arizona &&. ella

Comme à mon habitude, j'étais en retard. Me garant précipitamment sur une place de parking vacante à l'autre bout de l'aéroport, je courus en direction de la porte d'entrée. Mes talons claquaient contre le bitume et ma robe s'élevait, on voyait presque ma petite culotte. Poussant deux personnes sur trois, je m'excusais en continuant ma course effrénée vers le terminal de l'aéroport. Voyant des caméras et présentateurs au loin, je ne compris pas vraiment ce qui se passait et ne m'arrêta même pas une demi seconde pour faire ma curieuse. J'avais autre chose à faire, mes deux petits frères allaient atterrir d'un moment à un autre et je ne devais pas les manquer sinon je subirais bien des surnoms pendant tout leur séjour. J'étais Cheyenne la retardataire, Cheyenne la fêtarde, Cheyenne la curieuse. Bien entendu, ces surnoms m'allaient à merveille mais aujourd'hui, je voulais que ce soit différent et ça le serait. Entrant dans la gare, je vis un groupe de personne agglutiné autour du personnel de l'aéroport. Arquant un sourcil, je leva les yeux vers les écrans qui indiquaient les heures d'arrivés des vols et chercha celui de mes frères. Vol en provenance de Maxico, de Paris, de Milan, de … Seattle ! Sourire aux lèvres, je regarda pour voir si l'avion avait atterri et un message clignoté « se rendre à l'accueil ». Je fronçai les sourcils et me dirigea, d'un pas plutôt pressé vers l'accueil de l'aéroport. Essoufflée – je n'étais vraiment pas une habituée de la course – je m'appuya sur le comptoir et regarda l'hôtesse d'accueil, les yeux rouges et enflés comme pas possible. « Vous avez des informations sur le vol de Seattle ? » La jeune blonde me regarda avec des yeux ronds comme la terre et me dirigea vers un groupe de soutien. Mais qu'est-ce qu'il se passait ici ? Où étaient mes frères ? Voyant toutes ces familles en larmes, je commença à comprendre ce qu'il se passait. Il y avait eu un accident, il devait y avoir un problème et les journalistes n'étaient pas là pour une star mais pour un accident d'avion, un crash. Courant vers le lieu indiqué précédemment par la jeune femme, j'attrapais un homme par le bras et le regarda dans les yeux « Que se passe-t-il ?! » Mon ton était froid et menaçant. Je n'aimais pas ce qui se passait et encore moins ce qu'il me dit quelques minutes après. Non, ce n'était pas possible. Mon Phoenix et mon Paris ne pouvaient pas être mort dans un crash, non. Un cri sortit de ma bouche de je ne sais quelle façon et mes jambes vacillèrent sous le choc. Les fesses sur le sol, un talon brisé au sol, les larmes coulaient le long de mes joues. Je ne pouvais pas y croire, notre famille était maudite, ce n'était pas possible. Papa, puis maman et maintenant la dernière paire de jumeaux de la famille... C'était trop pour moi et l'idée de savoir qu'Arizona m'attendait à l'hôpital avec les jumeaux me tuait. Je lui avais promis de les emmener lui faire un petit coucou avant de les amener à la maison. C'était à mon tour de lui annoncer la mort de nos proches et cela était impossible, trop horrible pour moi. Mon cœur me faisait mal, horriblement mal et je ne supportais plus voir les gens autour de moi. Me relevant à l'aide d'un stuart, je me déchaussa et, chaussures en main, je me dirigea vers la sortie, visage déconfit. Il était hors de question que je partage ma peine avec une poignée d'inconnu et de médias. Ma tête serait en page dès le lendemain et je sortis donc en douce, sans que grand monde ne me reconnaisse. Sur le parking, je sentais mon corps s’alourdirent, mes jambes pesaient des tonnes et je n'avais plus qu'une envie : m'allonger sur le bitume et attendre. Le klaxon d'une voiture me fit sursauter et en réponse, la conductrice eut le droit à un magnifique doit d'honneur. M'enfonçant dans ma voiture, je jeta mes talons sur le siège avant et m’écroulais – en pleurs – sur le volant. Il fallait que j'aille prévenir Arizona avant qu'elle ne s'inquiète, il fallait que je lui dise ce qui c'était passé, il fallait que je lui brise le cœur, comme si elle ne souffrait pas assez. Essuyant grossièrement des yeux, je ressemblais à un panda. Le chemin jusqu'à l'hôpital dura des siècles à mes yeux. J'étais mal et une fois à l'hôpital, je sortis en trombe de ma voiture pour vomir mon déjeuner dans la première poubelle devant moi. Les gens me dévisageaient et tout ce à quoi ils avaient le droit était de l'indifférence pure et simple. Entrant par les urgences, je déambulais dans l'établissement comme un zombie déambule en ville. M'appuyant à l'accueil, je demanda ma jumelle et on m'indiqua qu'elle était avec un enfant en salle de Trauma 2 mais qu'elle allait bientôt sortir. Soupirant, j'attachais grossièrement mes cheveux en une queue de cheval haute et me posa sur une chaise libre. La voyant sortir, rayonnante, me cœur se brisa une nouvelle fois. Inspirant un grand bol d'air, je me leva et me dirigea vers elle, pieds nus, vernis fraîchement sec sur les orteils. Les larmes aux yeux, je leva la tête et affronta le regard de ma sœur, si souriant, si paisible. « Ari... Y a eu un crash, ils sont... partis rejoindre papa et maman » Une nouvelle fois, je sentais mes jambes crouler mon poids mais j'attrapais le bras de ma sœur dont le visage se décomposait petit à petit. D'une force inouïe, je tentais de la déplacer près d'une chaise mais ce n'était pas suffisant, nous étions détruite et vide de toute énergie.

ELLA & ARIZONA ❝ it's written in the stars ❞

« Félicitations Ioannis ! Vous allez au bloc. ». Son regard jongla du chef à son frère, puis de son frère à son chef et ainsi de suite avant qu’un large sourire n’étire ses lèvres. Elle avait réussi ses tests et probablement pas que ces derniers. Arizona avait dû passer de nouveaux examens, c’était London qui y avait tenu pour voir l’évolution de son problème de mémoire. Son frère ne lui avait rien dit, mais maintenant elle devinait que tout devait aller bien si on lui accordait enfin le droit d’opérer. Bien sûr elle n’avait pas retrouvé entièrement sa mémoire, certains passages semblaient comme définitivement effacés, mais tout ce qui concernait la médecine était aussi frais que si elle l’avait appris au cours des derniers jours. Son large sourire et son « merci » fut la seule preuve de sa bonne humeur, l’australienne préférait éviter de se jeter dans les bras de son frère et ou ceux de son chef, ça ne lui ressemblait pas. Elle allait opérer … enfin. Peut-être que son mauvais karma avait enfin décidé de cesser de s’acharner sur elle ? Quoi qu’il en soit, la jeune femme passa sa matinée à revoir une dernière fois ce qu’elle devait faire. Elle était résidente, elle pouvait opérer seule même si tous les autres résidents ou internes pouvaient prendre la décision de la regarder même s’il ne s’agissait pas d’une opération majeure. Arizona refusait de manquer quoi que ce soit, pas alors qu’il s’agissait de sa première opération depuis longtemps et qu’elle avait toujours été très douée.

Dans son excitation elle eut même envie d’appeler toute sa famille pour leur faire part de la bonne nouvelle, seulement c’était inutile. Tous allaient être réunis dans les jours à venir, c’était ce qui avait été convenu avec Cheyenne pour permettre à Théodora de rencontrer sa famille. Paris et Phœnix étaient les premiers à arriver, ses deux petits frères que sa jumelle allait chercher à l’aéroport en faisant un détour par l’hôpital pour qu’elle puisse les voir. Même si elle était impatiente, elle sut se maîtriser. L’australienne se concentra autant que possible lorsque l’heure d’aller au bloc arriva. Mains désinfectée – ainsi que ses avant-bras – et une fois en tenue, elle entra dans le bloc et alla se pencher au-dessus de son petit patient qui était loin d’être rassuré. « Ça va aller Jackson. Tu vas t’endormir et quand tu te réveilleras tout ira bien. », le rassura-t-elle de sa voix la plus douce avant de lever la tête vers l’anesthésiste et de lui faire comprendre d’un mouvement du menton qu’il pouvait l’endormir. L’opération se passa sans le moindre problème bien qu’elle dura trois bonnes heures. Arizona était fière d’elle et plus heureuse que jamais lorsqu’elle sortit du bloc en se débarrassant de ses gants, de son masque et de tout le reste pour aller s’occuper de remplir son dossier avant de retrouver – elle l’espérait – sa sœur et ses deux frères. Bloc en main, lorsqu’elle vit Cheyenne son sourire se fit d’autant plus présent pour disparaître petit à petit en voyant l’état de sa jumelle, mais également le fait que ses frères n’étaient pas là.

Sourcils froncés, le fait que son cœur se mette à battre plus vite ne lui annonçait rien de bon et pourtant elle n’eut pas besoin de poser la moindre question pour que sa sœur lui annoncer la nouvelle. « Ari... Y a eu un crash, ils sont... partis rejoindre papa et maman ». Un rire nerveux lui échappa. Son regard accroché à celui d’Ella, Arizona tentait d’y lire la plaisanterie, mais ce ne fut pas le cas. L’australienne fit le tour d’elle-même en cherchant du regard ses frères qui devaient probablement se cacher pour admirer sa réaction, mais rien là non plus. Ses mains se mirent alors à trembler, suivies de près par ses jambes et son bloc lui échappa. « N … non. », souffla-t-elle de manière presque inaudible. Ce n’était pas possible. C’était inconcevable. Pas ses frères … pas eux. Les larmes coulaient avec abondance le long de ses joues sans qu’elle ne s’en rende compte. Un cri de douleur lui échappa tandis qu’elle s’effondrait au sol. Elle avait mal et partout, autant dans son cœur que … dans son ventre. Mais Arizona se contenta juste de pleurer, encore et encore, en criant par moment pour extérioriser sa douleur d’avoir perdu encore des membres de sa famille. C’était trop, beaucoup trop pour qu’elle soit capable d’encaisser. Elle sentait que dans les minutes qui allaient suivre la folie allait la gagner et que si sa sœur ne l’aidait pas, elle allait tout détruire sur son passage.

Les policiers m'avaient annoncé la mort de mon père, Arizona m'avait annoncé la mort de ma mère et maintenant, c'était à moi de lui annoncer le décès de la dernière paire de la famille. Plus j'avançais dans l'hôpital et plus mon cœur se brisa. Ce n'était pas possible, nous ne pourrions jamais les enterrer, nous ne pourrions jamais voir leurs visages pour une dernière fois, absolument jamais. Je ne savais même pas où c'était crashé l'avion. Quelque part dans un champ où tous les corps avaient brûlés ou bien dans un lac ou qui sait, peut être à New York, en plein océan atlantique, lors d'un repositionnement de l'avion à quelques vingtaines de minutes de l'atterrissage. Je ne savais pas s'ils avaient souffert, s'ils avaient eu le temps de se rendre compte de quelque chose. La seule chose qui évitait de me faire flancher pour de bons, c'était qu'ils étaient morts ensemble et non pas seul, chacun de leur côté. Si Arizona venait à perdre la vie, je pourrais jamais m'en remettre, absolument jamais. Paris et Phoenix avaient toujours été aussi proche l'un de l'autre qu'Arizona et moi et je ne pouvais pas me voir sans elle, elle était ma jumelle, mon tout. Il était donc normal que ce soit moi qui lui annonce la nouvelle même si elle allait croire à une blague des jumeaux. Qu'est-ce qu'ils étaient farceurs ces deux là... Parler d'eux au passé m'arrachait le cœur... Et dire que la dernière fois que je leur avais parlé, je les avais disputé pour leur curiosité abusive sur Théodora, la jumelle de Toscane. J'avais prévu leur réaction à l'avance lors d'une discussion avec Arizona et je ne m'étais pas trompée. La première question qui était sortie de la bouche de ces deux garnements était simple : 'elle est belle au moins ? Et ses copines ?' Ils étaient deux jeunes bout en train, plein de force et ne plus les voir, jamais, me brisait le cœur. Me dirigeant vers ma jumelle, je voyais son sourire s'estomper, je voyais très bien qu'elle comprenait que quelque chose n'allait pas et la voir regarder partout m'aurait fait sourire en temps normal. La nouvelle sortir de ma bouche comme un couperet. On venait de nous couper l'herbe sur le pied, une nouvelle fois. Le bon Dieu n'avait pas fini de nous blesser, de nous torturer, non il n'avait pas fini, loin de là même. Nous étions une famille nombreuse, onze enfants et deux parents et plus les jours avançaient et plus notre famille se dépeuplaient. Les meilleurs partent toujours en premier. Les yeux pleins de larmes, je tentais de retenir Arizona, de la prendre dans mes bras, en vain. Elle était bien trop mal pour tenir sur ses jambes et je ne pus que ralentir sa chute. Au sol, je la regardais alors que les larmes coulaient le long de mes joues. Me posant à côté d'elle, en pleine salle d'attente, tout le monde nous regardait et je m'en fichais. Pour la première fois depuis bien longtemps je n'en avais plus rien à faire de voir mon visage en première page d'un magasine people. Prenant ma jumelle dans mes bras, je posa sa tête sur ma poitrine et embrassa son front. Ma main caressait ses cheveux pendant que nous pleurions ensemble. « Ari, on va s'en sortir » Elle n'était pas seule, nous n'étions pas seule ici. Toute la famille était là. Je me sentais coupable alors que ma jumelle continuait de pleurer. J'avais eu pour idée d'organiser ce dîner, j'avais payé leur billet d'avion aux garçons. Mon corps tremblait de haut en bas. Regardant mon jumelle dans les yeux, je dis, dans un souffle « Ari, calme toi. Je vais aller chercher London » Me relevant légèrement, je tendis une main à ma jumelle et un cri d'horreur sortit de ma bouche lorsque je regarda le sol. Elle baignait dans une marre de sang. M'agenouillant, je regarda les yeux de ma sœur qui se faisait de plus en plus petit. « Arizona, ne me laisse pas ! Reste avec moi ! » Alors qu'elle semblait s'évanouir, j'hurlais pour avoir de l'aide. Il y avait un problème avec les jumeaux, elle ne devait pas perdre autant de sang si tôt et les faire naître maintenant serait préjudiciable pour eux. Les infirmiers arrivèrent plutôt rapidement, la soulevèrent pour la placer sur un brancard et partirent, me laissant en plan, pleine de sang, dans une salle d'attente sous le choc. Nous ne pouvions pas perdre une nouvelle paire de jumeaux aujourd'hui, ni jamais.

Elle avait mal … encore. Cette douleur elle pensait ne plus jamais avoir à la ressentir si bien qu’elle tombait de haut. C’était trop … beaucoup trop. Elle avait perdu Wyatt que trop récemment et sa mère deux ans auparavant, perdre encore quelqu’un après Timothy c’était trop douloureux. Elle se moquait éperdument de ce que les gens autour d’elle pouvaient penser, elle avait mal et c’était tout ce qui importait à ses yeux. Il s’agissait de ses frères, de ses deux petits frères et plus jamais elle n’allait les revoir … jamais. Arizona s’était déjà imaginée taquiner Phœnix comme elle l’avait toujours fait, ce petit frère qui avait été autant traumatisé qu’elle par la mort de leur père, ce petit frère qu’elle avait sans doute le plus protégé de tous ses frères et sœurs. Paris ne pourrait plus l’agacer sur le fait qu’elle avait triplé de volume à cause de jumeaux. Elle n’allait pas pouvoir l’entendre lui raconter tout ce qu’il avait déjà prévu pour ses enfants comme il avait pu le faire avec les fils de Charlotte. Ses frères n’étaient plus … Cheyenne venait de lui annoncer et le monde de l’australienne avait brusquement cessé de tourner.

Dans sa poitrine elle sentait son cœur se serrer encore et encore au point d’être surprise qu’il n’explose pas tout simplement, mais la sensation était très similaire. Les larmes coulaient avec abondance le long de ses joues et Arizona n’essayait même pas de lutter contre ces dernières. Elle s’était effondrée sur le sol de la salle d’attente devant tous ces patients qui attendaient leur tour et qui ne devaient pas comprendre pourquoi l’un des médecins de ce service semblait tout d’un coup aussi détruit. Arizona tremblait comme jamais, secouée par des sanglots plus forts les uns que les autres tandis que son corps frissonnait. Être prise de convulsions ne l’aurait pas surprise dans son état, mais ce n’était pas le cas, elle se contentait juste de pleurer en se moquant de savoir si elle était bruyante ou non, si elle attirait l’attention ou non. Elle avait mal et elle était incapable de canaliser cette douleur, pas alors qu’elle avait déjà tant perdu. C’était ses frères … ses petits frères et jamais plus elle n’allait pouvoir les voir, pas même à leur enterrement. Sa jumelle ne tarda pas à la rejoindre sur le sol, la prenant doucement contre elle en passant une main de ses cheveux bruns, comme lorsqu’elles étaient petites et qu’Arizona était triste.

C’était sa sœur et leur lien avait toujours été fort, pourtant peu importait ce que pouvait faire Ella, l’australienne semblait inconsolable, incapable de se calmer. Sa main alla attraper l’avant-bras de sa sœur qu’elle serra doucement afin de tenter de trouver du soutien même si elle savait que ça ne servait strictement à rien. « Ari, on va s'en sortir ». Elle en doutait sincèrement et en même temps que cette pensée gagnait son esprit, une douleur effroyable se réveilla dans le bas de son ventre, rajoutant de l’intensité à son cri de douleur tandis qu’elle pleurait d’autant plus. Arizona savait parfaitement ce qui lui arrivait, elle était en pédiatrie et connaissait les signes, cependant elle ne fit rien remarquer, beaucoup trop bouleversée pour être capable de parler. « Ari, calme-toi. Je vais aller chercher London ». Voilà que Cheyenne venait de remarquer aussi. Mais Arizona avait trop mal pour faire le moindre mouvement. Son corps commençait même à trembler et l’australienne se sentait partir bien qu’elle détestait cette sensation. Son souffle était court et pourtant elle s’accrochait en sachant que c’était peine perdue.

« Arizona, ne me laisse pas ! Reste avec moi ! ». Ses paupières étaient bien trop lourdes pour qu’elle parvienne à tenir plus longtemps, à rester auprès d’Ella et ce ne fut pas faute d’essayer, toutefois elle fut bien vite entourée d’un voile noir et incapable de savoir ce qui se passait autour d’elle. Lorsqu’elle émergea ce fut avec la sensation désagréable de ne rien contrôler et de planer. Les bruits qui lui parvenaient doucement à ses oreilles lui permettaient de deviner qu’elle se trouvait dans une chambre d’hôpital, que ce qui lui était arrivé avait été sévère. Arizona resta toutefois les paupières closes bien qu’elle fronça ses sourcils en tâchant de se souvenir. Était-ce l’accident alors qu’elle se rendait en ville avec Wyatt ? Non … ça elle l’avait déjà vécu et Indiana avait dû être morte de trouille la pauvre … Alors que s’était-il passé ? Son cerveau était bien trop embrumé par la morphine qu’elle recevait pour qu’elle parvienne à se concentrer alors la jeune fille cilla et ouvrit doucement les yeux à la recherche d’une présence qu’elle ne tarda pas à trouver. « Chey ? ». Sa voix était rauque ce qui eut l’effet de la surprendre, c’était à croire qu’elle avait crié … oh bon dieu ! C’était ce qu’elle avait fait et en y repensant la jeune femme se mordit férocement l’intérieur de sa joue tandis que son l’électrocardiogramme laissait nettement distinguer que les battements de son cœur venaient de s’affoler.

Plus les minutes avançaient et plus mon rythme cardiaque s'accéléraient. Nous ne nous pouvions pas traverser un nouveau décès, c'était impossible. Dieu ne changeait-il donc jamais de cible ? À en croire ce qui nous arrivait encore aujourd'hui, non, l'être céleste au dessus de nos têtes n'en avait pas fini de s'acharner sur notre famille. Arizona prenait tellement mal la nouvelle – comment pouvait-il en être autant – et je n'imaginais même pas le visage de London. Il les avait hébergé tellement longtemps et là, plus rien. Déglutination difficilement, je tentais de rester forte, de me ressaisir puisqu'il fallait un roc dans la famille et pour le moment, ce n'était pas ma jumelle. Elle devait se calmer avant que le pire n'arrive et j'essayais de la consoler tant que je pouvais alors que je ne croyais aucun mot qui sortait de ma bouche. Comment se remettre de la mort de nos cadets ? La vie était vraiment mal faite. Étouffant un sanglot, je gardais ma jumelle contre moi avant de me relever légèrement et de l'aider à se relever. Seulement, elle n'arrivait pas à se lever et la marre de sang qu'il y avait au niveau de son bas ventre n'arrangeait rien. Mes cris étaient perçants, j'aurai pu briser les tympans de n'importe qui mais je m'en fichais comme de ma première couche. Non, pas elle. La voyant partir au loin, je courus après la civière jusqu'au moment où London arriva et me bloqua le passage. Mon maquillage coulait, j'hurlais et frappais le torse de mon aîné. Non, pas elle. Mes yeux me brûlaient, mon cœur se serrait et allait finir par éclater. Je ne tenais plus sur mes jambes, glissant littéralement sur le sol lustré de la salle d'attente des urgences de l'hôpital. Sanglotant, mon frère me prit dans ses bras et me porta jusqu'à un lit, non loin de là. Sa consigne ? Me calmer et m'expliquer ce qu'il se passait pour tant d'émotions. Il n'avait même pas vu que c'était Arizona qui venait de partir. Entre deux sanglots, je tentais de lui raconter tout ce qui venait de se passer. Paris et Phoenix. Morts. Arizona. Sang. Bébés. Plus les mots sortaient de ma bouche et plus les yeux de mon frère s’embuaient et semblaient lui sortir de la tête. Un sanglot échappa des lèvres de mon aîné avant de me déposer un baiser sur le front et de partir en direction de la salle d'opération où devait être sa sœur, notre sœur. Plus le temps passait et plus j'avais l'impression que l'on se moquait de moi. J'avais réussi – tant bien que mal – à retrouver un calme potable et je regardais les femmes de ménages enlever les tâches de sang de ma sœur et désinfecter le sol. J'étais toujours pieds nus, à tourner en rond dans la salle d'attente. Personne n'allait donc me donner des nouvelles de ma jumelle et de ses deux fils qui allaient bientôt naître ? Voyons London ouvrir la porte battante qui séparait la salle du reste de l'hôpital, je compris rapidement. Aujourd'hui nous ne disions pas au revoir à deux mais à quatre Ioannis. Ma crise repartait de plus belle, hurlant à nouveau. C'était trop, beaucoup trop et même London n'arriva pas à me contrôler. Me débattant, je partais en direction de la sortie, j'avais besoin d'air mais le regard des gens aux alentours me fit littéralement péter les plombs et mon poing droit fini sa course dans une large vitre en verre qui éclata en une bonne centaine de petits morceaux. Mon frère ne mit pas longtemps à m'attraper et à me forcer à aller me faire soigner – avec l'aide de deux agents de la sécurité – puisque j'avais du verre dans le poignet mais aussi quelques petits bouts dans le front et la joue, rien de bien grave en soit mais je refusais cordialement les tranquillisants. Mon excuse ? Je voulais souffrir et hurler si j'en avais envie. Cependant, lorsque Joshua se pointa dans la salle d'examen, il ne me laissa guère le choix et me piqua de force, chose pour laquelle je lui en voudrais un bon bout de temps.

Une demi heure après l'incident, un infirmier passa m'indiquer qu'Arizona était dans sa chambre et que je pouvais y aller. Accompagnée de mon meilleur ami, je montais les escaliers et poussais la porte de la chambre blanche, immaculée. J'avais l'impression de vivre un cauchemar, de me retrouver trois mois en arrière alors qu'elle était dans le coma. Soufflant doucement, je me laissa tomber sur le siège à côté du lit et pris la main de ma sœur. Une larme coula le long de ma jour et, tout bas, je dis « Je suis désolée Ari.. » Joshua et London avaient beau me dire que je n'étais pas fautive dans cette histoire, je le voyais tout autrement. Alors que Joshua se proposait pour aller nous chercher quelque chose à manger et à boire, je m'agenouillais sur le sol et commencer à prier. Je n'avais plus prier depuis tellement d'années et je n'étais pas trois fois sûre que Dieu m'écouterait. Les mains croisées devant moi, je priais en silence et entendit de drôles de bruit suivit d'une voix familière. « Chey ? » Ouvrant les yeux, j'entendais une machine s'affoler et me relevant, j'attrapais la main de ma jumelle. « Je suis là Ari. Calme toi, tu n'es pas seule » Comment pouvais-je lui demander de se calmer alors que dans deux minutes j'allais à nouveau lancer une bombe entre les mains de ma jumelle ? J'étais mal mais je tentais de me contenir. « Tu veux boire ou manger quelque chose ? Joshua est partit chercher deux trois collations » Avec l'anesthésie, je n'étais pas trois fois sûre que c'était une bonne idée mais qui sait... Je ne lâchais pas sa main et espérais qu'elle n'allait pas avoir pour automate de toucher son ventre, plat comparé à il y a deux petites heures...

Les souvenirs commençaient à se bousculer dans son esprit et la jeune femme ignorait dans quel sens ils allaient, ceux qui étaient les plus vieux et ceux qui étaient les plus récents. Le premier à lui être revenu en mémoire était celui dans la voiture avec Wyatt. Elle se revoyait rire avec lui et le souvenir changeait pour laisser place à la douleur et la peur. C’était son accident, celui qu’elle avait subi au mois de juin et qui l’avait plongé dans le coma. Elle se souvenait également de son réveil et … de ne pas avoir reconnu sa propre sœur. Ça lui revenait en mémoire comme une violente claque. Tout ce qu’elle avait oublié se mélangeait avec ce qu’elle avait vécu ces derniers mois et elle ne savait plus quoi en penser. Comment avait-elle pu oublier Indiana alors que toutes les deux avaient connu tellement d’épreuves ? Elle avait été là pour sa petite sœur lors de la mort de leur mère. Elles avaient vécu ensemble pendant plusieurs années, mais son esprit l’avait tout de même effacé. Comment Indiana pourrait-elle lui pardonner une telle chose bien qu’elle ne soit pas totalement fautive ? Elle se souvenait de quasiment tout, la seule chose qui lui échappait était la raison de sa présence dans une chambre de l’hôpital où elle travaillait. Bien sûr, elle aurait trouvé assez normal de perdre connaissance suite à ce que sa jumelle lui avait annoncé, mais tout de même pas à ce point. Phœnix et Paris étaient morts comme des centaines de personnes.

Ils avaient rejoint leurs parents et même si les médicaments qu’elle recevait la faisaient planer, elle parvenait tout de même à sentir la douleur s’insinuer à nouveau en elle. Ses petits frères … ces deux petites têtes blondes – les seuls de la famille d’ailleurs – n’étaient plus et même si Arizona savait qu’elle n’y était pour rien, elle ne parvenait pas à faire taire sa culpabilité. Elle n’avait pas su les protéger et les garder en vie. L’australienne était leur sœur aînée, c’était aussi son rôle de les protéger, mais elle avait échoué et jamais plus elle ne pourrait se rattraper. Lorsqu’elle avait compris que son état avait dû s’aggraver quand elle avait appris pour ses frères, Arizona se mit immédiatement à chercher sa jumelle du regard. Elle avait besoin d’elle, besoin de son soutien ou tout simplement de sa présence et ce fut à genoux sur le sol de sa chambre qu’elle la trouva. Tous n’étaient pas croyants dans leur famille, mais ils l’étaient pour la plupart … l’australienne l’avait été jusqu’à présent ce qui expliquait qu’elle ne comprenait pas l’acharnement que Dieu pouvait avoir contre elle. Voir Ella ainsi ne fit que redoubler son inquiétude, après tout leurs frères étaient décédés, rien ne pourrait les faire revenir, alors pourquoi prier ? Arizona cessa d’y penser lorsque sa jumelle vint la rejoindre et attrapa sa main. La jeune femme ancra son regard dans celui de sa sœur pour tenter d’y deviner la raison pour laquelle elle venait de prier, mais elle ne trouva aucune réponse.

« Je suis là Ari. Calme toi, tu n'es pas seule. ». L’australienne ne put s’empêcher de froncer les sourcils. Pourquoi lui disait-elle ceci ? Bien sûr qu’elle n’était pas seule, elle n’en avait pas douté un seul instant malgré sa réaction dans la salle d’attente. Ils étaient tous dans le même cas, ils avaient tous perdu deux frères, personne n’allait être seul dans cette tragédie, alors pourquoi le lui dire ? « Tu veux boire ou manger quelque chose ? Joshua est partit chercher deux trois collations. ». Ses sourcils se froncèrent d’autant plus. Ella était bien trop avenante pour que ça soit normal. Sa jumelle s’était toujours inquiétée pour elle – il en allait de même dans l’autre sens – mais si Arizona avait agis ainsi avec sa sœur ça aurait probablement été parce que quelque chose n’allait pas et si Ella le faisait c’était pour la même raison, elle en était persuadée. Alors, la jeune femme secoua furtivement la tête de droite à gauche sans quitter sa sœur du regard. « Non … qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi je suis ici ? Enfin … je me suis blessée tout à l’heure ou … les bébés ! Comment vont-ils ? ». A ces mots, Arizona baissa les yeux vers son ventre pour s’assurer que tout allait bien et hoqueta de surprise avant d’ôter si brutalement sa couverture qu’elle en arracha même la perfusion de sa main. « Chey ! Où sont mes bébés ?! ». Elle devait hystérique. Arizona n’avait pas même remarqué sa perfusion arrachée et le sang qui s’échappait de l’endroit où elle avait mise. Elle se contentait de retourner la couverture dans tous les sens comme si elle allait y trouver ses enfants, mais rien, elle devenait juste folle parce qu’elle refusait de voir la réalité en face.

C’était tout bonnement impossible … inconcevable. Elle ne pouvait pas y avoir le droit une nouvelle fois, pas alors que tout allait bien jusqu’à présent. Elle était déjà passée par là, elle savait très bien ce que signifiait le fait que son ventre ait tout de même perdu un bon volume, mais elle refusait d’y croire pas alors que c’était aussi douloureux, pas alors qu’elle avait tout juste appris pour ses frères. Elle devenait folle, c’était la seule explication qu’elle acceptait et cette folie elle ne tarda pas à l’extérioriser par ses gestes, cherchant ses enfant là où de toute manière elle n’aurait jamais pu les trouver. Ce qui se passait autour d’elle, elle s’en moquait éperdument, la seule chose qui comptait était de retrouver ses fils, mais elle n’y parvenait pas. Elle ressentait bien une douleur au niveau de sa main, mais elle ne s’en préoccupa pas, même s’il était visible sur ses draps qu’elle perdait du sang à s’être arraché sa perfusion à force de bouger dans tous les sens. Pourquoi devait-elle encore passer par là ? Pourquoi sa famille devait-elle encore souffrir alors que ça avait déjà été le cas à deux reprises par le passé ? Elle était parvenue à essayer d’aller de l’avant. Même si la jeune femme n’avait jamais oublié le décès de ses parents pour lesquels elle avait été présente à chaque fois, elle avait réussi à trouver un tant soit peu de stabilité dans sa vie et ce y compris après son accident.

Sa vie semblait revenir sur la voie de la normalité si elle mettait de côté sa perte de mémoire qui semblait ne plus avoir lieu d’être. La seule ombre dans le tableau ces dernières semaine avait été le procès de son oncle, ce fameux jour où elle avait appris que Nikolas avait orchestré l’assassinat de son propre demi-frère et encore … Matthew avait été là pour la soutenir et elle savait que sans son cousin elle se serait probablement effondrée devant tout le monde. Et voilà qu’à présent elle perdait Phœnix et Paris … et elle ne retrouvait plus ses bébés. L’australienne refusait de voir la vérité en face, pas alors que cette dernière était particulièrement douloureuse. Elle ne voulait pas et elle voulait à tout prix prouver à sa sœur que ce n’était pas vrai, que c’était une mauvaise blague, une divagation de leur cerveau à toutes les deux, mais plus les secondes s’écoulaient et plus la folie s’emparait d’elle car rien ne semblait aller dans son sens. Pourtant, elle savait que se débattre dans tous les sens n’allait pas l’aider, mais ce fut plus fort qu’elle et même lorsqu’Ella vint prendre son visage entre ses mains elle continua de bouger dans tous les sens et sentit des larmes couler le long de ses joues sans parvenir à se calmer. « Ari, calme-toi. Te faire du mal ne les fera pas revenir ». Les paroles de sa jumelle lui donnèrent la sensation que le couteau était en train de remuer dans la plaie ce qui était extrêmement douloureux et bien trop difficile à encaisser.

Arizona pleurait à chaudes larmes, mais ne se calmait pas pour autant. Elle pleurait sans parvenir à s’arrêter et la douleur ne voulait pas diminuer, autant dans sa poitrine qu’au niveau de sa main. « L'infirmière va revenir te mettre ta perf Arizona et tu vas rester là quelques temps. Je suis là, je suis à côté de toi et tu vas te calmer, tu vas retrouver un rythme de respiration normal ». Le menton tremblant, l’australienne s’exécuta sans broncher. Elle n’était plus qu’une petite fille totalement paniquée face à sa sœur aînée qui pour l’instant était la seule capable de la calmer un tant soit peu. Néanmoins, elle continuait de pleurer malgré les efforts d’Ella pour faire disparaitre ses larmes à l’aide de ses pouces. Son regard resta ancré dans celui de sa jumelle y compris lorsqu’une infirmière vint en urgence lui changer sa perfusion tout en augmentant probablement la dose de morphine qui coulait jusqu’à présent dans ses veines. L’effet fut quasiment immédiat. Tous les muscles de la jeune femme se décontractèrent et elle cessa de bouger une bonne fois pour toute, le regard toujours plongé dans celui de sa sœur et ses larmes empruntant toutes le même chemin le long de ses joues. « Je ne sais pas si tu te souviens mais tout à l'heure... Paris et Phœnix sont décédés dans un accident d'avion en venant à New York ».

Arizona s’en souvenait, que trop bien d’ailleurs. Elle se rappelait très bien la douleur qui s’était réveillée dans sa poitrine lorsqu’elle lui avait annoncé la mauvaise nouvelle, une douleur qui n’avait pas tardé à être suivie d’une autre plus bas. « Enfin, je suis venue te le dire et... Tu as fait un malaise. Le cœur des jumeaux s'est arrêté de battre et le temps d'arriver en salle d'opération, c'était trop tard ». Son menton trembla de plus belle et sa vision se brouilla tandis qu’une masse de larmes coulaient sur son visage. Ses bébés … elle avait perdu ses deux petits garçons à cause de nouveau malheur qui venait de s’abattre sur sa famille. Elle était maudite … elle avait dû faire quelque chose d’affreux dans une vie antérieure et elle en payait les conséquences aujourd’hui puisque Dieu en avait décidé ainsi. « Ils sont partis, eux aussi Arizona... Ils sont partis rejoindre papa et maman et puis leur père et leurs oncles. Qui pourrait leur en vouloir hein ? ». L’australienne ferma les yeux sans cesser de pleurer et serra l’une des mains de sa jumelle dans la sienne. Elle n’avait peut-être plus beaucoup de force avec ce qu’elle venait de traverser et à cause de la morphine, mais elle en avait tout de même assez pour effectuer une pression sur la main de son aînée. « Je suis désolée Arizona, tellement désolée ». La jeune femme ne prononça pas le moindre mot et garda ses paupières closes.

Il lui fallait le temps d’encaisser même si elle doutait de pouvoir le faire en quelques minutes, voire même en quelques jours. Arizona en voulait à la terre entière … elle en voulait même à l’univers pour s’acharner autant sur elle qui pourtant faisait de son mieux pour faire passer les autres avant sa personne. Elle resta silencieuse pendant de longues minutes et ouvrit enfin les yeux pour les poser sur Ella. Avec la dose qu’elle recevait, il lui avait fallu le temps de comprendre les paroles de sa jumelle, de saisir ce qu’elle était en train de lui dire avant de réagir. « Je t’aime Chey … tu n’y es pour rien et je ne t’en voudrais jamais. ». Elle était sa sœur, sa jumelle, la moitié d’elle-même et lui en vouloir alors qu’elle ne faisait qu’annoncer des nouvelles qui la blessaient elle aussi était impossible. Son regard resta posé de longues minutes sur sa sœur sans qu’elle ne le dévie, sans qu’elle cesse de pleurer et sans qu’elle ne parvienne à lâcher la main d’Ella. Elle refusait de la laisser partir, elle voulait la garder près d’elle tandis qu’elle sentait ses paupières être de plus en plus lourdes. Ce n’était pas vraiment de la fatigue que la forçait à s’endormir, c’était avant tout la morphine qui la rendait somnolente, mais Arizona ne lutta pas contre cette dernière. Elle se laissa doucement emporter, préférant le sommeil à la douleur, préférant l’oubli à la vérité et sans prononcer d’autres mots, elle s’endormit en gardant la main de sa sœur dans la sienne.