Mikaël n'en revenait pas des remarques que la jeune femme venait de lui faire implicitement. Il n'avait jamais offert de fleurs à la belle brune? C'était vrai, mais si il ne l'avait pas fait pour elle il ne l'avait surtout pas fait pour personne. Devoir dire "je t'aime" était déjà une des choses les plus importantes pour lui. C'était pourquoi il avait eu du mal à lui dire, c'était pour quoi il avait vomit les plus beaux mots de cette planète après un évènement marquant de sa vie. Offrir des fleurs, certes c'était dans ses cordes de romantique invétéré, mais il fallait une extrême bonne raison qui ne serait pas anodine! J'y crois pas, madame me fait des reproches alors qu'elle s'est toujours amusée à critiquer mon romantisme débile? Lynn Maryweather deviendrait fleur bleue, c'est ça? Ben tiens, ce sera à toi de m'offrir quelque chose, des coquelicots ou des orchidées, si tu veux mon avis. Derrière tous les propos plus ou moins sérieux du trio se cachait surtout des idées vraisemblables, et des pensées qui étaient certaines pour eux. C'était palpable, ils étaient tous assez habitués à cacher leurs véritables opinions et envies derrière des blagues, de l'ironie, et des coups de langue moqueurs. Le serveur avait attendu le calme à nouveau avant d'amener l'entrée, de voir Mikaël se lécher les babines et de repartir plus apeuré qu'il n'était arrivé. Le rapport au restaurant du suédois et de Lynn n'était pas des plus banal, d'abord ils avaient conçus Tommy à l'intérieur de toilettes... Normal? A méditer.
Arf, je verrais bien ton chère père me traiter de Norvégienne, ou de Russe, et dans ces là je le renverrais dans son canada natal! Agneta souligna ses propos avec un sourire rigoleur. Ne t'en fais pas, je m'occuperais de cet enfant comme je me suis occupée de ce gros goujat. Et tu verras, il n'y aura pas de déficiences comme tu peux en trouver chez celui-là. Je ne fais jamais la même erreur deux fois! Pourtant là dessus elle venait tout juste de marqué un point sensible sur sa relation avec William. Elle avait toujours été au courant de ses infidélités, toujours au courant de son batifolage. Que dire? La presque vieille femme n'avait jamais décidé d'en finir pour la simple et bonne raison que la famille était quelque chose d'important. Quelque chose de vital, et malgré tout son amour pour son mari avait perduré. Par contre, si on doit parler de sujet sérieux, tu n'as pas à t'inquiéter. Je sais que celui-là (elle donna une pichenette sur la joue de son fils) c'est un bon. C'est pas pour rien, je l'ai sortit de mon ventre comme Tommy sortira du tiens, et tu sais, à ce moment là qu'il sera parfait. Parce que de un il a les meilleurs parents du monde, mais aussi parce qu'il a une mère qui sera prête à tout pour lui offrir une vie convenable. Après, il sera forcément capable de trouver sa voie et de créer quelque chose. La preuve avec vous deux, je n'ai pas eu de regret à te laisser partir Mik', il fallait que tu le fasses. Et voilà que tu me ramènes une fiancée, un enfant, de l'amour. Que puis-je dire de plus? Si Agneta n'avait jamais eu de doute sur son fils, elle en avait encore sur son couple. Peut-être que réfléchir à abroger ses souffrances n'était pas évitable.
Tu dis ça, mais tu as volé mes valises pour retarder mon départ. Ne mens pas, je sais que tu l'as fait! Au même titre que tu as caché mon billet d'avion sous le grille-pain. Aucun doute hm?
Je suis en pleine discussion avec Lynn là, et je ne vois même pas de quoi tu veux parler. En niant ironiquement elle se tourna volontairement vers la jeune femme. Par contre, si tu as un quelconque problème avec ta grossesse, avec le bébé, tu prends son portable tu tapes "maman" ou "chieuse" dans son répertoire et je suis sûre que tu trouveras mon numéro. En plus il m'appelle une fois tout les semestres, ça me permettra au moins de faire croire que j'ai un fils vivant! Mais quelle mère décidément... Le jeune homme en arriva à faire du pied à la belle brune sous la table. Portant des chaussures légères il en profita même pour faire remonter la robe de Lynn sous l'énorme nappe, frottant sa jambe avec la sienne. Ce dîner était des plus spécial.

« Je n’ai jamais critiqué ton romantisme, c’est quoi cette mauvaise foi ?! Et puis ce n’est pas à la femme d’offrir des fleurs, mais à l’homme. » Mikaël lui-même serait probablement mal à l’aise si la folle de contradiction qu’était Lynn se ramenait un jour avec un bouquet de fleurs, quelles qu’elles soient. Mais si elle avait une fâcheuse tendance à se vexer pour un rien en temps normal, la brunette prit le parti de l’humour ce soir : elle laissa un charmant sourire se placer sur les beaux traits de son visage et, non sans sortir son stylo fétiche de son sac en bandoulière, ne manqua pas de commencer à crayonner sur l’une des serviettes présentes sur la table. Quitte à ne pas faire dans la normalité la plus entière, autant y aller franchement. « N’ayez crainte, mon père idolâtre la Suède autant que moi et ne pourra pas vous confondre avec une autre… surtout que je l’aurais briefé avant donc s’il gaffe, je serais la première à lui refaire le portrait façon puzzle » ironisa-t-elle sans encore toucher à son entrée, poursuivant son petit dessin avec un air malicieux planant sur ses traits si fins. Elle ne put cependant s’empêcher d’éclater de rire et d’en lever le nez lorsqu’elle apprit qu’Agneta était suffisamment maman poule pour avoir caché les valises ET le billet d’avion de son fils… très étonnement, la chose ne la surprenait même pas. Lynn savait qu’elle serait bien pire une fois que Tommy aurait grandit. Une vraie louve, l’exact contraire de ce que sa mère avait pu être avec elle… comme si elle n’était guidée que par les grands principes inculqués par son fou de géniteur. « C’est vrai, vous avez planqué ses valises ? Mouhaa, du grand art !! Personnellement, j’ai hâte de voir les filles courir après Tommy. Je suis sûre qu’il aura un succès fou… avec des parents comme nous et des grands-parents au top, il ne peut qu’être un modèle de perfection !! » Dans tous les cas, il ne manquerait pas d’amour ce petit… Lynn allait le considérer comme LA personne à protéger et serait odieuse si l’on s’avisait de vouloir lui faire du mal.

« Voilà une belle orchidée pour toi, mon ange ! Maintenant, tu ne pourras pas dire que personne ne t’a jamais offert de fleur ! » Lynn aimait jouer sur les paradoxes, mais le pire, c’est que son dessin était magnifique. Elle lui lança aussi un clin d’œil, non sans commencer elle-même à caresser l’une de ses jambes alors qu’elle avait ôté son pied de l’une de ses chaussures à talons hauts. Une façon comme une autre de ne jamais cesser ce petit jeu de séduction qu’ils avaient entre eux, tantôt humoristique, tantôt passionnel, tantôt presque violent… une chose est sûre, Mikaël la comblait comme personne ne l’avait jamais fait, et ce bien qu’elle ne se prive pas de poursuivre sa discussion avec Agneta tandis qu’elle le provoquait ouvertement et stoïquement. « Même sans problème particulier avec ma grossesse, je dois avouer que côté conseils féminins, je suis un peu à cours… je n’ai pas d’amie féminine et ce n’est pas à ma mère que je vais demander, jamais de la vie, alors vous prenez un risque en me proposant de pouvoir vous appeler ! Vous allez rapidement en avoir ras le bol de mes coups de fil répétés… mais au moins vous serez certaine que votre fils est vivant ET en bonne santé. D’ailleurs… cela vous choque si je vous tutoie ? » Lynn ou comment se débarrasser du formalisme en trois leçons et demie.

Agneta devrait apprécier le fait que Lynn soit avenante. Il n'y avait pas de comparaison spéciale à faire, mais Erika avait toujours été dans son coin, recroquevillé sur elle-même, timide, toujours à demander la permission. Elle n'avait d'ailleurs pas tutoyer les parents de Mikaël, jamais, attendant qu'ils lui demandent de le faire, exception faite de William, bien plus rentre-dedans que quiconque.
Elle a planquée mes valises et a toujours nié de l'avoir fait, c'est bien ça le pire. Pensant que je serais dupe, mais tu semblais oublié que j'étais ton fils et que ce que tu penses, je le pense aussi! Aucun artifice ce soir, tout le monde faisait tomber les masques de la susceptibilité et des émotions futiles. Le rire prenait place, en tant que maître des lieux. Aussi le jeune homme attrapa la serviette surprit, il adorait cette façon que la belle brune avait de s'emparer des choses, de sortir un stylo en plein restaurant chic, entre deux bouchées, et de griffonner quelque chose sur un bout de papier pour faire un chef d'oeuvre.
Tu aurais pu me faire un bouquet de rose quand même... Son rire communicatif prit part à la danse et il embrassa Lynn sur la joue. Je vais la garder sur moi, et réfléchir au fait que je pourrais effectivement t'offrir des fleurs maintenant. Sur ses mots il rentra la petite serviette dans la poche avant de son veston, comme le faisaient les ridicules businessman qui s'ornaient d'une rose sur leur poitrine. Mikaël avait toujours trouvé ridicule cette coutume, les roses étaient dans un vase, ou dans les cheveux d'une belle demoiselle.
Je peux vous dérangez dans vos ébats amoureux? Oui? Merci! Lynn, ne t'en fais pas, tu peux m'appeler quand tu veux et sache que n'as pas besoin d'amies durant ta grossesse. Ce sont les hypocrites qui complimente ton bébé alors que tout ce qu'il a c'est la peau fripée. Elles t'offriront des cadeaux qu'elles ont elles-même reçues en sachant bien qu'ils sont inutiles et dégueulasses. Enfin bon, ne jamais avoir confiance en la femme, l'homme par contre est bien plus faible que nous, et c'est ce pourquoi il est facile de nous glisser dans ses bras. Profite des bras du tiens, il les travaille depuis ses 15 ans! Et là-dessus elle faisait référence au colosse et ses biceps musclés depuis qu'il avait commencé la boxe. Mais bon, ces biceps n'avaient guère d'utilité, mis à part donner des coups de couteaux aussi fort qu'il frappait dans un sac d'entraînement...
Néanmoins pour accompagner le geste, Mikaël embrassa ses bras à tour de rôle comme l'aurait fait le plus ridicule des goujats.
Je fais comme si je n'avais rien vu, et je vais laisser le charmant jeune homme (elle appela le serveur) nous débarrasser de nos assiettes pour nous servir le plat! D'ailleurs Lynn, tu n'avais même pas à me demander pour me tutoyer, la règle dit que l'on peut utiliser ce pronom dès le deuxième rencard.Agneta enchaîna avec un clin d'oeil alors que le serveur enlevait les assiettes vides de la grande table. C'est Mikaël qui du s'excuser alors que son téléphone vibrait dans sa poche, et il s'en alla dans un coin tranquille du restaurant, surprit que sa boss souhaite l'appeler à cette heure là, ce jour là...

C’était étrange aux yeux de Lynn d’avoir la possibilité, que dis-je, la chance d’avoir une figure maternelle à laquelle se référer, qui pourrait la conseiller et l’aider même en cas de besoin. Non pas qu’elle soit quelqu’un de dépendant, c’était même tout le contraire, mais Lynn avait beaucoup changé ces derniers temps. Elle frôlait ses limites de manière plus régulière, et se rendait bien compte que sa grossesse affaiblissait cette personnalité forte qu’elle s’était empressée de forger au cours des années. Auparavant, jamais elle n’aurait supporté la chose, comme s’il s’agissait d’une atteinte directe à sa fierté… mais il n’y avait qu’à observer la complicité évidente entre Mikaël et sa mère pour savoir qu’elle n’avait pas de soucis à se faire, et que la famille Strömblad l’avait déjà acceptée. « Allons-y pour le « tu » alors ! » s’exclama-t-elle avec enthousiasme alors que le beau suédois s’éloignait, téléphone en main et air résolument sérieux. Il ne fut pas difficile à la jolie brune de deviner qu’il s’agissait probablement d’un appel provenant de son boulot, qui devait malheureusement se rappeler à ses bons souvenirs… bien que ce soit fort dommage, le couple ne pouvait pas rester dans sa petite bulle de façon infinie, il leur fallait en sortir à un moment donné. « En parlant de boxe et de gros bras, j’ai déjà pu tester la force de ceux de Mikaël ! On s’est déjà battus sur un ring, et je dois dire qu’il se débrouille pas mal. Il ne te le dira jamais, évidemment, mais on est un peu à armes égales quant à la protection de l’autre… je n’aime pas les inégalités, quant à passer pour une pauvre petite chose fragile, jamais de la vie ! Je suis indépendante depuis trop longtemps. Même si récemment je suis devenue dépendante, je dois bien l’admettre. » Avouer la véracité de ses sentiments n’était pas chose facile, mais face à l’air entendu d’Agneta, la brunette ne s’en priva aucunement. Elles bavardèrent toutes deux en échangeant anecdotes, rires et une complicité à couper le souffle jusqu’à ce que Lynn ne s’excuse auprès de la belle mère suédoise. Ce n’est pas qu’elle était affreusement jalouse de la patronne de Mikaël, mais presque…

« Toutes mes plus plates excuses Madame Boss mais avec mon fiancé nous essayons de nous envoyer en l’air correctement, alors merci de rappeler ultérieurement ! » Lynn s’était saisie de l’appareil, avait débité sa phrase avec un sérieux absolument indéniable avant de raccrocher sans autre forme de procès. Impulsive, imprévisible, jalouse… l’équation parfaite de la brunette dans toute sa splendeur. Elle haussa donc un sourcil interrogatif à l’attention de Mikaël tout en lui rendant son téléphone, un très léger sourire malicieux ponctuant ses traits divinement maquillés, avant de reprendre : « qu’est-ce qu’elle te voulait que tu aies été obligé de décrocher séance tenante ? » Il pouvait y avoir urgence, à vrai dire, et Lynn connaissait cela bien mieux que lui. Mais autant qu’il crache le morceau tout de suite histoire qu’elle se prépare psychologiquement à la chose. « Elle veut te kidnapper dois-je comprendre ? »

Si Lynn s'était emparée brusquement du mobile que le suédois en main en débitant une phrase assez drôle en elle-même, il rigola intérieurement en trouvant la situation encore plus hilarante. La jeune femme semblait prête à péter un plomb, mais Mikaël avait le truc pour détendre sa pression. Tu es adorable mon ange, mais ce que tu viens de dire au téléphone, tu l'as dit à James, tu sais, mon collègue. Mais je suis sûr qu'il appréciera cette remarque et me demandera de lui raconter les détails la semaine prochaine. Ce que je pourrais faire avec plaisir. Il fallait quand même se dire que la brune était capable de couper court à une conversation pour intervenir dans la conversation téléphonique de son homme, mais il adorait ça aussi. Cette spontanéité, cette jalousie, il en fallait un peu dans un couple, pas trop mais un peu c'était toujours agréable. Par contre, j'ai eu le droit à l'emploi du temps de la prochaine semaine par ma boss 5 minutes avant, effectivement. Je crois au contraire que tu n'as pas à t'en faire, c'est plutôt le genre à sermonner alors que je prends du bon temps. C'est dingue tout le travail qu'on a à faire prochainement, et ça me dégoûte bien assez de savoir que je devrais passer du temps au bureau. Tu ne peux pas m'en vouloir pour ça, on est d'accord? Le colosse ne cachait pas qu'il avait une petite crainte au fond, que la belle brune se détruise à la jalousie ou qu'elle finisse par péter un câble en débarquant comme une furie au boulot alors qu'il ne ferait que travailler. Ce n'était en elle-même... Mais ces hormones, il fallait s'en méfier! Pourtant le jeune homme changea d'optique et posa sa tête dans le cou chaud de Lynn, embrassant la base de ses épaules légèrement découverte de la robe tombante. Hmm... Cette robe là est vraiment magnifique tu sais? Mais si elle n'était pas sur toi ce serait encore mieux. Sa petite remarque agitée d'hormone elle aussi se coupa par la voix d'Agneta de l'autre bout de la salle qui commençait à s'impatienter et à se plaindre de sa solitude.

Non mais! Mon fils qui me laisse tout seul en obligeant son amante à le suivre, tu vas coller tes fesses sur ta chaise, tu es gentil. Mikaël s’exécuta aussitôt, mieux vaut ne pas énerver le diable en elle et lui obéir.
J'ai eu le temps de retracer ta vie entière alors que tu étais au téléphone, je crois que Lynn sait tout de toi et même les anecdotes les plus... gênantes. Tu n'es pas une personne de confiance maman, c'est aberrant. Il fit une fois de plus semblant d'être touché au plus profond de son ego et toucha timidement à son plat qui venait d'arriver. Mais alors que la mère et la belle fille repartaient dans leur conversation, il prenait un malin plaisir à saboter leur intermède. Comment? En titillant son amorueuse de la façon la plus subtile qu'il pouvait.
Le truc, c'est que quand tu le met sur ton épaule il y a toujours un risque que- Agneta parlait comme une pipelette en coupant ses dires de quelques bouchées alors que Lynn l'écoutait, sans savoir si c'était vraiment par intérêt ou par politesse. Le jeune homme, lui, montait sa main doucement vers les cuisses de la brune, sachant bien que sa mère n'y verrait rien. Et quand elle était le plus absorbée par ses paroles, il feignit de faire tomber quelque chose sous la table et s'excusa en se glissant sous la nappe géante. Comment Lynn pouvait-elle réagir sachant que la tête de son amant s'était glissée entre ses cuisses dans un plein dîner familiale.

Le pire, c’est que Lynn n’avait même pas éprouvé la plus petite honte en apprenant qu’elle n’avait pas parlé à la boss de Mikaël mais plutôt à l’un de ses collègues… tant pis, celui-ci allait imaginer le charmant couple en train de faire les pires folies pendant qu’il crèverait de solitude à New York, c’était une image parfaitement satisfaisante en vérité. A ceci près que le retour au dîner fut des plus normaux, Agneta reprenant une sorte de monologue dont elle avait le secret, quant à la brunette, elle buvait littéralement ses paroles non sans une large part d’intérêt. Elle ponctuait les tirades de sa belle-mère de quelques phrases bien choisies, parfaitement stoïque, du moins jusqu’à ce que le beau suédois ne commence son petit jeu en plaçant sa main contre sa cuisse et ne continue de plus belle en agissant sournoisement sous la table. D’un côté, Lynn avait déjà été entraînée à supporter les pires tortures, il en faudrait donc beaucoup pour la déstabiliser complètement, mais Mikaël avait toujours eu le chic pour lui faire un effet tel qu’il n’était pas certain qu’elle résiste bien longtemps. La preuve, elle lâchait déjà des petits soupirs, qu’elle cachait habilement à l’aide de sa main, ou bien encore en faisant mine de s’essuyer la bouche, mais une intense chaleur s’emparait bientôt de son corps tout entier et difficile de tenir une conversation dans ses conditions. Ce filou allait le lui payer cher ! « Je suis… tout à fait d’ac… d’accord ! » Subrepticement, elle avait passé sa main sous la table, non pas pour empêcher le jeune homme d’agir, mais plutôt histoire de défaire les boutons de sa chemise avec une dextérité presque professionnelle. « Ah ! » s’exclama-t-elle en feignant qu’il s’agisse d’une légère douleur au niveau de son bas ventre. Décidément, quelle actrice… « Je suis désolée de te demander ça, mais est-ce que tu pourrais aller me chercher un verre d’eau glacée ? Le serveur m’a l’air très occupé et j’ai vraiment chaud tout d’un coup. » En parfaite maman poule qui se respecte, Agneta n’avait pas cherché plus loin et s’était levée pour mieux se diriger au bar, dans une autre pièce, laissant ainsi tout le loisir à Lynn pour se glisser à son tour sous la table avec empressement et désir.

« Tu ne sais vraiment pas à quoi tu t’attaques toi !! » Lynn s’était emparée des deux pans de sa chemise pour mieux l’embrasser furieusement, à la lumière des hormones s’écoulant déjà à la vitesse de l’éclair dans ses veines, et qu’il venait de titiller de la façon la plus cruelle qui soit. Par chance, ils en étaient au dessert et n’auraient donc pas à attendre cinquante ans avant de finir ce que le journaliste avait commencé, mais ce serait une torture de tous les instants que de remonter à la surface avant qu’Agneta ne revienne… « Tu es vraiment cruel ! Tu mériterais que je te fasse subir pire… dois-je comprendre que tu as une idée en tête ? »

Mikaël jubilait de son petit jeu et prenait tout autant de plaisir que Lynn dans la partie qu'ils menaient. Il esquissa même un sourire quand il entendit la mère se lever pour aller chercher un verre d'eau alors que la brune feignait une douleur imaginaire. Décidément, incapables de se tenir dans les lieux publiques ces deux-là. Je devrais avoir peur de tes menaces, madame Maryweather? Ou devrais-je plutôt m'en satisfaire? Il sortit la tête du dessous de la table alors qu'Agneta revenait pour donner le verre d'eau à la jeune femme. En un rien de temps il cacha sous sa veste la chemise presque défaite et toussota allègrement. Ils étaient professionnels des situations loufoques. Ah! La voilà la coquine, je l'ai retrouvée! La dessus il arborait fièrement sa fourchette qui était restée sur la table tout le long.
Je suis affreusement désolée les loulous mais je viens d'avoir un appel de William qui voudrais que je rentre au plus vite, je me demande bien ce qu'il se passe encore avec ce vieillard... Il n'a sûrement pas trouvé comment allumer la télé ou le décapsuleur pour ouvrir ses bières! C'était une magnifique soirée, et je ne regrette pas de vous laissez tout les deux... Drôle de chose que la femme fasse un dernier clin d'oeil avant de s'emparer de sa veste et de son sac en disant au revoir au serveur situé au bar et en sortant de l'établissement. Enfin tranquilles, it's done.
Quelle est la suite des évènements? Mikaël tenait toujours sa veste et cachait sa chemise, mais son regard fougueux lui passa l'envie d'un dessert et c'est en laissant quelques billets sur la table qu'il entraîna la jeune femme dehors. La rue était bondée, certes, mais il y avait un avantage : plein de taxi parcourait les routes à la recherche de quelconques clients. Il en arrêta un et fit grimper sa douce d'abord, avant de donner leurs destinations au chauffeur. Ensuite, il plongea une fois de plus sa tête dans le cou féminin faisant tomber la manche sur son bras et embrassant de ses lèvres pulpeuses la peau frêle de sa douce. On va mettre tous ça sur le compte des hormones, veux-tu? Le chauffeur ne pouvait certes pas entendre les murmures provenant de la banquette arrière, et le suédois faisait en sorte qu'il ne puisse pas voir que ses mains se baladaient sur le corps de la brune.
Disons seulement qu'on va finir cette soirée en beauté! Et d'un coup de poignet il laissa sa main se cacher sous la belle robe de Lynn, laissant son autre main descendre le soutiens gorge ...

Lynn laissa partir Agneta à regrets, mais non sans se promettre qu’elles rattraperaient le temps perdu une fois que la suédoise ferait une petite virée américaine. La brunette s’attendait à pouvoir commander un dessert, mais ce fut Mikaël le plus fougueux des deux, prenant la tête de l’opération en lui saisissant la main comme s’il allait la faire grimper jusqu’à la lune… ou juste aux rideaux, c’est selon le point de vue. Ils furent à l’intérieur d’un taxi en un rien de temps, et sentir les mains brûlantes parcourir son corps frissonnant ne la fit que soupirer de plaisir plus encore. Effectivement, les hormones étaient pour beaucoup dans cette petite course folle à laquelle ils s’adonnaient, mais Lynn n’oubliait pas qu’ils n’étaient pas seuls dans cette voiture jaune. Et cela la ralentissait légèrement… « Non, pas ici ! » bredouilla-t-elle tandis que Mikaël laissait d’ors et déjà ses doigts jouer avec son soutien gorge. Ses épaules étaient dénudées, et tandis que les lèvres du jeune homme redécouvraient chaque parcelle de son corps aux rondeurs nouvelles, Lynn tâchait de maîtriser ses ardeurs… en vain. « Arrête, non, on ne peut pas ! » Miss je prends tout le temps des risques se découvrait soudainement une pudeur, pudeur qui ne lui correspondait pourtant pas du tout, bien que celle-ci contraste presque agréablement avec les soupirs significatifs que sa bouche laissait échapper bien malgré elle. Un rire se fit bientôt entendre, tandis que Lynn captait les œillades significatives du conducteur. Une chance que l’arrière soit équipé d’une vitre noire, qu’elle s’empressa de relever afin qu’ils aient une certaine intimité. « Je crois que je t’ai définitivement contaminé avec ma folie » conclut-elle avant de succomber à ses avances. Tant pis pour la pudeur !

Lynn continua de défaire les boutons de la chemise de Mikaël, tâchant de faire preuve d’une certaine douceur s’opposant à l’empressement évident du jeune homme. Il avait toujours le don pour les pousser l’un comme l’autre bien au-delà de leurs derniers retranchements, et c’est avec un délice son dissimulé qu’elle lui ôta complètement sa chemise avant d’arracher littéralement sa ceinture. Finalement, ses propres hormones reprenaient définitivement le dessus… « Tu devrais te satisfaire de mes menaces, parce que tu ne sais pas à quel point j’ai envie de toi ! Tu oublies que j’ai deux fois plus de sang dans mon corps et que le simple fait de m’asseoir sur une chaise peut m’émoustiller. » Pour ne pas dire la faire jouir, tout simplement… mais ça, elle s’était bien gardée de le lui dire avant.

Incapables de s'empêcher de se laisser gagner par les hormones il laissa le jeune femme enlever sa ceinture avec entrain alors qu'elle entreprenait de faire quelque qu'elle faisait très bien. Mikaël restait assis sur la banquette, gémissant presque comme si il avait prit le rôle de la femme succombant à son homme, dans ce cas là, elle savait comme se débrouiller. T'asseoir sur une chaise tu dis? T'asseoir sur moi ça sonne un peu mieux, non? il coupa ce qu'elle faisait en la prenant vers lui, l'embrassant langoureusement et sans se demandant comment ils pourraient sortir du taxi alors qu'ils étaient presque nus tout les deux. Le suédois souleva sa robe avec délicatesse, ou pas, et l'appuya contre la portière gauche arrière, c'était en ramenant ces belles hanches rondes vers lui qu'il l'a laissa se cambrer au rythme des va et vient furtifs ne se souciant pas de savoir si on pouvait voir quelque chose à travers cette vitre noire. Au pire des cas, le chauffeur avait sûrement assisté à des scènes bien plus loufoques, ce qui justifiait alors la présence d'une vitre pour cacher les clients aux hardeurs sexuelles, comme ces deux-là. C'était bien dommage de couper court à leurs plaisirs communs, à leurs jouissements les plus étouffés puisque le conducteur toqua comme s'il était devant la porte d'une chambre. Déjà arrivé, sérieusement? La frustration se faisait sentir alors que l'homme presque dénudé donnait une fois de plus quelques couronnes avant de sortir et de devoir affronter le froid sur sa peau nue. Cette situation est ridicule, je suis plus que frustré c'est atroce. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui même, il avait fait succomber Lynn avec brio, mais maintenant il se sentait énervé de n'avoir plus finir ce qu'il avait commencé. Les hormones masculines étaient finalement bien pires que les féminines, il en était la preuve.
Un whisky et dodo, ça le fera comme ça.
En fait, il ne savait même pas comment justifier son comportement, et il entra dans l'hôtel avec le pantalon presque tombant, la ceinture dans sa main droite. Finalement il prit la jeune femme contre lui et chuchota à son oreille : Un jus de fruit pour madame? Mikaël s'installa au bar de l'accueil et passa commande en se rhabillant sans gêne. Je suis ridicule c'est ça? Si il l'était, et il l'était de sûr, la jeune femme l'était aussi. Son soutiens gorge n'était même pas remit, et sa robe avait peine à être en place sur ses jolies formes. Néanmoins il la laissa s'asseoir à ses côtés alors que le serveur déposait deux verres. Il y a des choses, que tu devrais savoir. Ce n'est pas de la plus haute importance quoi que pour ça... Ça soit quand même quelque chose. Mes parents ont eu quelques problèmes de couple, tu le sais. William a trompé ma mère plusieurs fois, mais il y en a une qui restera encrée sans les mémoires. Puisqu'il a eu un enfant avec une de ses maîtresse. Maîtresse qu'il a abandonné ensuite, la laissant avoir un enfant seule, ne se souciant guère de ce qu'elle adviendrait. Par contre, cet enfant, qui s'est avéré être une fille, et qui plus est être ma soeur, nous a retrouvé. Un soir en famille, elle est venue se présenter plus ou moins à nous. Drôle de situation tu me diras, c'était gênant, mystérieux, intriguant, bref je te passe les adjectifs du dictionnaire. Elle est partie aussi brusquement qu'elle est venue, prenant avec elle tout ce qu'elle avait sans ne laisser aucunes traces et un renseignement. Mes parents ont certes survécu à cette épreuve, et mon père a certes passer l'éponge en ne cherchant pas plus loin, moi, par contre, j'ai gardé ce goût amer en tête. Et je suis partit en amérique pour plusieurs raisons tu le sais, et cette raison en faisait partie. Il bu une gorgée de son verre. Enfin bon, je te dis tout ça pour que tu sois au courant, mais aussi parce que je voudrais retrouver cette fille. C'est ma petite soeur, je ne peux le nier, et si on a seulement trois ans d'écart, j'ai l'impression, justement, que l'on est bien trop écartés par la vie... Bref, je sais que tu as le boulot idéal pour rechercher des personnes, et j'ai besoin de ton aide. Je sais que tu seras avec moi là-dessus, et il n'y a bien qu'à la femme de ma vie que je puisse dire ceci.

Dans l’état où ils étaient, ils semblaient aussi ridicules l’un que l’autre. Lynn fut presque étonnée que Mikaël la conduise jusqu’au bar alors qu’ils auraient très bien pu retourner dans leur chambre, s’occuper l’un de l’autre et ensuite commander à boire. Mais aussi vrai qu’elle avait de l’expérience en matière d’analyse comportementale, la brunette sut aussitôt que quelque chose clochait. Restait simplement à savoir quoi… « Je suis plus ridicule que toi, j’en ai peur ! Mais tout à l’heure, fais-moi penser à m’occuper personnellement de ton cas pour rattraper. » Léger clin d’œil entendu après lui avoir murmuré à l’oreille, afin qu’il soit le seul à l’entendre, pour mieux la lui mordiller légèrement en signe d’énième provocation. Lynn était bien loin d’imaginer le boulet de canon qu’elle s’apprêtait à recevoir en pleine face : Mikaël avait une sœur ?! Voilà bien l’un des rares détails qui ne figurait pas dans son dossier et qu’elle n’aurait jamais pu deviner, même en sachant que son père avait été infidèle. Elle imaginait cette demoiselle, manifestement âgée de vingt-cinq ans, esseulée dans un monde où son père ne la reconnaîtrait jamais et n’aurait pas la plus petite attention envers elle. Cette donnée fut même en mesure de l’émouvoir, à l’image de ces foutues hormones ne lui fichant jamais la paix. « Tu es sérieux, tu as une sœur ? Pourquoi tu ne me l’a pas dit plus tôt, j’aurais pu la rechercher bien avant ! » Il ne s’agissait pas d’un reproche mais plutôt d’une incompréhension. Lynn était étonnée qu’il n’ait pas choisi de se confier bien avant là-dessus, alors qu’elle était tout à fait en mesure de le comprendre et de l’aider… comme elle le lui avait déjà dit à plusieurs reprises, elle n’était pas juste une poupée qui sent bon et sourit de temps en temps, elle pouvait très bien le soutenir en cas de merde aussi. « Bien sûr que je suis avec toi. Je suis toujours avec toi, j’espère que tu en as conscience ! Mais il va me falloir autant de détails que tu peux m’en donner, ça ne fera que faciliter ladite recherche. »

Le côté professionnel de la brunette reprit aussitôt le dessus, aussitôt sortit-elle de son sac à main un calepin ainsi qu’un stylo, celui là même qu’elle avait utilisé pour dessiner l’orchidée que Mikaël devait toujours avoir dans la poche de son veston. « Tu m’as dis qu’elle avait vingt-cinq ans, donc. Tu connais son prénom, son nom de famille véritable ? Il faudrait que tu me la décrives physiquement également, tous les détails sont importants. Et niveau caractère… elle est effacée, exubérante ? Elle te ressemble ou elle est l’opposé de toi ? » En clair, tout ce dont il se souvenait était important. Il pouvait compter sur elle pour tout mettre en œuvre afin de la retrouver… Lynn se ferait même un plaisir de lui filer ce coup de main. « Je trouve… choquant que ton père n’ait pas cherché plus loin. Même si cela a dû être très dur pour ta mère ou même pour toi, cette fille doit forcément en souffrir… sinon elle ne se serait pas lancée dans une action commando pour mieux débarquer chez vous ! Je trouve ça noble de ta part d’être parti aux USA pour la retrouver, cela dit. Très chevaleresque… très toi ! »

Ce n'était pas uniquement pour la retrouver, c'était bien plus que ça. Notamment tout ce que tu sais déjà, le fait que je me lasse vite d'où je me trouve et des personnes qui m'entourent. Mais cette notion m'a toujours intriguée et si je t'en ai pas parlé avant c'est parce que je n'y voyais pas d'intérêt. Je ne voulais pas m'encombrer l'esprit avec une soi-disant demi soeur cachée quelque que part dans le pays. Pourtant, voir ma mère, mon père, leur relation conflictuelle et le fait qu'ils essaient de faire comme si il n'y avait rien du tout m'a donné envie de voir plus loin. De ne pas mourir sachant qu'une jeune femme ayant le même sang que le mien est toujours en vie et que j'aurais pu vivre quelque chose avec. Il n'en avait jamais parlé, c'était vrai. Et cette perspective, cette perspective d'avoir quelqu'un comme lui quelque part lui donnait des frissons. Il avait envie d'en savoir plus, ne pouvait pas le cacher, et maintenant que cette idée avait prit forme dans sa caboche, elle ne le quitterait pas de si tôt. Avec Lynn comme alliée à ses côtés, il pourrait parvenir à ses fins en un claquement de doigt. Tu sais, je n'ai jamais cherché à en savoir plus avec mon père. C'est un lâche, qui n'accepte pas le fait d'avoir des responsabilités et qui n'assume pas que ses actes puissent avoir des conséquences. De graves conséquences, dans ce cas là. C'est bien parce que ma mère m'a élevé alors qu'il devait être avec la mère de cette soeur que je ne suis pas comme ça. En tout cas, je ne tiens pas de lui, j'en suis sûr et ça me satisfait pleinement. J'ai une vie incroyable, franchement, je le pense. Et ce que je construis avec toi maintenant, William ne l'aura eu avec personne, même pas avec ma mère. Son whisky était déjà vide, et il n'hésita pas à en commander un deuxième alors que la belle brune ne pouvait que se délecter d'eau et de cocktails sucrés dégueulasses.
Certes ce n'était pas le moment de lui faire une énième déclaration d'amour, et ce n'était pas ce qu'il s'apprêtait à faire, mais c'était bien plus que ça, et Mikaël n'en oubliait pas néanmoins le but principal de la conversation.

Elle est brune, genre petite brunette yeux marrons tu vois, et elle doit tenir de sa mère sur ce coup là. Elle n'est pas très grande et dans mes souvenirs, qui datent d'il y a presque 6 ou 5 ans elle était toute fine, un petite cure-dent. La voix portante quand elle s'y mettait, plutôt du genre exubérante qui a de la répartie et un sarcasme, une ironie à toute épreuve. Un peu dans le même genre que moi en fait, peut-être une caractéristique du caractère de mon père. Je crois même qu'elle est un soupçon arrogante parfois, tu sais, ce côté égocentrique des Strömblad! Il n'y avait pas de doute que le travail de Lynn l'aiderait largement, et son équipe serait aussi efficace qu'elle l'était. Quelle chance il avait d'avoir un tel atout à ses côtés.

« Si tu passes par là, je ne suis pas fâchée d’avoir réussi à pousser mon père à rencontrer des femmes… il mérite mieux que le dédain de ma mère. Donc je peux comprendre ce que tu veux dire… on est uniques dans notre genre, de toute façon ! » Lynn aimait bien se gargariser en les mettant en avant, l’un comme l’autre, non sans une délicate pointe d’ironie. Là-dessus, Mikaël déteignait complètement sur sa personne… elle n’était pas aussi moqueuse avant. Sans aller jusqu’à dire qu’elle était bien plus sérieuse, disons qu’elle était résolument différente. Changer ne lui déplaisait pas, bien au contraire… cela la comblait de savoir qu’elle ne resterait pas une simple pierre sans sentiment pour le restant de ses jours. « Je vois… en fait, j’ai de plus en plus l’impression que tu vas trouver ton double dans cette jeune fille ! Et si elle a ton charme, elle doit en faire tourner des têtes, pas de doutes. Bref… tu n’as pas son prénom sous la main ? » Lynn n’en n’avait pas forcément besoin mais il s’agissait aussi d’un brin de curiosité de sa part. Il faut dire qu’elle n’était pas analyste pour rien, et que si son père l’avait embauchée à ce poste, c’est bien parce qu’elle était un petit génie en la matière. On ne pouvait pas mettre de côté l’un des hackeurs les plus pointus de cette génération… voilà pourquoi elle ne mettrait sûrement pas plus de vingt-quatre heures avant de la retrouver. « Ses origines, aussi, si jamais tu as cette info en ta possession. En tout cas, elle a l’air d’être une sacrée dans son genre, j’aime ça d’avance, ça va rendre la fouille passionnante. Dis-moi… tu veux simplement la retrouver ou avoir un dossier détaillé sur elle t’intéresse ? » Lynn ne lui donnerait pas forcément tout, elle risquait de trier, mais il n’empêche que Mikaël pouvait être intéressé par la chose… et être par la même occasion un peu moins impressionné s’il décidait de franchir le pas et d’aller la trouver une fois qu’il connaîtrait son adresse.

« En tout cas… j’aime cette sensibilité que tu as, c’est vraiment une qualité très rare. Même moi je ne l’ai pas. C’est obligé qu’elle t’adore ! En tout cas, je pense que ça devrait être du gâteau de la retrouver. Les gens ne m’échappent jamais longtemps, et ce n’est pas de l’arrogance… c’est vrai. On ne m’a pas embauchée pour rien. Mais dis-moi, tu vas chercher à la rencontrer ou tu veux simplement savoir où elle se trouve et si elle va bien ? » Lynn ne pouvait pas s’empêcher de creuser un peu plus profondément. Cela la stressait presque d’imaginer que cette jeune femme puisse avoir besoin du frère que pouvait être Mikaël et qu’il puisse ne pas vouloir la rencontrer au final… « Tu me tentes avec ton scotch, c’est cruel de ta part !! »

Le jeune homme faisait tourner le verre alors que son coude était appuyé sur le bar. Il ne pouvait cacher que les questions de la belle brune lui tendait à la réflexion intensive, et il ne se privait pas d'entrer dans un silence alors qu'il méditait pendant plusieurs secondes. Ce n'était pas une question à prendre à la légère, et il fallait faire la part des choses entre retrouver quelqu'un pour avoir quelques informations sur sa personne, et essayer t'établir un lien avec elle. Ecoute, c'est une vraie question que tu me poses. Si j'avais toujours eu l'optique de la retrouver, c'était d'abord pour prendre contact avec elle, tu sais, créer un lien quelque chose. En tant que frère et soeur, mais ça parait ridicule puisque je suis le fils de quelqu'un dont elle ne veut sûrement pas entendre parler. Et même moi, le colosse, face à ça je reste muet. Enfin... L'idée de pouvoir seulement savoir ce qu'elle fait dans sa vie, de savoir où elle est et son plat préféré semble suffisant. Il soupira et interpella le garçon de café. Dites mon brave, disons que je vous laisse un petit billet en plus et que je peux fumer une cigarette. Il n'y avait pas d'autres membres du personnels que lui, et même si son regard gêné semblait dire non, il hocha la tête laissant le suédois allumer sa cigarette. C'est dingue, j'ai besoin de tabac pour réfléchir. Mais je crois savoir ce que je veux, tu as raison j'aimerais la retrouver, la connaitre et passer du temps avec. Tu sais, cette notion de "petite soeur" ça m'enchante. Si je dois déjà te protéger toi et le petit bout dans ton ventre, je me vois bien aller casser la gueule aux mecs qui lui feraient du mal. Tout autant que je la verrais bien prendre le petit Tommy dans ses bras, sachant que ce gosse aurait conscience qu'il a deux tantes derrière lui. C'était ainsi que Mikaël souriait bêtement, sachant que ses envies étaient ambitieuses et qu'il parlait une fois de plus de l'avenir comme si tout arriverait demain.

Je n'ai aucun doute en tes capacités, c'est même ce pourquoi je t'en parle. En plus d'être la femme de ma vie et mon unique amour, tu es aussi la meilleure femme à qui je puisse demander des services. Multifonction en plus. Il accompagna cette phrase d'un baiser dans ses cheveux. Si tu veux plus de renseignement je peux te dire qu'elle s'appelle Neige, Neige Ondine Hengel, c'est une allemande. Ne me demande pas comment sa mère et mon père se sont connus, je n'en ai aucune idée. Mais avec de telles origines je me doute bien qu'elle doit avoir un caractère de feu. Bref, si tu veux je fini mon verre ma cigarette et on monte en parler... Dans le lit...

Pour une fois, Lynn ne fut pas la première à répliquer quoi que ce soit et laissa un délicat silence l’entourer tandis que Mikaël réfléchissait puis lui répondait de manière concrète. Bien sûr qu’il voulait la rencontrer et tenter de créer une sorte de climat de confiance… le connaissant comme elle le connaissait, il devait même mourir de curiosité ! Cette jeune femme semblait être un véritable phénomène qui plus est, et s’il n’était pas dit que leur rencontre soit des plus faciles, Lynn serait la première à laquelle il pourrait se confier et sur laquelle il pourrait se reposer en cas de coup dur. Après tout, qui dit première vraie rencontre entre frère et sœur, dit implication émotionnelle… et là-dessus, le beau suédois devait être LA personne la plus impliquée au monde ! Il surpassait de très loin ce que la jolie canadienne pouvait être capable d’offrir. Elle le suivit donc jusqu’à leur chambre dans un silence presque parfait, se plongeant elle-même dans une réflexion plutôt intense tandis que le fait de savoir qu’il ait une sœur, très étrangement, l’enchantait. Peut-être qu’elle serait capable de l’adorer de son côté… « Si tu veux la retrouver et passer du temps avec elle, alors je vais faire en sorte de t’arranger ça. Mais par contre, en échange, je veux que tu me promettes une chose… d’être patient. Ca risque de ne sûrement pas être évident pour elle, surtout après ce qu’elle a vécu. Si tu as eu une mère au top qui a veillé sur toi pendant toutes ces années, je ne suis pas sûre qu’il en soit de même pour elle. Arme-toi de ton plus beau sourire et insiste même si elle te repousse. On a tous besoin d’un frère ou d’une sœur, c’est une certitude. » En bref, quelqu’un capable de nous comprendre, de nous soutenir et de nous ressembler, au moins de manière éphémère. Sans savoir exactement pourquoi, elle imaginait Mikaël avoir besoin de tout ça, même s’il se disait comblé par la présence de Lynn et qui attendait avec impatience la naissance de leur fils. Cela n’avait rien à voir…

Une fois sortis de l’ascenseur et de retour dans leur chambre, Lynn n’hésita pas à le déshabiller entièrement de manière lente, progressive et extrêmement délicate, tandis qu’elle lui offrait plusieurs baisers comme pour l’apprivoiser une nouvelle fois. Après tout, il avait été frustré avait-il dit… elle l’incita donc à s’allonger sur le dos, le rejoignant non pas en vue de se placer au dessus de lui mais plutôt pour déposer un nouveau baiser léger comme une brise contre sa joue et l’entourer de ses bras afin de le bercer en caressant délicatement sa chevelure. « Comme ça tu veux nous protéger Tommy et moi ? C’est adorable. Avant même de t’imaginer en frère protecteur, je t’imagine très bien en mari et en père surprotecteur, c’est marrant… en tout cas, Neige, c’est très joli comme prénom. Compte sur moi pour la retrouver dès qu’on sera de retour sur le sol américain. Et tu me connais… je suis une femme de parole. »

Mikaël souriait, alors que la jeune femme lui répondait gentiment, le complimentant presque sur ce qu'il essayait de faire. Qu'elle l'encourage dans sa tâche était comme si elle approuvait ses choix, et c'était suffisant pour lui pour savoir qu'il allait faire les bonnes choses, comme il le fallait. Avec le soutiens d'une seule personne, celle qui nous aime et que l'on aime en retour on peut aller très loin. Une fois dans la chambre le jeune homme entreprit de fumer une dernière clope sur le balcon, torse nu tant qu'à faire, surveillant que sa plaie cicatrice bien. Il attrapa la jeune femme qui passait par là pour l'aider à enlever le reste de sa robe. Je sais qu'il fait froid, mais ça fera un prétexte pour que tu puisses te coller contre moi. La dessus le jeune homme l'embrassa de ses bras et la laissa respirer contre lui, sentant son ventre presque proéminent se coller au sien. Je mettrais tout en oeuvre pour faire que cette soeur cachée soit aussi heureuse que moi de trouver qu'elle a un frère, qui est prêt à l'aimer, qui est prêt à lui donner bien plus que personne ne lui a jamais donner. Et tu sais toi-même que j'ai un coeur grand comme l'univers, et que si elle a d'abord peur de moi je ferais en sorte qu'elle apprenne à m'apprécier. De ce que j'ai pu voir on a des choses en commun, des choses à partager. Tes conseils je les garde dans ma manche, parce que ce que tu dis est très juste et que je ferais bien de m'en servir. Le suédois écrasa sa cigarette afin de rentrer à l'intérieur de la chambre chaleureuse. Il s'en était passé bien des choses durant leur voyage, voyage qui resterait inoubliable. A croire que dès qu'ils étaient ensembles tout semblait inoubliable, incroyable et hors du commun. La notion hors du commun était à revoir, puisqu'il avait quand même fini par faire des choses dont il n'aurait jamais été capable auparavant. Il n'avait pas le droit de changer sous prétexte que Lynn avait de l'influence, non, il n'avait pas le droit de tendre à un côté plus malsain que sa nature.

Je suis content qu'on en finisse comme ça, avec une bonne soirée, des projets, un futur bien inscrit, des envies, des objectifs, des liens qui se créent et qui se créeront. Tu sais qu'on fait quand même un super couple? Je veux dire, beaucoup de personnes vont nous envier. Il s'allongea sur le lit, en face de la belle brune et lui caressa le visage délicatement. Quand je t'emmènerais dans des dîner de charité organisé par la rédaction, que tu seras à mes bras et qu'on parlera de nos projets alors que les gens regarderont ton ventre et s'apprêteront déjà à dire "quel beau bébé" alors qu'il n'est pas né. Ça doit être le côté égocentrique des Strömblad tu sais. Mikaël se contenta de l'embrasser une fois de plus, de la prendre contre lui sous la couette laissant un lourd sommeil le gagner. C'était la fin de leur escapade riche en émotion. Demain matin leur vol les attendait pour les ramener à la vrai vie : celle de New York.

« Égocentrique ? Probable. Mais je serais la première à avoir l’impression de pouvoir fanfaronner à ton bras, ne t’inquiètes de rien ! » Sur ces belles paroles, les deux amants terribles s’endormirent dans les bras l’un de l’autre, comme incapables de s’éloigner ne serait-ce que d’un millimètre. Cette nuit fut particulièrement réparatrice pour la jolie brune, n’ayant pas plus été épargné que le beau suédois lors de ces derniers jours. Une chance qu’ils aient été en mesure d’inverser la tendance et de rendre ce séjour à Stockholm inoubliable tout de même. Lynn n’en doutait pas, envers et contre tout, elle était intimement persuadée qu’ils étaient en mesure d’accomplir les plus grands miracles. La preuve, Mikaël était tout de même parvenu à lui dire « je t’aime » pendant ce fameux séjour… ce n’était pas rien ! Et c’est ce dont elle voulait se souvenir. C’est pourquoi ils s’éveillèrent tous deux dans une humeur presque euphorique, bien que leur départ pour les USA annonce beaucoup de travail, beaucoup d’absences et tout ce qui s’en suivrait… Lynn était dans un état d’esprit particulièrement positif, surtout à la simple idée de côtoyer quotidiennement son père et d’avoir à faire à ses questions de futur grand-père poule sans arrêt. Ils prirent certes leur temps, mais le plus étonnant dans l’affaire, c’est que Lynn mette si peu de temps à boucler sa valise. Elle n’était pas du genre à emporter des tonnes de choses, et bien qu’elle ait fait de nombreuses emplettes durant le séjour, cela ne l’empêchait pas d’être méthodique et efficace… quelle maniaque, c’était à peine croyable. Cela dit, sur la route de l’aéroport, elle ne pouvait s’empêcher de sentir son cœur se serrer légèrement, tandis qu’elle conservait la main de Mikaël dans la sienne, plus par réflexe qu’autre chose. Le retour aux USA ne risquait pas d’être simple, au final. Le jeune homme l’avait prévenue, il allait être très occupé, et de son côté, il risquait d’avoir du mal à la voir tant elle allait être assaillie de demandes par son père… « Ça va me manquer de t’avoir pour moi toute seule H24 ! » murmura-t-elle finalement au moment où ils montaient dans l’avion et qu’elle put caler délicatement sa tête contre celle de Mikaël, sans lâcher sa main, en signe d’une promesse toute nouvelle qu’ils s’étaient faite durant le séjour : celle de rester ensemble quoi qu’il advienne.