Artémis s’était fait viré de chez elle. C’était un comble quand même, elle était pourtant la voisine idéale. Elle était presque polie avec les gens, se montrait très rarement bruyante et rendait très occasionnellement service. Vraiment la voisine parfaite quoi, c’était incroyable qu’on puisse vouloir se débarrasser d’elle. Et pourtant, c’était arrivé, à cause de sa voisine du dessus que la blonde avait soi-disant importuné par téléphone. C’était réellement injuste parce qu’Artémis n’avait rien fait pour une fois. C’était Rosalie la seule et unique responsable de tout ça. Donc, pour se venger, la blonde avait été squattée chez Rosalie. Elle n’avait nul par d’autres où aller en fait, elle aurait bien pu prendre une chambre d’hôtel mais ça aurait été moins drôle. Elle aurait également pu aller squatter chez Shanti mais comme l’indienne squattait aussi chez Rosalie à cause de son mari, il ne restait vraiment plus que l’appartement de sa chère amie. Bon bien sûr, la cohabitation ne se passait pas toujours très très bien mais ce n’était que temporaire. Juste le temps qu’Artémis trouve autre part où aller et que les travaux de sa maison soient terminés. Parce que oui, elle avait décidé d’avoir une maison rien que pour elle.

Aujourd’hui, elle s’était rendue sur le chantier pour voir comment avançaient les travaux. Elle aimait bien faire ça, c’était toujours l’occasion idéale pour se plaindre et râler après les ouvriers. Elle faisait surtout ça quand elle était de mauvaise humeur et qu’elle devait passer ses nerfs sur quelqu’un. La plupart du temps, ils se laissaient faire sans répondre et c’était très amusant. Celui d’aujourd’hui n’avait pas manqué à la règle, elle se plaignait du fait que ça n’avançait pas assez vite et tout et il la regardait d’un air hébété. Il avait l’air vraiment très stupide, encore plus que les autres. Finalement, au bout d’un moment, il l’envoya se plaindre vers un certain Jaime où quelque chose dans ce genre-là en lui montrant par où le trouver. La jeune femme soupira avant de prendre la direction indiquée et trouva bientôt quelqu’un d’autres. Elle l’observa rapidement et put constater qu’il n’avait pas l’air aussi attardé que les autres et que, au moins, lui était plutôt agréable à regarder pour un ouvrier. Elle ne pouvait pas en dire autant de celui à qui elle avait parlé la semaine précédente par exemple. « Excusez-moi. » dit-elle d’un ton poli en s’adressant à lui. « Est-ce que vous êtes Jaime ? » On n’aurait pas dis comme ça qu’elle était la pire peste du monde et qu’elle attendait simplement de pouvoir se plaindre encore un peu plus.

L’atmosphère sur le chantier était tendue. Depuis qu’ils avaient commencé les travaux, en plus des ennuis habituels, ils avaient eu plusieurs problèmes qui avaient causé un retard immense. La plus part du temps, ce n’était pas la faute de personne. Des plans imprécis, des anciens tuyaux dans le sol, les règlements de la ville, etc. Mais ils commençaient tout de même à se prendre la tête les uns, les autres, ce qui faisait des quarts de travail un peu plus désagréable. Mais en plus de tout ça, la cliente et future propriétaire de la ‘maison’ (ce truc avait plutôt la taille de quatre maisons, voire plus.), était – pour reprendre très poliment les termes utiliser sur le chantier – une vache finie. Jaime ne l’avait jamais rencontré, mais à entendre les autres s’en plaindre, cette bonne femme était quelques choses. Elle et ses amies passaient régulièrement critiquer tout ce qu’ils voyaient et gueuler à tort et à travers et comme c’était elle qui signait le chèque… Ils devaient se taire et faire avec. La rumeur voulait qu’elle soit encore présente aujourd’hui. Jusqu’à maintenant, il avait réussi à l’éviter, se tenant dans les poutres plus hautes. Les harpies n’étaient pas vraiment son truc après tout et préféraient que d'autres s’en chargent.

Mais la chance n’était pas de son côté apparemment. Il descendit quelques minutes à peine, pour trouver de nouveaux matériaux, qu’il entendit une voix féminine s’adresser à lui. « Excusez-moi. » Il y avait bien quelques femmes qui travaillaient sur le chantier, mais aucune d’entre elles n’avait un accent de Barbie. Il se retourna en levant un sourcil. Une petite blonde se tenait devant lui, détonnant carrément du décor. Pendant un instant il pensait qu’elle s’était peut-être perdue, mais quand il remarqua les regards que ses collègues lui lançaient… Cette fille ne pouvait qu’être la propriétaire. Il enleva son casque de protection pour se passer une main dans les cheveux, mal à l’aise. Il c’était imaginé une vieille frigide, l’air coincé et les cuisses bien au sec, mais la blonde ne pouvait pas être opposé à l’imagine qu’il avait en tête. « Est-ce que vous êtes Jaime ? » Pour le coup il avait presque envie de dire non, mais il était certain qu’un des gars allait le cafter. « Un problème ? » Il retient de justesse un ‘encore, qui devait sans doute se faire entendre dans son ton’. Il avait beau vouloir croire à la bonne volonté des gens, si la moitié de ce qu’on disait était vraie, il n’était sans doute pas mieux que mort. Un d’eu avait même déjà perdu son boulot à cause de la petite blonde. « Je suis un peu pressée là, le patron nous pousse beaucoup aujourd’hui. »

Il semblait qu’elle ait bien trouvé le dénommé Jaime. C’était une chance, elle ne se voyait pas le chercher partout sur le chantier, elle avait autre chose à faire de sa journée. Enfin non pas vraiment en fait mais, soit. « Un problème ? » Artémis n’aimait pas beaucoup le ton qu’il venait d’employer, ça laissait clairement entendre qu’il savait à qui il avait affaire et à quoi il pouvait bien s’attendre. Elle regrettait presque de s’être montrée polie pour le coup. Pour une fois qu’elle voulait faire l’effort d’être à peu près aimable, elle se voyait bien tristement remercier. Ca lui apprendrait à vouloir faire des efforts tiens. Enfin, elle chercha ce qui pressait le plus dans ce qu’elle avait à dire parce que des problèmes, il y en avait plus d’un oui. Elle n’avait jamais vu autant d’incompétents sur un chantier, à croire qu’elle avait tiré le gros lot. Avant qu’elle ait pu déterminer ce qui allait venir en premier dans la liste des problèmes, l’autre reprit la parole. « Je suis un peu pressée là, le patron nous pousse beaucoup aujourd’hui. » La jeune femme se mit à rire. C’était la seule chose qu’elle pouvait faire après une telle chose. Il les poussait un peu aujourd’hui, bah voyons, c’était heureux, ils feraient peut-être un peu autre chose que se tourner les pouces avec ça. Et encore, ce n’était même pas sûr. « S’il ne vous presse qu’aujourd’hui, et ça doit vraiment être le cas, je pense que vous devriez réussir à vous en remettre. » Il faudrait qu’elle aille dire deux mots au patron aussi un peu tiens, pour lui donner une leçon sur la manière de gérer des employés. Elle savait très bien faire ça elle aussi.

Artémis chercha ensuite à se rappeler exactement de quoi elle devait se plaindre et pourquoi il avait fallut qu’elle cherche ce Jaime en particulier. En fait, il n’y avait pas vraiment de raison, l’ouvrier d’avant avait juste du vouloir se débarrasser d’elle. Elle penserait à le faire virer tout à l’heure. Il fallait juste qu’elle retrouve son nom parce que vu le nombre d’imbécile qu’il y avait ici le fait de le décrire comme un ouvrier attardé ne suffirait pas pour le faire reconnaitre. « Je voulais savoir pourquoi ça prenait tellement de temps. Personne n’a voulu me répondre et je commence à croire que c’est parce que vous faites tous la sieste au lieu de travailler. » Elle aurait même juré avoir vu l’un d’eux en train de lire son journal, un café à la main mais quand elle était arrivée assez près, l’ouvrier, le journal et le café avait tous trois disparus. Elle avait manqué une formidable occasion de se plaindre encore davantage. « Alors ? »

Jaime avait réellement* beaucoup de choses à faire, sans que cette blonde vienne y mettre son nez. Elle n’avait peut-être pas l’air de la vieille aigrie qu’il s’était imaginée, mais elle n’avait pas l’air pour le moins agréable. Le genre de fille qui se faisait construire un manoir avec l’argent à papa pour être plus ‘indépendante’ et qui ne connaissait rien à a la vie sauf comment gérée celle des autres. À tout moment, il s’attendait à ce qu’un chiwawa, ou un autre chien miniature peu importe, sorte la tête de son sac à main. La femme avait sa place dans sa propre téléréalité, pas sur un chantier comme celui-là. « S’il ne vous presse qu’aujourd’hui, et ça doit vraiment être le cas, je pense que vous devriez réussir à vous en remettre. » Le brun tourna la tête de côté et se mordit la langue pour s’empêcher de répliquer immédiatement. Il devait se souvenir qu’elle était la cliente et qu’ils étaient tous à ses ordres ici, qu’il le veuille ou non. « Comme vous voulez, apparemment vous vous remettez très bien des retards engendrés de toute façon. » Il savait que cette conversation allait mal tourner de toute manière.

Agacé, il attendit que la blonde lui dise ce qu’elle voulait. Le plus vite il s’en débarrassait, le plus vite elle débarrasserait le plancher et ça serait mieux pour tout le monde. Mais la jeune femme ne semblait pas se souvenir pourquoi elle était là, mettant un peu de temps à trouver le sujet de sa raillerie. « Je voulais savoir pourquoi ça prenait tellement de temps. Personne n’a voulu me répondre et je commence à croire que c’est parce que vous faites tous la sieste au lieu de travailler. » Il leva les yeux au ciel. Oui évidemment, ils dormaient tous, toute la journée. Ce n’était pas comme si elle pouvait voir tout autour d’elle, les fondations qui commençaient à s’élever ou bien entendre la cacophonie engendrer par les différents outils. « Alors ? » Il leva les sourcils. Cette bonne femme était vraiment impatiente. « Madame si vous vouliez quelque chose de rapide pour aménager dans la même semaine, il fallait acheter pas construire. » Il savait que pour ce genre de personne, tout ce qu’ils ne pouvaient pas avoir en claquant des doigts était une perte de temps. « Mais pour répondre a votre question ; on a d’abord eu des problèmes avec les permis que vous* nous avez filler. Puis ensuite le terrain, les fondations précédentes mal terminées. La plomberie et un manque de matériaux, probablement volé. » Et il y avait aussi le fait qu’ils étaient tous payés à l’heure alors leurs bosses ne se pressaient pas trop pour régler tous les différents problèmes à la fois, mais ça, c’était un secret professionnel.

Torturer un ou deux ouvriers mettait toujours Artémis de bonne humeur. Il fallait bien que ça compense avec la lenteur que prenait sa maison pour être construite, au rythme où ça allait, elle n’était pas sûre de voir sa maison avant qu’elle ait atteint les cinquante ans. Ou pire ! Les cent ans. Parce que la blonde ne doutait pas d’atteindre les cent ans à jour. Elle avait entendu dire un jour que c’était toujours les pires personnes qui vivaient les plus vieilles, elle s’estimait heureuse alors de ne pas être une bonne personne. Bref, pour en revenir aux ouvriers, Artémis aimait beaucoup les torturer et c’était en grande partie parce qu’elle savait que peu nombreux étaient ceux qui se risqueraient à lui répondre ou à leur tenir tête. Elle pouvait aisément faire virer ceux qui s’y risqueraient. Après ce qu’elle venait de dire, elle regardait Jaime pour voir ce qu’il allait lui répondre. Elle espérait qu’il serait raisonnable, elle n’avait pas envie de faire virer un mec comme lui, ça aurait été trop malheureux. Visiblement, il se retint de lui quelque chose avant de prendre la parole. « Comme vous voulez, apparemment vous vous remettez très bien des retards engendrés de toute façon. » La blonde roule des yeux. Elle ne se remettait pas du tout, c’était sa maison et elle la voulait. Maintenant ! « Bien sûr que non, j’aimerais avoir l’occasion vivre un peu ici avant d’être forcé d’aller vivre en maison de retraite parce que je suis vieille et malade voyez-vous. » Elle espérait bien sûr que ce jour arriverait le plus tard possible même si elle ne doutait pas d’être parfaite, même vieille.

Maintenant, Artémis était forcé de réfléchir à ce pourquoi elle était devant lui. Elle avait tellement de réclamations à faire qu’elle avait oublié à laquelle exactement elle était rendue quand on l’avait envoyé vers lui. Mais elle n’arrivait pas à trouver. Elle se contenta donc de questionner le jeune homme sur la cause de tous ces retards. Elle se sentit même obligée d’ajouter une remarque sympathique à propos du fait qu’elle pensait qu’ils faisaient tous la sieste au lieu de bosser. Elle aussi elle aurait aimé être payée à rien faire hein ! Enfin c’était un peu le cas vu qu’elle vivait de l’argent que lui versait son père mais soit. « Madame si vous vouliez quelque chose de rapide pour aménager dans la même semaine, il fallait acheter pas construire. » Sans blague, croyait-il lui apprendre quelque chose là ? Il se trouvait qu’Artémis avait bien pensé acheter. La madame de l’agence immobilière lui avait montré tout un tas de belles maisons bien chères mais Artémis n’en avait jugé aucun asse bien pour elle. Ca c’était mal fini d’ailleurs, la madame de l’agence avait fini en larme avant de capituler et la blonde pensait qu’elle était probablement en dépression maintenant. En tout cas, ça avait mit un terme à sa recherche d’une maison à acheter. « Je voulais pas aménager dans la semaine mais genre, dans les trois semaines. On m’a assuré que c’était possible si je ne tombais pas avec des ouvriers fainéants. Il semblerait que je n’ai pas eu beaucoup de chance. » dit-elle d’un ton dédaigneux. Il fallait bien un début à tout, elle avait toujours eu beaucoup de chance avant mais cette fois ça avait été différent. C’était bien triste. « Mais pour répondre a votre question ; on a d’abord eu des problèmes avec les permis que vous* nous avez filler. Puis ensuite le terrain, les fondations précédentes mal terminées. La plomberie et un manque de matériaux, probablement volé. » Artémis retint un bâillement d’ennui. Tout ça, c’était autant d’excuses bidons, elle en était sûre. Il espérait sûrement qu’en l’endormissant avec une liste d’ennui aussi longue, elle oublierait ses réclamations. Ou peut-être qu’il espérait même qu’elle comprendrait (c’était une bien étrange idée si c’était le cas). « Vous avez vraiment collectionné les ennuis dites moi. Pauvres petits. » Elle secoua la tête d’un air faussement désolé avant d’ajouter. « Ca m’est égal que vous ayez des problèmes de plomberie ou de permis ou de je ne sais quoi d’autres. Vous avez plutôt intérêt à accélérer si vous ne voulez pas que j’aille voir ailleurs. Des gens plus rapides, ça ne doit pas être bien difficile à trouver. Vous devriez faire passer le message à votre patron, je le croise rarement, il n’a pas l’air de foutre grand-chose non plus lui. » Ce qui expliquait tout parce que si le patron ne bossait pas, il n’y avait pas de raison que les ouvriers le fassent. « Et vous devriez voir le bon côté des choses, plus vous ferez ça vite, plus vite vous serez débarrasser de moi. Vous croyez que je devrais faire passer une annonce en disant ça ? Ca motiverait peut-être non ? »

Jaime essaya de faire comprendre à la blonde que sa venue ici était une énorme perte de temps. Quelle gueule autant qu’elle voulait, elle n’aurait pas sa maison ni aujourd’hui, ni demain, alors qu’elle leur foutre la paix pour qu’ils puissent bosser le plus rapidement possible. Mais faire comprendre ça à une petite princesse de l’Upper East Side était une mission perdue d’avance, il savait qu’il en avait encore pour de longues minutes de souffrances. « Bien sûr que non, j’aimerais avoir l’occasion vivre un peu ici avant d’être forcé d’aller vivre en maison de retraite parce que je suis vieille et malade voyez-vous. » Il hocha la tête avant de la regarder de haut en bas, évaluant chaque partie de son corps. « Désolée, votre maison ne serait pas prête d’ici là. Il faut dire que deux jours ne sont pas un délai raisonnable. » La vanité, là où ça faisait mal.

Il essaya ensuite de la raison de lui faire entendre la logique qu’après tout, c’était elle qui avait choisi de faire construire et qu’elle devait vivre avec. Autant parer à un mur apparemment. Je voulais pas aménager dans la semaine, mais genre, dans les trois semaines. On m’a assuré que c’était possible si je ne tombais pas avec des ouvriers fainéants. Il semblerait que je n’ai pas eu beaucoup de chance. » Jaime éclate d’un rire bruyant. Elle délirait celle-là, penser qu’on pouvait faire tout ce qu’elle avait demandé en moins de trois semaines, c’était un fantasme ça. « Madame, vous avez demandé de démolir une bâtisse, et d’en crée un autre, ça prend beaucoup plus que trois semaines, et puis il y a la température, on peu pas tout contrôler quoi, faut arrêter de rêver un peu. » Elle était carrément folle celle-là. Il se demandait bien où son patron allait chercher ses clients. Il essaya de lui expliquer en gros, toutes les mésaventures qu’ils avaient connues sur le chantier, mais elle ne se montra pas plus réceptive. « Vous avez vraiment collectionné les ennuis dits moi. Pauvres petits. » Il renifla. « Ouais, il y a aussi cette histoire de vermine. » Un parasite blond d’environ 1 mètre 60 avec une voix de Barbie coincé. « Ça m’est égal que vous ayez des problèmes de plomberie ou de permis ou de je ne sais quoi d’autre. Vous avez plutôt intérêt à accélérer si vous ne voulez pas que j’aille voir ailleurs. Des gens plus rapides, ça ne doit pas être bien difficile à trouver. Vous devriez faire passer le message à votre patron, je le croise rarement, il n’a pas l’air de foutre grand-chose non plus lui. » Sans être impressionné, Jaime se contenta de hausser les épaules. « Il s’est fait couper la ligne, apparemment, il se faisait harceler, je ne sais pas. » Quelque chose lui disait qu’il n’allait pas s’en tirer à bon compte et il en avait déjà marre d’être là. Il n’était pas payé assez cher pour endurer les humeurs d’un mal baisé.« Et vous devriez voir le bon côté des choses, plus vous ferez ça vite, plus vite vous serez débarrassé de moi. Vous croyez que je devrais faire passer une annonce en disant ça ? Ça motiverait peut-être non ? »  Il essaya de s’enfuir, très subtilement en remettant son casque et en commençant à marcher vers son poste. « Bien sûr que non, vous allez tous tellement nous manquer. » Il grimpa dans la cage pour monter en haut complètement et tient la porte ouverte un moment. « Je ne sais pas de qui on parlerait si vous ne veniez pas ici tous les jours. »

Artémis avait parfois l’impression d’être une pauvre malheureuse incomprise de tous. Ca pouvait avoir l’air dramatique dis comme ça mais c’était exactement comme ça qu’elle percevait les choses. De toute évidence, aucun des ouvriers de ce chantier ne pouvait comprendre à quel point il était vital pour elle d’avoir sa maison au plus vite et ce Jaime ne faisait pas exception à la règle. Il était comme les autres. Un peu plus beau à regarder certes mais au final, ça ne changeait pas grand-chose. Artémis persista quand même et essaya de lui expliquer qu’elle voulait cette maison avant d’avoir atteint l’âge d’être en maison de retraite. Mais il ne semblait toujours pas comprendre. « Désolée, votre maison ne serait pas prête d’ici là. Il faut dire que deux jours ne sont pas un délai raisonnable. » Hahaha, c’était vraiment un comique celui-là. Artémis roula des yeux. En tout cas, il était peut-être comique mais certainement pas intelligent. Sinon, il aurait sûrement évité de lui répondre ainsi. « Tant pis pour moi alors. Je vais essayer de me remettre de cette cruelle déception. » répondit-elle moqueuse. Ce n’était pas des remarques aussi basses que celle qu’il venait de faire qui allait la toucher.

Jaime essaya ensuite de lui faire comprendre les raisons du retard de la maison mais s’il s’attendait qu’elle lui prête une oreille tentative et qu’elle reparte ensuite, contente d’avoir reçu des explications convenables, et qu’elle leur foute la paix jusqu’à la fin de ce chantier interminable, il se trompait lourdement. La preuve, elle n’écouta même pas la moitié de ce qu’il lui disait et rétorqua ensuite que tout ça lui était complètement égal. « Madame, vous avez demandé de démolir une bâtisse, et d’en crée un autre, ça prend beaucoup plus que trois semaines, et puis il y a la température, on peu pas tout contrôler quoi, faut arrêter de rêver un peu. » Il n’avait jamais à court de bonnes raisons pour expliquer ce retard en tout cas. Artémis se demandait bien où il allait chercher tout ça. « J’ai dis que ça m’était égal. Gardez toutes vos supers excuses pour quelqu’un qui voudra bien les écouter. » Elle ne savait pas s’il y avait vraiment des personnes assez stupides pour vouloir écouter tout ça. Elle, tout ce qu’elle retenait, c’est que par un fait miraculeux, il y avait du retard et il n’était du à aucun des membres du chantier. C’était beau quand même. Beau et surtout complètement ridicule, elle en aurait bien ri si ça ne l’avait pas mise autant en colère. Elle en vint ensuite à évoquer le crétin de patron qui ne valait pas mieux que ses crétins d’ouvrier. « Il s’est fait couper la ligne, apparemment, il se faisait harceler, je ne sais pas. » Bah voyons. « Et bah, il devrait la remettre, ce serait con qu’il manque l’appel où je lui retire le chantier quand même. » dit-elle avec un sourire. Parce qu’elle pouvait bien faire ça. Enfin, elle espérait, il faudrait juste qu’elle arrive à convaincre son père qu’ils faisaient tous un très mauvais boulot. Etant donné que c’était lui qui payait tout, il s’était cru obligé de décider de qui il emploierait pour construire cette maison. Enfin, en tout cas, la jeune femme en vint à utiliser un argument de taille pour les faire accélérer, le fait qu’ils seraient tous bientôt débarrassé d’elle. S’il ne répondait pas comme il fallait à ça, elle ne pouvait vraiment plus rien pour lui. « Bien sûr que non, vous allez tous tellement nous manquer. Je ne sais pas de qui on parlerait si vous ne veniez pas ici tous les jours. » C’était un cas désespéré. Tant pis pour elle. « Vous devez avoir une vie bien triste si vous ne trouvez pas autre chose sur quoi parler que mes visites tous les jours. » Elle fronça les sourcils. « Et puis d’abord, je ne viens pas tous les jours. » Non, elle venait juste ceux où elle était de mauvaise humeur. C'est-à-dire souvent quand même. « Enfin, vous devriez vous méfiez quand même, vous savez, je peux être bien pire que là. » Elle connaissait des personnes bien pire qu’elle aussi, elle ferait sûrement bien de les envoyer ici pour effrayer tout ce petit monde définitivement.

Jaime n’était pas du genre à se plaindre sur son sort. Il n’était pas malheureux, un peu malchanceux certes, mais rien qu’il ne puisse pas gérer. Il n’avait pas toujours été un ange non plus. Mais il était certain, vraiment certain qu’il n’avait rien fait pour mériter ce qui lui tombait dessus aujourd’hui. Dès qu’il poserait la main sur celui qui lui avait refiler la blonde, il allait lui faire passer un mauvais quart d’heure, c’était une promesse. « Tant pis pour moi alors. Je vais essayer de me remettre de cette cruelle déception. » « Tant mieux, tant mieux. » Il se retourna, et regarda la table pleine de plans qui se tenait devant lui. Si elle pouvait tout simplement partir, ça serait parfait. Mais il se doutait bien que la blonde n’avait pas dit son dernier mot.

Il avait beau essayer* d’être un homme patient, mais la barbie mettait ses nerfs à rude épreuve, c’était un cas. Il était certain qu’elle devait faire beaucoup de malheureux quotidiennement et plaignait le pauvre mec qui était pris à se réveiller à ses côtés chaque matin. « J’ai dit que ça m’était égal. Gardez toutes vos super excuses pour quelqu’un qui voudra bien les écouter. » Bah alors, qu’est-ce qu’elle faisait là ? Mis à part les retenir encore plus. « Je ne vois pas en quoi je peux vous aider aujourd’hui dans ce cas, c’est vous qui avez posé la question. » Elle était déjà sénile en plus, peut-être qu’il n’avait pas eu totalement tord en lui disant qu’elle était à deux jours de la retraite. Le botox faisait des miracles de nos jours après tout et elle était clairement assez riche pour se le permettre. Elle commença par se plaindre de son patron, disant qu’il ne répondait jamais à ses appels (et Jaime pouvait comprendre pourquoi), il lui mentit (enfin peut-être pas tant que ça) en lui disant qu’il avait fait couper sa ligne en son honneur. « Et bah, il devrait la remettre, ce serait con qu’il manque l’appel où je lui retire le chantier quand même. » Le brun haussa les épaules, si elle pensait lui faire peur. Ce n’était pas comme si elle était leurs seules clients, ils avaient bien d’autre chantier, encore plus en retard que la maison de princesse. « Vous devez avoir une vie bien triste si vous ne trouvez pas autre chose sur quoi parler que mes visites tous les jours. » Il pencha la tête et eut un rictus, découragé. « Surement pas aussi triste que ce que je vis en ce moment, je vous assure. » L’enfer ne semblait pas aussi triste en ce moment. Pourquoi lui ? Vraiment ? « Et puis d’abord, je ne viens pas tous les jours. » Il hocha la tête, retenant de justesse un ‘heureusement’, bien placé. S’il n’était pas renvoyé à la fin de cet entretien, il irait demander à être changé de chantier. « Enfin, vous devriez vous méfier quand même, vous savez, je peux être bien pire que là. » Il leva les bras en signe de défaite. « Écoutez, personnellement je n’ai rien contre vous, mais vraiment, je ne vois pas ce que je peux faire pour vous aujourd’hui madame. »