« C'est magique, c'est génial j'en reviens pas ! Enfin, si , c'est logique vu mes performances actuelles mais c'est tellement... tellement ! » Esra semblait vraiment ravie, enfin le mot était faible. On aurait pu dire que la plus belle chose de sa vie venait d’arriver. Et toute cette joie, qui aurait pu être communicative, semblait rebondir sur Kaliska comme sur un mur infranchissable. Elle était là, à regarder Esra qui, si elle avait pu et si elle n’avait pas eu peur pour son image ou quelque chose dans ce genre là, ce serait mit à vraiment sauter de joie. Elle cligna des yeux et ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais ne trouve rien qui conviendrait à la situation. Elle referma donc la bouche et se contenta de la regarder fixement sans rien dire jusqu’à ce que celle-ci reprenne la parole.

Elle semblait avoir reprit la parole pour éclairer Kali au sujet de la question que lui avait posé Kaliska quelques secondes auparavant mais sa réponse ne fit rien d’autres que plongé Kali dans un brouillard encore plus profond. Comme si, elle savait ce qu’était le classement WTA, Esra ne semblait pas l’avoir compris encore mais c’était le genre de choses dont Kali se fichait éperdument. C’était du superflu tout ça.

« Je suis la numéro cinq du classement des meilleures joueuses mondiales du tennis ! » Kali cligna à nouveau des yeux, Esra devait avoir l’impression qu’elle avait la même capacité de réaction qu’un légume, ce qui n’était pas totalement faux d’ailleurs. Mais en fait, elle ne savait pas vraiment pas quoi dire, c’était bien pour Esra tout ça mais elle ça ne lui faisait rien du tout. La seule chose à laquelle elle aurait pu trouver un quelconque avantage à ce moment précis, c’était le fait qu’elle parlait à une star de tennis. Au bout de quelques secondes elle finit par réagir quand même et fit un petit sourire avant de lui demander. « Je devrais te demander un autographe alors ? »

C'était génial, attirant, mais angoissant. Elle ne connaissait pas cette sensation mais elle connaissait bien ses entrailles et s'amusait avec elle à les enrouler autour de je ne sais quelle vicère comme un vulgaire tour de passe passe. Ca devait etre courant pour elle, beaucoup moins pour Esra qui ne comprenait pas ce brusque et soudain changement dans son corps. D'un instant de joie intense s'était succédé un vif abattement. La peur de mal faire s'emparrait d'elle entièrement et rapidement. Heureusement, il y avait Kaliska qui demanda si elle devait demander un autographe. La jeune femme éclata de rire spontanément.

Sans doute que tu vis les meilleurs instants de ta vie, tu es en face d'une célébrité ! Et il faut encore que je veuille bien te signer quelque chose, j'ai un rang à tenir tu comprends et signer son premier autographe de cinquième mondiale à une étudiante de new york... Peu mieux faire

Esra fit un clin d'œil en souriant pour bien lui signifier que tout cela n'est qu'une blague.

Par contre, si jamais tu veux assister à un match de tennis, seule ou accompagnée, je peux t'avoir des places à n'importe quoi... Ou encore mieux, des entrées au carré vip de l'awesome !

Kaliska sourit lorsqu’Esra prit la parole. Elle n’avait pas besoin du clin d’œil de cette dernière pour comprendre qu’elle plaisantait. Ou alors, il aurait fallu qu’Esra soit vraiment trop imbue de sa personne pour croire que ceci était réellement un des meilleurs instants de la vie de Kaliska. Parce que sa vie n’était pas triste au point qu’elle chérisse ce genre de moment. Elle n’était pas triste du tout d’ailleurs. Kaliska répliqua, le sourire aux lèvres. « Pas n’importe quelle étudiante attention. Sans me vanter, je suis sûrement la plus merveilleuse de toute. » Elle laissa échapper un petit rire et secoua la tête en arrière. La plus merveilleuse d’entre toute, elle n’était évidemment pas sérieuse sur ce point mais elle était certaine qu’Esra allait le comprendre.

La proposition qu’Esra fit à la suite amusa beaucoup Kali. Elle n’aimait pas particulièrement le tennis et une entrée au carré de vip de l’awesome ne l’intéressait pas spécialement également mais la manière dont Esra avait dit la chose était drôle. Ou du moins elle le trouvait. « Tu pourrais avoir tout ça à une simple étudiante banale, bah dis donc, je me sens flattée. » Ouais, ça non plus elle ne l’était pas réellement mais ce n’était qu’un détail sans importance. Elle se sentait un peu plus à l’aise maintenant avec Esra, elle n’avait plus peur que la jeune femme prenne mal chacune de ses remarques ce qui était en soit un progrès. Elle regarda le ciel, pensive puis Esra de nouveau. « Et un voyage sur la lune, tu pourrais m’obtenir ça ? Tu serais comme ma marraine fée et à mes yeux, là tu mériterais largement ta cinquième place. » Elle se tut quelques secondes et ajouta en souriant. « Tu mériterais peut-être même la quatrième. »

La plus merveilleuse de tous, vraiment ? Ca va les chevilles ? Elles n'ont pas trop gonflé ?

Esra sourit sans retenue, ce qui restait rare lorsqu'on pensait où elle devrait être. Elle devrait être avec son oncle à son entraînement, en train de vouloir encore et encore améliorer son classement. Cinquième ? Pas suffisant lui aurait répondu son oncle, le monstre de ses jours et de ses nuits, celui qui ne pensait qu'à faire mieux, qu'à accéder à la victoire ultime. Esra pensait de temps en temps à quelque chose qui la perturbait. Lorsque, elle, Esra Temekhin, grand espoir turc, viendrait à cette victoire ultime, lorsqu'elle gagnerait tous les Grand Chelem, tous les Masters 1000, lorsqu'elle serait numéro un mondiale, reconnue de tous, multimillionnaire... Que deviendra-t-il ? Il sera arrivé au bout, peut-être qu'il la laissera, mourra. Esra, sans vouloir le reconnaître, l’espérait peut-être secrètement.

En ce moment précis, elle n'y pensait pas. Elle avait oublié qu'elle avait éteint son portable et donc que son oncle ne pouvait pas la joindre. Elle avait oublié qu'il allait bien finir par débarquer. Elle s'en fichait presque, Kaliska était drôle et, cette petite entorse à la monotonie quotidienne était tellement salvatrice ! Quand Kaliska formula sa véritable envie, Esra sourit. Elle avait de beaux rêves dans la tête...

Alors, ce voyage dans la lune, première ou seconde classe ?

Esra fit semblant d'avoir un papier et un crayon dans la main, comme si elle prenait note de tout ce que lui demandait la jeune femme qui se tenait devant elle et avait pris la voix de ces femmes aux agences de voyage qui se croient supérieures.

C'est vrai, tu me donnerai la quatrième place ? Et pourquoi pas la première ? Parce que, je ne veux pas dire mais, la lune, c'est pas tout près tout près quand même !

HJ : encore désolée pour le retard

« La plus merveilleuse de tous, vraiment ? Ca va les chevilles ? Elles n'ont pas trop gonflé ? » Kaliska jeta un regard faussement surpris vers ses chevilles et eut un petit sourire. Elle déclara alors le plus simplement qu’elle pouvait. « Oui, mes chevilles vont très bien. Elles sont parfaites elles aussi. » Elle se tut quelques secondes avant de reprendre la parole. « Tu vois ! En fait, c’est toi qui devrait être flattée de m’avoir croisé ici et non l’inverse. » Elle rit un peu, comme si c’était vraiment possible qu’elle ait été flattée de croiser Esra. Contente oui, on pouvait dire qu’elle l’était, mais certainement pas flattée.

« Alors, ce voyage dans la lune, première ou seconde classe ? » Kali secoua la tête l’air apparemment désespéré, la réponse à la question lui apparaissait tellement évidente. « Première place bien sûr, pour quelqu’un comme moi, il faut que tout soit au mieux.» Esra faisait mine d’avoir un papier et un crayon dans la main et cela amusa beaucoup Kaliska. Quand celle-ci reprit la parole pour lui demander pourquoi elle ne lui donnerait pas la première place au lieu de la quatrième, Kali secoua la tête. Le prétexte qu’elle avait utilisé, à savoir que la lune n’était pas tout près était largement discutable aux yeux de Kali. Elle prit un air philosophe et répondit naturellement. « Tu sais, si on se place au niveau de l’univers, la lune c’est ce qu’il y a de plus près de nous. Donc c’est pas vraiment recevable comme argument. Mais si tu veux al première place, il faut que tu m’offre autre chose en plus en retour. C’est comme ça que ça marche maintenant, tout est donnant-donnant. »

Oh je comprend, première classe, première classe, très bien... Des goûts de luxe donc.

Esra fit semblant d'écrire en acquiesçant de la tête. Elle sourit à la répartie de la jeune femme qui se tenait devant elle. Elle appréciait ce genre de joutes verbales où l'on s'amusait sans penser à rien d'autre. « Tu sais, si on se place au niveau de l’univers, la lune c’est ce qu’il y a de plus près de nous. Donc c’est pas vraiment recevable comme argument. Mais si tu veux al première place, il faut que tu m’offre autre chose en plus en retour. C’est comme ça que ça marche maintenant, tout est donnant-donnant. »

Eh ben, finalement ils doivent vous enseigner des choses à l'université de littérature ! Par exemple, comment essayer de faire croire qu'un voyage sur la lune ne vaut pas la quatrième place mondiale ! Ah ça, ils se croient forts mais j'ai vu clair dans ton jeu, tu n'auras rien de plus de moi ! Je ne suis pas une hirondelle aux œufs d'or !

Esra fit semblant de bouder tout en réfléchissant. Elle plissa les yeux et pinça la bouche, l'air incertaine.

Mais en fait, je ne suis pas sûre de cette expression bizarre, c'est pas un coq ou... un autre truc comme ça ? Y a pas ça en Russie !