Karina n’avait encore jamais mis les pieds à l’Awesome, pas une seule fois en six ans et demi. Elle connaissait l’endroit qui était quand même réputé et très prisé mais elle n’avait jamais eu l’occasion ou ressenti le besoin d’y aller. En même temps, elle n’avait pas eu tellement de temps libre à cause de ses études de médecine très prenantes. Vraiment, en six ans, elle avait connu un rythme très soutenu qui ne lui avait laissé que peu de « vacances ». Et quand elle était en repos, elle préférait en général rester chez elle pour se reposer justement. Ce soir, elle n’y allait pas pour le plaisir. Enfin, peut-être qu’elle aimerait, sait-on jamais, mais elle devait s’y rendre pour des raisons plus… professionnelles disons. Ou familiales. Oui, voilà, « familiales » était une dénomination plus correcte. Au mois d’octobre, la jeune femme avait appris le décès de son frère Vladimir. Le seul membre de la famille en qui elle avait confiance et à qui elle tenait encore. Cette nouvelle l’avait dévastée – la dévastait toujours en fait – et elle était directement passée au stade de la colère parmi les différentes étapes du deuil. Pour la première fois poussée par ses sentiments et non plus pour la sa raison, la jeune russe voulait obtenir vengeance. Et avec une famille comme la sienne, elle avait des atouts non négligeables de son côté ainsi qu’une bonne liste de suspects. Enfin, encore fallait-il que les membres de sa famille, fraichement débarqués à New York, acceptent de l’aider. Ce n’était pas une mince affaire… Elle avait réussi à tous se les mettre à dos en fuyant comme elle l’avait fait et tous considéraient qu’elle ne méritait pas de porter le nom de Mikhailov et d’avoir le même sang qu’eux. Mais c’était un fait et qu’ils le veuillent ou non, son père était le parrain, celui à qui ils devaient tous obéir. Ce statut lui permettrait sans doute de recevoir cette aide dont elle avait tant besoin. Ce fut le cas. Karina s’était tournée vers sa nièce qui pour son jeune âge avait déjà beaucoup d’expérience en matière d’homicides et d’armes. Bon, la brune ne voulait pas en arriver au meurtre mais Elizaveta lui avait dit que ce serait inévitable. La petite blonde lui avait donné un nom pour commencer son enquête : Adam Mason. La jeune femme s’était rapidement renseignée sur lui et avait appris que c’était un homme d’affaire ayant fait des choses peu glorieuses. Il était en prison à l’heure actuelle et elle ne comprenait pas encore pourquoi mais il aurait apparemment eu grand intérêt à se débarrasser de Vladimir. Encore inexpérimentée, elle ne savait pas trop quoi faire alors sa nièce l’avait une fois de plus aidée et l’avait dirigée vers la fille de ce charmant monsieur, une certaine Artémis. Qui travaillait à l’Awesome. C’était donc pour ça que Karina s’y rendait ce soir. Il y avait beaucoup de monde quand même et l’endroit était très grand. Elle comprit vite pourquoi il attirait tant de personnes en tout cas. Comme elle ne savait pas à quoi ressemblait cette Artémis, elle se renseigna rapidement et après quelques secondes à fouiller la salle des yeux, la repéra assise au bar. « Artémis Mason ? » lui demanda-t-elle après s’être dirigée vers elle, d’une voix vraiment peu assurée et n’ayant aucune idée de ce qu’elle ferait ensuite.

Artémis connaissait plutôt bien l’Awesome. Cela faisait déjà plusieurs années qu’elle fréquentait l’endroit régulièrement. Alors si elle n’aurait pas été jusqu’à dire que c’était l’endroit où elle préférait se rendre pour faire la fête, il rentrait quand même dans son top cinq. Mais Artémis avait beau avoir fréquenté l’endroit régulièrement pendant longtemps, quand elle s’y rendait maintenant, ce n’était plus pour la fête. En effet, la jeune femme n’était tout simplement plus d’humeur à ça : trop de gens, trop de bruits, trop de tout. C’était une des choses que son accident avait changé chez elle. Son accident... et le reste en fait. Au début, elle avait crut qu’elle évitait juste les gens parce qu’elle ne supportait pas le regard qu’il posait sur elle depuis qu’elle était en chaise roulante. Mais elle n’était plus tout à fait sûre que ce soit ça. C’était un tout : l’arrestation de son père, la découverte de l’hypocrisie dont ce dernier avait fait preuve durant toutes ces années, son accident, sa mère… Tout ça l’avait forcé à évoluer. Elle avait juste changé, c’était comme ça. Pleins de gens auraient été d’avis de dire que quand on était une peste comme Artémis, changer un peu n’était pas un mal. Mais, il était inutile de préciser que la blonde n’était pas d’accord avec ça. Elle s’aimait beaucoup comme elle était avant : elle avait beau être égoïste, jeter l’argent par la fenêtre, regarder de haut tout le reste du monde (et surtout les simples ouvriers en bâtiment, aussi sexy soient-ils), elle était parfaite comme ça et surtout bien plus heureuse que maintenant. Au moins, elle ne se prenait pas autant la tête pour des bêtises.

Assise près du bar, le regard de la jeune femme se posait ici et là, à certains endroits de la salle sans pour autant faire vraiment attention à ce qui se passait autour d’elle. Ca l’indifférait au plus haut point du reste, elle voulait juste rentrer chez elle, dormir et ne plus jamais quitter son lit. Elle aurait voulu être une marmotte ou n’importe quel autre animal forcé d’hiberner l’hiver. Ils ne connaissaient pas leur chance ceux-là, le temps qu’il passait à se terrer, c’était ça de moins à devoir subir les autres. La jeune femme ne remarqua la personne à côté d’elle que lorsqu’elle l’entendit s’adresser à elle. « Artémis Mason ? » L’américaine porta son attention sur la personne qui venait de prendre la parole, une petite brune à l’air peu assurée qu’elle ne connaissait absolument pas. Elle la détaille pendant plusieurs secondes. « Hmm, oui ? » dit-t-elle alors en fronçant les sourcils.

Karina ne savait absolument pas ce qu’elle était en train de faire. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait là et ne savait pas non plus pourquoi elle était allée voir Elizaveta en premier lieu. Elle était en train de tout remettre en cause et de questionner le but de sa démarche. Pourquoi voulait-elle se venger après tout ? Cela ne lui ramènerait pas son frère, cela ne l’apaiserait pas non plus. Le chemin de la vengeance était douloureux, semé d’embuches et de sacrifices. Elle avait déjà fait une croix sur ses principes, tout ce contre quoi elle se battait depuis tant d’années, en allant voir sa nièce et en choisissant de lui obéir. C’était cette décision qui l’avait menée tout droit à ce bar qu’elle connaissait mais où elle n’avait jusqu’ici jamais mis les pieds. Elizaveta lui avait donné une première cible était c’était qu’elle était venue voir parce qu’après s’être renseignée elle avait découvert qu’elle travaillait ici. Elle n’avait jamais entendu parler de cette fille avant même si apparemment sa famille, ou tout du moins son père, avait fait la une des journaux pendant un moment. Mais Karina n’y avait pas porté une si grande attention que ça. Et voilà qu’elle se trouvait devant elle, ce soir, sans savoir quoi faire ou quoi dire. « Hmm, oui ? » Karina détailla la blonde en même temps qu’elle. Elle n’avait pas l’air de comprendre ce qu’elle lui voulait et la russe ne saurait même pas le lui expliquer. Elle ne savait même pas quelle stratégie adopter… Elizaveta l’avait un peu lâchée là-dedans comme ça. Sa nièce ne lui avait pas dit exactement quoi faire, ça faisait partie de son entrainement après tout mais elle n’avait pas encore des bons réflexes. Il lui faudrait du temps avant de réussir à penser comme les criminels de sa famille et très honnêtement elle espérait ne pas les acquérir du tout. Elle ne savait même pas comment elle se sortirait de tout ça. « J’aurais quelques questions à vous poser… Ça vous dérange si on va se mettre un peu à l’écart, pour parler ? » La jeune femme avait essayé de se reprendre et de se donner un peu de contenance. Artémis ne lui ferait certainement pas confiance si elle était trop hésitante. Elle essaya même de lui sourire avant de se rappeler qu’elle ne s’était pas présentée. « Je m’appelle Karina. » dit-elle en lui tendant la main. « Je suis journaliste. » crut-elle bon d’ajouter. Mais ceci lui parut immédiatement être une mauvaise idée. La jeune femme avait surement eu à faire à assez de vautours comme ça. Elle s’était grillée toute seule, elle était bel et bien une débutante.

Le temps s’écoulait tellement lentement en fait et Artémis était profondément ennuyé. Néanmoins, l’ennui de l’américaine fut bientôt interrompu par une jeune femme. Enfin, si on pouvait vraiment dire que son ennui était rompu quoi parce que… en fait, la brune qui se tenait face à Artémis avait l’air très ennuyeuse aussi comme le reste du monde et puis en plus, le fait qu’elle la cherchait comme ça n’annonçait pas forcément quelque chose de bon. Mais soit, lui parler allait peut-être occupe Artémis l’espace de trois secondes. Celle-ci arqua un sourcil et après lui avoir signifié qu’elle était bien la personne qu’elle cherchait, l’américaine attendit que l’autre poursuive. « J’aurais quelques questions à vous poser… Ça vous dérange si on va se mettre un peu à l’écart, pour parler ? » Artémis fronça les sourcils. Elle avait des questions à lui poser… mais sur quoi ? Est-ce qu’elle était de la police ou n’importe quoi de ce genre là ? Artémis détailla à nouveau la jeune femme rapidement. Non, assurément non, une fille comme elle qui avait l’air aussi peu à l’aise ne pouvait pas être de la police. Artémis pouvait donc refuser sans aucuns scrupules de refuser de ‘se mettre à l’écart’ pour parler avec elle. « Ca dépend. » Artémis était plus que méfiante maintenant et un peu sur la défensive envers l’intrus. Elle ne savait même pas qui elle était en plus ce qui n’arrangeait rien. Comme si elle avait lu dans ses pensées, la jeune femme reprit la parole. « Je m’appelle Karina. » Elle lui tendit alors la main et Artémis la serra. Elle aurait put se présenter aussi mais c’était un peu inutile puisque la brune savait déjà qui elle était. « Hmm, enchanté, je suppose. Ou peut-être pas en fait. » Elle en savait trop peu sur la jeune femme pour savoir s’exprimer à ce sujet. « Je suis journaliste. » En entendant l’inconnue dire ces quelques mots, Artémis se tendit aussitôt. Une journaliste… Elle qui pensait ne plus avoir à faire à ces vautours. Il fallait croire qu’elle s’était trompée. Gosh, elle haïssait tellement tous les gens de cette espèce. « Je ne parle pas aux journalistes. » décréta alors la blonde d’un ton tranchant en lançant un regard noir à cette Karina. « Je pense que vous devriez y aller, vous perdez votre temps ici. » Sans aucun doute.

Karina se sentait stupide, tellement stupide. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait là et ça devait se voir d’ailleurs. Elle se sentait tellement perdue qu’elle savait que les gens qu’elle croisait la voyaient perdue eux aussi. En fait elle avait envie d’être partout sauf ici – quelle idée elle avait eu encore d’aller voir Elizaveta ! – et elle avait surtout envie de fuir d’ici le plus vite possible sans se retourner. Elle était sure d’avoir fait peur à la fille d’ailleurs. Elle ne l’avait pas abordée avec beaucoup d’assurances, elle avait dut trouver ça très louche. A sa place, c’est ce qu’elle aurait fait. La russe lui demanda ensuite si elles pouvaient aller à l’écart pour parler plus tranquillement. Il y avait trop de monde ici et Karina ne tenait pas du tout à se faire remarquer. Enfin, cela s’avéra vite être une erreur : elle ne s’était pas présentée et avait toujours l’air aussi louche auprès de la blonde. Comment pouvait-elle accepter dans ces circonstances ? Elle ne l’aurait pas fait non plus à sa place. « Ca dépend. » Evidemment. Elle s’y était tellement attendue à ça – elle s’était attendue à un refus catégorique pour dire vrai- qu’elle n’était pas surprise. Si Elizaveta la voyait… Elle lui rirait au nez ou lui frapperait la tête contre un mur tant elle donnait une bien piètre image des Mikhailov. Il fallait qu’elle se détende et adopte une meilleure stratégie. Pour se faire, elle commença par se souffler puis finit par se présenter, petit détail qu’elle avait oublié. « Hmm, enchanté, je suppose. Ou peut-être pas en fait. » Artémis semblait toujours méfiante et c’était toujours aussi compréhensible. Elle avait raison d’ailleurs, Karina était là pour la menacer après tout… Essayer de la menacer, au moins, elle n’était pas sûre de réussir. Elle voulait par-dessus tout punir ceux qui avaient tué son frère, mais elle voyait mal la jeune femme faire une chose pareille… Elle semblait n’avoir rien demandé à personne. Ou alors c’était qu’elle cachait très bien son jeu. Mais son instinct lui disait qu’elle n’y était pour rien et la jeune femme n’était pas ok pour s’en prendre à des innocents. Déjà qu’elle avait du mal à se faire à l’idée qu’elle devrait faire du mal à des pourritures… La brune commit sa seconde erreur – une erreur de débutante, une erreur stupide qu’elle n’aurait pas dû commettre et elle se haïssait pour ça – en se présentant comme une journaliste. Comme si Artémis n’avait pas assez été embêtée par ces vautours. « Je ne parle pas aux journalistes. » Le ton de son interlocutrice était sec et cassant, son regard était noir et dur. Karina eut du mal à le soutenir et à ne pas perdre ses moyens en se rendant compte de son erreur. « Je pense que vous devriez y aller, vous perdez votre temps ici. » Elle pesta intérieurement contre elle avant de sérieusement considérer à faire demi-tour. Mais si elle faisait ça, Elizaveta n’allait pas l’épargner. « Non, attendez. S’il vous plait. » Karina posa une main sur son épaule et lui lança un regard presque suppliant. « J’ai vraiment besoin de vous parler. Bon, je ne suis pas du tout journaliste, je ne savais pas comment vous aborder… C’était surement la façon la plus maladroite de le faire, je vous l’accorde. Si ce n’était pas très important, je ne serais pas venue vous embêter alors que je ne vous connais même pas. Vous devez bien avoir quelques minutes à m'accorder, non ? »

Artémis souhait simplement une chose à présent. Se débarrasser de la brune. Qui qu’elle soit, peu importe si elle était journaliste, de la police ou seulement une femme bizarre et très étrange au moins d’en être effrayante, elle ne la voulait juste plus dans ses pattes. Elle était bien convaincue d’une chose maintenant, cette fille ne lui apporterait rien de bon. C’est pour ça qu’elle finit par l’inviter le plus poliment du monde (ou pas) à s’en aller. Elle perdait son temps ici de toute manière et par la même occasion, elle faisait aussi perdre le sien à Artémis (même si son temps n’était pas très rempli en ce moment même, c’était un détail que l’autre n’était pas censé savoir). Artémis garda son regard foxé sur l’autre, attendant de la voir faire demi-tour mais ce n’est pas ce que celle-ci fit. A la place de ça, elle posa sa main sur l’épaule d’Artémis et celle-ci la dévisagea. « Non, attendez. S’il vous plait. » Le ton de la jeune femme était vraiment pathétique. Pour un peu, Artémis aurait presque pu avoir pitié mais non en fait, elle n’avait pas envie. « J’ai vraiment besoin de vous parler. Bon, je ne suis pas du tout journaliste, je ne savais pas comment vous aborder… C’était surement la façon la plus maladroite de le faire, je vous l’accorde. Si ce n’était pas très important, je ne serais pas venue vous embêter alors que je ne vous connais même pas. Vous devez bien avoir quelques minutes à m'accorder, non ? » Pourquoi avait-elle vraiment besoin de lui parler aussi hein ? C’était la question, qu’Artémis se posait. Elle se demandait aussi si elle disait vrai en prétendant ne pas être journaliste. Ca, ça devait être vrai oui, un journaliste n’aurait sûrement pas été lui dire qui il était, pas après l’acharnement médiatique qu’ils avaient pu faire vivre à elle et sa famille. Ca aurait juste été trop stupide en fait. Enfin, ce qu’elle se demandait surtout c’était en quoi cela la concernait. « Donnez-moi une seule bonne raison de vous écouter. Parce que franchement, j’ai beau cherché je n’en vois aucune. Je ne sais même pas qui vous êtes Karina. Journaliste, pas journaliste ? Franchement hein. » La jeune femme roula des yeux et poussa un soupir agacée. « Et je ne sais pas non plus pourquoi c’est si important pour vous de me parler mais si vous voulez le faire, vous allez devoir le faire là en tout cas. C’est ça ou rien du tout. »

Karina venait de se griller en beauté. Elle faisait honte aux Mikhailov – pas qu’elle en ait grand-chose à faire – mais le plus grand problème résidait dans le fait qu’Elizaveta n’allait pas du tout être contente d’elle et n’allait pas l’épargner. Comme si elle n’en bavait pas assez… Mais elle était maladroite et surtout convaincue de ne pas avoir eu assez d’entrainement. Surtout qu’elle était lâchée dans l’arène toute seule, pas étonnant qu’elle panique et commette autant d’erreurs. « Donnez-moi une seule bonne raison de vous écouter. Parce que franchement, j’ai beau cherché je n’en vois aucune. Je ne sais même pas qui vous êtes Karina. Journaliste, pas journaliste ? Franchement hein. » La russe venait d’essayer de la retenir pare qu’il était certain qu’Artémis voulait partir ou en tout cas voulait qu’elle parte. En son for intérieur, elle savait qu’elle aurait dû partir tout de suite, laisser tomber toute cette mascarade. Ça avait été une mauvaise idée dès le départ et tout en elle le lui avait indiqué à partir du moment où elle avait décidé d’aller voir Elizaveta et où elle avait conclu cet accord avec elle. Si elle n’avait pas aussi peur de sa nièce, elle aurait jeté l’éponge depuis longtemps mais c’était ça qui la faisait rester. Ca et le désir de trouver le meurtrier de son frère. Il y avait tout de même un petit problème là. Elle n’avait pas vraiment de bonne raison à lui donner. Enfin, juste une bonne raison pour elle-même mais quelque chose lui disait que la blonde n’en aurait pas grand-chose à faire. « Je ne suis pas journaliste non, je suis médecin. » Pas que ça ait une importance ou quoi que ce soit mais elle s’était dit qu’il serait pas mal qu’elle commence à lui dire la vérité. « Et je n’ai pas de bonnes raisons de vous faire rester, je n’ai pas le pouvoir de vous empêcher de m’envoyer balader mais je vous demande juste de m’accorder un peu de votre temps, j’ai quelques questions à vous poser. » Elle ne faisait que se répéter et cette conversation n’aboutirait à rien si elle ne lui en disait pas plus. Elle ne voulait cependant pas lui faire encore plus peur. « Et je ne sais pas non plus pourquoi c’est si important pour vous de me parler mais si vous voulez le faire, vous allez devoir le faire là en tout cas. C’est ça ou rien du tout. » Karina soupira et fit la moue. L’idée de lui parler ici, au beau milieu d’une foule d’inconnus n’était pas des plus séduisantes. Néanmoins, elle n’avait pas beaucoup d’autres choix. Elle aurait sans doute l’occasion de l’attirer plus à l’écart plus tard, quand elle comprendrait l’enjeu de tout ceci. « Ok parlons ici alors. » La jeune femme se tut. Elle ne savait pas quoi dire et surtout comment aborder le sujet. Il fallait qu’elle se bouge en tout cas, elle n’avait pas bataillé pour rien. « Je sais que votre père trempe dans des affaires pas très nettes. » Elle s’efforça de soutenir son regard pour lui montrer à quel point la conversation était sérieuse. « C’est également le cas de ma famille. Mon frère en est mort. » Là encore, Artémis s’en fichait surement mais c’était un détail qu’elle avait jugé bon de préciser. « J’ai des raisons de penser que votre père n’y est pas étranger. »

La brune s’était peut-être attendue à ce qu’Artémis collabore un peu plus si elle lui disait qu’elle n’était pas journaliste et qu’il s’agissait d’une affaire importante. Mais l’américaine ne fut pas le convaincu le moins du monde par ces paroles. Elle avait l’impression que la version de l’autre n’arrêtait pas de changer et ça ne l’incitait pas du tout à faire confiance à l’autre et encore moins à bien vouloir discuter avec elle à l’écart. Elle lui demanda alors de lui donner une bonne raison de bien vouloir l’écouter, parce qu’elle avait au moins besoin de ça et releva à nouveau le fait qu’elle ne savait pas qui elle était. Oui parce que savoir que l’autre s’appelait Karina était loin d’être une source d’information suffisante à son goût. « Je ne suis pas journaliste non, je suis médecin. » Artémis fronça les sourcils. Pour le coup (si elle disait vrai), elle voyait encore mois ce qu’un médecin pouvait bien lui vouloir. « Et je n’ai pas de bonnes raisons de vous faire rester, je n’ai pas le pouvoir de vous empêcher de m’envoyer balader mais je vous demande juste de m’accorder un peu de votre temps, j’ai quelques questions à vous poser. » Oui, ça Artémis avait commencé à le comprendre. Elle n’était pas stupide non plus, quand on lui répétait une info pour la dix millième fois en quelques minutes, elle avait tendance à le retenir. Elle fit alors preuve d’une incroyable gentillesse (ou stupidité au choix) déclarant alors que si Karina voulait parler, il faudrait qu’elle le fasse là. Bon, il était vrai qu’on faisait plus gentil mais Artémis aurait juste put refuser d’écouter l’autre. Or, elle ne le faisait pas totalement. « Ok parlons ici alors. » Bah, il fallait dire que la blonde ne lui laissait pas le choix aussi. « Je vous écoute. » fit Artémis en soupirant. S’ensuivit ensuite quelques secondes de silence pendant lesquelles Artémis ne put s’empêcher de penser que Karina n’était pas très réactive pour quelqu’un qui avait quelque chose de si important à dire. « Je sais que votre père trempe dans des affaires pas très nettes. » Ca, c’était une entrée en matière. « En même temps, c'est loin d'être un scoop ça hein. Félicitation. » Artémis pinça les lèvres tandis que l’autre s’efforçait de soutenir son regard. Elle n’avait vraiment pas envie d’avoir une conversation à ce sujet. « C’est également le cas de ma famille. Mon frère en est mort. » Triste pour lui mais franchement, c’était des choses qui arrivaient et Artémis s’en moquait complètement. « J’ai des raisons de penser que votre père n’y est pas étranger. » Ah oui, carrément… « Hmmm… Comment ça ? Et qu’est-ce qui vous fait croire ça ? » demanda alors la blonde après avoir froncer les sourcils. Non parce qu’elle voulait bien croire que son père était un sale type qui détournait de l’argent et tout (et encore elle le faisait juste parce qu’elle avait été bien forcée de voir la vérité en face) mais de là à croire qu’il pouvait être mêlé de près ou de loin à la mort de quelqu’un c’était… La jeune femme secoua la tête. « J’ai bien peur de ne pouvoir vous êtes d’aucune aide en tout cas. » Parce qu’elle ne le voulait pas déjà et surtout parce qu’elle n’avait jamais rien su des affaires de son père et elle n’en savait toujours rien d’ailleurs.


Dis moi si tu veux que je rajoute hein parce que là ->

« Je vous écoute. » Karina avait bataillé et vraiment galéré mais elle avait quand même réussi à obtenir d’Artémis qu’elle lui accorde de son temps. Bon, elle n’avait pas réussi à imposer ses conditions à savoir discuter un peu à l’écart et non au beau milieu de tout un tas de personnes mais c’était toujours ça de pris. Enfin, la jeune femme ne savait même pas ce qu’elle était supposée dire, Elizaveta l’avait envoyée là sans lui en dire beaucoup, juste que le père de cette fille aurait très bien pu s’en prendre à Vladimir pour se venger. S’il était en prison ce n’était pas pour rien après tout et les Mikhailov n’y étaient sans doute pas étranger. Enfin ce n’était qu’une supposition qu’elle faisait, mais pourquoi Elizaveta lui aurait-elle menti ? Elle n’avait pas confiance en sa nièce mais quand même, son père avait dû demander une enquête et la blonde obéissait toujours à ce que lui disait Serguei. Donc elle ne s’amuserait sans doute pas à promener sa fille dans tout New York pour rien et encore moins à la mettre en danger. Karina exposa donc la situation à la jeune femme, assez maladroitement. Elle aurait surement mieux fait de s’entrainer avant avec Elizaveta. « En même temps, c'est loin d'être un scoop ça hein. Félicitation. » Elle se mordit la lèvre. Le ton cassant de son interlocutrice était cassant et elle avait juste envie de s’excuser de l’avoir dérangé et dire à Elizaveta que cette fille et son père n’avaient rien avoir là-dedans. Mais il fallait quand même qu’elle s’en assure avant de partir, elle avait besoin de savoir. Elle ne répondit rien et continua à dire ce qu’elle avait à dire. Après coup, tout ça n’avait pas l’air très convaincant mais au moins elle avait parlé quoi, et sans bafouiller en plus. Elle était cela dit convaincue de toujours ressembler à une cruche. « Hmmm… Comment ça ? Et qu’est-ce qui vous fait croire ça ? » demanda la blonde après qu’elle lui ai confié penser que son père n’était sans doute pas étranger dans la mort de son frère. « Votre père n’est pas en prison pour rien, vous êtes d’accord ? Il se peut tout à fait qu’il ait commandité l’assassinat de mon frère. Pour se venger des personnes qui l’ont envoyé en prison. » Elle se racla la gorge. « Enfin, ce n’est qu’une supposition. » Elle laissa ensuite quelques instants à la jeune femme pour digérer tout ça. « J’ai bien peur de ne pouvoir vous êtes d’aucune aide en tout cas. » « Peut-être, peut-être pas. Je fais simplement ce qu’on me demande à savoir enquêter sur la mort de mon frère. J’explore toutes les pistes possibles. » Elle marqua une pause et se mit à réfléchir quelques secondes. « Je vous avoue cela dit que plus ça va moins je suis convaincue tout ceci mènera à quelque chose. Mais bon, je fais juste mon travail alors désolée si tout ceci vous incommode mais ça ne me fait pas plus plaisir qu’à vous. »

Artémis avait accepté d’écouter la brune. Elle ne savait pas pourquoi vraiment mais quelque chose lui avait juste dit qu’elle n’aurait pas la paix tant que l’autre n’aurait pas dit ce qu’elle avait à dire alors tant pis, elle pouvait juste faire semblant de l’écouter et se débarrasser d’elle comme ça. D’autant plus que si elle avait accepté, c’était à ses conditions à elle, il était hors de question qu’elle se laisse entraîner à l’écart par n’importe quel inconnu venu, peu importe qui elle était. Néanmoins, la jeune femme, Karina, interpella aussitôt Artémis lorsqu’elle commença à lui parler de son père. Elle la mit également encore plus de mauvaise humeur parce que ce n’était vraiment pas un sujet que la blonde avait envie d’aborder, avec personne en fait. Même ses amis avaient la sagesse d’éviter ce sujet. Enfin, ce n’était clairement pas le cas de la brune qui n’était ni plus ni moins en train de mettre sur le dos de son père le meurtre de son frère. Artémis lui demanda alors ce qui pouvait lui faire croire ça. « Votre père n’est pas en prison pour rien, vous êtes d’accord ? Il se peut tout à fait qu’il ait commandité l’assassinat de mon frère. Pour se venger des personnes qui l’ont envoyé en prison. Enfin, ce n’est qu’une supposition. » Artémis refusait juste de croire que son père ait put tomber aussi bas. Enfin, elle ne voyait pas bien ce que ça pouvait bien changer pour elle de toute manière, elle refusait de lui parler ou d’avoir affaire à lui déjà maintenant. Mais elle ne voulait pas avoir une image de lui pire encore que celle qu’elle n’avait déjà. Oui, c’était ça. « Je pense que vous devriez aller trouver d’autres suppositions. » N’importe laquelle du moment que ça l’amenait loin, très loin d’ici. Oui voilà. Artémis déclara ensuite ne pouvoir lui être d’aucune aide. Déjà, parce qu’elle ne connaissait rien des affaires de son père, elle en était toujours restée très loin et estimait vraiment avoir bien fait. Et puis, même si elle avait su quoique ce soit, elle savait d’avance qu’elle n’aurait pas voulu aider l’autre. Elle l’avait vu assez ce soir pour décider qu’elle ne l’aimait pas beaucoup. Elle était fatigante, agaçante et très pénible. « Peut-être, peut-être pas. Je fais simplement ce qu’on me demande à savoir enquêter sur la mort de mon frère. J’explore toutes les pistes possibles. Je vous avoue cela dit que plus ça va moins je suis convaincue tout ceci mènera à quelque chose. Mais bon, je fais juste mon travail alors désolée si tout ceci vous incommode mais ça ne me fait pas plus plaisir qu’à vous. » « Alors partez si ça ne vous plaît pas. » répondit Artémis en lâchant un soupir agacé. « De toute manière, j’ai dis tout ce que j’avais à vous dire. » A vrai dire, elle n’avait strictement rien dit mais soit. C’était de la faute de l’autre, elle avait été prête à l’écouter et même pourquoi pas à répondre à ses questions s’il l’avait fallut mais Karina avait manqué sa chance en préférant faire de longs monologues plutôt que de poser ses questions. Tant pis pour elle. « La sortie c’est par là. » indiqua alors Artémis en montrant une direction.