Lynn & Caine ❝ It's ours. ❞

« Toutes mes condoléances, Madame McDouglas. » « C’est ça… » murmura Lynn dans la barbe qu’elle n’avait évidemment pas. Il n’était aucun mot qui puisse décrire l’enfer que la piquante brunette était en train de vivre. Face à cette mise en terre, la canadienne détournait les yeux, refusant d’y croire. Il avait fallut par trois fois qu’elle se pince afin de s’apercevoir que son cauchemar commençait. Caine l’avait remplacée sur cette foutue mission en Russie, malgré tous les arguments qu’elle avait pu lui opposer, et il n’était pas revenu. Balle en pleine tête, châtiment silencieux et inébranlable. Mais Lynn avait refusé de porter du noir en cette journée en particulier. Elle s’était vêtue entièrement en blanc, comme pour signifier qu’elle ne voulait pas que Caine soit mystifié et forcément, on l’avait regardée comme une espèce de folle furieuse échappée de l’asile le matin même. Sous les jugements tombant tels des couperets de guillotine, la brunette avançait droite, forte, impassible. Mais l’intégralité de son âme restait brisée, vide, inutile. Sans l’écossais, comment diable était-elle censée continuer à vivre ? Même sa dose quotidienne d’adrénaline allait lui sentir bien fade en comparaison de leurs engueulades, de leurs déclarations enflammées, du simple sourire qu’il lui lançait à chaque fois qu’il se désespérait de son vocabulaire… ou de l’œillade attendrie qu’il lui offrait chaque matin à leur réveil en commun, bien que les règles de la CIA les aient longtemps empêchés de s’aimer et risquaient de leur mettre de nouveaux bâtons dans les roues à chaque nouvelle journée. Mais Lynn restait en blanc. La pureté n’avait jamais été son fort, et son tempérament impossible avait eu raison de son innocence passée à de nombreuses reprises… mais ce n’était pas sa pureté qu’elle défendait aujourd’hui, plutôt celle d’une étoile s’échappant vers des cieux plus cléments, moins sombres, plus merveilleux. Oh bien sûr, nombreux furent les connaissances et autres membres de la famille de Caine à attendre un discours de la part de sa femme, qui était ni plus ni moins en train de se jurer de veiller sur Connor comme s’il avait toujours été son fils… Lynn aurait aimé ne pas avoir à déballer le fond de sa pensée devant tant de personnes, et pourtant, à l’église, ce fut elle qui prit la parole. De toute évidence, les parents de l’écossais auraient été bien incapables de prononcer le moindre mot entre leurs sanglots déchirants…

« Certains d’entre vous se demandent probablement pourquoi je ne pleure pas. Pourquoi je refuse de laisser cette tristesse m’arracher tout ce qui reste de lumineux en moi et pourquoi, alors que je suis la veuve du jour… j’ai refusé de mettre une tenue noire. Caine aurait la réponse à cette question. Il saurait vous dire à quel point j’ai toujours détesté ce qui est approprié, le conventionnel. Il dirait que sa folle de femme a encore frappé ! Et il aurait raison. Mais je crois pourtant qu’il se désespèrerait en constatant que je n’ai pas encore prononcé une seule fois le mot commençant par un p et finissant par « utain ». Sauf que cette fois ce n’est pas de moi que je veux parler. Je ne veux pas que l’on se souvienne d’un discours ordurier ou inapproprié mais plutôt de la lumière qu’il mettait dans la vie de tous ceux qu’il côtoyait… il s’est toujours révolté lorsque je le considérais comme parfait, mais c’est pourtant ce qu’il était pour moi. D’aucun le connaissaient raisonnable, d’autres d’un romantisme à couper le souffle, mais s’il fallait que je dise ce qu’il représentait pour moi, j’ai peur que les mots me manquent. Caine était mon tour. Les fondations de mon existence passée, présente et future. Il n’existait pas une seconde que je ne voulais pas partager avec lui et je souhaitais qu’il connaisse tout de moi. J’ai perdu de nombreuses choses dans ma vie, mais c’est véritablement aujourd’hui que je me sens en deuil. Je suis dépossédée de la meilleure partie de mon être, comme s’il avait emporté mon cœur en même temps que l’on m’a arraché mon mari. Je crois que c’est tout ce que vous avez besoin de savoir… car le reste ne regarde que lui et moi. » Lynn avait brusquement quitté l’église, attendant patiemment dehors que l’on ne vienne la rejoindre afin de suivre le corbillard jusqu’au cimetière. Son père la soutenait, de même que les parents de Caine, mais une fois les roses déposées contre le cercueil et la mise en terre terminée, la foule s’estompa, comme si elle n’avait jamais existée. La belle canadienne refusa de quitter les lieux, car rentrer jusqu’à son appartement signifierait qu’elle acceptait cette situation impossible… mais comment accepter une chose pareille. Comme poursuivre son existence alors que la plus belle partie s’était irrémédiablement brisée ? « Tu m’auras rendu presque poli espèce de petit con va ! Mais tu n’aurais pas voulu que je leur dévoile que je t’aimais plus que mes précieuses fraises… merde Caine, comment je vais me démerder sans toi espèce de sale égoïste !? Tu es parti sur un chemin où je ne peux pas te suivre. Ca me déglingue… tu étais censé t’en tenir au plan !! Tu étais censé devenir papa dans huit mois bordel de merde Caine !! T’as chié grave dans la colle !! » Lynn tomba à genoux, et pour ne rien arranger dans le cliché de toute cette scène, la pluie se mit à tomber à grandes eaux. Il fallut que Connor vienne la déloger de là, l’entourant de ses petits bras d’enfant comme s’il pouvait se montrer capable de devenir un homme et de prendre toute la peine de la jeune femme afin de l’en apaiser. Ce fut ce geste qui fournit à Lynn l’électrochoc nécessaire pour ne pas perdre de vue que deux petits bouts comptaient déjà sur elle, sur son soutien, sur sa force, et que bientôt un troisième aurait besoin de tout son amour. A parti de cet instant précis, la piquante brunette se fit une promesse inaltérable : celle de ne jamais lâcher prise. Que la vie devienne plus encore une bitch avec elle ne devait pas rentrer en ligne de compte car en dépit de tout… on avait besoin d’elle.

Sept mois. Sept mois d’enfer et d’infinie solitude. Sept mois de missions à répétition, de coups de fil à deux heures du matin, de nounous s’enchaînant jusqu’à ce que Marny et son père ne reprennent les choses en main pour l’aider avec les deux garçons… mais plus tout, l’impression que sa mère faisait exprès de l’épuiser par pure vengeance, pour qu’elle ne perde sa petite fille après avoir perdu l’amour de sa vie. Cette énième mission en pleine cambrousse américaine, bien au-delà de la banlieue new yorkaise, fut le pompon. Lynn avait dû s’enfuir par une forêt extrêmement danse et sombre, sans moyen de communication, sans espoir de passer le moindre coup de fil ou d’obtenir le plus petit renfort de la part de la CIA. Épuisée, blessée à la tête bien que sa blessure ne soit aucunement grave, Lynn avait la tête à moitié en sang et les vêtements dans un sale état lorsqu’elle parvint enfin à une route… déserte. Continuer risquait de lui demander un effort qu’elle n’avait pas, sans compter qu’elle sentait des contractions se rapprocher de plus en plus. « Tu ne peux pas me donner des coups pendant que j’essaye de nous sortir de la mouise… » murmura-t-elle en grimaçant, les deux mains contre son ventre. Par on ne sait quel miracle, elle entendit soudainement un bruit de camion résonner au loin lui donnant l’espoir fou de ne pas avoir encore des heures de marche à pied –aussi dangereuses que suicidaires. Elle agita les bras avec vigueur, n’ayant même pas pris conscience de sa blessure superficielle à la tête ou même de son énorme ventre dans lequel sa petite donnait des coups sans discontinuer, tout en remerciant on ne sait quel Dieu que le routier ait freiné pour quitter son camion. Mais à partir de là… le choc. « Que… Caine… Caine ?! CAINE ?! » incrédule, à bout de souffle, Lynn se cambra soudainement sous le coup d’une contraction plus violente encore que les précédentes. Inutile de dire que bien qu’elle ait un entraînement visant à résister à n’importe quelle torture… elle poussa un puissant cri.

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Dans ses rêves les plus fous, Caine n’était pas mort, il ne réapparaissait pas comme au beau milieu d’un cauchemar ambulant et, par conséquent, il ne l’appelait pas madame. « Madame ?! Bordel de merde Caine, on appelle pas sa femme Madame t’as fumé un arbre ma parole ! » La douleur rendait à la fois Lynn extrêmement grossière, comme à son habitude, et d’un calme aussi olympien qu’elle le pouvait. Après tout, leur petite ne pouvait pas naître aujourd’hui alors qu’ils vivaient un chaos des plus total et… qu’elle n’en n’était qu’à huit mois de grossesse ! La chose était proprement inconcevable pour la jolie canadienne mais bien qu’elle soit en train de lutter de toutes ses forces pour respirer profondément et rester calme, ses contractions n’avaient de cesse de se rapprocher et de s’intensifier immanquablement. « Hope je t’en prie, je t’en supplie, je me roule à tes petits petons mignons tu ne peux pas arriver aujourd’hui ! Je sais qu’on a passé des journées moins connes mais… AAAH ! » Machinalement, Lynn avait attrapé la main de Caine pour la serrer aussi fort qu’elle le pouvait tandis qu’elle sentait les larmes monter. La jeune femme ne comprenait plus rien, son esprit était plus embrouillé qu’il ne l’avait jamais été au cours de son existence toute entière : durant sept mois, le bel écossais n’avait pas été six pieds sous terre mais à l’attendre, patiemment. Ses réflexes d’agent de la CIA firent qu’elle ne réagissait pas comme le commun des mortels : elle chercha aussitôt des blessures visibles, des détails pouvant la mettre sur la voie d’une explication plausible. Ce qui lui mit le plus la puce à l’oreille… ce fut bien évidemment cette cicatrice qu’il portait sur le front. « Tu te souviens de mon prénom… bordel arrête de me vouvoyer de suite sinon j’te jure que je te botte le cul ! »

Lynn n’avait pas la possibilité de réfléchir avec discernement mais la potentielle idée qu’il soit amnésique l’avait automatiquement frappée. Techniquement parlant, elle aurait dû pleurer à la fois de joie et de désespoir, mais le moment n’était hélas pas aux grandes retrouvailles dans le sens où un important liquide se déversa de son entrejambe. Une chance qu’elle porte un pantalon noir, ressemblant davantage à une combinaison moulant plus encore ses rondeurs de grossesse que d’habitude, d’ailleurs… « Je n’ai pas eu d’accident bref c’est compliqué mais ce qu’il faut savoir c’est que mes contractions sont espacées de deux minutes et que je viens de perdre les eaux sur tes chaussures. » Une sorte de calme effrayant s’était soudainement emparé de la canadienne, la poussant à respirer plus profondément encore alors qu’elle détachait sa montre de son poignet gauche pour calculer la distance entre chaque contraction. Cela ne l’empêchait pas de pousser quelques hurlements de douleur, bien sûr, surtout qu’elle allait accoucher sans péridurale ni aide contre sa souffrance, mais en agent expérimenté des pires merdes de la création, elle se disait qu’il lui faudrait gérer le chaos la tête haute ! « L’hôpital le plus proche est trop loin et cela va comporter plus de risques alors dis-moi que je peux m’allonger à l’extérieur de ton camion, que tu as quelques serviettes propres et la possibilité de chauffer de l’eau… »

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Lynn n’était pas dans la merde. A croire que le destin avait décidé de la prendre pour cible et n’hésitait pas une seconde à lui flanquer toutes les pires emmerdes juste pour voir si elle saurait gérer. Ce n’était pas faute d’avoir déjà eu sa dose pendant sept mois, entre ses deux garçons à s’occuper, une petite princesse en route et sa mère qui ne la lâchait pas d’une semelle. Pour ne rien arranger, si elle avait retrouvé Caine, celui-ci n’avait strictement aucun souvenir manifeste et il allait être extrêmement délicat d’accoucher face à quelqu’un qui pouvait très bien avoir perdu tous ses réflexes d’agent. Mais par une chance incroyable, Lynn avait fait des études de médecine. Elle connaissait le processus, les réflexes à avoir, il y avait donc une petite chance qu’elle n’ait pas à souffrir de la perte de son bébé pour couronner le tout. Elle se laissa donc porter jusqu’à l’habitacle du camion, où il la déposa avec l’extrême douceur dont il faisait déjà preuve par le passé, se heurtant à la réalité de l’existence de son mari : il n’avait effectivement aucun souvenir. « J’le crois pas, à croire que ce soit la loi de l’emmerdement maximum bordel ! » maugréa-t-elle à cause d’une nouvelle contraction particulièrement virulente qui lui arracha un vaste cri de douleur en fin de phrase. « Il faudrait déjà que tu m’aides à retirer mon pantalon. Et pour te faire un dessin, oui, je vais accoucher dans le genre tout de suite maintenant magne-toi le train ! » Son calme et sa colère oscillaient sans l’ombre d’une difficulté, poussant Lynn dans ses derniers retranchements car si elle s’évanouissait maintenant, la situation pourrait devenir grave. « Oh c’est pas vrai, dites-moi que je cauchemarde ! Je m’appelle Lynn et nous sommes mariés, Caine. C’est toi le père du bébé et je te croyais mort… d’après les informations que j’ai eues tu as reçu une balle mortelle en pleine tête et je te pensais… je pensais t’avoir perdu jusqu’à ce que tu déboules il y a quelques minutes. Mais sans vouloir t’offenser… on va remettre le quizz à plus tard hein ! »

La douleur augmentait de minute en minute au rythme des contractions, poussant Lynn à perdre à moitié son calme tant le stress d’avoir retrouvé Caine n’avait strictement rien arrangé à la chose. « Tu vas placer une de tes mains au dessus de mon ventre pour sentir les contractions arriver. Quand ce sera le cas, il faudra que je pousse, d’accord ? Il va falloir que tu évites de t’évanouir car je ne pourrais pas me démerder toute seule ! Il faudrait aussi que tu aies de quoi couper le cordon pour éviter tout risque d’infection. Tu as un ciseau et un peu d’alcool pour désinfecter ? Pitié t’es écossais t’as forcément une bouteille de scotch bordel ! »

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Perdu. Caine avait l’air totalement perdu et il fallut à Lynn tout son courage pour ne surtout pas lâcher prise et hurler à s’en décrocher ses propres tympans. Une chance que ses réflexes d’ancien agent se soient dépêchés de revenir au galop sans quoi elle n’aurait pas forcément été à la noce et Caine non plus. Pour ainsi dire, il se mit à gérer comme un chef, lui indiquant exactement quand elle devait pousser, ne laissant pas sentir son stress à moins que l’on ne se concentre sur les rarissimes gouttes de sueur perlant de temps à autre contre son front. Autant dire que son professionnalisme aida grandement Lynn, comme s’il tenait sa promesse de ne jamais la laisser dans la panade, et surtout pas ici, au beau milieu de nulle part, alors qu’elle s’apprêtait à mettre au monde leur petite fille avec un mois d’avance… autant dire que la jolie canadienne ne donnait pas cher de la peau de sa mère une fois que son père aurait appris que la brunette se trouvait en mission en étant enceinte jusqu’aux yeux. Mais pour l’instant, entre deux poussées, elle se concentrait sur sa respiration, évitant de jurer bien qu’elle en ait fortement envie, se contentant de pousser de petits cris pour exprimer sa douleur, sa peine, la difficulté qu’elle ressentait à subir l’un des moments les plus éprouvants… et les plus heureux de sa vie. « Elle… elle est normale ? » osa-t-elle demander alors que Caine coupait le cordon avant de la lui remettre dans les bras. C’était… une pure merveille. Encore plus belle que dans ses songes, parfaitement normale, bien qu’elle soit née un mois avant terme. « Ce sont des gens… fiables ? » s’enquit-elle aussitôt alors qu’elle tenait sa merveille dans ses bras, incapable de la lâcher d’une seule semelle. « Je te tiens pas à avoir à botter le derche de qui que ce soit qui veuille toucher à ma fille » maugréa-t-elle, au bord de l’épuisement après ce moment disons… aussi sanglant qu’éprouvant. « Hope… » murmura-t-elle avec émotion alors qu’elle la berçait doucement, rassurée d’avoir entendu son premier cri.

« Va pour être examinée par la sage-femme… elle est née un mois avant terme faut que j’arrête ma connerie de parano » reprit-elle tandis qu’elle peinait à reprendre tout bonnement son souffle. « Je n’avais pas vu que tu avais continué le dessin tout à l’heure… mais tu n’as dessiné que moi, regarde, tu t’es même souvenu de ma tache de naissance à l’épaule. » Lynn non plus ne savait pas quoi faire à part veiller comme une louve sur sa merveille et pourtant, elle se releva doucement pour lui montrer ladite tache de naissance qu’il dessinait toujours au même endroit… était-ce un signe ?

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« Connor est le prénom de ton fils et Adam, celui de mon père… » eut-elle simplement l’occasion de dire à Caine avant qu’il ne redémarre et d’avoir surtout à cœur de veiller sur ce magnifique petit ange dormant dans ses bras protecteurs. La grande question qui se posait, désormais, tournait autour de son retour à New York. Lynn n’avait strictement aucun moyen de transport ni même de communication, et quelque chose lui disait qu’aucun des trois protagonistes de cette maison n’allait la laisser partir sans qu’elle se soit reposée et qu’elle ait une tête plus humaine. Moly n’eut de cesse de le lui répéter après avoir soigné sa plaie à la tête et examiné longuement sa merveille. A de nombreuses reprises, elle lui posa diverses questions sur Caine, auxquelles Lynn répondit de façon particulièrement évasive, ayant surtout le bien-être de sa fille en tête pour le moment. A vrai dire, la jolie canadienne n’avait aucune idée vis-à-vis de la façon dont elle allait gérer la situation. D’après ce qu’elle avait compris, il s’était fait un petit quotidien ici, et tant qu’il n’aurait pas retrouvé la mémoire, il n’y avait aucune espèce d’espoir de le voir revenir chez eux… d’autant que cela risquait de fortement perturber et Connor, et Tommy, qui avaient fini par reprendre un rythme plus normal après des mois de cauchemar. « Je vous dit que je vais bien alors maintenant soit vous imprimez, soit j’vais le sortir de façon moins sympa ! » maugréa Lynn au bout de la centième question posée par Moly. Elle s’en voulut aussitôt de l’envoyer bouler alors qu’elle avait à cœur de veiller sur cette jeune maman et sa petite fille, mais la piquante brunette avait vécu des heures éprouvantes et souhaitait surtout qu’on lui fiche la paix. Moly s’éclipsa donc de la chambre, lui intimant de se reposer et qu’elle pourrait ensuite passer toute les communications qu’elle voudrait. Autant dire que cela poussa Lynn à se relever du lit illico presto, tandis qu’elle peinait à rester debout, et à débouler dans le salon sous les regards sûrement ahuris des deux hommes. « Vous déconnez là ? Vous pensez sincèrement que je vais rester clouée au lit en mode enfant bien sage alors que mon père doit probablement être en mode mort d’inquiétude ?! S’il a pas brûlé toute la moquette de mon salon par son impatience ce sera un putain de miracle ! Regardez-moi bien miss : je respire, je parle sans aucun problème et j’emmerde la raison profond, vu ? Je vous remercie pour toute votre bienveillance mais j’ai maintenant trois enfants à charge et aussitôt que je vais arrêter de me la jouer mémé quand je marche, je rentre sur New York, alors montrez-moi votre téléphone et j’arrête de vous courir sur le haricot. Je tiens mes promesses dans le genre. » Sauf que Moly avait raison. La fin de sa mission ET son accouchement imprévu et avant terme avaient particulièrement raison de la volonté sans faille de Lynn… sans oublier le fait d’avoir revu son mari qu’elle avait cru mort. « Ca va, me jetez pas ses yeux là ! J’vais me reposer une heure et je reviens vous gonfler, faites-moi confiance ! »

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La retenue de Caine ne devrait pas surprendre Lynn mais cela ne lui faisait pas moins mal pour autant. L’injustice de cette situation la frappait plus sûrement qu’un coup de poing dans la gueule, tant et si bien qu’elle se retenait de secouer le jeune homme comme un prunier en se disant que cela changerait peut-être quelque chose. Mais par une chance incroyable, il avait manifestement entendu ses propos puisqu’il avait apporté un téléphone, lui offrant la possibilité d’appeler son père mais également, d’une certaine manière, d’organiser son départ prochain. Le cœur de la piquante brunette se déchirait d’autant qu’elle imaginait à quel point cette nouvelle séparation risquait d’être impossible à vivre… mais d’un autre côté, elle n’était plus seule à présent et rester ici indéfiniment sans forcément d’espoir que la situation n’évolue ne pouvait pas être envisageable ne serait-ce qu’une seconde, pas avec trois enfants à charge. Ce fut la raison pour laquelle, après s’être emparée d’une brioche et l’avoir dévorée en à peine dix secondes tellement la faim lui tenaillait l’estomac, elle prit également le téléphone en main pour appeler aussitôt son père : elle devait suffisamment être inquiet, ce n’était pas la peine d’en rajouter une couche. « Tu disais toi-même qu’un canadien est indestructible bordel ! Je vais bien, pas la peine de paniquer. Mais j’ai accouché un peu au beau milieu de ma mission et… longue histoire écoute, je préfère t’en parler dès que je rentre sur New York. Pas la peine d’envoyer une armada ! Je prendrais un taxi comme la grande fille que je suis. Continue à veiller sur Connor et Tommy tant que je ne suis pas rentrée, d’accord ? Et dis à Marny que si elle ne veut pas que je l’étripe, pas trop de muffins au chocolat, vu ? Moi aussi. Prends soin de toi. » Appel court mais Adam Maryweather n’était pas non plus extrêmement bavard au téléphone… surtout qu’il avait dû comprendre que quelque chose s’était passé en plus de son accouchement, il n’était pas né de la dernière pluie non plus.

« Notre fille va bien, elle dort dans le petit couffin à côté » précisa-t-elle tout en continuant de s’empiffrer sans aucune honte. « Désolée c’est vraiment pas glamour mais j’ai pas mangé depuis trois jours alors j’ai des excuses ! » maugréa-t-elle, particulièrement mal à l’aise. Cette simple distance qui se glissait de fait entre eux était insupportable. Lynn n’était pas en colère contre Caine, bien évidemment, mais plutôt contre le salopard l’ayant mis dans cette situation. Elle ne donnait pas cher de sa peau une fois qu’elle aurait mis la main dessus… « Je vais rester le temps d’aller mieux puis je vais radiner mon cul à New York, Caine. J’ai oublié d’être la dernière abrutie de la création : je suppose que tu ne veux pas rentrer avec moi et je ne peux pas laisser éternellement les garçons chez mon père. Ils sont déjà suffisamment perturbés… quant à moi, j’ai de nombreux comptes à régler aussi. » Finalement, la nourriture avait cela de bon : cacher un trouble quelconque sans aucun problème !

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Bien sûr, le discours de Caine était à des lieues de lui faire plaisir mais Lynn savait désormais à quoi s’en tenir. D’une certaine façon, elle avait également besoin qu’on lui mette les points sur les i… et ce bien que le comportement de l’écossais de son cœur soit une véritable déchirure pour elle, lui donnant vulgairement envie de le secouer pour qu’il comprenne à quel point il n’était pas et ne serait jamais un poids pour elle. Pourtant, la piquante brunette le laissa aller jusqu’au bout, ne perdant pas une miette de ce qu’il était en train de dire jusqu’à ce que, n’y tenant plus, elle repousse légèrement le plateau sur le lit pour prendre le visage de Caine entre ses mains, le forçant désormais à la regarder sans détour cette fois. Il n’y avait jamais eu de mensonges entre eux jusqu’à présent, ce n’était pas pour qu’il y en ait maintenant… « Tu vas ouvrir grand tes aises gourdes Caine McDouglas parce que sinon j’te jure qu’amnésique ou pas, j’te détruis illico presto le derche ! Ta présence ne me blesse pas… merde Caine, c’est un putain de miracle ! Il y a sept mois je beuglais contre ta tombe parce que je pensais que plus jamais je ne pourrais te toucher ou même te gueuler après en direct live… je t’en voulais si tu savais, parce que je ne voulais pas que tu partes à cette saloperie de mission mais tu ne m’as pas écoutée, comme toujours, tu vois ce que ça fait de ne pas écouter sa femme ? Le fait que j’étais enceinte à ce moment là n’aurait pas dû rentrer en ligne de compte, tu aurais dû rester avec moi. J’étais censée surveiller tes arrières et d’une certaine façon, c’est moi qui ai échoué. »

Lynn soupira avant de s’emparer des lèvres de Caine, en un appel qu’elle ne put contrôler et qui lui fit comprendre à quel point elle s’était sentie vide, inerte pendant ces sept mois. Sans doute allait-il la repousser du fait qu’il n’ait encore que de maigres flashs, ce fut pourquoi elle s’écarta avant lui pour mieux le serrer contre elle, en une étreinte dont ils semblaient avoir autant besoin l’un que l’autre. « Arrête de dire de la merde, tu es justement celui dont j’ai le plus besoin dans la seconde… » Surtout avec ce qu’elle avait fait. La jolie canadienne avait en quelque sorte commis un crime juste avant qu’il ne la découvre sur cette fameuse route, et sa blessure légère à la tête en était l’une des preuves… « Tu étais agent de la CIA avec moi, nous étions partenaires et je sais pour Sandro. Juste avant que tu ne m’aides à accoucher dans ton camion… enfin les enfants vont bien et je suis rassurée qu’ils soient chez mon père, mais c’est ce qui t’explique, si tu restes ici, que moi je ne puisse pas me permettre de faire de même. Même si j’ai l’impression qu’on m’arrache le cœur de la poitrine une deuxième fois rien qu’à le dire… »

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Lynn n’avait pas l’intention de le forcer à rentrer avec elle s’il voulait faire sauter le blocage empêchant son cerveau de récupérer l’intégralité de ses souvenirs avant toute autre chose. Cela ne lui faisait pas particulièrement plaisir, ce serait mentir que de tenter de faire valoir l’inverse, mais elle ne l’avait jamais obligé à faire quoi que ce soit… malgré son tempérament impossible, ses réflexes pourris et sa rancune tenace, la piquante brunette avait un certain sens de l’honneur et du respect, deux valeurs que son père s’était moult appliqué à lui inculquer. Caine ne serait donc pas bousculé par la jolie canadienne, pas en ces termes en tout cas. « Caine… je n’ai pas l’intention de te botter le cul parce que tu ne rentres pas avec moi ! Je ne dis pas que je peux comprendre mais j’entends ce que tu dis. Ce n’est pas exactement ce que j’avais espéré comme évènement au moment de la naissance de notre troisième petit bout mais je suppose qu’il faudra que je m’y fasse… » La brunette soupira avant qu’une idée lumineuse ne traverse son cerveau tordu et perturbé. Elle attacha vivement ses cheveux en un chignon lâche, manifestement décidé comme elle l’avait rarement été, avalant une bouchée de brioche avant que d’embrasser leur petit ange qu’elle couva quelques secondes du regard. « Tu as eu la très mauvaise idée de me faire confiance et de m’épouser, tu vas donc en chier pour ainsi dire parce qu’il n’y a pas trente-six solutions de te faire te souvenir ne serait-ce que de tes réflexes… disons d’agent. Je suis sûre qu’il y a des tas de terrains vagues où je peux sûrement te mettre la pâtée de ta vie ! Désigne m’en un et c’est parti mon kiki. » Lynn était très sérieuse, la preuve, elle venait de mettre le jogging ainsi que le débardeur prêté par nulle autre que Moly en personne. Certes, la brunette venait d’accoucher et n’était pas au meilleur de sa forme mais elle avait appris à s’adapter en situation bien pire que ça… « Ne me regarde pas comme si je n’étais qu’une pauvre petite chose fragile, ce serait une grossière erreur… j’fais ce boulot depuis bien plus longtemps que toi, mon joli ! » C’était peut-être la dernière action folle d’une femme désespérée mais s’il pouvait prendre conscience ne serait-ce que du fait qu’il avait été l’un des meilleurs agents de la CIA… alors elle n’aurait pas tout perdu.

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« Folle ? Ouais possible mais avant de penser à m’interner, capte une chose : tu m’as considérée comme ta femme et cherché à me protéger pour la première fois depuis notre rencontre. Ou nos retrouvailles, c’est selon. » Lynn haussa les épaules, particulièrement observatrice à tous les signaux que Caine pourrait bien lui envoyer, prête à bondir pour lui mettre les points sur les virgules jusqu’à ce que cela ne trouve un écho quelconque dans sa mémoire. Bien évidemment, elle ne comptait pas céder d’un millimètre et le laissa les conduire jusqu’à ce fameux terrain vague, prête à chercher ses réflexes les plus infimes durant le temps où elle devrait rester chez les Wyatt. Après, malheureusement, il lui faudrait se débrouiller seul… car Lynn était la première consciente que leurs enfants avaient d’autant plus besoin d’elle. « Première leçon : ne jamais faire confiance à une femme et encore moins une canadienne » souffla-t-elle avant de sortir sournoisement de sa poche un morceau de tissu noir, avant de ne se faufiler près de Caine pour lui bander les yeux. Lynn était presque collée à son dos et il lui fallut une volonté d’acier pour ne pas le serrer contre elle, se lover ne serait-ce que quelques secondes afin d’oublier toute cette cruelle vérité qui les entouraient. « Tu penses vraiment que je suis timbrée au point de risquer une guerre ouverte avec toi ? Ce serait trop facile, tu n’oserais pas me frapper ! Tu me diras, pas dit que je sois capable de te dézinguer la tronche non plus alors que je sais qu’il n’y a bien que toi pour nous sortir de la merde avec une baleine de soutien-gorge ! Le but de ma manœuvre c’est que justement, tu oublies ce que tu vois. Tu peux me poser toutes les questions que tu veux et je vais essayer d’allier tes sens à mes réponses. Je ne dis pas que c’est le remède miracle, je suis pas neurologue ! Mais je ne reste pas les bras croisés à attendre sagement de me remettre de l’accouchement avant de te laisser derrière. J’étais ta partenaire… c’était mon boulot de veiller sur ton cul, j’te rappelle. Et puis je crois que c’est un peu le but de la manœuvre dans un mariage aussi, mais j’peux me tromper. » Lynn esquissa un petit sourire malicieux avant de lui mordiller l’oreille pour le « punir » du manque cruel de confiance dont il avait fait preuve précédemment. Certes, elle savait être capable du meilleur comme du pire, mais en l’occurrence, elle ne pensait qu’à lui et à l’aide qu’elle pouvait lui apporter. Même si le provoquer en susurrant des choses à son oreille était bien trop tentant pour ne pas succomber… « Rassure-toi je ne vais pas t’arracher tes fringues ou te chauffer jusqu’à ce que tu me fasses l’amour ici et maintenant. Je pourrais… mais là encore, ce serait trop facile. »

Lynn & Caine ❝ It's ours. ❞

« Tu es de toute évidence bien meilleur que je ne le serais jamais » murmura Lynn après avoir grogné à plusieurs reprises face aux hésitations et autres complaintes de Caine. Il avait fini par céder, une chance ! Mais comme pour le récompenser et lui faire comprendre que même dans le noir elle serait toujours là, la piquante brunette se glissa bientôt contre le dos du bel écossais, caressant doucement son torse du bout de ses doigts pour apaiser sa respiration devenue nettement plus rapide en l’espace de quelques instants. L’intérêt n’était pas de le stresser mais plutôt de lui faire oublier l’espace d’un instant le lieu où ils se trouvaient. Il n’y avait plus de conducteur de camion, plus de Wyatt, même plus de terrain vague, juste lui et elle dans une sorte de petit cocon protecteur qu’elle essayait de reconstituer tant bien que mal. « Nous nous sommes rencontrés dans un parc, à New York. Tu étais avec ton fils Connor et moi je surveillais quelqu’un dans le cadre d’une mission. Mais j’étais dérangée par la présence de ton petit bout, parce que je venais d’accoucher il y a peu et que le père s’était fait la malle peu avant. Je ne me voyais pas du tout en mère, j’étais donc distante, odieuse… nous avons eu notre tout premier accrochage à ce moment là d’ailleurs. Pourtant, même si tu m’avais agacée à vouloir te mêler de ma vie, je t’ai aimé tout de suite. J’ai su que tu étais fait pour moi et j’ai bénis ma mère pour la première fois de ma vie parce qu’elle te proposait justement un poste à la CIA peu après ça. » Lynn resserra d’autant plus son étreinte contre le corps de Caine, fière des souvenirs qu’elle partageait actuellement avec lui et ce bien que leur histoire ait été extrêmement laborieuse au début. « Nous avons fait une mission où nous devions être deux mariés… sauf que les responsables de l’état civil nous ont « mariés » sous nos deux vrais noms et que par conséquent, nous l’étions réellement. Nous avons refusé de divorcer, même si Cruella a longuement poussé à la chose et lorsque je t’ai appris que j’étais enceinte de Hope, tu m’as fait une vraie demande en bonne et due forme… parce que tu es quelqu’un de romantique, d’entier, le véritable prince charmant. Tu as envie de me dézinguer la tête quand je dis ça mais c’est pourtant vrai ! C’est bien simple… j’ai l’impression que j’ai commencé à vivre au moment où je t’ai rencontré. Je me plais à croire que tu étais heureux aussi avec moi. » Ce fut sans doute la raison pour laquelle elle se détacha lentement de lui pour mieux s’emparer de ses mains, l’incitant ainsi à lui faire confiance jusqu’à la suite vers une petite étendue d’eau qu’elle avait remarquée juste avant de ne faire à nouveau sa rencontre en mode « enceinte jusqu’aux yeux ». Ce fut à ce moment précis qu’elle décida de lui enlever son bandeau, esquissant un petit sourire malicieux avant de reprendre, d’une voix profondément provocante : « Tadaaa ! Maintenant deux solutions, soit JE te déshabille soit tu le fais mais dans tous les cas dans trente secondes tu es à la flotte. »

Lynn & Caine ❝ It's ours. ❞

« Ne fais pas ta vierge effarouchée je t’ai vu nu des tonnes de fois ! » maugréa Lynn alors qu’elle avait déjà ôté son débardeur ainsi que son jogging, se retrouvant ainsi en sous-vêtements devant le jeune homme. La piquante brunette avait beaucoup de caractéristiques mais pas celle d’être prude, et surtout pas devant Caine. Il ne se souvenait sûrement pas de leur attirance semblable à celle de deux aimants, mais la jolie canadienne s’en souvenait avec toute l’exactitude que ce point précis méritait. Ce fut sans doute pourquoi elle le força à accélérer la cadence de son déshabillage pour le pousser à moitié dans l’eau, sans réellement de douceur, avant de l’éclabousser légèrement. C’était trop tentant pour y résister ! « Si tu fais mine de te noyer, je pourrais te sauver et te faire du bouche à bouche au moins ! » ironisa Lynn alors que tout le discours du bel écossais lui revenait en tête, pensant certaines de ses blessures tout en en rouvrant de nouvelles. Cette situation était somme toute impossible et la piquante brunette ne savait pas combien de temps elle tiendrait avant de devoir s’éloigner pour éviter que son cœur n’implose, tout simplement. « Ca me rassure que tu n’aies pas regardé d’autres femmes. Tu imagines le nombre que ça ferait à massacrer ? J’ai un emploi du temps trop chargé pour ce genre de conneries, bordel… ! » Mais elle avait beau en plaisanter, il n’empêche qu’elle avait tué pour lui. Sans hésiter, sans même penser aux conséquences. Lynn n’en n’était pas fière pour autant, mais elle savait qu’il aurait été capable de la même chose si les rôles avaient été inversés. En tout cas l’ancien Caine en aurait été capable… « Quand je t’ai dis que tu étais quelqu’un de bien meilleur que moi, il n’empêche que je le pensais. Après ton enterrement, j’étais littéralement folle de rage, rien ne pouvait me calmer hormis Connor et Tommy. Avec eux, j’étais wonder maman mais à la première occasion, je filais à la cellule, j’envoyais péter Cruella et je prenais toutes les missions les plus dangereuses. Je n’en suis pas fière, je sais, c’était complètement débile surtout que Hope aurait pu… mais je voulais le retrouver. Le salopard qui t’avait arraché à moi et qui faisait que l’intégralité de mon monde s’était écroulé en quelques secondes à peine. Je n’ai jamais été quelqu’un de très… droit. Je m’emporte facilement, je me fous des conséquences la plupart du temps… mais en disant que j’étais capable d’éclater la cervelle d’un type pour toi, c’était la pure vérité. Le Sandro dont tu te souvenais… il est dans une morgue quelconque, une balle en pleine tête. Oh, la CIA a étouffé l’affaire, et vu mes états de service irréprochables et mes nombreux putains de services rendus à la nation je ne finirai pas en taule. Mais je ne donne pas cher de ma peau quand je vais rentrer au bercail, quelque chose me dit que ma mère va me défoncer la tronche ! » Mais elle ne regrettait rien tout de même…

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Horrifiée. Effectivement, Lynn fut horrifiée par la vision de sa peau ravagée de cicatrices, mais elle refusa de baisser le regard pour autant. La canadienne avait déjà été torturée, on l’avait déjà emprisonnée au même titre qu’elle s’était déjà pris trois balles en pleine poitrine lorsqu’elle avait sauvé son père en pleine jungle birmane, elle n’était donc pas indisposée par cette vision mais plutôt attristée, comme si on prenait son cœur dans sa main pour le massacrer d’une poignée forte. Dans une pulsion, la piquante brunette s’était rapprochée de Caine, plaçant deux doigts sur son menton pour qu’il ne croise son regard avec le sien. « Arrête de me fuir, McDouglas ou je te pète les dents » murmura-t-elle avant de ne s’emparer de ses lèvres avec passion, comme pour apaiser le feu de la honte et de l’appréhension qui semblait le secouer depuis qu’il s’était déshabillé et était entré dans l’eau. « Je voudrais enlever tout ça… que tu n’aies souffert autant à cause de moi. » Lynn se moquait bien qu’il possède des cicatrices, mais elle voulait en apaiser la présence, la douleur éventuelle. La jolie canadienne souhaitait plus que tout qu’il puisse enfin se reposer sur elle et n’hésite pas une seconde à lui faire confiance… et ce bien qu’elle ne s’imaginait pas une seconde qu’il viendrait à lui proposer de rester ici, avec lui et les enfants, quittant ainsi leur vie new yorkaise et tout ce qu’elle avait de dangereux. « Oh Caine… » siffla-t-elle sans pour autant s’éloigner d’un millimètre. « Tu as toujours voulu d’une maison avec un chien et une équipe de baskets comme nombre d’enfants. Tu avais soumis le chiffre quinze mais comme je t’ai menacé de ne pas te prêter mon utérus aussi longtemps tu as revu tes ambitions à la baisse. » Commencer par le positif… c’était une idée mais il n’empêche que Lynn ne pouvait pas se permettre de d’accéder à sa première requête. Même si l’envie était forte et qu’elle donnerait tout ce qu’elle pouvait pour que cela soit possible… « Caine ce ne sont pas ces putains de missions qui me font retourner à New York… Tommy a de lourds problèmes de santé et s’il vient ici je ne pourrais pas espérer le faire soigner. Si je pouvais accepter je sauterais à pieds joins mais… je sais suffisamment que si je pars c’est toi que je perds. Mais même si je t’aime plus que ma propre vie Caine McDouglas notre fils a besoin de moi… alors je ne peux que croiser les doigts que tu pourras un jour nous revenir. »

Lynn & Caine ❝ It's ours. ❞

« Tu ne peux pas me demander d’arrêter de culpabiliser Caine. Tu ne t’en souviens pas alors je sais que je vais sûrement parler dans le vide mais merde, c’est moi qui t’ai poussé à accepter ce foutu job à la base ! Je suis celle que l’on doit blâmer, lapider en place publique. Et non le mot n’est pas trop fort bordel ! Je sais que c’est grâce à ça qu’on s’est mariés mais putain… je me dis que peut-être, ça aurait pu arriver autrement et qu’au final, je ne serais pas obligée de faire face sans toi. » L’obliger à retourner auprès de ses enfants sans que Caine ne la suive, c’était comme lui demander de faire face à nouveau à son enterrement, comme s’il lui était arraché une nouvelle fois. Cette simple idée la fit grimacer violemment, et ce bien que la promesse de l’écossais ne manqua pas de réchauffer une petite partie de son âme, devenue aussi froide et distante qu’un soir d’hiver en Sibérie. Ce n’était qu’une partie pour l’instant car au milieu de cette promesse, Caine lui demandait également de garder le secret, de le tenir au courant et donc de faire d’un côté comme s’il était à nouveau à ses côtés, et de l’autre comme s’il ne le serait plus jamais tout de même. Cette situation commençait sérieusement à craindre et pourtant, Lynn ne bougea pas d’un pouce. Qui était-elle pour refuser ? « Je ferai ce que je peux » promit-elle car il n’était pas question de formuler une promesse plus précise, qu’elle ne serait probablement pas capable de tenir. « Mais t’as intérêt à vite ramener ton cul Caine McDouglas, sinon tu peux craindre pour tes miches et ça, c’est une vraie promesse que je te fais ! »[/color][/b]