" Salut toi "

Quand Akshan avait émergé de son sommeil, ce matin là, ses yeux s'étaient immédiatement posé sur le lustre qui ornait le plafond blanc. Celui-ci était assez imposant, et il brillait abondamment sous les rayons du soleil qui venait de perçer entre les rideaux. Le fait est que, Akshan n'avait jamais eu de lustre. Lui avait un espèce de plafonnier basique, l'opposé de cet énorme lustre kitch datant du XVIII ème siècle. Mais il mit quelques minutes avant de comprendre la situation. S'il y avait un lustre à son plafond, c'était que soit, quelqu'un l'avait mit ici pendant la nuit, soit, il n'était pas chez lui. Il s'assit d'un bond découvrant alors autour de sa peau nue des draps qui n'étaient pas les siens, et par la même occasion, une chambre qui n'était pas la sienne. Première nouvelle. Et puis, vraisemblablement supris de la situation, il pivota doucement sa tête sur le côté, découvrant une douce silouhette endormie, dont les draps dessinaient la forme. Il préféra ne pas penser à ce qui avait du se passer, et opta pour l'option " évasion " qui consistait à quitter cet endroit au plus vite. Il quitta donc le lit, découvrant alors une pièce des plus coquettes. Il n'était pas tombé dans un appart miteux du bronx, loin de là. Tous les meuble avaient du coûter une fortune, et c'était sans parler de la penderie qu'il remarqua, et qui devait avoisinner les 20 mètres carrés. Il chercha rapidement ses vêtements des yeux, mais évidemment, ne trouva pas son jean ... Il passa presque vingts minutes à le chercher dans toute la chambre, et le trouva enfin, triomphant, au sommet de l'armoire. Comment avait-il pu arriver là ? Mais son mal de crâne avait pris en intensité, alors il préféra ne pas y penser, et décida de quitter cette pièce. Un nouveau monde se dressa devant lui, et il écarquilla les yeux, découvrant d'abord un vrai tas de bouteilles d'alcool étalées sur la table. Et puis, derrière, sur le grand sofa, deux êtres dont les ronflements s'accordaient parfaitement. Que demander de plus qu'une symphonie de ronflements, un lendemain de fête bien arrosé, dans un appartement qui n'est pas le sien ?

Akshan n'avait pas très belle allure, tel qu'il était vêtu. Ses vêtements étaient froissés, et il lui manquait une chaussette. Heureusement, ça, personne ne pouvait le remarquer. Avant que quitter pour de bon cet enfer qui lui faisait tourner la tête, il alla jet un oeil par la fênetre. Greenwich village. De là, il avait une magnifique vue sur le Washington Square. Il soupira, se demandant encore une fois comment il était arrivé là. Un petit rembobinage s'imposait. Il se rappella que, la veille au soir, il avait pris un taxi, rejoignant au night club un ami. Cet endroit se situait dans le quartier. Il en conclut donc, qu'après avoir fait la rencontre de l'inconnue du lit, ils avaient regagné sont appartement et... la suite ne valait pas le coup d'être examinée. Akshan enfila sa veste noire, et sortit de l'appartement sans se retourner. Puis, il descendit les quelques escaliers de l'immeuble, favorisant l'option " un peu de sport pour se réveiller " que " je me ré-endors dans l'ascenseur ". Une fois en bas, il alluma une cigarette, et la porta à sa bouche, savourant alors son premier soulagement depuis son réveil. Ca faisait du bien, de goûter à l'air frais, de sentir le vent glaçé chatouiller les joues, et de prendre un peu de réconfort dans une drogue qui, tôt ou tard, conduirait à une mort lente et douloureuse. La journée commençait plutôt bien, en réalité, et c'est de bonne humeur qu'Akshan emprunta le passage protégé reliant son trottoir à celui du parc. Un peu de marche ne lui ferait pas de mal, et puis, de toute manière, il n'y avait pas de taxis sur cette avenue peu fréquentée. Il gagna donc la verdure, le peu de nature que NYC avait conservé, puis continua à marcher, sans se presser, tout en s'accrochant à cette fichue cigarette qui se consumait peu à peu.

Et puis, il marcha, encore et encore. Le parc était plutôt vaste, et les allées tout aussi larges. Le chant des oiseaux, bien que rare en général, se faisait entendre doucement. Mais Akshan ne se sentait pas trop à son aise, il lui manquait une bonnne douche et un café noir brûlant. Il avait hâte de rentrer chez lui. Il fixait le ciel bleu, d'où tombaient des milliers de gouttes d'eau frâiches. Il sentait la pluie couler le long des son visage, de ses cheveux, et il sentait aussi ses vêtement s'humidifier. Mais il n'avait pas froid. Son regard descendit peu à peu, tandis qu'il avançait, et il distingua une fumée près d'un arbre. Ses yeux descendirent encore un peu, jusqu'à la source de cette fumée, qui n'était autre que celle d'un cigarette, coincée entre les lèvres d'une fille. Et pas n'importe quelle fille. Collyn. Elle, cette sacré fille. Sans qu'il s'en rende compte, son visage s'illumina, un sourire fit son apparition sur ses lèvres, et son pas fut de plus en plus rapide. Elle venait de le voir. Elle aussi souriait. Ses cheveux bruns s'envolèrent dans un coup de vent, et par la même occasion, devinrent vulnérables et victimes de la pluie. Elle aussi fumait, sous la pluie. Chose difficile que de garder la clope allumée par un temps pareil. Mais avec de la pratique, Akshan parvenait à la laisser brûler jusqu'au bout. D'ailleurs, il se brûla presque les doigts alors qu'il portait la cigarette à sa bouche, et d'un geste presque automatique, il la jeta sur le côté. Et puis, tout alla très vite. Akshan ne compris pas ce qui se passait, dans un premier temps. Il arrivait à la hauteur de son ex petite amie, quand elle se précipita dans le sens inverse. Son regard furtif distingua alors un troisième acteur de cette scène, qui venait de prendre la fuite, un sac à la main. Le sac de Collyn. Il fallait être idiot pour ne pas avoir compris qu'elle venait de se le faire voler. Elle se mit à courir après le vandale, et Akshan fit de même. Il la rattrapa, puis la dépassa. Il n'était pas tellement à l'aise pour faire un marathon dans son état actuel. Il était fatigué, un peu débraillé et tout sauf échauffé. Pourtant, il rattrapa le petit pickpocket au blouson noir assez rapidement. Plus vite qu'il ne l'aurait imaginé. Il tira sur sa veste, ce qui le stoppa net dans sa course. Le voleur était plus jeune qu'Akshan, et il paraissait terrifié, et tremblait presque. Akshan fronça le sourcils, lui arracha le sac des mains et lui donna un coup de poing en plein visage. Il avait envisagé une riposte, mais le gars ne se défendit pas un seul instant. Il fut projetté en arrière, bousculant un vieillard, puis se redressa et repartit dans sa course.

Akshan le regarda s'éloigner, le sac à la main. Pas la peine de se remettre à sa poursuite, et puis à quoi bon ? Il n'aurait problablement pas récolté grand chose au poste de police... Akshan fixa le sac de Collyn un instant. Il l'avait déjà vu, c'était son préféré. Celui qu'il choisissait toujours au final, qui lui tenait à coeur. Akshan sourit, il avait fait sa bonne action du jour. Et puis la demoiselle arriva à sa hauteur essouflée et beaucoup plus trempée qu'auparavant. Akshan plongea ses yeux dans les siens, attrapa sa main et posa son sac dans celle-ci. Il lui lança un sourire amusé, puis prit la parole :

« Eh bien, on peut dire que je suis tombé à pic. »

Il marqua une pause, contemplant le joli visage de Collyn, ses cheveux mouillés desquels perlaient de minuscules gouttes, et sa mine à la fois étonnée mais aussi déboussollée.

« Salut toi. »