Il était bien compliqué pour Daniel de savoir réagir face à cet évènement totalement sortit de l'ordinaire. Déjà il n'avait rien écouté au récapitulatif de la semaine, pensant bon de se laisser gagner par une rêverie inhabituelle, mais en plus il devait affronter une situation incongrue. L'assistance avait accourue, débitant des mots incompréhensibles. Myrcella avait suivit, donnant presque une explication à tout ce qu'il se tramait mais le résultat en restait abstrait. Il n'avait pas réfléchit en levant de son siège, s'excusant de brièvement et courant presque vers la sortie de la salle. Il avait regagné un ascenseur le plus vite possible, laissant le personnel le regarder d'un oeil interrogateur. C'est en arrivant dans le hall de l’accueil qu'il se laissa guider par la tête blanche, empreintant la grande porte d'entrée. « Myrcella !» La pauvre jeune fille se débrouillait du mieux qu'elle pouvait pour sortir, alors que le tourniquet avançait il pénétra à temps. Ses yeux se rivèrent sur son poignet, qui semblait contre toute attente ensanglanté. Difficile de croire qu'une personne venant à Carter entreprise puisse sortir dans des conditions pareilles. Finalement son regard interloqué et presque paniqué fixait son visage, laissant quelques souvenirs remonter. Il n'avait pas géré sa réaction, et avait même du mal à expliquer sa présence en dehors de son travail, ne sachant pas trouver des mots à placer il se sentait même ridicule.
« J-Je ne comprends pas tout, et je te demanderais de m’éclaircir les idées.» Ironie du sort, c'était à elle de lui ouvrir les yeux et de lui expliquer les choses. Il avait une crainte, il avait peur qu'elle lui en veuille pour il ne savait quelle raison. Ses propos dans la salle de réunion avaient étés froids et débités de façon solennel. Comme si elle avait oubliée ce qui s'était tramé plutôt dans le bureau de l'américain, comme si il avait commit une faute quelque part.
« Qu'est ce qu'il t'a fait? Qu'est ce qu'on t'a fait? Est-ce que tu m'en veux? Ça va?» Assez comique de voir Daniel Carter dans un état pareil, vomissant des questions à tout va, comme si il ne savait même plus ce qu'il disait. Contre toute attente il y avait une part de bonheur de la voir encore une fois, comme si sa journée ne pouvait pas mal se terminer en sachant qu'il l'avait croisé une seconde fois. Il était content, content au fond de l'avoir en face de lui, prêt à la prendre dans ses bras et à lui dire qu'il aurait souhaitait qu'elle ne quitte jamais la pièce auparavant.

Sans canne, Myrcella était pour ainsi dire sans aucun repère. Les bruits se mêlaient dans son esprit en une espèce de brouhaha incompréhensible, alors qu’elle luttait pour faire mine de marcher normalement. Mais rentrer dans ces conditions allait être un véritable parcours du combattant pour la demoiselle et ça, nul ne le savait mieux qu’elle. D’autant que l’état dans lequel elle était, tant physique que moral, n’était guère beau à voir. Et en entendant la voix de Daniel au loin, elle sut qu’en plus de tout le reste, il avait assisté à ce tableau désastreux… alors qu’elle avait souhaité du fond de son cœur qu’il ne puisse jamais la voir sous un tel angle de misère. « T’en vouloir ? Mais Daniel tu n’y es pour rien… » Myrcella ferma les yeux et se mordilla légèrement la lèvre inférieure, ne sachant guère comment maîtriser elle-même ses propres réactions tant elle avait épuisé sa somme de contrôle face à Carter père. Ce n’était pas faute d’avoir une si forte envie de hurler que tout son corps s’en serait volontiers mis à trembler. Elle bénissait le fait qu’il n’y ait pas grand monde dans ce hall, et que les quelques personnes présentes soient trop occupées à leurs petites affaires pour se rendre compte qu’elle venait de le tutoyer et de l’appeler par son prénom. Elle se racla donc légèrement la gorge, sans savoir quelle attitude adopter bien qu’il y ait une foule de choses plus folles les unes que les autres lui traversant actuellement l’esprit… mais qu’elle n’avait aucun droit d’exécuter face au patron de cette grande entreprise, elle qui avait décidé de ne pas en faire partie. « Je… je ne sais pas pourquoi cet homme s’est agrippé à moi, je suppose qu’il n’avait pas abusé que d’eau, mais… cela n’a aucune importance, je vais bien. Je vais prendre un taxi et tâcher de rentrer chez moi indemne, ça n’a aucune importance, je t… vous assure. » Myrcella était entre les deux rives du Styx, incapable de savoir sur quelle position exacte se mettre afin d’y rester. Mais son cœur était actuellement en train de hurler un charabia incompréhensible dans son for intérieur.

« Je ne savais pas que vous étiez dans cette salle de réunion, je pensais ne parler qu’à votre père. Je n’avais… aucune envie que vous me voyiez dans un tel état. » La franchise dont elle faisait preuve, bien que le manque d’envie soit fortement présent dans un moment comme celui-ci, cherchait à lui prouver qu’elle n’avait pas le moindre regret par rapport à ce qui s’était passé entre eux dans son bureau. Pire, elle aurait volontiers renouvelé l’expérience si seulement une telle chose avait été possible… « Nous sommes en public ici, je ne pense pas pouvoir être égoïste au point de vous tutoyer ou même de demander quoi que ce soit. Retournez à votre réunion, tout ira bien pour moi, je vous assure. D’autant que j’ai rempli mon contrat. Vous pourrez vérifier par vous-même, cet… incident n’a pas bloqué mon inspiration. » Sauf que là, dans la seconde, elle voulait s’en aller. Droite comme un i, l’une de ses mains cachant son poignet blessé, la peur au ventre de subir quelque chose de plus grave sans canne… mais, plus que tout, le déchirement de passer cette porte tout en sachant qu’elle ne le reverrait probablement jamais ; en somme, elle était incapable de faire le moindre pas pour s’éloigner de lui, c’était au dessus de ses forces.

Daniel n'avait aucune envie de la voir s'éloigner, et malgré des petits regards perturbés à son égard il restait stoïque. Prêt à agripper Myrcella pour l'empêche de partir. Comment une telle chose avait pu se produire pour Carter entreprise? Comment avaient-ils pu en arriver là sans ne s'être aperçu d'une anomalie particulière. Cet évènement remettait en doute non seulement les sentiments du jeune homme, mais aussi sa crédibilité en tant que PDG, et si il était heureux, d'enfin sentir son coeur se soulever, il ne supportait pas de faillir à son devoir pré-destiné. Plutôt que de laisser la tête blanche s'en aller, il la dirigea vers l'extérieur du bâtiment. Leur laissant une intimité plus propre, pas à côté de l'entrée de manière à ne pas être vu et dérangé.Je ferais en sorte que cet homme soit puni, et... Et je ne sais pas comment te dire pardon. Ça n'avait pas lieu d'être, et si Carter enterprise avait eu un directeur mieux que je ne le suis, tu ne serais pas dans cet état là. Il se sentait plus que ridicule, piqué en plein dans son ego, et encore pire : son coeur se serrait en pensant que par sa faute Myrcella avait été mise dans une situation dangereuse. Et malgré tout elle avait remplit son travail alors qu'une personne normale serait partie les jambes à son cou, demandant sûrement une indemnisation par la suite.
Il avait du mal à discerné si la jeune femme se contentait d'être polie ou si elle ne lui en voulait vraiment pas. Comment pourrait-il le supporter?
Je ne vérifierais rien, je pense même que tu n'avais pas à faire ce travail, c'est ridicule. Je suis un clown, ça me tue. Putain, et comment j'arrive encore à parler de moi dans une situation pareille? Ce n'est pas le sujet. Le truc c'est que je ne te laisserais pas rentrer seule, et tu ne m'obligeras pas à retourner en réunion. Si je suis un directeur mauvais, je peux au moins être un ami précieux.
Le terme ami lui avait écorché la langue, comme s'il n'avait pas non plus été capable de décrire la nature de leur relation. Sa gorge était serrée, comme si il se blâmait de tout. En un coup de fil le businessman fit venir son chauffeur, armé de son habituelle limousine.
Pas besoin de faire des manières, je te raccompagne, monte. Sans en douter Daniel laissa l'aveugle prendre place à bord du véhicule. S'excusant, il dégaina son téléphone une nouvelle fois. Oui, ici Daniel Carter, hm, oui. J'aurais besoin d'un service, il faudrait me procurer une canne pour personne mal-voyante le plus vite possible. Mh. La meilleure possible. Bien. Le jeune rangea le combiné dans la poche de son smoking, satisfait d'avoir réglé deux petits problèmes qu'il voyait en tant que tel.
Tu veux manger quelque chose? On peut passer à un fastfood en vitesse si tu le souhaites. Aussi dingue que ça puisse le paraître, Myrcella l'avait à sa botte.

Myrcella n’aurait jamais demandé l’aide de Daniel, mais se garda bien d’émettre la moindre réticence en montant dans la limousine. Elle ne savait pas si elle était présentable tant cet odieux personnage à l’entreprise Carter avait eu raison de sa chemise, mais dans la seconde, elle n’en n’avait cure : elle se contenta de prendre place non pas en face du businessman mais à côté de lui, alors que sa nervosité soudaine la frappait de plein fouet. Son premier réflexe fut simplement de prendre sa main, après avoir sourit de manière amusée lorsqu’il eut la délicatesse de lui commander une nouvelle canne tout spécialement, et ce alors qu’elle ne s’était même pas plainte de ne plus avoir de repère sans. « Arrête. » Un simple mot qui voulait tout dire, et qu’elle avait énoncé d’une voix particulièrement douce et rassurante. Certes, Myrcella venait de vivre l’un des moments les plus pénibles de son existence, mais elle partait du principe tout à fait véridique qu’elle était en vie… « Tu n’as pas à t’excuser ou à chercher à réparer quelque dommage que ce soit. Il m’a juste fait comprendre que je suis une proie facile et qu’il faudrait que je trouve un moyen d’y remédier. Pour ce qui est de la punition… je pense que tu verras par toi-même qu’un téléphone fixe avec combiné peut faire très mal. Je l’ai frappé disons… un peu hâtivement il est vrai. Mais je suis parvenue à sortir de son bureau et au final, il n’y a que ma chemise qui a subit un dommage. Efface cette culpabilité, tu veux bien ? » La jolie demoiselle aux longs cheveux d’argent serra un peu plus sa main avant de lui sourire de manière plus franche : il serait toujours temps pour elle de paniquer et de laisser exprimer ses véritables émotions une fois qu’il ne serait pas dans les parages… « Je veux bien manger un petit quelque chose, bien volontiers. Mais afin que tu ne sois pas embêté à être vu dans un fast-food, je suggère que l’on commande quelque chose. » Elle donna donc l’adresse du loft de Diego, qui n’était pas présent ces jours-ci, au chauffeur, avant de plaider coupable : « en vérité, je n’ai pas réellement envie de me tenir à toi comme à une bouée de sauvetage car je serais bien incapable de me repérer sans canne dans le brouhaha d’un fast-food. Et… je dois être horrible à regarder alors j’aimerais beaucoup me changer, je dois dire. »

Une chance que le siège de l’entreprise Carter soit juste à côté et que Myrcella soit rapidement en mesure de se retrouver dans un environnement qu’elle commençait désormais à connaître. Elle incita Daniel à se mettre à l’aise tandis qu’elle s’était déjà emparé du téléphone pour commander un plat non pas bien originaire des USA mais plutôt Français. Une spécialité que Diego lui avait fait découvrir, somme toute une excellente adresse à laquelle elle faisait souvent appel en son absence, toute incapable de cuisiner qu’elle était. Une fois que ce fut fait, elle s’éclipsa dans sa chambre pour enfiler un jean ainsi que le premier t-shirt lui tombant sous la main, noir à manches courtes, près du corps. En moins de cinq minutes, elle était de retour dans le salon, s’asseyant sur le canapé en brandissant une compresse ainsi qu’une bouteille d’alcool à quatre-vingt-dix degrés. « J’ai un peu honte de te demander ça, mais… ce sera sûrement plus efficace si tu le fais. C’est pour éviter d’avoir un hématome trop important. Si cela ne te dérange pas. Cela dit, je ne sais vraiment pas comment je vais être capable de te remercier. Si ce n’est en te répétant que tu es un grand chef d’entreprise, même si tu as somme toute du mal à t’en persuader ! » Et le sourire qu’elle lui offrit en disant cela était si sincère qu’il ne pouvait pas douter du fond de sa pensée. Myrcella n’était ni facilement vexée, ni blessée par les crétins partant du principe qu’elle n’était rien d’autre qu’un objet. Ne pas pouvoir voir ne la rendait pas sans caractère ou sans valeur, bien que ses mains tremblent encore de peur face au choc qu’elle avait subit.

Daniel n'avait pas forcément parler de rentrer à l'intérieur d'un fast-food, d'ailleurs il n'y avait même pas pensé, il n’oserait jamais fouler sol d'un établissement de cet acabit, bien que cela puisse paraître snob. Néanmoins il n'était pas réticent à l'idée de rendre pour la deuxième dans ce studio, à croire que son fameux colocataire n'était jamais là. A croire même qu'il n'existait pas si il n'y avait pas de preuve de sa présence un peu partout dans le logement. L'américain avait autorisé son chauffeur à rentrer, lui demandant de ne pas l'attendre. Et d'un sourire amusé lorsque la jeune femme lui tendit la compresse et la petite bouteille il s'exclama : « Tu ne vas pas quand même boire à cette heure là?! » Il souriait, fière de sa connerie et n'attendit pas qu'elle réponde à cette boutade ratée. Le brun avait entreprit de retrousser la manche de sa chemise, n'oubliant pas la délicatesse cherchant à ne pas la blesser plus qu'elle ne l'était. Son bras avait déjà prit une couleur presque violette, et sa peau naturellement magnifique devenait seulement customisée par une tâche. « On pourrait croire qu'un artiste s'est amusé à te mettre un coup de pinceau. D'un point de vue esthétique c'est plutôt joli à regarder, si ça peut te rassurer. » Ses doigts posèrent doucement la compresse, au courant que l'alcool pur comme celui là était capable de brûler. Gentiment il glissait le pansement sur la blessure, caressant presque son bras par la même occasion.
Non il n'était pas un profiteur, il appréciait le fait de pouvoir garder un contact physique avec Myrcella, un sentiment inhabituel pour le businessman. Daniel du pourtant rejoindre la poubelle afin de jeter le tissu usagé, et répondit même à l'interphone quand le livreur de leur commande attendue était arrivé. Voilà pourquoi NYC était génial, pas besoin d'attendre et pas besoin de marcher! Le sac qu'il lui donna était plein à craqué, et les yeux du jeune homme à la porte brillaient, comme si il se trouvait devant une star internationale. Comme quoi, la célébrité avait des avantages puisqu'il s'offrit une ristourne pas si bien méritée. « Ne me prends pas pour un radin! J'avoue que j'apprécie qu'on reconnaisse mon visage, c'est flatteur, et j'aime qu'on me flatte! » Bien que le moment soit propice à la tranquillité, il éteignit son portable plusieurs fois, voyant le numéro de son assistante s'afficher sur l'écran principal : pas question d'être dérangé. Il s'installa même au petit bar, allumant la télévision. « Tu me feras une carte de fidélité, et me présentera ton colocataire à l'occasion. » En une phrase il insistait sur le fait qu'il avait envie de la revoir, et pas qu'une fois.

Myrcella n’avait émit aucun son ni aucune réprimande, surtout pas lorsque Daniel bénéficia d’une ristourne de la part du livreur, manifestement fan du VIP se trouvant en face de lui. Cela l’amusait, plutôt. Jamais elle n’aurait été capable de supporter une telle célébrité, bien qu’elle soit loin d’en bénéficier bien évidemment. Elle trouvait le jeune homme plutôt courageux de supporter si aisément tant d’adulation factice de la part des autres. Myrcella avait l’impression qu’elle ne pourrait jamais être elle-même ni pouvoir partir du principe que les autres sont sincères avec elle dans son cas. C’était finalement presque une chance de ne pas avoir à supporter tout cela, bien que son compte en banque soit plus souvent dans le rouge qu’elle ne saurait le dire et qu’elle peinait à continuer à vivre comme un parasite de cette manière. Diego ne lui laissait rien payer, avait même refait complètement sa garde-robe, la nourrissait et la logeait, sans qu’elle ne puisse jamais lui rendre la pareille. Non seulement elle n’avait aucun pécule dont elle pouvait jouer, mais elle n’avait pas plus de choses autres qu’elle pouvait offrir. Myrcella n’était pas ménagère, ne savait pas chanter ni jouer d’un instrument –qu’elle disait, car son don en matière de violon n’était pas un secret lorsqu’on l’avait entendue jouer au moins une fois– et n’estimait pas avoir la moindre valeur. Mais elle se permit néanmoins un sourire amusé tout en rejoignant lentement Daniel au bar, s’asseyant contre l’un des comptoirs sans forcément prendre la moindre nourriture en main. Elle cherchait à déchiffrer sa dernière phrase… « Il aurait fallut que tu demandes une carte au livreur, il aurait été plus à même de t’en fournir une ! » Ah, l’innocence caractérisée de Myrcella… jamais elle ne pensait à de la manipulation, et encore moins au fait que l’on puisse s’attacher à elle ou la revoir. Elle ne déchiffrerait jamais clairement la phrase de Daniel, en somme. « C’est drôle, mais je ne considère pas Diego comme mon colocataire. Nous ne sommes pas égaux… je suis accrochée à lui comme un naufragé à une bouée de sauvetage ! Et il refuse que je le remercie. Je ne sais pas si ma présence lui fait du bien ou s’il a juste besoin d’aider quelqu’un, mais… cela finit par me gêner. C’est horrible pour moi d’avoir l’impression d’être un parasite de la sorte. » Mais elle ne lui demandait pas de comprendre, aussi se contenta-t-elle de hausser les épaules.

« Cela dit… je ne suis pas certaine qu’il veuille te rencontrer. Il a été observateur de nos… débuts, dirais-je, et il n’a jamais eu de mots assez durs envers toi, même si personnellement, je ne prenais pas tes attaques pour me faire mal. Je passais outre. » Myrcella se mordilla légèrement la lèvre inférieure face à sa propre franchise, sachant pertinemment que ce n’était pas forcément la chose à dire dans un moment pareil… mais elle n’avait aucune envie que Daniel ne se heurte à Diego. Ni l’un ni l’autre ne méritait un moment aussi désagréable. « Oublie ce que je viens de dire. Il changera d’avis, je ferai en sorte. Je suis quelqu’un de transparent, mais il arrive que l’on m’écoute, de temps en temps… »

Daniel avait conscience qu'il pouvait être détestable, et encore plus vis-à-vis de son ancien comportement avec Myrcella. Il avait même du mal à imaginer avoir pu être aussi moche intérieurement. Et bien qu'il n'était pas étonnant que son soi-disant colocataire le déteste déjà, il éprouvait un sentiment désagréable. Comme si il en était vexé, bêtement. Sa seule envie au jour d'aujourd'hui était plutôt de prendre soin de la jolie blonde, comme Diego l'avait fait. Et bien qu'il ai été avenant, croisant presque ses lèvres une fois il ferait en sorte de ne plus jamais la mettre dans une situation gênante. Surtout qu'il avait bien comprit sa réticence face à lui une fois qu'elle avait fait semblant de ne pas comprendre sa remarque sur la fidélité. Alors comme ça elle ne voudrait pas le revoir? Le jeune homme n'avait pas à se méprendre, il n'avait pas toujours été un ange avec et devait bien s'attendre à ne pas la voir manger dans sa main comme si de rien n'était. « Bon, tu as faim? » Daniel avait parlé froidement sans vraiment le vouloir, obéissant à son côté ego centré, qui était touché contre toute attente. « Parce que sinon ça va être froid, et au micro-onde je me doute bien que ça doit être dégueulasse. » Il fallait qu'il arrête de réagir comme ça, c'était plus fort que lui. D'un côté les derniers mots de Myrcella eurent un effet positif sur lui, comme si contre tout elle se persistait à le voir comme quelqu'un de beau.

« Non, non... Ne te donne pas tant de mal, je me fiche pas mal que quelqu'un de n'aime pas au final. Quelqu'un de plus ou quelqu'un de moins tu sais, ça ne change pas la balance. Non, le problème n'est pas là. » Il se racla la gorge tout en servant des portions généreuses dans leurs assiettes. « Je sais bien que tu es assez grande pour te faire tes propres opinions et que tu n'as besoin de l'avis de personne. Mais j'aurais crainte qu'il puisse t'influencer, surtout que tu as déjà eu à faire avec une partie de moi dont je suis pas très fière. » Quitte à faire une petite guerre contre le garçon, histoire de voir qui était le plus protecteur des deux. En peu de temps il avait voulu s'approprier la jeune femme, et ne reculerait pas devant un rival s'était attaché à faire de même. Il était de nature possessive et jalouse, et son empire l'avait toujours décidé à garder ses trésors sans les partager. « Je suis quelqu'un d'égoïste, et tu auras bien le temps de le voir. Mais je t'avertis, contre toute attente je suis jaloux aussi, et assez franc finalement. » Cependant Daniel ne ferait pas violence de ses sentiments à Myrcella, et s'abstiendrait de lui donner une quelconque pression ou culpabilité.

La soudaine froideur de Daniel était si imprévue qu’elle arracha à Myrcella une large expression de surprise : pourquoi diable agissait-il ainsi ? Elle ne pensait pas avoir dit un seul mot qui puisse être pris de travers, mais il semblait que son innocence ait encore fait des siennes et vienne de lui jouer un tour des plus fâcheux. Elle déglutit avec difficulté, sans perdre une miette de ce que lui disait le businessman, tentant de comprendre ce qu’elle avait bien pu dire d’aussi terrible, et qui venait de lui faire comme retourner sa veste alors qu’elle s’était attendue à beaucoup de choses sauf à se heurter à un comportement diamétralement opposé à celui auquel il venait malheureusement de l’habituer. Sa douceur s’était transformée en froideur, et bien qu’aucun sentiment ne transparaisse contre les traits délicats de la jolie demoiselle aux longs cheveux d’argent, elle peinait à comprendre. Pire, elle cherchait une raison valable pour un tel revirement de situation et, bien évidemment, elle se blâmait en premier sans chercher plus loin. « J’ai peur de ne pas comprendre… » Myrcella n’avait pas touché à la nourriture, son estomac étant soudainement retourné par les questions sans queue ni tête se bousculant toutes les unes aux autres dans son esprit secoué par le chaos. Plus elle essayait de comprendre, moins elle y parvenait et plus sa panique s’intensifiait. Mais ce fut pire lorsqu’il énonça être jaloux : elle était à des lieues d’imaginer qu’il puisse tenir à elle, et par-dessus le marché, que les sentiments nés dans son cœur au moment même de leur instant privilégié du jeune homme puissent être réciproques d’une quelconque manière. « J’apprécie énormément Diego, mais il n’est pas une personne sur terre qui puisse influencer mon jugement de quelque manière que ce soit. Il ne voit pas le monde au travers de mes yeux, personne ne le peut. C’est sans doute la seule liberté que je peux avoir, et j’y tiens. » Qu’il se le tienne pour dit. « En revanche, je ne comprends pas cette soudaine froideur qui s’échappe de toi et qui me glace sur place. Si j’ai dis quelque chose qui t’a déplu ou blessé… je te prie de bien vouloir me pardonner. »

Les traits de poupée de porcelaine de Myrcella étaient marqués par une certaine culpabilité certes, mais également par une large part d’incompréhension, à un tel point qu’elle en finissait par avoir l’estomac noué. Impossible pour elle d’avaler la moindre bouchée dans ces conditions, son appétit ne risquait pas de réapparaître dans de telles conditions. « Je n’arrive pas à comprendre pourquoi tu me parles de jalousie, d’égoïsme ou de franchise, ça n’a pas de sens ! Quel rapport avec Diego ou notre conversation ? J’ai beau retourner la chose dans mon esprit, je ne parviens pas à faire la lumière sur ton brusque changement ! » Myrcella poussa un léger soupir avant de se passer légèrement une main contre sa nuque. Elle finit par se lever de son tabouret ensuite, passant près de Daniel en le frôlant presque, sa respiration devenue haletante. C’est fou cet effet changeant qu’il avait sur elle… comme si un seul de ses mots pouvait la faire douter et se remettre complètement en question. Ce n’était plus seulement une question de culpabilité, d’ailleurs. C’était bien plus que cela, et ça ne faisait que s’intensifier. « Ai-je fais quelque chose ? Tu as parlé de franchise, alors sois franc. » Mauvais réflexe que de porter toujours le tort à sa personne. Mais à sa décharge, son passé ne lui avait appris que cela.

Il n'y avait rien à dire pour décrire la réaction soudaine de Daniel. C'était un excès de jalousie, de savoir que Myrcella habitait vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec cet homme lui était insupportable. Il n'aurait pas du être aussi brusque dans son comportement et avait tendance à oublier la sensibilité de la jeune femme. Néanmoins il était quelque peu intrigué par le fait que son changement d'humeur l'interloque. Alors elle était intéressée par son état d'âme? Serait-elle assez attachée à ce qu'il ressentait pour lui poser la question? Ou était-ce simplement une marque de curiosité? Ce qui aurait été une explication plausible. « Excuse-moi. Rappelle toi quoi qu'il arrive que j'ai un peu des difficultés à gérer mes émotions, et ne t'étonne pas que je sois quelqu'un de lunatique. Je ferais en sorte d'être moins compliqué, ça t'évitera d'avoir à chambouler tout ce qu'il se trame là haut. » Certes, avoir les sentiments faciles ne justifiait pas le fait qu'il avait à agir ainsi, et en parlant il montra du doigt la tête blanche bien qu'elle ne puisse pas le voir, tout en finissant sa phrase. Son téléphone continuait de vibrer sur la table, et son doigt appuyait nerveusement sur le téléphone rouge afin de ne pas être dérangé. Il savait que Myrcella prendrait la décision de le laisser retourner à Carte enterprises, et il ne le désirait absolument pas. C'était même dingue de voir à quel point le jeune homme ne pourrait pas quitter cet endroit avant d'être sûr de ne rien regretter. Pas les même erreurs que la dernière fois, non pas cette aujourd'hui. Il ne prendrait pas non plus le risque de devoir ignorer sa présence, et de faire comme si il n'était jamais rien arrivé. Pas depuis ce qui s'était passé dans son bureau quelques heures auparavant.

« Non je t'assure, laisse tomber tout ça, j'ai l'air d'un simple businessman comme ça mais je suis une vraie femmelette au fond. Je suis certain de même être plus difficile que toi, et absolument incompréhensible! Par contre, je vais mettre ces choses là au placard pour l'instant. A une seule condition : je veux que tu manges ce qu'il y a dans ton assiette, à moins que tu veuilles que je te le mette en bouche, pourtant je te pensais débrouillarde. » Daniel rigola doucement, il ne fallait pas gâcher une si bonne nourriture, bien qu'ils n'aient pas dépensés pour l'avoir. Dans un geste amusé, il s'empara de la fourchette de Myrcella et piqua quelques bouffées du repas avant de diriger le couvert vers la bouche rosée de la jeune femme. C'était en redevenant des enfants que l'on profitait des secondes. A croire qu'à chaque fois qu'il était avec elle il se transformait en petit garçon.

A vrai dire, l’innocence de Myrcella avait tout de même ses limites et si elle peinait grandement à comprendre le comportement de Daniel, elle connaissait toutes les raisons du sien. La jeune femme n’avait aucune envie de l’entendre passer cette porte, bien qu’elle soit tout à fait consciente du fait qu’il ne puisse rester ici éternellement. Le simple son du vibreur du téléphone du businessman la stressait plus qu’elle n’aurait su le dire. Et elle avait beau ne rien en montrer, elle avait pleinement connaissance du temps filant sur l’horloge, les rapprochant toujours un peu plus du moment de leur séparation… certes, elle émit un léger sourire en le sentant rapprocher la fourchette de ses lèvres pourtant closes, mais entreprit de lui saisir le poignet afin de la lui faire poser, sans pour autant s’asseoir à nouveau sur le siège lui étant destiné. Myrcella voyait ses pensées devenir plus chaotiques de seconde en seconde, et le temps était venu d’extraire tout ce qui la paniquait littéralement… peut-être que la vérité lui permettrait de se mettre à nouveau à respirer l’air libre normalement. « Je t’ai demandé d’être franc alors sans doute est-il normal que je ne te rende la pareille… je suis incapable de deviner les émotions profondes des gens. Souvent, leurs réactions sont un mystère pour moi. Alors, oui, je peux entendre chaque geste, savoir quand une personne est gênée ou en colère… mais je n’en connais jamais la raison. Je crois que même si j’essayais pendant des mois, que dis-je, des années, je serais incapable de te déchiffrer. Alors ne m’en veux pas si je suis également incapable de dire ce qu’il faut quand il le faut… » Myrcella prit une grande inspiration et occupa pour un temps le salon en marchant délicatement vers la fenêtre. Elle lui tournait le dos, et ce bien qu’elle ne soit pas en mesure de voir sa réaction, mais plus pour la forme qu’autre chose, elle ne voulait pas sentir son regard sur elle.

« Je pense que tu es attendu quelque part, vu que l’on ne cesse de t’appeler, et ça me fait mal au cœur d’avoir l’impression de te retenir. Ça me fait mal au cœur d’avoir l’impression d’être sans arrêt aux crochets de quelqu’un, en vérité, mais ça c’est un autre chapitre. Cela étant… j’ai peur qu’une fois que tu auras passé cette porte, ce que j’ai vécu, ce que j’ai ressenti lorsque nous étions seuls dans ton bureau ne finisse par disparaître de ta mémoire. C’était pourtant si… vrai. Naturel. J’aurais même aimé que le temps soit suspendu et que personne ne vienne briser cela. Mais à la simple idée de savoir que tu vas passer cette porte et que ce ne sera jamais plus qu’un… magnifique rêve me tue. C’est sûrement moi, la plus égoïste des deux en vérité. » Myrcella laissa échapper un petit soupir, bien qu’il ne s’agisse aucunement de soulagement, consciente que son discours était ridicule et qu’il valait mieux qu’elle ne s’y perde pas. Les sentiments affaiblissent… et ce n’était pas le moment de s’affaiblir plus encore. « Oublie ce que je viens de dire… je devrais me contrôler davantage. »

Il ne voulait pas la laisser se reculer, il ne voulait pas la laisser marcher loin de lui. Il n'avait pas à le faire, pourquoi ne pouvaient-ils pas simplement profiter de ces bons moments sans trouver un problème dans importance? Il fallait toujours remettre à demain les révélations et les sentiments, alors qu'il n'y avait pas à le faire. Néanmoins il resta à l'écoute de la tête blanche, non pas bouleversé par ses propos mais simplement un peu touché, comme s'il savait ce qu'elle ressentait. Parce qu'elle n'était pas la seule à ressentir des sortes de complexes, elles n'étaient pas la seule à avoir un manque de confiance en soi. Et si il paraissait comme un garçon sûr de lui, comme un garçon qui savait où il marchait, c'était faux.
« Pourquoi encore parler de passer la porte? Pourquoi gâcher ces moments délicieux avec des départs qui n'ont pas lieu d'être? Je t'assure que je n'ai pas à partir, pas maintenant. Les réunions j'en ai tout les jours, du boulot j'en ai même quand je dors. Est-ce une raison pour que je prennes mon manteau et sorte d'ici? Non je ne crois pas. Etre sorti de ce bureau était une des pires choses que j'ai pu faire, après avoir licencier 2000 employer. » Un petit sourire, impossible de rester sérieux sans mettre une petite note d'humour, sinon il craquerait.
« Myrcella, tu n'as pas à deviner les émotions profondes des gens, on s'en contre fiche. Et encore moins mes émotions profondes, je peux te les dire. Je peux simplement me servir de mot pour dire ce que je ressens, et si je n'en ai pas la force tu as le droit de toucher mon coeur pour sentir les battements. Dac? » Daniel s'était levé, il était parti rejoindre la jeune femme qui se cachait presque à l'autre bout de la pièce. Dans un mouvement affectif il s'occupa de la prendre dans ses bras. Ce n'était pas spécialement une tentative de rapprochement, mais plutôt un signe de protection. Comme quoi il pouvait être au même niveau que ce Diego, et qu'être protecteur était donné à tout le monde. Sa voix était basse, comme un murmure.
«Ne reste pas dans ce coin, arrête de te cacher derrière tes complexes. Je ne suis pas un exemple, mais je suis la personne la moins sûr d'elle dans cette ville. Et le masque de la célébrité ne fais qu'enfoncer mes problèmes sous terre. Mais ne fais pas la même chose, tu peux briller. Tu en as la possibilité et tu es même la femme la plus brillante que je connaisse. Si tu te levais, et que tu arrêtais simplement de laisser des personnes sans intérêt te marcher sur les pieds tu serais quelqu'un d'incroyablement reconnu.»

Non, il n'avait vraiment pas à partir d'ici, et rester semblait être la seule solution, enfin, surtout à un moment. La radio qui soufflait depuis le début tel un fond sonore commença à cracher des informations plus fortes que les autres. « Une alerte à la tempête(...) Un bébé sandy qui viendra frapper les côtes new yorkaise(...) Restez chez vous, ne sortez pas(...)» Et l'alarme générale de la vie retentis sa comme une ode à l'apocalypse. Avec le recul il comprit que les appels incessants sur son téléphone n'étaient pas à cause d'une réunion express, mais une alerte venant des bureaux.
« Can't believe it...»

Briller, briller… l’immense problème de Myrcella, c’est qu’elle n’avait pas confiance en sa propre force, et ne pouvait décemment avoir confiance en personne. A chaque fois qu’elle s’était risquée à cette hérésie, on l’avait bien facilement piétinée. Oh elle ne blâmait pas seulement son handicap, mais le fait qu’elle soit souvent comparable à une pierre, qu’elle soit une femme sans aucune larme, et tout simplement infoutue d’ouvrir réellement les yeux lorsque la nécessité se faisait absolue. Pathétique… aussi fut-elle surprise de voir Daniel se rapprocher de sa personne, entourant son corps non pas tremblant mais simplement frêle de ses bras, et ceci bien que son discours n’était pas celui qu’elle attendait à proprement parler. Parfait, ils étaient aussi peu coutumiers de la communication réelle l’un que l’autre, cela promettait ! « Je n’ai pas à deviner les émotions profondes des gens, c’est vrai. Mais il s’agit de la seule chose qui puisse vraiment me parler à moi. » Sans l’aide de ses yeux, Myrcella devait toucher, entendre, sentir. Cela ne pouvait donc toucher que le côté caché de l’iceberg, puisqu’elle ne pouvait guère s’arrêter aux apparences. Voilà pourquoi il était relativement difficile de la mentir ou de chercher à l’induire en erreur. Elle avait une expérience plutôt impressionnante en la matière, bien qu’elle ait une sainte horreur d’avoir l’impression de s’introduire dans la vie si privée des gens… « Sans ça, je crains fort d’être complètement dans le noir. Si cela implique de me cacher moi, alors tant pis… » Myrcella ne s’attendait pas à ce que Daniel comprenne : comment le pourrait-il ? Au même titre que Diego, ils n’avaient que la partie visible de l’iceberg, celle qu’elle ne pouvait cacher puisqu’elle ne pouvait guère se rendre invisible. Mais se cacher était la seule façon de se protéger afin justement de ne pas voir ses convictions les plus profondes piétinées par quelques mauvaises gens mal intentionnées…

Face à l’entente de la radio, Myrcella soupira doucement : voilà qui cassait légèrement ses plans. Cela risquait tout de même de l’obliger à dévoiler pourquoi elle s’était adonnée à ce petit accès de sincérité, elle qui ne l’était jamais sur ce point précis… la jeune femme aux longs cheveux d’argent s’écarta donc, se raclant la gorge comme en vue de se donner du courage, et ne se tourna vers Daniel qu’ensuite, un air diablement sérieux placé sur son visage de porcelaine. « Je ne peux pas rester, en ce qui me concerne. Je ne sais même pas ce qu’il m’a pris de venir ici, alors que je n’y ai ni repère ni connaissance… le fait est qu’être aux crochets de quelqu’un me chamboule. Même si Diego est quelqu’un de formidable et que je sais pertinemment qu’il ne me ment pas en disant que cela lui fait plaisir, ce n’est pas le genre de vie que je souhaite. Mais regardons les choses en face : je n’ai pas et n’aurais sûrement jamais les moyens d’habiter à New York. Du moins, pas avant de m’être fait un petit nom. J’avais donc décidé d’accepter le contrat à ton entreprise, de le mener à bien et ensuite de partir ailleurs, où mes moyens ne seront pas étranglés par les factures et les soucis. Essayer de m’assumer par moi-même, en somme. Mais puisque l’évènement d’aujourd’hui a précipité les choses… peut-être n’est-ce pas plus mal. Peut-être est-ce plus simple. » Myrcella était droite comme un i, sans triturer ses mains nerveusement, elle semblait particulièrement sûre d’elle-même à vrai dire. Ce n’était pas faute d’avoir retourné la chose quinze fois dans son esprit et d’éprouver d’ors et déjà des remords à l’idée de perdre tout ce que lui avait offert Daniel… c’est un peu comme s’il l’avait incitée à ne plus être cette pierre, ce fossile que tous croient sans émotion aucune. « Ce sera plus simple si je pars maintenant, je crois. Enfin, lorsque la tempête sera terminée. » Comme si le destin s’en mêlait et l’empêchait de partir en créant une tempête…

Daniel pensait que la tempête serait une sorte de motif pour rester blottit au creux de ce petit appartement. Il n'avait pas cru que la jeune femme pourrait encore parler de départ, de partir une fois de plus. A ce point là il n'était pas question de simplement quitter les lieux, mais de fuir. Oui, voilà, l'américain le voyait comme une fuite. Ce n'était peut être pas qu'une simple fuite de peur, ou de faiblesse. Les statuts sociaux, les conditions financières n'étaient pas un réel problème, il fallait le voir comme ça. Et bien que la tête blanche n'accepte aucune aide, le businessman serait le premier à tout faire pour la voir rester et même plus : prospérer dans la grande ville. Dans un élan de stress sûrement, du à la tempête, au travail et surtout à Myrcella, le jeune homme éclata : « Non, non, non et non! Tu ne peux juste pas tourner le dos dès que ça s'annonce trop dur! Ça fait partie des difficultés de la vie, et tu sais que tu peux surmonter tout ça. Arrête de penser que tu es faible, arrête de penser que tu ne vaut pas le coup et que tu n'en es pas capable. Tu sais bien que c'est faux, enfin je l'espère, j'en serais déçu dans le cas contraire. J'ai la certitude que tu as connaissance de tes capacités et ton intelligence, et tu devrais laisser tes présumés défauts de côté et te concentrer sur ce qui fait de toi quelqu'un d'incroyable, d'exceptionnel. Ne me contredis pas, j'ai raison sur toute la ligne. » Il n'avait pas voulu être méchant, et ses propos ne l'étaient sûrement pas. Mais parfois il fallait savoir élever la voix pour dire la vérité. Daniel venait de le faire, et il n'y avait pas à y voir quelconques méchanceté et propos désobligeants.

Finalement son corps détendu laissa place à un stress moindre, il attrapa gentiment les épaules de Myrcella avec ses deux mains, pas question de la secouer, il cherchait simplement à croiser son regard qui malgré tout, n'était pas vide : « Tu ne peux pas fuir, je ne te laisserais pas. Et bien que tu n'acceptes l'aide de personne, je t'obligerais à accepter la mienne. Myrcella, tu ne peux pas me pousser hors de ta vie comme ça, tu ne le feras pas. Je sais que ce qui s'est passé dans ce bureau était réciproquement ressenti, tu ne pourras pas m'enlever ça, j'en suis désolé. » Néanmoins les deux jeunes gens pouvaient sentir le vent qui commençait à souffler contre les vitres, et il était difficile de croire qu'ils n'avaient pu être au courant de l'alerte plus tôt. La lumière ferait sûrement défaut très bientôt, et l'idée de cet future atmosph-re laissa Daniel perplexe. Il n'avait pas le noir, il n'aimait pas le silence, bref, pas du tout son genre de situation. « C'est justement dans ces moments là qu'il faut se serrer les coudes, tu ne crois pas? »

A vrai dire, Myrcella était dans le noir comme elle ne l’avait jamais été auparavant. Ses pas étaient paralysés et elle ne pouvait plus faire le moindre mouvement en avant. Elle ne s’attendait pas à ce que Daniel comprenne, mais de là à le voir la contredire sur toute la ligne encore moins. Cela lui arracha une large expression de surprise, et elle entrouvrit ses lèvres à plusieurs reprises pour répondre, mais il ne lui en laissa aucunement le temps. Il en voulait sûrement pas qu’elle fasse encore dix pas en arrière, qu’elle ne lui échappe définitivement… elle avait l’audace de l’interpréter comme ça, peut-être à tort, mais au fur et à mesure qu’il la bouleversait, Myrcella était de plus en plus bouleversée. Cette demoiselle était atrocement cérébrale et avait besoin de comprendre les choses… mais par un manque de chance incroyable, Daniel ne semblait pas être un homme de mots, et elle allait devoir se contenter de suppositions au cours du chemin sinueux sur lequel elle s’aventurait, petit à petit, avec toute la peur contenue depuis si longtemps dans son être tout entier. Myrcella refusa de le repousser, bien évidemment. Mais sa propre respiration s’était accélérée, et devenait de plus en plus incroyable face à cette sorte de colère qu’elle refusait de contenir davantage… peut-être était-il temps que celle-ci ne sorte. « Pourquoi ne peux-tu pas comprendre qu’il ne s’agit plus seulement de mes qualités, de ma soi disante force ou de quoi que ce soit d’autre de ce type ? Tu pourrais toi, vivre accroché à quelqu’un, n’être dépendant que de lui, ne plus oser faire un mouvement car tu as peur de te tromper complètement ? Je suis fatiguée. Fatiguée d’être constamment dépendante de quelqu’un justement, de devoir des choses à quelqu’un sans avoir la possibilité de faire mes propres choix. As-tu oublié que si ton père t’a poussé à te marier, ma mère voulait me VENDRE derrière pour subvenir à ses propres besoins ? Cela en dit long sur ce que je suis, tu ne trouves pas ? Sur l’image que l’on me revoie, et sur la manière dont je me considère. Allons, n’ayons donc pas peur des mots, je suis un poids Daniel ! Oui, un poids ! Je regarde les choses en face et je tâche de me trouver des solutions pour vivre une vie dont je n’aurais pas honte ! »

Myrcella ferma les yeux quelques minutes histoire de reprendre contenance après cet accès de sincérité s’étant finalement traduit par un accès de colère en bonne et due forme. Peut-être avaient-ils mutuellement besoin de cela pour être sur la même longueur d’ondes, au final. Daniel pouvait être bouché à l’émeri, cela ne changeait pas la façon d’appréhender les choses de Myrcella. « Bien sûr que ce qui s’est passé dans le bureau était réciproque. J’ai senti un souffle de vie que je croyais mort depuis toujours, mais… je n’arrive pas à comprendre pourquoi. Pourquoi tu souhaites m’aider alors qu’il n’y a strictement rien de glorieux à cela ! Ce n’est pas contre toi, Daniel… la dernière chose que je souhaite c’est te blesser, mais là ma vie a pris un tournant détestable et je suffoque. J’ai beau hurler personne ne veut l’entendre. Je ne serais jamais comme toi… j’ai beau en être peinée à un point que tu ne peux imaginer, ce n’en n’est pas moins vrai. » L’appartement entier fut bientôt plongé dans le noir, la lumière ayant sauté à cause de la tempête faisant rage dehors. Le sol tremblait légèrement, mais c’était supportable, bien que Myrcella se soit permis de prendre tout de même les mains de Daniel dans les siennes. « Je ne suis pas irremplaçable, après tout. »

Pourquoi ne voulait-elle pas entendre ce qu'il avait à lui dire? Pourquoi ne voulait pas reconnaître qu'elle n'était pas un poids. Qu'elle était bien au contraire beaucoup plus que ça. Il était sidéré, sidéré de voir qu'elle n'arrivait pas à estimer sa personne. Certes ses parents, du moins sa mère, n'avait pas été d'un grand amour pour sa fille en la vendant de la sorte, mais son propre père ne l'avait pas été non plus. Il n'y avais pas à fuir son existence pour le rendre meilleure, ce n'était pas la solution : « Ta vie n'est pas détestable parce que tu es ici. Putain, mais ta place te revient de droit, ce n'est pas en prenant tes jambes à ton cou que tu trouveras mieux. Ce n'est pas ailleurs que tu seras mieux, le truc c'est que... C'est que tu devrais faire en sorte que les choses changent ici. Au lieu de toujours partir en pensant mieux revenir. » Il voyait la chose comme un cycle sans fin, ou toute vie elle chercherait une place et des conditions qui pourrait la rendre heureuse. Mais tout ça était à ses pieds, pourquoi ne pouvait-elle pas juste ouvrir les yeux et prendre le meilleur? Il était sidéré, encore une fois. Et dans la pénombre il se sentait rien mis-à-part du vide, pensant que les conseils qu'il donnait à la jeune femme pouvait tout aussi bien s'appliquer à sa personne. "Irremplaçable" pourquoi voulait-elle utiliser un tel mot? Hein? « Tu es irremplaçable, enfin, regarde tu viens de donner l'exemple même de la vision que tu fais de toi-même. Vision erronée, et à revoir pour ta gouverne. Je te prêterais bien mes yeux, pour que tu puisses observer comme je le fais. J'espère que ça pourrait te faire changer d'avis. Définitivement. » Daniel ne pouvait sûrement pas comprendre, mais les sentiments généraux qu'elle décrivait semblaient être tout aussi connu par le businessman. Cette envie d'hurler... De crier au secours alors que personne ne peut nous entendre. Cette oppression continuelle, être dans une cage, emprisonné et personne ne viendra ouvrir la porte pour vous laissez sortir. « Tu n'es pas seule, tu n'es pas seule dans ta souffrance. Ce n'est pas un cas qui t'es propre, sans te vexer. On est des milliers dans ton genre, à chercher notre place et notre bonheur. Et tu peux bien penser ce que tu veux, je ne me sens pas bien là où je suis. Mais ce n'est pas pourquoi je partirais, je vais seulement faire en sorte de changer les choses avec mon bon vouloir, dans le but d'être heureux. Personne ne peut me le reprocher, et ainsi je n'ai rien à me dire non plus. »

Daniel fouilla les tiroirs, sans ne rien demander à personne. A la recherche de bougie, il trouva quelques éclairages primaires dans un meuble à part. L'atmosphère était tamisée, et bien qu'il puisse enfin revivre de sa vue, il pensait bien que Myrcella n'en avait que faire. « Heureusement qu'il reste un peu de bouffe, et heureusement qu'on ne peut plus rien réchauffer. » L'alerte tempête n'avait pas de limite et les jeunes gens n'avaient aucune idée de quand ils pourraient regagner la terre ferme, et voir la lumière du jour depuis l'extérieur. Pour l'instant le vent ne faisait que souffler violemment, à croire que les vitres allaient lâcher et laisser la pluie inonder le petit appartement. « Viens par là. » Le brun n'avait pas voulu la vexer, il ne voulait pas la laisser partir, c'était surtout ça. Le chauffage étant tout aussi victime du manque d'électricité que la lumière, il attrapa une couverture et la posa sur le dos froid de Myrcella. En l'asseyant par terre il se faufila dans le drap à son tour, laissant sa chaleur réchauffer le corps de la tête blanche.

Myrcella ne répondit rien aux multiples tirades de Daniel, ce n’était pas utile. Il ne pouvait pas comprendre ce qu’elle ressentait depuis trop longtemps, et qui l’avait retenue auprès de sa mère alors que cette raison n’avait pas lieu d’être. On lui avait pris toute sa confiance en elle et effectivement, elle avait beau tenter de se battre contre cet état de fait, elle ne parvenait pas à aller contre. Sans doute était-ce stupide aux yeux du businessman, mais que pouvait-il comprendre à cela ? Si son père l’obligeait sûrement à beaucoup de choses et qu’il vivait dans son ombre, il avait toujours été aimé, choyé, idolâtré même. Mais, plus que tout, il n’avait jamais manqué de rien. Il avait eu la chance de naître dans une famille aisée… cela ne faisait pas de lui quelqu’un d’heureux, et Myrcella enviait fortement cette force de caractère le poussant à remettre en cause son existence entière, mais elle n’avait pas cette capacité. Pouvoir voir à nouveau ne rendrait pas les choses plus simples de ce point de vue là, cela étant. La jolie demoiselle aux cheveux d’argent ne se sentirait sûrement pas mieux. Et il y avait une raison objective à cela… « Tu ne pourrais pas me vexer, même si tu y mettais toute ta force. Personne ne l’a jamais pu, je m’interdis d’avoir ce sentiment ridicule. Cela dit… je me demande bien comment je peux être irremplaçable. Toi qui peux si facilement me voir, éclaire-moi. » Myrcella regardait un point vide dans l’atmosphère tamisée, sans se rapprocher de Daniel ni s’éloigner non plus. Elle était presque amorphe tant son petit accès de colère lui avait pris sa grande volonté de d’habitude. « Je n’ai jamais dit que j’étais la seule à souffrir, ni même que le problème venait forcément de cette ville… le problème, c’est moi. Je suis le fruit d’un viol. Je n’ai jamais dit cela à personne, et à vrai dire, je me demande pourquoi je viens de te le dire aussi… facilement. Je ne me suis jamais sentie à ma place nulle part. Je tente de faire impression, voilà tout. Mais en plus de ne jamais avoir été voulue, je ressens du rejet d’absolument partout. Et à chaque fois que ma confiance pourrait voir son blason se redorer, quelque chose l’en empêche. Je voudrais pourtant y parvenir. Je cherche un équilibre qui me convienne, et dieu sait que je sais me contenter de peu… mais il semble que mes vœux soient trop exigeants car ils ne sont pas exaucés. »

Myrcella laissa échapper un petit sourire triste, ponctuant sa phrase en marquant ses traits délicats de poupée de porcelaine. Elle avait beau être sous une couverture chaude, son corps tremblait tout de même. Cette froideur ne semblait pas vouloir la lâcher d’une seconde, pour une raison inconnue. « Je suis un fossile. Jusqu’ici, je me satisfaisais parfaitement de ne rien ressentir… et je regrette de ne plus être une pierre, c’était beaucoup plus confortable pour moi. Mais… assez parlé de moi, ce n’est guère intéressant. Que cherches-tu qui pourrait te rendre heureux, alors ? » Myrcella avait soudainement reporté son attention sur Daniel et tourné la tête vers lui, comme si elle pouvait le voir aussi distinctement qu’il ne la voyait à cet instant précis. Comme toujours, elle était incapable de se concentrer trop longtemps sur sa personne… « Tu souffres là, maintenant ? »

La vision distincte n'était pas, ni pour elle (évidemment), ni pour lui, puisque les bougies allumées n'éclairaient pas la pièce principale comme les lampes le faisaient. Bien sûr la température était descendue et il se trouvait à faire froid, même sous cette couverture. C'était à eux de faire en sorte de se réchauffer, comme dans l'ancien temps! Alors Daniel se frotta presque contre Myrcella, la prenant dans ses bras pour qu'elle soit le plus proche possible d'une source de chaleur : lui. Il était bouleversé par les propos de la jeune femme, dur de répondre à une telle tirade. Mais il n'avait pas pitié, c'était bien plus complexe que ça. C'était simplement dur qu'elle avait du avoir à faire à une telle souffrance, qu'elle avait été face à de tels problèmes et qu'elle n'avait jamais lâcher le guidon. Il était né une cuillère d'argent dans la bouche et même si il avait connu quelques péripéties, rien à voir avec ce que la tête blanche pouvait dire. Le businessman ignora ses questions retournées sur un autre sujet, elle ne pouvait non seulement pas fuir de cet immeuble, mais elle ne pouvait pas fuir avec des mots. Il ferait en sorte que ça n'arrive pas. Arrête de détourner l'intention, bien que ce soit désagréable pour toi tu es le sujet central de cette discussion, on se fiche de moi, là, maintenant, d'accord? Essaye d’abord d'accepter que tu es le phrase pour l'instant. Ce sera déjà un bon premier exercice. Le bientôt trentenaire s'exprimait clairement, mais d'un ton presque soporifique. Il était bizarrement très calme, et l'atmosphère tamisée que donnaient les bougies l'apaisait.
Je ne pouvais pas deviner ce que tu viens de lâcher comme une bombe sur le sol. Et je n'userais pas de conventionnalités et te dire que je suis désolé de ce qu'il t'est arrivé, on est d'accord là dessus je pense que ce serait ridicule. Mais tu ne peux juste pas rester l'ombre de toi même et t'appuyer sur des évènements passés, qui sont certes douloureux mais qui ne te concernent plus. Tu es plus que ça, tu es au dessus et c'est encore une fois à toi de reconstruire ce que tu aurais toujours voulu que ta vie soit. Si la confiance te quitte souvent c'est parce que tu lui laisses le faire! Arrête de construire des murs autour de toi pour te protéger de choses qui ne te menacent même pas. Myrcella, tu sais très bien que tu peux te lever et faire ta vie comme tu l'entends, et c'est ce que tu désires le plus, non? Stop de te ramener l'esprit avec des pensées sombres, c'est inutile et tu vis dans une souffrance qui n'a pas lieu d'être. Après tout, qu'est ce qu'elle pouvait en avoir à faire de ces propos? Il avait été le premier à la dénigrer comme le diable et à se montrer odieux, c'était sûrement même le genre de personne que la tête blanche voudrait essayer de fuir. Ironiquement c'était ce genre de personne qui essayait de l'empêcher de partir.
Je sais bien que tu dois te foutre de ce que je dis, parce que derrière ta politesse je suis sûr que tu peux être une petite peste, et ça me rassurerait, je pourrais me dire que tu n'es pas que cachée derrière un masque. Il est vrai que je ne suis pas en mesure de tout comprendre, j'entends. Mais tu ne peux pas m'empêcher de vouloir t'aider en me rejetant. Non, désolé. Il ne lui hurlait pas dans les oreilles, et si ses paroles étaient déterminés il se contentait simplement de s'exprimer clairement.
Moi? Je ne souffre pas personnellement, la seule chose qui puisse me faire du mal maintenant c'est de te voir partir, pensant que ce serait la meilleure solution alors que ça ne l'est pas.

La température était descendue au plus bas, et le froid se faisait sentir partout dans la pièce en cette ambiance hivernale. Il y avait même de la neige qui montrait le bout de son nez dehors, impossible de l'ignorer. Voyant que Myrcella n'était pas des plus réchauffée il entreprit d'enlever son T-Shirt, d'une façon grossière. Daniel plaqua la jeune femme contre son torse chaud, faisant en sorte qu'elle sente une chaleur bien plus importante que celle que les bougies pouvaient fournir.

Inutile de dire que Myrcella était la première à être marquée par l’étonnement à l’entente même des paroles de Daniel. Non seulement il était l’opposé de celui qu’elle avait détesté auparavant, mais sa volonté à la voir rester était touchante. Elle sentait son désir grandir en lui au rythme des battements de son cœur, et elle ne pouvait pas ne pas en être émue. Cela ne se voyait peut-être pas sur ses traits extrêmement sérieux, mais ses propres battements avaient pris une toute autre cadence. Elle était prise d’un élan de sincérité à son tour, motivé par toutes ces belles paroles qu’elle venait de s’approprier, mais le businessman eut une réaction à laquelle elle ne s’attendait aucunement : un bruit de vêtement se fit entendre et, alors qu’elle le gratifiait d’un joli haussement de sourcil caractérisé, elle fut à la limite de la crise cardiaque lorsqu’il la plaqua contre son torse presque brûlant, lui offrant non seulement de sa chaleur mais la sensation de son cœur prêt à la bercer par le doux son qu’il produisait actuellement. L’espace de quelques secondes, Myrcella demeura interdite, raide comme un morceau de bois, se surprenant même à retenir sa respiration tant elle ne s’était pas attendue à tant de générosité de sa part. Il était évident qu’il avait dû faire cela à de multiples reprises face à une jolie gent féminine, mais il s’agissait d’une grande première pour la jolie demoiselle aux cheveux d’argent… voilà qui ne risquait pas de la rendre extrêmement loquace. « Tu fais cela souvent ou je dois considérer que c’est un privilège qui m’est offert ? » Aussitôt, elle se mordit la lèvre inférieure en se traitant intérieurement d’idiote. Ce n’était pas le moment de faire ce genre de réflexion ! Mais le problème, c’est que son palpitant était en train de s’emballer et que des idées folles lui traversaient l’esprit à ce moment précis. Comme si la maniaque du contrôle qu’elle était se trouvait dans l’incapacité totale de pouvoir justement se maîtriser… « Et si je décidais de rester, tu vas redevenir ce type odieux que tu étais ou rester cet homme merveilleux que tu es en ce moment ? » Là, par contre, c’était une question légitime…

« Je voudrais essayer un truc. » Myrcella s’était légèrement écartée, sentant le souffle chaud de Daniel contre son cou lui procurer d’infinis frissons, sensation divine s’il en est. Ils n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, et la jeune femme savait que cette idée était la plus mauvaise qu’elle ait jamais eue… mais tant pis. Qui ne tente rien n’a rien, comme dit l’adage. « Tu ne bouges pas, hein ? » L’innocence de Myrcella était à couper le souffle, et personne n’aurait eu l’idée de s’en moquer. Pas dans un moment pareil, du moins. Qui plus est, elle mettait toutes ses certitudes soigneusement de côté pour approcher son visage de celui de Daniel, à la lenteur d’un escargot, tandis que son geste était marqué par de multiples hésitations. Finalement, lorsque ses lèvres frôlèrent celles du businessman, marquant l’occasion manquée qu’il avait mise en place par une réussite plus évidente, son cœur s’envola littéralement. Hélas, la crainte qu’elle ressentait à l’idée qu’il ne la repousse était toujours là, aussi s’éloigna-t-elle après avoir déposé comme une brise contre les lèvres du jeune homme. Et elle restait là, bloquée, incapable d’avancer ou de reculer à nouveau… bien que l’envie soit très nette.