Deux heures. Cela faisait maintenant deux heures que Nicholas était assis à cette table en train d’écouter attentivement les recommandations de ses nombreux experts comptables et ses plus fidèles conseillers. Il se trouvait dans la grande salle de réunion comptant pour seul mobilier une longue table en bois autour de laquelle se trouvait des chaises de bureaux toutes aussi confortables les unes que les autres. Mr Richards, certainement le plus ancien comptable de la boîte ne cessait de s’exciter sur les plus jeunes ainsi que sur son supérieur. Il faisait déjà partie de l’entreprise quand le père de Nick était encore PDG et visiblement, il pensait que son ancienneté lui permettait de traiter les nouveaux comme si ce n’était encore que des petits ignares qui ne connaissait rien du métier. Nick poussa un soupir imperceptible. Cette réunion avait pour seul but de faire le point sur les comptes de la société. Il n’aurait jamais imaginé qu’une simple mise au point puisse durer aussi longtemps ! Et à qui la faute ? Mr Richards, encore une fois. « Je pense que vous prenez bien trop de risques Monsieur Lefebvre ! Vous investissez une partie de l’argent de la société dans des projets superflues. » Nick ferma les yeux tout en prenant sa tête entre ses deux mains. Et ça y est. C’était reparti pour un tour … Prendre des risques. Mr Richards n’avait en quelques sortes pas tort. Nick aimait le danger. Mettre un peu de piment dans sa petite vie histoire que celle-ci devienne un peu plus attrayante. Jouer la carte de la sécurité n’était pas son genre. Peut-être était-ce justement le fait d’apporter un grand intérêt au danger qui le poussa à revenir à New-York … « Mr Richards, dans la vie, il faut savoir prendre des risques. Peut-être que de votre génération vous préfériez vous la jouer « sécurité » mais ce temps est révolu ! De nos jours, il faut savoir se mettre un peu danger. C’est la clé de la réussite. Il faudra vous faire à cette idée. » Et s’en suivit, un long débat. Les « jeunes » soutenaient leur patron tandis que les autres contredisaient la façon de penser de leur patron. Nick sentit alors son portable vibrer dans la poche de son pantalon. Discrètement, il le sortit et lut le message. Il ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire en lisant le message que sa très chère amie Alanna venait de lui envoyer, lui demandant, s’il le voulait, de venir la rejoindre à leur bar habituel. Il rangea son cellulaire et interrompit les controverses qui ne cessaient d’affluer. « Bon ! Il est évident que nous n’arriverons à rien aujourd’hui. Nous ne savons visiblement pas nous mettre d’accord sur certains points. Je vous propose d’y réfléchir à têtes reposées. Nous reprendrons la réunion d’ici la fin de la semaine. » Il se leva sans demander l’avis de personnes. Plusieurs le regardaient, l’étonnement marquant leurs visages. Pour d’autres, c’était le soulagement que l’on pouvait lire dans leurs yeux. Sans prévenir personne, il sortit du bâtiment et quitta donc son travail pour retrouver son amie. Pouvoir prendre congé à n’importe quel moment était certainement l’un des nombreux avantages d’être son propre patron.

Il arriva une quinzaine de minutes plus tard au bar auquel Alanna lui avait donné rendez-vous, les bouchons l’ayant retenu un peu retenu. S’il y avait bien une chose qu’il détestait à New-York, et qui était peut-être bien la seule, était les embouteillages interminables que le trafic conséquent créait. Chaque matin, il redoutait de prendre sa voiture de peur d’être coincé pendant des heures sur la route. Bon certes, il y avait les transports en commun. Mais sincèrement, vous le voyez, vous, Nicholas Maxryle Lefebvre prendre le métro ? Non, il me semblait bien. De plus, pour un PDG, il est toujours recommandé d’avoir sa propre voiture. Ce qui fait donc que tous les matins, Nick prenait plus d’une heure pour se rendre sur son lieu de travail. Quoiqu’il en soit, il était là. Un peu en retard certes, mais là tout de même, c’était le principal non ?

Nick entra dans le bar. Il ne chercha même pas des yeux son amie, sachant d’avance où elle se trouvait. Il se dirigea vers le fond du bar où se trouvait leur petite table habituelle. A chaque fois qu’ils venaient prendre un verre ici, ils s’installaient toujours au même endroit. Comme prévu, il la vit assise, le regardant avec un grand sourire. Rien qu’en la voyant, la mauvaise humeur que lui avait causé cette journée désastreuse se dissipa bien vite pour laisser place à un sentiment de joie. Il lui rendit son sourire et s’empressa de s’installer en face d’elle. Il se pencha et déposa ses lèvres sur sa joue. « Désolé pour le retard, mais y avait de ces bouchons ! J’ai vraiment cru que j’allais péter un câble ! » Un serveur vint prendre sa commande. Nick ne regarda même pas la carte et prit le cocktail qu’il prenait habituellement. Le garçon parti, il reporta son attention sur la belle Alanna. Un sourire éblouissant ne cessait de fendre son visage. Il aimait être en compagnie de cette jeune fille. Elle était simple, souriante et intéressante. Quand il était en sa présence, il n’avait pas besoin de se voiler la face et je peux vous assurer que ça lui faisait énormément de bien de laisser tomber les masques pour une fois. De plus, il savait pertinemment qu’un rendez-vous avec Alanna ne serait pas seulement une simple occasion pour qu’ils puissent se retrouver autour d’un petit verre mais aussi une occasion de pouvoir se lâcher un peu et bien se marrer. « Oh et désormais, je t’appellerai ma sauveuse. Tu viens de me tirer d’une réunion des plus ennuyeuses … Le genre de truc où tu t’endors avant même que ça commence. Et bon, tu te doutes bien que quand j’ai vu ton message, je pouvais résister à l’envie de venir surtout que ça me permettait d’échapper à THE réunion la plus pourrie » Il lui fit un clin d’œil, complice et s’appuya contre le dossier de sa chaise. En effet, c’était bien d’être en bonne compagnie plutôt que de devoir supporter les plaintes de ces comptables…