En l’espace de quelques mois seulement, la vie du jeune Brésilien s’était vue bouleversée du tout au tout. Depuis juillet deux-mille douze, lorsque ses pieds avaient frôlé le sol américain pour lui permettre de s’y installer, il s’était passé énormément d’événements, certains plus tragiques et d’autres plus joyeux. Il avait premièrement retrouver son frère jumeau dont il n’avait jamais connu l’existence, et cela était loin d’être un fait non négligeable ! L’entrée d’Enzo dans sa vie avait changé énormément de choses : Premièrement, il avait appris qu’on lui avait menti sa vie durant, lui dissimulant l’existence de son frère. Ensuite, il avait ainsi retrouvé un élément clé qui lui manquait depuis trop longtemps, à sa voir la fraternité. Depuis que Joaquín, son frère adoptif, s’était vu perdre la vie devant ses yeux, il avait avancé avec un certain creux en lui, creux que l’Espagnol avait rapidement comblé, à mesure que le temps avançait et que tous les deux apprenaient à se connaître. Enzo avait certes quitté New York quelques temps pour raisons personnelles et pour faire le tour du monde afin de rassembler des fonds au travers de la chanson pour l’association caritative de sa meilleure amie, mais s’il avait manqué à son jumeau, ce dernier avait été très heureux de le voir rentré et n’avait pas pris en considération les quelques mois qui les avaient séparés, profitant à nouveau de tous les moments qu’il pouvait passer avec lui pour créer un véritable lien fraternel avec lui. Et l’autre personne qui l’avait fait changer du tout au tout était bien évidemment Sora. Il connaissait la Guatémaltèque depuis quelques temps déjà, ayant fait sa rencontre avant d’emménager à New York, durant des vacances qu’il avait passées dans la Big Apple. Mais jamais il n’avait pensé se retrouver là où il était à ses côtés aujourd’hui. Et pourtant, tout s’était passé très vite : cet attachement contre lequel il n’avait su lutter, attachement qui avait fini par se transformer en sentiments que le Don Juan qu’il était avait largement peiné à avouer. Il avait dû traverser le comas de la jeune femme, ils avaient dû passer par une dispute fracassante avant de pouvoir s’avouer qu’ils s’aimaient. Puis Sora était tombée enceinte, Danjel prenant panique à cette nouvelle et ne trouvant rien de mieux que de fuir, tel un lâche, pour aller trouver refuge chez ses parents, en Argentine. Mais son retour n’avait été que le commencement de leur réel bonheur : il avait, certes, été accueilli de la manière la plus froide qui soit de la part de la blondinette lorsqu’il était venu la voir à son retour –à juste titre-, mais il avait fini par poser genou à terre pour lui demander sa main, s’avouant vaincu. Il l’aimait, c’était indéniable, et il espérait sincèrement pouvoir être à la hauteur, malgré ses erreurs d’amoureux débutants. En quelques mois donc, Danjel, l’éternel coureur de jupons, était tombé amoureux, était en phase de devenir père, était fiancé après avoir accumulé certaines frasques. Et les voilà qui, à présent, emménageaient ensemble pour former une vraie famille.
Vivre séparément n’avait plus eu aucun sens au bout d’un certain temps : ils passaient leurs journées, leurs soirées et leurs nuits ensemble, chez l’un ou chez l’autre, et les aller-retour perpétuels commençaient à trop fatiguer la jeune femme qui, enceinte, avait abordé la première le sujet d’un déménagement commun. Danjel avait immédiatement accepté l’idée et, après quelques recherches étendues dans les quartiers modestes de la ville, ils avaient trouvé l’appartement de leurs rêves dans le centre de Brooklyn, à Prospect Park. Cela faisait quelques jours déjà qu’ils s’y rendaient afin de commencer à déplacer leurs affaires respectives, et les voilà qui emménageaient enfin dans leur nouvel appartement, le Brésilien étant, pour sa part, plus que ravi à l’idée d’habiter sous le même toit que sa fiancée. Ainsi, il était sûr de pouvoir veiller sur elle de jour comme de nuit, du moment qu’il était à ses côtés, sans avoir à se soucier de devoir rentrer chez lui pour montrer signe de vie dans son appartement. Non, rien de tout ça. À présent, c’était plus paisibles qu’ils allaient pouvoir avancer, ensemble, et qu’ils allaient pouvoir préparer la venue du bébé. Car oui, les semaines et les mois défilaient et Sora se voyait arriver gentiment à son cinquième mois de grossesse, se rapprochant ainsi du moment clé qui allait bouleverser leur vie à tout jamais. Si Danjel avait d’abord cédé à la panique lorsqu’il avait appris la grossesse de sa petite amie, son voyage à Buenos Aires lui avait permis de remettre ses idées en place. Et c’était maintenant surexcité à l’idée de devenir père qu’il assistait la future mère du mieux qu’il le pouvait, afin de s’assurer qu’elle se portait bien et qu’elle ne manquait de rien. Un vrai fiancé-poule si j’ose l’appeler ainsi. Il attendait ainsi avec la plus grande impatience l’arrivée de son enfant, fille ou garçon, peut importe.
Ce lundi là étant férié, les deux amoureux avaient décidé de mettre la main à la pâte et d’ordonner un peu le foutoir qui régnait depuis leur emménagement. En effet, des cartons traînaient encore de partout, des meubles restaient encore à monter, bref, il y avait de quoi faire ! Danjel s’était donc éclipsé du lit aux aurores, prenant soin de ne pas réveiller sa fiancée, conscient qu’elle était fatiguée et avait besoin de repos. Sans se mettre au travail directement, il passa rapidement par la case douche et, une fois habillé, descendit rapidement à la boulangerie du coin pour acheter de quoi petit-déjeuner. Une fois de retour, il posa le tout à la cuisine et, ne sachant pas quand Sora allait ouvrir les yeux, il préféra se mettre directement au travail. Ainsi, il se mit à monter une étagère, préférant laisser le déballage des cartons à sa chérie. Plan déplié au sol, il tenta de le déchiffrer tant bien que mal tout en manipulant les planches en bois, les vis et les boulons nécessaire au montage, le tout sur de la musique latino qu’il s’était permis de mettre en marche avec le volume baissé sur son ordinateur portable qu’il avait délaissé sur un carton. Ce n’est qu’après s’être retourné le cerveau sur le plan presque indéchiffrable et avoir fait le tour une bonne cinquantaine de fois du meuble à moitié monté qu’il vit Sora s’extirper de la chambre. À en juger par sa mine encore endormie, elle ne devait pas avoir ouvert les yeux il y a longtemps, ce n’est pourtant pas ce qui empêcha Danjel de l’accueillir avec un grand sourire. « Ah t’es réveillée ! » s’exclama-t-il en la fixa alors qu’il maintenant en équilibre une des planches à moitié vissée pour éviter qu’elle ne tombe. Faisant ensuite un bref signe de tête en direction de la cuisine, il proposa à sa fiancée de prendre son temps pour émerger, contournant une nouvelle fois l’étagère tout en jonglant avec ce qu’il tenait en main pour éviter que tout ne tombe devant ses yeux. « Y a de quoi manger à la cuisine. Vas-y, je te rejoins dans une minute. » Le temps de fixer l’autre partie de la planche avec laquelle il se battait depuis quelque minutes, incapable de la faire tenir sans qu’aucune partie ne dépasse. Un vrai casse-tête !
Sujet: Re: sorel ❝ brand new day ❞ Mar 16 Avr - 18:05
DANJEL & SORA
La nuit était doucement tombée sur New York. Le soleil qui s’était couché avait laissé derrière lui une multitude de couleurs qui, comme bien souvent, faisait rêver la jeune femme. Le mélange de rose, de bleu et d’orange était un spectacle qui l’émerveillait depuis son plus jeune âge, comme quoi un rien pouvait se transformer en quelque chose de magique pour la demoiselle, toutefois depuis quelques semaines déjà des arrières pensées venaient s’y mêler, entachant ce tableau pourtant si parfait. Serait-elle encore présente dans les mois et années à venir pour voir un tel spectacle, pour voir les yeux de son enfant pétiller autant que les siens face à quelque chose d’aussi magique ? C’était là la question qui trottait le plus dans la tête de la Guatémaltèque qui pourtant faisait de son mieux afin d’y penser le moins possible tout en essayant d’être aussi positive que possible car si ce n’était pas pour elle qu’elle le faisait, c’était bien pour ses proches et pour son fiancé. Sa vie avait tellement évolué en quasiment un an. Malgré les obstacles qu’elle avait rencontré elle avait su se relever même si c’était toujours avec de l’aide, le plus souvent celle de Danjel. Elle était parvenue à faire face à la disparition – puis à la mort – de son mari tant bien que mal. Elle avait dû affronter l’arrivée de son père dans sa vie car si elle avait longtemps espéré le rencontrer, sa rancœur quant au fait qu’il n’avait jamais chercher à la retrouver avant avait été plus importante.
Elle ne supportait pas l’idée d’avoir quoi que ce soit à voir avec cet homme et la Guatémaltèque se faisait violence pour ne pas le repousser une bonne fois pour toute ayant déjà sa propre famille, mais il restait son père et ce quoi qu’elle dise, quoi qu’elle fasse. Comme elle, il avait le droit à une seconde chance même si pour le moment la future mère ne se sentait pas prête à lui faire cette fleur préférant ainsi se donner du temps et se concentrer sur sa propre vie, sur les soucis qu’elle avait dû traverser. Si à présent tout semblait s’être plus ou moins calmé, cela n’avait pas été le cas au début de sa grossesse. À peine son coupe officialisé, Sora avait appris être enceinte, une nouvelle qui avait autant effrayé le père de l’enfant qu’elle-même et elle avait dû faire face à l’abandon de Danjel qui, dans la panique, avait préféré retourner à Buenos Aires le temps de savoir où il en était. Et si la demoiselle avait fait de son mieux pour laisser croire – et voir – que tout allait bien pour elle, au fond ce n’était pas le cas, loin de là ce que son petit ami avait clairement pu comprendre lorsqu’il était revenu auprès d’elle. Même si Sora n’était pas une jeune femme particulièrement rancunière, la blesser n’était jamais la chose à faire, pas alors qu’elle avait ensuite cette tendance à se refermer comme une huître. Néanmoins, malgré sa colère et sa déception elle avait besoin de Danjel tout comme ses poumons avaient besoin d’oxygène pour fonctionner et elle savait que le fait qu’il lui demande sa main n’était pas réellement ce qui l’avait poussé à le pardonner. Mais elle avait accepté puisque, de toute manière, elle ne voyait pas sa vie sans lui ce que sa façon d’agir démontrait à chaque fois qu’elle se trouvait dans l’obligation d’être séparée du Brésilien.
Oui, elle avait accepté de l’épouser même si ce n’était pas pour tout de suite, cependant ça n’avait pas la moindre importance du moment qu’elle pouvait être avec lui, du moment qu’elle était certaine d’être heureuse à ses côtés et c’était bien le cas. Pourtant, une certaine inquiétude ne cessait de faire diminuer sa joie même si le sourire de la Guatémaltèque était toujours aussi présent, enfin presque. Apprendre que sa grossesse était dangereuse à la fois pour elle et pour son enfant était une nouvelle difficile à digérer même si la jeune femme avait été claire concernant ce qu’elle désirait. Qu’importe le danger, elle n’abandonnerait pas, elle ne pouvait pas concevoir l’idée de se séparer de son enfant, pas en y étant déjà trop attachée et même si de mauvaises pensées l’envahissaient depuis qu’elle savait, au fond d’elle Sora savait que tout allait bien se passer. Néanmoins, dormir la nuit était devenue difficile. Le médecin avait été clair concernant son besoin de sommeil, seulement c’était plus facile à dire qu’à faire car si la demoiselle parvenait à s’endormir plutôt rapidement, elle se réveillait tout aussi vite et se devait d’affronter les heures qui s’écoulaient très lentement et ce même lorsque Danjel et elle avaient enfin trouver un appartement qui leur convenaient pour habiter ensemble. Vivre sous le même toit était une bonne chose, une très bonne chose pour la jeune femme qui se sentait bien plus rassurée de savoir qu’il serait près d’elle en cas de besoin – comme il l’avait toujours été.
Mais, quand bien même sa présence lui était bénéfique, ce n’était pas ce qui lui permettait de dormir plus facilement. Non, la jeune femme voyait les heures défiler et parfois le soleil se lever avant qu’elle ne s’effondre, bien trop exténuée pour parvenir à penser à quoi que ce soit. Cette nuit-là n’avait pas dérogé à la règle et pourtant Sora avait tenté de se caler sur la respiration calme et paisible de Danjel, toutefois ça n’avait été que tôt le matin que Morphée était venu la chercher, peu de temps avant que son fiancé ne sorte de son sommeil. Plongée dans le sien, elle ne l’avait pas senti se lever, elle n’avait rien entendu et aucun rêve ou cauchemar n’était venu perturber sa « nuit ». La troisième guerre mondiale aurait pu se déclencher dans le salon que la jeune femme n’aurait rien entendu, bien trop épuisée de sa nuit à penser à tout un tas de choses pour cela. Pourtant, lentement Sora fut tirée de son sommeil malgré le peu d’heures à dormir. Elle ouvrit péniblement les yeux et tourna immédiatement la tête vers le côté vide du lit, un soupire lui échappant. Autant dire qu’elle était totalement déréglée ces derniers temps et elle bénissait le fait que ce lundi soit férié, lui évitant ainsi d’avoir à gagner l’université avec précipitation alors qu’elle serait en retard pour la énième fois. Non, ce matin là Guatémaltèque put prendre le temps nécessaire pour émerger et quitter le lit en traînant des pieds pour gagner la porte de la chambre, cherchant à tâtons la poignée de cette dernière, encore trop endormie pour parvenir à ouvrir totalement les yeux.
« Ah t’es réveillée ! » S’arrêtant à quelques pas de la porte, Sora tourna la tête en direction de la provenance de la voix de Danjel, parvenant à sourire légèrement avant de se frotter le visage de sorte à se réveiller un peu plus. Son regard se posa ensuite sur la carcasse du meuble que le jeune homme s’efforçait à monter et son sourire se fit alors plus amusé. « Y a de quoi manger à la cuisine. Vas-y, je te rejoins dans une minute. » Opinant du chef, Sora prit alors la direction de la cuisine tout autant en chantier que le reste de l’appartement et elle s’occupa avant tout de chercher la brique de jus d’orange et un verre, seul moyen pour elle d’avoir un tant soit peu d’énergie sans avoir à prendre du café puisque ce dernier avait été proscrit. Posant le tout sur le plan de travail – seul endroit un tant soit peu en ordre de la pièce – et voyant Danjel entrer, son sourire revint aussitôt étirer le coin de ses lèvres. « Je ne sais pas pourquoi, mais je te pensais plus doué avec les casse-tête. » Lança-t-elle afin de le taquiner alors qu’elle était sans doute bien pire que lui, probablement parce qu’elle n’avait jamais eu à vraiment monter un meuble par elle-même puisqu’elle avait toujours trouvé le moyen de laisser cette corvée à son père ou à son frère. Sora porta subitement sa main à son ventre, une légère grimace déformant son visage suite au coup qu’elle venait de recevoir, la forçant à baisser la tête par simple réflexe avant d’inspirer et d’expirer lentement en redressant la tête. « Je crois qu’il y en a un qui n’a pas apprécié la taquinerie … si vous vous liguez déjà contre moi je suis perdue d’avance. » Souffla-t-elle en levant les yeux au ciel sans cesser de masser son ventre en ayant toujours cette impression que la douleur – bien que largement supportable – persistait.
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