Les flocons de neige ne cessaient de tomber, recouvrant toute la ville d'un épais tapis blanc, brillant et fragile. Une sorte de coton dont les fibres s'envolaient à chaque bourrasque glaciale. Définitivement, le froid polaire et la tempête s'étaient installés. Les chaînes d'information avaient bien prévenu que la météo se dégraderaient dès le début du mois de Décembre, mais aucun météorologue n'aurait pu mesurer l'ampleur de ce climat si soudainement changeant. Les rayons du soleil réchauffant doucement les petits nez gelés n'était plus - il avait tout bonnement disparu au profit d'un ciel gris plus qu'encombré. Assise dans le canapé de son appartement de la cinquième avenue, Zoé lisait calmement The New York Times et un article de Jonathan McCain déroulant les risques de cette tempête hivernale. Bon nombre de foyers auraient été déboussolés, si l'ouragan Sandy n'avait jadis pas frappé. Aujourd'hui, ils ne prenaient pas cette tempête à la légère, mais pensaient tous pouvoir aisément se débrouiller seul, sans aucune aide des services de sécurité. Et à y regarder par la fenêtre, ceux qui tenaient ce discours étaient les seuls à arpenter les rues de la ville ; sûrs d'eux -et non pas fiers comme le seraient humblement de valeureux aventuriers- ils se prenaient pour des héros, avant d'être rattrapés par la situation et de glisser sur une plaque de verglas, se retrouvant les fesses sur le sol. La situation était assez comique à regarder, du haut de son appartement surchauffé. Dans son petit cocon, Zoé prit son téléphone quand elle vit le dernier message ouvert : c'était celui de cette jeune femme qu'elle avait secouru après une chute de vélo. Le courant était très bien passé et elle avait vraiment eu envie de la revoir.. De la revoir ?! Zoé fit un oh! de surprise quand elle se rendit compte qu'elle lui avait proposé, pour aujourd'hui, d'aller se balader en ville. Coup d'oeil vers l'horloge : il était bientôt quatorze heures, horaire précis du rendez-vous. Aussi, l'anglaise s'empressa d'appuyer sur l'application Messages de son téléphone et proposa à Alexandra de venir plutôt chez elle, au chaud. Ce serait bien plus agréable !
La demoiselle, qui répondit quasiment aussitôt, accepta avec plaisir. Zoé mit les bouchées doubles pour réussir à ranger les quelques affaires qui traînaient notamment devant la cheminée, autour d'Oscar qui se prélassait non loin du feu ardent de l'âtre.
A peine eut-elle le temps de terminer sa tâche que la sonnette retentit, elle devait vraiment être à côté pour arriver aussi vite. Zoé, qui se doutait du froid qu'il devait sévir dans la rue, courut lui ouvrir la porte. « Ma belle ! Entre vite, il fait plus chaud ici ! » dit-elle avant même de lui faire la bise. Ses joues étaient glacées et le bout de son nez était tout rouge, il devait vraiment faire en dessous de zéro degré Celsius. La jeune femme attendit que son invitée retire son manteau pour poliment lui prendre et l'accrocher sur le porte manteau de l'entrée. « Rassure moi, tu n'es pas venue en vélo cette fois-ci ?! » blagua gentiment la belle blonde. « Je t'en prie, assis toi près de la cheminée ! Je vais faire chauffer le lait ! »

Elle s'arrêta un instant sur le beau parquet de son appartement, cocon, chaleureux et design. « Enfin, sauf si tu préfères autre chose ? » demanda-t-elle un sourire aux lèvres. Quand elle recevait, Zoé s'efforçait toujours d'être une hôte exemplaire, et elle y parvenait plutôt très bien. Sortant de sa cuisine sur lequel elle avait posé une casserole de lait sur les plaques de son îlot central, elle portait dans ses mains des petites douceurs de toute sorte dans un petit panier : des chocolats, des bonbons, des pâtes de fruit et même des clémentines. Elle tendit cela à Alexandra, en disant ironiquement : « Un bonbon ou un sort ? » Bien entendu, le choix était plus large et Zoé montrait même l'exemple en choisissant une clémentine avant de reposer le panier sur la large table basse en bois brut, posé sur un grand tapis doux et moelleux.

Le portable de la jeune française vibra bruyamment, elle put distinguer la lumière de l’écran à travers le tissu tendu de sa poche. Elle glissa lentement sa main et attrapa l’appareil pour regarder le message qu’elle venait de recevoir. Elle écrasa une icône représentant une enveloppe de l’index et consulta avec curiosité la liste de ses conversations. En haut des noms se trouvait celui de Zoé, une jolie blonde anglaise qui avait aidé la jeune française quand elle était tombée de vélo quelques jours plutôt. Les deux femmes avaient décidées de se revoir le plus vite possible et aujourd’hui sa sauveuse lui proposait de venir chez elle. Alexandra tapa rapidement sur les touches de son clavier tactile avant d’envoyer le message confirmant sa venue. Elle se leva du fauteuil où elle lisait distraitement un journal qu’on lui avait distribué près qu’une station de métro. Ouvrant l’armoire avec précipitation, la brunette fouilla quelques minutes dans tout les vêtements qu’elle avait. Finalement elle enfila à la va-vite un short en cuir, des collants noir, une chemise bleu à pois blanc avec un pull large en laine gris clair. Elle courut dans le salon et attrapa sa paire de chaussures.
Alexandra claqua enfin la porte de l’immeuble avec un certain soulagement après dix précieuses minutes de course pour troquer son vieux pull informe et son jean craqué contre cette petite tenue de ville ainsi que son manteau et son écharpe en laine. Ses cheveux bruns ondulaient dans le vent américain, elle fouilla dans ses poches et en tira une paire de gants. La française marcha vite sous les flocons qui tombaient drus, ses talons claquaient sur le sol tapi de neige. Une dizaine de minutes s’écoula encore une fois, mais finalement la petite silhouette de la brune s’arrêta devant le numéro que Zoé lui avait indiqué dans son message. Elle sonna et on lui ouvrit immédiatement.
La tempête de neige n’avait toujours pas cessé et c’était assez inquiétant car des pannes étaient vite arrivées. « Ma belle ! Entre vite, il fait plus chaud ici ! » la jolie blonde avait l’air heureuse de la voir, Alexandra était heureuse de le constater. « Merci, c’est sûr que dehors il ne fait pas beau. » s’empressa-t-elle de répondre en faisant la bise à son amie. La petite brune enleva son manteau et Zoé se dépêcha de le lui prendre pour l’accrocher. La journaliste était une hôte modèle, cela fit sourire Alexandra qui se réjouissait de pouvoir être chez quelqu’un d’aussi gentil que la londonienne.
« Rassure moi, tu n'es pas venue en vélo cette fois-ci ?! » plaisanta Zoé. Elle tourna lentement la tête de gauche à droite tout en riant. « Non, ne t’en fais pas. Je suis venue à pieds et je n’ai blessé personne ! » blagua-t-elle à son tour, prenant un air fier. « Je t'en prie, assis toi près de la cheminée ! Je vais faire chauffer le lait ! » elle hocha la tête avant de s’approcher de la cheminée. La chaleur qu’elle émanait était très agréable, la française approcha ses mains du feu pour les réchauffer. Bien qu’elle ai porté des gants tout le long du trajet, elles étaient glacées. « Merci, Zoé » dit-elle tandis que son amie disparaissait dans une pièce qui devait être la cuisine. « Enfin, sauf si tu préfères autre chose ? » Alexandra lui fit signe que non tout en souriant. L’appartement de sa « sauveuse » était très beau, moderne et bien meublé. Pendant que la brune se réchauffait près de l’âtre, un beau labrador couleur chocolat surgit de nulle part. Elle devina immédiatement qu’il s’agissait d’Oscar, le fameux chien de Zoé. Il avait l’air intrigué de voir quelqu’un dans le salon mais Alexandra aimait les animaux et elle s’approcha de lui pour le caresser. Dans son enfance, jamais elle n’avait eu d’animal de compagnie, pourtant elle les adorait. « Un bonbon ou un sort ? » s’exclama sa propriétaire en arrivant, les bras chargés d’un grand panier. Zoé attrapa une clémentine tandis qu’Alexandra préféra prendre un chocolat. « C’est vraiment joli chez toi ! » dit-elle tout en entamant sa sucrerie. « Et j’ai enfin pu rencontrer le fameux Oscar. » fit-elle en désignant du menton le chiot qui sautillait au milieu du salon. Elle eu un rire léger en le regardant faire le fou, puis elle croqua une nouvelle fois dans la petite figurine en chocolat qu’elle avait prise. « Quoi de neuf depuis la dernière fois ? » tenta joyeusement la brunette.