DANJEL & SORA

❝ be with me, stay with me ❞

Réviser … c’était le mot qu’elle cessait de se répéter depuis plusieurs jours dans l’espoir de trouver le courage de s’y mettre. Son esprit ne cessait de tourner à cent à l’heure, mais rien n’avait de rapport avec ce qui aurait dû être le plus important pour elle : ses cours. Elle pensait chaque jour à des tas de choses, mais elle était bien incapable de se concentrer sur ses études. Aussi passionnantes que soient ces dernières à ses yeux, rien n’y faisait. Trop de choses se passaient dans sa vie pour qu’elle soit capable de penser aux examens qui arrivaient à grands pas … bien trop grands pas d’ailleurs. Tout avait commencé avec le retour – ou plus exactement l’arrivée – de son père biologique dans sa vie. Elle avait appris bien des choses qui la poussaient à sortir d’autant plus de l’ombre. Elle allait hérité et même si c’était la dernière chose qui avait de l’intérêt à ses yeux ça restait néanmoins une nouvelle qui la suivait partout, que ce soit dans au travail ou à l’université. Elle n’était plus tranquille et avait la sensation que si les gens étaient à présent près d’elle c’était uniquement par intérêt. Elle s’était repliée sur elle-même et avait fait comme lorsqu’elle était au lycée. Elle préférait la solitude plutôt que de se retrouver au milieu de plein de personnes qui au final lui donnaient l’impression d’étouffer. Elle devait également faire avec le fait de ne pas être fille unique.

Deux demi-sœurs s’étaient ajoutées à sa vie et même si Sora n’avait rien contre elles, elle avait pourtant bien du mal à se faire à l’idée qui lui restait bien plus de famille que ce à quoi elle avait pu penser jusque-là. Cependant, ça ne lui semblait pas être le pire à ses yeux. Depuis quelques jours elle vivait avec cette sensation de l’avoir trahi alors qu’elle n’avait pas la moindre raison de se sentir aussi mal. Les choses avaient dérapées et elle avait perdu le contrôle même si par moment elle en venait à se demander si elle ne l’avait pas tout simplement voulu. Il n’était supposé être qu’un ami, l’homme avec qui elle discutait tranquillement dans la salle d’attente de leur psychologue, celui qui lui avait permis de ne pas s’ennuyer comme jamais à cette soirée où elle avait été traînée de force soit disant pour son bien. Il fallait de peu pour que tout bascule et à présent Sora en avait nettement conscience. Ce qui s’était passé entre elle et Aaron, elle ne souhaitait pas en parler, pas si Danjel risquait de l’apprendre. Pourtant, la Guatémaltèque savait qu’elle ne lui devait rien, quand bien même ils étaient devenus de plus en plus proches. Elle tenait sincèrement à lui et pour tout dire elle savait qu’il y avait bien plus que ça, mais elle refusait qu’il sache. Peut-être était-ce la peur que cette révélation lui fasse ni chaud ni froid qui la faisait penser ainsi, elle n’en savait trop rien.

La seule chose qu’elle savait était qu’elle était bien incapable de se concentrer sur les cours qui étaient supposés lui ouvrir des portes pour sa carrière. Sora s’était promis de réviser un tant soit peu pour réussir ses examens et dès qu’elle avait ouvert les yeux ce matin-là elle n’avait pas cessé de se répéter qu’une fois la journée passée et de retour chez elle « révision » serait le mot d’ordre. Même si les cours l’épuisaient un peu plus chaque jour, elle se força à tenir le coup jusqu’au dernier et une fois chez elle, elle s’appliqua à faire ce à quoi elle pensait depuis des jours. Assise dans le salon de son appartement, en tailleur devant la table basse, sur cette dernière se trouvait plusieurs livres ouverts, des feuilles ici et là ainsi que quelques stylos qui semblaient vouloir se cacher. Se contentant de se faire livrer chinois afin de remplir son estomac et de pouvoir se concentrer un peu plus longtemps, Sora ne tarda pourtant pas à se laisser aller dans ses pensées. C’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait pas se concentrer très longtemps, il y avait toujours un petit quelque chose qui lui rappelait l’un des derniers évènements de sa vie et pourtant elle se força à se concentrer une nouvelle fois. Les heures passèrent et la fatigue ne tarda pas à s’emparer d’elle malgré le fait qu’elle resta penchée au-dessus de ses cours, gribouillant quelques phrases ici et là qu’elle remettrait au propre lorsqu’elle en aurait le courage.

Toutefois, la fatigue eu raison d’elle et bien vite la jeune femme se mit à piquer du nez pour finalement s’endormir adossée à son canapé. Ce ne fut que les coups donner contre la porte de son appartement qui la tirèrent de son sommeil, la réveillant dans un léger sursaut tandis qu’elle cessa de bouger le temps de s’assurer qu’elle n’avait pas tout simplement rêvé. Debout et encore légèrement endormie, Sora se traîna jusqu’à la porte d’entrée qu’elle ouvrit sans même chercher à savoir qui pouvait lui rendre visite à une telle heure. Lorsqu’elle vit le visage fermé et presque en colère de Danjel, son sang ne fit qu’un tour et pourtant elle ne prononça pas le moindre mot, n’ayant guère le temps puisque le Brésilien entra directement, la bousculant quelque peu au passage. « Dan ? Ça va ? » Question particulièrement stupide au vu de son état mais qu’elle ne put s’empêcher de poser juste après avoir fermé la porte derrière lui pour ensuite regagner le salon. Une fois dans la pièce et lorsque le Brésilien lui fit face, lui adressant un regard noir, une pointe de panique s’éveilla en elle ainsi que la mauvaise sensation que la raison de sa colère elle la connaissait que trop bien. « Y a pas quelque chose dont tu devrais me parler par hasard ? » Cette simple question lui confirma ses pensées, mais elle fut incapable de répondre. Pourtant, ce ne fut pas faute d’avoir essayé. Sa bouche s’ouvrit, mais aucun mot n’en sortit et finalement elle poussa un long soupire en passant une main sur son visage. « C'est qui ce Aaron ? » Son cœur manqua un battement. La première question qui lui traversa immédiatement l’esprit fut de savoir de quelle manière il avait put être mis au courant, mais Sora préféra ne pas la poser et la garder pour elle.

Laissant également le silence prendre place entre eux, elle regarda Danjel en tentant de trouver les mots justes pour se justifier avant de sentir la colère la gagner à son tour. « Tu me fais quoi, là ? » Son regard commença à se durcir à son tour sans qu’elle ne sache trop pourquoi, sans doute l’agacement qu’il débarque chez elle prêt à s’énerver contre elle pour une erreur qu’elle avait pu commettre alors qu’ils n’étaient pas même ensemble. « Pour quelles raisons j’aurais dû t’en parler ? Est-ce que je te demande de me donner les tiennes lorsque tu couches avec toutes ces filles ? » Mauvaise question et jalousie en perspective. Sora n’avait pu retenir ces mots. Elle aurait pu être touchée de le voir prendre si mal la nouvelle, c’était là une preuve de l’attachement qu’il avait pour elle, mais la jeune femme ne put penser ainsi. À ses yeux Danjel venait simplement la juger pour ce qu’elle avait fait alors que, clairement, il n’avait aucun droit sur elle et la fatigue n’aidant pas le moins du monde, elle laissait la colère l’envahir à son tour, croisant les bras contre sa poitrine et serrant les dents pour tenter de se canaliser un minimum.

Pourquoi n’arrivait-elle pas à garder son calme ? Pourquoi se sentait-elle bouillonner autant à l’intérieur alors qu’habituellement il était celui qui parvenait à la calmer, à l’apaiser lorsqu’elle allait mal ? Cette situation n’était pas normale, ce fut la première conclusion qui parvint jusqu’à son cerveau. Le fait qu’il semble autant remonter contre elle et qu’elle-même soit incapable de canaliser la colère qui grandissait en elle ne leur ressemblait absolument pas. Ils avaient pour habitude d’être proches, d’être complices et la jeune femme avait la désagréable sensation que c’était bien loin d’être le cas ce soir. La simple idée qu’il puisse être en colère contre elle, qu’elle ait pu faire quelque chose qui le mette autant hors de lui la rendait malade. Elle ne supportait pas le fait de savoir qu’elle était la cause d’un mal-être chez une autre personne, encore moins lorsqu’il s’agissait de lui. Cependant, l’entendre s’adresser à elle de la sorte brisait quelque chose en elle, comme si elle découvrait la face cachée d’une personne à laquelle elle était sincèrement attachée, tombant de haut après avoir longtemps cru quelque chose. Sora savait que c’était tout de même différent, qu’il s’agissait d’une colère à laquelle elle aurait pu être confrontée n’importe quand et qu’elle aurait pu elle-même éprouver, mais tout de même, c’était si difficile à encaisser. Elle sentait son rythme cardiaque accélérer un peu plus à chaque instant bien qu’elle gardait la tête haute et le regard rivé en direction de Danjel qui ne semblait pas se calmer, encore moins lorsqu’elle se risqua à laisser une pointe d’agacement s’échapper à travers ses paroles.

Il le savait tout autant qu’elle, il n’avait aucune raison d’agir de la sorte avec elle. Ils étaient proches et il était clair que la jeune femme espérait souvent bien plus que ce lien complexe qui s’était créé entre eux, mais elle avait également eu le temps de se convaincre que c’était chose impossible. Danjel aimait les femmes et Sora n’en avait que trop conscience. À chaque fois qu’elle apprenait qu’il avait été avec une autre elle sentait la jalousie l’envahir avant de la faire taire en se rappelant qu’elle n’avait pas le droit d’éprouver un tel sentiment alors qu’ils n’étaient pas ensemble, mais, clairement le Brésilien ne semblait pas être capable de se maîtriser comme elle avait su le faire à de si nombreuses reprises. C’était sans doute là ce qui l’agaçait, qu’il se permette d’agir de la sorte voire même de la juger alors qu’elle avait parfaitement le droit de mener sa vie comme bon lui semblait. Évidemment, elle n’était pas fière de ce qu’elle avait fait. Même si elle appréciait sincèrement Aaron, le jeune homme était avant tout un ami et qu’ils soient allés si loin n’aurait jamais dû se produire, toutefois ça avait permis à la guatémaltèque d’ouvrir d’autant plus les yeux sur un fait dont elle avait déjà conscience : elle aimait Dan bien plus qu’elle ne le devrait, bien plus qu’elle ne pouvait l’avouer. « Peut-être parce que je suis toujours resté présent pour toi et que j'essaye de te protéger ? » Le visage de Sora se ferma tandis qu’elle serra les dents pour se canaliser un peu plus. Par réflexe, elle avait reculé d’un pas en arrière lorsque Danjel s’était avancé vers elle en la pointant du doigt, mais n’avait prononcé aucun mot après cette réponse à laquelle elle ne croyait pas le moins du monde.

« Et pourquoi tu me parles de moi tout à coup ? C'est pas la raison de ma venue à ce que je sache. » Un rire ironique lui échappa sans qu’elle ne s’y attende, sa réaction étant bien plus rapide qu’elle pour penser. Sourcil arqué, elle refit un pas en avant, la tête levée en direction du brésilien et le regard à son tour plein de colère. « Ce n’est pas la raison de ta venue ? Bien sûr que non ça ne l’est pas ! Tu es juste là pour me juger alors que tu n’en as pas le droit Dan ! Tu es venue me faire la morale alors que tu es la dernière personne qui devrait pouvoir le faire ! » Ce qu’elle pouvait détester agir de la sorte, surtout avec lui et pourtant la guatémaltèque ne se démonta pas. Même si son cœur ne cessait de battre à mille à l’heure et qu’elle avait mal de se disputer avec lui, elle ne le laissa pas voir. « Tu n’as aucun le droit de réagir comme ça avec moi et tu devrais le savoir si vraiment tu voulais me protéger … tu me crois trop faible pour savoir me défendre par moi-même ? C’est ça l’opinion que tu as de moi ? Que je suis juste une fille fragile à protéger et avec laquelle coucher quand bon te semble ? » Pourquoi sentait-elle ses yeux piquer tout d’un coup ? Et pourquoi avait-elle l’impression qu’elle n’allait pas tarder à rendre tout le repas qu’elle avait pu avaler quelques heures plus tôt ? Elle se rendait malade, malade de devoir se défendre face à lui, malade de le voir s’énerver contre elle alors que s’il ne voulait pas qu’elle finisse avec un autre il n’avait qu’à le dire, comme elle n’avait qu’à le faire à chaque fois qu’elle se sentait s’énerver lorsqu’elle le savait avec une autre.

Elle se sentait se détruire de l’intérieur, incapable d’arrêter ce processus douloureux qui était en marche. Elle haïssait cette situation. Elle détestait ce regard qu’ils s’échangeaient, mais plus que tout elle détestait les paroles si douloureuses qu’ils étaient en train de se lancer mutuellement. Elle avait déjà ressenti de la haine par le passé, plus d’une fois d’ailleurs. La jeune femme avait haït le monde entier à chaque fois qu’on lui avait retiré un être cher. Elle avait détesté son existence lorsque sa mère lui avait été arrachée, puis Dean. Elle avait détesté se sentir n’être qu’une bête de foire aux yeux de ses camarades lorsqu’elle était arrivée à New York. Elle avait détesté sa sœur adoptive lorsqu’elle avait fait de sa vie un véritable enfer sur terre. Elle s’était elle-même détestée pour la voie qu’elle avait décidé de prendre lorsqu’elle était devenue mannequin. Toutefois, elle n’avait jamais détesté les moments passés en compagnie du brésilien. Ils étaient de loin ce qui lui paraissait de plus réels, de plus sincères dans sa vie. Elle avait toujours savouré chacun des souvenirs qu’elle pouvait avoir eu avec lui. Elle se surprenait à sourire à chaque fois qu’elle pensait à lui, à cette proximité qu’il y avait entre eux et cette habitude qu’il avait désormais de toujours vouloir la protéger sans pour autant l’étouffer.

La guatémaltèque l’acceptait avec ses défauts, elle l’avait toujours fait considérant ces derniers comme minimes. Elle avait accepté le fait qu’il voit d’autres femmes pour la simple bonne raison que de toute manière elle n’avait jamais eu le courage de lui dire ce qu’elle ressentait réellement. La peur lui avait bien souvent retourné l’estomac. Elle avait peur d’avouer ce qu’elle avait sur le cœur pour finalement le perdre alors que, égoïstement, elle le voulait pour elle toute seule. C’était par peur qu’elle avait continué sans rien dire et c’était bel et bien de la peur qu’elle ressentait ce soir, la peur qu’avec une phrase mal placée elle finisse par le perdre définitivement. Cette idée était inenvisageable aux yeux de Sora, cependant, bien que très douce habituellement, son sale caractère pouvait parfaitement ressortir lorsqu’on lui marchait sur les pieds ou lorsqu’on la blessait, ce que Danjel était exactement en train de faire. À peine eurent-ils commencé à se disputer qu’elle avait déjà commencé à se sentir se détruire de l’intérieur. Elle ne le supportait pas. Elle détestait le fait qu’il lui puisse lui vouloir, qu’ils puissent mutuellement se faire du mal alors qu’elle l’aimait tellement tout en étant incapable de l’avouer. « Si tu as un truc à me reprocher par rapport à ça, tu me le dis tout de suite ! Parce que, que je me tape la moitié de New York ou pas, j'ai tout à fait le droit de te dire quand ce que tu fais me déplait ! » Sora secoua la tête de droite à gauche, mâchoire crispée.

Quand bien même avait-elle mal vis-à-vis de cette situation plutôt inattendue entre eux, il était hors de question qu’elle se laisse faire … qu’elle le laisse la juger ainsi sans rien dire. « Je l’ai toujours accepté, que ça me fasse mal ou non, je l’ai toujours fait alors que toi … toi tu te permets de me faire des reproches pour quelque chose que j’ai immédiatement regretté, alors non, vraiment tu n’as pas le droit de me dire que ça te déplait ! » La guatémaltèque sentait son menton trembler si bien qu’elle due à nouveau serrer les dents, puis mordre l’intérieur de sa joue pour ravaler les larmes qui n’allaient pas tarder à l’assaillir. Elle refusait de craquer, pas tout de suite et pas alors qu’elle continuait de sentir la colère bouillonner en elle. « C'est marrant, la dernière fois que tu as fini dans mon lit, ça avait pas l'air de te déranger tant que ça. Et maintenant tu utilises ça contre moi ? C'est trop facile... » Pendant un bref instant, l’air lui manqua et Sora eu bien du mal à retrouver une respiration un tant soit peu correcte. À son tour, elle serra ses poings si forts que ses ongles ne mirent pas de temps à s’enfoncer dans la paume de ses mains. Elle ne fit aucun commentaire. Elle se contenta du regard noir qu’elle continuait de lui adresser tandis que son cœur semblait être sur le point d’exploser à la fois à cause de la colère, mais aussi de la douleur qui le lacérait.

« Et toi alors, tu me vois vraiment comme ça ? Un connard qui te garde près de lui pour te mettre dans son lit quand il le souhaite ? Si tu avais pu me voir à ton chevet à l'hôpital, jamais tu aurais prononcé un truc pareil... » Sa poitrine ne cessa de se soulever et de retomber de façon très nette, signe qu’elle commençait sérieusement à perdre le contrôle. Son menton se mit à trembler sans qu’elle parvienne à le cacher cette fois et Sora due à nouveau se faire violence pour ne pas craquer, mordant férocement sa lèvre inférieure au point de légèrement l’entailler. « T’as pas le droit d’utiliser ça contre moi … » Sa voix fut bien plus tremblante qu’elle l’aurait souhaité et pourtant la guatémaltèque s’efforça de garder la tête haute et ce même si sa vision se brouillait de plus en plus. « Tu sais très bien que je t’ai jamais considéré comme un connard … mais tu viens chez moi en me reprochant de vivre ma vie, tu ne peux t’attendre à ce que je reste sans réagir. » Levant les yeux au ciel pour tenter de garder ses larmes, Sora humecta ses lèvres tout en soupirant doucement, dernier moyen de garder son calme tandis que son regard se reposait sur Danjel. « Je ne peux pas attendre après toi toute ma vie Dan … pas en sachant que malgré ce que je peux ressentir ça n’ira jamais plus loin que ce qu’on peut déjà avoir … ou que ce qu’on pouvait avoir. » Bien que toujours en colère, Sora était incapable de garder un ton si froid et énervé envers le brésilien plus longtemps, pas alors que ça la détruisait autant. Peut-être s’était-elle vendue – même en évitant de prononcer ces mots qui l’effrayait – mais elle en avait besoin et se sentait tout de même bien mieux d’avoir insinué ce qu’elle pouvait éprouver plutôt que passer plus de temps à lui tenir tête alors que ce n’était pas dans son caractère.

C'est pas de ma faute, c'est "so cold" je l'écoutais en boucle et je pouvais pas ne pas répondre ... cette chanson elle est déprimante mais ... elle me fait tellement penser à eux

Plus les secondes passaient et moins elle était capable de respirer correctement. L’air lui manquait affreusement, sans doute parce qu’elle s’empêchait de respirer dans l’espoir idiot qu’ainsi elle serait capable de faire taire la douleur. Elle avait juste envie que tout cela cesse, qu’ils arrêtent de se faire mal comme ils pouvaient le faire depuis qu’il était arrivé chez elle. Tout arrêter, effacer les paroles qu’ils avaient pu prononcer et qui étaient si blessantes, voilà ce que la jeune femme souhaitait. Elle voulait remonter le temps de quelques minutes pour ne pas avoir dit les mots qu’elle avait pu énoncer. Elle voulait remonter le temps et lui demander pardon pour ce qu’elle avait fait, pour se faire pardonner cette sensation de trahison qui l’avait gagné lorsqu’elle était allée trop loin avec Aaron, un sentiment encore plus fort que ce qu’elle avait pu éprouver lorsque sa relation avec le brésilien avait pris un tournant inattendu suite la mort de Dean. Elle l’avait toujours aimé, maintenant plus que jamais ce fait était aussi clair que l’eau de roche à ses yeux. Elle l’avait aimé au moment même où elle avait posé les yeux sur lui lors de leur première rencontre. Elle l’avait aimé la première fois que leurs lèvres s’étaient scellées et ce sentiment n’avait fait que grandir au fur et à mesure du temps qu’elle avait pu passer en sa compagnie. Toutefois, elle avait tout enfouie en elle par peur, par crainte de souffrir alors qu’il ne se cachait pas du fait de bien trop aimer les femmes pour ne serait-ce qu’envisager une relation sérieuse.

La guatémaltèque avait fait taire au mieux les sentiments qu’elle éprouvait en elle tout en sachant qu’ils existaient, qu’ils étaient toujours quelque part en elle, qu’ils attendaient bien sagement le jour où, enfin, ils pourraient être exposés au grand jour. Cependant, Sora n’avait jamais trouvé le courage d’aller aussi loin, de faire le premier pas, non pas pour une question de fierté, mais simplement par peur. Elle avait trop perdu pour s’attacher encore un peu trop. Elle avait peur qu’en avouant ce qu’elle pouvait ressentir pour lui, il l’abandonnerait une bonne fois pour toute et la jeune femme était tout simplement incapable d’encaisser son départ. Elle aurait probablement put le dire clairement ce soir, tenter de lui assurer que ce qu’elle avait fait n’avait pas de signification à ses yeux, que pour elle il n’y avait que lui et que ce serait toujours le cas, mais elle n’appréciait que trop peu le fait d’être blessée comme elle pouvait l’être par les accusations qu’il lui lançait en plein visage. Sora avait des tords qu’elle acceptait de reconnaître, mais elle n’appréciait pas le moins du monde qu’il la juge de la sorte, pas lui, pas alors que c’était aussi douloureux. Elle devait se faire violence pour ne pas se mettre à pleurer tout en étant consciente du fait que son regard parlait pour elle, qu’étant donné les larmes qui l’assaillaient il devait être bien plus brillant qu’elle ne l’aurait voulu. À chaque seconde elle enfonçait un peu plus ses ongles dans la paume de ses mains pour tenter de calmer les tremblements qui s’éveillaient en elle et elle devait mordre sa lèvre pour que son menton cesse d’en faire de même. « Attendre après moi ? Mais de quoi tu parles ? » La guatémaltèque savait qu’elle aurait dû le lui dire clairement, mais elle n’y arrivait pas, bloquée par cette peur qui la rongeait de l’intérieur et qui ne cessait de faire accélérer son rythme cardiaque.

Elle avait l’impression que tout autour d’elle était en train de s’effondrer et si habituellement elle se serait accrochée au regard de Danjel pour tenir le coup, étant donné la situation, la jeune femme préféra le fuir, humectant à nouveau ses lèvres. « Non ça ne pourra jamais aller plus loin... tu viens de me le prouver. » Ses paupières se fermèrent, laissant s’échapper quelques larmes qui eurent bien vite fait de rouler le long de ses joues tandis que Danjel passait à côté d’elle sans qu’elle ne trouve la force de relever la tête et de l’arrêter. Un sanglot la secoua bien qu’elle tenta de le cacher et serrant d’autant plus fort ses poings, Sora redressa la tête et se tourna vers le brésilien, qu’il soit de dos ou non à elle. « Alors c’est tout ? » Sa voix tremblante démontra sans le moindre mal la douleur qui la gagnait d’autant plus. Sora passa ses index sous ses yeux afin de faire disparaître ses larmes, geste inutile puisqu’elles continuèrent de couler. « Tu viens ici t’énerver et tu repars comme ça en me faisant comprendre que si ça ne peut pas aller plus loin c’est de ma faute ? » La guatémaltèque pinça ses lèvres. Elle peinait à rester calme tandis que les larmes continuaient de rouler le long de ses joues et que sa respiration était toujours aussi difficile à cause des sanglots qui l’assaillaient. « Quand est-ce que tu ouvriras les yeux Dan ? Quand est-ce que tu remarqueras que ça me ronge de l’intérieur de savoir que cet amour que j’ai pour toi ne va que dans un sens et que je t’aime ? » Voilà qui était dit et pourtant Sora ne parvenait pas à se calmer pour autant, mordant d’autant plus sa lèvre et s’efforçant de respirer correctement alors que sa respiration était plus saccadée que jamais tandis qu’elle continuait de fixer le dos du brésilien.

La sensation que son monde risquait de s’effondrer d’une minute à l’autre ne la quittait plus. Si jamais il faisait le choix de partir sans se retourner, de franchir la porte de son appartement sans même lui adresser un regard elle saurait que ce serait fini et quand bien même essayerait-elle d’être forte, elle savait que si c’était le cas plus rien n’aurait de sens. Elle avait l’impression d’être une enfant sur le point d’être abandonnée par ses parents. Cette sensation d’abandon elle la connaissait que trop bien et elle refusait de devoir la supporter une nouvelle fois. C’était bien trop douloureux, bien trop difficile à surmonter et elle était encore trop faible pour y arriver. En peu de temps et à cause de tous ces moments qu’ils avaient passés ensemble, en plus de devenir sa plus grande faiblesse, il était également celui qui lui permettait de tenir le coup. Sans lui, plus rien n’avait d’importance. Sans lui c’était comme cesser de respirer, manquer d’oxygène, autant se laisser mourir d’un coup plutôt que d’imaginer le fait d’avancer sans lui. Elle en était incapable, elle le savait pertinemment. Il était bien plus qu’un pilier, bien plus qu’une bouée de sauvetage, il était son tout et elle se détestait d’avoir été incapable de l’avouer plus tôt même si la guatémaltèque ignorait si ses paroles prononcées maintenant ou auparavant auraient un impact sur lui. Elle se savait prête à tout pour lui, même aller jusqu’à donner sa vie. Jamais elle n’avait été autant attachée à une personne, pas même à Dean malgré l’amour qu’elle avait pu avoir pour lui. Danjel était celui qu’elle avait aimé depuis le début, celui pour qui son cœur ne cesserait de battre. Sora se savait parfois bien innocente, totalement rêveuse même, mais elle s’en moquait.

Pour elle la magie de l’amour existait bel et bien, il suffisait d’y croire pour le voir et c’était son cas. Son enfance avait été bercée par des contes auxquels elle voulait croire pour avoir une vie plus douce, pour souffrir moins que ce put être le cas par le passé. Leur histoire était son conte et comme ceux qu’on lui avait contés petite, elle espérait sincèrement avoir le droit à sa fin heureuse, refusant d’être la petite princesse brisée voyant son prince s’éloigner d’elle. Peut-être aurait-elle dû prononcer ces quelques mots avant, alors que tout allait bien entre eux, que malgré la complexité de leur relation elle n’était pas jusqu’à aller coucher avec un autre, elle n’en avait pas la moindre idée. Elle l’avait dit, à ses yeux c’était à présent le plus important même si elle craignait sincèrement la réaction de Danjel, le choix que ce dernier risquait de faire à tout instant. Elle ne cessait d’espérer si fort au fond d’elle qu’il ne parte pas, qu’il ne la laisse pas au beau milieu du salon plus détruite que jamais, car c’était bien ainsi qu’elle se sentait. Les larmes ne cessaient de rouler le long de ses joues, une preuve de la tristesse qui l’avait envahi dû au fait de se disputer avec la dernière personne sur terre avec qui elle souhaitait entrer en conflit. Son menton n’arrêtait pas de trembler. Ses jambes menaçaient de la lâcher à tout instant et son corps tout entier était secoué de sanglots que Sora peinait à contenir. Les minutes lui semblèrent devenir plus lentes que jamais et ne faisaient que redoubler l’angoisse qui lui nouait l’estomac. Son regard ne cessait de fixer le dos du brésilien aussi brouillé soit-il par ses larmes. La guatémaltèque ignorait combien de temps s’écoula entre le moment où elle lui avoua l’aimer et celui où, enfin, Danjel lui fit face. Elle eut l’impression qu’une éternité s’était écoulée avant que leurs regards se croisent tandis qu’elle avalait difficilement sa salive en tâchant de deviner à l’avance ce qu’allait être la réaction du jeune homme, l’abandonner ou lui pardonner.

En moins de temps qu’il en fallait pour s’en rendre compte, Danjel avait déjà brisé la distance qui les avait séparés et Sora n’eut guère le temps de réagir que déjà elle sentait les lèvres du jeune homme sur les siennes la faisant d’autant plus pleurer. Pourtant, elle ne se sépara pas de lui, au contraire. Sora s’agrippa à Danjel comme si elle craignait qu’il ne change brusquement d’avis et qu’il la quitte une bonne fois pour toute. Elle continua de l’embrasser jusqu’à réellement manquer d’air et ne s’éloigna de lui que de quelques centimètres, son regard plongé dans celui du brésilien, le souffle court, des larmes continuant de couler le long de ses joues et toujours agrippée à lui. « Je t’aime … » Souffla-t-elle lorsqu’elle fut certaine d’être capable de prononcer ces quelques mots. « Je t’aime et je te demande pardon. » Sora aurait pu lui répéter encore et encore à présent. Elle doutait de pouvoir s’en lasser, pas si ça éveillait une telle réaction chez le brésilien. L’avoir dit et savoir que ce sentiment était partagé – elle ne pouvait pas en douter un seul instant – la forçait à regretter d’autant plus de ne pas avoir réagis plus tôt. Cependant, elle se sentait bien plus légère, comme si un poids s’était envolé au moment même où elle avait enfin été franche avec lui. Son cœur ne semblait pas vouloir se calmer bien que cette fois il battait à grande vitesse pour une raison tout à fait différente de la précédente. Les dernières larmes se frayèrent un chemin pour suivre le même que leurs sœurs avant elles et Sora desserra son étreinte pour permettre à l’une de ses mains d’aller se glisser dans la nuque de Danjel et à nouveau elle captura ses lèvres pour appuyer ses paroles, comme si elle ressentait le besoin de lui prouver qu’elle ne lui mentait pas, que ce baiser était la preuve du fait qu’elle l’aimait sincèrement, plus que n’importe quelle autre personne sur cette terre.

Arrêter le temps. Rester à tout jamais dans cette bulle qui à présent les entourait, c’était tout ce qu’elle souhaitait. Elle voulait que ce moment reste ainsi jusqu’à la fin des temps, qu’elle puisse ressentir ce soulagement à tout jamais et ne plus jamais craindre de le perdre comme ce fut le cas quelques instants auparavant. Elle ne voulait plus jamais le voir s’éloigner d’elle, pas même pour une journée même si elle savait que c’était impossible, raison pour laquelle la jeune femme rêvait que ce moment dure éternellement. Elle voulait rester dans ses bras à tout jamais, ressentir la béatitude qui l’avait gagné dès qu’il l’avait embrassé après qu’elle lui ait avoué l’aimer – et Dieu que ça pouvait faire du bien de prononcer enfin ces mots. Elle le voulait uniquement pour elle, parfaitement consciente de son égoïsme. Elle aurait aimé que l’air ne leur manque jamais et ainsi pouvoir faire perdurer ce baiser bien plus profond et sincère que tous ceux qu’ils avaient pu échanger jusqu’alors. La jeune femme voulait bien des choses à cet instant précis, mais la plus importante elle l’avait déjà acquise. La crainte d’être rejetée s’était envolée au moment même où Danjel l’avait rejoint. La peur de le voir s’éloigner n’existait plus et il ne restait que le bonheur de savoir que, finalement, l’amour qu’elle pouvait éprouver pour le brésilien était bel et bien réciproque. Il était la seule chose, la seule personne qu’elle voulait réellement, ce soir comme tous les autres jours qu’elle pouvait vivre. Malgré l’amour qu’elle pouvait éprouver pour sa famille et pour ses amis, celui qu’elle ressentait pour lui était bien plus fort, bien plus intense et bien plus indispensable, comme l’oxygène peut l’être pour vivre.

Sora savait au fond d’elle qu’elle était incapable de vivre sans lui depuis le jour où ils s’étaient rencontrés ou plus exactement, elle l’avait su au moment où leurs lèvres s’étaient rencontrées pour la première fois. Il était devenu une drogue, sa drogue, mais une bien plus douce que celle qu’elle avait pu prendre par le passé bien qu’il lui semblait être tout aussi vital que les autres avaient pu lui sembler l’être du temps où elle se droguait encore. À présent la guatémaltèque savait qu’elle n’avait plus à craindre de le perdre, qu’elle était tout aussi importante pour lui que lui l’était pour elle et jamais elle ne pourrait se lasser de penser cela. Chaque nouveau contact entre elle et Danjel lui semblaient être différent, comme si elle redécouvrait la tendresse du brésilien qu’elle savait pourtant être la seule à connaître aussi bien. Elle appréciait chaque nouveau regard qu’ils échangeaient, chaque nouvel instant auprès de lui mais également chaque caresse qu’il put lui faire pour faire disparaître les larmes qui continuaient de rouler le long de ses joues plus humides que jamais. Sora ignorait s’il s’agissait du reste de celles due à leur dispute et à la crainte de le perdre une bonne fois pour toute ou si elles étaient là grâce à la joie intense qui parcourait à présent tout son corps, mais peu lui importait en réalité, elle préférait n’écouter que la joie qui faisait battre son cœur comme jamais il n’avait battu jusque-là. « Eh... c'est à moi de te demander pardon. » Le regard de la guatémaltèque s’ancra dans celui du brésilien la forçant à lever quelque peu la tête pour y parvenir. Doucement, elle mordilla sa lèvre inférieure en même temps qu’un léger sourire étirait le coin de ses lèvres. À ses yeux elle n’avait rien à lui pardonner ou alors elle l’avait déjà fait au moment même où il l’avait embrassé étant bien trop faible pour lui en vouloir plus longtemps pour cette crise de jalousie qui avait finalement eu du bon pour eux.

« J'ai été... con. J'ai mis beaucoup trop de temps à me rendre compte à quel point tu comptais pour moi... » Sora aurait voulu poser son index sur ses lèvres afin de l’empêcher de parler plus, pour lui faire comprendre que pour elle il n’avait pas à se justifier mais Danjel cessa de parler avant même qu’elle ne puisse esquisser le moindre geste. A la place, la demoiselle se contenta de poser délicatement sa main sur la joue du brésilien, la caressant tendrement de son pouce. « Eu te amo princesa... » Son cœur manqua un battement mais d’une manière si agréable que Sora n’aurait pas été contre le fait de ressentir à nouveau ce bien-être. Qu’importe la langue – même s’il était mieux qu’elle la comprenne – l’entendre lui dire qu’il l’aimait était la plus belle chose qu’on avait pu lui dire jusque-là et la plus agréable également. Tout contre Danjel, la guatémaltèque ferma les yeux quelques instants. Sa respiration était enfin parfaitement normale et les larmes avaient cessé de l’assaillir. Elle se sentait bien, tout simplement. Elle était comme sur un petit nuage duquel elle ne voulait plus redescendre, jamais. Sora resta tout contre le brésilien pendant de longues secondes qui se transformèrent en minutes avant de lentement s’éloigner tout en gardant une certaine proximité. Tendrement, elle vint déposer un baiser dans le cou de Danjel, puis un autre avant d’effectuer le même geste à plusieurs reprises en montant doucement vers sa mâchoire pour terminer vers ses lèvres avant de s’en séparer pour lever les yeux vers lui. « Tu restes avec moi ? » Demanda-t-elle dans un chuchotement sans vraiment lui laisser le temps de répondre, l’embrassant une nouvelle fois tandis que ses mains glissèrent le long du torse de Danjel avant de finir sous son haut et dans son dos, le rapprochant un peu plus d’elle … plus qu’il ne pouvait déjà l’être.