'emmène avec moi au gala de charité de soir. Organisé par mes soins si j'ose dire, c'est pourquoi il me faudra la meilleure gueule à mes côtés. Alors comme ça le colosse était invité à un gala de charité dont il n'avait pas encore entendu parlé, et en plus de ça, en tant que cavalier de sa patronne : très drôle de chose, et il attendait avec impatience de voir comme sa brune pourrait réagir face à cette affront. Néanmoins il n'aimait pas être traité comme un simple objet, et si son égocentrisme aimait toute cette intention il n'en oubliait pas que cette femme était l'écoeurement même. Votre cavalier hein? Ah ben elle est bien bonne celle-là. J'ai des plans ce soir, j'ai une femme à qui je ferais à manger, et même si raconter ma vie n'est pas ce que je préfère, j'ai besoin de remettre les pendules à l'heure. Les hommes puant la testostérone s'était tous retourné pour assister à la scène, trouvant toujours la meilleure direction où regarder pour ne pas s'ennuyer. Devrais-je vous rappelez que votre salaire ne tiens que de ma propre personne, et que de ne plus avoir de profits pour vous occupez de votre chère femme ne serait guère agréable. Je me trompe? Il n'y croyait pas, voilà qu'elle remettait sur le tapis cette thématique de salaire, lui faisant le chantage le plus malsain : cette femme était la soeur du diable, il n'y avait pas d'autres hypothèses plausibles à un tel comportement.
Excusez-moi, je vais aller passer un coup de fil pour dire à ma femme que je ne rentrerais pas ce soir, et fumer une cigarette par la même occasion. Je préfère me pourrir les poumons avec du goudron que de boire vos paroles, mécréante. Insistant bêtement sur ses phrases il suivit la même direction qu'avait prise la belle brune, qui avait sûrement entendu l'intégralité de son intermède avec cette boss atroce. C'était une fois sur le toit qui alluma sa clope, avec désinvolture, appuyé sur ce qu'il avait trouvé pour s'appuyer, et regardant sa douce non sans aberration.
Tu vois ce que je j'endure depuis qu'on est rentrés? Je fais quoi moi pour ce soir? Je dis adieu à mon boulot que j'ai chéri depuis mon arrivée ici? Je peux être dans une situation comme ça, ça me bouffe, ça me gave. Etre le jouet d'une femme véreuse comme ça c'est pas mon truc, c'est pas ce que je fais et ça n'a rien à voir avec ce pourquoi je bosse au New Yorker.
Il s'approcha de Lynn et la poussa contre son torse pendant quelques secondes, histoire de profiter des étreintes qu'il ne pourrait sûrement pas avoir durant la soirée.

Ne rien dire. Prendre le parti d’aller chercher un peu d’air frais sur le toit, voilà ce que la sagesse de la brunette l’incita à faire. Ce n’était pas plus mal, sans quoi elle n’aurait pas donné cher de la peau de cette atroce femme. Sa rancœur et la haine qu’elle ressentait à l’égard de ce poison n’avait pas de nom ni de limite… mener à bien cette mission lui demanderait sûrement toute la patience et l’expérience accumulée jusqu’à lors, mais cela ne voulait certes pas dire que la donne serait évidente. La preuve, une fois sur le toit, elle fit les cent pas, presque rassurée que Mikaël la rejoigne enfin. C’était une torture que de prétendre qu’ils n’étaient pas ensemble, surtout dans ces conditions ! Mais le plus dur, c’est qu’il soit manifestement en train de subir son boulot plus qu’il ne l’appréciait. Cela lui sciait littéralement le cœur en deux rien qu’à l’entendre prononcer de telles paroles… « Hors de question que tu dises adieu à ton boulot, tu m’entends ? Je ne plaisante pas. Il te caractérise, il te passionne. Hors de question que tu n’abandonnes pour une grosse salope de pouffiasse comme elle. Surtout qu’il s’agit là de ma dernière mission… après, j’ai convenu avec mon général d’avoir des vacances bien méritées jusqu’à la naissance de Tommy. Il était temps… j’ai trop de mal à bosser, autant être honnête. » Pour qu’elle ne se mette à se lâcher à ce point là, fallait-il que l’état de nervosité de Lynn crève littéralement le plafond. Cela n’était rien en comparaison de ce qu’elle allait sûrement endurer ce soir, étant donné qu’elle n’avait pas d’autre choix que celui de faire en sorte d’être présente à cette petite sauterie qu’elle haïssait déjà, par avance et par principe. Mais profiter de l’étreinte de Mikaël l’aida à évacuer la pression évidente pesant sur ses épaules, tandis qu’elle était à court d’argument en vue de le réconforter… « Garde à l’esprit que je ne serais pas loin et prête à intervenir sous le premier prétexte qui me tombera sous la main si jamais elle va trop loin. Surtout qu’être au bras de Roy et de Miller va la rendre chèvre : je vais bien faire en sorte qu’elle ne soit pas le centre de l’attention juste pour rétablir la balance des choses, tu peux me faire confiance. Si elle s’en prend à toi, elle s’en prend aussi à moi. » Lynn allait presque se faire un plaisir de lui balancer des piques toute la soirée durant, et de mettre en valeur que même en tant que rédactrice en chef, elle était loin de la perfection. « Tu sais que tu serais bien mieux qu’elle à son poste ? Mille fois même. » Et ce en toute sincérité.

Lynn s’éloigna légèrement de Mikaël en poussant un soupir de douleur, bien que celui-ci fût rapidement balayé de ses beaux traits de porcelaine par un sourire éclatant. « C’est rien, Tommy s’est retourné. » Cela lui faisait mal au cœur d’imaginer qu’ils allaient devoir bientôt retourner dans la fosse aux serpents et feindre de n’avoir strictement rien en commun. Sans savoir pourquoi, son cœur se serrait à cette simple pensée. Mais avant que d’y retourner effectivement, Lynn n’hésita pas à saisir les deux mains du beau suédois afin de les placer contre son ventre. « Tu le sens bouger ? » demanda-t-elle non sans une large once d’émotion dans le fond de sa voix. « Puisque tu devais téléphoner à ta femme, alors, qu’est-ce que tu peux bien lui dire là de suite ? »

Bien que le soupir de Lynn ne soit pas vraiment perceptible, comme si ils étaient liés par quelque chose de plus puissant que la parole, le jeune homme fit de même. En se disant que cette soirée allait être encore une grosse mascarade. Paraître au bras de sa patronne allait encore être une épreuve, et une épreuve qui ne lui enseignerait rien. Pas la moindre leçon, alors qu'il était amateur des morales et des nouvelles connaissances. Il pensait que c'était par les expériences qu'on apprenait le plus, ce qui ne serait pas le cas ce soir là. Heureusement pour lui mettre sa main sur le ventre presque mouvant de sa douce fut d'un repos entier, d'un romantisme à couper le souffle, il savourait le moment avec délectation. Oui, je le sens. Son plus grand sourire décora son visage, c'était comme une illumination divine, et bien la seule de la journée ou de cette semaine. Il n'a jamais autant bougé avant, ou c'est moi qui hallucine? Sa main caressait doucement le ventre habillé de la belle brune, savourant la texture et les sensations que les mouvements pouvaient apporter. Ce que je te dirais maintenant eh? Je ne dirais rien. Honnêtement il y a-t-il quelque chose à dire alors que ce qui se trame dans ton ventre résume déjà tout? Ce soir ça va être horripilant, et vraiment chiant, je ne te le cache pas. Mais que tu sois là ça changera un peu la donne, même si je ne pourrais pas t'embrasser et te prendre dans mes bras autant que je le souhaite. Par contre, s'il te plait, tu n'es pas obligée de te ramener avec des hommes à tes côtés. Je sais que tu veux en faire voir de toutes les couleurs à la vieille folle, mais ne rentre pas dans son jeu, ça n'en vaut pas la peine et tu en as conscience. Je préfère te voir seule que mal accompagnée, sachant que si ce n'est pas moi à ton bras c'est alors forcément de la mauvaise compagnie! Du coup au lieu de finir sa phrase au paroxysme du romantisme il avait encore une fois fait sa petite tirade. A vrai dire il profitait bien de la présence de Lynn à ce moment là, car quand il rentrait tard où qu'elle faisant de même, que l'un dormait déjà et que l'autre partait travailler le temps de parole n'était résolument pas présent. La vie de couple c'était ça, il le savait et le cautionnait. Néanmoins profiter de sa douce était un objectif, et il avait hâte qu'elle arrête un peu le travail pour se consacrer à Tommy et à son chéri. Allez viens.

Si Mikaël lui avait prit la main pour qu'elle rentre à nouveau dans le bâtiment, il la lâcha une fois dans les bureaux, faisant comme si rien ne s'était jamais passé. Laissant ses collègues retrouver leurs hormones en folie alors que la belle demoiselle déambulait vers la salle informatique. Dur de la laisser travailler dans ces conditions. Bon Strömblad, tu as réfléchis? La voilà déjà à la charge, Rosie, toujours là où personne ne voulait la trouver. Je n'ai pas réfléchis, j'ai accepté votre chantage honteux parce que j'aime ce boulot autant que j'aime la vie. Si vous faites une ombre considérable dans mon entourage je vais me contenter de d'ignorer votre présence, une personne aussi mauvaise que vous ne peut pas simplement avoir ce qu'elle veut? Ce n'est pas juste, et ce qui est injuste fini toujours par payer. Je ne suis pas méchant, mais réaliste. Et c'est en se dirigeant dans son propre bureau qu'il repensa aux propos de Lynn, qui disait qu'il pourrait faire un rédacteur en chef des plus scrupuleux. Elle n'avait pas tort, bien qu'il n'y ai jamais pensé. C'était une proposition à reconsidérer. Rendre à cette Rosie Evans sa médiocre place méritée serait un plaisir malsain.

A vrai dire, jusqu’au bout, l’envie d’aller à cette maudite soirée ne fut pas présente dans l’esprit de Lynn. Elle échafaudait même les excuses les plus improbables dans son esprit lorsque Miller vint la tirer de sa cauchemardesque rêverie. Il lui proposa de passer la prendre à vingt heures précises, la présence des trois agents étant primordiale pour assurer la protection de cette affreuse femme, bien qu’aucun des trois ne soit en mesure de la supporter. Pour son plus grand désespoir, Mikaël avait déjà quitté leur appartement lorsqu’elle s’y rendit pour s’habiller, se coiffer et de maquiller. Cette donnée manqua de lui provoquer un haut le cœur, bien qu’elle soit soudainement possédée par le fait de tout mettre en œuvre pour être absolument sublime… non pas afin de rendre jalouse l’insupportable Rosie Evans, mais plutôt pour le plaisir des yeux du suédois, et les siens uniquement. Ce fut pas on ne sait quel obscur miracle qu’elle fut à l’heure au rendez-vous donné par Miller, l’agent étant aussi fringant que son collègue Roy dans leurs deux costumes sur mesure. Quelque part, il était étrange pour la jolie canadienne d’être accompagnée par deux hommes… dont le charme et la prestance n’était plus à prouver. Lynn n’avait aucune intention de se donner en spectacle, d’ailleurs elle ne comptait ni danser ni tailler une bavette avec qui que ce soit à moins d’y être absolument obligée. Hélas, alors qu’elle fit une rentrée plus que remarquée dans l’assistance et que les regards se tournaient tous vers elle au fur et à mesure des secondes, Rosie ne manqua pas de déverser son venin la première. « Tiens, tiens… c’est à se demander lequel des deux vous a fait ce bébé, au bout du compte. Et vous osez me considérer comme quelqu’un aux mœurs légères ! A ce que l’on dit vous êtes fiancée, pourtant. Je ne vois aucune bague à votre doigt, je suppose donc qu’il doit s’y reprendre à trois fois avant de vouloir vous épouser. » « Il attend le bon moment… le bon moment, ça vous dit quelque chose ? Mais non bien sûr, bien trop occupée que vous êtes à vous envoyer en l’air avec tout ce qui porte caleçon en ce bas monde. Ce qui est presque rassurant, c’est qu’il y en ait avec suffisamment de couilles pour ne pas tomber dans votre piège ridicule. » « Autrement dit, vous n’êtes pas fiancée. Pas étonnant, vu votre vulgarité et votre côté commun et laid ! » Rosie était vexée par les précédentes paroles énoncées par Lynn, mais ce n’était rien en comparaison de la vexation de la brunette, surtout en voyant à quel point Mikaël était fringant et séduisant, même au bras de cette abominable femme.

« Mettons les choses au clair, vous et moi : je ne suis pas venue ici pour me faire insulter et encore moins pour subir votre venin à trois balles. Un mot de plus et je vous botte le cul hors de cette salle ; un mot de plus et je m’occupe de refaire votre lifting chéri façon Picasso période déstructuré… un mot de plus et je vous laisse vous démerder avec votre merdier. Suis-je plus claire ? A partir de maintenant et jusqu’à ce que j’en décide autrement, on ne se parle pas, vous ne me regardez pas et surtout vous ne vous avisez pas de cancaner dans mon dos sans quoi les conséquences seraient désastreuses. Je me fais bien entendre ? » Lynn ne lui laissa même pas le temps de répliquer que déjà, elle tournait les talons pour s’engouffrer plus encore dans la salle, entendant hélas tout ce que disait cette vieille rombière dans le micro qu’elle lui avait plaqué à son insu. « Miller, tu vas être mes yeux et mes oreilles, j’ai besoin de prendre l’air d’urgence ou je vais lui foutre une balle entre les deux yeux. » Lynn avait un certain contrôle, mais celui-ci finissait par avoir ses limites, hélas… aussi profita-t-elle du premier balcon pour remplir ses poumons d’un air glacial, mettant de côté le fait que ses épaules soient dénudées à cause de cette magnifique robe bustier qu’elle portait, tout en sachant que le froid ambiant serait le seul remède au feu volcanique s’écoulant actuellement dans ses veines. Cette maudite femme finissait par la faire douter d’elle-même, et c’était bien ça le plus triste, bien au-delà de la colère qu’elle ressentait.

La soirée était telle que Mikaël l'avait imaginé : remplie d'hypocrites diffusant leur hypocrisie et leur soi-disant richesse sur le sol comme s'ils vomissaient. Rien de très plaisant pour le jeune homme qui n'était pas fou de ce genre de gala, pas le moins du monde. Il n'aimait pas les costumes, à vrai dire, et si il en portait et en avait c'était seulement pour ce genre d'occasion. Rosie ne faisait pas son âge, ses nombreuses opérations lui donnaient une allure de fausse jeune, ce qui l'a rendait encore plus laide. Quant à sa discussion avec Lynn avait le don d'horripiler le jeune suédois. Si elle reprochait un certain manque de politesse à la belle brune c'était tout bonnement l’hôpital qui se foutait de la charité. D'un autre côté Lynn était aussi belle que la plus grande actrice Hollywood, sa robe lui allait à ravir comme le faisait tout les vêtements de son armoire. Le seul point négatif était que les deux hommes l'accompagnant mettait une certaine pression au colosse qui se sentit tout de suite beaucoup moins charmant. La jeune femme pouvait être jalouse mais à ce moment là il se sentait dans une situation bien plus délicate. Comment étais-ce possible de trouver deux gars ayant autant de classe? En plus de voir son honneur tomber ras les pâquerette il vu aussi sa douce partir de l'autre côté de la salle. Pas de quoi faire le malin, pas ce soir non. Je vous prie de m'excusez. Pourtant il gardait sa politesse habituelle, se trouvant dans un lieu publique et ne cherchant pas le moins du monde à paraître tel qu'il aurait du être en temps normal. Où tu vas? J'ai besoin de toi pour les photographes, je ne vais quand même pas rester seule devant les objectifs!? Et en plus elle lui tenait la jambe comme si elle n'avait su faire que ça de toute sa vie. Rosie Evans, tu es le diable. Je vais prendre l'air, cette ambiance m'insupporte.... Tu vas rejoindre cette immonde personne, hein? Eh bien va, si elle est seule quand elle n'est pas accompagnée de ses faires-valoir je suis quelqu'un qui sait toujours trouver de la compagnie. C'est en levant les yeux au ciel qu'il quitta le coin vociférant et se rendit à son tour sur le premier balcon. Trouvant sa douce appuyée sur le rebord, comme une scène glauque tout droit sortie de Sin City.

Care for a smoke? En souriant de sa propre remarque il s'approcha d'elle une clope à la bouche : Ne dis rien, je viens de citer un de mes films préférés. J'avais toujours rêvé de le faire. Mikaël se posa aux côtés de Lynn, savourant son parfum que le vent hivernal portait à ses narines. Tu as sortis le grand jeu, je ne savais même pas que tu avais cette robe! Par contre, les deux là, tu aurais peut-être pu les laisser dans leurs bureaux, ils n'étaient pas indispensables, si? La jeune brune n'était pas la seule à être jalouse, il fallait qu'elle en soit consciente. J'ai envie de lui pourrir la vie, autant qu'elle me pourrit la mienne. Tu as une idée pour que je puisse parvenir à mes fins? C'est toi l'esprit machiavélique ici! En plus tu lui en fais voir de toutes les couleurs, c'est mémorable.Je vais avoir besoin de ton aide pour la descendre de son piédestal. Le suédois prit la jeune femme entre ses deux bras et se baissa afin d'embrasser son ventre. Tu ne crois pas qu'il serait fière d'avoir un père rédacteur en chef d'un super magazine culturel?

« Tu es au courant que j’aurais été emmerdée toute la soirée si j’étais venue seule ? » dit-elle d’un ton on ne peut plus défensif. L’intention de Lynn n’était pas de rendre Mikaël jaloux mais plutôt de lui faire comprendre que si le fait d’être au bras de l’insupportable Rosie Evans était une torture pour lui, c’en était une bien pire pour elle. C’était à peine si elle pouvait respirer à la simple idée de le voir faire des risettes face à cette abominable femme. Mais l’envie de s’énerver contre le beau suédois s’envola dès lors qu’il se baissa pour embrasser le ventre on ne peut plus rond de la demoiselle. « Tommy sera fier de toi quoi que tu fasses, moi pareil. Mais je n’ai jamais douté du fait qu’en plus d’être intelligent, tu sois super doué. Il n’y a que toi pour ne pas en être persuadé ! Un seul mot de ta part et je peux essayer de… disons commencer à faire en sorte que le big boss du New Yorker ait un regard sur toi. Ton talent ferait le reste. » Hors de question de lui mâcher le travail, elle savait pertinemment que ce n’était pas ainsi qu’il voulait fonctionner, mais lui donner un léger coup de pouce étant dans ses cordes… il était après tout préférable qu’il ne reprenne les rennes de ce grand journal plutôt que de le laisser aux griffes acérés d’une personne aussi laide qu’incompétente, du moins aux yeux de la piquante canadienne. Sans doute n’avait-elle pas un avis très impartial, mais là n’était plus la question. « Tu te rends compte qu’on est obligés de se cacher pour se parler ? C’est déplorable… » Et elle n’avait pas tort. Pourtant, elle profitait de la présence de Mikaël, le serrant contre elle comme si sa vie entière semblait en dépendre dans la seconde. Ce n’était pas pour rien que Tommy n’avait de cesse de bouger dans son ventre de plus en plus rond… « Tu n’as pas tort, il bouge vraiment beaucoup, mais uniquement quand tu es dans le coin. Il ressent tout ce que je ressens, tu le sais ça ? »

Lynn demeura un instant dans les bras du beau suédois avant de ne s’en séparer, bien consciente du fait que Rosie Evans n’attendrait pas indéfiniment le retour de son cavalier, et qu’elle allait finir par l’extirper de ses bras de force d’un moment à l’autre. Cette simple idée la faisait bondir, mais elle n’en n’était pas moins vraie. C’était un peu comme si cette femme insupportable rythmait leur quotidien… « Permission de parler franchement ? Ça me fatigue ce que l’on vit là, tout de suite. Je ne parle pas de nous bien sûr, mais de tout le reste. Tu te rends compte que tu es devenu son petit chien-chien obéissant ? Je sais que tu aimes ton boulot et je ne te demanderai jamais de choisir entre lui et moi, mais là, ça va trop loin. On est obligés de se cacher parce qu’elle risque de péter une durite et te le faire payer… mais merde, ce n’est pas dieu cette nana ! Je ne vois même plus pourquoi on se cache, merde, on est un couple, fier d’être ensemble, on va avoir le plus beau bébé du monde, on devrait le hurler au monde entier au contraire ! Peut-être que tu as simplement envie d’apaiser les esprits ce soir, et si c’est ta décision je ferai profil bas. Roy et Miller sont avant tout là pour la protection de l’autre blonde peroxydée, après tout, tu n’as rien à craindre… et même si je ne peux pas m’empêcher d’imaginer la fin de cette soirée sans une intense envie de vomir, je serai sage comme une image. Mais on peut aussi décider… de dire la vérité, de profiter de cette soirée, de danser ensemble, de profiter d’un moment qui pourrait être agréable. Toi et moi, comme un couple normal. » Lynn possédait un sérieux lui ressemblant peu, mais elle crachait ses paroles de ses tripes. Elle avait rarement été aussi sincère qu’en cet instant.

Mikaël soupira, pas parce qu'il était contre l'idée de Lynn, bien au contraire, mais parce qu'il était exténué de ce petit jeu qu'il jouait à contre coeur avec cette affreuse Rosie Evans. La brune avait raison, il n'y avait en aucun lieu une raison assez valable pour se soumettre à elle mis-à-part qu'elle faisait son salaire L'idée de devenir un jour rédacteur en chef était née comme ça dans son esprit, et ne lui déplaisait pas le moins du monde. Savoir que sa compagne serait là pour l'aider quoi qu'il arrive l'enchantait, et il se devait de rendre la pareille à la belle brune. Un couple c'était à deux, n'est-ce-pas? Tu as raison Lynn, et tu sais très bien que je pense la même chose que toi. Mais ce n'est pas le problème, si je veux réussir à graver les échelons ne serait il pas préférable que je fasse profil bas? Ou peut-être que non, ouaip, tu as raison sur toute la ligne. De toute façon je ne comptais pas sur le fait de se cacher plus longtemps, c'est effectivement inutile et ce petit jeu a assez durer. Je serais le plus fière de cette salle d'hypocrites si je pouvais m'afficher en tant que ton compagnon, n'en doute pas. On devrait même rentrer à l'intérieur main dans la main, histoire de mettre les choses au clair. En plus tu ne serais plus obligée de rester dans les bras de ces deux... magnifiques mecs! Il suivit sa phrase en l'embrassant. Tu te souviens de cette histoire, celle de ma demi-soeur cachée? J'aimerais beaucoup qu'on en finisse avec ça aussi, si tu as des nouvelles et des renseignements fais le moi savoir dès que possible. Ça fait partie de mes projets à venir. Non c'est vrai que même si depuis leur retour de Stockholm il n'avait pas eu le temps d'en parler ce n'était pas pour autant qu'il avait oublié. Cette idée lui tenait à coeur tout autant que celle d'avoir le droit à une promotion, voire même plus tout compte fait. Il ne pouvait enlever de son esprit qu'une personne au même sang que lui courait à travers le monde quelque part. Comme l'avait dit Lynn il insisterait sur le fait de la rencontrer, même si elle ne voudrait pas, même si elle le rejetterait comme elle avait rejeté leur propre père, à juste titre.

Allez, viens. Mikaël prit la main de la plus belle femme de cette soirée et l'emmena à l'intérieur, s'affichant au grand jour devant toute une foule, et devant les yeux choqués de la blonde plastifiée. Strömblad, je peux savoir à quoi tu joues?! Elle avait déboulé comme une furie, alors qu'ils n'étaient même pas dans le coeur de l'immense pièce, une vraie sentinelle. C'est quoi cette mascarade? Le jeune homme eu un léger sourire, un sourire narquois certes, montrant qu'il n'avait que faire de l'avis de cette femme. J'aurais sûrement du mettre les choses au clair plus tôt, ça aurait été un peu plus intelligent de ma part, mais je vous présente ma fiancée, et j'aimerais que vous la voyez en tant que telle. Lynn Maryweather, celle qui s'occuper de vos services sera aussi bientôt celle qui portera mon nom. Et son ventre rond justifie la présence de mon futur fils. Je ne vous dis pas ça une fois de plus pour vous racontez ma vie, ce serait impoli, mais simplement pour clarifier les choses. Le suédois ne se détachait pas de la belle brune, certifiant avec sûreté qu'elle était à lui, et sûrement pas à ses hommes bien vêtus qui étaient rentrés avec elle. Puisqu'on continue à faire des révélations, j'aimerais aussi vous parlez de mon futur projet : devenir rédacteur en chef. Vous entendrez bien que je n'aurais aucuns scrupules à évoquer vos petits chantages et harcèlement comme vous le dites si bien à mon sujet, ce qui ne plairait pas vraiment au comité, eh? Ce n'était pas à son habitude de réagir comme ça mais il y avait certains moments où il était inévitable de faire preuve d'un peu de mauvais sens : la manipulation en faisait partie.

En un rien de temps, Lynn était passée d’un grave sentiment de frustration à une béatitude complète et on ne peut plus agréable. La raison ? Le fait d’être enfin en mesure de tenir le bras de Mikaël face à l’assistance au grand complet, sans gêne aucune. Pourquoi diable devraient-ils être honteux ? C’était ridicule. Lynn n’avait jamais craint personne jusqu’ici, pas plus sa mère, réputée pourtant hautement manipulatrice et dangereuse, que cette femme empoisonnée qui ne manqua pas de se ruer vers eux dès lors qu’ils eurent posé un pied à l’intérieur de la salle de réception. Cette fois, la brunette se garda bien d’émettre le moindre son et laissa le beau suédois mener cette joute verbale avec un brio qu’elle aurait reconnu entre mille… enfin il prouvait qu’il savait tout à fait bouffer du lion lorsqu’il le fallait et qu’il n’hésitait pas à mettre en avant et son talent, et sa propre capacité à manipuler lorsque la nécessité se révélait absolue. C’était évident rien qu’à voir le sourire de la jolie canadienne, mais elle était diablement fière de lui. La preuve en fut lorsqu’elle serra plus encore son bras, afin de lui faire comprendre qu’il se débrouillait comme un chef et qu’elle-même n’aurait pas pu dire mieux. « Oh et avant que j’oublie de préciser : vous savez, Smith, votre patron ? Il joue au golf avec mon père chaque dimanche. Il serait tout de même dommage que je glisse innocemment dans une conversation un portrait de vous qui pourrirait l’image qu’il possède de son précieux journal, n’est-ce pas ? Je ne donne pas cher de votre tête si jamais cela arrive. Et cela arrivera sûrement, d’ailleurs. » Au même moment, l’orchestre présent débutait une valse de Strauss, poussant Lynn à entraîner Mikaël dans une danse. « Fais-moi danser… » lui murmura-t-elle alors qu’ils laissaient Rosie dépitée, comme si le couperet de la guillotine avait chu sur sa nuque replâtrée. Il était temps de savourer cette première victoire, après tout… « Je suis fière de toi. Tu viens de prouver que tu es le roi de la jungle… ou du pétrole, c’est selon. Tant que tu n’oublies pas que tu as une famille qui va t’attendre sagement chaque jour très bientôt, je suis tellement happy que tu deviennes carriériste ! Tu vaux mieux que le boulot de larbin dans lequel elle t’a jeté cette vieille peau. » Décidément, c’était à se demander qui avait le plus de répartie et de phrases qui tuent dans ce charmant couple…

« C’est dingue, je n’ai aucune idée de tes projets à venir, c’est frustrant ! Quant à ta petite sœur… je te signale que je ne t’ai pas vu souvent et que donc je n’ai pas pu te dire un seul mot à ce sujet ! » se défendit-elle tandis qu’ils dansaient et prouvaient à l’assistance entière qu’ils étaient en parfaite symbiose, aussi doués pour se fondre dans une musique enchanteresse que pour se dévorer du regard, comme s’ils se refaçonnaient mutuellement à l’image d’un monde qu’ils créaient ensemble. « Elle vit ici, à New York. C’est un petit génie en architecture, elle a été major de sa promotion à UCLA, ce qui n’est pas peu dire. Son enfance n’a pas été gaie, cela dit… elle a vu sa mère mourir sous ses yeux le jour de ses douze ans, et son père, enfin son père adoptif j’entends, a sombré dans un silence. Il est en maison de repos et elle lui rend visite toutes les semaines. Elle a été élevée par sa tante, une femme qui m’a l’air sympathique, et qui a reprit l’empire Hengel. Mais il y a plus… » Lynn n’était pas certaine d’être en parfaite position pour lui dire une chose pareille, mais soit… autant ne rien lui cacher, puisqu’elle avait énoncé il y a bien longtemps qu’elle n’aurait pas de secret pour lui. « C’est bien parce que je suis une fouine et, accessoirement, un hacker doué que j’ai pu accéder à cette information… mais il semble qu’elle soit LA braqueuse la plus recherchée au monde. Grandes banques de Suisse, Musées du monde entier… elle a volé de très grandes œuvres, et personne ne connait son véritable visage du fait qu’elle se grime avec un brio qui, je dois dire, est vraiment très impressionnant. J’ai mis un temps fou à la reconnaître… elle m’a donné du fil à retordre. Mais bref, je pense qu’elle a surtout besoin d’un peu d’aide, non pas financière parce qu’elle a un compte en banque impressionnant pour le coup, mais plutôt émotionnelle. Si c’est vrai qu’elle te ressemble énormément au niveau du carafon, c’est une pile électrique, un électron libre. Il va te falloir être patient… j’ai un dossier entier sur elle, ses goûts, ses dégoûts, son parcours personnel, scolaire et pro. Nous n’aurons qu’à faire un détour par la NSA en rentrant et je pourrai t’en dire plus. » Lynn n’avait pas été très étonnée du pédigrée de Neige, mais elle n’était pas certaine que la chose plaise énormément à Mikaël… quoi qu’il advienne, la brunette serait là pour l’aider en cas de besoin de toute manière. Il pouvait compter sur son soutien plein et entier. Pour le meilleur et pour le pire ! « Ça va aller ? »

Le jeune homme savourait tout particulièrement ce qui s'apparentait comme une future victoire alors que sa douce l'emmenait déjà sur la piste de danse. Enfin, piste de danse officieuse puisqu'ils étaient les premiers à se dandiner au rythme de l'orchestre, les premiers à attirer tout les regards comme s'ils étaient une boule de lumière qui brillait de milles feux. Être au centre de l'attention ne le gênait pas le moins du monde, c'était bien même le contraire. Et si c'était sûrement la brune qui menait la danse, il la laissait faire. Considérant qu'une femme aussi belle qu'elle l'était avait le droit à sa minute de gloire. Encore plus même : elle avait le droit d'être glorieuse chaque minute de sa vie, puisqu'elle rendait celle du jeune homme aussi belle qu'il l'avait toujours souhaité. C'était ça la magie de leur couple, ils se construisaient mutuellement et remplissaient des cases vides depuis bien longtemps. Les deux adultes refaisaient les codes à leur manière, créant un monde comme ils le voyaient et le voulaient. Que pouvez-t-on demandez de plus à deux amants?
Tu ne m'avais pas dit que ton père jouait au golf... Et encore moins qu'il le faisait avec Smith. Encore une bott secrète que tu gardais précieusement? C'est malin de ta part. Tu sais, j'ai hâte de réussir ça, d'atteindre le sommet et de perdurer en haut. Je suis sûr que je peux y arriver, et c'est grâce à toi. On ne dirait pas mais parfois j'ai un peu de manque de confiance en moi... Enfin, à ce jour, ce qui je souhaite plus que tout au monde c'est que Tommy soit fière de moi. Quand il sera né, et en âge de comprendre, j'ai hâte qu'ils voient son père avec des étoiles dans les yeux, qu'il parle de moi comme si j'étais superman, comme si j'étais le héros de sa vie. Yep, c'est vraiment ce dont j'ai envie, d'avoir une famille fière de moi, qui sait ce que je vaux, et ce que je suis prêt à faire pour elle. Il baissa la tête et rigola honteusement, sentant sur ses joues étaient plus rosées qu'elles ne l'étaient d'habitude. Ça lui faisait un bien fou de dire tout ça, et il était bien conscient qu'il ne pouvait en faire part uniquement à sa douce. Ne me reproche pas mes absences, tu as vu aussi bien que moi que cette femme est assez folle pour se mettre au cul un criminel... Son sourire ne le quittait pas, il repensait à la situation dans laquelle cette blonde plastifiée s'était mise et en jubilait presque : elle était ridicule.

Je ne pensais pas que tu avais déjà eu le temps de faire autant de recherches! Tu me donnes de quoi réfléchir là... Pourquoi ça ne m'étonne pas qu'elle ne soit pas qu'une simple surdouée qui réussisse dans tout ce qu'elle fait? Bien sûr elle a un côté un peu plus noir, un goût du risque et il faut croire que c'est un trait de caractère des Strömblad... Et ne te moque pas de moi en disant que tu n'as pas vu ce côté noir en moi, tu sais que c'est faux! Mikaël n'avait pas voulu évoquer de mauvais souvenirs, mais il fallait remettre à césar ce qui était à césar...
Franchement? Ouais, ça va aller. Je pense que j'appréhende un peu le jour où on la retrouvera, que tu me donneras le nom de la rue où elle habite et le moment où je sonnerais à l'interphone... Je suis certain qu'elle va me rejeter, tout simplement parce que je me suis mis à sa place et c'est ce que j'aurais fait. Mais tu sais quoi? Tu m'as donné le goût de la famille, c'est dingue hein? J'ai envie d'avoir des personnes près de moi, de construire un cocon chaleureux où on pourrait se sentir bien. J'ai aussi l'envie que cette Neige en fasse partie, même si elle ne le voudra pas, je te promet que je la ferais changer d'avis. Pas question de laisser une nana portant les mêmes gênes que moi courir dans les rues sans savoir qu'elle a un frère, un frère qui sera prêt à tout pour l'aider, un frère qui sera toujours derrière elle si elle s'apprête à tomber.
Un autre petit rire nerveux pour accompagner sa phrase, il se découvrait totalement à la vue de Lynn.
C'est à croire que tu m'as entièrement changé, tu sais?

« Tu sais quoi ? Il est temps de porter le coup de grâce à cette bonne Rosie ! » La danse touchait à sa fin et le couple cessa donc de danser avec une grâce que nul ne pouvait égaler à cet instant précis. Lynn entoura le cou du jeune homme et, non sans jeter une œillade tout à fait provocatrice à la rédactrice qui ne décolérait pas depuis qu’ils étaient revenus dans la salle de réception, s’empara fougueusement des lèvres du beau suédois. Une façon comme une autre de marquer son territoire, certes, mais personne ne saurait nier la sincérité indéniable de ce baiser. Lynn s’écarta pourtant, à bout de souffle, et prit la main de Mikaël sans attente afin de le mener vers la sortie du bâtiment. Oh bien sûr, Rosie les avait suivis, leur courant même après, mais la brunette ne manqua pas de récupérer sa voiture sur le parking, incitant son amant à monter côté co-pilote avant de démarrer en quatrième vitesse. Ce petit coup de sang lui était venu d’un coup, et elle put difficilement faire autrement chose que d’éclater volontiers de rire, comme une gamine, une fois qu’elle eut largement dépassé la rue suivante. « Tu as vu sa tête ?! J’ai cru qu’elle allait nous faire une crise cardiaque directe sur place ! » L’hilarité de la jolie canadienne se maîtrisa lorsqu’elle remit son oreillette en place et énonça à ses coéquipiers les quelques mots suivants : « j’ai une urgence les garçons, mais je serai simplement au bureau ; si vous avez besoin de mon aide, appelez-moi sur mon portable et je ferais en sorte de me radiner le plus rapidement possible. » Ils pourraient très bien gérer sans son aide, après tout, il s’agissait de deux colosses dont l’expérience ou le talent n’étaient plus à prouver depuis belle lurette. Lynn avait besoin de se retrouver un peu seule avec Mikaël… après tout, il y avait beaucoup de choses dont elle devait discuter avec lui. A vrai dire, un délicat silence les entoura jusqu’à ce qu’ils ne foulent effectivement le sol des bureaux de la NSA à nouveau. A ceci près que cette fois, le suédois n’emprunta pas la porte des visiteurs mais bien celle des agents, en compagnie de Lynn, dont un détecteur pris les empreintes manuelles et visuelles. Elle passa outre le fait qu’une photographie d’elle en tenue militaire féminine s’affichait, bien que celle-ci lui aille proprement à ravir. Elle continua plutôt la route jusqu’à son bureau personnel, immense, blindé d’engins informatiques, écrans laissant défiler les quelques dizaines d’affaires qu’elle gérait en ce moment, y compris celle de son père, à l’aide de caméras et satellites du monde entier.

« Bienvenue dans mon antre ! Mets-toi à l’aise, j’ai un coup de fil à passer. » Lynn n’oubliait pas qu’elle n’avait pas encore répondu à la plupart des propos de Mikaël… bien qu’elle ait beaucoup à en dire fondamentalement. « Monsieur Smith ? Ah, vous m’avez reconnu, quelle mémoire ! Effectivement, je vous appelle pour vous prévenir que malheureusement, le voyage de mon père s’étend en longueur et qu’il ne pourra pas honorer votre golf d’après-demain. Mais puisque je vous dois une partie depuis un lustre, sans doute est-ce l’occasion ! Bien sûr, je ne suis pas aussi brillante que lui, mais vous n’aurez aucun mal à m’apprendre quelques astuces, professionnel que vous êtes ! D’autant que je suis vraiment curieuse d’essayer ce fameux restaurant français dont vous m’avez parlé… cela me permettra de faire d’une pierre deux coups, vu qu’il y a quelqu’un que je veux à tout prix vous présenter. Vous avez très bien deviné, je crois que mon père ne sait pas tenir sa langue ! Entendu, merci de votre disponibilité… embrassez votre femme pour moi ! » En l’espace de quelques minutes à peine, Lynn avait été en mesure d’arranger un rendez-vous de pointe avec le PDG du New Yorker… elle n’était d’ordinaire pas coutumière du fait d’user de ses relations pour autrui, mais là, il s’agissait de Mikaël, alors ce n’était évidemment pas pareil. « Je crois que tu oublies que je suis quelqu’un de très secret et que donc, des bottes, j’en ai toujours plusieurs dans ma manche… plus sérieusement, ils ont fait leur service militaire ensemble avec mon père, ils se connaissent depuis des lustres et sans aller jusqu’à dire que je le connais très bien moi-même, il m’a beaucoup soutenue pendant ma période disons… de merde. En deux mots, je te garantis un rendez-vous privilégié avec lui, et j’espère que tu as un swing du tonnerre ! Après… le reste dépend de toi mon ange. Mais je suis sûre que tu brilleras, c’est évident. Si tu n’y crois pas, moi j’y crois. Et Tommy sera aussi gaga de son papa que tu le seras de lui, fais-moi confiance. » Lynn ne se leva qu’ensuite de cet immense siège de ministre afin de servir un verre de scotch à son cher et tendre. Le plus cruel est qu’elle garde dans un petit coffre à part une collection d’alcools de prestige et qu’elle doive se contenter… d’un verre de coca. Triste, n’est-ce pas ? Mais en tendant ledit verre à Mikaël, elle ne manqua pas de s’emparer furtivement de ses lèvres avant de s’asseoir contre ses genoux. « Si tu dis que je suis lourde, je t’étrangle, vu ? Maintenant que l’on est ici, je peux te montrer le dossier de Neige. En tout cas… je pense ne pas être mauvaise dans mon domaine, enfin je crois, tout comme tu es bon dans le tien. Alors forcément que je me suis déjà penchée dessus… c’est toi qui me l’avait demandé ! »