La nuit n’avait pas tardé à tomber sur New York et la jeune femme n’avait rien trouvé de plus intéressant que de contempler les gens en contre-bas de l’appartement où elle vivait dans le silence le plus religieux. Depuis sa sortie de l’hôpital Carol et Doug avaient tenu à ce qu’elle revienne chez eux afin de pouvoir garder un œil sur elle. Malgré le fait qu’elle appréciait sincèrement qu’ils tiennent autant à elle, elle ne pouvait pas s’empêcher d’avoir la sensation d’être retournée des années en arrière, d’être à nouveau la petite adolescente d’avant, la simple orpheline qui cherchait encore à trouver ses marques. Peut-être était-ce le cas, mais elle en doutait sincèrement. Elle avait grandi en quatre ans, elle avait grandi et avait eu le temps de s’habituer à sa vie à New York et ce principalement grâce aux personnes qui faisaient son quotidien. Toutefois, depuis sa seconde overdose et depuis qu’elle vivait à nouveau sous le toit de ses parents adoptifs la guatémaltèque était bien incapable de faire taire cette sensation qui la rongeait. Elle sortait peu, uniquement lorsqu’elle y était obligée et elle passait une grande partie de son temps à dormir ou à regarder la télévision et elle suivait ses cours à distance le temps qu’elle se remette une bonne fois pour toute sur pieds. Elle savait que ça ne pouvait pas durer éternellement comme ça et que tôt ou tard elle allait devoir reprendre un rythme normal mais Sora s’efforçait de ne pas y penser.
La jeune femme occupait ses journées comme elle le pouvait. Elle se rendait utile et faisait toutes les tâches que Carol et Doug ne pouvaient pas effectuer avec leur emploi du temps au Lenox Hill. Elle essayait de les aider au maximum afin de faire disparaitre l’impression d’être un poids pour eux. Elle savait qu’ils ne le pensaient pas mais ça ne changeait pas le fait qu’elle avait l’impression de l’être de plus en plus. Aujourd’hui la jeune femme avait décidé de faire quelque chose d’utile, du moins pour elle. Bien décidée à s’évader un tant soit peu de son monde actuel, dès son réveil et gardant son pyjama sur le dos, elle avait pris place sur le banc au niveau de sa fenêtre et avait écrit pendant une grande partie de la journée, les écouteurs de son iPod enfoncés dans ses oreilles et son BlackBerry à côté d’elle au cas où quelqu’un viendrait prendre de ses nouvelles. Sora n’avait laissé personne la sortir de ce monde qu’elle se créait à chaque fois qu’elle écrivait. Elle se mit totalement dans la peau de son personnage et écrivit des heures durant sans même se rendre compte que son poignet devenait de plus en plus douloureux et que son estomac criait famine. Ce ne fut qu’en remarquant que la lumière du jour ne cessait de diminuer qu’elle prit conscience de l’heure tardive qu’il était et pourtant son attention se porta aussitôt sur les gens dehors. De là où elle se trouvait elle pouvait avoir l’impression que la vie de ces personnes était calme, paisible et bien loin d’être aussi perturbée que la sienne.
Sora venait à les envier alors qu’elle ne les connaissait pas le moins du monde mais c’était tellement plus facile d’envier l’inconnu. Un soupire lui échappa au moment même où elle sentit la vibration de son portable se propager sur tout le banc où elle était assise. La guatémaltèque fronça ses fins sourcils blonds et attrapa l’objet qu’elle amena vers son visage pour voir qui lui envoyait un message. Rien qu’au nom qui lui apparut un petit sourire étira ses lèvres et ce fut d’autant plus le cas lorsqu’elle lut le message dans son entièreté. S’il y avait bien une personne capable de la faire sortir de chez elle sans trop avoir à forcer c’était bien Danjel et puisque le jeune homme souhaitait la voir, Sora allait sauter sur l’occasion afin d’aller prendre un peu l’air et ce fut tout juste après lui avoir répondu qu’elle se précipita en dehors de sa chambre pour rejoindre la salle de bain. Etant donné l’heure et la fraîcheur qui régnait en ville depuis quelques jours, une fois devant son armoire son choix vestimentaire fut assez rapide. Jean slim gris, un haut basique beige sur le dos et ses converses aux pieds, Sora attrapa sa veste en cuir ainsi que son sac pour quitter bien vite l’appartement après avoir tout de même pris le temps de laisser une note à ses parents pour éviter de les inquiéter. L’air frais de Manhattan lui donna presque envie de faire demi-tour et d’aller se réfugier sous sa couverture, mais elle refusait de perdre une occasion de voir Danjel, pas alors que chaque jour à son réveil ses pensées se tournaient vers le jeune homme auprès de qui elle souhaitait être à chaque instant bien qu’elle parvenait à se contenir.
Une fois engouffrée dans le premier taxi qui arriva près de chez elle, elle s’installa bien confortablement, la tête contre la vitre de la porte tandis que le paysage défilait sous ses yeux jusqu’à arriver à sa destination. Autour d’elle les gens continuaient de fourmilier comme à chaque heure de la journée forçant la jeune fille qui, sans ses talons était bien plus petite, à lutter pour parvenir à trouver le visage familier qu’elle cherchait. Voir Danjel lui faisait le même effet à chaque fois, une sensation qu’elle ne cherchait jamais à s’expliquer, un mélange d’euphorie et de bien-être qu’il était le seul à lui procurer depuis quelque temps. « Tu sais que c’est dangereux de sortir le soir pour une fille. ». Un petit sourire étira ses lèvres. Elle n’avait pas peur du noir, plus maintenant. Sora avait peut-être encore peur des monstres – surtout celui caché sous son lit qu’elle ne trouvait jamais – mais elle n’avait pas peur de sortir seule dans les rues de New York toutefois elle aimait le taquiner, peut-être même le faire culpabiliser bien que ça ne soit pas grand-chose. Son regard ancré dans celui de brésilien elle resta silencieuse, savourant le simple plaisir de pouvoir se noyer dans son regard et d’être si proche de lui, de l’avoir près d’elle et de savoir que pour une fois de plus Danjel serait tout à elle, ce qui était la seule chose qu’elle désirait ces derniers temps.
Danjel n'avait pas pour habitude de fêter le trente-et-un octobre. Halloween étant une fête celtique, il n'en avait donc jamais entendu parler, du moins durant son enfance passée à la favela de Rio. Ce n'est qu'en débarquant en Argentine qu'il eut écho de cette drôle de fête où les enfants se déguisaient en monstres et autres créatures horribles pour aller réclamer des bonbons aux portes et pour laquelle on s'amusait à décorer nos maisons pour les rendre aussi terrifiantes que possible. À Buenos Aires, une fois de plus, Halloween n'était pas une coutume réputée et seules quelques personnes ici et là s'amusaient à jouer le jeu. Le brésilien en avait donc principalement vu les images à la télévision, lors de séries télévisées relatant cette fête du trente-et-un octobre. Il était donc logique que, pour son premier Halloween au sein de la population qui fêtait certainement le plus cette fête sur terre, il n'allait pas s'amuser à jouer le jeu. Son appartement était resté à son ordinaire, sans aucune guirlande ni même une petite citrouille lumineuse en guise de décoration et il s'était levé le matin de ce trente-et-un octobre deux-mille douze comme s'il s'agissait de n'importe quel jour.
Ayant plus de temps le mercredi, ses cours ne débutant qu'à midi pour terminer cela dit à vingt heures, il profita pour se lever plus tard que d'habitude et de traîner chez lui à ne rien faire. Mais bien évidemment, à force de traîner dans son appartement, au salon avec son ordinateur portable alors que son chat réclamait son attention en passant à plusieurs reprises devant son écran à poser ses pattes sur les touches, il avait fini par ne pas voir passer l'heure. Ce fut donc à toute vitesse qu'il se précipita dans sa salle de bain pour se doucher et ne mit qu'une poignées de secondes pour enfiler un pantalon beige et un tee-shirt noir qu'il recouvrit d'une jaquette grise foncées, puis d'une veste d'entre-saison noire. Attrapant son sac à la va-vite, il s'empressa d'y ranger son ordinateur ainsi que les livres nécessaires pour ses cours, enfila une paire de bugatti noires et fila de chez lui sans prendre le temps de manger.
Grosse erreur de sa part. Après une heure à peine de cours, son estomac criait déjà famine et il fut obligé de quitter l'auditoire afin d'aller trouver quelque chose à se mettre sous la dent s'il souhaitait tenir jusqu'à la fin de sa journée. Optant pour un simple sandwich en guise de casse-croûte, il retourna suivre son cours et lutta au mieux pour garder les yeux ouverts. Son manque d'énergie dû au fait qu'il n'avait presque rien manger faisait qu'il peinait énormément à écouter les professeurs parler durant les quatre cours qui se succédèrent. Vers les alentours de dix-sept heure, il finit par décrocher et sortit son iPhone pour envoyer un sms à Sora. Lui proposer d'aller manger ensemble après qu'il en ait terminé avec l'université lui semblait être le seul moyen de le réveiller un tant soi peu, l'impatience lui permettant ainsi de tenir le coup. Ses doigts tapotèrent avec rapidité son message qu'il s'empressa d'envoyer à la blondinette. Et quand il reçut sa réponse, il ne put s'empêcher de sourire et de se sentir à nouveau en pleine forme pour prendre en notes ce qu'il entendait de la bouche de son professeur de macroéconomie.
Enfin terminé !Tapant le point final sur son document Word, Danjel finit par enregistrer sa prise de note et ferma le tout avant d'éteindre son ordinateur et de le ranger dans son sac en soupirant de soulagement. Se levant, il s'extirpa rapidement de l'auditoire, accompagnés de quelques amis avec qui il discuta le temps d'arriver dans le hall principal, puis il les salua avant de filer à toute allure. Les cours terminés, il n'avait plus qu'une hâte : oublier sa journée et rejoindre Sora pour passer la soirée avec elle. Depuis qu'elle était passée par la case hôpital suite à son overdose, elle et le brésilien ne se lâchaient que très rarement, passant le plus de tempos possible ensemble. Et s'ils ne parvenaient pas à se voir, ils s'échangeaient des messages, s'appelaient, s'offraient des sessions de Skype. Cette situation plaisait complètement à Danjel. Depuis qu'il avait cru la perdre, il ne pouvait simplement pas se passer d'entendre sa voix, de voir son visage au minimum une fois par jour. Il vous dira que c'est pour s'assurer qu'elle va bien, mais son coeur tambourinant plus rapidement à chaque fois que la mélodie de sa voix lui parvient ou que ses yeux se posent sur les traits de son visage vous traduira autre chose de bien plus fort. Soit. Une fois en dehors de l'université, Danjel fut frappé par la noirceur qui régnait déjà sur New York. Fronçant les sourcils, il ne s'arrêta pas pour autant et s'empressa d'héler un taxi afin de rejoindre plus rapidement le quartier de Soho, ne désirant pas faire attendre son amie. Une fois arrivé, il régla sa course et s'extirpa du taxi afin d'aller s'installer contre un lampadaire au lieu exact de rendez-vous, guettant l'arrivée de Sora qui ne tarda d'ailleurs pas à apparaître dans son champs de vision. Leurs regards se croisèrent et, immédiatement, un sourire prit place sur son visage. Il ne pouvait pas s'empêcher d'être heureux en la voyant s'approcher de lui, toute aussi souriante que lui. « Tu sais que c’est dangereux de sortir le soir pour une fille. » Danjel ne put réprimer un léger rire, ceci avant de prendre une mine faussement menaçante et de parler d'une voix plus grave qu'elle ne l'était déjà. « On t'as jamais dit que j'éventrais les jolies filles comme toi ? » Mais il ne tint pas son petit numéro bien longtemps et finit par éclater de rire avant de prendre Sora dans ses bras et de la serrer tendrement contre lui, embrassant sa tempe délicatement. « Tu risques rien avec moi. lui glissa-t-il au creux de l'oreille avant de s'écarter d'elle tout en glissant une de ses mains le long de son bras pour aller attraper sa main et l'attirer avec lui alors qu'il faisait un pas de côté, son regard plongé dans celui de la jeune femme. « Allez viens, je meurs de faim ! s'exclama-t-il en la suppliant presque du regard. Son estomac grondait, il fallait impérativement qu'il mange quelque chose sinon il risquait de s'étaler sur le trottoir, en hypoglycémie ou autre manque alimentaire.
Dernière édition par Danjel J. De Roca le Mar 9 Oct - 23:40, édité 1 fois
Sortir était probablement la meilleure chose pour elle et pourtant elle ne trouvait pas tellement le courage de quitter cette chambre qui était sienne depuis quatre ans. La seule chose qu’elle acceptait était de se rendre chez sa psychologue et en cours, pourtant ça n’avait pas été simple. Elle avait fait ses premiers jours à la fac chez elle en rattrapant son retard qu’elle devait à sa bêtise et à son coma. Carol avait pris quelques jours de congés – qui finalement s’étaient rallongés à deux semaines – pour rester auprès d’elle dans l’appartement afin de s’assurer qu’elle prenait sa médication correctement et que tout allait bien. La guatémaltèque n’avait pas tardé à s’habituer à ce nouveau mode de vie ne pouvant nier le fait qu’elle préférait de loin rester enfermée chez elle plutôt que d’affronter le monde extérieur. Elle n’était pas agoraphobe, ne l’avait jamais été et elle savait qu’elle ne le serait jamais cependant elle éprouvait une certaine honte concernant ce qui lui était arrivé. La jeune femme savait qu’elle n’était pas le nombril du monde et jamais elle ne se considèrerait comme telle néanmoins à cause de sa carrière comme mannequin et sa place au sein de la marque Burberry, elle n’avait de cesse de craindre que son petit passage à l’hôpital pour une seconde overdose ne fasse la une de tous les tabloïds qu’elle refusait d’ailleurs de consulter.
Toutefois, sa sœur n’avait eu de cesse de dire que tout avait été passé sous silence – ce qui était bien une première – mais ça ne faisait pas disparaître cette crainte qui lui retournait l’estomac. Quelques rares personnes étaient encore capables de la faire sortir, par obligation ou par envie. Ses parents adoptifs étaient parvenus à l’envoyer à quelques soirées en compagnie de sa sœur et de son frère aînés qui avaient veillé sur elle comme sur la prunelle de leurs yeux, mais rare étaient les personnes capables de la faire sortir d’elle-même. Danjel était le seul à bien y réfléchir. Avoir de ses nouvelles tous les jours était devenu quasiment aussi vital que l’oxygène pour respirer. Elle dépendait de lui à un tel point que Sora ne pouvait s’empêcher de trouver ça frustrant tout en appréciant également ce sentiment de joie qui l’envahissait à chaque fois qu’elle pensait au brésilien. Aussi naïve qu’elle pouvait être, la guatémaltèque savait très bien ce que signifiait ce qu’elle ressentait à la simple évocation du prénom du jeune homme, mais si son cerveau le savait, elle-même refusait de l’avouer de crainte de souffrir. Elle avait connu des relations par le passé. Elle avait déjà aimé et été aimée en retour, néanmoins elle était certaine de n’avoir jamais rien connu de comparable à ce qu’elle pouvait vivre auprès du brésilien alors qu’ils s’efforçaient de n’être que des amis.
C’était ce besoin de le voir, de plonger son regard dans celui de Danjel et d’avoir sa présence tout près d’elle qui l’avaient aidé à répondre positivement à sa demande et même si elle n’avait pas pris grand soin à s’habiller – bien que sa tenue lui allait parfaitement – elle s’était empressée de quitter l’appartement de Carol et Doug pour gagner leur lieu de rendez-vous. Durant tout le trajet, Sora fut incapable d’ôter de son esprit tout ce à quoi elle pensait ces derniers temps. Elle pensait à tout et n’importe quoi bien que le principal sujet tournait autour de son père biologique envers qui elle continuait d’éprouver une certaine rancœur. Il avait des excuses, un probable bonne raison, mais Sora ne voulait rien entendre et s’énervait toute seule à chaque fois qu’elle se risquait à penser à lui. Cependant, dès qu’elle fut sortie du taxi et que ses yeux marrons-verts se posèrent sur Danjel non loin d’elle, tous les tracas qui la rendaient nerveuse se dissipèrent pour ne laisser place qu’à l’euphorie de le voir enfin. « On t'as jamais dit que j'éventrais les jolies filles comme toi ? ». La guatémaltèque arqua tout d’abord un sourcil avant de laisser échapper un rire. S’il voulait faire sérieux ce n’était pas gagné d’autant plus qu’elle se savait incapable d’avoir peur de lui. « Tu risques rien avec moi. ». Se mordillant la lèvre inférieure lorsqu’il lui embrassa la tempe et glissa ces mots à son oreille, Sora due se faire violence pour se contenir.
Retenir ses pulsions et se contrôler en sa présence était de plus en plus difficile pour elle qui désirait si souvent être dans ses bras et à lui à tout jamais. « Allez viens, je meurs de faim ! ». Acquiesçant d’un simple mouvement de la tête, Sora le suivit en silence jusqu’au fast food le plus proche ayant déjà l’eau à la bouche. Loin de suivre un régime stricte pour entrer dans tous les vêtements de haute couture qu’elle était supposée porter, la jeune femme avait toujours adoré manger à sa faim tout en sachant que de toute manière elle possédait une morphologie qui lui permettait de ne prendre quasiment aucun poids. Une fois leur tour arrivé, si elle ne s’étala pas bien longtemps sur le hamburger et la boisson, la jeune femme tint tout de même à commander une grosse portion de frites elle qui en mourait d’envie depuis son réveil du coma. Le tout payé et emballé, ils ne s’éternisèrent pas bien longtemps à l’intérieur et s’éloignèrent doucement du trop-plein de population dans les rues, prenant le chemin de rues plus tranquilles à cette heure de la soirée. Fouillant dans le sac, Sora en sortit délicatement son hamburger et posa les yeux sur Danjel. « T’as qu’à le manger, mes frites et le mon milk-shake me suffiront. ».
Elle n’avait pas les yeux plus gros que le ventre, elle avait juste cru comprendre que le brésilien allait mourir de faim et elle n’avait pas la moindre envie de le voir tourner de l’œil et paniquer. Le nez de nouveau dans le sac, elle en sortit enfin ses frites et un large sourire ne tarda pas à attirer ses lèvres. Sans plus attendre elle en enfourna quelques-unes bien chaudes de sa bouche en soupirant de bonheur. Dieu qu’il était bon de manger autre chose que les plats sains de Carol et d’avaler quelque chose de plus gras que ce qu’elle avait pu manger depuis son réveil. « Madre mia ! C’est tellement bon. ». Elle s’emportait probablement un petit peu trop, mais la nourriture était quelque chose de très précieux aux yeux de la guatémaltèque qui à défaut de savoir cuisiner se délectait toujours de la cuisine des autres. Son regard posé sur Danjel, un large sourire aux lèvres, ses sourcils finirent tout de même par se froncer lorsqu’une ombre derrière elle qu’elle put apercevoir à coin de l’œil éveilla sa curiosité. « Dan … si t’as décidé d’inviter Dracula pour me faire peur ce soir s’est manqué … il est du genre pas discret le type derrière. ». Pourquoi sentait-elle déjà que ce type – en plus d’être extrêmement louche – n’avait rien à voir avec Danjel et une possible plaisanterie en ce jour très particulier ? Toutefois, pour tâcher de donner l’impression d’être aussi sereine que possible, elle mangea une nouvelle portion de frites, son regard accroché au visage du brésilien pour ne pas faire augmenter sa peur qui grandissait doucement en elle.
À peine apercevait-il Sora qui s'extirpait du taxi qu'un large sourire apparut sur le visage du brésilien. La voir s'avancer vers lui avait toujours déclenché chez lui ce genre de rictus heureux, mais c'était d'autant plus voyant depuis qu'elle était sortie de son coma et qu'elle avait pu quitter l'hôpital. La savoir sortie d'affaire et en bonne santé l'avait rassuré après la terrible inquiétude qu'il avait ressenti une vingtaine de jours durant, à un tel point qu'il ne pouvait plus s'empêcher de prendre de ses nouvelles à présent. Il voulait sans arrêt s'assurer qu'elle allait bien, mais c'était principalement parce que le son de sa voix lui était devenue indispensable. Pire que ça encore, la voir lui était devenu indispensable ! Depuis qu'il s'était cru condamné à la perdre, il sentait une force incontrôlable l'attirer à elle. Comme un constant besoin de la protéger, comme une constante nécessité de la voir sourire, heureuse. Un jour sans la voir, et elle lui manquait, c'était indéniable. Et il avait beau poser n'importe quelle explication sur ce fait, la raison évidente ne lui était encore trop floue pour qu'il parvienne à l'admettre.
Les retrouvailles ne s'éternisèrent pas et, après avoir gentiment taquiné la guatémaltèque, Danjel l'entraîna bien rapidement avec lui en direction du fast food le plus proche. Son ventre criait définitivement famine depuis trop longtemps et il devait impérativement le nourrir. Une fois dans la queue menant à l'une des caisses, il se mit à inspecter les tableaux lumineux de présentation des menus, salivant déjà rien qu'à la vue des photos de hamburger. Sautillant sur place comme un enfant, il s'impatienta jusqu'à ce qu'arrive leur tour. Prenant commande, il régla ensuite le tout sans laisser le temps à Sora de payer quoi que ce soit, puis ils rejoignirent l'extérieur avec leur sac en papier rempli de nourriture chaude. Laissant la jeune femme se servir la première, il s'empara à son tour du cornet et plongea la main dedans pour en sortir son sandwich de viande et n'attendit pas pour croquer à l'intérieur. « T’as qu’à le manger, mes frites et mon milk-shake me suffiront. » La voix de Sora lui fit tourner la tête et il constata qu'elle lui tendait son propre hamburger. Mâchant sa nourriture avec vivacité, il resta un instant sans rien faire, puis il finit par le prendre pour le remettre dans le sac en s'exclamant « Pas besoin de me le dire deux fois ! , un large sourire décorant ses lèvres. Danjel était un jeune homme plutôt gourmand qui ne se privait jamais de manger à sa faim qui avait plutôt tendance à être grande, il faut l'avouer. Finissant par adresser un immense sourire à la Colgate à son amie, il rajouta un « Merci ! plein d'engouement et croqua à nouveau dans son hamburger avant de réduire en miettes la morse en plus petits morceaux, sa main plongeant déjà dans le sac pour attraper quelques frites. Il en oubliait peut-être ses manières, mais manger lui faisait un bien fou et, quand cela concernait la dite mal-bouffe, il ne pouvait s'empêcher de l'apprécier à sa façon. « Madre mia ! C’est tellement bon. » s'exclama la blondinette dans un éclat de soulagement, faisant rigoler le brésilien qui s'étouffa avec sa nourriture. Portant une main vers sa bouche, il se mit à tousser, s'étranglant à moitié tout en continuant de rire. Puis, une fois sa respiration et sa légère crise de toux calmée, il posa son regard sur Sora et lui lança « Y a intérêt à ce que ce soit bon depuis le temps que tu me tannes pour tes frites ! Il est vrai que, durant son hospitalisation, l'étudiante n'avait pas arrêté de lui parler de son envie de frites qui semblait grandir jour après jour. À sa sortie de l'hôpital, elle avait été obligée par sa mère à suivre un régime alimentaire assez stricte, mais la voilà qui appréciait largement ses frites à présent, ce qui ne manqua pas d'attendrir Danjel qui l'observa apprécier son repas.
Tout en dévorant leurs menus, tous les deux finirent par s'éloigner de la foule régnant dans Soho pour emprunter des ruelles largement plus désertes que les rues et places central du quartier de Manhattan. Savourant le reste de son hamburger avec délice, Danjel apprécia le silence qui finit par les entourer. Non pas qu'il n'aimait pas la foule, loin de là. Mais lorsqu'il était avec Sora, il aimait se retrouver uniquement avec elle, ce qui se montrait plutôt difficile dans les rues de New York, encore plus le jour d'Halloween. Mais dans les ruelles qu'ils empruntaient à présent, seuls quelques enfants courageux passaient, déguisés de leur plus beau costume, pour disparaître aussitôt derrière une maison. « Dan … si t’as décidé d’inviter Dracula pour me faire peur ce soir s’est manqué … il est du genre pas discret le type derrière. » Arquant un sourcil, Danjel jeta le sac en papier dans la première poubelle qu'il croisa et fixa son amie avant jeter un regard derrière eux, apercevant à son tour l'homme qui les suivait, visiblement déguisé en vampire. Trop happé par la consommation de son repas, il n'avait pas fait attention aux bruits de pas qui semblaient avoir alerté la guatémaltèque. S'arrêtant de marcher en avalant la dernière morse de burger qu'il avait en bouche, il observa l'inconnu qui, de son côté, le fixait d'un regard noir et terrifiant. « Eh mec il assure ton déguisement ! s'exclama le brésilien de bon coeur. Il est vrai que c'était réussi : le maquillage laissait voir un teint pâle, carrément délavé, creusé de marques violettes faisant ressortir la noirceur de son regard et la couleur rouge sang de ses lèvres, soulignées de deux canines brillantes. Et ne parlons pas de son costume qui semblait sortir tout droit du film de Dracula ! Oui, une parfaite réussite en ce jour d'Halloween. Mais, alors que Danjel observait le faux vampire de ses yeux illuminés, ce dernier se rapprocha de lui et lui attrapa le bras pour attirer son poignet près de son visage. Surpris, l'étudiant le regarda faire et jeta un regard perplexe à Sora. « Heu... laissa-t-il s'échapper sans vraiment comprendre ce que cet inconnu lui voulait. Mais il eut bien rapidement sa réponse quand il sentit une douleur aigüe lui transpercer l'articulation. Retirant vivement son bras, il attrapa son poignet avec son autre main en s'écriant « Ouch, mais ça va pas ?! , fixant l'homme d'un regard hébété. Constatant qu'un filet rouge coulait du bord de ses lèvres, il sentit son coeur rater un battement et descendit ses pupilles sur son poignets : il était à présent décoré de deux petits creux presque symétriques et séparés de quelques centimètre d'où s'écoulait du sang. Sans attendre plus longtemps, il recula d'un pas et lâcha son poignet pour attraper celui de Sora. « Viens, il est barge ce type. lança-t-il tout en s'éloignant, gardant son regard fixé sur l'homme-vampire qui les regardait, un léger sourire terrifiant au coin des lèvres.
S’il y avait bien une nourriture qu’elle pensait être faite pour les Dieux c’était celle-ci – même si elle doutait sincèrement que l’un d’entre eux débarque du mont Olympe pour faire la queue dans un fast food. Elle exagérait peut-être mais la demoiselle adorait les frites à tel point que tous les plats gras étaient succulents à ses yeux, enfin presque tous. Toutefois, elle ne comptait pas exagérer et pousser trop loin. Sa sortie de l’hôpital était encore bien trop récente pour qu’elle se risque à faire un excès qui pourrait la renvoyer aux urgences en un rien de temps et surtout la demoiselle n’avait pas la moindre envie d’écourter son temps avec Danjel. Même si tous les deux se voyaient assez régulièrement depuis ce qu’elle préférait qualifier « d’accident » le temps en sa présence lui paraissait toujours trop court et si elle s’était écoutée Sora ne l’aurait probablement jamais laissé tout seul. Alors, la Guatémaltèque joua la carte du sérieux et se sépara du hamburger qu’elle avait commandé et savait que ses frites et son milk-shake – surtout ses frites – allaient largement suffire à caler son petit estomac de moineau. « Pas besoin de me le dire deux fois ! ». Ne cachant pas son amusement, un petit rire lui échappa juste avant qu’elle n’avale une nouvelle frite, à nouveau plus ravie que jamais de pouvoir enfin manger ces dernières elle qui en rêvait depuis son réveil.
« Merci ! ». La demoiselle leva les yeux au ciel, un petit sourire au coin des lèvres. Inutile de la remercier, elle ne faisait que lui donner son hamburger qu’elle n’aurait probablement pas manger par manque de place, autant éviter de le gaspiller et le donner à quelqu’un qui avait vraiment faim ce qui était totalement le cas de Danjel qui ne tarda pas à croquer à pleines dents dans le sien. Autant dire que lorsqu’il lui avait signalé être en train de mourir de faim il n’avait pas exagéré alors qu’elle … et bien elle était une experte dès lors qu’il s’agissait de grignoter ce qui était sans doute quelque chose de mal vu mais que la jeune femme adorait faire, profitant largement de sa morphologie qu’elle bénissait chaque fois après un excès. Quant à son exclamation, elle avait peut-être exagéré un petit peu et surtout elle n’avait pas réfléchi avant de parler au point que ses propos pouvaient totalement sous-entendre autre chose et Sora ne s’en rendit compte que lorsqu’elle entendit le Brésilien s’étouffer. Elle s’arrêta de marcher et lui fit face, prête à le secouer comme un pruneau s’il le fallait pour qu’il arrête de tousser – voire même de rire – mais le jeune homme parvint à reprendre son souffle et à retrouver un respiration correcte avant même qu’elle ait pu faire quoi que ce soit pour lui venir en aide. « Y a intérêt à ce que ce soit bon depuis le temps que tu me tannes pour tes frites ! ».
Sora fronça les yeux et prit un air boudeur avant de se consoler avec une nouvelle frite. Elle ne l’avait pas tanné, c’était complètement faux ! Elle avait juste répété à quelques reprises à quel point elle pouvait rêver de frites depuis qu’elle avait ouvert les yeux au Lenox Hill. Bon, elle l’avait peut-être répété très souvent, mais tout de même. Cependant, l’un comme l’autre furent stoppé dans leur discussion lorsque la jeune femme remarqua un homme non loin d’eux qui ne cessait de regarder dans leur direction avec insistance. Sora aurait été seule il aurait été probable qu’elle prenne ses jambes à son cou, mais puisqu’elle était auprès de Danjel elle était bien incapable d’avoir peur puisqu’elle savait pertinemment que le jeune homme ne laisserait personne lui faire le moindre mal, ce qui allait dans les deux sens malgré sa force de mouche. « Eh mec il assure ton déguisement ! ». La demoiselle profita de cette intervention pour jeter l’emballage de ses frites ainsi que le gobelet de son milk-shake sans arrêter de jeter des regards sur le côté pour s’assurer que cet inconnu n’allait pas leur sauter dessus dès qu’elle avait le dos tourné. Ce ne fut pas le cas. À la place, l’homme s’avança vers eux et sembla s’intéresser de très près au poignet de Danjel éveillant une once de surprise chez la Guatémaltèque qui lança un regard d’incompréhension à son ami lorsqu’il se tourna vers elle, même si elle ressentait également une certaine panique commencer à lui nouer l’estomac.
Pourtant, lorsque le pseudo Dracula approcha le poignet de Danjel de ses lèvres Sora ne fit pas le moindre mouvement. Elle était comme pétrifiée et tâchait de savoir s’il était vraiment fou au point d’essayer de le mordre. « Ouch, mais ça va pas ?! ». Apparemment c’était le cas et à peine eut-elle entendu le Brésilien se plaindre qu’elle avait attrapé sa main comme pour se rassurer. Ce regard que lançait cet homme était loin de la rassurer. En plus d’avoir l’impression qu’il était en train d’essayer de la sonder, ses yeux étaient si sombres qu’elle en avait froid dans le dos et lui faisait comprendre qu’elle avait toutes les raisons du monde de commencer à avoir peur. Ses yeux n’arrivaient pas à dévier de son visage. Sora le regardait à la fois par curiosité mais aussi pour s’assurer que si jamais elle déviait son regard il n’allait pas à nouveau se prendre pour un véritable vampire comme il venait de le faire avec Danjel. Elle était totalement perdue dans ses pensées lorsqu’elle sentit la main du jeune homme entourer son poignet et ce fut ce qui lui permit de revenir à elle en posant les yeux sur lui, pas plus rassurée que ça par la situation. « Viens, il est barge ce type. ». Si Danjel continua de regarder l’inconnu, la Guatémaltèque lui tourna bien vite le dos et glissa sa main dans celle du jeune homme pour y trouver un tant soit peu de réconfort même si sa panique ne diminuait pas, au contraire.
Elle sentait toujours le regarde de ce soit disant Dracula posé sur eux et c’était à croire qu’il était juste à côté d’elle. « Je ne veux pas passer pour la fille complètement paniquée, mais il nous suit toujours. » Glissa-t-elle assez bas pour que seul Danjel entende ses mots. Oh oui elle pouvait sentir qu’il continuait de les suivre, c’était comme une sorte de sixième sens qui se réveillait lorsqu’elle se savait être suivit. Sora accéléra le pas sans pour autant lâcher la main de Danjel et la serra d’autant plus en sentant quelque chose lui agripper son autre poignet. La demoiselle s’arrêta brusquement pour chercher ce qui venait de l’attraper même si elle le savait très bien et son cœur manqua un battement lorsque son regard croisa celui de l’inconnu et qu’elle parvint à y lire une pointe de sadisme. « Get off me ! » Ordonna-t-elle en tentant tant bien que mal de dégager son poignet mais déjà il l’avait amené vers lui et tentait d’enfoncer ses canines dans sa jugulaire. Par miracle, et bénissant ses réflexes d’instinct de survit, Sora lui colla une droite dans sa mâchoire ce qui eut l’effet attendu et lui permis de se libérer pour rejoindre Danjel et l’entraîner avec précipitation un peu plus loin, cherchant quelque part où se cacher, endroit qui fut le premier entrepôt qui croisa leur route.
Si Danjel n'était pas un grand pratiquant des traditions d'Halloween, il ne regardait pas moins les films d'horreur. Ce genre de long métrage lui plaisaient. En plus de le faire hurler de rire par les scénarios branlants et courus d'avance dès les premières secondes, il les appréciait aussi lors qu'il en regardait un en compagnie d'une jeune femme : c'était toujours le bon plan pour rassurer la dite jeune femme qui, en général, termine terrorisée à la vue des éclaboussures de sang inondant l'écran et aux hurlements stridents des personnes décapitées. Les films d'horreur, le brésilien en avait donc vu des tas, il connaissait donc plutôt bien les monstres, ou du moins il connaissait par coeur les informations qu'en donnait le septième art. Pourtant, il ne fut pas alerté au moment de se retrouver face à cet homme-vampire. Après tout, le trente-et-un décembre était fait pour se déguiser en créatures étranges, il n'y avait donc rien d'anormal dans le fait de rencontrer un pseudo suceur de sang dans les rues new yorkaise. Mais, au moment de sentir les canines du vampire s'enfoncer dans sa chair, Danjel comprit bien vite que cet homme n'était pas simplement déguisé pour son plaisir et pour amuser la galerie. Se tenant le poignet, il observa les deux petits trous creusés qui déversait lentement son sang en déglutissant et saisit sans tarder la gravité de la situation. L'homme en face d'eux était un fou et il fallait absolument qu'ils s'en éloignent. Tout du moins, il devait protéger Sora. Et c'est ce qu'il fit immédiatement en lui attrapant le poignet pour l'attirer avec lui alors qu'il se mettait à marcher. Bien vite, la guatémaltèque glissa sa main jusqu'à la sienne pour la lui saisir, lui faisant ainsi comprendre qu'elle commençait à paniquer. Soufflant doucement, Danjel accéléra donc le pas, priant pour que ce type ne les traque pas.
Espoirs bien enfantins, car, bien vite, la jeune femme le ramena à la réalité. « Je ne veux pas passer pour la fille complètement paniquée, mais il nous suit toujours. » Son murmure fit tressaillir l'étudiant qui, sans ralentir sa marche, tourna la tête pour jeter un coup d’œil en arrière. L'homme-vampire les suivait en effet de très près, silencieux comme une ombre, son bras tenant sa cape devant le bas de son visage, certainement pour dissimuler ses horribles canines qui avait dévoré la chair du brésilien quelques minutes plus tôt. Sentant la panique le gagner à son tour, il entremêla ses doigts à ceux de Sora et lui serra la main en lui glissant « Surtout, ne lâche pas ma main ! ». Il sentit bien que l'inconnu en avait après eux, et il refusait pertinemment qu'il ne touche ne serait-ce qu'à un cheveux de la blondinette. Le regard à présent fixé face à lui, Danjel continua de marcher d'un pas vif, serrant la main de la guatémaltèque pour s'assurer qu'elle restait à ses côtés et suivait le rythme. Mais, soudainement, il la sentit le tirer en arrière et elle lâcha sa main, l'obligeant à faire volte-face immédiatement. Le vampire les avait rattrapés et tenait à présent le poignet de son amie avec force. « Get off me ! » Le sud-américain sentit son cœur rater un battement et, redoutant le pire, il s'apprêta à foncer droit sur leur traqueur, poussé par une vague d'adrénaline. Il s'était toujours juré de protéger Sora coûte que coûte et de démonter celui qui oserait lui faire du mal, il n'allait donc pas se gêner pour lui venir en aide. « Sora ! » s'écria-t-il, poussé par la soudaine peur qui se nicha dans son ventre. Il fit immédiatement un pas en avant, s'élançant en leur direction, mais il s'arrêta net lorsqu'il vit la demoiselle assener un violent coup à l'homme-vampire, le faisant ainsi lâcher prise. Elle n'attendit pas pour se précipiter vers Danjel, lui attrapant la main au vol pour l'entraîner dans sa course. Affolé, tous les deux cherchèrent vainement un endroit où se cacher, et ce n'est qu'en voyant un entrepôt délavé et visiblement déserté que le brésilien sentit une lueur d'espoir naître en lui.
Redoublant sa course, il serra la main de Sora en espérant qu'elle parvienne à le suivre. Grâce à son enfance dans la favela, il bénéficiait d'une capacité de vitesse assez grande, bien que son handicap pulmonaire avait tendance à le pénaliser sur la longue distance. Priant le ciel pour qu'il tienne le coup, Danjel donna toute son énergie en entraînant son amie avec lui et, au moment d'atteindre la porte, il eut tout juste le temps de l'ouvrir et de laisser passer son amie devant lui avant d'être violemment projeter dos au mur extérieur, à côté de la porte. Se retrouvant face à face avec leur agresseur, il put entendre les pas de Sora s'arrêter et il lui hurla immédiatement « Cours Sora ! », ce qu'elle fit heureusement sans attendre. À présent à la merci de l'inconnu, Danjel sentit les mains de ce dernier lui agripper la gorge alors que son visage se rapprochait de son cou, un regard satisfait braqué sur sa peau. Déglutissant en sentant l'air lui manquer, le brésilien parvint tout de même à mobiliser ses forces pour lui envoyer son genou dans ses parties intimes, le faisant relâcher son étreinte. Sans prendre le temps de récupérer son souffle, Danjel s'avança vers lui d'un pas et profita de son avantage pour lui envoyer son poing avec force dans le visage, le faisant chuter au sol, complètement déstabilisé. Puis il fit volte-face immédiatement, s'engouffrant dans l'entrepôt en recherchant Sora du regard. Alors qu'il courrait, il sentait son cœur battre la chamade dans sa cage thoracique et son poumons droit se crisper. Levant les yeux au ciel, il supplia son corps de lui laisser de la force, de ne pas déclencher une crise d'asthme comme il en avait l'habitude dans une situation de stress trop grande. Finissant par trouver la guatémaltèque, il se précipita vers elle et lui prit la main pour s'enfoncer plus loin dans l'entrepôt, passant au travers de la faille d'un mur pour rejoindre une pièce jointe. Manquant d'air, un toussotement lui déchira la gorge et il sentit immédiatement sa trachée se resserrer. Une crise tentait de faire son entrée, mais il refusait de la laisser venir, s'efforçant de continuer à courir avec comme seul but de protéger Sora. À la vue d'une cage d'ascenseur bloquée aux portes demi-fermées, Danjel décida de s'y diriger et incita la jeune femme à se faufiler à l'intérieur, espérant ainsi échapper à l'homme-vampire. Alors qu'elle s'affairait, le brésilien appuya sa main contre une des portes métalliques et posa son poings contre ses lèvres en laissant une toux plus forte secouer sa cage thoracique. Puis il donna ses derniers efforts pour suivre Sora et se cacher dans la cage d'ascenseur, se laissant immédiatement tomber à l'ombre d'une des deux portes. Comme par réflexe, une de ses mains se posa sur sa gorge alors que son autre main cherchait, fébrile, son inhalateur dans la poche de sa veste. Et quelle ne fut pas sa panique quand il se rendit compte qu'il ne l'avait pas avec lui. Toussant plus fort, son souffle se fit rauque, difficile, et il jeta un regard débordant de panique à Sora. Ce n'était pas le lieu ni le moment pour faire une crise d'asthme, et pourtant...
Lorsqu’elle était arrivée aux États-Unis quatre ans plus tôt, elle n’avait pas eu d’autre choix que de s’habituer aux coutumes locales et malgré tout elle n’avait jamais vraiment fêté Halloween, laissant ça à sa sœur et à son frère qui chaque année trouvaient un nouveau déguisement à se mettre et partaient fêter dignement cet évènement tandis qu’elle restait chez leurs parents à manger des bonbons devant la télévision. C’était ça sa tradition … Chaque année au lieu de partir avec les enfants de Carol et Doug, la demoiselle s’enfermait dans sa chambre avec un saladier énorme de bonbons et elle regardait plusieurs films d’horreur qui au lieu de lui faire peur la faisait mourir de rire avant de se laisser aller dans les bras de Morphée … du moins c’était ce qu’elle avait fait pendant quelques années avant de passer une grande partie de ses soirées à se droguer. Toutefois, ce soir elle n’allait pas plus se déguiser, le simple fait de passer du temps avec Danjel lui ôtait toutes idées de déguisement pour simplement penser au moment présent et au bien-être qu’elle pouvait éprouver auprès du jeune homme. Malheureusement, il fallait croire que certains Américains étaient plus tordus que d’autres et se laissaient un peu trop aller à croire que les monstres étaient réels et autant dire que Sora s’en serait bien passée.
Les films qu’elle pouvait regarder chez elle avaient ce côté totalement irréel, le fait qu’il était évident que ce genre de scénario ne pouvait pas se dérouler dans la vraie vie et lui retirait toute peur lorsqu’elle les regardait mais là … son cœur battait bien plus vite que d’ordinaire et la peur lui retournait l’estomac comme jamais. Cet homme vampire prenait son rôle très à cœur, sans doute même un peu trop et n’étant pas une personne qui appréciait spécialement la vue du sang, en voir sur le poignet de Danjel avait éveillé une pointe de panique qui s’était redoublée lorsque le vampire l’avait attrapé pour tenter de réitérer son geste avec elle. La Guatémaltèque aurait probablement pu hurler de peur, mais au lieu de ça son premier réflexe fut de se dégager et surtout de trouver tous les moyens possibles pour y parvenir comme le frapper alors qu’elle n’avait pas la moindre idée de ce que pourrait être sa réaction face à un coup venant de la frêle jeune fille qu’elle pouvait être. « Sora ! » Sa voix elle ne l’avait entendu qu’après avoir frappé, comme si son cerveau fonctionnait à l’envers dû au stress et à l’excès d’adrénaline qui coulait désormais dans ses veines. Cependant, elle n’attendit pas plus longtemps pour rejoindre Danjel et partir avec lui à toute vitesse vers un endroit où ils seraient un peu plus en sécurité en attendant que ce fou ne disparaisse même si elle avait la nette impression que ça ne faisait par partie de ses plans. Entrés dans un vieil entrepôt, le souffle lui manquant bien plus que ce qu’elle parvenait à laisser voir, son regard fit le tour de l’endroit à la recherche d’un endroit plus caché et se posa sur une porte vers laquelle tous les deux se dirigèrent.
Sora resta en retrait le temps que Danjel parvienne à l’ouvrir. Bras croisés contre sa poitrine, le souffle toujours aussi court, elle ne put s’empêcher de regarder derrière eux à plusieurs reprises pour s’assurer que l’homme ne les avait pas retrouvé bien qu’elle fut incapable de voir quoi que ce soit. Danjel la fit alors revenir à elle pour qu’elle passe par la porte et au moment où elle se tourna vers lui, une fois de l’autre côté, un cri lui échappa lorsqu’elle vit le faux Dracula attraper le Brésilien. « Cours Sora ! » Malgré le moment d’hésitation qui la gagna, la Guatémaltèque s’exécuta et couru quelques minutes pour finalement s’arrêter, tournant autour d’elle-même pour tenter de trouver un endroit où se cacher. Elle sentait son sang battre avec force dans ses tempes la rendant sourde tandis qu’elle essayait de retrouver une respiration correcte avant de sursauter de peur lorsqu’elle vit Danjel tout près d’elle. Toutefois, ils n’attendirent pas plus longtemps pour repartir dans leur course jusqu’à trouver un endroit où vraiment se cacher, une cage d’ascenseur dont les portes étaient tout juste assez ouvertes pour les laisser passer tous les deux. Malgré la peur qui continuait de faire battre son coeur bien trop vite, une fois à l’intérieur ce ne fut pas le fait de savoir le fou après eux qui l’inquiéta mais l’état dans lequel Danjel se trouvait.
« Dan … ton inhalateur, il est où ? » Avoir des parents – même adoptifs – médecins lui permettaient de reconnaître certaines maladies et étant donné qu’elle connaissait les problèmes qui touchaient la Brésilien, deviner qu’il faisait une crise d’asthme fut facile. Son regard se porta brièvement vers l’entrebâillement des portes de l’ascenseur pour s’assurer qu’elle ne serait pas vue et elle se précipita vers le jeune homme, à genoux près de lui pour lire dans son regard la panique due au fait que la réponse à sa question était simple, il ne l’avait pas. Se pinçant les lèvres pour ne pas paniquer alors qu’elle avait bien envie de le faire, Sora passa une main sur son visage tout en tentant de trouver un moyen de l’aider à se calmer au plus vite. « On … on va essayer quelque chose … » Chuchota-t-elle avant de s’asseoir près de lui en étant la plus calme possible bien qu’elle tremblait comme jamais. Ainsi d’une main tremblante, elle attrapa l’une de celles de Danjel et la posa sur le haut de sa poitrine. « Tu vas fermer les yeux et te concentrer sur ma respiration … Tu oublies tout le reste et tu ne penses qu’à ma respiration. » Même si son cœur s’emballait, le voir dans cet état avait eu le don de la calmer surtout si elle était la seule à pouvoir lui venir en aide. Tant pis pour le faux vampire qui leur courait après. Tant pis s’ils se trouvaient dans un ascenseur qui ne la rassurait pas le moins du monde, tout ce qui comptait était d’aider Danjel à se calmer. Petite, elle avait été sujette à plusieurs crises d’angoisse et sa mère lui avait appris à se calmer en calant sa respiration sur la sienne, un moyen qu’elle tentait de reproduire ce soir même si elle ignorait s’il fonctionnerait ou non.
Cette soirée qui avait eu le don de changer sa vie de but en blanc à l'âge de seulement dix-sept ans avait terriblement hanté Danjel. Premièrement, de par ses souvenirs. Les cauchemars ayant suivi le meurtre de son frère avaient été nombreux. Les jours suivant cette terrible nuit avaient été terriblement douloureux pour lui : se retranchant sur lui-même, il n'était pas parvenu à évacuer sa colère et s'était muré dans un silence que personne ne lui avait jamais connu. Il s'était toujours senti responsable de la mort de Joaquín, conscient qu'il aurait pu lui éviter la mort en le sauvant d'une manière ou d'une autre. Mais il ne l'avait pas fait, son frère était bel et bien mort, et lui se retrouvait avec une déficience pulmonaire qui allait lui en faire voir de toutes les couleurs. Les premiers jours suivant son comas, il les avait évidemment passés sur un lit d'hôpital, beaucoup trop faible pour sortir de ces murs blancs. Sa respiration s'était montrée lancinante, le simple fait d'aspirer de l'air avait eu le don de lui enflammer la gorge et la cage thoracique des jours entiers. Mais quand enfin son état semblait s'être remis, il avait pu rentrer chez lui, afin de tenter de retrouver une vie normale. Mais il ne pouvait faire comme si de rien n'était : son frère lui manquait, la culpabilité le rongeait, et son poumon détérioré lui faisait des siennes. Il avait mis plusieurs semaines afin d'apprendre à vivre avec, en reprenant le dessus afin de minimaliser les crises d'asthmes qui pointaient le bout de leur nez. Et il avait mis des semaines avant de pouvoir refaire du sport, et ceci modérément. Aujourd'hui encore, un trop grand effort physique risquait de déclencher une crise, ce qui impliquait l'obligation d'avoir toujours son inhalateur sur lui. Mais comme il n'avait plus rencontré de difficultés à respirer depuis un bon bout de temps, il s'en séparait de temps à autre, comme aujourd'hui. Et à présent, il le regrettait amèrement. À se croire le plus fort du monde, on finit par perdre notre puissance dans sa totalité.
Sa main toujours posée contre son cou, Danjel tentait le tout pour le tout pour se maîtriser, mais cela devenait difficile. Le fait d'avoir découvert qu'il n'avait pas son inhalateur avec lui ne faisait qu'accroître son état de stress, déjà bien trop élevé, et les battement effrénés de son coeur n'aidaient en rien sa respiration. S'il commençait par tousser en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas se faire repérer par leur traqueur, son poumons défectueux fit bien vite de lui rappeler l'existence de sa déformation pulmonaire : sa cage thoracique fit vite de s'enflammer, empêchant l'air que le brésilien aspirait d'atteindre ses poumons. La sensation de brûlure remonta petit à petit le long de sa trachée, lui donnant la sensation rapide d'étouffer. Il manquait d'air, ses poumons se crispant sous l'effet de la crise d'asthme, et sa panique ne fit qu'augmenter. Calant sa tête contre la cage de l'ascenseur dans laquelle ils s'étaient réfugiés, Danjel ferma les yeux à s'en fendre les paupières alors qu'il sentait les larmes lui brouiller la vue. Cette douleur, il ne l'avait pas ressentie depuis longtemps, et jamais elle n'avait été aussi forte. Son souffle saccadé, rauque, presque impossible se calait sur son rythme cardiaque accéléré et il priait avec l'espoir de parvenir à se calmer. « Dan … ton inhalateur, il est où ? » La question de Sora le fit tressaillir. Il ne l'avait pas, et cette évidence qui le frappait depuis quelques secondes maintenant rendait la situation d'autant plus stressante. Rouvrant ses yeux pour planter ses yeux larmoyants et gorgés de panique sur la sud-américaine, Danjel finit par écarter sa main de sa gorge, conscient que ce geste l'empêchait d'autant plus de respirer. Ne parvenant pas à articuler ne serait-ce qu'un son, il se contenta de lui faire comprendre par un échange visuel qu'il n'avait pas de moyen médical de soulager sa crise. Le message fut rapidement transmis : Sora connaissait sa "maladie" et, ayant des parents médecins, elle savait très bien ce qu'il devait utiliser en cas de besoin, d'où sa question. Et elle le connaissait également suffisamment pour comprendre la signification de son regard, ce qui la fit se déplacer furtivement jusqu'à ses côtés en prenant le soin de vérifier qu'elle ne soit pas surprise par l'homme-vampire.
Sentant une chaleur insoutenable envahir sa tête, Danjel fut forcé de fermer à nouveau les yeux, crispant ses paupières, alors que l'envie de tousser le reprit. Mais il ne parvint pas à émettre un seul toussotement, ses poumons se compressant de plus en plus sous l'étaux de sa crise d'asthme. La mains que la guatémaltèque passa sur son visage ne l'apaisa pas, mais elle sembla trouver une solution. « On … on va essayer quelque chose … » Bouche entrouverte pour laisser le filet de souffle qu'il pouvait émettre, le brésilien rouvrit ses paupières pour la regarder, les larmes envahissant son regard. Il sa laissa complètement faire au moment où elle lui attrapa la main pour la placer contre le haut de sa poitrine. Ses doigts gelés sentir sans mal le pouls qu'émettait son coeur sous cette barrière charnelle et, décontenancé, il glissa son regard en direction de sa main avant de le replonger dans celui de la jeune femme. « Tu vas fermer les yeux et te concentrer sur ma respiration … Tu oublies tout le reste et tu ne penses qu’à ma respiration. » S'il en avait été capable, Danjel aurait éclaté de rire suite à sa demande. Mais il était très mal placé pour le faire, quand bien même il trouvait cette idée ridicule. Comment cela pouvait l'aider à mieux respirer ? Soit, faute de mieux, il se contenta de s'exécuter et, alors qu'une larme roulait contre sa joue, il ferma les yeux et fit son possible pour se concentrer sur le soulèvement de la poitrine de Sora qu'il pouvait sentir sous le plat de sa main plutôt que sur son propre souffle complètement déphasé. Et, contre toute attente, sa méthode sembla fonctionner : alors qu'il essayait de ressentir les battements de son coeur jusqu'au plus profond de son propre corps, il sentit progressivement l'air se faufiler jusqu'à ses poumons, rendant ainsi la sensation d'étouffement de moins en moins forte. Le feu brûlant sa trachée et sa cage thoracique s'attisa progressivement et ainsi, il sentait le soulagement remplacer la panique.
Au bout de quelques secondes qui parurent une éternité, Danjel rouvrit ses yeux afin de chercher à nouveau le regard de la sud-américaine, s'y attachant finalement comme à une bouée de sauvetage alors qu'il portait toujours toute sa concentration sur sa respiration. Le remerciement se lisait dans son regard. Elle avait réussi à le calmer -bien que sa respiration ne soit pas toujours pleinement fonctionnelle- alors qu'elle mourrait de peur également suite à la course-poursuite qu'ils avaient vécu. Sa main libre alla chercher par tâtonnement celle de la jolie blonde et, quand il la sentit, il parvint à entrelacer leurs doigts, un moyen comme un autre de se donner plus de force pour convaincre sa crise. Mais, tout à coup, il entendit des bruissements de vêtements accompagnés de bruits de pas résonner dans les alentours. Comprenant qu'il ne s'agissait de personne d'autre que leur traqueur, sa main se crispa sur celle de Sora et il la tira vers lui pour la garder hors de vue. Le souffle encore rauque, bien que plus régulier, il lui lança un regard soutenu et la conjura de ne pas bouger. Finalement, il porta son regard vers l'entrebâillement des portes de l'ascenseur non-fonctionnel dans lequel ils s'étaient réfugiés, priant pour que l'homme-vampire fasse demi-tour.
Cette soirée se transformait en véritable cauchemar. Le seul point positif qu’elle pouvait y trouver était la présence de Danjel à ses côtés et encore … ce dernier semblait désormais tellement mal au point que la panique ne faisait que redoubler en elle. Avoir des parents médecins était une chose, savoir exactement ce qu’il fallait faire en cas de crise d’asthme sans présence d’inhalateur en était une toute autre. Rien ne pouvait lui garantir que son idée allait fonctionner et cette simple pensée l’angoissait comme jamais. Elle refusait de l’abandonner et quand bien même le ferait-elle pour aller trouver de l’aide, elle savait qu’elle ne ferait pas deux mètres sans tomber sur le psychopathe qui les poursuivait. La jeune femme n’avait que très peu de solutions envisageables. Elle devait rester auprès de lui et trouver un moyen pour l’aider au plus vite avant qu’il ne tourne de l’œil ou pire … qu’il ne l’abandonne une bonne fois pour toute. Elle était rarement égoïste, toutefois dès que ça concernait Danjel elle refusait la simple idée qu’il l’abandonne. Il avait toujours été là pour elle. Il l’avait soutenu sans faille et était resté près d’elle lors de son coma – bien qu’elle ne s’en souvenait pas, hormis au réveil. Il était la bouffée d’oxygène nécessaire pour qu’elle continue de survivre, sa bouée de sauvetage et si jamais elle le perdait, la jeune femme savait pertinemment qu’elle s’effondrerait sans même trouver quoi que ce soit à se raccrocher, de toute manière elle le refuserait. Elle ne pouvait donc pas rester les bras croisés pendant que Danjel s’étouffait et ce fut ce qui la poussa à faire la première chose qui lui vint à l’esprit.
Il s’agissait avant tout d’un souvenir et qui n’avait aucun rapport avec ce que Carol et Doug avaient pu lui enseigner depuis qu’elle vivait sous leur toit. C’était sa mère biologique qui lui était revenue en mémoire au cours de ces nombreuses fois où elle avait pu faire une crise d’angoisse. Vivre à Champérico n’était pas une chose aisée, pas même du temps où Anaeli était toujours en vie. Plusieurs fois Sora avait eu peur pour sa vie et avait échappé de justesse à la mort et à chaque fois elle était rentrée chez elle en panique, incapable de respirer et de s’arrêter de pleurer. C’était sa mère biologique qui lui avait apprit à caler sa respiration sur celle d’une autre personne afin que son rythme cardiaque suive le pas. C’était ce qu’elle souhaitait que Danjel fasse même si elle ignorait si cette méthode fonctionnerait sur une crise aussi importante qu’une crise d’asthme. Pourtant, le Brésilien – bien que légèrement surprit par sa demande – s’exécuta et le voyant fermer les yeux, Sora en fit de même pour se calmer une fois pour toute et ainsi s’assurer que son rythme cardiaque n’allait pas une fois de plus s’emballer ce qui ne serait d’aucune aide à son voisin. Elle serra les dents pour faire diminuer sa peur et s’évertua à respirer aussi calmement que possible. Après quelques secondes, elle ouvrit les yeux et posa son regard sur Danjel en se mordant la lèvre inférieure pour sentir ensuite une partie de sa peur s’envoler lorsqu’elle remarqua que son idée semblait fonctionner. Puis, sentant la main de Danjel se poser sur la sienne, elle se laissa faire et serra doucement la sienne sans le lâcher du regard du moins jusqu’à ce que un bruit de frottement de vêtements ne fasse manquer un nouveau battement à son cœur.
En un rien de temps elle se retrouva contre Danjel, priant pour ne pas être vu de ce fou et plaquant sa main encore libre contre sa bouche pour se forcer à ne pas faire le moindre bruit tandis qu’une ombre apparaissait dans l’entrebâillement des portes de l’ascenseur où ils se trouvaient. Sora ferma les yeux sans faire le moindre mouvement. Elle resta contre Danjel et continua de prier pour qu’il ne le voie pas, cessant même de respirer lorsque l’homme-vampire se trouva tout près de l’endroit où les deux jeunes gens s’étaient cachés. Sora serra un peu plus la main du Brésilien qu’elle avait toujours dans la sienne et s’efforça de rester calme malgré la panique qui l’envahissait de nouveau. Puis, contre toute attente, l’homme s’éloigna bien que la Guatémaltèque ne fit pas le moindre mouvement, comme persuadée qu’il allait réapparaître si jamais elle bougeait. Elle laissa plusieurs minutes s’écouler tout en restant contre Danjel jusqu’à ce qu’elle juge que le psychopathe était vraiment parti cette fois, sans doute déçu de ne pas avoir trouvé ses proies et prêt à en trouver d’autres. Sora se dégagea doucement du Brésilien et planta son regard dans le sien sans pour autant prononcer le moindre mot. Cette soirée était bien trop riche en émotions et la jeune femme n’avait plus qu’une envie : rentrer chez elle, se mettre sous la couette et dormir afin d’oublier. Toutefois, il était hors de question qu’elle se fasse passer en première. Le plus important à ses yeux était que Danjel aille mieux et s’il y avait une chose qu’elle comptait bien faire à présent qu’elle savait l’homme-vampire loin d’eux c’était d’amener le Brésilien au Lenox Hill pour qu’il aille mieux, le reste allait attendre.
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