La porte d'entrée claque et je sursaute légèrement. Je tourne la tête vers mon réveil et lis quatre heures vingt. Je ronchonne légèrement et tente de me rendormir. Mes sœurs aiment bien sortir et faire la fête, tant mieux pour elle, mais je préfèrerais qu'elles ne fassent pas tout ce bruit en rentrant. Vicky, Clara et moi n'avions vraiment pas le même mode de vie. J'étais une vraie mamie, me couchant aux alentours de vingt deux heures pour pouvoir être debout tôt et trouver un job étudiant, ainsi que pour réviser mes partiels. J'étais la sage des trois. Clara était plus jeune mais elle aimait faire la fête, sortir avec ses amies et connaître les joies de la vies. Victoria, quant à elle, jouait à un drôle de jeu. Il lui arrivait souvent de rentrer complètement hors service, prête à s'affaler sur le tapis et à ne plus bouger jusqu'à ce que je la pousse le matin. Je savais bien qu'elle traversait quelques durs moments mais son comportement me fatiguait. J'avais besoin de ma jumelle avec moi mais pas de cette façon. Je soupire légèrement et enfonce ma tête dans l'oreiller jusqu'à ce qu'un nouveau bruit me fasse sursauter. Soupirant, j'attrape mon portable et envoie un message à Elijah pour lui donner un topo sur la situation. Je me doute qu'à l'heure là il dort depuis longtemps mais sait-on jamais. Alors que j'entends grogner quelqu'un dans le salon, je décide de me lever, enfilant mon peignoir et mes chaussons. Lorsque j'allume la lumière du salon, je coince Vicky – totalement défoncée – entrain d'essayer de faire tenir droit un coffret DVD. Je soupire et l'interpelle. « T'as du réveiller tout l'immeuble avec tes conneries Vick' » Mon ton est lasse et je bâille à moitié en lui parlant. Nous sommes différentes, des opposés pour tout dire. Elle aime sortir et boire et moi j'aime le chocolat chaud et dormir. Nos vies sont diamétralement opposées et pourtant, nous nous aimons inconditionnellement. Deux sœurs meurtries par leurs parents, trois avec Clara, quatre avec Chloé, cinq avec Valentin. La famille, ce n'est pas notre fort. Nous sommes une fratrie unie mais à part ça, rien. Je lui fais signe de se loger sur le canapé pendant que je remets le coffret DVD en place. Je reste quelques secondes interdites en ne voyant pas Clara sortir de sa chambre. C'est la première à être aux aguets quand un petit règlement de compte se prépare entre Vicky et moi. Je fronce les sourcils et pousse sa porte. Le lit n'est pas défait. « Elle a deux sœurs pour modèles et elle suit ton exemple » Je souffle légèrement et tente de ne pas montrer que cela m'atteint plus que ça ne devrait. J'aurai préféré que Clara suive mes pas, qu'elle soit calme et posée mais, au lieu de ça, elle sort et boit. Je ne me fais pas d'illusion. Je suis toujours vierge mais sûrement pas elle. Me tournant vers ma jumelle, je vois un léger filet de sang glisser le long de sa main, vraiment tout petit. Je la regarde et la questionne « Qu'est-ce que t'as foutu ? » Aucune réponse. J'attrape un mouchoir et me dirige vers elle. Compressant la plaie, je me penche vers elle et mon visage se tord en une grimace. Beurk elle pue en plus de ça ! « T'as été traîner où Vicky ? Tu pues l'alcool et la drogue c'est hallucinant ! » Je n'étais pas sa mère mais j'agissais comme telle. À croire que l'enfer que nous avait fait vivre nos parents nous avaient détruites plus que je l'avais pensé. Je ne supportais plus de la voir dans cet état mais je ne pouvais pas la forcer à arrêter. L'envoyer en cure de désintoxication n'était pas la solution et je le savais bien. Je l'aide à ôter sa veste avant de la lancer à l'autre bout de l'appartement. Au moins, comme ça, elle puera moins toutes ces substances illégales qu'elle a sur elle. Je m'efforce quand même de respirer avec la bouche pour ne pas sentir l'odeur infecte qui émane d'elle. « Pourquoi tu te mets dans cet état Vick ? Tu m'as promis que tu arrêterais.. » lançais-je, sur un ton mou et triste. J'ai besoin de ma sœur, d'une sœur avec un plein état de conscience et non pas une anglaise qui n'est que l'ombre d'elle même...

CONSTANCE & VICKY

Vicky était allée en soirée. Elle adorait cela, elle ne pouvait plus s'en passer. La drogue et l'alcool, voilà ses deux raisons de vivre, plus Constance et Clara. Malheureusement, la petite dernière de la fratrie avait prit la fâcheuse habitude de suivre sa grande soeur lors de ses sorties, même si Vicky s'y opposait, elle ne voulait pas que Clara devienne comme elle, une espèce de zombie toxico. Mais aujourd'hui, la petite soeur était venue avec elle, en la suivant. Dès que l'anglaise s'en était rendue compte, elle l'avait recalée mais trêve de mots, la fangine s'en fichait. Vicky avait donc fait un pacte que Clara devait la suivre et ne rien faire de bizarre. Et la soirée c'était déroulée, Vicky s'était droguée et Clara un peu, en moins grosses doses et elles décidèrent de rentrer. Elle avait prit l'habitude de ce rythme de vie et elle savait qu'elle allait se faire engueuler par Constance, mais elle avait beaucoup de raisons. De un, elle n'y était pour rien si Clara la suivait, de deux, elle avait du mal à stopper la drogue. Après tout, il ne fallait pas lui en demander trop à la fois et son cerveau pour le moment était totalement dans les vapes, elle souriait bêtement et pourtant elle gardait la main accrochée à celle de Clara, elle ne voulait pas qu'il lui arrive quelque chose. Le bus était son moyen de retour à la maison, elle préférait être sure de ne pas casser la voiture. Déjà dans le bus, malgré sa drogue dans le sang elle avait peur de la réaction de sa soeur jumelle, elle s'en voulait de faire cela. Clara s'était endormie et Vicly fît de son mieux pour la porter sur son dos. La jeune fille toussa mais rentra saine et sauve.

A peine rentrée, Vicky laissa lourdement tomber sa jeune soeur sur le plancher, cette collision ne la réveilla pas pour le moins. Elle tenta de la traîner un peu pour la mettre sur son lit mais en revenant de ce lourd effort physique, elle fît tomber une pile de CD's. Totalement inconsciente, elle tenta de le remettre mais voyait double et se sentait assez mal. La lumière que venait d'allumer Constance fît mal aux yeux de Vicky, elle grogna. « T'as du réveiller tout l'immeuble avec tes conneries Vick' » La shootée hocha la tête. Sa soeur jumelle lui fit ensuite un signe de s'installer dans le canapé et elle se charge de la pile de DC's. Elle suivit du regard sa soeur aller vérifier si Clara dormait. Tout compte fait, elle avait peut-être mal visé la chambre ou le lit en la remettant... « Elle a deux sœurs pour modèles et elle suit ton exemple. » « Je l'ai bien surveillée t'inquiètes pas, elle s'est endormie même. » Assura Vicky. Puis Constance remarqua un petit filet de sang, elle ne savait même pas où elle m'avait fait celui-là... « Qu'est-ce que t'as foutu ? » Questionna Constance en pressant un mouchoir contre sa blessure. Un haussement des épaules venant de Vick. « T'as été traîner où Vicky ? Tu pues l'alcool et la drogue c'est hallucinant ! » La brune rigola bêtement, sous l'effet des cachets et tenta de s'exprimer d'une voix plus grave que la normale. « En soirée... C'est normal que je pue, d'habitude je me lave. » Un nouveau ricanement bête. Sa soeur l'aida à retirer sa veste et elle se sentit mieux, elle avait moins chaud. « Pourquoi tu te mets dans cet état Vick ? Tu m'as promis que tu arrêterais.. » Les traits de Vicky se décomposèrent, voilà la question fatidique. Elle baissa la tête et les yeux. Elle renifla et laissa couler les larmes qui lui brûlaient les yeux. Ses réactions étaient incontrôlables et elle tenta de s'exprimer en ignorant ses sanglots. « J'essaye. J'aimerais tellement arrêter. Mais... C'est comme si je te prive de chocolat alors que tu en mangeais tellement que tu n'arrivais plus à t'arrêter. Je te jure que j'essaye mais je veux pas aller en désintoxication. Je... J'ai réussi à me réguler depuis que vous êtes là mais... » Ses larmes coulèrent de plus belle. « Pardonne moi Constance... Donne moi un peu de temps. » La supplia-t-elle en relevant le tête, cherchant le regard de sa soeur.

« Je l'ai bien surveillée t'inquiètes pas, elle s'est endormie même. » Je n'arrivais plus à supporter l'état dans lequel la jeune femme se trouvait. Victoria était ma sœur, ma jumelle, et son état m'inquiétait. J'étais d'autant plus inquiète que Clara suivait son chemin, chose que je ne pourrais pas accepter. Que la cadette de la famille veuille sortir, je peux le comprendre, mais avec Vicky, j'ai bien plus de mal à le concevoir. Ma jumelle représente tout pour moi même si son comportement me fait plus peur qu'autre chose. J'ai tellement peur qu'il lui arrive quelque chose de grave, de très grave ou qu'elle embarque Clara dans un plan foireux. Ces deux brunes étaient mes points de repères et je n'étais pas sûre de pouvoir vivre sans elle. C'était plus fort que moi, j'étais surprotectrice. Le Ying et le Yang avec Vicky mais c'était ce qui resserrait nos liens. Nous ne faisions qu'un quand il le fallait. Mais là, j'avais plus le rôle d'une mère pour elle, chose que je ne pourrais pas supporter bien longtemps. Il fallait aussi que je m’épanouisse, chose plus ou moins impensable pour le moment. J'étais toujours traumatisée par ce que j'avais vécu en Angleterre, il me fallait encore du temps pour me reconstruire. La chanson et la scène, ce n'était plus pour moi. J'avais envie d'une vie dans l'ombre, derrière des lunettes, dans un laboratoire de recherche. J'étais cérébrale et jouer de mon physique, trop peu pour moi. « En soirée... C'est normal que je pue, d'habitude je me lave. » Je glisse mes yeux sur elle avant de les lever vers le ciel. Non mais elle est pas possible celle là ! Elle est dans une position limite dégradante où elle est en tord et elle cherche à me faire rire. Manque de bol, ça ne marche pas avec moi. Je ne supporte pas son ton et encore moins son rire bête que je tente de faire cesser d'un regard noir. Elle me connaît assez bien pour savoir que c'est le genre de réplique qui me met hors de moi et pourtant, son état alcoolisé la fait dire ce genre de connerie. C'est plus fort que moi, je suis obligée de dire quelque chose et de la réprimander pour ses actes. Je ne peux pas l'envoyer au lit et lui dire que nous discuterons demain parce que demain, ma colère sera redescendue et, une fois encore, je lui pardonnerais tout en un claquement de doigts. Alors que je la vois baisser les yeux et pleurer, je souffla légèrement. Elle ne le fais pas exprès mais tout son corps réagis de façon à me faire culpabiliser et à passer pour la méchante alors que c'est elle qui détruit sa vie et la notre au passage. Qu'est-ce qui allait se passer si elle finissait dans un caniveau, à moitié morte ? J'avais toujours très peur de ne jamais la voir revenir mais ça, elle ne le comprenais pas. Sa comparaison au chocolat me laissa hors de moi. Comparer du chocolat avec de la drogue c'est comme comparé la foi de quelqu'un avec quelqu'un qui ne croit en rien. « Ca n'a rien de comparable Vick' » C'était plus fort que moi. Je ne pouvais pas la laisser comparer l'incomparable. Il fallait qu'elle se mette dans le crâne que je préférais amplement qu'elle mange trois tablettes de chocolat blanc par jour plutôt qu'elle se défonce la cervelle plusieurs fois par semaine. Mieux vaut quelques il de trop qu'un cerveau égale à celui d'un bambin de six mois. Je ne voulais pas retrouver ma sœur dans un état végétatif... Avec tout ce qu'ils foutent dans la drogue, il pouvait lui arriver n'importe quoi... Je préfère chasser ces pensées ''médicales'' de ma tête et écoute l'une de ses dernières phrases, étouffée par un sanglot. Je me penche pour attraper des mouchoirs et lui tend. J'attends quelques secondes et la prend dans mes bras, glissant mes doigts dans ses cheveux bruns. « Je t'en laisse du temps Vick. Je ne fais que ça. Si ça ne tenait qu'à moi, je t'enverrais en centre de désintoxication dès demain mais je ne peux pas le faire. J'arriverais pas ici sans toi et Clara aussi a besoin de toi. Je sais pas ce qui te détruit de la sorte mais pitié Vick, essaye plus fort ! » Mon ton était légèrement monté. Je tentais de me calmer avant de soupirer et de dire « Je veux que tu restes à la maison toute la semaine. Je ne veux plus que tu sortes de la maison de la journée. On a un balcon de rêve alors si tu veux bronzer là haut, tu le peux. Mais je ne veux pas que tu sortes est-ce que c'est clair ? Personne à la maison à part Chloé, Vava ou Clara et moi. Il faut que tu te donnes les moyens de sortir de cette merde et ce n'est pas en divaguant dans les rues de Manhattan que tu vas y arriver. On va traverser ça à deux mais ça sera à mes conditions. Capiche ? » Je continuais de glisser mes doigts dans ses cheveux emmêlés. « Demain, tu me files toute la drogue que t'as à la maison et je balance tout, que tu le veuilles ou non. Plus jamais je veux te voir près d'un sachet de poudre ou d'herbe, plus jamais » Je lève les yeux alors que j'entends des pas et une porte s'ouvrir. Sortant de la chambre de Victoria, je vois Clara, totalement stone. Je soupire et dis, à voix élevée et sèche. « Et toi va dans ton lit avant que je t'en colle une ! Ce que je viens de dire à Vick vaut aussi pour toit. Soit vous arrêtez de déconner soit j'me casse vivre chez Elijah, c'est clair ? » Enfin, les laisser seules serait sûrement pire... Surtout que je me devais de veiller sur elle, surtout sur Clara qui n'était même pas majeure !

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